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28/10/2021

ANNAMARIA RIVERA
Femmes, hommes et caporaux : les syndicats doivent donner aux immigré·es et réfugié·es la place qui leur revient

Annamaria Rivera, Comune-Info, 25/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La réponse massive (jusqu'à 200 000 participants) du 16 octobre à l'assaut fasciste et squadriste qui avait eu lieu une semaine plus tôt contre le siège national de la confédération syndicale  CGIL est un tournant qui pourrait ouvrir - comme son secrétaire général Maurizio Landini lui-même l'a dit - une nouvelle phase de protagonisme syndical et de démocratie. À mon avis, l'une des conditions devrait être d'impliquer largement les travailleurs immigrés, dont la présence et la visibilité n'étaient pas évidentes même lors de la grande manifestation du 16 octobre.

La syndicalisation et la participation des immigrés et des réfugiés au plus haut niveau pourraient contribuer à les sortir de leur situation actuelle, souvent extrême. Rien qu'en termes d'emploi, ils sont tenus - c'est bien connu - d'effectuer un travail essentiellement flexible, informel, précaire, sous-payé et déréglementé, ainsi qu'un travail à faible reconnaissance sociale, alors qu'ils sont indispensables à l'économie italienne.

 

La grève des travailleurs agricoles en mai 2020. Photo Sfruttazero

On pense notamment aux ouvriers agricoles et aux mauvaises conditions de travail et de logement auxquelles sont contraints les ouvriers immigrés, y compris les demandeurs d'asile. Parmi les victimes du travail forcé, celles qui ont un niveau d'éducation élevé et une conscience de classe ne sont pas rares.

On pense à Jerry Essan Masslo, tué le 20 septembre 1989 par une bande de jeunes braqueurs racistes. Instruit et engagé politiquement, sans asile (à l'époque, il ne pouvait être accordé qu'aux personnes originaires des pays d'Europe de l'Est), il avait été contraint de travailler dans des conditions quasi esclavagistes en cueillant des tomates dans la campagne de Villa Literno afin de survivre.

Ce meurtre a été suivi de la première grève des migrants contre le "caporalato" [de caporali : intermédiaires criminels entre patrons et travailleurs sans papiers, NdT] et - comme on le sait - d'une manifestation nationale qui a rassemblé plus de deux cent mille personnes - une analogie singulière avec aujourd'hui - et a inauguré le mouvement antiraciste italien.

 

Septembre 1989 : première grève de migrants contre le caporalato en Italie au nom de Jerry Masslo. Photo Cgil Campania