Dans les années 1980, la CIA
a financé Reza Pahlavi. Il entretient également des relations
de longue date avec le lobby israélien aux USA. Il
a rencontré Sheldon
Adelson, l’homme qui a suggéré que les USA attaquent l’Iran avec des bombes
nucléaires, et a pris la parole à l’Institut
Hudson, à l’Institut
de Washington pour la politique du Proche-Orient, au Sommet israélo-américain
et dans d’autres organismes pro-israéliens. Pahlavi a
également appelé Israël - ce même pays qui mène des guerres brutales à Gaza
et au Liban depuis un an -à aider la « cause de la démocratie » en Iran.
Les nouveaux efforts pour
soutenir Pahlavi ont
commencé immédiatement après l’élection de Donald Trump en novembre 2016,
avant même qu’il ne prenne officiellement ses fonctions, mais les
manifestations à grande échelle qui ont eu lieu en Iran en septembre-décembre
2022 à la suite de la mort de Mahsa Amini, la jeune femme décédée alors qu’elle
était détenue par les forces de sécurité, ont fourni une nouvelle occasion de
présenter le Chalabi iranien comme le « prochain dirigeant » de l’Iran. Parmi
les proches conseillers de Pahlavi figurent Amir Taheri, Amir Etemadi et Saeed
Ghasseminejad, tous partisans d’Israël.
Taheri, 82 ans, « journaliste
», est président de Gatestone,
Europe, institution islamophobe de droite, qui a menti sur l’Iran à de
multiples reprises, dans le but de provoquer une réaction brutale contre ce
pays. Par exemple, en mai 2006, le National Post, journal canadien de
droite, a publié un article de Taheri dans lequel il affirmait que le Majlis
[parlement iranien] avait adopté une loi qui « envisage des codes
vestimentaires distincts pour les minorités religieuses, les chrétiens, les
juifs et les zoroastriens, qui devront adopter des couleurs distinctes pour
être identifiables en public ». Ces propos ont été rapidement réfutés
par de nombreuses personnes, comme Maurice
Motamed, qui était à l’époque le membre juif du Majlis. Le National Post a retiré
l’article et s’est excusé de l’avoir publié, mais Taheri ne l’a pas fait.
Taheri a également accusé l’ancien
ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, de faire partie
des étudiants qui ont pris d’assaut l’ambassade des USA à Téhéran en novembre
1979, alors qu’à l’époque, Zarif était étudiant à l’université d’État de San
Francisco. Juste après la signature de l’accord nucléaire avec l’Iran,
officiellement connu sous le nom de Plan global d’action conjoint (JCPOA), en
juillet 2015, Taheri a affirmé : « Akbar Zargarzadeh, 14 ans, a été pendu
à un arbre dans un camp de garçons islamiques après que le mollah du camp l’a
accusé d’être gay et de mériter la mort ». Cette affirmation s’est également
révélée être
un canular.
Si Taheri est trop âgé pour
être un Ahmed Chalabi iranien, Ghasseminejad et Etemadi sont relativement
jeunes et ambitionnent d’être le prochain Chalabi. Etemadi, 43 ans, a cofondé
le petit groupe monarchiste Farashgard
[qui signifie renaissance en persan ancien] en 2018. Ghasseminejad et lui
appartenaient tous deux au soi-disant « Groupe des étudiants libéraux iraniens
», un petit groupe d’ultra-droite composé d’étudiants activistes en Iran, dont
la plupart ont déménagé au Canada et aux USA. Avant l’élection de Trump en 2016, Etemadi a reposté
un gazouillis de Mitt Romney dans lequel il qualifiait Trump de « bidon et de fraude »,
mais dès que Trump a été élu, Etemadi et ses acolytes
monarchistes sont tombés amoureux de sa politique iranienne et ont soutenu
la « politique de pression maximale » de l’administration Trump contre l’Iran,
que l’administration Biden a, plus ou moins, poursuivie. Une source bien
informée à Washington a dit à l’auteur qu’Etemadi est payé par la Foundation
for the Defense of Democracies (FDD),
bien que je n’aie pas pu confirmer cette affirmation de manière indépendante.
La FDD est un lobby israélien, un ardent opposant au JCPOA et un défenseur des
sanctions économiques et même de la guerre contre l’Iran
Ghasseminejad est aujourd’hui
chercheur principal à la FDD. Il s’est fait le champion du « nettoyage des rues
des bêtes islamistes » et s’inquiète d’une « apocalypse
chiite » imminente alimentée par l’Iran. Mais ce qui est plus important que
ce titre, c’est le travail de Ghasseminejad au nom de la « fausse
opposition » iranienne, un assortiment flou d’activistes réactionnaires qui
soutiennent les sanctions économiques et la pression militaire contre l’Iran,
mais dont la politique contraste fortement avec les groupes de la « vraie
opposition » en Iran et leurs partisans dans la diaspora, qui se compose d’une
large coalition de syndicats de travailleurs et d’enseignants, de groupes de
défense des droits humains, de droits des femmes et d’activistes sociaux, de
réformistes radicaux, de nationalistes, de gauchistes laïques et de nationalistes
religieux.
Ghasseminejad était étudiant
en génie civil à l’université de Téhéran, qui - à l’exception de la période du
gouvernement éphémère du Premier ministre Mohammad Mosaddegh en 1951-1953 - a
toujours été un foyer d’activités antigouvernementales. En 2002, Ghasseminejad
et Etemadi ont publié un bulletin d’information étudiant intitulé Farda
[« demain »] dans lequel ils prônaient le « libéralisme », c’est-à-dire des
aventures militaires du type de celles envisagées par les néoconservateurs
partisans d’une « intervention libérale » afin de répandre la « démocratie »
par la force. Ghasseminejad a soutenu l’invasion usaméricaine de l’Irak en 2003
et, dans un
article intitulé « Pourquoi les USA attaqueront l’Iran », il a
implicitement préconisé des attaques militaires contre son pays natal.
En juin 2003, après des
manifestations sporadiques contre le gouvernement à Téhéran, Ghasseminejad a
été brièvement détenu. Lors d’une conférence de presse tenue après sa
libération, il
s’est excusé auprès du leader suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei,
a promis d’être « un bon citoyen » et a mis fin à ses activités politiques.
Deux ans plus tard, au printemps 2005, Ghasseminejad et un petit groupe d’autres
étudiants ont commencé à publier une autre lettre d’information appelée Talangar
[en gros, « appel au réveil »], qui se concentrait sur la critique des
étudiants de gauche et des lettres d’information qu’ils publiaient.
Bien qu’il ait exprimé son «
amour » pour la démocratie et les droits humains, qu’il se soit présenté comme
un « libéral classique
» et qu’il ait travaillé pour une fondation qui « défend » les démocraties,
Ghasseminejad s’est à plusieurs reprises rallié à l’autoritarisme. Dans un
article intitulé « Qu’apprenons-nous de Lénine », publié dans Talangar, il a exprimé
son admiration pour Vladimir Lénine et son concept de « centralisme
démocratique ». Il
a qualifié Augusto Pinochet, le dictateur chilien, de « cher [dirigeant]
disparu qui a sauvé le Chili... et qui était bien meilleur que Salvador Allende
», le président socialiste chilien qui, comme Mohammad Mosaddegh en 1953, a été
renversé par un coup d’État soutenu par la CIA en 1973.
Ghasseminejad s’est également
prononcé en faveur du massacre des Égyptiens lors des manifestations qui ont
suivi le coup d’État d’Abdel Fattah el-Sissi en 2013, en écrivant sur sa page Facebook:
« J’ai pensé que je devais venir sur Facebook et exprimer mon appréciation pour
l’armée égyptienne qui a nettoyé les rues des fondamentalistes islamiques
criminels. » Il a ajouté : « En fait, la bonne question n’est pas de savoir
pourquoi l’armée égyptienne nettoie l’Égypte des bêtes islamistes, mais plutôt
pourquoi l’armée iranienne a permis aux islamistes de prendre le contrôle de
notre pays » pendant la révolution iranienne, alors qu’au moins 3 000 personnes
ont été assassinées par l’armée du Shah pendant la révolution de 1979.
J’ai beaucoup écrit
sur Ghasseminejad. Dans sa jeunesse, il était opposé à la monarchie en
Iran, qualifiant Mohammad Reza Shah de « dictateur insensé »,
mais, comme tous les opportunistes monarchistes, lui, Etemadi, Taheri et
Farashgard soutiennent tous Reza Pahlavi et le retour de la dictature
monarchique en Iran, ainsi qu’Israël.
Taheri est un monarchiste si ardent qu’à un moment donné, il a exprimé le
souhait de lécher
les bottes de Mohammad Reza Shah.
Le point le plus important
concernant ces aspirants Chalabi est qu’eux et leurs partisans ne disposent pas
d’une base sociale de soutien significative en Iran. Reza Pahlavi n’a jamais
osé appeler le peuple iranien à lui manifester son soutien en Iran par le biais
d’une manifestation ouverte, et lorsqu’en décembre 2018 et janvier 2019, le monarchiste
Farashgard a appelé à de telles
manifestations, personne ne s’est présenté. Même dans la diaspora, une grande
majorité d’Iraniens, tout en s’opposant aux religieux en Iran, méprisent les
sanctions économiques, les menaces militaires et le soutien des monarchistes à
la guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahou contre l’Iran. En Iran, l’hostilité
entre Netanyahou et les monarchistes iraniens a transformé les Iraniens
généralement favorables à l’Occident en de fervents opposants à Israël.
Les monarchistes savent que l’absence
d’une base sociale significative en Iran implique qu’ils ne reviendront jamais
au pouvoir par le biais d’un mouvement social ou d’une révolution dans le pays.
Leur seul espoir réside donc dans une intervention étrangère en Iran, raison
pour laquelle ils prônent toujours la guerre et les sanctions économiques et soutiennent
Israël. C’est pourquoi, après les grandes manifestations qui ont eu lieu en
Iran en 2022, Etemadi et Ghasseminejad ont convaincu Reza Pahlavi qu’il devait
faire connaître son alliance avec Israël et l’ont incité à s’y rendre.
Accompagné de deux hommes, Pahlavi se
rend en Israël en juin 2023 et rencontre Netanyahou
et le président israélien Isaac
Herzog. Pendant son séjour, Pahlavi a rencontré toutes sortes de groupes
sociaux et religieux, à l’exception des Palestiniens et des musulmans.
Après l’attaque de l’Iran
contre Israël la semaine dernière, les spéculations sur la réponse possible d’Israël
à cette attaque vont bon train. Ici aussi, les Chalabi monarchistes ne sont pas
seulement des alliés d’Israël, mais certains d’entre eux participent activement
à la planification du bombardement de l’Iran par Israël. Interrogé sur la
manière dont Israël décide où bombarder en Iran lors d’une interview avec Erin
Burnett de CNN, le lieutenant-colonel (Re.) Jonathan Conricus, ancien
porte-parole de Tsahal et actuellement chercheur principal à la FDD, a répondu que les sites
potentiels sont étudiés et analysés par les experts de la FDD, dont Ghasseminejad, Behnam Ben Taleblu -
un autre « chercheur principal » iranien - et Andrea Stricker, chercheuse
anti-iranienne à la FDD, experte en
prolifération nucléaire. En d’autres termes, les Chalabi iraniens empruntent la
même voie que celle empruntée par les Irakiens.
Mais, contrairement à l’Irak
où le nationalisme sous le régime de Saddam Hussein était faible, puisque ce
dernier avait toujours prôné le panarabisme, les Iraniens sont farouchement
nationalistes et ne pardonneront jamais aux renégats tels que ces aspirants Chalabi.
Ceux-ci doivent également se rappeler le sort des Chalabi irakiens : une fois
que les USA ont atteint leur objectif d’envahir et d’occuper l’Irak avec l’aide
des mensonges et des exagérations de Chalabi, celui-ci a été jeté sans
cérémonie comme une vieille serpillère : il n’a jamais accédé au pouvoir et est mort
dans l’infamie.
BONUS
TLAXCALA
Trombinoscope
chalabiesque