L’Assemblée générale des Nations unies a démenti le grand mensonge de Netanyahu et montré que, contrairement à ce qu’il affirme, les États arabes, les USA et d’autres pays occidentaux souhaitent tous que le Hamas soit écarté. Trump doit désormais décider quelle voie permettra d’y parvenir le plus rapidement : un accord imposé à Israël ou la conquête de la ville de Gaza.
Chaim Levinson, Haaretz, 24/9/2025
Traduit
par Tlaxcala
Le
Premier ministre Benjamin Netanyahou se rendra mercredi soir à une fête qui est
déjà terminée. Tous les invités importants sont partis, et il arrive en même
temps que l’équipe de nettoyage venue balayer les confettis. Vendredi, jour de
son discours, aucun dirigeant mondial important ne sera en ville pour le
rencontrer.
Il
est seul, plus isolé que jamais, accroché au bord de la falaise, avec seulement
la main de Donald Trump pour l’empêcher de tomber.
La 80e
Assemblée générale des Nations unies a peut-être été la plus dure à l’égard d’Israël.
Netanyahu, qui s’est présenté pendant des années comme un génie diplomatique,
qui a méprisé tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui, qui a ignoré tous
les avertissements sur la détérioration de la situation en Israël, est resté
chez lui à regarder la télévision tandis que ceux qu’il considérait autrefois
comme ses alliés lui tournaient le dos.
L’initiative
franco-saoudienne visant à reconnaître l’État palestinien prend de l’ampleur,
même si elle n’a pas de poids pratique immédiat. La réunion à huis clos entre
les dirigeants arabes et musulmans et Trump au siège de l’ONU, au cours de
laquelle ils ont discuté de Gaza, a été beaucoup plus significative.
Parmi
les participants figuraient l’émir du Qatar et le président turc. Leur objectif
: persuader Trump qu’une fin immédiate de la guerre était possible – les États
arabes prendraient le contrôle de Gaza, la reconstruiraient et écarteraient le
Hamas.
Il
est frappant de constater que presque aucun détail de cette réunion n’a filtré
dans les médias arabes. Un responsable qatari qui s’est entretenu avec Haaretz
a refusé de révéler ce qui avait été dit, mais son ton suggérait une certaine
satisfaction. Israël, notamment, n’avait pas été invité – et ce n’était pas à
cause de Rosh Hashanah, le nouvel an juif.
Lundi,
ce sera au tour de Netanyahou de rencontrer Trump à la Maison Blanche. Son
discours de vendredi sera destiné à la consommation intérieure, comme d’habitude.
Il répétera ses « cinq conditions » pour mettre
fin à la guerre à Gaza, mais les véritables décisions seront prises à
Washington.
«
Trump est fortement influencé par la dernière personne qui se trouve dans la
pièce avec lui », a déclaré l’un des confidents du président à Haaretz.
« Netanyahou entendra de sa bouche tout ce qu’il a entendu des dirigeants
arabes. »
Pendant
ce temps, l’envoyé spécial Steve Witkoff, qui était également présent à New
York, s’efforce de sauver le « plan Witkoff » : la libération de dix otages, un
cessez-le-feu et la garantie par Trump de la fin de la guerre.
Witkoff
est depuis longtemps proche de la famille régnante qatarie Al-Thani. Depuis la
tentative d’assassinat ratée d’Israël contre les dirigeants du Hamas, le Qatar
a coupé tout contact direct avec Israël, mais continue de négocier avec
Washington.
Son
espoir est de conclure un accord avec les USAméricains qui forcerait Israël à
céder. Ces derniers jours, Witkoff et le Premier ministre qatari Mohammed
Al-Thani ont bricolé une nouvelle lettre du Hamas proposant la libération de
dix otages.
Il n’est
pas certain que Witkoff parvienne à convaincre Trump, ni que Netanyahou l’emporte.
L’objectif
de Netanyahou est de convaincre Trump d’attendre encore un peu, en lui faisant
croire que la prise imminente de la ville de Gaza va transformer la guerre. Il
montre à des journalistes amis des rapports des services de renseignement – des
rapports soigneusement sélectionnés, bien sûr – qui soulignent la crainte du
Hamas face à la conquête
imminente de la ville. Selon lui, il ne faut plus que quelques mois, puis
soit la victoire sera remportée, soit la prochaine stratégie sera prête.
Trump
l’a soutenu jusqu’à présent, et Netanyahou veut plus de temps face aux
pressions croissantes.
Au
cœur du dilemme de Trump se trouve une question simple : qu’est-ce qui
permettra de renverser le Hamas plus rapidement : un accord imposé à
Israël, avec l’intervention des États arabes pour mettre fin à la guerre, ou la
conquête de la ville de Gaza ?
La
grande supercherie de Netanyahou est le mythe selon lequel il est le seul à
vouloir se débarrasser du Hamas. La réunion de l’ONU de cette semaine a
souligné un consensus qui existe depuis deux ans et que Netanyahou s’est
efforcé de minimiser : les États arabes, les USA et l’Occident veulent tous que
le Hamas soit renversé et remplacé par un gouvernement civil normal [sic].
Huit
mois après son entrée en fonction, Trump reste difficile à cerner. Son discours
à l’ONU était parfois incohérent, à l’image des divagations des complotistes
antivaxx sur Facebook. Pourtant, à certains moments, il se montre vif et saisit
clairement la dynamique.
Quel
Trump Netanyahou rencontrera-t-il lundi : le tonton maboul à la table de Rosh
Hashanah ou l’homme d’affaires qui sait flairer le mensonge ? Nous le saurons
lundi.
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