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25/12/2021

LUIS CASADO
Le « retour de l'inflation » (ah bon, elle était partie ?)

 Luis Casado, 24/12/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

« Les banques centrales face à la peur de l'inflation ». Ce sont les gros titres de la presse mondiale. Bon, dit Luis Casado, nous ferions bien de nous demander ce qu'est l'inflation. Parce que c’est un sujet aigre-doux. Et ils pourraient nous mettre un nouveau but depuis le milieu du terrain.

 Famille pauvre : une famille pauvre est une famille qui, compte tenu de ses revenus et du pourcentage de ceux-ci qu'elle consacre à l'alimentation, ne parvient pas à satisfaire ce besoin. Le revenu familial par habitant se situe entre la valeur d'un et de deux paniers alimentaires.

Famille indigente : il s'agit d'une famille qui, même si elle consacre la totalité de ses revenus à l'alimentation, ne parvient pas à satisfaire ce besoin. Le revenu familial par habitant est inférieur à la valeur d'un panier alimentaire.

 (Glossaire économique. Université pontificale catholique du Chili)

« Les habitants des campagnes vendoient très cher leurs denrées pour des assignats, et venoient à Paris les changer contre de l'argent ». Gouache de Jean-Baptiste Lesueur. Musée Carnavalet, Paris

La presse financière internationale, à commencer par le Wall Street Journal de Rupert Murdoch, s'inquiète des signes indiquant que le vieux démon de l'inflation se réveille d'un long sommeil.

Les banques centrales (BC) ont un mandat qui se résume généralement à la lutte contre l'inflation, et au cours des dernières décennies - pour des raisons qui ne doivent rien aux BC - l'inflation avait disparu de la carte. Craignant la déflation, un fléau encore plus grave, les banques centrales se sont fixé un « objectif de taux d'inflation annuel" de 2 %, en s'inspirant largement du jugement de l'alchimiste suisse Theophrastus Phillippus Aureolus Bombastus von Hohenheim, plus connu sous le nom de Paracelse (1493-1541), qui a inventé cette sentence : un peu de poison ne tue pas.

Mais pourquoi 2 % ? Une bonne question à laquelle la réponse est : et pourquoi pas ?

En économie, il n'existe pas de « constantes universelles » invariantes dans l'espace-temps, comme celles de Planck, de Boltzmann ou d'Avogadro. Les notions arbitraires, en revanche, abondent. Leur fondement scientifique est le célèbre principe de L'Oréal : « Parce que je le vaux bien ».

La précision ne fait pas partie du monde de l'économie : aucun économiste ne songerait à définir la vitesse de la lumière comme la distance qu'elle parcourt dans le vide pendant le temps déterminé par 9 192 631 770 oscillations d'un atome de césium. Et compter les oscillations, une par une, pour être sûr du calcul,  encore moins.

L'économie use et abuse des constructions, pures créations de la pensée dont l'existence dépend de l'esprit d'un économiste, aussi taré soit-il.

La pauvreté, par exemple, est une construction. Chacun définit la pauvreté, ou le seuil de pauvreté, comme il l'entend. Au Chili, par exemple, ils ont défini un panier alimentaire de base :

Sa valeur est de 19,103 pesos [19€] pour les zones urbaines et de 14,720 pesos [14€] pour les zones rurales (octobre 2000). Cela signifie que si une famille a un revenu par habitant inférieur à la valeur d'un panier alimentaire de base, elle est considérée comme indigente. Si le revenu par habitant se situe entre la valeur d'un et de deux paniers, la famille est considérée comme pauvre. Si le revenu par habitant est supérieur à la valeur de deux paniers alimentaires de base, la famille est considérée comme non pauvre.

Elle est pas belle, la science économique ?