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23/01/2024

ANSHEL PFEFFER
Pourquoi Israël ne parviendra jamais à détruire tous les tunnels du Hamas à Gaza

Anshel Pfeffer, Haaretz, 21/1/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 Les tunnels sous Gaza ont précédé la création du Hamas en 1987 et sa prise de pouvoir en 2007. Aujourd’hui, après des mois d’efforts, l’armée israélienne pourrait être amenée à admettre que la destruction de ces kilomètres de passages souterrains ressemblant à un labyrinthe n’a jamais été une perspective réaliste.

Un soldat israélien sécurise un tunnel sous l’hôpital Al Shifa dans la ville de Gaza, dans la bande de Gaza en novembre. Photo : Ronen Zvulun/Reuters

Les Forces de défense israéliennes ne détruiront pas tous les tunnels du Hamas et du Djihad islamique sous Gaza. Il est probable qu’elles ne détruiront même pas la plupart d’entre eux.

Cette évaluation, qui n’a pas encore été exprimée publiquement, est partagée à tous les niveaux de l’armée israélienne. Des généraux, qui tentent de planifier ce qu’ils appellent une « année de guerre » en 2024, aux commandants de brigade et de bataillon qui passent des semaines entières sur le terrain pour détruire une seule section du système de tunnels, en passant par les troupes de génie de combat, qui commencent maintenant à sortir de Gaza après trois mois de combat avec des sentiments mitigés. D’une part, ils ont effectué un nombre sans précédent de missions de démolition de tunnels. D’autre part, ils savent que de nombreux autres tunnels restent intacts.

Les Forces de défense israéliennes réduisent leurs effectifs dans la ville de Gaza, sachant pertinemment que de nombreux tunnels ont été négligés. Cela ne devrait pas être une surprise. Les tunnels sous la bande de Gaza existaient déjà avant la création du Hamas en 1987 et il semble qu’ils existeront encore après cette guerre.

Divers groupes de résistance ont utilisé des tunnels pour cacher des combattants et des armes dès les premières années de l’occupation israélienne de la bande de Gaza après la guerre des Six Jours en 1967, mais les premiers creusements importants ont eu lieu au début des années 1980. Après la signature des accords de Camp David entre Israël et l’Égypte, les quartiers de Rafah ont été divisés par une frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza, qui est restée sous contrôle israélien.

Haut du formulaire

Bas du formulaiLe président égyptien Anouar el-Sadate, à gauche, serre la main du Premier ministre israélien Menahem Begin sous le regard du président Jimmy Carter (au centre), septembre 1978. Photo : AP

Plusieurs groupes ont creusé les tunnels sous Rafah et les résidents locaux, les tribus bédouines, les gangs criminels et les organisations de résistance ont tous participé à la contrebande qui s’en est suivie, y compris, après 1993, les fonctionnaires de l’Autorité palestinienne. Toutes sortes d’armes et de produits civils ont transité par les tunnels, y compris un lion, qui devait être utilisé comme symbole de statut par l’un des clans de Gaza.

Au cours des premières années du blocus imposé par Israël et l’Égypte après la prise du pouvoir par le Hamas  en 2007, des centaines de tunnels étaient en service. Certains d’entre eux étaient suffisamment larges pour permettre le passage de voitures qui étaient ensuite vendues à Gaza. Vous pouviez commander un repas chez KFC dans la ville égyptienne d’El-Arish, et le poulet était encore chaud lorsqu’il arrivait du côté palestinien. Des milliers d’habitants de Gaza ont investi leurs économies dans des entreprises locales qui proposaient des investissements dans de nouveaux tunnels.

Lors d’une visite de reportage à Rafah, en Égypte, en 2005, les tunnels étaient facilement identifiables. Ils se trouvaient dans les villas et les enceintes murées qui avaient poussé tout autour des bidonvilles des deux côtés de la frontière. Quatre ans plus tard, lors d’une nouvelle visite juste après l’opération « Plomb durci », les villas du côté palestinien avaient été détruites par les frappes aériennes israéliennes et l’armée égyptienne était occupée à démolir celles de son côté.

13/10/2022

ANSHEL PFEFFER
Élections israéliennes : qui bénéficiera de l'accord maritime avec le Liban ?

Anshel Pfeffer, Haaretz, le 12/10/2022
 
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Benjamin Netanyahou dépeint l'accord comme un signe de faiblesse et un acquiescement au Hezbollah, tandis que le Premier ministre Yair Lapid le salue comme une avancée historique. Tous les deux espèrent que cela fera basculer les élections en leur faveur

Dans son adolescence, Amos Hochstein – le diplomate usaméricain qui vient de négocier l'accord maritime entre Israël et le Liban – était un leader dans la branche jeunesse de Meimad. Ce petit parti religieux de gauche s'est présenté aux élections israéliennes de l'époque (1988), mais n'a pas franchi le seuil électoral. Finissant son service militaire au milieu des années 1990, il quitta Israël pour la terre de ses parents, où il devint un acteur influent dans un parti légèrement plus prospère : les Démocrates.

Amos avec Oncle Joe


Oncle Joe avec les 4 enfants d'Amos dans un gazouillis électoral

Maintenant, en tant que conseiller principal pour la sécurité énergétique mondiale au Département d'État, il est une fois de plus impliqué dans une élection israélienne. Cette fois, cependant, il peut avoir un peu plus d'impact.

À moins de trois semaines du jour des élections du 1er novembre, l'accord avec le Liban est devenu étonnamment la principale question pour faire des news politiques. Mais qui est-ce que ça aide ?

D'une part, le passage quasi unanime de l'accord au cabinet de sécurité (Ayelet Shaked s'est abstenue) est un accomplissement pour le Premier ministre Yair Lapid. D'autre part, cela donne à son principal adversaire, Benjamin Netanyahou, une occasion inattendue de l'accuser, lui et ses collègues, de défaitisme passif face aux menaces du Hezbollah de mettre le feu à la Méditerranée si Israël commençait à pomper du gaz naturel du champ offshore de Karich.

Un navire de stockage et de déchargement de production flottant énergétique dans le champ de gaz naturel de Karich en mer Méditerranée le mois dernier. Photo : AFP

L'équipe de Lapid semble satisfaite du timing du deal, annonçant ce qui est essentiellement un compromis commercial comme une percée « historique ». Les réponses grincheuses de ses collègues du cabinet (et de ses rivaux), qui, tout en votant en faveur, ont dit que ce n'était ni historique ni hystérique, n'ont pas terni l’éclat de l'accord pour le leader de Yesh Atid.

En ce qui le concerne, c'est exactement l'image qu'il veut projeter au public israélien : un premier ministre compétent et efficace qui a réussi à conclure l’accord que deux de ses prédécesseurs – Netanyahuo et Naftali Bennett – n'ont pas scellé, conjurant ainsi la perspective d'une nouvelle guerre avec le Hezbollah.

À quel point l’accord est-il bon ? ça dépend bien sûr de votre position politique. Mais le fait que Netanyahou, malgré toutes ses critiques, n'ait pas menacé une seule fois d'abandonner l'accord s'il devenait premier ministre le mois prochain est révélateur. En attendant, l'intérêt de Netanyahou pour l'accord est purement ce qu'il peut lui apporter dans les trois prochaines semaines.

25/07/2022

ANSHEL PFEFFER
Le problème de l'Agence juive en Russie a commencé bien avant la guerre en Ukraine

Anshel Pfeffer, Haaretz, 25/7/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Un président, Isaac Herzog, doit certainement porter une part de responsabilité dans l'expulsion potentielle de l'Agence de Moscou. La question est de savoir si un autre président, Vladimir Poutine, a été impliqué dans cette affaire.

Sur cette photo du 6 décembre 2012, un employé de l'usine de porcs Mizra pose avec une tête de porc dans un entrepôt réfrigéré du kibboutz Mizra, dans le nord d'Israël. La communauté d'immigrés de l'ex-URSS, forte d'un million de personnes, a augmenté la demande des clients pour le porc, un aliment non casher rarement consommé par les Juifs israéliens. Photo Oded Balilty/AP

Les médias israéliens se sont empressés de présenter la décision du gouvernement russe de fermer les opérations de l'Agence juive sur son territoire comme des représailles au soutien apporté par Israël à l'Ukraine. Cette interprétation pose un certain nombre de problèmes.

Premièrement, le soutien d'Israël à l'Ukraine a été au mieux tiède. Israël a refusé toutes les demandes ukrainiennes d'armes, interdisant même aux autres pays de lui fournir leurs propres armes de conception israélienne. Israël ne s'est pas non plus associé aux sanctions occidentales contre la Russie et n'a pas non plus, à quelques exceptions près, critiqué l'invasion de la Russie et ses crimes de guerre en Ukraine.

En outre, les problèmes de l'Agence juive avec la bureaucratie russe ont commencé bien avant l'invasion, il y a cinq mois, et il n'y a aucune raison de supposer qu'elle fait l'objet d'un traitement plus sévère que la plupart des organisations étrangères qui ont été soit fermées, soit sérieusement entravées dans leurs opérations en Russie.

En fait, l'Agence a eu la vie plus facile que la plupart des autres organismes étrangers. Il n'est guère surprenant que la Russie de Vladimir Poutine ne voie pas d’un bon œil toute organisation encourageant les citoyens russes à émigrer.

Dans le dédale des lois et règlements russes, et leur application inégale par les autorités, l'Agence a toujours eu la possibilité de se mettre à dos les fonctionnaires à différents niveaux. En fait, ces choses se sont produites plus d'une fois dans le passé, mais elles ont toujours été résolues discrètement en coulisses. Dans le cas présent, les choses ont échappé à tout contrôle et se sont aggravées en grande partie à cause de l'absence d'une direction professionnelle à l'Agence.

28/01/2022

ANSHEL PFEFFER
Est-ce important de savoir combien de Juifs il y a sur terre ?

Anshel Pfeffer, Haaretz, 27/1/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Il peut sembler contre-intuitif de se demander pourquoi nous avons besoin de compter les Juifs, après qu'un tiers d'entre eux ont  été exterminés lors de l'Holocauste. Mais il existe des raisons éthiques, voire statistiques, cruciales de s'opposer à notre obsession démographique, surtout lorsque c’est Israël qui s’y livre.

Des membres de la communauté juive indienne allument une ménorah érigée à la Gateway of India à Mumbai, en Inde, dans le cadre des célébrations de Hanoukka, la dernière nuit de la fête juive des lumières : AP Photo/Rafiq Maqbool

La Torah, sur son mode bizarre et chaotique, nous donne deux attitudes très différentes pour compter les Juifs.

D'une part, dans le désert, Moïse est averti par Dieu qu'effectuer un recensement est une chose dangereuse et qu'afin de s'assurer « qu'aucune plaie ne vienne sur eux du fait de leur inscription », tous ceux qui sont recensés doivent, selon l'Exode, payer une « rançon » d'un demi-shekel qui ira ensuite dans les coffres du Temple. Il s'agit bien d'un demi-shekel, et non d'un shekel entier, pour rendre le comptage des têtes encore moins direct.

L'obliquité numérique n'était pas seulement un problème pour Moïse. En général, l'idéal, depuis la promesse initiale de Dieu à Abraham, était que ses descendants soient « aussi nombreux que les étoiles du ciel et les sables du bord de la mer », ce qui, selon le récit de la Genèse, signifiait pour son petit-fils Jacob « trop nombreux pour être comptés ».

Une aversion pour le comptage des têtes existe encore aujourd'hui dans le judaïsme traditionnel. Les grands-parents orthodoxes mettent un point d'honneur à ne jamais compter leurs petits-enfants et, à la synagogue, lorsqu'un minyan ou quorum de dix personnes se réunit pour prier, ils ne sont pas comptés par des nombres, mais par un verset spécial de dix mots tiré des Psaumes.

On pourrait donc penser que les Juifs sont contre les recensements, n'est-ce pas ? Cependant, la même Torah enregistre le nombre de membres du peuple d'Israël pendant les 40 ans d'errance dans le désert entre l'Égypte et la Terre promise à cinq ( !) reprises. Ce qui est positivement à la limite de l'obsession.

Les commentateurs rabbiniques, au fil des générations, étaient, bien entendu, conscients de cette divergence et proposent toute une série d'explications. Les personnes recensées n'étaient pas tous les enfants d'Israël, mais seulement les hommes en âge de servir dans l'armée. Si le recensement avait un but précis, comme la répartition des terres dans le pays de Canaan bientôt conquis, il ne s'agissait que d'une mesure temporaire nécessaire pour organiser l'émigration massive des Israélites.

09/11/2021

ANSHEL PFEFFER
Comment la guerre en Éthiopie a déclenché une bataille en Israël

 Anshel Pfeffer, Haaretz, 8/11/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Une ministre israélienne cherche à faire venir en Israël des Éthiopiens dont la judéité n'a pas été confirmée ; d'autres responsables gouvernementaux restent silencieux sur la question, pour des raisons politiques mais pas seulement.

Immigrants d'Éthiopie arrivant en Israël au début de cette année. Photo : Bureau de presse du gouvernement d’Israël

Les forces rebelles sont aux portes d'Addis-Abeba, le gouvernement est au bord de l'effondrement. L'Éthiopie sombre dans le chaos et des milliers de personnes meurent de la famine et de la violence. Des milliers de Juifs éthiopiens sont entassés dans des complexes et attendent avec anxiété depuis des années la nouvelle qu'ils sont autorisés à venir à Sion. En Israël, une clameur s'élève parce que leur vie est en danger. Des avions de transport de l'armée de l'air israélienne se précipitent pour les secourir.

C'est ce qui s'est passé au milieu des années 80 (famine) et en 1991 (rebelles), lorsque les opérations d’évacuation aérienne Moïse et Salomon ont été lancées, amenant la communauté Beita Israel de Juifs éthiopiens en Israël. Alors que la guerre civile en Éthiopie s'intensifie, certains observateurs affirment que l'histoire est sur le point de se répéter, mais les similitudes sont pour l'instant au mieux superficielles.

La ministre de l’alyah et de l'intégration,PninaTamano-Shata, du parti Kahol Lavan (Bleu-Blanc), est l'une des politicien·nes qui tente de faire avaler aux Israéliens la théorie de l'histoire se répète. Lors de la réunion hebdomadaire du cabinet dimanche, elle a exigé une action rapide pour faire venir en Israël des milliers d'Ethiopiens qui prétendent actuellement avoir le droit d'immigrer. Depuis, elle a intensifié ses exigences, menaçant d'une crise de coalition et "avertissant qu'elle ne peut pas être au gouvernement alors que des Juifs éthiopiens sont massacrés", a déclaré une source proche d'elle.

Le ministre des Affaires de la diaspora, Nachman Shai, du parti travailliste, s'est joint aux demandes de Tamano-Shata au sein du cabinet, mais aucun de leurs chefs de parti ne s'y est rallié. Le chef du Kahol Lavan, le ministre de la Défense Benny Gantz, serait opposé à toute action immédiate, tandis que le chef du Parti travailliste, la ministre des Transports Merav Michaeli, n'a pas exprimé d'opinion sur la question. Aucun autre chef de parti ne s'est exprimé et la position officielle du Conseil de sécurité nationale du bureau du Premier ministre est qu'il n'y a aucun danger pour les Éthiopiens qui attendent des réponses sur leur statut d'immigrant israélien.

19/09/2021

ANSHEL PFEFFER
Le nouveau gouvernement israélien veut « rétrécir » l'occupation : rencontrez Micah Goodman, l'homme derrière cette idée

Anshel Pfeffer, Haaretz, 5/9/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Micah Goodman, dont le livre "Catch-67" a fait des vagues en anglais et en hébreu, explique à Haaretz qu'il n'a "aucun contrôle ni pouvoir" sur ce que fait Naftali Bennett. Mais il a une certaine influence

 

Dans l'Israël de Naftali Bennett et Yair Lapid, Goodman est sans doute l'intellectuel public le plus influent du pays. Photo : Ohad Zwigenberg

 
Il y a six ans, Micah Goodman venait de vivre l'un des moments dont il était le plus fier. Son premier livre - sur Maïmonide, déjà un best-seller en hébreu - était enfin sorti en anglais. Il était à New York pour une conférence sur le livre, après quoi les personnes présentes dans le public se sont rassemblées autour de lui pour l'acheter.

« Les USAméricains s'attendent à ce que vous ne signiez pas seulement le livre mais que vous écriviez des dédicaces spécifiques », dit Goodman. «  Je transpire et je deviens rouge -   c'est difficile pour moi. Et puis j'entends une femme qui s'éloigne en disant 'quelle affreuse écriture' ! Et c'est comme ça à chaque fois. C'est une telle leçon d'humilité ».


Au moment où nous nous sommes rencontrés pour cet entretien, Goodman, 47 ans, avait un autre nouveau livre publié en hébreu. Cet ouvrage, qui se traduit par "Attention brisée : comment guérir un monde fracturé par la technologie, est son sixième livre en 11 ans, une production enviable, en particulier pour un auteur qui est également très demandé en tant que conférencier et fondateur d'un réseau de collèges offrant une gamme de programmes d'études pour les jeunes Israéliens après leur service militaire.


Dans ce nouveau livre, qui explore la relation dysfonctionnelle que nous entretenons tous avec nos appareils numériques, Goodman explique dans l'introduction comment la technologie l'a sauvé. À l'âge de 10 ans, on lui a diagnostiqué une dysgraphie sévère, un trouble de l'apprentissage qui altère les capacités d'écriture manuscrite. Pendant la majeure partie de son enfance, cela l'a fortement gêné à l'école, jusqu'à la fin de ses années de lycée, où les PC et les logiciels de traitement de texte lui ont permis de faire une percée.


Ce livre sur notre dépendance excessive à l'égard de nos écrans a été écrit du point de vue de quelqu'un qui n'aurait jamais pu devenir philosophe, éducateur et auteur sans cette technologie.

« J'ai eu l'impression d'être un imposteur pendant des années », se souvient-il. « Lorsque j'ai terminé l'école d'officiers en tant qu'élève exceptionnel, je pensais avoir réussi à tromper tout le monde. Il en a été de même lorsque j'ai rédigé mon doctorat en philosophie de l'histoire sur les écrits de Maïmonide et de Nachmanide en un an et demi, et lorsque mon premier livre a été publié. J'avais peur de ce que les gens allaient penser de moi lorsqu'ils découvriraient que je ne savais pas épeler ».

Je peux témoigner que tout ce que Goodman raconte ici est la vérité. Il a un an de moins que moi et, adolescents, nous vivions dans la même maison pour deux familles à Jérusalem. En grandissant, il était tout sauf doué pour les études. Quand nous étions adolescents, je ne l'ai jamais vu avec un livre.


Mais six ou sept ans après avoir quitté la maison, j'ai été étonné de le voir parler en public ; j'ai dû y regarder à deux fois pour m'assurer qu'il s'agissait bien du même enfant sans prétention que je connaissais. Quelque chose d'extraordinaire s'était déclenché en lui après qu'il eut mis la main sur un clavier.

Vingt-cinq ans plus tard, nous sommes toujours amis et je suis toujours surpris (et un peu jaloux) de sa capacité à écrire un best-seller tous les deux ans, sans parler de son statut soudain d'intellectuel public sans doute le plus influent d'Israël.

La rumeur veut que Goodman soit un conseiller discret de Naftali Bennett et d'autres ministres importants du nouveau gouvernement, et qu'il soit à l'origine de certaines de ses politiques et de ses thèmes généraux. De manière inhabituelle, il le confirme, mais ne s'étend pas sur ses discussions privées avec les politiciens.

 

Goodman à son domicile dans une colonie de Cisjordanie située à l'extérieur de Jérusalem. Photo : Ohad Zwigenberg

 « Je travaille depuis des années sur le consensus israélien caché, qui n'avait pas été articulé [pauvres lecteurs, qui avez cru que ce consensus n’avait rien de caché et s’appelait le sionisme, NdT] », dit-il. « J'ai essayé de conceptualiser ce consensus. Et voilà qu'arrive ce gouvernement auquel je me préparais ».