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09/01/2022

ANNAMARIA RIVERA
Test de survie : Europe migranticide

 Annamaria Rivera, Comune-Info, 8/1/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Le fait que l'Union européenne cultive une sorte de supranationalisme armé pour défendre ses frontières n'est pas seulement la cause d'une hécatombe de migrants et de réfugié·es potentiel·les aux proportions monstrueuses, mais a aussi contribué indirectement, à mon avis, à encourager les nationalismes « nationalitaires » ou ethniques, et donc au succès des droites, y compris extrêmes, partout en Europe. Outre la crise économique, la crise européenne est également politique et idéologique, comme nous le rappelle depuis de nombreuses années le philosophe, sociologue et politologue Slavoj Žižek.

Ce n'est pas un hasard si, sur tout le continent, les Rroms, Sinti et Voyageurs occupent la première place dans l'échelle du rejet et du mépris, étant les populations qui, plus que d'autres, incarnent, du moins symboliquement, le rejet des démarcations et des frontières. Selon de nombreuses enquêtes sur les attitudes à l'égard des « Tsiganes », l'Italie, suivie de la France, est en tête de liste pour ce qui est de l’antitsiganisme. La grande majorité des échantillons interrogés au fil du temps expriment une hostilité ou une crainte à l'égard de la présence de Rroms, Sintis et Voyageurs, qui ne sont pas plus de 140 000 et dont la moitié sont des citoyen·nes italien·nes.

En réalité, ils continuent à jouer un rôle victimaire très similaire à celui historiquement attribué aux Juifs, au point que des rumeurs, des légendes et des « fausses nouvelles », selon les termes de Marc Bloch, y compris les plus archaïques, continuent à fleurir et à être diffusées sur les « Gitans », comme celle de la propension à enlever des enfants, pourtant démentie par des données et des travaux scientifiques.

Bref, il existe un lien étroit entre les politiques de militarisation des frontières et la diffusion de la rhétorique du rejet, voire un cercle vicieux. Dans la plupart des pays européens, l'utilisation politique et idéologique de cette rhétorique est de plus en plus répandue : les clichés de « l'invasion », des migrants comme source d'insécurité et d'appauvrissement des « nationaux », de la « clandestinité » comme synonyme de criminalité, sont largement utilisés, même par les institutions, parfois même par les partis dits de centre-gauche, mais surtout par les formations populistes, de droite et d'extrême-droite, qui connaissent actuellement un essor important en Europe. En particulier, celle de l’ « invasion » et de la « marée montante » est une fausse preuve typique : comme on le sait, la part prépondérante des «  flux migratoires » part des pays du Sud et va vers d'autres pays du Sud.