Lyna Al Tabal, RaiAlYoum,
17/9/2025
Traduit
par Tlaxcala
Chaque
matin, le soleil explose au-dessus du Machrek, des missiles, du feu, des
promesses internationales, chaque matin, le compte à rebours commence pour de
nouvelles victimes.
Cet article
ne tolère pas le silence prolongé, maudit soit le silence ! Se taire, c’est
être complice du crime.
Puis,
soudain, on réalise que le rouge dans le ciel n’est pas un coucher de soleil
romantique : c’est du sang mêlé aux flammes des bombardements. La couleur
qui était symbole de l’amour est devenue couleur de la mort, c’est exactement
ce que vous voyez dans le ciel de Gaza… Gaza brûle, ses enfants sont enveloppés
de couvertures trempées de sang, les mères vacillent entre les cris et les
prières, les pères se frappent le visage et essayent de réveiller leurs enfants
morts. Ce n’est pas le jour du Jugement dernier, c’est juste un autre jour
ordinaire à Gaza.
Pour la
première fois depuis soixante-dix ans de massacres, l’ONU a soudainement
découvert qu’Israël commet à Gaza ce que le dictionnaire des humains appelle un
« génocide ». Dans son rapport, la commission d’enquête internationale a
déclaré que l’armée israélienne a commis quatre des cinq éléments constitutifs
du génocide tels que définis dans la Convention de 1948 :
• Tuer des membres du
groupe,
• Infliger des atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale,
• Imposer des conditions de vie destinées à détruire, en tout ou en partie, le
groupe,
• Créer des conditions visant à empêcher les naissances au sein du groupe.
Seul le
cinquième élément, relatif à l’enlèvement d’enfants, n’a pas encore reçu l’«
honneur » de la signature israélienne, peut-être par manque de temps, ou parce
qu’ils préfèrent tout simplement tuer les enfants dans les bras de leurs mères.
Le rapport
mentionne froidement que ces crimes ont été commis avec préméditation,
estampillés par les déclarations de Netanyahou, Gallant et Herzog.
Lisez-le
avec moi si vous voulez. ça ne
changera rien.
Point un
: élimination du groupe ciblé
Le rapport recense
soixante mille martyrs à ce jour, et le nombre augmente, dont la moitié sont
des femmes et des enfants. Le reste sont des civils. Leur seule faute : être
vivants, c’est tout.
La revue The
Lancet, qui parle habituellement de maladies du cancer ou du foie, se
retrouve au cœur du génocide en documentant l’effondrement de l’espérance de
vie à Gaza : de 75,5 à 40,5 ans. Israël ne se contente pas de tuer des gens, il
vole la vie de ceux qui ne sont pas encore nés.
Les
hôpitaux, des « infrastructures protégées » selon le droit international, sont
devenus des cibles militaires… je sais que vous savez !
Le rapport enregistre 498 attaques documentées. Les façons de tuer sont
nombreuses : maisons, abris, zones supposément sûres, et un siège qui empêche
l’eau, le pain et les médicaments. La faim même est conçue par Israël aussi
soigneusement que n’importe quelle bombe intelligente.
Point
deux : infliger des atteintes graves
La mort ne
suffisait pas, il fallait l’humiliation, la déportation sous les bombardements,
la fuite des maisons vers rien, de là vers les tombes. Il faut ajouter la
torture dans les prisons pour que le tableau soit complet. La commission
internationale a tout documenté avec une froideur académique, debout au milieu
d’un abattoir débordant de toutes les couleurs du sang et de toutes ses formes.
Puis elle ajoute la phrase qu’elle répète dans chacun de ses rapports : « Cela
pourrait être utilisé devant la Cour pénale internationale ».
Point
trois : imposer des conditions de vie propices au génocide
L’ONU a mis
deux ans pour dire qu’Israël utilise la famine comme arme. Deux années de faim,
de soif, de bombardements, avant qu’ils écrivent cette phrase dans le rapport.
Le pain, l’eau, les écoles, les hôpitaux, tout est devenu ruine et s’est
évaporé, et la commission appelle ça des « crimes contre l’humanité ». Merci
pour cette découverte !
Point
quatre : empêcher les naissances
L’avenir
lui-même a été mis sur la liste des cibles à Gaza, même la première idée de la
vie a été exterminée. Le rapport de la commission documente le bombardement de
la plus grande clinique de fertilité du secteur, la combustion de quatre mille
fœtus, mille échantillons de sperme et ovules… Israël a décidé d’anéantir
l’idée elle-même avant qu’elle ne devienne vie. Pas d’enfants, pas d’espoir,
pas de nouvelles générations… tous brûlés. Imaginez ! C’est plus facile pour
Israël que d’attendre pour qu’ils naissent.
Navi Pillay,
présidente de la commission, a demandé l’interdiction de la fourniture d’armes
à Israël, le procès des criminels et l’arrêt de ce génocide. Elle a crié : le
silence est complice du crime. En mars dernier, la commission avait écrit : «
les actes d’Israël pourraient relever du crime de génocide ». Aujourd’hui, «
pourraient » a disparu, tout simplement. Rien n’a changé sauf le nombre des
corps des martyrs.
Quant au
communiqué du ministère des Affaires étrangères israélien, c’est une copie du
communiqué de l’année dernière, de l’année précédente, et de l’année d’avant :
« allégations mensongères, rapport falsifié, mensonges… » les mêmes allégations
depuis un demi-siècle, reprises par les porte-parole officiels de Tel Aviv.
Israël est innocent, encerclé par des civils, cerné par des enfants aux
chaussures déchirées, une armée qui fait face, dans son récit, à une menace
existentielle venant de mères cherchant les restes de leurs enfants sous les
décombres.
Un
demi-siècle du même discours, une armée bardée d’armes jusqu’aux dents qui tue
des enfants et prétend être la victime. Au final pas de justice. Pas de honte.
Le sang remplit les lieux, rien que du sang, beaucoup de sang qui noie la
terre, et au-dessus duquel flottent des mots de solidarité ternes.
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