La perle du jour

 « Le public n'est plus dupe des mensonges propagandistes qui résonnent dans les médias. Ces lettres ont été écrites par un petit groupe de radicaux, manipulés par des organisations financées par des fonds étrangers dans le seul but de renverser le gouvernement de droite. Ce n'est pas une vague. Ce n'est pas un mouvement. C'est un petit groupe de retraités bruyant, anarchiste et déconnecté, dont la plupart n'ont pas servi [dans l’armée] depuis des années ». C’est ainsi que Netanyahou a réagi aux pétitions qui se succèdent en rafales, émanant de centaines et de milliers de réservistes de l’armée de l’air, du corps médical militaire, de la marine, demandant au gouvernement d’arrêter de bombarder Gaza pour épargner les Israéliens encore captifs [les fameux « otages », qui sont encore une trentaine en vie plus une trentaine à l'état de cadavres]]. Bibi, qui a 75 ans, n’a pas l’intention, quant à lui de devenir un paisible retraité, ni bruyant ni silencieux. Les pilotes signataires de la première pétition seront rayés des cadres de l’armée génocidaire, ce qui est une bonne chose.

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13/10/2022

DAVID DAOUD
L'accord d'Israël avec le Liban est un cadeau inestimable pour le Hezbollah

David Daoud, Haaretz, 11/10/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

David Daoud est directeur de la recherche sur le Liban, Israël et la Syrie à United Against Nuclear Iran (UANI, Unis contre un Iran nucléaire) et chercheur non-résident à l’Atlantic Council.

NdT
Loin de partager les opinions et les engagements de l’auteur, j’ai traduit son article pour son intérêt quasiment anthropologique : il est rare que l’on reconnaisse la victoire d’un ennemi, en l’occurrence le Hezbollah.

Israël espère que l'accord sur la frontière maritime avec le Liban réduira les risques de guerre ou d'affrontements violents avec le Hezbollah. Paradoxalement, l'accord ne fait que les rendre plus probables

Quand Israël et un pays arabe interagissent sans violence, cela suscite naturellement une certaine excitation. Les observateurs intéressés ont tendance à deviner la perspective d'une paix imminente, ou du moins un signe de progrès vers elle, dans tout acte de non-belligérance mutuelle.

Ce sentiment est compréhensible. Comme en témoignent les présidents usaméricains successifs qui, de manière chimérique, mettent en jeu leur héritage de politique étrangère pour parvenir à la paix entre Juifs et Arabes, le désir de voir la fin du conflit israélo-arabe, apparemment interminable, a tendance à l'emporter sur la rationalité.

Mais dans cette catégorie d'interactions arabo-israéliennes bienvenues, et encore moins compréhensibles, les gestes entre le Liban et Israël en particulier – même neutres, purement procéduraux - se voient accorder une signification spéciale, presque mystique. Soulignant l'irrationalité, en particulier ces dernières années, cela a parfois même remplacé l'excitation des gestes de rapprochement entre Israéliens et Palestiniens, dont la discorde a jadis été au cœur du conflit arabo-israélien.

Cette exaltation injustifiée est basée sur deux séries de fictions sur le Liban, en particulier en ce qui concerne Israël – l’une occidentale, et l’autre typiquement israélienne.

Dans l'imagination occidentale, avec un accent sur l'imagination, le Liban a longtemps été perçu comme un bastion levantin de la civilisation raffinée (lire : européenne). Cette conception est fondée sur  ce qui était perçu comme l'européanité des chrétiens maronites du Liban et sur une notion corollaire répugnante et franchement chauvine, sinon carrément raciste – souvent promue par de nombreux chrétiens maronites eux-mêmes : que l'hégémonie culturelle historique maronite au Liban a éclairé et civilisé les Arabes musulmans du pays, qui (selon cette cette pensée) auraient autrement été tout aussi ignorants et barbares que le reste de leurs frères dans la région.

Bref, le Liban mérite une attention et un soin particuliers – il doit être « sauvé », et nous, en Occident, devons le sauver, nous dit-on à satiétéparce que le Liban, contrairement à ces autres pays arabes, est « comme nous ». Autrement, nous disent les mêmes personnes, le Liban deviendra une plaque tournante de l'exportation de drogue et du terrorisme.