Les
Palestiniens qui reviennent après le cessez-le-feu sont confrontés à la
destruction de leurs maisons et à l’horreur de la proposition du président
Trump de transformer Gaza en « Riviera du Moyen-Orient » en commettant un
nettoyage ethnique.
Lorsque j’ai
entendu pour la première fois le président Donald Trump faire des commentaires
sur l’avenir de Gaza, j’étais à New York, à une projection spéciale
célébrant la nouvelle saison de l’émission Netflix de mon ami Mo Amer, « Mo ».
Puis un autre ami m’a envoyé un texto : « Conférence de presse horrible de
Trump dans laquelle il dit que l’Amérique prendra le contrôle de Gaza. Nous en
reparlerons demain. » J’étais choqué. Mais à qui les USA prendraient-ils Gaza ?
Les forces israéliennes ont rasé des quartiers entiers avant de se retirer. Mon
ami Ahmad, de Beit Hanoun, dans le nord de Gaza, m’a dit que les gens étaient
retournés dans leur quartier non pas pour reprendre leur ancienne vie, mais «
pour vivre sur les décombres de leur maison ». Mais même les décombres de Gaza
ont un sens pour nous. C’est là que nos proches ont vécu et sont morts. Le
moment venu, nous serons les seuls à enlever ce qui doit être enlevé, pour le
réutiliser ensuite afin de reconstruire.
Un homme de Jabaliya vend du pain sous les restes de sa boulangerie, détruite lors d’une attaque israélienne. Photo Kareem Hana / AP
Les Gazaouis
« vont connaître la paix », a déclaré Trump. « Ils ne seront pas abattus, tués
et détruits comme cette civilisation de gens merveilleux a dû le subir. La
seule raison pour laquelle les Palestiniens veulent retourner à Gaza est qu’ils
n’ont pas d’autre choix. C’est actuellement un site de démolition. » Il n’a pas
parlé de qui avait tiré, tué et détruit : l’armée israélienne, avec le soutien
du gouvernement usaméricain.
Au lieu de
cela, Trump a parlé de transformer la bande de Gaza en « Riviera du
Moyen-Orient », comme si personne n’y vivait. Plus tard, lorsqu’on lui a
demandé combien de personnes devraient être contraintes de quitter leur patrie,
Trump a répondu : « Toutes... Probablement environ 1,7 million de personnes,
peut-être 1,8 million... Je pense qu’ils seront réinstallés dans des régions où
ils pourront mener une belle vie et ne pas craindre de mourir chaque jour. » Il
a également déclaré qu’il avait le sentiment que le roi de Jordanie et le
président de l’Égypte « ouvriront leur cœur » aux Palestiniens pendant la
reconstruction de la région, comme si quelqu’un d’autre que les Gazaouis allait
faire ce travail difficile et lent.
Je ne vais
pas prendre la peine de corriger les chiffres de Trump. J’ai plutôt une
question. Qui a dit que les Gazaouis avaient peur de mourir ? Beaucoup de gens
dans le monde ont peur de mourir, y compris certains USAméricains qui n’ont pas
d’assurance maladie ou qui vivent dans des zones à risque d’incendies de forêt.
Mais notre inquiétude n’est pas de mourir. Les Palestiniens craignent d’être tués
par les soldats et les colons israéliens, par les bombes et les balles.
Comment empêcher les gens d’être tués ? Pas en éliminant les personnes qui ont
été victimes de tirs et de bombardements, mais en arrêtant ceux qui tirent et
bombardent.
Et si le
président usaméricain Donald Trump suggérait la création de camps de la mort
pour les habitants de la bande de Gaza ? Que se passerait-il alors ? Israël
réagirait exactement comme il l’a fait à ses idées de transfert, avec extase à
droite et indifférence dans le camp centriste.
Emad Hajjaj
Yair Lapid
annoncerait qu’il se rendrait à Washington pour présenter un « plan
complémentaire », comme il l’avait proposé pour le plan de transfert. Benny
Gantz dirait que le plan fait preuve de « créativité, d’originalité et d’intérêt
». Bezalel
Smotrich, dans son état d’esprit messianique, dirait : « Dieu a fait des
merveilles pour nous et nous nous en réjouissons ». Benjamin
Netanyahou remonterait dans les sondages d’opinion.
La question
n’est plus
hypothétique. Trump ne suggérera pas explicitement des camps de la mort,
mais il a déjà consenti à ce qu’Israël poursuive
une guerre qui n’en est pas une, mais plutôt une agression barbare sur une
étendue de terre désolée. De là, le chemin vers l’anéantissement est court, et
Israël ne bronchera pas. Trump l’a approuvé. Après tout, personne En Israël ne
s’est levé pour dire au président des USA : « Merci pour vos idées, mais Israël
ne soutiendra jamais l’expulsion des Palestiniens de la bande de Gaza ».
Pourquoi
donc être sûr que si Trump suggérait d’anéantir quiconque refuserait d’évacuer
Gaza, Israël ne coopérerait pas avec lui ? Tout comme Trump a révélé le
sentiment de transfert qui bat au cœur de presque tous les Israéliens, visant à
résoudre
le problème « une fois pour toutes », il pourrait encore révéler un élément
plus sombre, le sentiment du « c’est nous ou eux ».
Ce n’est pas
un hasard si un personnage sinistre comme Trump est devenu un guide pour
Israël. Il est exactement ce que nous voulions et ce dont nous rêvions : un
blanchisseur de crimes. Il pourrait bien s’avérer être le président usaméricain
qui a causé le plus de dommages jamais infligés à Israël. Il y a eu des
présidents avares en matière d’aide, d’autres acerbes envers Israël, voire
menaçants. Mais jamais un président n’a entrepris de détruire les derniers
vestiges de la moralité d’Israël. Désormais, tout ce que Trump approuvera
deviendra la référence absolue pour Israël.
Trump pousse
maintenant Israël à reprendre ses attaques contre la bande de Gaza, en imposant
des conditions impossibles au Hamas : tous les otages doivent être libérés
avant samedi midi, pas une minute plus tard, comme le fait la mafia. Et si
seulement trois otages sont libérés, comme convenu ? Les portes de l’enfer s’ouvriront.
Elles ne s’ouvriront
pas seulement à Gaza, qui a déjà été transformée en enfer. Elles s’ouvriront
aussi en Israël. Israël perdra ses dernières limites. Trump a donné son
autorisation. Mais Trump disparaîtra un jour. Il peut perdre tout intérêt avant
cela, et Israël se retrouvera avec les dégâts qu’il a causés, des dégâts
infligés par un État criminel et lépreux.
Aucune
diplomatie publique ni aucun ami ne pourra le sauver s’il suit la voie de son
nouvel oracle éthique. Aucune accusation d’antisémitisme
ne réussira à faire taire le choc du monde si Israël se lance dans une
nouvelle série de combats dans l’enclave.
On ne
saurait exagérer l’intensité des dégâts. Le renouvellement des attaques contre
Gaza, avec la permission et sous l’autorité de l’administration usaméricaine,
doit être bloqué en Israël. Parallèlement à la campagne désespérée pour le
retour des otages, une nouvelle campagne doit être lancée contre Trump et ses
idées farfelues.
Cependant,
non seulement il n’y a personne qui puisse mener une telle campagne, mais il n’y
a personne qui puisse l’initier. Les seules batailles qui sont menées ici
maintenant, pour les otages et pour le renvoi de Netanyahou, sont importantes,
mais elles ne peuvent pas rester les seules.
La reprise
de la « guerre » est le plus grand désastre auquel nous sommes maintenant
confrontés, annonçant un génocide, sans plus de discussion sur les définitions.
Après tout, à quoi ressemblerait une « guerre » aujourd’hui, si ce n’est à une
attaque contre des dizaines de milliers de réfugiés qui n’ont plus rien ? Que
signifiera l’arrêt de l’aide humanitaire, du carburant, des médicaments et de l’eau,
si ce n’est un génocide ? Nous découvrirons peut-être que les seize premiers
mois de la guerre n’étaient qu’un début, les cinquante mille premiers morts seulement
un prélude.
Demandez à n’importe
quel Israélien et il vous dira que Trump est un ami d’Israël, mais Trump est en
réalité l’ennemi le plus dangereux d’Israël aujourd’hui. Le Hamas et le
Hezbollah ne le détruiront jamais comme lui le fera.
Eva
Borgwardt a embrassé la cause palestinienne pour la première fois l’été suivant
sa sortie du lycée. C’est arrivé à cause de Michael Brown. C’était en août
2014, et à Ferguson, dans le Maryland, non loin du quartier aisé de sa famille
à Saint-Louis, des manifestations éclataient après que Michael
Brown eut été tué par un policier. À la maison, Borgwardt s’est souvent
demandé qui elle aurait été à l’époque du mouvement pour les droits civiques.
Aurait-elle vraiment défendu ce qui était juste ? Aujourd’hui, alors que les
manifestations pour la justice raciale et contre les brutalités policières
dominent l’actualité, sa mère, professeure d’histoire et spécialiste des droits humains,
lui dit : « C’est un moment de ‘Où étais-tu dans l’histoire’ ».
Eva
Borgwardt à Manhattan en décembre 2023 lors d’un événement appelant à un
cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Photo Jessica Dimmock pour le New York
Times
Borgwardt s’est
rendue aux manifestations avec une grande glacière et a distribué des
bouteilles d’eau en marge de la manifestation. « J’étais une jeune fille
blanche de 18 ans qui essayait de se rendre utile » Lorsque les
manifestants défilaient, elle tirait sa glacière disgracieuse le long du défilé.
À Ferguson,
jour après jour, Borgwardt a été confrontée pour la première fois au racisme
systémique. « J’ai dû me rendre compte que dans ces manifestations, dans
les rues, les policiers ne sont pas les gentils. Que les structures, comme la
police, qui m’ont servi toute ma vie sont littéralement mortelles et conçues
pour opprimer les gens qui vivent dans ma ville. Je n’avais jamais été
confronté à ça auparavant ».
Lors des
manifestations, elle a été confrontée à autre chose : le lien entre la lutte
pour la justice raciale dans ce pays et le mouvement pour la libération de la
Palestine. Il y avait des Palestiniens aux rassemblements, dont les banderoles
proclamaient « Palestine Stands With Ferguson » et « Palestinian
Lives Matter ». Sur Twitter, Borgwardt a vu que les Palestiniens
tweetaient leur soutien à plus de 6 000 kilomètres de là, ainsi que des
conseils sur la manière de faire face aux gaz lacrymogènes lancés par la
police. Cet été-là, une attaque palestinienne meurtrière et les représailles de
l’armée israélienne en Cisjordanie ont entraîné des semaines de guerre entre
Israël et le Hamas à Gaza. « Soudain, se souvient Borgwardt, les
parallèles m’ont paru évidents. Les Noirs usaméricains face à une police
militarisée et les Palestiniens de Cisjordanie face à une armée chargée du
maintien de l’ordre ».
Eva
Borgwardt, qui est juive, a commencé à interpréter différemment le langage qu’elle
a entendu lors des manifestations. « J’ai été socialisée à percevoir des
phrases comme “Du fleuve à la mer” et “Palestine libre” comme menaçantes, comme
signifiant “effacer les Juifs de la carte”, au lieu de parler de liberté et d’égalité ».
Mais alors
qu’elle commençait à penser différemment, « la plupart des membres de ma
communauté juive, même les juifs de ma congrégation qui sont allés aux
manifestations », dit-elle, « paniquaient à propos de la solidarité
avec la Palestine lors des manifestations ». À propos d’une banderole « Free
Palestine », elle se souvient d’un commentaire d’un autre juif : « C’est
une honte qu’elle soit là ».
Deux ans
plus tard, alors qu’elle était étudiante à Stanford, cette tension est montée
en flèche. Le Movement for Black Lives (Mouvement pour les vies noires), le
consortium de groupes pour la justice raciale qui comprend Black
Lives Matter, a publié une tribune déclarant qu’Israël était “un État d’apartheid”
et que les USA étaient complices « du génocide perpétré contre le
peuple palestinien ». Des dénonciations furieuses et des accusations d’antisémitisme
sont venues de tout le monde juif. Borgwardt craignait que l’allégeance
farouche des Juifs usaméricains à Israël ne les écarte facilement de l’action
en faveur de la justice raciale.
Pendant et
après ses études, elle a donc entrepris de persuader les jeunes juifs de voir
réellement « l’oppression de l’occupation », les rapprochant ainsi de
la façon dont les militants noirs ont tendance à considérer Israël et les
Palestiniens. Dans les salles de réunion des universités et dans les centres
communautaires, elle a mené des discussions informelles sur des articles concernant
des villages palestiniens rasés par les forces israéliennes. Malgré le malaise
institutionnel des juifs à l’égard du Mouvement pour les vies noires et de
Black Lives Matter, elle a constaté que les juifs de son âge étaient « plus
susceptibles de sympathiser avec la cause palestinienne sur la base de la
politique de justice raciale menée dans leur pays ». Elle a mobilisé de
jeunes Juifs pour faire pression sur la Fédération de la communauté juive et le
Fonds de dotation de San Francisco afin qu’ils cessent de financer des groupes
qui, selon des articles de presse, ont favorisé l’expansion des colonies
israéliennes en Cisjordanie. (La fédération dément ces informations).
Aujourd’hui,
elle est d’autant plus passionnée. Borgwardt, de petite taille et aux cheveux
noirs bouclés, est la porte-parole nationale d’IfNotNow, une organisation
composée principalement de jeunes juifs à la pointe de l’activisme en faveur de
la libération de la Palestine. À la mi-octobre, devant le nombre croissant de
civils tués par
les bombardements israéliens sur Gaza en réponse à l’attaque du Hamas dans
le sud d’Israël le 7 octobre, qui a fait environ 1 200 morts, un nombre inconnu
de viols [sic] et de mutilations [resic] et plus de 240 otages,
IfNotNow est passé à l’action. L’organisation, ainsi que Jewish Voice for
Peace, un groupe de progressistes juifs partageant les mêmes idées, a entraîné
des milliers de personnes dans des rassemblements pro-palestiniens, bloquant
les portes de la Maison Blanche et investissant la rotonde du Capitole, ce qui
a donné lieu à des centaines d’arrestations. Tout au long de l’automne, dans la
région de la baie, à Boston, à New York, à Chicago et à Los Angeles, IfNotNow a
bloqué des ponts, organisé des sit-in aux heures de pointe sur les autoroutes
et occupé des bâtiments gouvernementaux.
J’ai
rencontré Eva Borgwardt à Washington au début du mois de novembre, lors de l’une
des plus grandes manifestations pro-palestiniennes jamais organisées sur le sol
usaméricain. Des cercueils factices, recouverts de drapeaux palestiniens,
étaient alignés au pied d’une scène. Au-dessus des cercueils, une longue banderole
rouge et noire exigeait : « Mettez fin au nettoyage ethnique de la
Palestine financé par les USA ». La foule, qui comptait entre 100 000 et
300 000 personnes, scandait : «Five, six, seven, eight, Israel is a terrorist
state” [ Cinq, six, sept, huit, Israël est un État terroriste].
Cette
manifestation n’était pas organisée par IfNotNow, mais le groupe de Borgwardt a
rassemblé un contingent assez important. Leurs pancartes se sont mélangées aux
pancartes artisanales qui flottaient dans l’air : L’une d’entre elles,
intitulée « Genocide Joe », fait référence au soutien apporté par le
président Biden à Israël par le biais d’une aide militaire se chiffrant en
milliards de dollars. « Cessez le feu maintenant », « Pas de
paix sur une terre volée », « Les Juifs disent non au génocide ! »,
« Révolution Intifada ! »
« Près
de 40 % des Juifs usaméricains de moins de 40 ans considèrent Israël comme un
État d’apartheid », m’a dit Borgwardt, fière d’avoir contribué à amener
les jeunes Juifs à cette conclusion. Cette statistique est issue d’un sondage réalisé en 2021 par l’Institut de l’électorat juif ;
elle suppose que ce chiffre est en augmentation.
Contributeur à la rubrique
Opinion du NYT, Peter Beinart est
professeur à la Newmark
School of Journalism de la City University of New York, rédacteur en chef
de Jewish Currents et
auteur de The
Beinart Notebook, une lettre d’information hebdomadaire. Le texte
ci-dessous est adapté de son livre à paraître, Being Jewish After the Destruction of Gaza[Être juif
après la destruction de Gaza]. Il vient de signer l’annonce signée par plus
de 400 rabbins et personnalités juives publiée le 13 février par le New York Times [voir ci-dessous]
Dans le
Washington d’aujourd’hui, qui respire l’acrimonie partisane, les démocrates et
les républicains sont au moins d’accord sur ce point : Israël a le droit d’exister.
Ce droit a été affirmé par le président républicain de la Chambre des
représentants, Mike Johnson, et son antagoniste démocrate, le chef de la
minorité de la Chambre, Hakeem Jeffries ; par le secrétaire d’État de l’administration
Biden, Antony
Blinken, et son successeur républicain, Marco
Rubio ; par le nouveau secrétaire à la défense de Donald Trump, Pete Hegseth, et par le chef des démocrates du Sénat, Chuck Schumer. En 2023, la Chambre des représentants a
affirmé le droit à l’existence d’Israël par un vote de 412-1.
Ce n’est pas
ainsi que les hommes politiques de Washington parlent généralement des autres
pays. Ils commencent généralement par les droits des individus, puis se
demandent si un État donné représente bien la population qu’il contrôle. Si les
dirigeants usaméricains donnaient la priorité à la vie de tous ceux qui vivent
entre le Jourdain et la mer Méditerranée, il deviendrait évident que la
question de savoir si Israël a le droit d’exister n’est pas la bonne. La
meilleure question est de savoir si Israël, en tant qu’État juif, a le droit d’exister
: Israël, en tant qu’État juif, protège-t-il de manière adéquate les droits de
tous les individus sous sa domination ?
La réponse
est non.
Considérons
le scénario suivant : si l’Écosse faisait légalement sécession ou si les
Britanniques abolissaient la monarchie, le Royaume-Uni ne serait plus ni uni ni
un royaume. La Grande-Bretagne telle que nous la connaissons cesserait d’exister.
Un autre État la remplacerait. Rubio, Schumer et leurs collègues accepteraient
cette transformation comme légitime parce qu’ils croient que les États doivent
être fondés sur le consentement des gouvernés.
Lors d’une
conférence de presse mardi soir 4 février, Donald Trump a tenu les
propos les plus foldingues sur le Moyen-Orient qu’un président usaméricain
ait jamais prononcés dans l’histoire.
Il a proposé
non seulement que les quelque 2 millions de Palestiniens de Gaza quittent leur
patrie - parce que, a-t-il dit, c’est “un trou à rats” et qu’il en sera
toujours ainsi - mais aussi que les USA s’en emparent, la “possèdent” (il a
lâché cette expression à plusieurs reprises) et la transforment en “Riviera du
Moyen-Orient”.
Oui, il a
vraiment dit ça.
Le peuple
palestinien, que Mister Trump veut expulser de la vieille Gaza, sera-t-il
autorisé à revenir vivre dans le nouveau pays des merveilles qu’il envisage ?
Eh bien, a répondu Mister Trump, ce sera “une ville internationale”, avec des
gens du “monde entier” qui viendront y vivre. Peut-être aussi des Palestiniens,
mais en attendant, pendant que les USAméricains reconstruisent le “site de
démolition” de Gaza, ces personnes seront accueillies par la Jordanie et l’Égypte.
Oui, a-t-il
reconnu, les dirigeants jordaniens et égyptiens insistent sur le fait qu’ils ne
veulent pas participer à ce déplacement forcé ; ils ne veulent certainement pas
de l’instabilité qu’entraînerait l’arrivée de près de 2 millions de réfugiés
palestiniens dans leurs propres villes surpeuplées. Mais Mister Trump est
convaincu que ces pays “ouvriront leurs cœurs” et créeront des lieux chaleureux
et pacifiques où les réfugiés pourront vivre leur vie loin de la violence que
le Hamas leur a imposée.
Ou bien, a
imaginé Mister Trump, les Palestiniens pourraient être réinstallés dans “un,
deux, trois, quatre, cinq, sept, huit, douze sites, ou un grand site” - peu
importe, tant qu’ils “vivent dans le confort et la paix ... Nous ferons en
sorte que quelque chose de vraiment spectaculaire puisse être fait”.
Il ne s’agissait
pas de remarques spontanées et irréfléchies. Mister Trump a répété ces propos à
plusieurs reprises. Il a déclaré qu’il y pensait depuis un certain temps. Il a
dit qu’il avait proposé l’idée à des dirigeants de la région qui l’ont trouvée “merveilleuse”.
(Il n’a pas identifié les personnes qui l’ont fait marcher, si tant est que
quelqu’un ait dit ça).
Il a fait
ces déclarations lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre
israélien Benjamin Netanyahou, après que les deux hommes se sont entretenus en
privé pendant plus d’une heure. Un journaliste a demandé à Netanyahou ce qu’il
pensait de l’idée de Mister Trump. Il a semblé aussi surpris que tout le monde,
même s’il s’est efforcé d’être poli.
L’objectif d’Israël,
a souligné le Premier ministre, est de s’assurer que Gaza ne représente plus
jamais une menace pour lui. « Le président Trump porte cette question à un
niveau bien plus élevé », a-t-il déclaré. « Il envisage un avenir
différent pour ce terrain. ... Il a une idée différente, et cela vaut la peine
d’y prêter attention. ... Cela vaut la peine de poursuivre dans cette voie ».
Goldberg est
chroniqueuse de la rubrique Opinion du Times depuis 2017. Elle est l’auteure
de plusieurs ouvrages sur la politique, la religion et les droits des femmes,
et a fait partie d’une équipe qui a remporté un prix Pulitzer pour le service
public en 2018 pour avoir dénoncé le harcèlement sexuel sur les lieux de
travail.
Lorsque Donald Trump, s’exprimant
aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, a annoncé cette
semaine que les USA prendraient le contrôle de Gaza et réinstalleraient «
définitivement » sa population ailleurs, peu de politiciens usaméricains l’ont
pris au sérieux.
Une
plage dans la bande de Gaza. Photo Eyad Baba/AFP
— Getty Images
Après tout,
Trump a déjà proféré des menaces impérialistes trollesques contre le Groenland,
le Canada et le Panama, mais jusqu’à présent, il ne semble pas prêt à étayer
ses fanfaronnades par la force militaire. Et si certaines parties de sa base frissonnent
d’excitation à l’idée d’un renouveau national par la conquête, dans l’ensemble
du pays, les nouvelles campagnes de construction nationale suscitent peu d’intérêt.
Dans les
jours qui ont suivi la proposition grotesque du président, ses conseillers et
alliés ont, comme à leur habitude, tenté de la réorienter vers une voie plus
sensée. Le secrétaire d’État, Marco Rubio, par exemple, a prétendu
que Trump avait simplement fait une offre généreuse pour aider Gaza à se
reconstruire. Israël, cependant, a compris la portée considérable des propos de
Trump. Les USA n’ont évidemment pas l’intention de construire une Riviera
moyen-orientale à la frontière israélienne. Ce qu’il a fait, cependant, c’est
accorder à Israël une nouvelle licence extraordinaire pour écraser les
Palestiniens à Gaza, et peut-être aussi en Cisjordanie.
La
bombe lancée mardi par Trump aux côtés de Netanyahou pourrait bien s’avérer n’être
qu’un pétard mouillé. De toute évidence, des capitales arabes à Washington, tout
le monde est contre son “plan” de faire de Gaza un Mar-a-Lago bis une fois vidé
de ses habitants, déportés dans le Sinaï égyptien ou dans le désert de Jordanie.
Ci-dessous 4 articles du quotidien émirati The National, possédé par Cheikh Mansour
bin Zayed bin Sultan Al Nahyan, vice-président et frère du président des
Émirats Arabes Unis - qui est tout sauf révolutionnaire -, traduits par Fausto Giudice, Tlaxcala
Kenny Tosh, Nigeria
Gaza est
à jamais palestinienne, disent à Donald Trump ses habitants fatigués de la
guerre
Les
habitants de Gaza qualifient de « fantasmes » les propositions du président
concernant le contrôle de l’enclave par les USA.
Les habitants de Gaza se
sont montrés défiants mercredi face à toute tentative de les déplacer de l’enclave,
affirmant que les projets du président US Donald Trump de
prendre le contrôle et de redévelopper le territoire étaient des « fantaisies »
vouées à l’échec.
Le président
a fait une annonce surprise mardi aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahou: les USA « prendront le contrôle » de Gaza et enverront des
troupes si nécessaire, dans un pivot étonnant de la politique usaméricaine qui
pourrait remodeler le Moyen-Orient.
« Nous
allons la développer, créer des milliers et des milliers d’emplois, et ce sera
quelque chose dont tout le Moyen-Orient pourra être très fier », a déclaré Trump
lors d’une conférence de presse à Washington. Il n’a
pas précisé si les Palestiniens seraient autorisés à retourner à Gaza, mais a
déclaré que « les gens du monde » seraient les bienvenus.
Il n’est pas
clair si Trump poursuivra son idée ou si ses remarques étaient une stratégie de
négociation.
De nombreux
habitants de Gaza ont réagi avec incrédulité à sa proposition, déclarant à The
National que l’histoire avait prouvé que le territoire resterait
palestinien et que ce sont les habitants de Gaza qui le reconstruiraient.
Le terme « écosystème de la résistance » a longtemps été brandi pour désigner les Libanais qui soutiennent la résistance à l’ennemi israélien.
Je n’ai jamais aimé ce terme. Il implique que la résistance à l’ennemi est d’abord un choix d’une communauté confessionnelle particulière de Libanais*, et deuxièmement, indépendamment des lois libanaises qui déclarent explicitement qu’Israël est un ennemi, c’est une position libre garantie par la démocratie et la liberté d’expression !
Indépendamment de mon interprétation, quelle est la définition d’un écosystème ? Comme tous les termes au Liban, chacun a un codage idéologique/sectaire. Ceux qui utilisent ce terme à l’intérieur du pays, ainsi bien chez l’ennemi, veulent se référer exclusivement à la communauté chiite, alors que les partisans de la résistance libanaise, qu’ils soient islamistes, de gauche ou nationalistes, ne se limitaient jamais à telle ou telle communauté. Les Libanais se souviennent encore que certains des principaux agents de l’occupation israélienne du sud avant la libération de l`an 2000 étaient musulmans chiites et chrétiens maronites. La trahison n’a pas de religion, comme l’ont prouvé les soi-disant « l’armée du Liban-Sud » d’Antoine Lahad, alliée à Israël à l’époque, et les arrestations répétées d’agents [d’Israël] par la suite. Cependant, depuis le début de l’agression israélienne, Israël utilise une définition plus large de l’“environnement nourricier” [du “terrorisme”, autrement dit la résistance]. Ainsi, il a considéré que toute personne hébergeant des Libanais déplacés des zones bombardées par l’ennemi, que ce soit dans la Bekaa, le sud du pays ou la banlieue sud de Beyrouth, en particulier dans les zones mixtes multiconfessionnelles, était accusée de collaborer avec l’écosystème de la résistance, et donc avec la résistance elle-même. Leur punition, malgré leur statut de civil, est tout simplement le bombardement par des missiles lourds de dizaines de tonnes d`explosifs, comme le phosphore, interdits à l’échelle internationale, dont les sources se promènent entre notre mer et notre ciel violés, matin et soir, avec des armes données à Israël par le partenaire usaméricain. Ce même partenaire qui a empêché, et empêche toujours, l’armée libanaise de posséder des armes, même défensives, qui lui permettraient de résister à la domination aérienne israélienne, et de protéger ainsi les civils et le territoire libanais. D’ailleurs c’est ce qui a justifié historiquement la résistance populaire libanaise sous toutes ses formes. Cependant, à l’exception de quelques cacophonies ici et là, amplifiées par les médias anti-résistance, et malgré le bombardement de diverses zones résidentielles accueillant des personnes déplacées, faisant des centaines des morts et blessés, Israël a échoué. Il n’a pas réussi à déclencher le conflit confessionnel sur lequel il misait. Depuis le début des déplacements forcés, les Libanais ont accueilli chaleureusement leurs frères déplacés, quelle que soit la confession à laquelle ils appartenaient, en particulier dans les zones connues pour leur tendance à la « pureté sectaire ». C’était rafraîchissant à entendre et à voir. Les différents dialectes régionaux ont commencé à se mélanger sur toute la carte du pays, à l’image de ce à quoi une nation devrait ressembler. Je l’ai remarqué un jour à Tripoli et un autre jour dans mon village, où l’on pouvait entendre un mélange de dialectes régionaux que l’on n’avait jamais l’habitude d`entendre. À Achrafieh, un quartier christianisé depuis la guerre civile, où je suis allée aider dans une cuisine ouverte par un ami pour nourrir les personnes déplacées, un peu perdue, j’ai arrêté un passant et lui ai demandé l’adresse que j’avais sur moi. L’homme a souri et m’a répondu, à ma grande surprise, avec un « pur » accent du sud, qui m’est tombé dans les oreilles comme une note juste dans une symphonie de cacophonie sectaire, à laquelle, malheureusement, nous étions trop « habitués » pour nous attendre à entendre cet accent dans cet endroit. Achrafieh, Tariq El Jdideh, le Chouf, Zghorta, Akkar, Jbeil [Byblos], Batroun, Deir al-Ahmar... Tous ces lieux sont en train de devenir un environnement incubateur, selon la définition israélienne. Une définition insidieuse et dangereuse, que la récente déclaration de la ministre allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock, qui a justifié les bombardements de civils, a rendu encore plus dangereuse si elle est adoptée comme précédent dans les guerres futures. Et je me suis interrogée : que penserait cette ministre “intelligente” [ouais, enfin…,NdlT], dont le gouvernement a utilisé hier une frégate de la FINUL pour intercepter un drone libanais lancé par la résistance vers l’ennemi avec lequel elle est engagée dans une bataille féroce ? Et si nous utilisions la définition israélienne élargie d’un écosystème, mais dans le sens inverse, et avec une petite réflexion sur la performance collective de l’Occident depuis un an jusqu’à aujourd’hui, que ce soit au Liban ou en Palestine ? Quelles seront les conséquences ? Intuitivement, les États-Unis d’Amérique, avec leur composante sioniste, et la majorité des pays européens complices de la guerre d’Israël, deviendront aussi, dans ce sens, un environnement nourricier ! Avec une différence morale majeure, ils sont une couveuse pour les criminels de guerre, qu’ils soutiennent par la parole, les actes, les armes et la diplomatie. Aujourd’hui, Israël ressemble plus que jamais à une base militaire avancée pour l’Occident collectif. Le poids d’une entité qui n’a aucune morale, aucun respect pour le droit international ou les considérations humanitaires. Son « écosystème » l’encourage à poursuivre sa brutalité en s’abstenant, en plus de le soutenir en armes et en expertise, de le punir, même au prix de la vie de ses citoyens, comme c’est le cas pour la FINUL. D’autre part, l’adhésion aux lois internationales pendant les guerres, qui étaient destinées à préserver notre humanité, est presque une faiblesse dans la performance de la résistance contre un ennemi psychologiquement perturbé et brutal. Dans un monde qui observe depuis plus d’un an le génocide à Gaza, en Cisjordanie et en Palestine en général, en plus de ce qu’il a commencé à faire au Liban, surtout depuis les assassinats que le monde « libre » a traités comme s’il s’agissait d’un comportement légitime, suivi du massacre des bipeurs, le bombardement de civils sous le prétexte qu’ils sont l’environnement incubateur de la résistance, pour ensuite les déplacer et les prendre pour cible. Tout cela fait que l’idée de viser l’environnement de soutien de l’ennemi, qui est au moins les colons armés et au plus les soutiens internationaux, est un objectif que les personnes endeuillées peuvent considérer comme plus que légitime, et c’est très dangereux. Depuis le début de l’agression contre le Liban, des amis européens et usaméricains, notamment de pays qui soutiennent farouchement Israël, nous appellent pour prendre de nos nouvelles. Ils nous disent qu’ils sont de tout cœur avec nous et nous demandent s’ils peuvent nous aider d’une manière ou d’une autre. Il est vrai que nous avons besoin de toute l’aide possible, et nous en sommes reconnaissants, mais ce dont nous avons vraiment besoin, c’est qu’ils influencent positivement les politiques de leurs gouvernements afin d’empêcher leurs dirigeants fascistes de faire d’eux et de leur pays une simple couveuse pour le monstre. Si cette définition d’incubateur échappe à tout contrôle, elle pourrait conduire à des représailles aveugles dans une réaction qui exprime le désespoir face à une justice internationale défaillante. Une justice qui, aujourd’hui plus que jamais, semble brisée et impuissante. Le simple fait d’y penser m’effraie. Mon Dieu, que l’avenir de cette planète est sombre !
NdlT
*Le Liban
compte 18 communautés confessionnelles : quatre musulmanes, douze chrétiennes,
une druze et une juive. Depuis 1943, le système politique en vigueur est
confessionnaliste, ce qui a eu des conséquences tragiques (notamment la guerre
civile de 1975-1990)
« Un
an après les attentats du 7 octobre, Netanyahou est sur une lancée victorieuse » :
tel est le titre d’un récent article d’Axios
décrivant le Premier ministre israélien sur une vague imbattable de triomphes.
Ces « succès » militaires stupéfiants, note l’auteur Barak Ravid, comprennent
le bombardement du Yémen, l’assassinat du chef du Hamas Ismail Haniyeh et du
chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, ainsi que les attentats aux bipeurs contre
le Liban.
Le même
auteur est récemment devenu viral pour un article affirmant que les attaques
israéliennes contre le Hezbollah « n’ont pas pour but de mener à la guerre mais
sont une tentative de “désescalade par l’escalade” ». Les utilisateurs des
médias sociaux se sont moqués de Ravid pour ce raisonnement bizarre et
orwellien. Mais ce qui a échappé à presque tout le monde, c’est que Barak Ravid
est un espion israélien - ou du moins il l’était jusqu’à récemment. Ravid [né en 1980] est un
ancien analyste de l’agence
d’espionnage israélienne Unité 8200. Jusqu’en mars 2023, il était réserviste
des Forces de défense israéliennes.
L’Unité
8200 est l’organisation d’espionnage la plus importante et peut-être la plus
controversée d’Israël. Elle est responsable de nombreuses opérations d’espionnage
et de terreur très médiatisées, dont le récent attentat aux bipeurs qui a
blessé des milliers de civils libanais. Comme le révélera cette enquête, Ravid
est loin d’être le seul ancien espion israélien à travailler dans les
principaux médias usaméricains, s’efforçant de susciter le soutien de l’Occident
aux actions de son pays.
L’initié
de la Maison Blanche
Ravid est
rapidement devenu l’une des personnalités les plus influentes du corps de
presse du Capitole. En avril, il a remporté le prestigieux prix des
correspondants de presse de la Maison-Blanche « pour l’excellence globale de sa
couverture de la Maison-Blanche », l’une des plus hautes distinctions du
journalisme usaméricain. Les juges ont été impressionnés par ce qu’ils ont décrit comme «
des niveaux profonds, presque intimes, d’approvisionnement en sources aux USA
et à l’étranger » et ont sélectionné six articles comme étant des travaux
journalistiques exemplaires.
La
plupart de ces articles consistaient simplement à publier des sources anonymes
de la Maison Blanche ou du gouvernement israélien, à les mettre en valeur et à distancier
le président Biden des horreurs de l’attaque israélienne contre la Palestine.
Ainsi, il n’y avait pratiquement aucune différence entre ces articles et les
communiqués de presse de la Maison Blanche. Par exemple, l’un des articles
retenus par les juges était intitulé « Scoop : Biden dit à Bibi qu’une pause de
trois jours dans les combats pourrait aider à obtenir la libération de certains
otages », et présentait le 46e président des USA comme un
humanitaire dévoué, déterminé à réduire les souffrances. Un autre article
décrivait la « frustration » de Biden à l’égard de Netanyahou et du
gouvernement israélien.
Des
protestataires avaient appelé les
journalistes à bouder l’événement par solidarité avec leurs confrères tombés à
Gaza (ce qui, à l’heure où nous écrivons ces lignes, représente au moins 128
journalistes). Non seulement l’événement n’a pas été boycotté,
mais les organisateurs ont décerné leur prix le plus prestigieux à un
fonctionnaire des services de renseignement israéliens devenu reporter, qui s’est
forgé la réputation d’être peut-être le sténographe le plus consciencieux du
pouvoir à Washington.
Ravid s’est
vu remettre personnellement le prix par le président Biden, qui l’a embrassé
comme un frère. Le fait qu’un (ancien) espion israélien connu puisse serrer
Biden dans ses bras de cette manière en dit long non seulement sur les
relations intimes entre les USA et Israël, mais aussi sur la mesure dans
laquelle les médias de l’establishment sont redevables au pouvoir politique.
Ravid s’est
fait un nom en publiant sans esprit critique des informations flatteuses qui
lui sont communiquées par le gouvernement usaméricain ou israélien et en les
faisant passer pour des scoops. En avril, il a écrit que « le
président Biden a lancé un ultimatum au premier ministre israélien Benjamin
Netanyahou lors de leur conversation téléphonique de jeudi : Si Israël ne
change pas de cap à Gaza, « nous ne serons pas en mesure de vous soutenir » »,
et qu’il “ exerçait sa plus
forte pression pour mettre fin aux combats à Gaza après six mois de guerre, et
avertissait pour la première fois que la politique américaine sur la guerre
dépendrait de l’adhésion d’Israël à ses demandes”, qui incluaient “un
cessez-le-feu immédiat”. En juillet, il a répété
que
des sources anonymes lui avaient dit que Netanyahou et Israël s’efforçaient de
trouver « une solution diplomatique », une autre affirmation très douteuse.
D’autres
articles de Ravid suivent le même schéma :
Cet
acharnement à blanchir l’administration Biden a suscité de nombreuses moqueries
en ligne.
« AXIOS
EXCLUSIF : Après avoir vendu à Netanyahou des millions de dollars d’armes,
Biden a joué - à haute voix – ‘Bad Blood’ de Taylor Swift. Tout le monde
pouvait l’entendre, dit une source proche de Biden », a tweeté
l’
utilisateur X David Grossman. « Je continue à donner des tas d’argent et d’armes,
mais je secoue la tête pour que tout le monde sache que je ne suis pas d’accord
», a écrit le comédien Hussein Kesvani, en réponse au dernier article de Ravid
suggérant que Joe Biden est devenu “de plus en plus méfiant” à l’égard du
gouvernement israélien.
Tout au
long de cette prétendue rupture entre les USA et Israël, l’administration Biden
a continué à soutenir avec enthousiasme les offensives israéliennes, à bloquer
les
résolutions de cessez-le-feu et la création d’un État palestinien à l’ONU, et a
envoyé pour 18
milliards de dollars d’armes à Israël au cours des 12 derniers mois. Ainsi,
aussi discutables que soient les rapports d’Axios, ils jouent un rôle vital
pour Washington, en permettant à l’administration Biden de se distancier de ce
que les organismes internationaux ont qualifié de génocide. La fonction de
Ravid a été de fabriquer un consentement pour le gouvernement parmi les élites
libérales qui lisent Axios, leur permettant de continuer à croire que les USA
sont un honnête courtier pour la paix au Machrek plutôt qu’un complice clé d’Israël.
Ravid ne
cache pas son mépris affiché pour les Palestiniens. En septembre, il a retweeté un
message dans lequel on pouvait lire : « C’est le PaliNazi : C’est la
méthode des PaliNazis... ils empochent des concessions sans rien donner en
retour et utilisent ensuite ces concessions comme base de référence pour le
prochain cycle de négociations. Les PaliNazis ne savent pas dire la vérité ».
Moins d’une
semaine plus tard, il a fait la
promotion de l’ affirmation très douteuse du ministre israélien
de la Défense, Yoav Gallant, selon laquelle les forces de défense israéliennes
avaient trouvé une photo des enfants du chef des Brigades al-Qassam, Mohammed
Sinwar, célébrant devant une immense photo d’avions frappant le World Trade
Center. Gallant a déclaré qu’ils avaient trouvé cette photo - essayant
clairement d’associer faussement les Palestiniens au 11 septembre - dans un
tunnel « où les frères Sinwar se cachaient comme des rats ».
Une
agence d’espionnage tristement célèbre
Fondée en
1952, l’Unité 8200 est la division la plus importante et la plus controversée
de l’armée israélienne.
Responsable
des opérations secrètes, de l’espionnage, de la surveillance et de la
cyberguerre, le groupe est au centre de l’attention mondiale depuis le 7
octobre 2023. Il est largementidentifié comme l’organisation
à l’origine du tristement célèbre attentat aux bipeurs au Liban, qui a fait au
moins neuf morts et environ 3 000 blessés. Alors que beaucoup en Israël (et
Ravid lui-même) ont salué l’opération comme un succès, elle a été condamnée
dans le monde entier comme un acte de terrorisme flagrant, y compris par l’ancien
directeur de la CIA, Leon Panetta.
L’Unité
8200 a également établi une
liste de personnes à abattre pour Gaza, alimentée par l’intelligence
artificielle, suggérant des dizaines de milliers d’individus (y compris des
femmes et des enfants) à assassiner. Ce logiciel a été le principal mécanisme
de ciblage utilisé par les FDI au cours des premiers mois de leur attaque
contre cette bande densément peuplée.
Décrite
comme le Harvard israélien, l’Unité 8200 est l’une des institutions les plus
prestigieuses du pays. Les parents dépensent des fortunes pour que leurs
enfants suivent des cours de sciences et de mathématiques, dans l’espoir qu’ils
soient choisis pour y servir, ce qui leur ouvrirait les portes d’une carrière
lucrative dans le secteur florissant de la haute technologie en Israël.
L’unité
sert également de pièce maîtresse à l’appareil d’État répressif futuriste d’Israël.
En utilisant des quantités gigantesques de données compilées sur les
Palestiniens en suivant leurs moindres mouvements grâce à des caméras de
reconnaissance faciale, en surveillant leurs appels, leurs messages, leurs
courriels et leurs données personnelles, l’Unité 8200 a créé un filet
dystopique qu’elle utilise pour surveiller, harceler et réprimer les
Palestiniens.
L’Unité
8200 constitue des dossiers sur chaque Palestinien, y compris ses antécédents
médicaux, sa vie sexuelle et ses recherches, afin que ces informations puissent
être utilisées ultérieurement à des fins d’extorsion ou de chantage. Si, par
exemple, un individu trompe son conjoint, a désespérément besoin d’une
opération médicale ou est secrètement homosexuel, ces informations peuvent être
utilisées pour transformer des civils en informateurs et en espions pour le
compte d’Israël. Un ancien agent de l’Unité 8200 a déclaré que,
dans le cadre de sa formation, il devait mémoriser différents mots arabes pour
« gay » afin de pouvoir les repérer dans les conversations.
Les
agents de l’Unité 8200 ont ensuite créé certaines des applications les plus
téléchargées au monde et un grand nombre des programmes d’espionnage les plus
tristement célèbres, dont Pegasus. Pegasus a été utilisé pour surveiller des
dizaines de dirigeants politiques dans le monde entier, dont Emmanuel Macron en
France, Cyril Ramaphosa en Afrique du Sud et Imran Khan au Pakistan.
Le
gouvernement israélien a autorisé la vente de Pegasus à la Central Intelligence
Agency, ainsi qu’à certains des gouvernements les plus autoritaires de la
planète. L’Arabie saoudite, notamment, a utilisé le logiciel pour surveiller le
journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi avant qu’il ne soit
assassiné par des agents saoudiens en Turquie.
Une
récente enquête
de
MintPress News a révélé qu’une grande partie du marché mondial des VPN est
détenue et exploitée par une société israélienne dirigée et cofondée par un
ancien élève de l’Unité 8200.
En 2014,
43 réservistes de l’Unité 8200 ont
rédigé une déclaration commune dans laquelle ils déclaraient ne plus
vouloir servir dans cette unité en raison de ses pratiques contraires à l’éthique,
qui consistaient notamment à ne pas faire de distinction entre les citoyens
palestiniens ordinaires et les terroristes. La lettre indiquait également que
leurs renseignements étaient transmis à des politiciens locaux puissants, qui
les utilisaient comme bon leur semblait.
Cette
déclaration publique a hérissé Ravid de colère à l’égard de ses collègues. À la
suite de ce scandale, Ravid s’est rendu à la radio de l’armée israélienne pour attaquer les
dénonciateurs. Il a déclaré que s’opposer à l’occupation de la Palestine
revenait à s’opposer à Israël lui-même, l’occupation étant une « partie »
fondamentale d’Israël. « Si le problème est vraiment l’occupation, a-t-il dit,
alors vos impôts sont aussi un problème - ils financent le soldat au poste de
contrôle, le système éducatif... et 8200 est une belle blague ».
Si l’on
met de côté les commentaires de Ravid, une question se pose : est-il vraiment
acceptable que des membres d’un groupe conçu pour infiltrer, surveiller et
cibler des populations étrangères, qui a produit un grand nombre des
technologies d’espionnage les plus dangereuses et les plus invasives de la
planète, et qui est largement considéré comme étant à l’origine d’attaques
terroristes internationales sophistiquées, écrivent les news des USAméricains
sur Israël et la Palestine ? Quelle serait la réaction si des personnalités des
médias usaméricains s’avéraient être des agents de renseignement du Hezbollah,
du Hamas ou du FSB russe ?
Nouvelles
d’Israël, livrées par Israël
Ravid est
loin d’être le seul journaliste influent aux USA à entretenir des liens étroits
avec l’État israélien. Shachar
Peled a passé trois ans en tant qu’officier de l’unité 8200, à la
tête d’une équipe d’analystes spécialisés dans la surveillance, le
renseignement et la cyberguerre. Elle a
également travaillé comme analyste technologique pour le Shin Bet, le service
de renseignement israélien. En 2017, elle a été engagée comme productrice et
rédactrice par CNN et a passé trois ans à préparer des segments pour les
émissions de Fareed Zakaria et Christiane Amanpour. Google l’a ensuite engagée
pour devenir sa spécialiste principale des médias.
L’ancienne
espionne israélienne Shachar Peled a travaillé pour la chaîne israélienne i24
News avant d’être embauchée par CNN, puis par Google.
Tal
Heinrich est un autre agent de l’Unité 8200 qui a
travaillé pour CNN. Heinrich a passé trois ans en tant qu’agent de l’Unité
8200. Entre 2014 et 2017, elle a été productrice sur le terrain et à la
rédaction du bureau de CNN à Jérusalem, notoirement pro-israélien, où elle a
été l’une des principales journalistes à façonner la compréhension par l’USAmérique
de l’opération « Bordure protectrice », le bombardement israélien de
Gaza qui a tué plus de 2 000 personnes et laissé des centaines de milliers de
personnes déplacées. Heinrich a ensuite quitté CNN et est aujourd’hui la
porte-parole officielle du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
La
tendance de CNN à l’embauche de personnalités de l’État israélien se poursuit
encore aujourd’hui. Tamar Michaelis, par exemple, travaille actuellement pour
la chaîne et produit une grande partie de son contenu sur Israël et la
Palestine. Elle a pourtant été
porte-parole officielle des Forces de défense israéliennes (FDI).
Anat Schwartz avait liké un gazouillis d'un autre sioniste appelant à "transformer la bande de Gaza en abattoir", exemple cité par l'Afrique du Sud dans sa plainte à la CIJ contre Israël pour génocide. Elle a finalement été virée par le New York Times
Le New
York Times, quant à lui, a embauché Anat Schwartz, une ancienne officière de
renseignement de l’armée de l’air israélienne sans aucune expérience
journalistique. Schwartz a coécrit le fameux article« Screams
Without Words », aujourd’hui discrédité, qui
affirmait que des combattants du Hamas avaient systématiquement violé des
Israéliennes le 7 octobre. Le personnel du Times lui-même s’est révolté
devant l’absence de preuves et de vérification des faits dans l’article.
Plusieurs
employés du New York Times, dont l’éditorialiste vedette David Brooks,
ont des enfants qui servent
dans
les forces de défense israéliennes ; alors même qu’ils font des reportages ou
émettent des opinions sur la région, le Times n’a jamais révélé ces
conflits d’intérêts flagrants à ses lecteurs. Il n’a pas non plus révélé qu’il
avait acheté pour sa cheffe de bureau Jodi Rudoren une maison à Jérusalem qui avait été volée
à la famille de l’intellectuelle palestinienne Ghada Karmi en 1948.
"Comment réussir dans le journalisme sans vraiment prendre un diplôme" : BD à la gloire de Jeff Goldberg sur le site ouèbe de l'Université de Pennsylvanie
MintPress
News a
interviewé Ghada Karmi l’année dernière à propos de son dernier livre et
des tentatives israéliennes de la faire taire. Jeffrey Goldberg (un USAméricain),
ancien rédacteur du New York Times Magazine et actuel rédacteur en chef
de The Atlantic, avait abandonné ses études à l’université de Pennsylvanie
pour se porter volontaire en tant que gardien de prison des FDI pendant la
première Intifada (soulèvement) palestinienne. Dans ses mémoires, Goldberg a révélé que,
lorsqu’il servait dans les FDI, il a aidé à dissimuler les mauvais traitements
infligés aux prisonniers palestiniens.
Les
entreprises de médias sociaux sont elles aussi remplies d’anciens agents de l’Unité
8200. Une étude
réalisée par MintPress en 2022 a révélé que pas moins de 99
anciens agents de l’Unité 8200 travaillaient pour Google.
Marine Le Pen jeune ? Non, Emi Palmor
Facebook
emploie également des dizaines d’anciens espions de cette unité controversée. C’est
le cas d’Emi Palmor, qui siège au conseil de surveillance de Meta. Ce comité de
21 personnes décide en dernier ressort de l’orientation de Facebook, d’Instagram
et des autres offres de Meta, en se prononçant sur les contenus à autoriser, à
promouvoir et à supprimer. Human Rights Watch a formellement condamné Meta
pour sa suppression systématique des voix palestiniennes sur ses plateformes. L’organisation
a recensé plus de 1 000 cas de censure ouvertement anti-palestinienne pour les
seuls mois d’octobre et de novembre 2023. Une mesure de cette partialité est
mise en évidence par le fait que, à un moment donné, Instagram a
automatiquement inséré le mot «
terroriste » dans les profils des utilisateurs qui se disaient palestiniens.
Malgré
les affirmations répandues par des politiciens usaméricains selon lesquelles
elle est un foyer de racisme anti-israélien et antisémite, TikTok emploie
également de nombreux anciens agents de l’Unité 8200 à des postes clés de son
organisation. Par exemple, en 2021, elle a embauché Asaf
Hochman en tant que responsable mondial de la stratégie des produits
et des opérations. Avant de rejoindre TikTok, Hochman a passé plus de cinq ans
en tant qu’espion israélien. Il travaille aujourd’hui pour Meta.
Censure
pro-israélienne de haut en bas
Lorsqu’il
s’agit de l’attaque d’Israël contre ses voisins, les médias capitalistes ont
toujours fait preuve d’un parti pris pro-israélien. Le New York Times,
par exemple, s’abstient
régulièrement d’identifier l’auteur des violences lorsqu’il s’agit de l’armée
israélienne et décrit le génocide
de 750 000 Palestiniens en 1948 comme une simple « migration ». Une étude de la
couverture du journal a révélé que des mots tels que « massacre » et « horrible
» apparaissent 22 fois plus souvent lorsqu’il est question des morts israéliens
que des morts palestiniens, malgré la disparité gigantesque du nombre de
personnes tuées dans les deux camps.
Pendant
ce temps, dans un reportage sur la façon dont les soldats israéliens ont tiré
335 balles sur une voiture dans laquelle se trouvait une enfant palestinienne
et ont ensuite tiré sur les secouristes venus la sauver, CNN a imprimé
le
titre « Five-year-old Palestinian girl found dead after being trapped in car
with dead relatives » (une fillette palestinienne de cinq ans retrouvée morte
après avoir été piégée dans une voiture avec des parents décédés) - un titre
qui pourrait être interprété comme signifiant que sa mort était un accident
tragique.
Ce type
de reportage n’est pas le fruit du hasard. En fait, il vient directement du
sommet de la hiérarchie. Une note de
service duNew York Times datant de novembre et ayant fait l’objet
d’une fuite révèle que la direction de l’entreprise a explicitement demandé à
ses journalistes de ne pas utiliser des mots tels que « génocide », « massacre
» et « nettoyage ethnique » lorsqu’ils évoquent des actions d’Israël. Le
personnel du Times doit s’abstenir d’utiliser des mots tels que « camp
de réfugiés », « territoire occupé » ou même « Palestine » dans ses reportages,
ce qui rend presque impossible la transmission de certains des faits les plus
élémentaires à son public.
Le
personnel de CNN est soumis à des pressions similaires. En octobre dernier, le
nouveau directeur général Mark Thompson a envoyé une note
de service à l’ensemble du personnel, lui demandant de veiller à ce que le
Hamas (et non Israël) soit présenté comme responsable de la violence, de
toujours utiliser l’expression « contrôlé par le Hamas » lorsqu’il est question
du ministère de la santé de Gaza et de ses chiffres de mortalité civile, et lui
interdisant de rendre compte du point de vue du Hamas, dont le directeur
principal des normes et pratiques en matière d’information a déclaré au
personnel qu’il n’était « pas digne d’intérêt » et qu’il s’agissait de « rhétorique
incendiaire et de propagande ».
Le Times
et CNN ont tous deux licencié de nombreux journalistes en raison de leur
opposition aux actions israéliennes ou de leur soutien à la libération de la
Palestine. En novembre, Jazmine Hughes, du Times, a été renvoyée après
avoir signé une
lettre ouverte s’opposant au génocide en Palestine. L’année précédente, le
journal avait mis fin
au
contrat de Hosam Salem à la suite d’une campagne de pression menée par le
groupe pro-israélien Honest
Reporting. Et le présentateur de CNN Marc Lamont Hill a été brusquement
licencié en 2018
pour avoir appelé à la libération de la Palestine dans un discours aux Nations
unies.
Les
grandes organisations comme Axios, CNN et le New York Times
savent évidemment qui elles embauchent. Il s’agit de certains des emplois les
plus recherchés dans le journalisme, et des centaines de candidats postulent
probablement pour chaque poste. Le fait que ces organisations choisissent de
sélectionner des espions israéliens avant tout autre candidat soulève de
sérieuses questions quant à leur crédibilité journalistique et leur objectif.
Engager
des agents de l’unité 8200 pour produire des news usaméricaines devrait
être aussi impensable que d’employer des combattants du Hamas ou du Hezbollah
comme reporters. Pourtant, d’anciens espions israéliens sont chargés d’informer
le public usaméricain sur les offensives en cours de leur pays contre la
Palestine, le Liban, le Yémen, l’Iran et la Syrie. Qu’en est-il de la
crédibilité et de la partialité de nos médias ?
Étant
donné qu’Israël ne pourrait pas poursuivre cette guerre sans l’aide des USA, la
bataille pour le contrôle des cerveaux yankees est aussi importante que les
actions sur le terrain. Et au fur et à mesure que la guerre de propagande se
poursuit, la frontière entre journaliste et combattant s’estompe. Le fait que
nombre des principaux journalistes qui nous fournissent des informations sur
Israël et la Palestine soient littéralement d’anciens agents des services de
renseignement israéliens ne fait que le souligner.
Le Prix Pulitzer au New York Times pour sa couverture du génocide de Gaza: une grosse farce