Des policiers palestiniens du Hamas commencent à
travailler au maintien de la sécurité et de l’ordre pendant le cessez-le-feu
avec Israël, dans la ville de Gaza, le 20 janvier 2025. (Photo : Hadi Daoud/APA
Images)
L’armée
israélienne arme des gangs pour combattre le Hamas à Gaza, a confirmé le
Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. Cette révélation
intervient après qu’un député israélien de droite, Avigdor Lieberman, a accusé
hier, sur la chaîne publique israélienne Kan, Netanyahou d’armer un gang de
centaines d’hommes à Rafah pour faire contrepoids à l’influence du Hamas dans
la bande de Gaza. Le bureau du Premier ministre a répondu en déclarant qu’il combattait le groupe de
résistance palestinien « de diverses manières, sur la recommandation de
tous les chefs des services de sécurité ».
Plus
tard, Netanyahou a officiellement confirmé les informations dans une vidéo : « Sur les conseils des responsables de la sécurité,
nous avons activé les clans de Gaza qui s’opposent au Hamas », a déclaré
le Premier ministre israélien. « Qu’y a-t-il de mal à cela ? Cela ne fait
que sauver la vie de soldats israéliens ».
« Rendre
ça public ne profite qu’au Hamas, mais Lieberman s’en fout », a ajouté Netanyahou.
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Parmi
ces groupes, un gang armé dirigé par un homme nommé Yasser Abou Shabab, un
voleur et trafiquant de drogue de Rafah qui a dirigé des groupes de centaines d’hommes
armés dans le pillage des convois d’aide au cours de la seconde moitié de 2024.
Issu de l’influent clan bédouin Tarabine, qui s’étend sur le sud de Gaza, le
Sinaï et le désert du Naqab/Néguev, Abou Shabab a été décrit par les médias israéliens comme
étant une bande armée « liée à Daech », probablement en raison de l’implication
d’Abou Shabab dans les réseaux de trafic de drogue entre Gaza et le Sinaï, dans
lesquels Daech a été impliqué.
Aujourd’hui,
Israël admet ouvertement qu’il soutient et arme le groupe d’Abou Shabab, ce qui
revient à admettre ouvertement qu’il a soutenu le pillage de l’aide alimentaire
destinée à la population affamée de Gaza.
Cette
politique fait suite à une campagne israélienne systématique d’assassinat des
fonctionnaires du gouvernement du Hamas visant à provoquer un effondrement
social à Gaza et à y semer le chaos et l’anarchie. L’armée israélienne a
délibérément pris pour cible les fonctionnaires du ministère de l’intérieur,
les forces de police et les services de sécurité afin de créer un vide qui sera
ensuite comblé par des pillards armés comme le groupe d’Abou Shabab, comme l’a récemment rapporté Mondoweiss.
Le
ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, a directement admis cette
politique le mois dernier, se vantant que « nous
éliminons les ministres, les bureaucrates, les gestionnaires d’argent, tous
ceux qui permettent au Hamas de gouverner ».
Le
Hamas tente de lutter contre cette politique israélienne depuis la fin de l’année
2024, lorsque le ministère de l’intérieur de Gaza a créé une unité spéciale
composée de policiers en civil et de volontaires chargés de traquer les
pillards et de tenter de rétablir l’ordre dans les rues de Gaza. L’unité du
Hamas, qui se fait appeler « l’Unité Sahm » ou « la Force Sahm « ,
a été réactivée lors de la reprise des hostilités entre Israël et le Hamas
après l’effondrement du cessez-le-feu à la mi-mars.
Mondoweiss s’est entretenu avec plusieurs membres de l’Unité Sahm,
ainsi qu’avec une source de sécurité de haut niveau au sein de la résistance,
qui ont détaillé les efforts continus du Hamas pour combattre les groupes armés
mandataires d’Israël dans la bande de Gaza. Mondoweiss s’est également
entretenu avec les chefs de plusieurs clans tribaux de Gaza au sujet des
tentatives d’Israël d’exploiter le vide sécuritaire qu’il a créé en soutenant
les chefs de clans comme alternative au pouvoir du Hamas.
Comment
l’Unité Sahm traque les voleurs et les collaborateurs
L’unité
Sahm a été créée il y a plus d’un an, en mars 2024, lorsque le phénomène de
pillage par des bandes armées a commencé à se répandre dans toute la bande de
Gaza. L’unité a commencé par former des groupes informels de jeunes hommes
vêtus de noir et au visage couvert, qui se déployaient dans des lieux publics
chaotiques tels que les files d’attente des boulangeries, les distributeurs
automatiques de billets et les marchés. Les
rapports à l’époque les décrivaient en
train d’arrêter des voleurs présumés et de les battre sévèrement sur les places
de marché, proclamant publiquement qu’il s’agissait là de la punition infligée
aux pillards.
Au fil
des mois, les membres de la Force Sahm ont commencé à se montrer par dizaines
dans les rues de Gaza, organisant des files d’attente dans les lieux publics.
Ils semblaient suivre un chef qui était apparemment un officier de police.
Selon
les membres de l’unité Sahm, l’anarchie est devenue endémique à Gaza après que
la police a été contrainte à la clandestinité suite au ciblage par Israël de
ses officiers chargés d’escorter les convois d’aide. Cette situation a entraîné
une détérioration rapide de la sécurité à Gaza, avec une flambée des prix sur
les marchés et la propagation de querelles interfamiliales et de la « loi
de la jungle », ont déclaré les membres de l’unité Sahm.
La police palestinienne prend des mesures pour
mettre en place un point de contrôle dans la rue al-Rashid pendant le
cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, le 26 janvier. (Photo : Omar
Ashtawy/APA Images)
Abou Hadi, membre de l’unité Sahm et officier de la police de Gaza, a déclaré à Mondoweiss qu’il avait décidé de rejoindre l’unité après avoir « vu des voleurs dévaliser des magasins d’alimentation et des cuisines internationales, sans se soucier de la faim de la population ».
« Cette aide est destinée à ma famille, à mes voisins, à mes proches. Elle ne devrait pas aller à une personne qui la vole et la revend au marché noir », dit Abou Hadi. « Nous, au sein de la force Sahm, arrêterons ces personnes ».
Abou Islam, un autre membre de l’unité Sahm, explique que la force est composée d’officiers de police, de membres de factions politiques, de membres de familles importantes de Gaza et, occasionnellement, de membres de la branche armée du Hamas, les Brigades Qassam.
Après que cette nouvelle force a commencé à opérer dans la bande de Gaza, il a été officiellement annoncé que l’unité Sahm était un organe du ministère de l’Intérieur. Abou Muhammad, un fonctionnaire du ministère, a déclaré à Mondoweiss, par le biais d’un témoignage enregistré, que l’Unité Sahm est autorisée à « maintenir la sécurité dans la bande de Gaza, en particulier en temps de guerre ».
Interrogé sur le fonctionnement de l’unité Sahm, Abou Muhammad a déclaré qu’elle obtenait des renseignements de la police sur des voleurs et des collaborateurs présumés, et qu’elle était ensuite envoyée pour les appréhender clandestinement.
« La guerre a mis à mal le ministère de l’Intérieur, mais nous faisons tout notre possible pour communiquer avec les officiers de police et leur demander de traquer les pillards et de fournir des noms et des preuves », dit Abou Muhammad. « Des équipes comme l’unité Sahm peuvent alors appréhender les auteurs du crime et les atteindre secrètement, car l’occupation poursuit tous les officiers de police, ce qui limite le travail du ministère de l’Intérieur ».
Abou Muhammad explique que « si les accusations portées contre certains voleurs et hors-la-loi sont avérées, ils doivent être punis directement, même par la mort, pour donner l’exemple aux autres et empêcher que le chaos ne devienne la norme à Gaza », précisant que tous les pillards arrêtés à Gaza ne sont pas des collaborateurs d’Israël, mais que « leurs vols sont facilités par l’armée israélienne ».
« Cela peut les amener à suivre les directives de l’armée israélienne, ce qui peut ensuite se transformer en une collaboration ouverte », explique Abou Muhammad. « Et l’occupation peut transformer les voleurs en collaborateurs, par exemple en ne bombardant pas les endroits où ils volent, et même en leur indiquant par téléphone où aller ».
Abou Islam, un membre de Sahm à Gaza Ville chargé d’enquêter et d’appréhender les voleurs, explique comment les pilleurs et les collaborateurs sont punis. « Certains sont battus, d’autres tués, d’autres encore emprisonnés », raconte-t-il.
Selon Abou Islam, « les agents dont il est prouvé qu’ils ont tué ou participé à des meurtres sont exécutés », précisant que l’objectif de ces punitions sévères est de dissuader les gens « d’envisager de communiquer avec l’occupation ».
Abou Islam affirme également avoir obtenu plusieurs aveux de la part de pillards qui ont déclaré avoir été dirigés vers des entrepôts alimentaires par des officiers israéliens. « Ils nous ont même donné leurs noms et leurs affectations », a-t-il déclaré. « C’est la preuve évidente qu’ils étaient des infiltrés et des agents, recevant des ordres directs de l’ennemi israélien à un moment et à un endroit précis ».
Une source de sécurité de haut niveau au sein de la résistance a déclaré par écrit à Mondoweiss que « les enquêtes révèlent que le Shabak [le service de renseignement intérieur israélien, ou Shin Bet] ordonne à certains agents de se livrer à des pillages et à des violations de propriété pour couvrir la réalisation d’opérations de sécurité ». La source poursuit en citant la confession écrite d’un collaborateur présumé à qui un officier israélien a dit de « pénétrer dans la maison d’un des chefs de la résistance par un trou dans le mur créé par un drone ».
La source de sécurité a ajouté que le Shin Bet avait fait chanter un voleur pour qu’il espionne pour eux lorsqu’il avait utilisé une application gérée par l’armée pour obtenir la permission d’entrer dans une zone de combat. « Le Shabak a utilisé son casier judiciaire [comme moyen de chantage] pour le recruter à ses fins », a affirmé la source.
Les tentatives des membres de Sahm d’intervenir dans ces opérations de pillage ont conduit les forces israéliennes à les prendre directement pour cible sur le terrain, tuant des “dizaines” de personnes, selon Abou Islam. À une occasion, fin mai, poursuit-il, des membres de Sahm se sont rendus dans un entrepôt alimentaire de la ville de Gaza où des voleurs tentaient de dérober de l’aide, mais ils ont été bombardés par un drone israélien. « Lorsque les forces Sahm sont arrivées, les voleurs se sont retirés et la force a été prise pour cible », explique-t-il. « Ensuite, une autre unité a été envoyée sur le site pour soutenir la force, mais elle a également été bombardée par l’occupation ».
L’Unité
Sahm contre Yasser Abou Shabab
Le 19
novembre 2024, l’unité Sahm mène sa première grande opération de la guerre en
attaquant un groupe de pillards qui s’en prend aux camions d’aide depuis
plusieurs mois, principalement à Rafah. Les forces Sahm ont annoncé qu’elles
avaient tué une vingtaine de membres du gang. Le chef du groupe était Yasser Abou
Shabab.
Abou
Hadi explique que le Hamas a d’abord soupçonné Abou Shabab de collaborer avec
Israël lorsqu’il a été documenté qu’il accédait à des zones inaccessibles à
Rafah qui sont sous le contrôle exclusif de l’armée israélienne. « Toute
personne qui atteignait ces zones était tuée », explique Abou Hadi. « Cela
a conduit la force Sahm à soupçonner qu’il avait reçu des ordres de l’armée
israélienne pour empêcher l’entrée de l’aide à la population ».
Alors
que le pillage des convois d’aide se poursuivait à la fin de l’année 2024, le
rôle d’AbOu Shabab est devenu de plus en plus clair. À l’époque, une note
interne de l’ONU communiquée aux médias internationaux avait directement désigné Abou Shabab comme « la partie prenante principale et la
plus influente derrière le pillage systématique et massif » des convois d’aide
l’année dernière, et qu’Abou Shabab « bénéficiait probablement d’une
bienveillance passive, voire active » ou d’une « protection » de
la part de l’armée israélienne.
Abou
Hadi affirme que le Hamas avait décidé de le neutraliser peu de temps après. « L’unité
Sahm a continué à surveiller les mouvements de Yasser Abou Shabab ».
Le 19
novembre, continue Abou Hadi, « après avoir confirmé qu’il partait dans sa
voiture bien connue, il a été la cible de deux RPG. Mais, c’était son frère qui
se trouvait dans la voiture, pas lui ».
Yasser Abou Shabab. (Photo : Médias en ligne)
Le
frère d’Abou Shabab, Fathi, a été tué dans l’embuscade, qui, selon Abou Hadi, a
fait plus de 20 victimes parmi les membres du gang.
« Après
cela, il a commencé à brûler des camions d’aide et à tirer sur les chauffeurs
au lieu de les piller », explique Abu Hadi. « En guise de vengeance ».
La
force Sahm avait néanmoins envoyé un message fort à Abou Shabab. « Il a
cessé de voler l’aide de peur d’être tué », dit Abu Hadi.
Shadi
al-Soufi, un ancien criminel condamné pour meurtre et détenu avant la guerre,
était un autre chef de bande présumé accusé d’avoir formé un groupe de pillards
situé près du point de passage de Karam Abu Salem (Kerem Shalom).
Abou
Hadi affirme qu’al-Soufi n’aurait pas pu rester dans la zone de Karam Abu Salem
sans l’aide d’Israël. « Personne n’a osé atteindre l’endroit où se
trouvaient Shadi al-Soufi et son groupe », dit-il. « C’est la preuve
irréfutable qu’il opérait sous la protection de l’armée israélienne ».
« La
force Sahm a attaqué les groupes d’al-Sufi et a tenté de l’atteindre, mais les
circonstances ne nous étaient pas favorables », ajoute Abou Hadi. « Des
drones visaient nos membres et protégeaient les voleurs et les criminels ».
Al-Sufi
est ensuite apparu dans une vidéo sur les médias en ligne, niant les allégations
portées contre lui. Il a déclaré qu’il avait été déplacé comme tout le monde
depuis le début de l’invasion de Rafah et que, comme tous les habitants, il n’avait
pas de farine dans sa maison. Il a expliqué que toutes les rumeurs qui
circulaient sur le fait qu’il avait volé de l’aide étaient totalement fausses.
À ce
stade de la guerre, la stratégie du Hamas fonctionnait. Al-Sufi est tombé dans
l’oubli et Abou Shabab a également disparu pendant le cessez-le-feu entre
Israël et le Hamas.
Pendant
la période de cessez-le-feu, la police et les forces de sécurité ont pu
rétablir l’ordre et réaffirmer le contrôle civil sur Gaza. Le retour à la guerre le 18 mars s’accompagnait de l’objectif objectif explicitement déclaré de cibler les dirigeants civils du Hamas, poussant
toutes les agences gouvernementales à se cacher.
Presque
du jour au lendemain, les pillages et les vols dans les entrepôts alimentaires
ont repris à Gaza, ce qui a incité l’unité Sahm à redoubler d’efforts. Yasser
Abou Shabab a refait surface en mai, apparaissant sur des photos aux côtés d’hommes
armés vêtus d’une tenue militaire complète à Rafah, qui a été entièrement vidée
de ses habitants et est considérée comme faisant partie d’une “zone rouge” sous
le contrôle total de l’armée israélienne. Ses hommes sont montrés arborant des
drapeaux palestiniens et portant des brassards sur lesquels est inscrit “Service
antiterroriste”.
Le 30
mai, les Brigades Qassam ont
publié une vidéo inhabituelle de leurs
combattants visant un groupe d’hommes en civil qu’elles ont dit être des “musta’ribin”
- le terme palestinien pour désigner les forces spéciales israéliennes
déguisées en Palestiniens - mais une source de sécurité de la résistance à Gaza
a déclaré à Al Jazeera que les cibles étaient un groupe de collaborateurs
chargés par l’armée israélienne de piller les convois d’aide et d’espionner les
activités de la résistance. La source a également indiqué que les
collaborateurs étaient des membres du groupe d’Abou Shabab, accusant
directement Abou Shabab de travailler sous les ordres des Israéliens pour
aggraver l’état de chaos dans la bande de Gaza.

Les hommes de Yasser Abou Shabab ont été montrés
arborant des drapeaux palestiniens et portant des brassards sur lesquels était
inscrit “Service antiterroriste”. (Photo : médias en ligne)
La
vidéo a été diffusée à un moment où des
rapports ont continué à faire surface le
mois dernier sur des pillages de convois d’aide par des hommes armés dans le
sud de la bande de Gaza.
Abou
Shabab nie ouvertement ces allégations. Il s’est refait une beauté sur les
médias en ligne, se présentant sur sa page Facebook personnelle comme une
figure communautaire respectable et un “leader nationaliste”. Il se présente
désormais comme le garant du passage de l’aide à Rafah.
Faciliter
le plan de déplacement d’Israël
Après
que Netanyahou a admis hier qu’Israël armait son groupe, la page officielle du
bureau médiatique des “Forces populaires” de Yasser Abou Shabab a publié un communiqué sur X, continuant à nier tout lien avec l’armée
israélienne. « Nous rejetons totalement ces allégations », dit la
déclaration. « Nous considérons qu’il s’agit d’une tentative flagrante de
déformer l’image d’une force populaire née de la souffrance et confrontée à l’oppression,
au vol et à la corruption ».
« Nous
n’avons pas été et ne serons jamais un outil de l’occupation. Si l’occupation a
des preuves, elle devrait les montrer à notre peuple et aux médias
internationaux. Nous invitons tout le monde à visiter nos régions et à enquêter
par eux-mêmes avant de répandre des mensonges qui servent le récit de l’occupation
en semant la division », ajoute le communiqué.
La
même source de sécurité de haut niveau de la résistance qui a parlé à Mondoweiss
a également déclaré qu’Abou Shabab, selon leurs renseignements, a des liens
avec « les agences de renseignement arabes, qui lui ont ouvert la voie
pour agir conformément aux instructions du Shabak. En particulier pendant la
période d’occupation de la ville de Rafah, où nous avons constaté une
augmentation du pillage des camions d’aide ».
« La
résistance dispose de photographies montrant Abou Shabab avec l’armée
israélienne. Mais les circonstances actuelles ne nous permettent pas de les
publier pour des raisons de sécurité », a ajouté la source.
Yasser Abou Shabab (à droite) avec ses hommes à
Rafah. (Photo : médias en ligne)
Les
analystes ont continué à souligner que la présence d’Abou Shabab sur les médias
en ligne, soigneusement organisée, avec l’apparition de déclarations en anglais
et en arabe, dépasse les capacités du gang de Gaza et est probablement l’œuvre
du Shin Bet.
« De
nombreux journalistes des médias traditionnels avec lesquels je me suis
entretenu pensent que le niveau d’anglais courant utilisé dans ces messages ne
peut provenir que d’une salle d’opération des FDI », a écrit sur X Muhammad
Shehada, écrivain et analyste politique, quelques jours avant la déclaration d’hier
de Netanyahou.
Shehada
explique qu’aujourd’hui, Abou Shabab travaille en sa nouvelle qualité de chef
de sa “force nationale” rebaptisée, composée de membres de gangs, pour piller l’aide
sous la protection de l’armée israélienne, surveiller les forces de résistance
en son nom et sécuriser l’aide destinée au Fonds humanitaire de Gaza (GHF),
soutenu par les USA et Israël, qui est le sous-traitant usaméricain chargé d’acheminer
l’aide aux Palestiniens à la place de l’ONU.
Les
centres de distribution du GHF ont été le théâtre de plusieurs massacres par
les forces israéliennes au cours des deux dernières semaines, les groupes d’aide
internationaux accusant le plan d’aide de la Fondation de faire partie d’un « plan de nettoyage ethnique ».
Aujourd’hui,
le groupe d’Abou Shabab est recruté au service de ce plan. Selon Shehada, l’armée
israélienne semble avoir confié à Abou Shabab une autre tâche : établir des “camps
de concentration” à Gaza et former une “force de sécurité” fantoche que les FDI
placeront à la tête des zones qu’elles ont dépeuplées pour en faire leur milice
par procuration contre le Hamas.
Confirmant
apparemment cet objectif, la page Facebook d’Abou Shabab a publié une vidéo apparemment commentée par sa voix, appelant les
habitants de la partie orientale de Rafah à rentrer chez eux. « Des
médicaments, de la nourriture, des abris et la sécurité ont été fournis »,
entend-on. « Nos forces populaires travaillent en toute légitimité
palestinienne et en coordination avec les canaux officiels ».
Le
reste de la vidéo contient un montage des hommes d’Abou Shabab distribuant de l’aide
aux habitants de l’est de Rafah, suivi d’un narrateur décrivant comment les
Forces populaires affrontent le Hamas - appelé “le gouvernement du statu quo” -
tout en abritant dans des tentes des centaines de familles de l’est de Gaza,
auxquelles elles ont fourni une aide gratuite.
Il
semblerait que les appels lancés par les “Forces populaires” aux civils pour qu’ils
se déplacent vers ces zones de Rafah, associés à la coordination d’Abou Shabab
avec la GHF, s’inscrivent dans la droite ligne du plan de Netanyahou d’utiliser l’aide comme appât pour attirer les Palestiniens dans des camps de
concentration isolés, dans le but de les déplacer de force de Gaza par le biais
d’une soi-disant “migration volontaire” De plus, il apparaît qu’Israël a
maintenant recruté une milice autochtone de harkis pour mettre en œuvre ce
plan.

Bandeau de la page “Forces populaires” de Yasser Abou
Shabab sur X
Clash des clans
Malgré
les efforts d’Abou Shabab pour se présenter comme un leader nationaliste, le 31
mai, sa famille à Gaza a publié un communiqué
annonçant qu’elle reniait “notre fils Yasser” le lendemain de la diffusion de
la vidéo des Brigades Qassam, se distançant ainsi de toute association avec
lui.
« Nous
avons été choqués, comme le reste du public, lorsque la Résistance a diffusé
des images montrant le groupe de Yasser engagé dans un dangereux travail de
sécurité, participant même en tant qu’agents infiltrés », peut-on lire
dans la déclaration. « Nous le poursuivrons et le tiendrons pour
responsable par tous les moyens nécessaires et nous ne lui permettrons pas de
salir la réputation de notre famille. Il nous a trompés pendant trop longtemps ».
Mais
maintenant que Netanyahou a publiquement admis avoir “activé” des clans à Gaza
pour s’opposer au Hamas, la résistance palestinienne dans la bande de Gaza
devrait se battre sur un autre front “interne” contre une collaboration pure et
simple.
Au
cours des derniers mois, les pillages endémiques résultant du ciblage par
Israël des forces de sécurité de Gaza ont conduit plusieurs familles de Gaza à
appeler les clans à former des “comités populaires” pour l’autodéfense contre
les voleurs, comme en témoignent des déclarations des clans Madhoun et al-Ghoul
au début du mois de mai. Certains de ces appels préconisaient ouvertement que
les familles soient armées.
À peu
près au même moment, des hommes armés appartenant à la famille al-Ghoul sont
apparus dans la zone de l’hôpital de réhabilitation Hamad, financé par le
Qatar, dans la ville de Gaza, affirmant être des volontaires pour protéger l’hôpital
contre le pillage. Mais le groupe s’est rapidement dissipé et, depuis, le clan
al-Ghoul a publiquement affirmé son attachement à l’État de droit.
« Nous
avons formé un groupe armé pour protéger l’hôpital qatari parce que des voleurs
étaient sur le point de le piller, et nous l’avons sécurisé », a déclaré
Yousri al-Ghoul, l’un des représentants de la famille, à Mondoweiss à la
mi-mai. « Après cela, une unité de sécurité a été créée par le
gouvernement pour protéger les biens publics, et nous nous nous sommes donc mis
en retrait ».
« Tout
ce que nous voulons, c’est la sécurité à Gaza », a ajouté al-Ghoul.
Husni
al-Mughni, chef la Haute Commission aux affaires tribales dans la bande de
Gaza, a déclaré à Mondoweiss en mai qu’“aucun comité familial armé n’a
été formé”, ajoutant que les clans de Gaza « rejettent l’armement des
clans, qui doivent donner la priorité à la paix sociale ».
« Nous
nous battons maintenant pour de l’eau, de la nourriture et des tentes. Si les
familles s’arment, toutes nos batailles deviendront internes », a ajouté
al-Mughni.
Yasin
al-Madhoun, un autre chef de clan, admet que certains membres de sa famille ont
peut-être discuté de la formation d’un groupe armé, mais que la famille n’a pas
officiellement pris une telle mesure.
« La
famille n’a pas décidé de former des unités armées, mais nous voulons maintenir
la sécurité dans la bande de Gaza », nuance al-Madhoun. « Si le
gouvernement s’effondre ou s’il y a un manque de sécurité dans la bande de
Gaza, nous devons exiger une force pour maintenir la sécurité et remplacer le
gouvernement pour combler le vide sécuritaire. Ce n’est pas une exception dans
la bande de Gaza. Partout où le gouvernement tombe, des comités populaires sont
formés pour protéger la société ».
Des
membres de l’unité Sahm ont déclaré à Mondoweiss qu’ils empêcheraient
ces familles de s’armer, car elles seraient alors cooptées par Israël au
service de ses objectifs génocidaires.
« Nous
affronterons les familles qui s’armeront, et ce n’est pas une question pour la
seule unité Sahm, mais ça concerne toutes les familles de la bande de Gaza »,
a dit Abou Islam, l’un des membres de l’unité Sahm qui s’est entretenu avec Mondoweiss.
« Toutes les familles doivent se tenir aux côtés de l’unité Sahm et de
toutes les unités de police pour endiguer la propagation du chaos ».
Abou
Islam a ajouté que de nombreuses familles ont rejeté ces appels. « La
tentative d’armer les familles et de transformer la loi en règle tribale a
échoué, car les familles ont assumé leurs responsabilités et rejeté cette offre
de l’occupation », dit-il.
Près d’un
mois plus tard, la bande armée d’Abou Shabab a pris un nouveau nom - “forces
populaires” - et vise à combler le vide sécuritaire créé par Israël en
démantelant les institutions civiles de Gaza. Elle a notamment pour mission de
distribuer de l’aide aux habitants afin de gagner le soutien de la population
et d’assurer l’acheminement de l’aide vers les sites de la GHF.
« Ce
n’est un secret pour personne que l’occupation a traqué tous les éléments des
forces de sécurité, car ils représentent le soutien au maintien du front
intérieur, ce qui est en contradiction directe avec les objectifs de guerre [de
l’armée israélienne] », a déclaré la source de sécurité de la résistance
qui s’est entretenue avec Mondoweiss. « Son objectif est de créer
le chaos à Gaza pour se venger des civils, parce qu’ils se rallient à la
résistance », a ajouté la source.