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17/01/2024

OMER BENJAKOB
Israël a acheté un système d’influence de masse en ligne pour “contrer l’antisémitisme et le déni des atrocités du Hamas”

Omer Benjakob, Haaretz, 16/1/2024
Traduit par Tlaxcala

 Montage d’Aron Ehrlich à partir de photos de Miriam Elster, Gil Cohen-Magen/AFP, X.

Israël a réagi à sa « défaite évidente » face au Hamas sur le champ de bataille numérique en achetant pour la première fois un système technologique capable de mener des campagnes d’influence de masse en ligne, selon de nombreuses sources ayant connaissance du dossier.

Le système peut, entre autres, créer automatiquement des contenus adaptés à des publics spécifiques. Cette technologie a été achetée dans le cadre d’une tentative plus large des organismes israéliens, tant civils que militaires, de remédier à ce que certaines sources ont qualifié « ’ « échec de la diplomatie publique d’Israël » à la suite du massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre et de la guerre qui s’en est suivie.

Selon huit sources différentes actives dans les domaines du renseignement, de la technologie, de l’influence en ligne et de la diplomatie publique, Israël était mal équipé pour faire face à la guerre des médias sociaux qui a éclaté le samedi noir. Il en est résulté une « crise de crédibilité » qui, du point de vue de Jérusalem, a entravé la capacité des forces de défense israéliennes à agir contre le Hamas sur le champ de bataille réel.

Bien qu’il ait été initialement conçu en termes militaires comme une solution aux besoins en matière de renseignement et de guerre psychologique, des sources indiquent que le système est actuellement exploité par un bureau gouvernemental. La raison en est que l’establishment de la défense s’inquiète de l’exploitation d’une technologie « politique ».

Selon des sources bien informées sur les efforts de diplomatie publique d’Israël - la « hasbara »,
comme on l’appelle en hébreu - le système est destiné à contrer ce qu’elles et les chercheurs appellent une « machine à haine » en ligne bien huilée qui diffuse systématiquement de la désinformation anti-israélienne et pro-Hamas, des informations erronées, le négationnisme du 7 octobre, ainsi que des contenus ouvertement antisémites.

Ces messages ont été soutenus par des campagnes technologiques menées par des forces iraniennes et même russes. Selon certaines sources, ces campagnes ont non seulement sapé les efforts déployés par Israël pour rendre compte des atrocités commises par le Hamas, mais elles ont également porté atteinte à la logique de la guerre et à la crédibilité du porte-parole de Tsahal, en particulier auprès des jeunes Occidentaux.

Ce n’est que lundi que le Shin Bet israélien a révélé que l’Iran exploitait au moins quatre faux canaux sur les médias sociaux israéliens dans le cadre de sa guerre psychologique et de ses opérations d’influence visant Israël. Parmi eux, un faux réseau en ligne révélé précédemment par Haaretz, qui a également contribué à amplifier les vidéos du Hamas sur l’attaque du 7 octobre et qui a depuis travaillé à provoquer le public israélien sur des questions liées à la guerre.

La première campagne est déjà lancée. Elle n’a cependant rien à voir avec la guerre et se concentre plutôt sur l’antisémitisme.

Israël, par l’intermédiaire du bureau du Premier ministre, qui contrôle la direction de la diplomatie publique et d’autres organismes, a rejeté toutes les affirmations contenues dans cet article.

Le front PsyOp

La première heure de la guerre a révélé à quel point l’establishment de la défense israélien était désespérément mal préparé à gérer les plateformes de médias sociaux comme Instagram et TikTok, et même les applications de messagerie comme Telegram, car l’internet (et la société israélienne) a été inondé de vidéos filmées par le Hamas documentant ses propres atrocités.

Les travailleurs et les entreprises israéliens du secteur des hautes technologies se sont immédiatement mobilisés pour combler le vide : Dans le cadre d’une « salle de guerre » bénévole, des technologies de cartographie des plateformes de médias sociaux ou même des capacités de reconnaissance faciale ont été développées non pas pour influencer, mais pour aider à identifier les terroristes et à retrouver les otages, pour ne citer que deux exemples.

Cependant, avec le temps et l’intensification de la guerre, ces capacités passives se sont avérées ne représenter que la moitié de la bataille : Israël avait également des besoins actifs et n’avait pas la capacité de diffuser des informations. Selon certaines sources, l’establishment de la défense, et plus particulièrement la communauté du renseignement, a découvert qu’il existait un « besoin national urgent » d’influence pour contrer la guerre de l’information du Hamas, dans un contexte de destruction et de mort généralisées à Gaza.

L’objectif était de contrer ce que les sources ont qualifié d’efforts non authentiques pour délégitimer Israël en ligne : des actions de mauvaise foi qui, selon les chercheurs, ont également bénéficié d’un soutien algorithmique de la part des plateformes de médias sociaux.

Depuis le début de la guerre, il y a 100 jours, le Hamas a mené une campagne de communication publique extrêmement réussie, que des sources décrivent comme une
« PsyOp », c’est-à-dire une opération d’influence « psychologique ». Outre les terroristes qui ont infiltré les communautés israéliennes le 7 octobre, le Hamas a également amené des « reporters » [guillemets de l’auteur, NdT] pour diffuser des émissions en direct depuis les kibboutzim.

Depuis lors, des canaux de communication semi-officiels - dont le plus performant est Gaza Now, qui compte des millions d’abonnés sur Telegram [1 898 890 au 17/1/2024, NdT] - sont devenus la principale source d’informations en provenance de Gaza, documentant les attaques israéliennes depuis le terrain.

L’unité du porte-parole des FDI s’est avérée limitée dans sa capacité à contrer activement ce flux apparemment sans fin de documents visuels diffusés par le Hamas et ses mandataires. En outre, au fil du temps, les Israéliens ont constaté que ces efforts de propagande étaient également amplifiés sur les médias sociaux par divers utilisateurs pro-palestiniens, dont beaucoup agissaient de bonne foi.

Les fonctionnaires israéliens et les chercheurs spécialisés dans les médias sociaux soulignent la distinction entre trois formes de contenu en ligne à cet égard :

1. Les messages anti-israéliens exprimant un soutien politique aux Palestiniens et s’opposant au comportement d’Israël, qui relèvent de la liberté d’expression ;

2. Les contenus faux, trompeurs ou haineux qui vont à l’encontre des politiques internes de confiance et de sécurité des médias sociaux et qui peuvent être supprimés par les équipes de modération s’ils sont signalés ;

3. Les contenus violents, graphiques et pro-terroristes qui sont considérés comme illégaux et peuvent être retirés à la suite d’une demande officielle du ministère israélien de la Justice.

Des volontaires civils israéliens ont tenté de défendre la cause d’Israël en ligne et de signaler les messages qui enfreignent les règles des plate-formes. En théorie, le ministère des Affaires étrangères et la Direction de la diplomatie publique sont censés contribuer aux efforts officiels de hasbara. Cependant, malgré des années de financement généreux et de prestige, qui, selon certains, ont engendré un excès de confiance, ces organismes sont arrivés tardivement dans le jeu et, selon certaines sources, ont été jugés peu pertinents pour répondre aux nouveaux besoins de l’establishment de la défense.

Ne s’attendant pas à bénéficier d’un soutien massif en ligne, les responsables israéliens affirment que le soutien populaire plus large à la cause palestinienne a été détourné avec succès par le Hamas pour affaiblir la position d’Israël d’une manière sans précédent. Les autorités israéliennes affirment que l’ampleur du contenu produit par le Hamas et ses affiliés, ainsi que sa portée organique - en particulier parmi les jeunes Occidentaux - ont pris Israël au dépourvu.

Soutenues par des algorithmes connus depuis longtemps pour donner la priorité aux contenus polarisants, les vidéos de propagande du Hamas et les points de discussion sont devenus viraux encore et encore : Les diffamations scandaleuses à l’encontre de Tsahal et les tentatives infâmes de justifier le déni des crimes du Hamas contre les civils israéliens se sont rapidement transformées en attaques systématiques contre la crédibilité de l’armée [sic].

Malgré les efforts israéliens, notamment les tentatives civiles et officielles de cartographier et de signaler ces contenus, et même les contacts personnels entre les dirigeants locaux du secteur des hautes technologies et les responsables des médias sociaux à l’étranger, un déluge de faux contenus graphiques, violents ou antisémites a inondé l’internet au cours des deux premiers mois et demi de la guerre.

Selon certains chercheurs, environ 30 % des contenus considérés comme les plus graphiques, les plus violents et les plus illégaux restent en ligne.

L’antisémitisme et l’incitation à la haine contre les juifs sont devenus un autre problème majeur en ligne, ont noté les chercheurs et les fonctionnaires - une autre ramification de la façon dont la guerre a pris Israël au dépourvu.

« Il ne s’agit même pas de notre droit à réagir aux événements du 7 octobre comme nous l’avons fait en tant qu’armée, ni même de lutter activement contre le négationnisme en matière de viol ou de contrer des informations manifestement fausses », a expliqué un ancien haut responsable des services de renseignement. « Il s’agit d’une bataille sur la légitimité même d’Israël à exister en tant qu’État doté d’une armée. En ce sens, le Hamas a déjà gagné ».

Une leçon de Ben Laden

Au fil des semaines, les responsables de la défense se sont rendu compte qu’Israël n’avait aucun moyen de répondre activement aux efforts en ligne du Hamas.

« La Hasbara est une chose - c’est quand j’explique pourquoi mon camp est bon et l’autre mauvais. Mais l’influence, c’est autre chose : il s’agit de notre capacité à créer une perception ou une conception qui sert mes intérêts en tant qu’État. L’influence est la capacité à déplacer ou à faire basculer quelqu’un, à le faire passer d’un point A à un point B », explique un ancien haut fonctionnaire de la communauté israélienne du renseignement.

Selon eux et d’autres personnes qui ont parlé à Haaretz, « Israël a été pris complètement au dépourvu le 7 octobre à cet égard ». Les unités de guerre psychologique existantes se concentraient presque exclusivement sur l’arabe et le farsi et n’étaient pas adaptées à cette guerre particulière.

Alors que le Hamas a inondé les médias sociaux d’images brutes et graphiques des combats, les FDI ont répondu par des modèles 3D complexes et des infographies très élaborées montrant l’infrastructure terroriste située sous le site. Au lieu de donner du crédit aux affirmations de l’armée, elles n’ont fait qu’alimenter les accusations de manipulation.

Le premier incident qui a contribué à souligner ce problème a été l’explosion du 17 octobre à l’hôpital Al Ahli Arab dans la ville de Gaza, dans laquelle le ministère de la Santé, contrôlé par le Hamas, a immédiatement déclaré que 500 personnes avaient été tuées. L’attaque a été attribuée à une frappe aérienne israélienne, ce que les FDI ont immédiatement réfuté, diffusant pendant des jours des enregistrements audio et vidéo suggérant qu’il s’agissait d’une roquette palestinienne défectueuse. L’incident est devenu l’une des plus grandes batailles de diplomatie publique de la première phase de la guerre, déclenchant des émeutes dans le monde musulman.

Une semaine plus tard, lorsque des groupes de défense des droits humains ont confirmé qu’une roquette palestinienne mal tirée était vraisemblablement à l’origine du problème, le mal était déjà fait et le scepticisme à l’égard du récit israélien et des responsables des forces de défense israéliennes n’a fait que croître.

Les hôpitaux de Gaza et l’utilisation qu’en fait le Hamas allaient devenir un point de ralliement essentiel pour les efforts d’influence d’Israël - preuve que le Hamas est actif au plus profond des centres civils et un signe clair qu’il utilise des habitants innocents de Gaza comme boucliers humains.

La bataille physique autour de l’hôpital Al-Shifa, également dans la ville de Gaza, a coïncidé avec une autre bataille numérique. Alors que le Hamas a inondé les médias sociaux d’images brutes et graphiques des combats, les FDI ont répondu par des modèles 3D complexes et des infographies très élaborées montrant l’infrastructure terroriste située sous le site. Au lieu de donner du crédit aux affirmations de l’armée, elles n’ont fait qu’alimenter les accusations de manipulation. 

Le « QG terroriste du Hamas » sous l’hôpital Al Shifa, selon une « infographie » qui a provoqué un éclat de rire mondial

Plus les forces israéliennes pénétraient dans les tunnels et les bunkers du Hamas situés sous l’hôpital principal de Gaza, moins ce récit semblait s’imposer dans la perception internationale de la guerre.

« Une lacune majeure a été révélée en termes de capacité à mener une campagne d’influence vis-à-vis de missions spécifiques : l’objectif était de donner à Israël le temps d’agir et de montrer autant que possible les véritables atrocités commises par le Hamas - mais nous n’avions tout simplement pas les moyens nécessaires », déclare un autre ancien responsable des services de renseignement à propos du premier mois de la guerre.

Et puis Oussama ben Laden est réapparu - du moins, en ligne. Le moment décisif pour qu’Israël comprenne l’ampleur du problème est arrivé lorsque la tristement célèbre « Lettre à l’Amérique » du fondateur d’Al-Qaida, datant de 2002, est soudainement devenue virale sur TikTok à la mi-novembre. Dans cette lettre, il justifie les attentats du 11 septembre comme une punition pour le soutien des USA à Israël, tout en utilisant un langage explicitement antisémite et éliminationniste [sic].

Lorsqu’il est devenu évident que les efforts officiels d’Israël en matière de hasbara n’avaient que peu d’effet et qu’Israël avait pratiquement perdu la bataille de l’opinion publique, une course à l’armement pour les ressources numériques s’est engagée pour aider à diffuser des informations et du contenu parallèlement au porte-parole de Tsahal afin de contrer les opérations en ligne du Hamas.

« Tout le monde a reçu des appels, c’était fou », déclare une source active dans les campagnes d’influence politique. « C’était également stupide. Il faut du temps pour mettre en place une bonne opération : on ne peut pas agir comme on le ferait dans une campagne de marketing ».

Les responsables ont contacté des entreprises locales et des prestataires de services actifs à l’étranger, leur proposant de les aider volontairement en publiant en ligne des documents recueillis à partir de caméras de sécurité dans les communautés israéliennes et de caméras GoPro portées par des militants du Hamas, qui ont permis de documenter le massacre du 7 octobre.

Plus tard, certaines de ces vidéos ont effectivement été divulguées en ligne, aux côtés de vidéos filmées par des soldats de l’armée israélienne combattant dans la bande de Gaza. Le mois dernier, Haaretz a révélé que le Département d’influence de la Direction des opérations des FDI, qui est responsable des opérations de guerre psychologique contre l’ennemi et les publics étrangers, gère une chaîne Telegram non attribuée appelée « 72 Virgins – Uncensored » (72 vierges - non censuré). Cette chaîne montre les corps de terroristes du Hamas en promettant de « briser les fantasmes des terroristes ».

South First Responders, un autre groupe Telegram actif en anglais [85 357 abonnés, et quelques centaines en arabe, français et russe, NdT], a également publié des vidéos exclusives de l’attaque du Hamas. La chaîne semble également être la première à publier des vidéos de l’exécution de Joshua Mollel, un ressortissant tanzanien tué lors de l’attaque du Hamas.

La famille de Mollel a été informée de son décès trois jours avant la diffusion des vidéos montrant son assassinat. Elle a été invitée à se rendre en Israël pour voir les preuves, mais entre-temps, des vidéos de son enlèvement et de son meurtre sont apparues « en exclusivité » sur la page, puis sur des comptes de médias sociaux israéliens, y compris du ministère des Affaires étrangères. Elles ont été publiées avec le hashtag « Black lives don’t matter » pour le Hamas. Le père de Mollel a déclaré à Haaretz que leur publication avait porté préjudice à sa famille.

« Du point de vue d’Israël, il s’agissait de diluer la valeur des vidéos diffusées par le Hamas et de permettre à Israël de publier son propre contenu sur le terrain », a expliqué l’une des sources.

Le système est destiné à contrer ce que les chercheurs et eux-mêmes ont appelé une « machine à haine » en ligne bien huilée qui diffuse systématiquement de la désinformation anti-israélienne et pro-Hamas.

Le paradoxe de la hasbara

La question posait un défi de taille du point de vue d’Israël : le Hamas avait réussi à utiliser non seulement la mort et la destruction bien réelles à Gaza, en exploitant la crise humanitaire pour gagner les cœurs et les esprits, mais aussi à utiliser des armes de désinformation contre Israël : le négationnisme du viol, les fausses affirmations concernant le nombre de morts israéliens ou le rôle des tirs amis des FDI dans les pertes civiles au festival de musique Nova, et d’autres encore, ont tous réussi à s’enraciner en dépit du fait qu’ils étaient faux [sic] et malgré les tentatives répétées de les démystifier.

Selon des informations obtenues par Haaretz, quelques semaines après le début de la guerre, Israël a mis en place un « forum de la hasbara » qui se réunit chaque semaine et qui comprend des agences gouvernementales, des bureaux et des ministères, ainsi que des organismes militaires, de défense et de renseignement - dont Tsahal, le service de sécurité Shin Bet et le Conseil national de sécurité -, des entreprises technologiques, des initiatives civiles de bénévolat et même des organisations juives.

Des fonctionnaires de différents organismes, dont la Direction de la diplomatie publique et le ministère des Affaires de la diaspora, chargés de lutter contre l’antisémitisme à l’encontre de la communauté juive mondiale, se sont entretenus avec différentes entreprises et fournisseurs de technologie actifs dans diverses campagnes de masse en ligne. Les ressources sont une chose, explique une source de renseignements, mais il faut aussi un système pour les gérer.

Les systèmes d’influence de masse peuvent souvent causer des ennuis à leurs opérateurs, et leur exposition publique peut gravement nuire à la crédibilité de leurs clients. Chaque trimestre, des plateformes de médias sociaux comme Meta révèlent de telles opérations et sapent leur capacité à continuer à fonctionner efficacement.

L’une des sources a expliqué le dilemme que pose l’achat d’une telle technologie du point de vue d’un organisme de défense : « D’une part, vous voulez que l’échelle vous permette d’amplifier efficacement votre message principal. D’autre part, la sécurité opérationnelle est essentielle ».

Selon d’autres enquêtes publiées dans le passé, le fonctionnement d’un tel système nécessite également une certaine infrastructure.

Israël a donc décidé d’acheter une technologie existante plutôt que de prendre le risque d’en développer une de manière indépendante. Un certain nombre d’outils et de programmes civils développés pour les campagnes commerciales et politiques ont été achetés : un système de cartographie des audiences en ligne, un système capable de créer automatiquement des sites web, entre autres, ainsi que des contenus adaptés à des audiences spécifiques, un système de surveillance des médias sociaux et des plateformes de messagerie, et d’autres encore. Israël espérait ainsi lancer des campagnes qui feraient progresser le message principal d’Israël et amélioreraient la perception globale.

Un système d’influence de masse en ligne a été révélé l’année dernière dans le cadre de l’enquête sur la « Team Jorge » menée par TheMarker et Haaretz, et publiée au niveau international dans le cadre du projet « Story Killers » initié par Forbidden Stories. Dans cette affaire, un groupe d’Israéliens vendait à des clients privés des services de désinformation et d’ingérence électorale, dont certains comprenaient l’utilisation d’un logiciel inédit pour les campagnes d’influence en ligne.

Les sources soulignent que ce n’est pas le cas d’Israël aujourd’hui. Alors que ces campagnes étaient politiques, agissaient de mauvaise foi et utilisaient de fausses informations pour tromper les gens, l’objectif ici est d’amplifier les vraies informations [sic] face à la désinformation bénéficiant d’un soutien non authentique.

Tout au long de ce processus, les sources affirment que les risques liés à l’achat ou à l’exploitation d’un tel système étaient clairs, tant pour les responsables civils que pour ceux de la défense. Ces risques s’accompagnaient également de craintes d’ingérence politique de la part du cabinet du Premier ministre qui, outre la Direction de la diplomatie publique, supervise également d’autres organismes ayant examiné la possibilité d’acheter des technologies d’influence. La télévision israélienne a rapporté le mois dernier qu’un « organe de sécurité important » censé diriger les opérations d’influence d’Israël s’est inquiété d’une éventuelle utilisation abusive ou d’interventions politiques.

En fin de compte, les systèmes sélectionnés ont été achetés par des intermédiaires. Selon des sources qui ont parlé à Haaretz, il a également été décidé qu’un ministère gouvernemental, et non un organisme de défense, serait chargé de l’utilisation du système.

Outre le ministère des Affaires de la diaspora et la Direction de la diplomatie publique, le ministère des Affaires étrangères et même le ministère des Affaires stratégiques, qui a été créé pour lutter contre les efforts de délégitimation - dont le plus célèbre est le projet d’influence anti-BDS Kela Shlomo (La fronde de Salomon), qui a échoué - s’occupent tous théoriquement de la hasbara.

La première campagne créée par le système est déjà en ligne. Cette campagne n’est pas en hébreu et ne porte pas du tout sur la guerre, mais plutôt sur l’antisémitisme et la lutte contre les récits antisionistes.

Le bureau du Premier ministre a démenti le rapport et a déclaré en réponse : « Israël mène ouvertement ses importants efforts de hasbara au niveau international ». Les affirmations soulevées dans ce rapport, a déclaré un porte-parole, « nous sont totalement inconnues et n’ont jamais eu lieu ».

Le ministère israélien des Affaires de la diaspora a déclaré qu’il finançait certaines campagnes civiles, mais, comme la Direction de la diplomatie publique, il a nié l’utilisation d’un tel système.

Néanmoins, des sources continuent d’exprimer leur inquiétude à ce sujet. On ignore quel organisme israélien supervisera l’utilisation du système au fil du temps, et ce qu’il adviendra finalement de ce système et des diverses ressources numériques achetées ou créées pendant la guerre.

« L’influence est devenue une question stratégique, mais elle n’a pas encore été prise en compte - ni au niveau national, ni au niveau militaire, ni même parmi les volontaires civils », a déclaré une source bien informée. « Tout le monde doit être synchronisé, mais au lieu d’une seule voix, nous avons trois voix différentes qui tirent dans des directions différentes », a-t-elle ajouté, déplorant le triple désordre des ministères dirigés par des politiciens, des organismes de défense et des initiatives privées de citoyens et d’entreprises technologiques.

« Les premières semaines de la guerre ont été chaotiques : les organes gouvernementaux se sont chamaillés entre eux pour des questions de crédit et de territoire. Les civils, en particulier les travailleurs des entreprises de haute technologie et de relations publiques actifs dans les “salles de guerre volontaires”, les ont vraiment couverts. »

Après des mois d’efforts bénévoles, y compris l’investissement massif de ressources par des entreprises locales de technologie et de publicité, le ministère des Affaires de la diaspora a, selon certaines sources, finalement commencé à financer des projets civils et l’effort bénévole est en train de se réduire, la Direction de la diplomatie publique intervenant pour tenter de synchroniser tous les projets non militaires.

« C’est comme si Israël avait découvert l’internet pour la première fois ce samedi d’octobre », explique une source des services de renseignement. « Israël n’a jamais vraiment considéré qu’il s’agissait d’un domaine dans lequel il devait être actif. Cela prend du temps. Mais il n’y a pas de planification à long terme, tout comme pour l’éducation : aucun investissement. »


 

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Plusieurs « détails » dans le récit construit par la machine de propagande de guerre sioniste après le 7 octobre et visant à justifier l’énorme disproportion entre l’action (l’attaque palestinienne) et la réaction (le massacre à grande échelle de tout être humain dans les zones bombardée), avaient de quoi faire tiquer toute personne douée d’un minimum de bon sens et de sang-froid.

Il y a eu d’abord les bébés juifs décapités (ou égorgés). Faux. Les personnes ayant un minimum de mémoire se sont rappelé les fameux bébés prématurés dans les couveuses koweïtiennes soi-disant débranchées par les soldats irakiens. Le « témoignage » d’une fille d’ambassadeur à Washington, concocté par une boîte de com, avait fini dans les poubelles de l’histoire.

Il y a eu ensuite les jeunes participants à la rave party massacrés sans discrimination par les monstrueux barbus. Il s’est ensuite avéré qu’une bonne partie d’entre eux et elles avaient été abattus par des tirs indiscriminés d’hélicoptères israéliens.

Femmes de l’organisation terroriste Haganah, années 1940. Photo Zoltan Kluger

Et maintenant, les femmes juives violées par les horribles terroristes. Dans toutes les guerres, dans tous les conflits que j’ai pu suivre depuis 50 ans, je n’avais jamais entendu parler de femmes violées par des combattants musulmans, ou islamistes. En Bosnie, ce furent les tchetniks serbes qui violèrent des femmes bosniaques musulmanes, au point que les autorités religieuses bosniaques émirent une fatwa disant que l’avortement, dans ce cas, était halal. Il y a eu des phénomènes similaires en Tchétchénie, de la part des soldats russes, ou au Cachemire, de la part des soldats indiens. Revenons à Gaza : croyez-vous qu’un combattant ultra-stressé pris dans des échanges de tirs, lourdement chargé, sachant qu’il risque la mort à chaque seconde, va avoir ne serait-ce que l’idée de violer une femme israélienne juive tremblante de peur ?

Il y a quelques semaines, une jeune écrivaine palestinienne qui devait recevoir un prix à Francfort pour son roman, s’est vu envoyer paître au dernier moment. Motif : son roman « donnait une image unilatérale de l’armée israélienne, la présentant comme une armée de tueurs et de violeurs ». Le roman raconte l’histoire d’une fille bédouine de 14 ans violée par des soldats israéliens durant la Nakba. Les responsables de l’attribution du prix ont annulé la remise suite à une campagne lancée par la Tageszeitung, le quotidien berlinois qui naquit à la suite de Libération et qui a suivi la même pente savonneuse que Libération, même s’il n’est possédé ni par Rotschild ni par Drahi et qu’il n’a pas (encore) un rédac chef israélien, ancien des services de renseignement de l’armée la plus démocratique du monde.

Et nous arrivons au clou de l’affaire. Samantha Peason était jusqu’à ces derniers jours directrice du Centre d'aide aux victimes d'agressions sexuelles de l’Université d’Alberta, à Edmonton, dans le Far West canadien. La pauvre Samantha se retrouve au chômage : elle vient d’être virée de son boulot pour avoir osé signer un appel signé par plus de 2000 personnes et organisations remettant en cause le récit des « viols commis par le Hamas », repris tel quel par le leader du Nouveau Parti Démocratique (social-démocrate) Jameet Singh. Ce qui a fait bondir tous les inconditionnels d’Israël dans l’appel, c’est la qualification de ce récit comme « accusation non vérifiée ». La Fédération juive d’Edmonton a vu là une marque d’antisémitisme.

Au Canada comme ailleurs, il est interdit que qualifier de menteurs les guerriers du Propagandaministerium de Netanyahou and Co. Plus le mensonge est gros, et mieux il passe : « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose », disait Josef Goebbels. Nos Goebbels sont ou se disent juifs. Pour eux, il n’y aura donc pas de Nuremberg.

La pin-up sioniste, un thème récurrent sur la toile, mêlant pornographie, féminisme et bellicisme (catégorie : pornohasbara)