المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

Affichage des articles dont le libellé est Palestine/Israël. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Palestine/Israël. Afficher tous les articles

22/09/2025

AMEER MAKHOUL
Les reconnaissances internationales de l’État de Palestine ébranlent la politique israélienne

Ameer Makhoul, Progress Center for Policies, 22/9/2025

الاعترافات الدولية بدولة فلسطين تهز السياسة الاسرائيلية

Traduit par Tlaxcala

 

Un état d’anxiété et de choc s’empare à la fois des courants politiques au pouvoir et de l’opposition en Israël, à la suite des reconnaissances simultanées de l’État de Palestine par les plus proches alliés d’Israël — le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie — bientôt rejoints par le Portugal. D’autres États se préparent à reconnaître la Palestine et à promouvoir la sauvegarde de la solution à deux États.

Ahmad Rahma, Turquie
 

Contrairement aux attentes d’une réaction immédiate et préparée à l’avance, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé qu’il discuterait de la réponse d’Israël avec Donald Trump lors de leur rencontre le 29 de ce mois, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU.

Détails :
Les réponses israéliennes possibles oscillent entre l’option extrême de déclarer l’annexion de la Cisjordanie (peu probable), et l’imposition de la souveraineté sur la vallée du Jourdain — déjà sous occupation militaire israélienne — ce qui rendrait une telle déclaration largement symbolique et politique. Une autre option consisterait à étendre la souveraineté sur d’autres parties de la Cisjordanie, y compris le nord et la zone de Khan al-Ahmar, fragmentant ainsi le territoire palestinien et empêchant sa continuité géographique. Une option plus extrême (mais improbable) serait de dissoudre ou de démanteler l’Autorité palestinienne, ce qui reste peu vraisemblable compte tenu des positions arabes, internationales et surtout européennes.

Netanyahou a déclaré qu’il « doublerait l’activité de colonisation, comme cela se passe déjà sur le terrain », tandis que des cadres du Likoud, proches idéologiquement du courant sioniste religieux, ont appelé à intensifier la construction de colonies et à établir un millier de nouvelles « fermes-colonies ». Celles-ci consistent à attribuer des milliers de dunams de terres palestiniennes à une seule famille ou à un petit groupe, protégés par l’armée israélienne et les milices de colons. Cela intervient dans un contexte de crise du projet colonial, qui — à l’exception de Jérusalem — souffre d’une stagnation du nombre de colons et des transferts de population depuis l’intérieur de la Ligne verte vers la Cisjordanie, ainsi que d’une émigration croissante des Israéliens vers l’étranger.

Les reconnaissances simultanées de la Palestine — et les profonds changements qu’elles représentent dans le comportement international sur la question palestinienne — marquent un moment de vérité pour tous les acteurs palestiniens, arabes, israéliens et internationaux. Un tournant qui semble irréversible.

La décision de Netanyahou de retarder sa réponse jusqu’à sa rencontre avec Trump découle d’une reconnaissance implicite de deux choses : premièrement, qu’Israël, seul, ne peut arrêter la trajectoire des reconnaissances et des changements internationaux en faveur d’un État palestinien ; deuxièmement, que les USA eux-mêmes ne peuvent contrer ces évolutions parmi leurs alliés occidentaux les plus proches. Washington reconnaît aussi que les politiques de Netanyahou divergent de plus en plus des priorités de l’administration Trump, malgré son engagement absolu pour la sécurité et la supériorité d’Israël. Sur le plan interne, la décision de Netanyahou montre qu’il détient seul les clés de la décision, marginalisant Smotrich et Ben Gvir.

Malgré un large consensus sioniste — englobant coalition et opposition — contre ces reconnaissances (même le Parti démocrate, né de la fusion de Meretz et du Parti travailliste, les a qualifiées de destructrices pour la sécurité d’Israël), ce consensus reste fragile. Les divisions politiques et les accusations mutuelles sont vite apparues, comme lors de chaque échec majeur israélien. La plupart des partis d’opposition ont blâmé Netanyahou et son gouvernement pour des politiques ayant conduit à ce revers diplomatique majeur.

Les échecs se sont accumulés en peu de temps. Après l’échec de l’opération de Doha visant à éliminer la direction du Hamas — qui a coûté à Israël politiquement vis-à-vis de Washington et indirectement du Qatar — est survenu ce revers, sans doute le plus grand depuis 1967. Pour la première fois, une reconnaissance internationale massive de la Palestine a défié les menaces israéliennes et ses tentatives d’endiguement. La France et le Royaume-Uni ont même averti de mesures réciproques ou inattendues contre Israël en cas de représailles, y compris concernant le transfert de consulats de Jérusalem à Ramallah — un langage sans précédent dans la diplomatie israélienne ou internationale.

L’opinion publique israélienne perçoit ces changements comme une « révolte » internationale contre Israël, preuve que même une force écrasante a ses limites et ne produit plus de gains politiques — surtout quelques jours après le soi-disant « discours de Sparte » de Netanyahou. Cela pourrait éveiller une prise de conscience que la force militaire ne suffit pas à atteindre des objectifs. Ce qui retarde toutefois une telle réalisation est l’absence d’alternative politique viable au gouvernement Netanyahou, l’opposition restant fragmentée. Le camp de Gantz souhaite rejoindre Netanyahou au gouvernement si Smotrich et Ben Gvir en sont exclus, en échange de la fixation de dates électorales. Lapid et Lieberman appellent, eux, à renverser Netanyahou, mais n’en ont pas la force, d’autant que les tensions avec les ultra-orthodoxes (Haredim) demeurent fortes, ceux-ci soutenant Netanyahou malgré la méfiance, en raison d’accords sur les questions  de la conscription et de la guerre.

Pour les Palestiniens, la vitalité de leur cause est renforcée par ses dimensions arabes, régionales et internationales. La prochaine Assemblée générale de l’ONU et ses rencontres parallèles pourraient apporter un soutien supplémentaire à cette trajectoire. La chaîne 12 israélienne a rapporté que Trump a invité les dirigeants d’Égypte, d’Arabie saoudite, de Jordanie, du Qatar, des Émirats arabes unis et de Turquie à se réunir à New York pour discuter de la fin de la guerre à Gaza. Une telle rencontre inquiéterait encore davantage le gouvernement Netanyahou, en particulier les partis sionistes religieux et certaines factions du Likoud, et pourrait réduire le soutien inconditionnel des USA à des mesures d’annexion ou de souveraineté — surtout alors que la priorité immédiate est de mettre fin à la guerre de Gaza et d’avancer vers la reconstruction.

Conclusion
Ces changements internationaux apparaissent solides et irréversibles, créant une nouvelle réalité mondiale fondamentalement différente des décennies passées. Elle repose sur une solution globale, incluant l’établissement d’un État palestinien, et non plus sur les stratégies israéliennes d’« administration du conflit » ou de « réduction du conflit ».

Les évolutions actuelles — et l’incapacité d’Israël comme de l’administration Trump à les stopper — pourraient élargir les cercles en Israël qui considèrent qu’une solution politique avec les Palestiniens est la seule voie vers la sécurité. Les échecs répétés d’Israël pourraient aussi pousser davantage de citoyens à comprendre que sa position mondiale, sans le sauvetage des USA, montre les limites de la puissance militaire dans une région en profonde transformation qui contraint les politiques israéliennes de déplacement et d’éradication.

La reconnaissance de la Palestine ne crée pas immédiatement un État, mais elle peut en tracer la voie, indépendamment de la volonté officielle d’Israël. Elle réaffirme aussi — aux yeux des opinions publiques israélienne et internationale — que ce qui paraissait autrefois impossible, comme la fin de l’occupation et le démantèlement des colonies, peut bel et bien devenir possible dans ces conditions changeantes.

Pour les Palestiniens, ce moment porte un espoir : que leur destin ne soit ni l’extermination ni le déplacement, mais l’établissement de leur État sur leur terre natale.

MONA ALI KHALIL
Que peut faire l’Assemblée générale de l’ONU pour mettre fin à l’occupation israélienne ?

  Mona Ali Khalil, PassBlue, 14/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Mona Ali Khalil est une juriste de droit international public reconnue au niveau international, avec 30 ans d’expérience à l’ONU et ailleurs, notamment comme ancienne haute responsable juridique à l’ONU et à l’AIEA. Spécialiste du maintien et de l’imposition de la paix, du désarmement et de la lutte contre le terrorisme, elle est titulaire d’un B.A. et d’un M.A. en relations internationales de l’Université Harvard, ainsi que d’un master en relations internationales et d’un doctorat en droit de l’Université de Georgetown. Elle est fondatrice et directrice de MAK LAW INTERNATIONAL et collaboratrice du Harvard Law School Program on International Law and Armed Conflict. Elle est coauteure de plusieurs publications, dont Empowering the UN Security Council: Reforms to Address Modern Threats, the UN Security Council Conflict Management Handbook et Protection of Civilians.

 

Des visiteurs observent la mosaïque « La règle d’or », inspirée d’une peinture de l’artiste usaméricain Norman Rockwell, lors d’une visite guidée du siège de l’ONU. On y lit : « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent ». Comme il apparaît improbable qu’Israël se conforme à l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur le Territoire palestinien occupé avant la date butoir du 18 septembre, l’Assemblée générale peut néanmoins prendre des mesures spécifiques pour faire respecter cet avis consultatif. (PHOTO ONU)

Avec la multiplication des colonies illégales et l’explosion de la violence des colons en Cisjordanie, et avec la famine et les bombardements incessants ayant déjà causé la mort de plus de 64 000 Palestiniens à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, le monde observe ce que l’Assemblée générale peut faire — ou non — pour garantir que des conséquences réelles soient appliquées aux violations flagrantes par Israël des Conventions de Genève et de la Convention sur le génocide.

Quelques jours avant l’échéance du 18 septembre fixée par l’Assemblée générale des Nations unies pour qu’Israël se conforme à l’avis consultatif rendu par la CIJ — avis qui a confirmé le caractère illégal de l’occupation, de l’annexion et de la colonisation du Territoire palestinien occupé (TPO) —, Israël n’a pas obéi. Il n’a ni mis fin à son occupation illégale, ni démantelé ses colonies illégales, ni évacué ses colons illégaux.

Au contraire, le Premier ministre Benjamin Netanyahou et sa coalition d’extrême droite ont déclaré leur intention d’intensifier exponentiellement l’activité de colonisation et d’envisager l’annexion de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. Ils ont également rendu publics des plans de recolonisation de Gaza et, à cette fin, ont accéléré l’anéantissement de la bande de Gaza, menant une campagne génocidaire de bombardements incessants, de déplacements forcés et de famine généralisée visant l’ensemble de la population palestinienne.

Il y a près d’un an, le 18 septembre 2024, la 10e session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, agissant dans le cadre de la résolution « Unis pour la paix », a adopté à une écrasante majorité une résolution visant à mettre en œuvre l’avis consultatif de la CIJ du 19 juillet 2024. Dans cette résolution, l’AG a réaffirmé la conclusion de la Cour selon laquelle Israël doit se retirer du TPO, démanteler ses colonies et évacuer ses colons aussi rapidement que possible. L’AG a fixé un délai de 12 mois pour qu’Israël s’y conforme, qui expire le 18 septembre 2025.

Pourquoi Israël est-il obligé de se conformer à un simple avis consultatif ?

Bien que les avis consultatifs de la CIJ n’aient pas, en règle générale, de force obligatoire, dans la mesure où l’avis de 2024 confirme des normes impératives (jus cogens) et identifie des obligations contraignantes (erga omnes), ces normes et obligations demeurent obligatoires pour tous les États, y compris Israël.

En réalité, la CIJ n’a pas seulement identifié des obligations contraignantes pesant sur Israël en tant que puissance occupante, elle a également identifié des obligations contraignantes pour tous les États et pour l’ONU elle-même. Il appartient désormais aux États et à l’ONU — y compris au Conseil de sécurité et, à défaut, à l’Assemblée générale — de garantir la mise en œuvre des éléments contraignants de l’avis consultatif.

Si l’AG ne peut imposer d’obligations contraignantes aux États membres réticents, la résolution « Unis pour la paix » codifie son autorité à recommander une action collective des États disposés et capables d’agir, et qui, selon la CIJ, sont tenus d’agir. Le principe de la Responsabilité de protéger rend cela encore plus crucial dans les situations impliquant un génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et un nettoyage ethnique.

Lorsque le Conseil de sécurité est dans l’incapacité d’assumer sa responsabilité en raison d’un veto d’un ou plusieurs de ses membres permanents, l’Assemblée générale peut et doit intervenir pour défendre la Charte de l’ONU et le droit international. La 10e session extraordinaire d’urgence sur le TPO, comme la 11e sur l’Ukraine, démontre que l’AG peut agir quand le Conseil de sécurité en est empêché. Néanmoins, elle n’a pas encore exploité tout le potentiel de la résolution « Unis pour la paix ».

Un précédent riche et solide

Née de la crise coréenne en 1950, la résolution a été invoquée pour la première fois en 1956, quand Israël, avec le soutien de la France et du Royaume-Uni, a envahi l’Égypte. Lors de cette première session extraordinaire, l’AG a créé la première force de maintien de la paix de l’ONU — la Force d’urgence des Nations unies (FUNU) — pour superviser le retrait de toutes les troupes étrangères d’Égypte.

Lors de sa quatrième session extraordinaire, l’AG a adopté un embargo sur les armes concernant la situation en République démocratique du Congo. À sa cinquième session, elle a appelé les États membres à faciliter l’assistance humanitaire pour soulager la souffrance des civils et des prisonniers de guerre au Moyen-Orient, et a exhorté Israël à annuler toutes les mesures visant à modifier le statut de Jérusalem. Lors de sa huitième session extraordinaire, l’AG a appelé les États membres à fournir une assistance militaire aux États de première ligne ainsi qu’à l’Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (SWAPO) afin de renforcer sa lutte pour la libération de la Namibie.

La 10e session extraordinaire a été convoquée pour la première fois en 1997 afin de traiter des « actions israéliennes illégales dans Jérusalem-Est occupée et le reste du TPO ». Elle a été reprise plus de 20 fois entre 1997 et aujourd’hui. Elle a adopté une série de résolutions, dont certaines visant à protéger les civils et à faire respecter les obligations juridiques et humanitaires. Elle a aussi affirmé sa détermination à envisager des moyens pratiques pour garantir le respect de ces obligations.

Que peut faire l’AG pour « garantir le plein respect » de l’avis consultatif de la CIJ ?

À compter du 18 septembre 2025, ou peu après, la 10e session extraordinaire d’urgence peut recommander une ou plusieurs des six mesures concrètes suivantes, sur la base de ses propres précédents :

  • Exhorter les États membres à fournir une assistance humanitaire à la population palestinienne de Gaza et des autres parties du TPO ;
  • Autoriser les États membres à imposer des mesures diplomatiques, financières ou autres, y compris un embargo sur les armes contre Israël ;
  • Déployer une mission de maintien de la paix de l’ONU ou une force de protection civile, à la demande ou avec le consentement de l’Autorité palestinienne ;
  • Nommer une Commission des Nations unies et/ou un Commissaire des Nations unies pour administrer Gaza, comme l’AG l’a fait en Namibie en attendant le retrait des forces sud-africaines (même si la Commission n’avait pas pu être présente physiquement en Namibie en raison du refus sud-africain) ;
  • Appeler les Hautes Parties contractantes de la 4e Convention de Genève à convoquer une conférence sur la situation dans le TPO, afin de remplir l’obligation de tous les États de mettre fin à la présence illégale d’Israël dans le TPO aussi rapidement que possible ; et/ou
  • Refuser d’accepter les lettres de créance du gouvernement Netanyahou lors de la 80e session ordinaire de l’AG, comme elle l’a fait avec le gouvernement d’apartheid d’Afrique du Sud, vidant ainsi son siège à l’AG sans préjudice pour son appartenance à l’ONU.
Pour ceux qui disent que l’AG ne peut pas le faire : son propre passé prouve le contraire.
Pour ceux qui disent que l’AG ne veut pas le faire : le droit international et la CIJ l’exigent.
Pour ceux qui disent que l’AG ne peut pas faire appliquer ses résolutions : le Conseil de sécurité ne les a pas appliquées non plus.

28/08/2025

QASSAM MUADDI
Israël voulait punir le village palestinien d’al-Mughayyir : il a donc détruit 10 000 de ses oliviers

Israël a déraciné 10 000 oliviers à al-Mughayyir lors d’un siège de trois jours de ce village palestinien de Cisjordanie. L’armée israélienne a déclaré que le déracinement des arbres visait à « dissuader » les habitants du village et à leur faire « payer un prix fort ».

Qassam Muaddi, Mondoweiss, 26/8/2025

Traduit par Tlaxcala

 Les habitants palestiniens d’al-Mughayyir inspectent les dégâts causés par le siège israélien de trois jours sur le village, le 25 août 2025. (Photo : Anne Paq/Activestills)

Israël vient de détruire les oliveraies du village palestinien d’Al-Mughayyir, au nord-est de Ramallah, où la production d’huile d’olive représente une part importante des revenus annuels de la plupart des familles. L’armée israélienne avait imposé un couvre-feu au village jeudi dernier et avait commencé à fouiller les maisons, arrêtant un nombre indéterminé de Palestiniens, dont le maire du village, Ameen Abu Alia, pendant trois jours. Le siège d’al-Mughayyir fait suite à des informations selon lesquelles un colon israélien aurait été attaqué près du village, après quoi les bulldozers de l’armée israélienne ont déraciné quelque 10 000 oliviers dans la plaine orientale du village, selon l’association locale des agriculteurs. Certains de ces arbres avaient jusqu’à 100 ans.

L’armée israélienne a déclaré que le couvre-feu et la destruction des terres agricoles du village visaient à capturer l’agresseur, mais le quotidien israélien Haaretz a cité le chef du commandement central de l’armée israélienne qui a déclaré que « l’arrachage des arbres visait à dissuader tout le monde. Pas seulement ce village, mais tout village qui tenterait de s’en prendre aux résidents [colons israéliens] ». Le commandant israélien aurait déclaré que « chaque village doit savoir que s’il commet une attaque, il en paiera le prix fort et sera soumis à un couvre-feu et encerclé ».

Le village d’al-Mughayyir est dans le collimateur de l’armée israélienne et des colons depuis au moins deux ans. Depuis octobre 2023, les colons israéliens ont attaqué al-Mughayyir à plusieurs reprises, la plus grande attaque ayant eu lieu en avril 2024, au cours de laquelle les colons ont endommagé des baraques agricoles et des maisons, et tué un Palestinien qui défendait sa maison depuis son toit. L’armée israélienne a de plus en plus restreint l’accès des villageois à leurs terres agricoles, en particulier à leurs oliveraies situées à l’est, rendant finalement toute la plaine orientale du village inaccessible aux Palestiniens.


 Le village surplombe les pentes de la vallée du Jourdain, juste à côté de la route israélienne Allon, construite au début des années 1970, qui traverse la partie orientale de la Palestine du nord au sud, parallèlement à la vallée du Jourdain. Depuis 2019, le gouvernement israélien a déclaré son intention d’annexer toute la zone à l’est de la route Allon, y compris l’ensemble de la vallée du Jourdain.

Depuis octobre 2023, les colons israéliens ont intensifié leurs attaques contre les communautés rurales palestiniennes dans ces zones, expulsant des dizaines de familles bédouines et vidant la région de toute communauté palestinienne. Ces derniers mois, les colons israéliens et l’armée israélienne se sont concentrés sur le harcèlement des villages adjacents à la route israélienne, restreignant les déplacements des Palestiniens et leur accès à leurs terres.

Des moyens de subsistance détruits

« Vers 8 h 30 du matin, l’armée d’occupation est entrée dans le village et a imposé un couvre-feu, puis elle a commencé à entrer dans les maisons et à les fouiller », a déclaré Fayez Jabr, agriculteur et villageois d’al-Mughayyir, à Mondoweiss. « Certaines maisons ont été fouillées trois ou quatre fois, et l’armée d’occupation a arrêté de nombreux jeunes hommes et le maire. Pendant ce temps, les bulldozers de l’occupation ont continué à déraciner les oliviers dans la plaine orientale. »

« Ils ont déraciné des milliers d’arbres sur une superficie de quatre kilomètres carrés, ce qui représente jusqu’à la moitié de la production d’olives d’al-Mughayyir », a poursuivi Jabr. « Toutes les familles du village ont été touchées. »

Jabr a ajouté que l’armée israélienne avait également détruit les cultures d’olives dans d’autres parties des terres agricoles du village. « Il y a quatre mois, ils ont déraciné 80 oliviers appartenant à mon cousin et moi-même à l’ouest du village », a-t-il déclaré, indiquant que l’armée israélienne avait confisqué des terres agricoles dans la partie sud du village pour construire une nouvelle route destinée à relier un avant-poste de colons récemment établi sur un parc pour enfants appartenant au village.

« Nos terres agricoles au sud du village ont été confisquées et nous avons un accès restreint aux terres agricoles à l’ouest », a précisé Jabr. « Les terres agricoles les plus importantes de la plaine orientale ont maintenant été rasées au bulldozer. »

Jabr a fait remarquer que les seuls oliviers qui restaient aux villageois se trouvaient dans les environs immédiats du village, autour et entre les maisons. « Avant octobre 2023, ma famille et moi produisions jusqu’à 80 bidons d’huile d’olive, de 16 litres chacun », a-t-il rappelé. « Mais au cours des deux dernières saisons, nous avons à peine produit 10 bidons. »

À moins de deux mois de la récolte annuelle des olives, la destruction d’un si grand nombre d’oliviers aura un impact sur une industrie locale déjà en difficulté. « Nous aurons de la chance si nous produisons deux bidons cette année », a déclaré Jabr.

L’intensification des attaques de l’armée israélienne contre les terres agricoles palestiniennes en Cisjordanie s’est accompagnée d’une expansion croissante des plans de colonisation israéliens. La semaine dernière, le gouvernement israélien a approuvé la construction de nouveaux quartiers de colons dans une zone stratégique de Cisjordanie à l’est de Jérusalem, connue sur les cartes israéliennes sous le nom de E-1. Ce projet s’inscrit dans l’objectif plus large d’Israël de séparer le nord et le centre de la Cisjordanie du sud afin d’effacer la contiguïté territoriale d’un éventuel État palestinien, notamment grâce à un projet d’infrastructure récemment approuvé qui redirigerait les mouvements palestiniens dans la zone E1 via un réseau de tunnels.

Le projet de colonisation E-1 permettrait de relier la colonie israélienne illégale de Maale Adumim à Jérusalem, d’étendre la présence des colons israéliens entre Jérusalem et la vallée du Jourdain et de diviser effectivement la Cisjordanie en deux. Selon le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, ce projet « effacerait l’État palestinien par des actes, et non par des mots ».

Dans le même temps, les colons israéliens ont multiplié leurs attaques contre les Palestiniens en Cisjordanie. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), « le nombre mensuel de Palestiniens blessés par des colons israéliens a plus que doublé en juin et juillet 2025 (environ 100) par rapport à une moyenne de 49 par mois entre janvier et mai 2025 et de 30 par mois en 2024 ».

Depuis octobre 2023, les forces israéliennes et les colons ont tué au moins 1 000 Palestiniens en Cisjordanie, tandis que les forces israéliennes en ont arrêté plus de 10 000.

 



27/08/2025

GIDEON LEVY
Cisjordanie occupée : en une nuit, des colons ont saccagé trois communautés palestiniennes, faisant un mort
Signé : “Vengeance des Juifs nazis”

Des colons masqués, armés de matraques, ont surgi au milieu de la nuit et ont incendié des voitures en mettant le feu à leur moteur. Les soldats, arrivés une heure plus tard, ont tiré des gaz lacrymogènes sur les habitants qui tentaient encore d’éteindre les flammes.


Une voiture incendiée à Silwad

 Gideon Levy et Tomer Appelbaum (photos), Haaretz, 24/8/2025

Traduit par Tlaxcala

Mohammad Romaneh, chercheur de terrain pour l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem, affirme n’avoir jamais été témoin d une série d’attaques aussi coordonnées et bien orchestrées que celles de la nuit du 31 juillet.

Dans trois communautés palestiniennes différentes de Cisjordanie, des dizaines d’habitants se sont réveillés exactement au même moment, peu après 2 h 15 du matin, et ont vu leurs voitures partir en fumée dans la cour de leur maison. Les flammes ont également léché les maisons et mis en danger leurs occupants. Dans les trois endroits – la ville de Silwad et les villages de Ramun et Abu Falah, tous situés dans la même région, près de Ramallah – le mode opératoire était le même : des individus masqués ont fait irruption et ont commencé à incendier des voitures à un rythme rapide, en mettant d’abord le feu aux moteurs.

Une attaque particulièrement audacieuse a été menée à Silwad, où des colons se sont infiltrés pour la première fois ; ils se sont répartis en trois groupes et ont incendié des voitures garées devant trois maisons. Des voitures pour prendre la fuite les attendaient à un kilomètre de là, sur l’autoroute 60, qui traverse la Cisjordanie.

Dans tous les cas, des matériaux inflammables ont été utilisés pour attiser les incendies et provoquer des explosions lorsque les Palestiniens ont versé de l’eau dessus. Des témoins oculaires ont rapporté que les voitures ont pris feu très rapidement et que la chaleur semblait inhabituellement intense.

Une nouvelle colonie a été établie il y a environ un an sur des terres appartenant à Silwad. Elle est actuellement habitée par deux familles de squatteurs qui ont pris le contrôle de pas moins de 10 000 dunams (1000 hectares) de terres agricoles, soit apparemment environ la moitié de toutes les terres agricoles de la ville, auxquelles les habitants ne s’approchent plus par crainte de représailles de la part des colons.

Quoi qu’il en soit, tôt ce vendredi matin, les pogromistes, qui sont arrivés à pied dans la ville, ont laissé des graffitis injurieux en hébreu et une traînée de destruction. Une personne est également morte sur place, probablement des suites d’une inhalation de fumée, alors qu’elle tentait d’éteindre l’incendie de la voiture de son frère. Le défunt, Khamis Ayyad, 40 ans, père de cinq enfants, était un citoyen usaméricain qui exploitait un service de livraison à Chicago depuis la ville de Cisjordanie.

Restes d’une voiture incendiée à Silwad, il y a environ un mois. Romaneh, chercheur à B’Tselem, est convaincu que l’attaque avait été planifiée à l’avance, y compris la collecte de renseignements. 

Hussein Hamad, ancien ouvrier du bâtiment âgé de 67 ans et père de sept enfants, vit avec sa famille élargie dans un spacieux immeuble de trois étages à Silwad. Hamad s’est réveillé à 2 h 15 du matin au bruit de pierres qui tombaient. Son fils, Rifat, 47 ans, qui travaille dans une usine de marbre, a également été réveillé par le bruit dans son appartement. En regardant par la fenêtre, Rifat a vu deux hommes masqués s’éloigner vers l’ouest, en direction de l’autoroute 60. Il était certain qu’il s’agissait de voleurs, a-t-il déclaré cette semaine au journal Haaretz.

Il n’aurait jamais imaginé que des colons puissent entrer à pied dans une ville palestinienne et incendier des voitures. Hamad leur a crié en arabe, et ils lui ont répondu en hébreu, une langue que Rifat ne parle pas. Il a alors compris que les colons étaient déjà passés devant sa maison. En descendant, il a découvert un spectacle aussi effrayant qu’étonnant : quatre des véhicules de la famille, garés dans la cour, étaient en flammes.

Le SUV Kia Sorento de son père, le véhicule utilitaire Mercedes-Benz 416 que Rifat utilise pour son travail, la Hyundai appartenant à sa sœur Aya et la Mazda de son frère Nur – tous brûlaient violemment. Seule la Skoda de Rifat a été épargnée.

Les flammes se sont propagées et ont commencé à brûler les murs du bâtiment dans lequel vivent 13 membres de la famille, dont deux jeunes enfants et une femme enceinte. La Mercedes était garée devant la fenêtre d’un débarras où se trouvait un bidon de fioul destiné au chauffage en hiver. Si le feu s’était propagé à cet endroit, une catastrophe encore plus grave aurait pu se produire. Rifat s’est précipité pour aller chercher un tuyau d’arrosage afin d’éteindre les flammes, mais celles-ci n’ont fait que monter plus haut, et des explosions ont également été entendues, probablement dues au phosphore ajouté par les pyromanes.

Pendant ce temps, deux voitures ont pris feu dans la cour des voisins, qui vivent aux USA. Mohammed Atshe, 40 ans, qui se trouvait dehors avec sa femme et leur fils de 4 ans, essayant de faire dormir le petit, a raconté à Romaneh, de B’Tselem, qu’il avait remarqué quatre silhouettes qui erraient dans les environs. Pensant qu’il s’agissait d’un incident entre voisins, il leur a crié : « Shebab, hadu » – « Les gars, calmez-vous ».

Les quatre se sont tournés vers lui, et il a vu qu’ils tenaient des gourdins. Ils lui ont crié dessus en hébreu, qu’il ne comprend pas, et, réalisant qu’il s’agissait de colons, il a couru aussi vite qu’il le pouvait avec sa femme et son fils vers l’immeuble des Hamad, où il a vu d’autres voitures en feu. Avec sa femme et son enfant, il s’est enfui vers le centre de la ville, où les habitants qui avaient entendu les explosions s’étaient rassemblés. Les habitants ne croyaient toujours pas qu’ils étaient attaqués par des colons, qui avaient osé entrer dans la ville à pied.

Un incendie s’est également déclaré près d’une autre maison, à quelque distance de celle des Hamad et des Atshe. Avant de s’enfuir vers l’autoroute 60, les colons ont incendié une Ford Focus appartenant à Anas Ayyad, 39 ans, un citoyen usaméricain qui vit avec sa famille dans une villa à la périphérie ouest de Silwad. Sa voiture était également garée dans la cour, et non dans la rue.

À ce moment-là, les habitants tentaient d’éteindre l’incendie qui ravageait le bâtiment des Hamad. Certains jeunes qui ont poursuivi les incendiaires ont raconté plus tard à Romaneh que deux véhicules, une camionnette et une voiture particulière, les attendaient sur l’autoroute. Les auteurs ont pris la fuite vers le sud, en direction d’Ofra et d’autres colonies situées le long de la route.

Une voiture incendiée à Silwad, il y a environ un mois. Les assaillants sont entrés à pied, ont utilisé un accélérant pour intensifier le feu et ont laissé derrière eux un slogan haineux en hébreu.

Près d’une heure s’est écoulée avant que les pompiers et les secours arrivent à Silwad tôt ce matin-là, en provenance de la ville de Bir Zeit, près de Ramallah. Environ un quart d’heure plus tard, une force militaire israélienne est arrivée à la résidence Hamad. Les soldats ont lancé des gaz lacrymogènes sur ceux qui luttaient encore contre les flammes.

Les habitants affirment que l’armée aurait dû voir les événements se dérouler depuis le poste de contrôle qui sépare le village de Yabrud de Silwad, et qui est visible à l’œil nu.

À 4 h 30, d’autres soldats sont arrivées. Un soldat arabophone a interrogé Rifat. L’après-midi suivant, des policiers sont arrivés, escortés par l’armée. Ils ont photographié les carcasses fumantes des voitures, recueilli le témoignage de Rifat et confisqué la caméra de sécurité installée sur la clôture de l’école en face du bâtiment des Hamad. Les forces israéliennes n’ont pas pris la peine de se rendre au domicile d’Anas Ayyad. La même nuit, un message a été publié dans le groupe WhatsApp de Silwad annonçant la mort de Khamis Ayyad.

Mais les raids ne se sont pas limités à Silwad, comme on l’a dit. Au même moment, des colons masqués sont entrés dans le village de Ramun, à environ 4 kilomètres à l’est, et ont incendié quatre ou cinq voitures. À Khirbet Abu Falah, à environ 10 kilomètres au nord de Silwad, d’autres maraudeurs ont incendié une voiture et deux oliviers.

Selon Romaneh, plusieurs groupes de colons ont agi séparément, compte tenu du laps de temps et de la distance entre les sites. Mais la méthode était identique dans les trois endroits. Le chercheur de terrain affirme être certain que toute l’opération avait été planifiée à l’avance, y compris la collecte de renseignements.

Plus tard dans la matinée, la famille Hamad a fait enlever les restes des véhicules et a commencé à réparer l’entrée noircie du bâtiment. Les travaux de rénovation étaient terminés lorsque nous nous sommes rendus sur place cette semaine ; tous les véhicules, à l’exception de la Mercedes utilitaire, étaient complètement détruits. Bien sûr, leur assurance ne couvre pas les actes de violence commis par les colons. Rifat estime les dommages à 270 000 shekels (environ 70 000 €), auxquels s’ajoutent 10 000 shekels pour la réparation de l’entrée et le remplacement des fenêtres brisées par le feu. À cela s’ajoutent des dépenses supplémentaires, notamment pour l’éclairage, de nouvelles caméras et un portail. Le châssis calciné d’une des voitures a été laissé à l’extérieur du débarras en guise de mémorial improvisé.

Une voiture incendiée par des colons devant une maison à Silwad, dont les propriétaires vivent aux USA. 

Nous nous rendons en voiture chez la famille Ayyad. Khamis a vécu 17 ans à Chicago avant de revenir dans sa ville natale il y a cinq ans afin d’y élever ses cinq enfants nés aux USA. En raison de son travail, Khamis avait adapté son emploi du temps à l’heure de l’Illinois : il se couchait à 5 heures du matin et se levait à midi.

Son frère, Anas, qui a vécu pendant 20 ans en Pennsylvanie, est également citoyen usaméricain et est également revenu en Cisjordanie avec sa femme et ses enfants. Anas nous raconte qu’il s’est réveillé vers 2 h 30 du matin ce vendredi-là à cause du bruit dans la cour. Sa Ford était déjà en feu. Khamis, qui habitait à proximité, s’est précipité pour aider à éteindre les flammes. Mais celles-ci et la fumée ne faisaient que monter plus haut.

Après avoir réussi à éteindre le feu, Khamis a dit à Anas qu’il ne se sentait pas bien. Il s’est soudainement mis à vomir. Anas l’a emmené d’urgence à la clinique médicale d’urgence locale. À leur arrivée, Khamis a cessé de respirer ; il a alors été évacué vers l’hôpital gouvernemental de Ramallah, où son décès a été prononcé.

Selon Anas, le scanner réalisé sur son frère a montré que ses poumons avaient été brûlés par la fumée qu’il avait inhalée. Les résultats de l’autopsie, réalisée par la suite à l’hôpital An-Najah de Naplouse, n’étaient pas encore connus au moment de la rédaction de cet article.

Quelques jours plus tard, Anas a été convoqué au poste de police du district de Binyamin pour témoigner. Lorsqu’il est arrivé à l’heure prévue, l’agent à l’entrée lui a dit qu’il n’avait pas de rendez-vous et l’a renvoyé. C’est la dernière fois qu’il a eu des nouvelles de la police.

Un porte-parole de la police israélienne a envoyé cette semaine la réponse suivante à une question du journal Haaretz, qui est confuse et contredit la version des faits d’Anas : « En ce qui concerne les domaines de responsabilité, nous tenons à préciser que l’armée israélienne, le Shin Bet [service de sécurité] et la police opèrent chacun dans le cadre de leur sphère de compétence, conformément aux procédures d’application de la loi en vigueur à Ayosh [région de Judée-Samarie] et à sa division en zones A/B/C.

L’armée israélienne, en tant que souveraine dans ce domaine, est chargée de prévenir les événements violents et de [maintenir] la sécurité courante dans les zones A et B. Le pouvoir d’enquête dans les affaires impliquant des violences criminelles est attribué à la police israélienne, dans certains cas avec l’aide du Shin Bet. Dans chaque enquête menée par la police du district de Shai [Judée-Samarie], dans les cas de violence extrême, la police met en œuvre tous les moyens et toutes les capacités à sa disposition pour traduire les auteurs en justice ».

 

Hussein Hamad près de son domicile à Silwad, il y a environ un mois. Une force militaire israélienne est arrivée plus d’une heure après le début des incendies, alors qu’elle aurait pu voir ce qui se passait depuis le poste de contrôle.

« Contrairement à ce qui est affirmé, le frère de l’homme qui a été tué n’a pas été « expulsé » de la station de Binyamin. Une enquête a révélé que la première fois, un garde à l’entrée de la zone industrielle de Shaar Binyamin ne l’avait pas autorisé à entrer, conformément aux directives de sécurité de l’armée israélienne, qui interdisent l’entrée des Palestiniens sans coordination préalable. De plus, la convocation initiale qu’il avait reçue concernait un autre poste, et non celui de Binyamin.

La deuxième fois, après qu’il a été convoqué au poste de Binyamin, une coordination appropriée a été effectuée avec le consulat [usaméricain], et il est entré dans le poste sans retard inutile. L’ensemble de la procédure requise a été menée sur place de manière complète et professionnelle.

Nous tenons à souligner que l’enquête est menée de manière professionnelle et approfondie par l’unité centrale du district de Shai, qui met tout en œuvre pour retrouver les auteurs des infractions et les traduire en justice. »

Le service du porte-parole de l’armée israélienne a déclaré : « Des informations ont été reçues concernant l’incendie de biens et de véhicules à Silwad, Khirbet Abu Falah et Ramun, qui se trouvent [dans le périmètre] de la brigade de Binyamin. Dès réception de ces informations, les forces de sécurité se sont précipitées sur les lieux. Au cours des perquisitions menées par les troupes à Silwad et Khirbet Abu Falah, des voitures incendiées et des graffitis en hébreu ont été découverts, mais aucun suspect n’a été localisé. Lorsque les forces sont arrivées pour fouiller Kafr Ramun, aucune découverte n’a été faite et aucun suspect ni incendie criminel n’a été identifié dans la zone. À la suite de ces événements, des enquêtes ont été ouvertes par la police israélienne».

Jude, le fils de Khamis âgé de 8 ans, erre dans la maison, hébété, et ne répond pas aux questions des étrangers. Comme ses frères et sœurs, il est né à Chicago et son père est maintenant mort à Silwad dans un incendie allumé par des colons. À l’exception de Haaretz, aucun média israélien n’a rendu compte de ces incidents.

Les photos prises par Romaneh, chercheur de terrain pour B’Tselem, le lendemain des invasions sont sinistres : des châssis de voitures calcinés, des murs carbonisés et, griffonné en rouge sur un mur du bâtiment de la famille Hamad, « Vengeance des Juifs nazis » – avec une étoile de David à côté.