Fausto Giudice, 26/8/2023
Euardo Eurnekian, qui aura 91 ans le 4 décembre, est la
deuxième fortune d’Argentine, évaluée à 1,9 milliard de $ par Forbes en 2023. Fils
d’immigrés arméniens qui commencèrent dans le textile, il est le fondateur-président
de Corporación América, une holding tout-terrain : gestion d’aéroports (76
en Argentine et dans le monde, dont l’Arménie, ce qui en fait le plus grand
opérateur privé du monde), pétrole, gaz et énergie, agro-industrie, bière,
médias, finances, infrastructures (notamment routières). Décoré « héros
national » en Arménie en 2017, il ne lésine pas ses dollars durement
gagnés, distribuant de l’aide humanitaire, des Malouines au Chili et d’Haïti en
Arménie. Bref , « Eduardo Eurnekian est un modèle formidable. Sa
vision dépasse largement les limites du champ d'action de l'entreprise. Nous
devons l'imiter. Il est une lumière qui nous guide » ( Baruch Tenenbaum, créateur de la fondation Raoul Wallenberg).
En 2019, il a été accueilli à … l’Académie Nationale des Sciences de l’Entreprise
(ça ne s’invente pas) à Buenos Aires, occupant le fauteuil d’Otto Bemberg
(1827-1895), le « Roi de la Bière » germano-argentin que Juan
Domingo Perón comparera à Al Capone. Mais comme a dit Don Eurnekian, « Si
vous travaillez pour gagner de l'argent, vous êtes foutu. On ne travaille pas
pour gagner de l'argent. Un artiste ne peint pas pour gagner de l'argent. Et un
bon homme d'affaires est comme un artiste. »
L’autre jour, notre artiste a été interrogé sur l’entrée
de l’Argentine dans les BRICS, qui alimente bien sûr la fièvre électorale qui
frappe l’Argentine. La mère Bullrich, candidate macriste à la présidentielle, ex-ministre
du Travail de De la Rua et de l’Intérieur de Macri, donc de double sinistre
mémoire, a aussitôt déclaré devant les patrons argentins et yankees réunis en « Conseil
des Amériques » : « Pas question que moi, Présidente, l’Argentine
fasse partie des BRICS », qui ne sont, avec Lula, Poutine et compagnie, qu’un
ramassis de cocos, auxquels vont s’ajouter les horribles Iraniens, célèbres massacreurs
de juifs argentins. Son de cloche plus tonitruant chez le clown qui risque bien
de faire gicler Tatie Pato [son surnom quand elle était jeune Montonera] dès le premier tour pour affronter au deuxième tour le candidat
kirchneriste Sergio Massa, j’ai nommé Javier Milei : « Je ne ferai
pas de pacte avec les communistes. Je ne ferai de commerce ni avec le Brésil, ni
avec le Venezuela, ni avec Cuba, ni avec le Nicaragua, ni avec la Chine. Ma
priorité, ce seront les démocraties du monde, en premier lieu les USA et Israël ».
Qu’on se le dise. Quand les Israéliens pourront acheter autant de soja et de viande de boeuf que les
Chinois, les barbiers de Palermo et Belgrano vous raseront gratis, inutile de
sortir vos dollars.
Et qu’a répondu Eurnekian aux questions sur l’entrée de l’Argentine
dans les BRICS ? «En lo personal no me molesta. Veo bien el ingreso de la Argentina a los BRICS» : « Moi, personnellement, ça ne me dérange pas; je vois ça comme une bonne chose ».
Deuxième question : « ça ne
risque pas de compliquer les relations de l’Argentine avec les USA ? ».
Réponse du vieux renard arménien : « No va a empiojar nada, vos
podés tener tu señora y
tu amante, negro » : « ça ne va rien compliquer du tout, tu
sais, mec, tu peux avoir ta légitime et ta maîtresse, tranquillement ». Les BRICS,
deuxième bureau* de l’Argentine ?
*Deuxième bureau :
expression congolaise pour désigner la maîtresse d’un homme marié