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15/02/2024

Lettre de Leo Varadkar et Pedro Sánchez à Ursula von der Leyen sur la situation à Gaza

 

 

S. E. Ursula von der Leyen

Présidente de la Commission

européenne

14 février 2024

Madame la Présidente,

Nous sommes profondément préoccupés par la détérioration de la situation en Israël et à Gaza, en particulier par l'impact du conflit actuel sur les Palestiniens innocents, notamment les enfants et les femmes. L'extension de l'opération militaire israélienne dans la zone de Rafah constitue une menace grave et imminente à laquelle la communauté internationale doit répondre de toute urgence.

Près de 28 000 Palestiniens ont été tués et plus de 67 000 blessés, et nous avons assisté au déplacement de 1,9 million de personnes (85 % de la population) à l'intérieur de Gaza, à la destruction massive d'habitations et à des dégâts considérables aux infrastructures civiles vitales, y compris les hôpitaux.

Nous avons exprimé à plusieurs reprises notre condamnation totale des attaques terroristes aveugles du Hamas du 7 octobre et exigeons la libération immédiate et inconditionnelle des otages encore détenus.

Nous avons affirmé tout aussi clairement qu'Israël a le droit de se défendre contre de telles attaques, mais que cela ne peut se faire que dans le respect du droit international, y compris le droit international humanitaire (DIH) et le droit international des droits de l'homme. La réponse doit être conforme aux principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.

Il est important de noter que le droit international humanitaire impose clairement à toutes les parties à un conflit l'obligation d'assurer la protection des civils. Les attaques terroristes odieuses commises par le Hamas et d'autres groupes armés ne justifient pas et ne peuvent pas justifier une quelconque violation du droit international humanitaire dans la réponse militaire, avec les conséquences qui en découlent pour la population civile de Gaza.

 

Nous partageons la préoccupation du Secrétaire général des Nations unies, exprimée dans sa lettre au Conseil de sécurité du 7 décembre, concernant les souffrances humaines effroyables, la destruction physique et le traumatisme collectif des civils, ainsi que les risques auxquels ils sont confrontés, étant donné que, selon lui, aucun endroit n'est sûr à Gaza. Depuis lors, la situation n'a fait que se détériorer.

En raison d'un accès humanitaire nettement insuffisant pour répondre aux besoins essentiels de la population, les Nations unies estiment que 90 % des habitants de Gaza sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë et à un risque sérieux de famine.

Nous prenons également note des mesures provisoires contraignantes imposées par la Cour internationale de Justice le 26 janvier dans la requête de l'Afrique du Sud contre Israël, et de sa conclusion qu'au moins certains des actes ou omissions que l'Afrique du Sud allègue qu'Israël a commis à Gaza peuvent entrer dans le champ d'application des dispositions de la Convention sur le génocide, et qu'il existe un risque de préjudice irréparable pour les droits en question dans l'affaire.

Nous avons clairement exprimé notre point de vue selon lequel un cessez-le-feu humanitaire immédiat est requis de toute urgence pour éviter de nouveaux dommages irréversibles à la population de Gaza. Cette position a été soutenue par une très large majorité à l'Assemblée générale des Nations unies en décembre, dont 17 États membres de l'UE.

Nous sommes profondément préoccupés par les allégations selon lesquelles du personnel de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pourrait avoir été impliqué dans les attentats du 7 octobre contre Israël.

Nous soutenons pleinement la décision du commissaire général de l'UNRWA, M. Lazzarini, de mettre immédiatement fin aux contrats des personnes impliquées, ainsi que le lancement d'une enquête indépendante approfondie par les Nations unies.

Dans le même temps, nous avons clairement indiqué que l'UNRWA doit être autorisé à fonctionner pour poursuivre son travail essentiel, qui consiste à sauver des vies et à remédier à la situation humanitaire catastrophique à Gaza, et que le soutien de l'UE à l'UNRWA doit être maintenu. Il n'y a aucune chance de parvenir à l'augmentation massive et durable de l'aide humanitaire qui est nécessaire de toute urgence, grâce à un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave, sans que l'UNRWA ne joue un rôle central.

Nous rappelons que la CIJ a ordonné à Israël de prendre des mesures immédiates et efficaces pour garantir la fourniture des services de base et de l'aide humanitaire dont la population de Gaza a un besoin urgent. Ces ordonnances sont contraignantes.

 

Dans le contexte du risque d'une catastrophe humanitaire encore plus grande posé par la menace imminente d'opérations militaires israéliennes à Rafah, et compte tenu de ce qui s'est produit et continue de se produire à Gaza depuis octobre 2023, y compris l'inquiétude généralisée concernant d'éventuelles violations du DIH et du DIDH par Israël, nous demandons que la Commission entreprenne un examen urgent pour déterminer si Israël respecte ses obligations, y compris dans le cadre de l'accord d'association UE/Israël, qui fait du respect des droits de l'homme et des principes démocratiques un élément essentiel de la relation ; et si elle considère qu'il est en infraction, qu'elle propose des mesures appropriées au Conseil.

Enfin, nous ne devons pas perdre de vue l'impératif d'adopter une perspective politique pour mettre fin au conflit. La mise en œuvre de la solution des deux États est le seul moyen de s'assurer que ce cycle de violence ne se répète pas. L'UE a la responsabilité d'agir pour que cela devienne une réalité, en coordination avec les parties et la communauté internationale, y compris en organisant une conférence de paix internationale, comme convenu par le Conseil européen le 26 octobre.

Compte tenu de son rôle dans cette affaire, nous adressons également une copie de cette lettre au vice-président Borrell. Nous vous prions d'agréer, Madame la Présidente, l'expression de nos salutations distinguées.

  Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala


 

28/01/2024

PHILIPPE LAZZARINI
L’aide de l’UNRWA à la survie des habitants de Gaza pourrait être interrompue en raison de la suspension de son financement

Plus de 2 millions de personnes à Gaza dépendent de l’UNRWA pour leur survie alors que la guerre et les déplacements se poursuivent.

Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA, 27/1/2024
Traduit par Tlaxcala

 

AMMAN, 27 janvier 2024- Neuf pays* ont à ce jour suspendu temporairement leur financement à l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient). Ces décisions menacent notre travail humanitaire en cours dans toute la région, y compris et surtout dans la bande de Gaza.  

Yaser Abo Hamed, Australie

Il est choquant de voir une suspension des financements pour l’Office en réaction à des allégations contre un petit groupe d’employés, en particulier compte tenu de l’action immédiate que l’UNRWA a prise en mettant fin à leurs contrats** et en demandant une enquête indépendante transparente.Le Bureau des services de contrôle interne des Nations unies (BSCI), la plus haute autorité d’investigation du système des Nations unies, a déjà été saisi de cette affaire très sérieuse.  

L’UNRWA est la principale agence humanitaire à Gaza, avec plus de 2 millions de personnes qui dépendent d’elle pour leur simple survie.   Nombre d’entre elles souffrent de la faim, alors que la famine menace. L’Office gère des abris pour plus d’un million de personnes et fournit de la nourriture et des soins de santé primaires, même au plus fort des hostilités.

Dans son arrêt d’hier, la Cour internationale de Justice a ordonné qu’Israël prenne des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire dont les Palestiniens de la bande de Gaza ont un besoin urgent, afin de remédier aux conditions de vie défavorables auxquelles ils sont confrontés.Ces mesures visent à prévenir des dommages irréparables aux droits des Palestiniens.

Le seul moyen d’y parvenir est de coopérer avec les partenaires internationaux, en particulier l’UNRWA, qui est le principal acteur humanitaire à Gaza. Quelque 3 000 membres du personnel de base sur les 13 000 que compte la bande de Gaza continuent de se présenter au travail, offrant à leurs communautés une bouée de sauvetage qui peut s’effondrer à tout moment en raison d’un manque de financement.

Il serait extrêmement irresponsable de sanctionner une agence et une communauté entière qu’elle sert en raison d’allégations d’actes criminels à l’encontre de certains individus, en particulier en période de guerre, de déplacements et de crises politiques dans la région.

L’UNRWA partage chaque année la liste de tous ses employés avec les pays d’accueil, y compris Israël. L’Office n’a jamais reçu de mises en doute concernant des membres du personnel en particulier. 

Entre-temps, une enquête du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) sur ces allégations odieuses permettra d’établir les faits. En outre, comme je l’ai annoncé le 17 janvier, un examen indépendant par des experts externes aidera l’UNRWA à renforcer son cadre pour le strict respect des principes humanitaires par l’ensemble du personnel.

Je demande instamment aux pays qui ont suspendu leur financement de reconsidérer leurs décisions avant que l’UNRWA ne soit contraint de suspendre sa réponse humanitaire. La vie des habitants de Gaza dépend de ce soutien, tout comme la stabilité régionale.

NdT
* Entretemps dix : USA, Royaume-Uni, Australie, Canada, Italie, Pays-Bas, Finlande, Suisse,  Allemagne, France

**Il s’agit de 12 employés dont la liste a été fournie par Israël à l’UNRWA. 13 000 Palestiniens sont employés par l’UNRWA à Gaza et au moins 148 d’entre eux ont été tués par Israël depuis le 7 octobre.