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12/09/2025

SUSANA ALBARRÁN MÉNDEZ
Netanyahou annule sa visite en Argentine

Susana Albarrán MéndezEl Salto, 1/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Communicatrice sociale originaire de Mexico, migrante et féministe, vivant à Vallecas (Madrid), rédactrice au site El Salto Diario susiqiumadvk @SusiQiuMad

Le dirigeant de l’État sioniste cherche désormais à rencontrer Javier Milei lors de l’Assemblée générale de l’ONU, qui se tient fin septembre, où l’on s’attend à l’annonce de la reconnaissance de l’État palestinien par des pays comme la France, le Royaume-Uni ou l’Australie.

Début août, la visite de Netanyahou en Argentine avait déjà été mise en suspens. Les critiques contre l’invitation du gouvernement de Javier Milei au Premier ministre israélien ne se sont pas fait attendre et divers secteurs ont remis en cause l’initiative du président argentin d’inviter le principal artisan du génocide palestinien. C’est précisément la semaine où sa visite était attendue, entre le 7 et le 10 septembre, qu’il a définitivement annulé son voyage dans le pays sud-américain « pour des raisons de sécurité » — en réalité, par crainte d’être arrêté dans un pays où le mandat d’arrêt émis en novembre 2024 par la Cour pénale internationale (CPI) pourrait être exécuté. Ce type de mandat oblige tout pays reconnaissant l’autorité de la Cour à arrêter et à remettre l’accusé à la justice.


Récemment, une organisation palestinienne de défense des droits humains a déposé une plainte devant les tribunaux fédéraux argentins au nom des familles de plusieurs victimes : des employés de l’ONU, des membres de la Défense civile palestinienne et deux secouristes du Croissant-Rouge ayant survécu à une opération israélienne à Rafah, au cours de laquelle 15 personnes ont été exécutées à bout portant puis enterrées dans une fosse commune. La plainte a été déposée par l’avocat argentin Rodolfo Yanzón, spécialiste des crimes contre l’humanité, et par Raji Sourani, directeur du Centre palestinien des droits humains.

À l’approche éventuelle de la visite de Benjamin Netanyahu, Yanzón a demandé que « son arrestation immédiate soit ordonnée afin de le remettre à la CPI ou, à défaut, qu’il soit jugé en Argentine ». Les avocats soutenaient que la mesure était justifiée, considérant Netanyahou comme responsable de l’attaque en tant que plus haute autorité politique d’Israël.

En Argentine, plusieurs demandes d’arrestation de Netanyahu ont été présentées début août. La première provenait de l’Association des travailleurs de l’État (ATE) et du collectif de défense des droits humains HIJOS ; d’autres ont suivi, notamment de la part des Mères de la Place de Mai — Ligne fondatrice, du Serpaj et d’autres organisations. Quelques jours plus tard, le Llamamiento Argentino Judío (Appel argentin juif) a déposé une requête similaire. La semaine dernière, les Grands-mères de la Place de Mai ont publié un communiqué condamnant la possible visite du Premier ministre israélien ainsi que l’attitude du gouvernement de Milei face au génocide palestinien.

D’excellentes relations Argentine–Israël
Depuis l’annonce par Netanyahu de la prise de Gaza avec toute l’artillerie des FDI, qui a causé en moyenne 100 morts par jour, le Premier ministre israélien fait face à une pression internationale croissante, aussi bien de la part de gouvernements que de la société civile mondiale, qui a intensifié ses protestations contre sa politique d’extermination envers la population palestinienne. L’Argentine, cependant, est toujours restée un allié fidèle de l’État sioniste, soutien que Milei a renforcé depuis son arrivée à la présidence.

Lors de leur rencontre en juin dernier, Netanyahu a qualifié Milei de « véritable ami » d’Israël, tandis que l’Argentin a salué « la gestion de la guerre » à Gaza.
Cette réunion, qui s’est tenue lors de la visite de Milei à Jérusalem, a abouti à un mémorandum d’entente en matière de coopération incluant des accords économiques et militaires. Au cours de ce déplacement, Milei a également reçu le « Nobel juif » décerné par la Fondation Genesis, une distinction accompagnée d’un million de dollars destiné à des projets renforçant les liens entre l’Amérique latine et Israël.


Depuis lors, les relations entre les deux gouvernements se sont resserrées, Israël représentant pour l’Argentine son deuxième meilleur allié après les USA, désormais dirigés par Donald Trump.

Le soutien de la politique extérieure argentine s’est également manifesté à l’ONU par des votes alignés sur Netanyahou et Trump. L’homme clé dans ce dossier est Francisco Tropepi, représentant de l’Argentine aux Nations unies et ancien bras droit de l’ambassadeur argentin à Washington, Gerardo Werthein. Tropepi entretient des liens étroits avec le pouvoir israélien, ayant déjà occupé le poste de chargé d’affaires lorsqu’il était le second de l’ex-ambassadeur d’Argentine en Israël, Sergio Urribarri.

Tropepi

Une autre preuve du rapprochement entre l’Argentine et Israël a été la décision de déclarer le « Cartel de los Soles », une soi-disant organisation criminelle vénézuélienne, groupe terroriste. Une stratégie de Milei pour s’aligner sur la politique étrangère d’Israël et des USA face à l’axe Caracas–Téhéran. Cette décision a également été critiquée en Argentine car elle manque de fondement judiciaire clair.

Le président sud-américain cherche maintenant à obtenir une nouvelle rencontre avec le président Trump, lors de sa visite à New York pour l’Assemblée générale. Netanyahou a proposé de rencontrer Milei le 25 septembre à New York, profitant de son propre déplacement dans la ville.

De son côté, le gouvernement Trump a révoqué et refusé des visas à des diplomates palestiniens de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) et de l’AP (Autorité palestinienne), les empêchant ainsi d’entrer aux USA, où se trouve le siège de l’ONU, et de participer aux débats. Fin septembre s’ouvrira la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU, où l’on attend l’annonce de la reconnaissance de l’État palestinien par des pays comme la France, le Royaume-Uni ou l’Australie.

SERGIO FERRARI
Argentine. : une victoire électorale contre le sociocide de Milei

Sergio Ferrari, El Independiente, 11/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Avec près de 14 points d’écart, le dimanche 7 septembre, le péronisme-kirchnérisme a infligé dans la province de Buenos Aires le premier coup politique d’envergure au gouvernement de Javier Milei et à son projet antisocial. « Une raclée électorale », ont titré divers médias nationaux et internationaux, en commentant des résultats qu’aucun institut de sondage n’avait prévus.

Retraités en résistance, bordel

Près de deux ans après la victoire de Milei en 2023, l’élection des parlementaires provinciaux buenos-airiens constituait le test le plus significatif de l’état d’esprit politique de la population dans son ensemble.

La province de Buenos Aires, avec plus de 17 millions d’habitants – soit le double de la population de la Suisse –, regroupe presque un tiers de l’électorat argentin. Historiquement, les résultats de ce géant démographique de 307 000 km² (plus vaste que l’Italie) constituent l’un des indicateurs de référence des tendances électorales à l’échelle nationale.

Le prochain 26 octobre sera l’autre moment clé pour évaluer la marche du projet « anarcho-libertarien-antisocial » de Milei : les élections parlementaires nationales. Y seront élus la moitié des députés et un tiers des sénateurs. D’où l’importance du scrutin du 7 septembre dernier.

Des résultats sans appel

Fuerza Patria, qui regroupe les péronistes-kirchnéristes et leurs alliés, avec plus de 3 800 000 suffrages (47,3 % des voix), a été le grand vainqueur. Avec 2 700 000 voix (33,7 %), La Libertad Avanza de Javier Milei, qui a absorbé dans cette élection la Proposition Républicaine (PRO) de l’ancien président de droite Mauricio Macri, est arrivée en deuxième position. En d’autres termes, Milei a rassemblé dans ce scrutin tout l’éventail de la droite et de l’extrême droite.

Très loin derrière, avec un peu plus de 5 %, on trouve Somos Buenos Aires (un secteur de l’ancien Parti radical du centre), suivi en quatrième position par le Front de gauche et des travailleurs – Unité, qui a obtenu 4,7 % des voix. Une dizaine d’autres petites forces se sont situées en dessous de 2 % chacune, sans atteindre, ensemble, les 10 % des suffrages.

Deux conclusions principales

Au-delà de l’arithmétique et de la majorité parlementaire nette que les péronistes-kirchnéristes conserveront pendant quatre ans dans la plus grande province d’Argentine, deux principaux éléments d’analyse émergent comme conclusions provisoires.

En premier lieu, et c’est le plus évident, la victoire incontestable des péronistes-kirchnéristes sur La Libertad Avanza du président Milei. Plus globalement, on peut l’interpréter comme un rejet clair, par une majorité d’électeurs de Buenos Aires, du projet de rigueur antisociale radicale mis en œuvre par le dirigeant libertarien avec l’aval du Fonds monétaire international.

Si Milei est parvenu à un contrôle relatif de l’inflation, le coût social de son ajustement, le démantèlement accéléré de l’État social, la dépendance totale vis-à-vis du FMI, ainsi que son alignement aveugle sur Donald Trump et Benyamin Netanyahou (principaux référents de sa vision géopolitique) lui valent une lourde facture politique. À cela s’ajoutent le rejet populaire du négationnisme de Milei en matière de droits humains et de changement climatique, ainsi que la condamnation de la répression constante exercée par son gouvernement contre toute forme d’opposition, notamment contre les retraités qui, depuis des mois, mènent la contestation sociale dans les rues.

Par ailleurs, le triomphe de Fuerza Patria conduit à analyser les dynamiques internes de ce vaste ensemble politique péroniste-kirchnériste. Trois grands secteurs s’y croisent : celui d’Axel Kicillof (53 ans), actuel gouverneur de Buenos Aires, héritier du kirchnérisme mais revendiquant une autonomie de gestion ; le secteur kirchnériste mené par Cristina Fernández de Kirchner (72 ans), aujourd’hui proscrite, assignée à résidence mais toujours présidente du Parti justicialiste (péroniste) au niveau national ; et la mouvance centriste Renovación Peronista de l’ancien candidat  à la présidentielle Sergio Massa (53 ans).

Cependant, au-delà de ces forces structurées, le péronisme-kirchnérisme intègre une grande diversité de secteurs sociaux, ce qui complexifie encore davantage la conduite unifiée de ce large mouvement : les principales centrales syndicales du pays ; les mouvements sociaux urbains et ruraux ; les gouverneurs provinciaux péronistes – souvent porteurs de projets et d’intérêts propres, et disposés à négocier avec le gouvernement national – ainsi que les maires. À titre d’exemple, rien qu’à Buenos Aires, le péronisme a remporté le 7 septembre dernier près d’une centaine des 135 municipalités de la province, où l’on élisait également des conseillers municipaux et scolaires.

Une première lecture laisse penser que le grand gagnant de cette dynamique interne est Axel Kicillof, qui a imposé sa volonté d’avancer à septembre ce scrutin provincial, séparé des élections législatives d’octobre prochain. Les urnes ont montré que ce pari politique à haut risque était le bon. Cependant, la victoire du péronisme-kirchnérisme livre aussi une leçon essentielle : sans unité dans la diversité, il n’y a pas de victoire contre le projet de Milei.

Le grand défi des prochains mois et années consistera non seulement à maintenir cette fragile unité au sein du camp national et populaire, mais aussi à l’élargir à d’autres secteurs, afin que le succès enregistré à Buenos Aires puisse dépasser, à l’échelle nationale, les 50 % de soutiens électoraux – condition indispensable pour détrôner ce dangereux laboratoire de sociocide que met en œuvre le gouvernement Milei.

11/09/2025

SERGIO FERRARI
Argentina, il progetto libertariano sotto la lente d'ingrandimento
Gli investimenti che Milei sognava e che non arrivano

 Sergio Ferrari, 7/9/2025

Originale spagnolo

Traduzione a cura del Gruppo Insegnanti di Geografia Autorganizzati

Fin dall'inizio, il progetto economico del governo Milei ha puntato ad aprire le porte dell'Argentina agli investimenti stranieri, con due obiettivi: facilitare l'ingresso di grandi capitali e accelerare le esportazioni nel breve termine.

La leva per promuovere l'arrivo di questi capitali è il Regime di Incentivazione dei Grandi Investimenti (RIGI), uno dei pilastri della Legge di Base e Punto di Partenza per la Libertà degli Argentini. Si tratta di un pacchetto di agevolazioni fiscali, tributarie e legali della durata di trent'anni per gli investimenti privati stranieri o nazionali in megaprogetti che superano i 200 milioni di dollari. Secondo il decreto 749, che ha sancito questo pacchetto, il governo anarchico-libertariano del presidente Javier Milei concettualizza il RIGI come “uno strumento per attrarre investimenti significativi per l'economia nazionale, che altrimenti non si svilupperebbero”. I settori prioritari sono l'industria forestale, il turismo, le infrastrutture, l'estrazione mineraria, la tecnologia, la siderurgia, l'energia, il petrolio e il gas. Il decreto sostiene che, nel contesto attuale, gli incentivi concessi nell'ambito del RIGI contribuiranno a rendere “la ripresa economica più rapida, sostenibile e duratura”.

Il termine per aderire a questo regime speciale di promozione del capitale transnazionale scade nel luglio 2026, ma il governo potrebbe prorogarlo. (https://www.boletinoficial.gob.ar/detalleAviso/primera/312707/20240823).

Alleanza per un controllo cittadino

A un anno dall'entrata in vigore del RIGI, cinque organizzazioni e istituzioni argentine - la Fondazione Ambiente e Risorse Naturali (FARN), il Centro di Studi Legali e Sociali (CELS), lo Spazio di lavoro fiscale per l'equità (ETFE), il Centro di politiche pubbliche per il socialismo (CEPPAS) e la Scuola di politica e governo dell'Università Nazionale di San Martín (EPYG/ UNSAM) - insieme al Transnational Institute (TNI), con sede ad Amsterdam, Paesi Bassi, hanno elaborato un primo bilancio multitematico. Esso si concentra sui risultati dell'applicazione del RIGI, ma con un occhio di riguardo per i diritti umani, la giustizia ambientale e la sovranità territoriale. Pubblicato in agosto dall'Osservatorio RIGI, questo rapporto rappresenta un contributo scientifico di rilevanza internazionale. 

Luciana Ghiotto

Secondo Luciana Ghiotto, ricercatrice associata del TNI e del Consiglio Nazionale delle Ricerche Scientifiche e Tecniche, CONICET, (presso la sede dell'Università Nazionale di San Martín), questa sinergia tra diverse organizzazioni nazionali e internazionali, promossa in modo articolato, è coerente con “la tradizione di lavorare insieme alle organizzazioni del Sud del mondo”. E simile all'esperienza vissuta in altri paesi, come la Colombia, dove il TNI fa parte della campagna internazionale #Frenemos el Poder de las Transnacionales (Fermiamo il potere delle multinazionali). Nel caso dell'Argentina, spiega Ghiotto, “abbiamo partecipato alla campagna contro l'Accordo di libero scambio (ALCA) negli anni 2003-2005 ed esiste già una tradizione di lavoro e analisi congiunta con diverse organizzazioni sociali e accademiche che oggi compongono l'Osservatorio del RIGI”.

La giovane ricercatrice sottolinea la ricchezza che apporta la diversità all'interno dell'Osservatorio: “L'alleanza è stata costruita grazie all'azione di organizzazioni come la FARN e il CELS che, già nel 2024, hanno avuto un ruolo attivo nei dibattiti sulla Legge di Base, di cui fa parte il RIGI”. Tali dibattiti hanno cercato di mostrare i possibili impatti negativi che il Regime di Incentivazione avrebbe avuto sull'ambiente e sui territori. Successivamente, “una volta approvata la Legge di Base, abbiamo convenuto sulla necessità di agire congiuntamente con approcci diversi per poter analizzare le implicazioni del RIGI”. Ghiotto spiega che questo regime mira a promuovere l'afflusso di capitali attraverso la concessione di “vantaggi fiscali, valutari, doganali e di certezza giuridica” agli investitori. Inoltre, “ogni organizzazione dell'Osservatorio contribuisce con le proprie conoscenze e capacità di analisi sui diversi aspetti inclusi nel decreto”.

Bilancio preliminare: RIGI, rinviato

In questo primo anno, il Regime di Incentivazione ha ricevuto diciannove progetti per oltre 30 miliardi di dollari. Sette di questi progetti, per un valore di 13,067 miliardi di dollari, sono stati approvati, uno è stato respinto e gli altri sono ancora in fase di valutazione. Il tutto, tuttavia, molto lontano dai 40 miliardi di dollari che inizialmente il governo Milei pensava di attrarre.

Due dei progetti approvati riguardavano il settore degli idrocarburi, due quello minerario, due quello delle energie rinnovabili e uno quello siderurgico. Secondo l'Osservatorio, e sulla base di uno studio dell'Istituto di Ricerche Politiche dell'Università di San Martín e del CONICET, nel settore degli idrocarburi i principali investimenti sono orientati alla costruzione di infrastrutture per l'esportazione, dove si concentrano gli importi più elevati. Nel settore minerario, il rame e il litio sono in testa alle iniziative proposte, con progetti localizzati principalmente nelle province di San Juan, Salta e Catamarca.

Il RIGI, spiega Ghiotto, riflette l'orientamento del governo verso un minore intervento statale nella gestione dei beni comuni e con un ruolo preponderante per il settore privato. Secondo la ricercatrice e attivista sociale, questa visione costituisce una prospettiva “allarmante, in particolare perché l'espansione dei diritti degli investitori avrà un impatto sulla vita quotidiana delle persone che vivono nei territori interessati da questi progetti”. Inoltre, sostiene Ghiotto, il RIGI non prevede meccanismi di pianificazione industriale né incorpora disposizioni per la protezione ambientale o sociale degli ecosistemi e delle comunità nelle aree di influenza.

Non mantiene nemmeno la promessa eterna di creare nuovi posti di lavoro a livello locale. Anche nelle proiezioni più ottimistiche pubblicate dal governo, gli investimenti approvati prevedono poco più di mille nuovi posti di lavoro diretti. Questa cifra risulta ancora più limitata se si considera che non esiste un piano concreto di industrializzazione o di creazione di filiere produttive che consenta a questi investimenti di avere un impatto economico duraturo per le regioni coinvolte (https://observatoriorigi.org/2025/08/14/el-rigi-tras-su-primer-ano/).

Tutto al servizio del grande capitale

Secondo il CELS, il RIGI rientra nella strategia del governo Milei “per attirare investimenti estrattivi attraverso lo smantellamento delle protezioni legali alle comunità indigene e ai produttori locali”. Di conseguenza, “l'uso dell'apparato di sicurezza statale è orientato al controllo dei conflitti socio-ambientali attraverso la sorveglianza, il monitoraggio e la repressione delle resistenze”. Ne è un esempio il fatto che il governo Milei abbia smantellato l'architettura istituzionale che esisteva per garantire e proteggere i diritti dei popoli indigeni sui loro territori. La principale misura ufficiale in tal senso è stata l'abrogazione della legge 26.160, approvata nel 2006, che dichiarava lo stato di emergenza territoriale indigena, obbligava lo Stato a effettuare un censimento nazionale dei territori abitati dalle comunità e sospendeva gli sfratti. Verso la fine del 2024, quando tale legge è stata abrogata, era stata censita poco meno della metà dei territori comunitari. Il decreto di abrogazione riconosce che esistono ancora più di 250 conflitti territoriali.

Un altro esempio critico affrontato anche dal Centro di Studi Legali e Sociali riguarda l'agricoltura familiare, poiché il governo ha indebolito la politica volta ad accompagnare e rafforzare questo settore. Appena salito al potere, Milei ha licenziato quasi tutti i lavoratori dell'Istituto Nazionale dell'Agricoltura Familiare. Una delle conseguenze di questo svuotamento è stato l'abbandono dei produttori che vivono in luoghi difficili da raggiungere, dove solo questo organismo poteva arrivare. Nel luglio 2025 Milei ha abrogato con un decreto la maggior parte degli articoli della Legge sull'agricoltura familiare contadina indigena, che mirava a rafforzare questo settore. Questo abbandono da parte dello Stato ha indebolito la posizione dei produttori e delle produttrici e la loro capacità di resistere ai tentativi di sfratto, generalmente promossi dagli imprenditori locali.

Da parte sua, il TNI mette in guardia da un grave pericolo che accompagna l'applicazione del regime speciale di incentivi al grande capitale imposto da Milei: il meccanismo di risoluzione delle controversie tra investitori e Stati (ISDS), che amplia i diritti degli investitori stranieri e nazionali a scapito degli Stati e apre la porta a potenziali richieste di arbitrato internazionale, cosa che, di fatto, è costata molto cara all'Argentina. Diverse società con progetti RIGI (Rio Tinto, Chevron, Shell e Pan American Energy, tra le altre) hanno già ampiamente utilizzato questo meccanismo di arbitrato per esercitare pressioni o citare in giudizio diversi Stati per politiche pubbliche che, secondo loro, danneggiano i propri interessi e i propri profitti. “La combinazione del RIGI e di queste aziende”, sottolinea il TNI, “crea uno scenario ad alto rischio per la sovranità normativa, le finanze pubbliche e la capacità dello Stato di dare priorità agli interessi sociali e ambientali”.

Il litio e il rame tra i settori più ambiti dagli investimenti stranieri. Foto Litium Triangle South America

Governo indebolito e situazione instabile

Nella loro analisi del contesto politico argentino, le sei organizzazioni dell'Osservatorio concordano sul fatto che tutto sembra indicare che gli investitori internazionali guardano con cautela alla possibilità di investire capitali prima delle elezioni di ottobre 2025, quando sarà rinnovata metà della Camera dei deputati e due terzi del Senato.

Se il piano economico del governo non funzionerà e i risultati elettorali non saranno favorevoli, Milei difficilmente riuscirà a promuovere gli investimenti desiderati. Inoltre, sottolineano, a questa situazione instabile si aggiungono le tensioni sociali esistenti, la mancanza di partecipazione dei cittadini, l'assenza di meccanismi di responsabilità e la criminalizzazione delle comunità locali. Tutti questi fattori configurano uno scenario particolarmente preoccupante quando si tratta di progetti estrattivi che potrebbero essere realizzati fino a 30 anni.

La riflessione finale di Ghiotto sul progetto economico del presidente Milei e del suo partito anarchico-libertariano afferma che “è il progetto della libertà del capitale” e che il suo obiettivo è quello di “portare investimenti nel settore primario-estrattivo, poiché l'interpretazione che ne danno [i governanti] è che l'Argentina non ha altro da offrire al mondo se non le sue risorse naturali a basso costo e senza restrizioni”.  Da qui il fatto che il RIGI rappresenti uno strumento centrale, accompagnato da un Comando Unificato di Sicurezza Produttiva che garantisce agli investitori non solo la sicurezza giuridica, ma anche quella fisica dei loro investimenti. Ed è per questo che il piano di Milei non accetta alcuna protesta che possa fermare il libero arbitrio del capitale. Resta da vedere cosa succederà con il RIGI, come verranno attivate le sue clausole quando inizieranno le proteste e la resistenza contro alcuni dei progetti estrattivi approvati.

Quello sarà il momento di misurare realmente la pressione e il ricatto esercitati dal grande capitale per non perdere nessuna delle sue enormi aspettative di guadagno.

La conclusione macro-regionale è categorica per la ricercatrice e attivista sociale del Cono Sud: “In questo modo, il RIGI argentino può servire da monito per il resto dei paesi latinoamericani sui rischi della nuova ondata di quadri normativi ‘amichevoli’ con gli investimenti che proliferano nella regione, che ampliano il quadro di protezione dei trattati bilaterali di investimento”.

08/09/2025

SERGIO FERRARI
Argentine : investissements ou envahissements ?
Un an après le lancement du RIGI, peu de résultats et de mauvaises perspectives

Sergio Ferrari, El Cohete a la Luna, 7/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Depuis son lancement, le projet économique du gouvernement de Milei a misé sur l’ouverture de l’Argentine aux investissements étrangers, avec deux objectifs : faciliter l’entrée de grands capitaux et accélérer les exportations à court terme.

Le levier destiné à promouvoir l’arrivée de cet argent est le Régime d’Incitation aux Grands Investissements (RIGI), l’un des piliers de la “Loi de Bases et de  Point de Départ pour la Liberté des Argentins”. Il s’agit d’un paquet d’avantages fiscaux, douaniers et juridiques, d’une durée de trente ans, destiné à l’investissement privé étranger ou national dans les mégaprojets dépassant 200 millions de dollars. Selon le décret 749, qui a établi ce dispositif, le gouvernement anarcho-libertarien de Milei conçoit le RIGI comme « un outil pour attirer des investissements significatifs pour l’économie nationale, qui autrement ne se développerait pas ».

Les secteurs prioritaires sont : l’industrie forestière, le tourisme, l’infrastructure, l’exploitation minière, la technologie, la sidérurgie, l’énergie, le pétrole et le gaz. Le décret soutient que, dans le contexte actuel, les incitations accordées dans le cadre du RIGI contribueront à rendre « la reprise économique plus rapide, durable et pérenne ». Le délai d’adhésion à ce régime spécial d’encouragement du capital transnational expire en juillet 2026, mais le gouvernement pourrait le prolonger.

Alliance pour un contrôle citoyen

À l’occasion du premier anniversaire du RIGI, cinq organisations et institutions argentines — la Fondation Environnement et Ressources Naturelles (FARN), le Centre d’Études Légales et Sociales (CELS), l’Espace de Travail Fiscal pour l’Équité (ETFE), le Centre de Politiques Publiques pour le Socialisme (CEPPAS) et l’École de Politique et Gouvernement de l’Université Nationale de San Martín (EPYG/UNSAM) —, en collaboration avec le Transnational Institute (TNI), basé à Amsterdam, ont réalisé un premier bilan pluridisciplinaire.

Celui-ci s’intéresse aux résultats de l’application du RIGI, mais en prenant pour boussole les droits humains, la justice environnementale et la souveraineté territoriale. Publié en août par l’Observatoire du RIGI, ce rapport représente une contribution scientifique à portée internationale.


Luciana Ghiotto

Luciana Ghiotto, chercheuse associée au TNI et au CONICET (Conseil National de Recherches Scientifiques et Techniques, à l’UNSAM), explique que cette synergie entre diverses organisations nationales et internationales est cohérente avec « la tradition de travailler en collaboration avec des organisations du Sud global ». Elle rappelle des expériences similaires, comme en Colombie, où le TNI participe à la campagne internationale #Stoppons le Pouvoir des Transnationales.

En Argentine, dit-elle, « nous avons participé à la campagne contre l’Accord de Libre-Commerce (ALCA) entre 2003 et 2005, et il existe déjà une tradition de travail et d’analyse conjointe avec plusieurs organisations sociales et académiques qui forment aujourd’hui l’Observatoire du RIGI ».

La diversité des membres de l’Observatoire est une richesse, ajoute Ghiotto : « L’alliance s’est construite grâce à l’action d’organisations comme la FARN et le CELS, qui, dès 2024, ont joué un rôle actif dans les débats sur la Loi de Bases, dont fait partie le RIGI ». Ces débats ont cherché à mettre en évidence les impacts négatifs potentiels du régime sur l’environnement et les territoires.

Une fois la loi approuvée, poursuit-elle, « nous avons constaté la nécessité d’agir ensemble, à partir d’approches différentes, pour analyser les implications du RIGI ». Ce régime cherche à attirer des capitaux en offrant « des avantages fiscaux, douaniers, de change et de sécurité juridique » aux investisseurs. Chaque organisation de l’Observatoire apporte ses connaissances propres et sa capacité d’analyse sur les divers aspects du décret.

Bilan préliminaire : un RIGI en retard

Durant sa première année, le Régime d’Incitation a reçu 19 projets totalisant plus de 30 milliards de dollars. Sept d’entre eux, pour une valeur de 13,067 milliards de dollars, ont été approuvés, un a été rejeté et les autres sont encore à l’étude. Des chiffres cependant très éloignés des 40 milliards de dollars que Milei espérait attirer initialement.

Parmi les projets approuvés : deux concernent les hydrocarbures, deux l’exploitation minière, deux les énergies renouvelables et un la sidérurgie. D’après l’Observatoire, et selon une étude de l’Institut de Recherches Politiques de l’UNSAM et du CONICET, les principales initiatives dans le secteur des hydrocarbures visent la construction d’infrastructures d’exportation, concentrant les montants les plus élevés. Dans le secteur minier, le cuivre et le lithium dominent, avec des projets situés surtout dans les provinces de San Juan, Salta et Catamarca.



Le RIGI, précise Ghiotto, reflète l’orientation du gouvernement vers une réduction de l’intervention de l’État dans la gestion des biens communs, en donnant un rôle prépondérant au secteur privé. Cette vision est « alarmante », souligne-t-elle, car l’expansion des droits des investisseurs aura des répercussions sur la vie quotidienne des habitants des territoires concernés.

De plus, le RIGI ne prévoit aucun mécanisme de planification industrielle, ni de dispositions pour la protection environnementale ou sociale des écosystèmes et des communautés locales.

Quant à la création d’emplois, la promesse reste non tenue. Même dans les prévisions les plus optimistes du gouvernement, les investissements approuvés ne généreraient qu’un peu plus de mille emplois directs. Un chiffre encore plus limité en l’absence de plan d’industrialisation ou de développement de chaînes productives permettant un véritable impact économique durable pour les régions concernées.

Tout au service du grand capital

Selon le CELS, le RIGI s’inscrit dans la stratégie de Milei visant à « attirer des investissements extractifs grâce au démantèlement des protections légales des communautés autochtones et des producteurs locaux ».

Ainsi, « l’appareil d’État de sécurité est mobilisé pour contrôler les conflits socio-environnementaux par la surveillance, le suivi et la répression des résistances ».

Un exemple est la suppression par Milei de l’architecture institutionnelle qui protégeait les droits territoriaux des peuples autochtones. La principale mesure fut l’abrogation de la loi 26.160, adoptée en 2006, qui déclarait l’urgence territoriale autochtone, imposait au gouvernement de réaliser un recensement national des territoires communautaires et suspendait les expulsions.

Lorsque la loi a été abrogée fin 2024, moins de la moitié des territoires avaient été recensés. Le décret reconnaît l’existence de plus de 250 conflits territoriaux en suspens.

Autre cas critique relevé par le CELS : l’agriculture familiale. Dès son arrivée au pouvoir, Milei a licencié presque tous les employés de l’Institut National de l’Agriculture Familiale. Résultat : l’abandon des producteurs vivant dans des zones isolées, où seul cet organisme intervenait. En juillet 2025, Milei a abrogé par décret la plupart des articles de la Loi d’Agriculture Familiale Paysanne Autochtone, qui visait à renforcer ce secteur.

Cet abandon fragilise les producteurs et réduit leur capacité à résister aux tentatives d’expulsion, généralement initiées par de grands entrepreneurs locaux.

Le TNI alerte sur un autre danger : le mécanisme de règlement des différends investisseurs-États (ISDS), qui élargit les droits des investisseurs au détriment des États et ouvre la voie à des arbitrages internationaux coûteux. L’Argentine en a déjà fait les frais.

Plusieurs entreprises liées au RIGI (Rio Tinto, Chevron, Shell, Pan American Energy, entre autres) ont largement utilisé ce mécanisme pour exercer des pressions ou poursuivre des États au nom de leurs intérêts et profits potentiels.

« La combinaison du RIGI et de ces entreprises », souligne le TNI, « configure un scénario à haut risque pour la souveraineté réglementaire, les finances publiques et la capacité de l’État à prioriser les intérêts sociaux et environnementaux ».


Le lithium et le cuivre parmi les secteurs les plus convoités par les investissements étrangers. Photo Litium Triangle South America.

Gouvernement affaibli et conjoncture instable

Dans leur analyse du contexte politique argentin, les six organisations de l’Observatoire estiment que les investisseurs internationaux attendront probablement la fin des élections législatives d’octobre 2025 (renouvellement de la moitié de la Chambre des Députés et des deux tiers du Sénat) avant d’engager de gros capitaux.

Si le plan économique échoue et que les résultats électoraux sont défavorables, Milei aura du mal à attirer les investissements souhaités.

À cela s’ajoutent des tensions sociales, l’absence de participation citoyenne, le manque de mécanismes de reddition de comptes et la criminalisation des communautés locales. Un cocktail préoccupant pour des projets extractifs qui peuvent durer jusqu’à trente ans.

 « La liberté du capital »

Pour Ghiotto, le projet économique de Milei et de son parti anarco-libertaire est clair : « c’est le projet de la liberté du capital », dont l’objectif est de « drainer des investissements vers le secteur primaire-extractif, car [les dirigeants] considèrent que l’Argentine n’a rien d’autre à offrir au monde que ses ressources naturelles, à très bas prix et sans restrictions ».

Le RIGI est donc un instrument central, accompagné d’un Commandement Unifié de Sécurité Productive qui garantit aux investisseurs non seulement la sécurité juridique, mais aussi la sécurité physique de leurs capitaux.

C’est pourquoi le plan de Milei n’admet aucune protestation qui pourrait entraver le libre déploiement du capital. La véritable épreuve viendra lorsque commenceront les mobilisations et résistances contre certains projets extractifs approuvés. Ce sera alors le moment de mesurer la pression et le chantage exercés par le grand capital pour préserver ses énormes perspectives de gains.

Enfin, la conclusion que tire Ghiotto pour la région est sans appel :

« De cette manière, le RIGI argentin peut servir d’avertissement pour le reste des pays latino-américains sur les risques de cette nouvelle vague de cadres normatifs “favorables” aux investissements, qui élargissent encore le champ de protection des Traités Bilatéraux d’Investissement. »

20/08/2024

VICTORIA KORN
Milei's trolls against Maduro

Venezuela's President Nicolás Maduro denounced that the ultra-right Argentine government of Javier Milei financed with public funds a series of massive cyber-attacks against Venezuela. He also denounced that the Argentinian used these robot farms during his election campaign in Argentina, to create the false perception of massive popular support on social networks.

Victoria Korn, La Pluma, 19/8/2024
Translated by
Fausto Giudice, Tlaxcala

Victoria Korn is a Venezuelan journalist, analyst of Central American and Caribbean issues, associated with the Latin American Center for Strategic Analysis (CLAE).

Venezuela continues to be the focus of attention in the region and around the world. On Friday, at an extraordinary meeting of its Permanent Council, the OAS approved a resolution put forward by the USA, the content of which is very similar to that of the resolution that failed to achieve consensus on August 1. The resolution was supported by Antigua and Barbuda, Argentina, Canada, Chile, the Dominican Republic, Ecuador, Guatemala, Paraguay, Suriname and Uruguay.

Venezuela is a victim of its desire to manage its natural resources on its own. Donald Trump openly declared in 2023 that, when he left, Venezuela was on the verge of collapse : “We would have taken it over and kept all that oil for ourselves. Instead, we're buying oil from Venezuela and making a dictator very rich”.


Maduro accused Milei of spending $100 million on trolls to attack him.

Some Venezuelans, as well as countries that have not recognized Nicolás Maduro as elected president, are demanding that he present the results of the July 28 elections, broken down by polling station, and that they be counted with “transparency”, in the installation of a new destabilization plan. When it comes to natural resources, democracy doesn't matter.

Milei and the trolls

Venezuela's president, Nicolás Maduro, has denounced the fact that the ultra-right Argentine government of Javier Milei has financed with public funds a series of massive cyber-attacks against Venezuela : “Milei has spent the equivalent of $100 million from the Secretariat of Intelligence of the State: he says he has no money but he has spent $100 million to attack the Bolivarian revolution, the Bolivarian government and the Venezuelan political process with his bots,” Maduro denounced.

He also denounced the Argentinian's use of these bot farms during his election campaign in Argentina, to create the false perception of massive popular support on social networks.

“Milei simulated, created the climate that everyone was speaking in his favor and bought important influencers in Argentina and abroad," Maduro pointed out.


What are robot farms and how do they work?

Maduro denounced the fact that 106 of the country's websites have fallen victim to cyberattacks over the past 20 days. According to experts, these attacks were carried out by sophisticated bot farms located in Spain, Mexico and Argentina, with the aim of destabilizing the Bolivarian government.

Bot farms are automated networks of fake social media accounts, controlled by software or operators, designed to simulate online activity. These accounts can generate thousands of messages, comments and reactions, giving the impression of massive support or rejection of certain issues or personalities. In this way, public opinion is manipulated, amplifying specific messages and silencing dissenting voices.

Maduro pointed out that on Wednesday, [United Socialist Party of Venezuela's Vice-President] Diosdado Cabello's TV show, “Con el Mazo Dando” [Hitting with the sledgehammer], was attacked simultaneously from Spain, Mexico and Argentina during the live broadcast, and that the accounts on which it was broadcast were saturated with automated messages attempting to discredit the content and cause chaos.

Translator’s Note

In 2018, the Venezuelan Ministry of the Interior published a guidebook  entitled “Project to create the Bolivarian Revolution's army of trolls to confront the media war”, whose methods appear to be no different from those of its enemies and adversaries. See the guidebook  here.

 

19/08/2024

VICTORIA KORN
Les trolls de Milei contre Maduro

Le président du Venezuela, Nicolás Maduro, a dénoncé le fait que le gouvernement argentin d'ultra-droite de Javier Milei a financé avec des fonds publics une série de cyber-attaques massives contre le Venezuela. Il a également dénoncé le fait que l'Argentin a utilisé ces fermes à robots lors de sa campagne électorale en Argentine, pour créer la fausse perception d'un soutien populaire massif sur les réseaux sociaux.

Victoria Korn, La Pluma, 19/8/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Journaliste vénézuélienne, analyste des questions relatives à l'Amérique centrale et aux Caraïbes, associée au Centre latino-américain d'analyse stratégique (CLAE).

 Le Venezuela continue d'être au centre de l'attention dans la région et dans le monde. Vendredi, lors d'une réunion extraordinaire de son Conseil permanent, l'OEA a approuvé une résolution présentée par les USA, dont le contenu est très similaire à celui de la résolution qui n'avait pas fait l'objet d'un consensus le 1er août. Cette résolution a été soutenue par Antigua-et-Barbuda, l'Argentine, le Canada, le Chili, la République dominicaine, l'Équateur, le Guatemala, le Paraguay, le Suriname et l'Uruguay.


Le Venezuela est victime d'avoir voulu gérer souverainement ses ressources naturelles. Donald Trump a déclaré ouvertement en 2023 que, lors de son départ, le Venezuela était au bord de l'effondrement : «Nous nous le serions approprié et aurions gardé tout ce pétrole pour nous. Au lieu de ça, nous sommes en train d’enrichir un dictateur ».

Maduro a accusé Milei d'avoir dépensé 100 millions de dollars en trolls pour l'attaquer.

Certains Vénézuéliens, ainsi que les pays qui n'ont pas reconnu Nicolás Maduro comme président élu, exigent qu'il présente les résultats des élections du 28 juillet, ventilés par bureau de vote, et qu'ils soient comptabilisés avec « transparence », dans l'installation d'un nouveau plan de déstabilisation. Quand il s'agit de ressources naturelles, la démocratie importe peu.

Milei et les trolls

Le président du Venezuela, Nicolás Maduro, a dénoncé le fait que le gouvernement argentin d'ultra-droite de Javier Milei a financé avec des fonds publics une série de cyber-attaques massives contre le Venezuela : « Milei a dépensé l'équivalent de 100 millions de dollars du Secrétariat d'État au renseignement : il dit qu'il n'a pas d'argent mais il a dépensé 100 millions de dollars pour attaquer la révolution bolivarienne, le gouvernement bolivarien et le processus politique vénézuélien avec ses bots », a dénoncé Maduro.

Il a également dénoncé le fait que l'Argentin ait utilisé ces fermes de robots lors de sa campagne électorale en Argentine, pour créer la fausse perception d'un soutien populaire massif sur les réseaux sociaux.

« Milei a simulé, créé le climat que tout le monde parlait en sa faveur et a acheté des influenceurs importants en Argentine et à l'étranger », a fait remarquer Maduro.

Que sont les fermes à robots et comment fonctionnent-elles ?

Maduro a dénoncé le fait que 106 sites ouèbe du pays ont été victimes de cyberattaques au cours des 20 derniers jours. Selon les experts, ces attaques ont été menées par des fermes à robots sophistiquées situées en Espagne, au Mexique et en Argentine, afin de déstabiliser le gouvernement bolivarien.

Les fermes à robots sont des réseaux automatisés de faux comptes de médias sociaux, contrôlés par des logiciels ou des opérateurs, conçus pour simuler une activité en ligne. Ces comptes peuvent générer des milliers de messages, de commentaires et de réactions, donnant l'impression d'un soutien ou d'un rejet massif de certaines questions ou personnalités. De cette manière, l'opinion publique est manipulée, amplifiant des messages spécifiques et réduisant au silence les voix dissidentes.

Maduro a précisé que mercredi, l'émission télévisée de Diosdado Cabello, « Con el Mazo Dando », a été attaquée simultanément depuis l'Espagne, le Mexique et l'Argentine pendant la diffusion en direct et que les comptes sur lesquels elle était diffusée ont été saturés de messages automatisés qui tentaient de discréditer le contenu et de provoquer le chaos.

 NdT
Le ministère de l'Intérieur vénézuélien a publié en 2018 un manuel intitulé "Projet de création de l'armée de trolls de la révolution bolivarienne pour affronter la guerre médiatique", dont les méthodes ne semblent pas être différentes de celles de ses ennemis et adversaires. Voir le manuel ici.

 

01/07/2024

Six mois dans une dystopie néolibérale
Cannibalisme social contre entraide et résistance en Argentine

crimethInc., 17 /6/ 2024
Traduit par
Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

 En décembre 2023, Javier Milei est arrivé au pouvoir en Argentine, introduisant des mesures radicales d’austérité et de déréglementation. En promettant d’écraser les mouvements sociaux au nom d’un capitalisme débridé, son administration ouvre la voie à un effondrement social complet et à l’émergence d’une narco-violence à grande échelle. Dans le récit qui suitnotre correspondant dresse un tableau saisissant des forces et des visions rivales qui se disputent l’avenir de l’Argentine, dont le point culminant le plus récent ont été les affrontements du 12 juin, lorsque des manifestants militants ont affronté près de trois mille policiers encerclant un congrès barricadé.

Le bloc antifasciste, anarchiste et autonome lors de la manifestation du 24 mars : « Contre la violence d'État – autodéfense populaire ».

Instantanés

Fin janvier 2024, mouvements sociaux, assemblées de quartier et organisations de gauche se rassemblent devant le congrès pour protester contre le paquet massif de réformes néolibérales qui y sont débattues. L’État répond en mobilisant des milliers de policiers. On peut voir un officier se promener en arborant en écusson un drapeau de Gadsden « Ne me marchez pas dessus » sur sa veste.


 À la fin de la soirée, même si rien de particulier ne s'est produit, les policiers se déplacent par deux sur des motos, tirant des balles en caoutchouc sans distinction dans la foule.

Quelques jours plus tard, Sandra Pettovello, ministre du « Capital humain », refuse de rencontrer les organisations sociales pour discuter de la distribution d’aide alimentaire aux milliers de comedores populares (soupes populaires de quartier). S’inspirant de Marie-Antoinette, elle déclare : « S’il y a quelqu’un qui a faim, je le rencontrerai en tête-à-tête », mais sans l’intermédiaire des organisations sociales.

Le lendemain, des milliers de personnes acceptent son offre, faisant la queue devant son ministère. Elle refuse de les rencontrer.


La queue au centre-ville s'étend sur 20 pâtés de maisons au lendemain de la déclaration de la ministre du Capital humain qu'elle accueillerait individuellement ceux qui avaient faim.

Début mars, Télam, l'agence de presse publique, a été fermée. Il en va de même pour l'INADI, l'institut national contre les discriminations. Des vagues de licenciements déciment presque toutes les institutions publiques, y compris la bibliothèque nationale. On parle de privatiser la Banque nationale. Alors que les travailleurs se mobilisent pour défendre les institutions publiques et leur lieu de travail, ils trouvent les bâtiments barricadés et encerclés par la police anti-émeute. Des militants dits « libertariens » organisent une séance photo pour célébrer les fermetures et les licenciements.


Des policiers encerclent le bâtiment fermé de l'agence de presse publique Télam

Ursula est interviewée en direct par un journaliste d'une chaîne pro-gouvernementale. « Je suis veuve, je reçois une aide du gouvernement et je vis avec ma mère, qui est à la retraite. » Elle raconte qu'elle a trois filles, dont l'une se tient dans la rue, dans le froid, à côté d'elle pendant l'interview. Elle dit avoir récemment perdu son emploi. Alors qu'elle explique qu'elles tentent de survivre en vendant des paquets d'autocollants dans la rue, elle fond en larmes devant sa fille adolescente.

Quelques minutes avant l'interview d'Ursula, une autre femme avait été interviewée dans la rue. « J'ai trois boulots pour joindre les deux bouts. » Aucune des deux n'a mentionné les décisions politiques et économiques qui les ont conduites à ces situations.

Le coût de la vie a explosé. L’inflation est désormais « sous contrôle » – si l’on peut qualifier de sous contrôle un taux d’inflation mensuel de 9 % – uniquement parce que la demande des consommateurs s’est effondrée. Le coût des services publics, des médicaments et des produits alimentaires de base a explosé avec des augmentations de prix bien supérieures à 100 % dans toutes ces catégories. Dans le même temps, les contrats de location ont été complètement déréglementés.

Le résultat n'est pas surprenant. La valeur réelle des salaires s'effondrant, les ventes sont en chute libre. Ce ne sont pas seulement les fonctionnaires, stigmatisés par les ultralibéraux comme des «parasites vivant aux crochets de la société», qui perdent leur emploi. Les petites entreprises et les usines ferment les unes après les autres. Au cours du mois de mai, 300 000 «comptes salaires», comptes bancaires utilisés exclusivement pour recevoir les salaires mensuels, ont été fermés.

Dans une usine de la province de Catamarca, les travailleurs n'ont pas accepté la perte de leur poste de travail. Les 134 travailleurs de l'usine textile Textilcom, soupçonnant la fermeture imminente de celle-ci, ont occupé l'usine en guise de résistance contre la fermeture et comme moyen de pression pour s'assurer qu'ils ne seraient pas privés de leurs arriérés de salaire.

Mais même ici, les travailleurs qui mènent des actions collectives, qui occupent une usine et qui subissent les conséquences concrètes de la logique capitaliste du marché, mettent un point d’honneur à se distancer des chômeurs, des travailleurs informels et des personnes marginalisées qui constituent la majeure partie des mouvements sociaux. « Nous ne dépendons pas de l’aide de l’État, nous ne voulons pas d’aide, nous ne sommes pas comme les piqueteros. »

Un inconnu affronte le président Milei dans la rue en criant : « Les gens n'arrivent pas à joindre les deux bouts ! »

Milei répond : « Si les gens ne parvenaient pas à joindre les deux bouts, ils mourraient dans les rues, donc c'est faux. »

Même la presse pro-gouvernementale et de droite qualifie sa déclaration de « méprisable ».

En même temps, les organisations sociales dénoncent le refus du ministère du Capital humain de distribuer plus de cinq mille tonnes de produits alimentaires. Le ministère accuse le vaste réseau de soupess populaires gérées par les organisations sociales de pratiquer l'extorsion et affirme qu'un audit a révélé que la moitié de ces soupes populaires n'existent pas, alors que toute cette nourriture pourrit dans leurs entrepôts.

Un juge ordonne au gouvernement de commencer à distribuer la nourriture. Plutôt que d'obtempérer, celui-ci fait appel de la décision judiciaire.

Pendant ce temps, 49 % du pays vit dans la pauvreté, et 11,9 % de la population vit dans l’extrême pauvreté, définie comme « les personnes incapables de subvenir à leurs besoins alimentaires de base ».


Des manifestants devant le lieu où le ministère du Capital humain bloque des milliers de tonnes d'aide alimentaire.