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06/09/2025

THE NEW YORK TIMES
Comment une mission top secrète de l’équipe de forces spéciales SEAL Team Six en Corée du Nord a échoué en 2019

Interrogé vendredi après-midi dans le Bureau ovale, Donald Trump a nié avoir connaissance des faits relatés ci-dessous : «Je ne sais rien à ce sujet. C’est la première fois que j’en entends parler». No comment [NdT]

L’opération de 2019, approuvée par le président Trump, visait à obtenir un avantage stratégique. Elle a provoqué la mort de civils nord-coréens désarmés.


Le président Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un entretenaient une relation erratique. Ils se sont rencontrés sur l’île de Sentosa à Singapour en 2018.
Photo Doug Mills / The New York Times

Dave Philipps et Matthew Cole, The New York Times, 5/9/2025
Julian E. Barnes, Adam Entous et Eric Schmitt ont contribué au reportage.

Traduit par Tlaxcala

Dave Philipps est correspondant national pour The New York Times, spécialisé sur la guerre, l’armée et les anciens combattants, couvrant le Pentagone.
Matthew Cole est un journaliste indépendant, auteur de Code Over Country: The Tragedy and Corruption of SEAL Team 6. Il a travaillé pour The Intercept et a été producteur d’enquêtes pour NBC News et ABC News.

Un groupe de Navy SEAL émergea de l’océan noir d’encre par une nuit d’hiver début 2019 et se faufila jusqu’à une côte rocheuse de Corée du Nord. Ils étaient en mission top secrète, si complexe et cruciale que tout devait se dérouler parfaitement.

L’objectif était de poser un dispositif électronique qui permettrait aux USA d’intercepter les communications du dirigeant nord-coréen reclus, Kim Jong-un, en plein cœur de pourparlers nucléaires de haut niveau avec le président Trump.

La mission avait le potentiel d’offrir aux USA un flux de renseignements précieux. Mais elle impliquait de placer des commandos usaméricains sur le sol nord-coréen — une manœuvre qui, si elle était découverte, pouvait non seulement faire échouer les négociations, mais aussi provoquer une prise d’otages ou une escalade du conflit avec un ennemi doté de l’arme nucléaire.

Le risque était tel qu’il exigeait l’approbation directe du président.

Pour cette opération, l’armée choisit l’escadron rouge de la SEAL Team Six — la même unité qui avait tué Oussama ben Laden. Les SEAL s’entraînèrent pendant des mois, conscients que chaque geste devait être parfait. Mais lorsqu’ils atteignirent, vêtus de combinaisons noires et de lunettes de vision nocturne, ce qu’ils pensaient être une côte déserte, la mission capota rapidement.

Un bateau nord-coréen surgit de l’obscurité. Des faisceaux lumineux balayèrent la surface de l’eau. Craignant d’avoir été repérés, les SEAL ouvrirent le feu. En quelques secondes, tous les occupants du bateau nord-coréen étaient morts.

Les SEAL se replièrent en mer sans avoir posé le dispositif d’écoute.

L’opération de 2019 jamais reconnue

L’opération de 2019 n’a jamais été publiquement reconnue, ni même évoquée, ni par les USA ni par la Corée du Nord. Les détails restent classifiés et sont ici rapportés pour la première fois. L’administration Trump n’a pas informé les principaux membres du Congrès chargés de superviser les opérations de renseignement, ni avant ni après la mission. Ce défaut d’information pourrait avoir constitué une violation de la loi.

La Maison-Blanche a refusé tout commentaire.

Ce récit s’appuie sur des entretiens avec deux douzaines de personnes, dont des responsables civils du gouvernement, des membres de la première administration Trump, ainsi que des militaires en activité ou anciens ayant connaissance de la mission. Tous se sont exprimés sous condition d’anonymat en raison du caractère classifié de l’opération.

Plusieurs d’entre eux ont dit vouloir discuter des détails de la mission parce qu’ils s’inquiétaient du fait que les échecs des opérations spéciales soient souvent dissimulés par le secret gouvernemental. Si le public et les décideurs ne prennent conscience que des succès médiatisés, comme le raid qui a tué Ben Laden au Pakistan, ils risquent de sous-estimer les risques extrêmes que prennent les forces usaméricaines.

L’opération militaire sur le sol nord-coréen, à proximité de bases usaméricaines en Corée du Sud et dans le Pacifique, risquait également de déclencher un conflit plus large avec un adversaire hostile, doté de l’arme nucléaire et fortement militarisé.

Le New York Times procède avec prudence lorsqu’il rend compte d’opérations militaires classifiées. Le journal a occulté certaines informations sensibles concernant la mission en Corée du Nord qui pourraient compromettre de futures opérations spéciales et missions de renseignement.

On ignore dans quelle mesure la Corée du Nord a pu découvrir des éléments sur la mission. Mais cette opération des SEAL constitue un épisode d’un effort de plusieurs décennies des administrations usaméricaines pour engager la Corée du Nord et limiter son programme nucléaire. Presque rien de ce qu’ont tenté les USA — ni les promesses de rapprochement, ni la pression des sanctions — n’a fonctionné.

En 2019, Trump entreprenait une démarche personnelle envers Kim, à la recherche d’une avancée que ses prédécesseurs n’avaient pas réussi. Mais ces pourparlers s’effondrèrent, et le programme nucléaire nord-coréen accéléra. Le gouvernement usaméricain estime désormais que la Corée du Nord possède environ 50 armes nucléaires et des missiles capables d’atteindre la côte ouest des USA. Kim a promis de continuer à développer son programme nucléaire de manière « exponentielle » afin de dissuader ce qu’il appelle les provocations usaméricaines.

Points aveugles

La mission des SEAL visait à corriger un angle mort stratégique. Depuis des années, les agences de renseignement usaméricaines avaient trouvé presque impossible de recruter des sources humaines ou d’intercepter des communications dans l’État autoritaire et refermé de la Corée du Nord.

Comprendre la pensée de Kim devint une priorité majeure dès l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche. Le dirigeant nord-coréen paraissait de plus en plus imprévisible et dangereux, et sa relation avec Trump oscillait de façon erratique entre lettres d’amitié et menaces publiques de guerre nucléaire.

En 2018, les relations semblaient s’orienter vers la paix. La Corée du Nord suspendit ses essais nucléaires et balistiques, et les deux pays entamèrent des négociations. Mais les USA n’avaient toujours que très peu d’informations sur les intentions de Kim.

Au milieu de cette incertitude, les agences de renseignement usaméricaines révélèrent à la Maison-Blanche qu’elles disposaient d’une solution au problème : un dispositif électronique nouvellement développé, capable d’intercepter les communications de Kim.

Le hic, c’est que quelqu’un devait s’infiltrer pour l’installer.


Trump et Kim se sont rencontrés à l’hôtel Métropole à Hanoï, au Vietnam, en février 2019.
Photo Doug Mills / The New York Times

La mission fut confiée à la SEAL Team 6 en 2018, selon des responsables militaires.

Même pour la Team 6, la mission allait être extraordinairement difficile. Habitués à des raids rapides en Afghanistan ou en Irak, les SEAL allaient devoir survivre pendant des heures dans une mer glaciale, échapper aux forces de sécurité sur terre, installer un dispositif technique avec précision, puis s’exfiltrer sans être détectés.

L’exfiltration était vitale. Au cours du premier mandat de Trump, les plus hauts responsables du Pentagone pensaient que même une petite action militaire contre la Corée du Nord pouvait provoquer des représailles catastrophiques de la part d’un adversaire disposant d’environ 8 000 pièces d’artillerie et de lance-roquettes pointés sur les quelque 28 000 soldats usaméricains stationnés en Corée du Sud, sans compter des missiles à capacité nucléaire pouvant atteindre les USA.

Mais les SEAL croyaient pouvoir réussir, car ils avaient déjà mené une opération similaire.

En 2005, des SEAL avaient utilisé un mini-sous-marin pour débarquer en Corée du Nord et repartir sans être repérés, selon des personnes informées de cette mission. L’opération de 2005, menée sous la présidence de George W. Bush, n’avait encore jamais été rendue publique.

Les SEAL proposaient de réitérer l’exploit. À l’automne 2018, alors que des négociations de haut niveau avec la Corée du Nord étaient en cours, le Commandement des opérations spéciales conjointes, qui supervise la Team 6, reçut l’autorisation de Trump de commencer les préparatifs, selon des responsables militaires. On ignore si l’intention de Trump était d’obtenir un avantage immédiat dans les négociations ou si l’objectif était plus large.

Le Commandement des opérations spéciales conjointes a refusé de commenter.

Le plan prévoyait que la marine infiltre un sous-marin nucléaire, long comme près de deux terrains de football (200 m.), dans les eaux proches de la Corée du Nord, puis déploie une petite équipe de SEAL dans deux mini-sous-marins, chacun de la taille approximative d’un orque, qui rejoindraient silencieusement le rivage.

Ces mini-sous-marins étaient des « sous-marins humides », ce qui signifiait que les SEAL y circulaient immergés dans une eau à 4 °C pendant environ deux heures, utilisant du matériel de plongée et des combinaisons chauffantes pour survivre.


Un sous-marin nucléaire usaméricain à missiles guidés participa à des exercices près d’Okinawa, au Japon, en 2021. Un sous-marin similaire transporta une équipe de Navy SEAL vers les eaux nord-coréennes en 2019.
Photo US Marine Corps / Département de la Défense

Près de la plage, les mini-sous-marins devaient libérer un groupe d’environ huit SEAL qui nageraient jusqu’à la cible, installeraient le dispositif, puis replongeraient discrètement dans la mer.

Mais l’équipe faisait face à une limitation majeure : elle s’engageait presque à l’aveugle.

Normalement, les forces d’opérations spéciales disposent de drones au-dessus de la zone de mission, transmettant une vidéo haute définition en direct, que les SEAL au sol et les responsables dans des centres de commandement éloignés utilisent pour diriger l’action en temps réel. Ils peuvent souvent écouter les communications ennemies.

En Corée du Nord, tout drone serait immédiatement repéré. La mission devait donc se reposer uniquement sur des satellites en orbite et des avions espions à haute altitude opérant dans l’espace aérien international, qui ne pouvaient fournir que des images fixes de faible résolution, selon des responsables.

Ces images arrivaient avec plusieurs minutes de retard, dans le meilleur des cas. Et elles ne pouvaient pas être transmises aux mini-sous-marins, car une seule communication cryptée risquait de révéler l’opération. Tout devait donc se dérouler presque sous un blackout total des communications.

Si quelque chose attendait les SEAL sur la côte, ils ne le sauraient que trop tard.

L’opération capote

La SEAL Team 6 s’entraîna pendant des mois dans les eaux usaméricaines et poursuivit ses préparatifs jusqu’aux premières semaines de 2019. En février, Trump annonça qu’il rencontrerait Kim pour un sommet nucléaire au Vietnam à la fin du mois.

Pour cette mission, la SEAL Team 6 s’associa avec l’équipe sous-marine d’élite de la Navy, le SEAL Delivery Vehicle Team 1, spécialisée depuis des années dans les opérations d’espionnage avec mini-sous-marins. Les SEAL embarquèrent sur le sous-marin nucléaire et mirent le cap vers la Corée du Nord. Quand le submersible atteignit l’océan ouvert et s’apprêta à entrer en blackout de communications, Trump donna son feu vert final.

On ignore quels facteurs Trump prit en compte en approuvant la mission des SEAL. Deux de ses plus hauts responsables de la sécurité nationale de l’époque — son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, et le secrétaire à la défense par intérim, Patrick M. Shanahan — ont refusé de commenter cet article.

Le sous-marin approcha de la côte nord-coréenne et lança deux mini-sous-marins, qui rejoignirent un point à une centaine de mètres du rivage, dans des eaux claires et peu profondes.

Les planificateurs de la mission avaient tenté de compenser l’absence de vidéo en direct en passant des mois à observer les allées et venues dans la zone. Ils étudièrent les habitudes de pêche et choisirent un moment où le trafic maritime serait réduit. Le renseignement suggérait que si les SEAL arrivaient silencieusement au bon endroit, au cœur de la nuit en hiver, ils ne devraient rencontrer personne.

La côte nord-coréenne, photographiée en 2018, est fréquentée par de petits bateaux de pêche.
Photo. Ed Jones/Agence France-Presse/ Getty Images

La nuit était calme, la mer tranquille. Alors que les mini-sous-marins glissaient vers la cible, leurs capteurs confirmaient les informations de renseignement : la côte semblait déserte.

Les mini-sous-marins atteignirent le point où ils devaient se poser sur le fond marin. C’est là que l’équipe commit peut-être la première de trois petites erreurs, qui paraissaient anodines sur le moment mais qui pouvaient avoir condamné la mission.

Dans l’obscurité, le premier mini-sous-marin se posa au fond comme prévu, mais le second dépassa la zone et dut faire demi-tour, selon des responsables.

Le plan exigeait que les mini-sous-marins soient orientés dans la même direction. Mais après le demi-tour, ils pointaient en sens opposés. Le temps pressait, l’équipe décida donc de libérer le groupe de nageurs et de corriger ce problème plus tard.

Les trappes s’ouvrirent, et les SEAL — tous équipés d’armes intraçables, chargées de munitions tout aussi intraçables — nagèrent silencieusement jusqu’au rivage avec le dispositif d’écoute.

Tous les quelques mètres, les SEAL sortaient légèrement la tête de l’eau noire pour scruter les environs. Tout paraissait calme.

Ce fut peut-être une deuxième erreur. Flottant dans l’obscurité se trouvait un petit bateau. À bord, un équipage de Nord-Coréens, difficiles à détecter parce que les capteurs des lunettes de vision nocturne des SEAL repéraient surtout la chaleur, et que les combinaisons de plongée portées par les Nord-Coréens avaient été refroidies par l’eau glaciale.

Les SEAL atteignirent la côte, persuadés d’être seuls, et commencèrent à retirer leur équipement de plongée. La cible n’était qu’à quelques centaines de mètres.

De retour aux mini-sous-marins, les pilotes réorientèrent celui qui faisait face au mauvais côté. Avec les trappes de cockpit ouvertes pour la visibilité et la communication, un pilote lança le moteur électrique et fit pivoter l’engin.

C’était probablement une troisième erreur. Certains SEAL ont plus tard supposé que le sillage du moteur avait pu attirer l’attention du bateau nord-coréen. Et si l’équipage entendit un bruit d’eau, il put apercevoir la lumière provenant des cockpits ouverts des mini-sous-marins dans l’obscurité.

Le bateau commença à se diriger vers les mini-sous-marins. Les Nord-Coréens balayaient l’eau avec leurs lampes torches et parlaient comme s’ils avaient remarqué quelque chose.

Certains pilotes de mini-sous-marins expliquèrent plus tard lors de débriefings qu’à leurs yeux, observant depuis l’eau claire, le bateau paraissait encore à distance sûre, et ils doutaient qu’ils aient été repérés. Mais pour les SEAL sur la côte, dans la mer sombre et uniforme, le bateau semblait quasiment sur eux.

Un mini-sous-marin de la Navy, appelé SEAL Delivery Vehicle, lors d’un exercice en 2007. Des engins similaires furent utilisés lors de la mission de 2019.
Photo US Navy / Département de la Défense

Avec les communications coupées, impossible pour l’équipe à terre de consulter les pilotes sous-marins. Les faisceaux du bateau balayaient l’eau. Les SEAL ignoraient s’il s’agissait d’une patrouille de sécurité les traquant ou de simples pêcheurs, inconscients de la mission à haut risque en cours.

Un homme du bateau nord-coréen plongea dans la mer.

Si l’équipe côtière rencontrait des problèmes, le sous-marin nucléaire disposait d’un groupe de renforts SEAL avec des embarcations gonflables rapides. Plus au large, des aéronefs furtifs étaient positionnés sur des navires usaméricains, avec encore davantage de troupes des opérations spéciales prêtes à intervenir.

Les SEAL faisaient face à une décision critique, mais sans aucun moyen de discuter de la marche à suivre. Le commandant de mission se trouvait à des kilomètres, à bord du grand sous-marin. Sans drones ni communications, nombre des avantages technologiques sur lesquels comptent normalement les SEAL avaient disparu, laissant quelques hommes en néoprène, incertains de ce qu’il fallait faire.

Alors que l’équipe côtière observait le Nord-Coréen dans l’eau, le sous-officier le plus expérimenté sur place choisit une ligne de conduite. Sans un mot, il épaula son fusil et tira. Les autres SEAL firent instinctivement de même.

Compromission et fuite

Si les SEAL doutaient encore que leur mission ait été compromise avant d’ouvrir le feu, ils n’avaient plus aucune incertitude après. Le plan prévoyait que les SEAL abandonnent immédiatement s’ils rencontraient qui que ce soit. Les forces de sécurité nord-coréennes pouvaient déjà être en route. Il n’y avait plus de temps pour poser le dispositif.

L’équipe à terre nagea jusqu’au bateau pour s’assurer que tous les Nord-Coréens étaient morts. Ils ne trouvèrent ni armes ni uniformes. Tout indiquait que l’équipage — composé, selon les personnes informées, de deux ou trois personnes — était constitué de civils pratiquant la pêche sous-marine. Tous étaient morts, y compris l’homme tombé à l’eau.

Des responsables familiers de la mission affirmèrent que les SEAL tirèrent les corps dans l’eau afin de les dissimuler aux autorités nord-coréennes. L’un ajouta que les commandos percèrent les poumons des victimes avec des couteaux pour s’assurer que leurs corps couleraient.

Les SEAL regagnèrent les mini-sous-marins et envoyèrent un signal de détresse. Craignant que les commandos ne soient sur le point d’être capturés, le grand sous-marin nucléaire manœuvra en eaux peu profondes, tout près de la côte — une prise de risque majeure — pour les récupérer. Il prit ensuite la fuite vers le large.

Tout le personnel militaire usaméricain s’en sortit indemne.

Immédiatement après, des satellites espions usaméricains détectèrent une forte activité militaire nord-coréenne dans la zone, selon des responsables usaméricains. La Corée du Nord ne fit aucune déclaration publique sur ces morts, et les responsables usaméricains affirmèrent qu’il n’était pas clair si les Nord-Coréens avaient jamais compris ce qui s’était passé et qui en était responsable.

Le sommet nucléaire au Vietnam eut lieu comme prévu à la fin février 2019, mais les pourparlers s’achevèrent rapidement sans accord.

En mai, la Corée du Nord avait repris ses essais de missiles.

Trump et Kim se rencontrèrent une dernière fois en juin dans la zone démilitarisée entre les deux Corées. Ce fut un moment de télévision spectaculaire, avec Trump franchissant même brièvement la frontière vers le Nord. Mais la rencontre ne produisit guère plus qu’une poignée de main.

Dans les mois qui suivirent, la Corée du Nord tira plus de missiles qu’au cours de toute autre année précédente, y compris certains capables d’atteindre les USA. Depuis, selon les estimations usaméricaines, la Corée du Nord a accumulé 50 ogives nucléaires et de la matière pour en produire environ 40 de plus.

Un bilan inégal

La mission avortée des SEAL entraîna une série de révisions militaires durant le premier mandat de Trump. Elles conclurent que le meurtre de civils avait été justifié selon les règles d’engagement, et que l’échec de la mission résultait d’un enchaînement malheureux de circonstances imprévisibles et inévitables. Les conclusions restèrent classifiées.

L’administration Trump ne révéla jamais l’opération ni ses conclusions aux dirigeants des commissions clés du Congrès chargées de superviser les activités militaires et de renseignement, selon des responsables gouvernementaux. Ce faisant, l’administration aurait pu violer la loi fédérale, a affirmé Matthew Waxman, professeur de droit à l’Université Columbia et ancien responsable de la sécurité nationale sous le président George W. Bush.

Waxman a expliqué que la loi contient des zones grises qui laissent aux présidents une certaine marge de manœuvre quant aux informations transmises au Congrès. Mais pour les missions les plus conséquentes, l’obligation d’informer tend à être plus forte.

« Le but est de s’assurer que le Congrès n’est pas tenu dans l’ignorance quand des choses majeures se déroulent », dit Waxman. « C’est exactement le type d’opérations qui devrait normalement être signalé aux commissions, et sur lesquelles  ces commissions s’attendent à être informées. »

Beaucoup des personnes impliquées dans la mission ont ensuite été promues.

Mais l’épisode inquiéta certains responsables militaires expérimentés, au courant de l’opération, car les SEAL ont un bilan inégal qui, depuis des décennies, est largement occulté par le secret.

Les unités d’opérations spéciales d’élite se voient régulièrement confier les tâches les plus difficiles et dangereuses. Au fil des années, les SEAL ont enregistré de grands succès, notamment l’élimination de chefs terroristes, des sauvetages spectaculaires d’otages et l’opération contre Ben Laden, qui ont forgé une image quasi surhumaine auprès du public.

Mais pour certains militaires ayant travaillé avec eux, les SEAL ont la réputation de concevoir des missions excessivement audacieuses et complexes qui tournent mal. La première mission de la Team 6, lors de l’invasion de la Grenade en 1983, en est un exemple parlant.

Le plan consistait à sauter en parachute dans la mer, foncer vers la côte en bateaux rapides et placer des balises pour guider les forces d’assaut vers l’aéroport de l’île. Mais l’avion des SEAL décolla en retard ; ils sautèrent de nuit dans des conditions orageuses, chargés d’équipements lourds. Quatre SEAL se noyèrent, et les embarcations des autres chavirèrent.

L’aéroport fut ensuite pris par des Rangers de l’armée usaméricaine, parachutés directement sur la piste.


Des troupes usaméricaines surveillant l’aéroport de Point Salines après l’invasion de la Grenade en 1983. La mission inaugurale de la SEAL Team 6, visant l’aéroport principal de l’île, tourna très mal.
Photo Associated Press

Depuis, les SEAL ont monté d’autres missions complexes et audacieuses qui se sont effondrées, au Panama, en Afghanistan, au Yémen et en Somalie. Lors d’une mission de sauvetage en Afghanistan en 2010, des SEAL de la Team 6 tuèrent accidentellement, à la grenade, l’otage qu’ils tentaient de libérer, puis induisirent leurs supérieurs en erreur sur les circonstances de sa mort.

En partie à cause de ce bilan, le président Barack Obama limita les missions d’opérations spéciales à la fin de son second mandat et renforça la supervision, réservant les raids complexes de commandos à des situations extraordinaires, comme les sauvetages d’otages.

La première administration Trump annula bon nombre de ces restrictions et réduisit le niveau de délibération nécessaire pour les missions sensibles. Quelques jours après son entrée en fonction en 2017, Trump court-circuita en grande partie le processus décisionnel établi pour approuver un raid de la Team 6 contre un village au Yémen. Cette mission laissa 30 villageois et un SEAL morts, et détruisit un avion de 75 millions de dollars.

Lorsque le président Joseph R. Biden Jr. succéda à Trump, la gravité de la mission en Corée du Nord attira un regain d’attention. Son secrétaire à la Défense, Lloyd J. Austin III, ordonna une enquête indépendante, confiée au lieutenant-général à la tête du bureau de l’inspecteur général de l’armée.

En 2021, l’administration Biden informa les principaux membres du Congrès des conclusions, selon un ancien responsable gouvernemental.

Ces conclusions restent classifiées.

22/10/2021

MATTHEW COLE/ANDREW QUILTY
Los cipayos afganos de la CIA, acusados de crímenes de guerra, podrán comenzar una nueva vida en USA

Andrew Quilty (fotos) y Matthew Cole, The Intercept, 5/10/2021
Traducido del inglés por Sinfo Fernández, Tlaxcala
 

Antes de que los talibanes se hicieran con el control de Kabul en agosto pasado, los comandos afganos respaldados por Estados Unidos, conocidos como Unidades Cero, eran los fantasmas del campo de batalla afgano. Junto con sus asesores de la CIA, eran muy temidos y, en los últimos años, prácticamente invisibles.



Los afganos que esperan entrar en el aeropuerto internacional Hamid Karzai son contenidos por combatientes de la infame unidad paramilitar respaldada por la CIA conocida como la 01, en Kabul el 24 de agosto de 2021

Pero en las frenéticas y violentas semanas que transcurrieron entre la victoria de los talibanes y la retirada del ejército estadounidense, los combatientes pertenecientes a una Unidad Cero conocida como la 01 -y otras milicias vinculadas conocidas colectivamente como Unidades Nacionales de Ataque, o UNS- ayudaron a los estadounidenses en la seguridad del aeropuerto internacional Hamid Karzai. Al hacer disparos de advertencia día y noche, los combatientes de la 01 trataban de acorralar y registrar a las multitudes de afganos y extranjeros que trataban de entrar en el aeropuerto para embarcar en los vuelos de evacuación, mientras que los combatientes talibanes luchaban aquellos días por mantener el control en otras entradas del aeropuerto.

Una noche de finales de agosto, un comandante afgano de la 01 cuyos combatientes custodiaban la puerta noroeste del aeropuerto pidió a un periodista de The Intercept que tomaba fotografías que se identificara ante el controlador estadounidense del combatiente. El controlador, que llevaba una gorra de béisbol y una pistola atada a la cintura, sugirió que si el periodista quería salir en un vuelo de evacuación, debía hacerlo de inmediato. Tengo que evacuar enseguida, dijo el hombre, a “mis chicos”, refiriéndose a los combatientes de la 01. Después, la puerta se iba a cerrar definitivamente. El estadounidense se dirigió entonces al comandante de la 01 y le explicó el valor que los ciudadanos del país, al que él y sus combatientes iban a volar pronto, daban a la prensa libre.

La CIA dio prioridad a la evacuación de los miembros de la Unidad Cero de Afganistán, sacando en avión hasta 7.000 de los antiguos comandos y sus familiares, mientras se dejaban atrás miles de exempleados vulnerables del gobierno y del ejército de Estados Unidos, activistas de los derechos humanos y trabajadores humanitarios. Los comandos de la UNS se negaron a permitir que una exintérprete del gobierno estadounidense atravesara las puertas del aeropuerto a menos que les diera 5.000 dólares por ella, su marido y sus tres hijos, informó Al Jazeera. La mujer, que dijo que ella y sus familiares fueron golpeados por miembros de la UNS en el aeropuerto, no podía permitirse pagar ese soborno. Dos exmiembros de otra unidad militar entrenada por Estados Unidos, la KKA o Unidad Especial Afgana del Ejército Nacional Afgano, dijeron a The Intercept desde un piso franco en Kabul que no se hizo ningún esfuerzo formal para evacuarlos, y que los miembros de la unidad que pudieron embarcar en los vuelos lo habían conseguido a través de conexiones personales. Los dos exmiembros habían sido rechazados por los milicianos de la 01 después de acercarse a la puerta noroeste del aeropuerto. Desde entonces, dijeron, al menos cuatro miembros del KKA habían sido localizados por combatientes talibanes y asesinados.

La capacidad de la CIA para evacuar a sus aliados parece haber superado con creces la de otras entidades gubernamentales estadounidenses e indica su papel fundamental en la guerra. La agencia evacuó hasta 20.000 “socios” afganos y sus familiares, informó el Washington Post, casi un tercio de los 60.000 afganos que Estados Unidos ha acogido en total. La CIA no ha respondido a una solicitud de comentarios.

La mayor parte de la cobertura sobre los esfuerzos de la CIA ha sido elogiosa. Pero las Unidades Zero eran conocidas por sus mortíferas incursiones nocturnas que mataron a un número incalculable de civiles en todo Afganistán. The Intercept ha documentado diez incursiones llevadas a cabo por la 01 en la provincia de Wardak, al suroeste de Kabul, en las que murieron al menos 51 civiles, incluidos varios niños, muchos de ellos con disparos efectuados a corta distancia, en asaltos tipo ejecución. La mayoría de las misiones de la 01 estaban dirigidas por un pequeño número de “asesores” de la CIA, como eran conocidos por sus combatientes afganos, o por fuerzas especiales estadounidenses cedidas por el Mando Conjunto de Operaciones Especiales del Pentágono.

“Estados Unidos no debería ofrecer refugio a quienes cometieron crímenes de guerra o graves abusos contra los derechos humanos”, dijo Patricia Gossman, directora asociada de la división de Asia de Human Rights Watch, que escribió un informe sobre los abusos de las unidades. “En Afganistán, estas fuerzas nunca han rendido cuentas por sus acciones, que incluyeron ejecuciones sumarias y otros abusos. Estados Unidos y cualquier otro país que reasiente a miembros de estas unidades debe examinar a los que llegan e investigar su posible participación en violaciones de los derechos humanos”.

La mayoría de los miembros de la Unidad Cero fueron trasladados en avión a Qatar, donde los oficiales paramilitares de la CIA trabajaron para conseguir que sus antiguos colegas afganos fueran enviados a Estados Unidos, según un ex alto funcionario de inteligencia estadounidense con conocimiento directo de la operación. Los excomandos afganos están alojados en bases militares estadounidenses, incluidas dos en Virginia y Nueva Jersey, y en la base aérea de Ramstein, Alemania, mientras esperan su reasentamiento, según han informado el ex alto funcionario estadounidense, dos ex altos funcionarios de inteligencia afganos y un excomando de otra unidad afgana que fue evacuado a la misma base estadounidense que algunos miembros de la Unidad Cero. Otro pequeño grupo de miembros de la Unidad Cero se encuentra en los Emiratos Árabes Unidos, pero se espera que lleguen a Estados Unidos dentro de unas semanas, dijo uno de los exfuncionarios afganos a The Intercept. Ambos exfuncionarios afganos dijeron que han hablado con familiares que antes pertenecían a las Unidades Cero y que ahora están en Estados Unidos.

Conocidas en el gobierno estadounidense como los mohawks, las Unidades Zero comenzaron como una fuerza de comandos irregulares controlada por la CIA. La agencia de inteligencia entrenó a los equipos para que actuaran como guerrilleros desde pequeños puestos de avanzada estadounidenses, principalmente en el norte y el este del país, cerca de la frontera con Pakistán. Gran parte del objetivo original del programa era posibilitar que la CIA realizara incursiones transfronterizas en Pakistán, una actividad políticamente peligrosa y raramente aprobada para el personal estadounidense.

Las Unidades Cero permitían a Estados Unidos realizar operaciones discutibles y evitar la rendición de cuentas, y eran similares en algunos aspectos al programa Phoenix de la CIA durante la guerra de Vietnam. Para ese programa, la agencia creó Unidades Provinciales de Reconocimiento (UPR) compuestas en su mayoría por guerrilleros survietnamitas dirigidos por comandantes estadounidenses. Al igual que las Unidades Cero afganas, las UPR recogían información y asesinaban a los sospechosos de pertenecer a Viet Cong.

En 2010 el gobierno afgano firmó un acuerdo con la CIA para convertir las UNS en un órgano conjunto con el antiguo servicio de inteligencia de Afganistán, la Dirección Nacional de Seguridad, o DNS, según los dos ex altos funcionarios afganos que participaron en el acuerdo. Aunque las misiones serían dirigidas conjuntamente, las unidades siguieron siendo financiadas exclusivamente por el gobierno estadounidense, dijeron los dos exfuncionarios afganos a The Intercept. El cambio permitió a la CIA alegar una negación plausible frente a las acusaciones de abusos de derechos humanos o crímenes de guerra.

Pero en 2019, el más alto funcionario de defensa de Afganistán, el entonces asesor de seguridad nacional afgano Hamdullah Mohib, dijo a The Intercept que la 01 estaba controlada por la CIA. “Francamente, no soy plenamente consciente (...) de cómo trabajan”, dijo entonces. “Hemos pedido que se nos aclare cómo se producen esas operaciones, quiénes están involucrados, cuáles son sus estructuras, cuándo se crearon, por qué no están bajo control afgano…”

Justo después de que el presidente Joe Biden tomara posesión de su cargo en enero, la CIA concedió a la DNS el presupuesto de un año y dijo que la agencia ya no iba a apoyar a las Unidades Cero ni seguiría financiándolas, según declaró a The Intercept un antiguo funcionario de la inteligencia afgana.

Referencia a la Unidad Cero pintada con espray el 6 de septiembre de 2021 dentro de la base Eagle, a pocos kilómetros al noroeste del centro de Kabul, donde la CIA y la O1 tenían su base antes de la retirada estadounidense de Kabul

 La base Eagle, el extenso complejo de la CIA y la 01 en la ladera de una colina al noreste de Kabul, solía estar vedada a todos, excepto a los aliados más cercanos de Estados Unidos.

Desde la carretera, los transeúntes podían ver un campo de tiro excavado en la ladera de la colina y una estrecha carretera que serpenteaba hasta un grupo de estructuras de color beige. Menos visible era el complejo de hangares para helicópteros, depósitos de munición y cuarteles, así como el antiguo lugar negro de la CIA conocido como el Hoyo de la Sal, donde se realizaban interrogatorios y torturas en los primeros años de la guerra.

La seguridad del perímetro era extrema, incluso para los estándares de Afganistán. Una zanja rodeaba un muro de tierra de dos metros de altura. A continuación, había una alambrada de concertinas, bolardos rojos descoloridos unidos por cables de acero y un muro de barro y hormigón de 3 metros rematado con más alambre con concertinas, con puestos de guardia levantados cada 300 pies. Los focos iluminaban toda la circunferencia por la noche.

Antes de 2019, los combatientes de la 01 salían de la base Eagle en convoyes de vehículos para las misiones nocturnas. Eso cambió cuando los convoyes en dos misiones de Wardak sufrieron embocadas, según un antiguo oficial antiterrorista de la DNS que solía acompañar a la 01 en sus incursiones en la provincia. A partir de entonces, casi todas las misiones de la 01 se llevaron a cabo en Wardak a bordo de helicópteros Chinook estadounidenses. Los residentes que viven cerca de la base Eagle dijeron a The Intercept en 2019 que oían el ruido distintivo de los helicópteros de doble rotor varias veces a la semana, que partían a primera hora de la tarde y regresaban antes del amanecer. Por lo demás, rara vez se veía a los combatientes de la 01.

Pero los talibanes sabían quiénes ocupaban la base Eagle. El 25 de julio de 2019, un coche bomba con un suicida tuvo como objetivo a los oficiales de la CIA que viajaban en Toyota Land Cruisers sin distintivos y estaban llegando a la puerta, dijo el portavoz talibán Zabihullah Mujahid en una entrevista ese año. Los residentes locales confirmaron que ese día se produjo un atentado contra Land Cruisers blancos en la puerta del complejo. El incidente atrajo poca atención de los medios de comunicación. Un portavoz de Resolute Support, la ya desaparecida misión militar de Estados Unidos en Afganistán, dijo a The Intercept que no tenía constancia de ninguna baja militar extranjera en Kabul ese día. La CIA declinó hacer comentarios.

 Decenas de vehículos civiles y militares calcinados en el interior de la base Eagle de la CIA el 6 de septiembre de 2021. Un depósito de municiones, una armería y varias otras estructuras también fueron destruidas por explosivos e incendios antes de la salida de Estados Unidos.

Los combatientes talibanes han ocupado las amplias instalaciones desde que parte de ellas fueron destruidas por el fuego y los explosivos en los últimos días de la retirada militar estadounidense de Afganistán a finales de agosto. A principios de septiembre, una semana después de que el último avión militar estadounidense partiera de Kabul, combatientes talibanes, vestidos con una versión más oscura de los trajes de faena con el mismo patrón de rayas de tigre que lleva la 01, escoltaron a los periodistas por las ruinas de la base Eagle, guiándolos por zonas que, según dijeron, habían sido limpiadas de minas terrestres y trampas explosivas que habían dejado allí los estadounidenses y sus socios afganos.

Los combatientes pertenecían a la Brigada “Badr” 313 de los talibanes, una unidad de comandos de élite que recibe su nombre de la batalla de Badr de hace 1.400 años, cuando se dice que el profeta Mahoma venció a las fuerzas enemigas con sólo 313 hombres. Los dirigía un miembro talibán de unos 40 años que hablaba inglés y llevaba ropa tradicional, gafas de sol y una mascarilla quirúrgica.

Casi dos semanas antes, en el anochecer del 26 de agosto, un ataque suicida en el aeropuerto y los disparos posteriores acabaron con la vida de alrededor de 170 personas, entre ellos 13 miembros del ejército estadounidense. Los habitantes de Kabul estaban en vilo. Cuando otra enorme explosión pudo escucharse en toda la ciudad antes de la medianoche, muchos temieron que se hubiera producido un segundo ataque mortal. Pero esa explosión era una detonación controlada de las varias que destruyeron depósitos de municiones, armerías y vehículos, así como varias instalaciones dentro de la base Eagle que la CIA no quería dejar a los talibanes una vez que la Agencia la abandonó finalmente. Brian Castner, asesor principal de Amnistía Internacional para casos de crisis en materia de armas y operaciones militares y antiguo oficial de desactivación de explosivos de las Fuerzas Aéreas de Estados Unidos, dijo que las fotos de The Intercept del lugar sugerían “una retirada muy precipitada y desordenada”.

Toda una constelación de balas, morteros y granadas ensuciaban los cimientos carbonizados de los depósitos de municiones destruidos por el fuego. En el armazón quemado de lo que parecía ser una armería, cañones de Kalashnikovs, ametralladoras PKM y DShK alimentadas por cinta, lanzagranadas propulsados por cohetes y tubos de mortero yacían amontonados como palos de golf.

En el interior de un edificio de dormitorios, los característicos uniformes con rayas de tigre de las Unidades Zero colgaban de ganchos o estaban tirados por el suelo. En una taquilla de acero, entre los embalajes desechados de aparatos tácticos y las fotos de pasaporte de una joven familia, un parche militar en forma de pentágono rezaba “El Escudo & las Espadas de Afganistán, UNS (01)”.