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19/10/2022

TOM PERKINS
Plus de 80 % des cours d'eau usaméricains contaminés par des “produits chimiques éternels”

Tom Perkins, The Guardian, 18/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Une analyse révèle une “contamination généralisée” aux USA, les produits chimiques éternels dépassant fréquemment les limites permises fédérales et étatiques.

 

Un étang dans le Maine contaminé par des PFAS, également connus sous le nom de “produits chimiques éternels"” Ces toxines, que l'on trouve dans les produits de consommation et les sous-produits de fabrication, provoquent toute une série d'effets néfastes sur la santé. Photo : Tristan Spinski/The Guardian

La plupart des cours d'eau usaméricains sont probablement contaminés par des PFAS toxiques, appelés “produits chimiques éternels”, selon une nouvelle étude menée par des défenseurs de l'eau usaméricains.

L'analyse de la Waterkeeper Alliance a révélé des niveaux détectables de PFAS dans 95 des 114 cours d'eau testés, soit 83 %, dans 34 États et le district de Columbia, et souvent à des niveaux qui dépassent les limites permises fédérales et étatiques.

« Les résultats montrent clairement une contamination généralisée par les PFAS dans tout le pays et démontrent que les lois et réglementations existantes ne suffisent pas à nous protéger », a déclaré Marc Yaggi, PDG de la Waterkeeper Alliance, un réseau à but non lucratif qui représente les “gardiens de l'eau” locaux qui surveillent les bassins hydrographiques dans tout le pays pour détecter la pollution.

Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, constituent une catégorie d'environ 12 000 produits chimiques souvent utilisés pour rendre les produits résistants à l'eau, aux taches et à la chaleur. Ils sont appelés “produits chimiques éternels"” parce qu'ils ne se décomposent pas naturellement et sont liés au cancer, aux problèmes de foie, aux problèmes de thyroïde, aux malformations congénitales, aux maladies rénales, à la diminution de l'immunité et à d'autres problèmes de santé graves.

Des analyses antérieures ont utilisé les données des services publics municipaux pour estimer que ces produits chimiques contaminent l'eau potable de plus de 200 millions de personnes, tandis qu'une autre étude a révélé une contamination généralisée des eaux souterraines puisées dans les puits privés et communaux.

Une réglementation laxiste permet aux utilisateurs industriels de rejeter ces produits chimiques dans l'environnement sans aucun contrôle, bien que certains États et l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) prennent des mesures pour commencer à les surveiller. Les décharges, les aéroports, les bases militaires, les papeteries et les stations d'épuration font partie des sources courantes.

La nouvelle étude a examiné une série d'eaux de surface, notamment des canaux, des ruisseaux et des rivières. Elle a trouvé des PFAS dans 29 des 34 États, et les 19 cours d'eau dans lesquels elle n'a pas détecté les composés traversent des régions largement non développées.

L'étude a détecté deux des composés les plus étudiés et les plus dangereux, le PFOS et le PFOA, dans 70 % des sites d'essai - plus que tout autre des 33 composés qu'elle a trouvés.

L'EPA a abaissé sa limite d'avis sanitaire pour le PFOA et le PFOS à 0,004 partie par billion (ppt) et 0,02 ppt, respectivement, estimant qu'aucun niveau d'exposition n'est sans danger. Les PFOS ont été détectés dans la crique Piscataway du Maryland, un affluent qui se jette dans le fleuve Potomac juste au sud de Washington DC, à un niveau supérieur à 1 300 ppt. Ce chiffre est près de 70 000 fois supérieur au niveau recommandé par l'EPA.

Les autorités de réglementation et les services publics ont mis du temps à s'attaquer à la contamination par les PFAS, en partie à cause des coûts. L'EPA a proposé de désigner le PFOS et le PFOA comme des substances dangereuses, ce qui pourrait obliger l'industrie à financer le nettoyage de ces composés, mais pas des 33 autres trouvés dans l'étude, ni des milliers d'autres qui existent. Ce serait donc aux contribuables de couvrir ces coûts de nettoyage.

« En d'autres termes, c'est le public qui va subventionner les pollueurs industriels », commente Yaggi.