Gideon Levy, Haaretz, 19/02/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Dans le quartier berlinois de Charlottenburg, a écrit Naama Riba (Haaretz en hébreu, mardi), il y a une rue avec des dizaines de Stolpersteine, ou pavés de la mémoire, de couleur dorée, incrustés dans le trottoir en mémoire des Juifs qui y ont vécu autrefois. Le droit d’Israël à exister, a fait valoir Riba, découle des événements que ces pierres commémorent.
En revanche, dans le quartier de Rimal, à Gaza, il ne reste plus de trottoirs, seulement une dévastation totale. L’hôpital Al-Shifa de la ville a également été détruit, ainsi que des immeubles d’habitation, des écoles et des hôtels. Il n’y a pas de « Stolpersteine » dorés à Rimal pour honorer la mémoire des centaines de ses résidents palestiniens tués pendant la guerre. Si de telles pierres existaient, elles pourraient témoigner de la lutte du peuple palestinien pour un État qui le protégerait.
Mais Riba
est aveugle aux ruines de Rimal et de Gaza. Elle ne voit que la façon dont les
Palestiniens traitent les personnes LGBTQ+. Dans son éditorial, elle critique
trois auteurs de Haaretz : Hanin Majadli, Michael Sfard et moi-même,
pour avoir remis en question la légitimité de l’existence d’Israël, un État
dont la justification – affirme-t-elle – réside dans les pierres de la rue
Giesebrecht à Berlin-Charlottenburg.
Je n’ai
jamais remis en question le droit d’Israël à exister. Ce que je remets en
question, en revanche, c’est son droit d’agir comme il le fait et de commettre
les atrocités qu’il commet. Ce sont les actions d’Israël qui remettent en
question sa légitimité.
Depuis un
siècle, les Palestiniens subissent des persécutions, des dépossessions, des
meurtres et des destructions incessants. Aucun meurtre, pas même celui de l’arrière-grand-père
de Riba, tué par des Arabes alors qu’il se rendait à la synagogue de Haïfa, ne
peut justifier cela.