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17/12/2023

GILAD ATZMON
Shever Tov !* : La fracture se creuse en Israël

Gilad Atzmon, 17/12/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Jamais auparavant, la fracture démographique, politique, spirituelle et idéologique de la société israélienne n'avait été aussi éclatante.

À la télévision, soir après soir, on peut voir des interviews d’héroïques femmes kibboutzniks d’un certain âge (voir photos) qui ont été récemment libérées par le Hamas dans le cadre d’un échange d’otages après 50 jours à Gaza. Ces femmes sont les derniers membres vivants du vieux sionisme travailliste. À l’adolescence, elles ont rejoint le mouvement de jeunesse travailliste israélien et ont fini par fonder des kibboutzim, principalement dans les régions proches des frontières d’Israël de l’époque.

 Ruth Munder et Margalit Mozes, deux des prisonnières israéliennes échangées contre des otages palestiniens

Ce sont elles qui ont fait “fleurir le désert”. Ce sont leurs hommes qui ont travaillé dans les champs, ce sont leurs maris qui ont envahi Gaza en 2 heures et le reste du Sinaï en 4 jours en juin 1967. Ce sont leurs hommes qui ont sauvé Israël d’une humiliante défaite en 1973. Ce sont leurs maris et leurs fils qui ont libéré les otages israéliens à Entebbe en 1977, où Benjamin Netanyahou a perdu son frère. Pourtant, elles n’ont rien à redire sur leur séjour chez le Hamas. Ce n’était pas une partie de plaisir, elles l’admettent, mais elles comprenaient les circonstances. Elles ont compris que leurs maris et leurs fils auraient fait la même chose s’ils avaient été Palestiniens. Elles comprennent le conflit. Elles l’ont vu émerger. Elles sont elles-mêmes devenues un instrument en 17 ans de siège militaire israélien sur Gaza.

C’est Netanyahou et l’armée israélienne qu’elles accusent d’être à l’origine de leur calvaire. C’est Tsahal qu’elles accusent d’être à l’origine de leur calvaire. C’est l’armée israélienne qui n’a pas su les protéger, c’est Netanyahou qui n’a pas présenté une perspective de paix et d’espoir pour Gaza et la région. 

Mais nous voyons aussi “l’autre Israël” à la télévision. Le véritable Israël, celui qu’Israël est devenu. Et ce n’est pas beau du tout.

L’armée israélienne, dominée par des commandants et des combattants sionistes travaillistes jusqu’à la fin des années 1970, a fait l’objet d’un changement démographique total. Elle est désormais soumise à l’hégémonie des gars en kippah, dont beaucoup sont des diplômés de yeshiva ultra-sionistes et des colons de Cisjordanie. Ils ont littéralement pris la place des sionistes travaillistes comme leaders politiques, militaires, idéologiques et spirituels.

 Ces Israéliens-là sont animés d’un enthousiasme expansionniste : ils placent leurs Menorahs  dans les maisons détruites des Gazaouis, ils transforment des écoles palestiniennes en ruines en “synagogues temporaires”, ils se filment eux-mêmes en train de vandaliser des magasins palestiniens détruits. Ils déshabillent des hommes palestiniens, leur bandent les yeux, les font défiler dans les rues et diffusent les photos sur les médias sociaux.

 Mais ils n’ont pas évacué beaucoup d’otages... en fait, pas même un seul depuis le début de l’opération terrestre. Jour après jour, ils ramènent en Israël des corps d’otages israéliens. Ils prétendent qu’ils ont été “assassinés à Gaza”, mais en réalité, comme tant d’habitants de Gaza, ils ont perdu la vie à cause des bombardements inconsidérés et aveugles de l’armée de l’air israélienne et de l’artillerie forces de défense israéliennes.

Les performances militaires de cette nouvelle élite israélienne ne sont rien moins qu’une catastrophe :   plus Israël s’enfonce dans la bande de Gaza,  plus grand est le spectacle du dysfonctionnement de l’opération militaire : plus de deux mois après le début de l’attaque israélienne, aucun objectif n’a été atteint.

Le pouvoir de dissuasion d’Israël a été éradiqué à jamais. Les chars israéliens Merkava sont vaincus par les roquettes RPG maison fabriquées à Gaza. Plus de 20 % des morts et blessés israéliens sont dus à des tirs amis. L’armée est épuisée et terrifiée, elle tire sur tout ce qui bouge, ami ou ennemi. Il y a 2 jours, les FDI ont réussi à tuer 3 otages israéliens qui avaient trouvé le chemin des lignes israéliennes.

Ils étaient à moitié nus, ils brandissaient le drapeau blanc, mais l’armée qui s’autoproclame “l’armée la plus morale du monde” a tué 2 d’entre eux. Elle a ensuite envoyé un commandant de bataillon avec une unité d’élite pour retrouver le troisième qui avait réussi à s’échapper,  mais au lieu de sauver le pauvre garçon et de le mettre à l’abri, les FDI l’ont également tué.

J’ai entendu dire qu’un demi- million d’Israéliens ont quitté le pays à la suite de l’événement du 7 octobre... Je suppose qu’ils ont décidé de laisser le pays aux autres Israéliens, à savoir les colons. Et pour cause, ils n’adhèrent pas au carnaval du “tous unis, nous vaincrons”.

Nombre d’entre eux ont estimé que l’Israël tel qu’ils s’en souviennent relève de la nostalgie.

Ils n’ont aucun intérêt à partager leur avenir avec des gens comme Ben Gvir, Smortrich ou Netanyahou.

Ils savent également que l’alternative israélienne dite de centre-gauche est presque aussi mauvaise, voire pire.

 NdT
*Shever tov ! : Bonne fracture ! en hébreu postmoderne (sur le modèle de Mazel tov : litt. Bonne étoile, c'est-à-dire Bonne chance.

28/03/2022

GILAD ATZMON
Ukraine : la perspective de la paix et ses ennemis

Gilad Atzmon, (bio) 27/3/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Les USA, la Grande-Bretagne et l'OTAN estiment que la guerre en Ukraine affaiblit la Russie, réduit Poutine à l'état d'Amalek, renforce l'OTAN et donnera un coup de fouet au complexe militaro-industriel yankee. En conséquence, Biden, Johnson et l'OTAN souhaitent une poursuite indéfinie de la guerre.

Il est temps d'identifier qui a besoin que la guerre continue, car Biden n'est pas seul sur ce front. Zelensky veut également que la guerre continue. Il sait que tout accord avec la Russie rendrait sa situation "très compliquée". Les nationalistes ukrainiens, qui semblent combattre courageusement l'armée russe et sont encensés par tous les médias dominants occidentaux, n'accepteront pas la moindre concession territoriale. Il est difficile d'imaginer que la guerre se termine sans une telle concession, surtout si l'on considère les gains territoriaux évidents de la Russie au sud, à l'est et au nord. Et Zelensky, l'acteur, sait que son rôle théâtral actuel est, sans aucun doute, le sommet de sa carrière. À partir de maintenant, c'est la descente. Pour Zelensky, la guerre doit continuer pour toujours.

Et qu'en est-il du peuple ukrainien, veut-il que la guerre prenne fin ? Cela dépend à qui vous demandez. Si vous suivez la presse britannique et usaméricaine, vous avez l'impression que les Ukrainiens sont unis derrière leur leader dans une mission collective et suicidaire. Mais la vérité est que quatre millions de personnes ont quitté le pays, dix millions ont été déplacées à l'intérieur de l'Ukraine et ces chiffres augmentent chaque jour. Le pays est systématiquement détruit, certaines de ses villes réduites en poussière. Si c'est ce que veut le peuple, comme la BBC veut nous le faire croire, la guerre ne prendra jamais fin. Si, au contraire, les Ukrainiens sont des êtres humains ordinaires, ce qui est plus probable et constitue une hypothèse intelligente, ils doivent être très fatigués du désastre qui leur est infligé par leur dirigeant et l'Occident belliciste. En tant qu'êtres humains ordinaires, les Ukrainiens se soucient de l'avenir de leur pays, de leurs enfants, de leurs villes, de leur culture, de leur patrimoine - ils pourraient bien vouloir préserver tout cela plutôt que de mourir au "nom de ça".

Nous lisons souvent que Zelensky supplie Israël de négocier un accord de paix avec la Russie, alors qu'Israël n'est pas exactement le candidat le plus naturel pour négocier une coexistence harmonieuse. Ces dernières années, on a beaucoup écrit sur le fantasme israélien et ukrainien de remplacer la Russie comme principal fournisseur de gaz de l'Europe. La guerre actuelle en Ukraine fait d'Israël le principal fournisseur potentiel de gaz à l’Europe. Cette semaine, l'importante chaîne d'information israélienne N12 a déclaré qu' « Israël aidera l'Europe à se couper du gaz russe ». N12 rapporte que lors d'une conférence de l'Agence internationale de l'énergie à Paris, le ministre israélien de l'énergie a entamé des discussions concernant l'exportation immédiate de gaz israélien vers l'Europe.

Pourquoi Poutine s'est-il précipité pour sauver la Syrie et le régime Assad ?  Une réponse est que la Russie avait besoin d'un port méditerranéen pour sa marine. Pourquoi les Russes auraient-ils besoin d'un tel port sur la rive orientale de la Méditerranée ? Une réponse possible : Poutine a compris qu'il pourrait avoir à interférer avec un éventuel gazoduc sous-marin reliant la côte de Gaza à la Grèce. Le port de Lattaquié place la marine russe dans une position stratégique cruciale pour saper un tel projet. En d'autres termes, malgré sa collaboration actuelle avec Israël sur la Syrie, Poutine sait depuis un certain temps qu'un conflit naval avec Israël est inévitable. Bien sûr, les Israéliens le savent aussi.

Mais l'enthousiasme d'Israël pour le "rôle de négociateur de paix" a d'autres ingrédients cruciaux. La force économique actuelle d'Israël est en grande partie le résultat de l'établissement de l'État juif en tant que refuge pour l'argent des oligarques russes, et nombre de ces oligarques sont juifs et également citoyens israéliens. Si Israël devient un "courtier de la paix", alors Israël, en raison de sa neutralité, n'aura pas à participer au carnaval de sanctions contre la Russie. Si la guerre se poursuit indéfiniment, Israël ne se contentera pas de maintenir le flux constant de richesses russes vers ses banques, il deviendra en fait la principale voie de sortie de l'argent russe. Pour des raisons évidentes, Zelensky insiste pour que les pourparlers de paix reprennent à Jérusalem sous les auspices du Premier ministre Bennett. Poutine, cependant, ne semble pas enthousiaste quant à l'option de Jérusalem. Il a peut-être déjà compris comment est Israël et ce qu'il recherche.

Poutine est une énigme vivante. J'ai de bonnes raisons de croire qu'il n'est pas mentalement instable comme il est souvent décrit dans les médias dominants occidentaux. Il est plus probable que ce tacticien expérimenté ait des objectifs géopolitiques et militaires en tête. Mais le problème est que personne ne semble savoir quels sont ces objectifs. Je ne pense pas, par exemple, que Poutine ait eu l'intention d'envahir Kiev ou toute autre grande ville ukrainienne, à l'exception peut-être d'atouts stratégiques comme Mariupol. Je suis également convaincu que Poutine n'avait pas l'intention d'"imposer un changement de régime" en Ukraine. Poutine a probablement vu un danger militaire croissant provenant de l'Ukraine et de ses penchants occidentaux grandissants. Il voulait très probablement anéantir la capacité militaire de l'Ukraine et, ce faisant, envoyer un message clair à tous les pays d'Europe de l'Est. Poutine souhaitait et souhaite toujours régler le conflit avec le dirigeant ukrainien démocratiquement élu, c'est-à-dire Zelensky. Plus que quiconque, Poutine a besoin que Zelensky soit sain et sauf, au moins jusqu'à la conclusion de sa manœuvre militaire.

En tant que tel, Poutine est peut-être le seul acteur de cet horrible théâtre meurtrier à avoir une stratégie de sortie claire et un plan de coexistence future. Il est peut-être le seul dirigeant mondial à envisager la fin de ce conflit. Sa vision peut être inacceptable pour l'ensemble de l'Occident à ce stade. Elle peut être très impopulaire en Ukraine, pour des raisons évidentes. Mais il semble que personne à l'Ouest n'ait osé défier la Russie militairement et je suppose que c'est en partie parce que personne dans l'élite militaire occidentale ne croit vraiment au récit populaire selon lequel l'armée russe serait "faible" et "vaincue".

Il me semble que lorsque Biden a appelé à la destitution de Poutine en Pologne hier, c'est parce que Poutine vise à mettre un terme définitif à ce drame tragique en Ukraine, bientôt, espérons-le, alors que Biden et ses nombreux partenaires voient un avantage à prolonger ce désastre à jamais.

17/03/2022

GILAD ATZMON
Idées fausses
Comment ils se sont tous plantés à propos de l’Ukraine

Gilad Atzmon, 16/3/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Jérusalem 1973

Ashraf Marwan est une figure controversée au sein de la communauté du renseignement israélien. Certains le considèrent comme le meilleur espion arabe d'Israël, d'autres comme un maître de l'espionnage égyptien qui a trompé l'armée israélienne avant la guerre de 1973, qui a été un désastre militaire pour l'État juif. En juin 2007, Marwan est « tombé » du balcon de sa maison à Londres. Sa femme et de nombreux commentateurs ont accusé le Mossad de cet assassinat.


 Marwan était né en 1944 dans une famille égyptienne influente. À l'âge de 21 ans, il épouse Mona Nasser, la deuxième fille du président Gamal Abdel Nasser, et s'assure une place dans les coulisses du pouvoir dans le Caire des années 1960.

Après sa défaite humiliante lors de la guerre de 1967, l'Égypte a commencé à préparer son armée à reprendre la péninsule du Sinaï. Marwan était au courant des secrets les mieux gardés de l'Égypte : ses plans de guerre, les comptes rendus détaillés des exercices militaires, la documentation originale des contrats d'armement conclus par l'Égypte avec l'Union soviétique et d'autres pays, les tactiques militaires, les comptes rendus des réunions du haut commandement, les transcriptions des conversations privées de Sadate avec les dirigeants mondiaux, etc. Tout cela lui a permis de fournir à Israël des informations inestimables sur la guerre à venir.

Les renseignements fournis par Marwan au Mossad sont parvenus jusqu'aux bureaux des dirigeants politiques et militaires israéliens et ont façonné le soi-disant « concept » stratégique d'Israël après 1967, à savoir la conviction que l'Égypte de Sadate ne lancerait pas de guerre contre Israël si ses exigences minimales n'étaient pas satisfaites. Sans avions d'attaque à longue portée et sans missiles Scud à longue portée, Israël a été amené à croire que l'Égypte ne pourrait pas surmonter la supériorité aérienne israélienne et ne lancerait pas une guerre.

Les rapports que Marwan a fournis à Israël contenaient des informations précieuses qui, bien qu'exactes, ont systématiquement contribué aux idées fausses d'Israël sur les aspirations, les plans et les capacités de l'Égypte.

En avril 1973, Marwan persuade le Mossad que l'Égypte prévoit une attaque contre Israël à la mi-mai. En conséquence, Israël a mis son armée en alerte rouge, mais la guerre de mai n'a jamais eu lieu. Fin septembre, Marwan convainc à nouveau le Mossad d'un plan d'attaque égyptien, mais cette fois le Mossad a perdu sa crédibilité et jusqu'à la dernière minute, les chefs militaires de Tsahal traitent les informations de Marwan avec suspicion. Ils l'ont pratiquement ignoré.

Quelques heures avant qu'elle ne commence, Marwan a fourni au Mossad un dernier avertissement qu'une guerre était sur le point d'être lancée. Tard le 5 octobre 1973, Tzvi Zamir, le chef du Mossad, rencontre Marwan à Londres et apprend qu'une guerre va commencer le lendemain à 18 heures. La guerre a effectivement commencé le lendemain, quatre heures plus tôt que prévu. La guerre de 1973 est considérée par Israël comme sa bévue militaire la plus humiliante et la plus scandaleuse. Israël n'était absolument pas préparé. Les bataillons de Tsahal sur la ligne de front ont été exposés à un assaut égyptien et syrien de grande envergure. Ils ont été anéantis en quelques heures. Certains affirment à juste titre que c'est uniquement parce que les armées égyptienne et syrienne avaient des plans limités en termes de gains territoriaux qu'Israël a survécu militairement à cette guerre et existe encore aujourd'hui. La plupart des commentateurs militaires israéliens s'accordent à dire que ce ne sont pas les généraux des FDI qui ont sauvé le pays, mais les soldats sur le terrain qui ont combattu héroïquement, dos au mur.

Le général Eli Zeira, alors directeur des renseignements militaires israéliens, est considéré comme l'un des principaux responsables de la bévue militaire de 1973. Zeira affirme que ce sont les informations trompeuses de Marwan qui ont conduit Israël à se méprendre sur les véritables intentions de l'Égypte. Zeira affirme que Marwan était un « agent double » ou, plus exactement, un habile maître de l'espionnage égyptien, qui a brillamment réussi à tromper les Israéliens en leur donnant une « fausse idée » du conflit. Ceux qui croient que Marwan a été assassiné par le Mossad ont tendance à accepter l'opinion du général Zeira.

Kiev 2022

Pendant des mois et des mois, l'USAmérique, la Grande-Bretagne et l'OTAN ont averti les Ukrainiens que la Russie préparait une guerre. Les USAméricains, en particulier, ont clairement indiqué qu'ils étaient au courant d'informations, qui, bien qu'elles ne puissent être partagées avec le grand public, indiquaient que Poutine préparait une attaque imminente. Naturellement, peu de gens ont cru à ces avertissements usaméricains répétés : au jour d’aujourd’hui, les services de renseignement usaméricains et britanniques ont été impliqués dans trop de bévues et de mensonges spectaculaires (dont les fantaisistes ADM en Irak et les attaques chimiques en Syrie) pour que personne, y compris les Ukrainiens, ne prenne ces institutions militaires au sérieux. Il était également évident que, plus encore que l'Ukraine ou la Russie ne souhaitait ou n'avait besoin d'un conflit militaire, c'est Washington et Londres qui en souhaitaient un. L'Ukraine est devenue une plaque tournante énergétique à la suite de la découverte d'importantes réserves de gaz et de pétrole sur son territoire. L'Occident y voyait une alternative à la Russie en tant que principal fournisseur de gaz à l'Europe.

Comme ce fut le cas avec Marwan en 1973, quelqu'un a « aidé » le Pentagone à élaborer un « concept » de « campagne russe imaginaire ». Dans le plan de guerre délirant des USAméricains, Poutine s'emparerait des régions russophones de l'Ukraine à l'est et pourrait également tenter de s'emparer d'un peu de terrain au sud pour créer un passage terrestre vers la Crimée. Cette guerre aurait pris fin en peu de temps car ses objectifs militaires étaient limités. L'Ukraine accepterait les gains territoriaux russes car ils lui permettraient de se débarrasser de ses régions les plus problématiques et les plus contestées. La Russie serait condamnée mais, dans ce scénario, lorsque la paix prévaudrait, l'Ukraine serait en mesure de rejoindre l'UE et peut-être même l'OTAN et, surtout, de devenir le premier fournisseur d'énergie de l'Europe.

Ce « concept » de guerre pourrait bien avoir été induit par une personnage de Poutine/Marwan. Il a induit les USAméricains et les Britanniques en erreur et leur a permis de construire une vision stratégique et géopolitique totalement erronée. L'armée ukrainienne a été assez stupide pour suivre le scénario des services de renseignement du Pentagone et a déployé ses unités d'élite à l'Est. Ces unités se sont préparées à une guerre express sur des territoires contestés mais définis. Mais ce n'est pas la guerre qui s'est produite. Au contraire, ce qui s'est passé a été tragique pour l'Ukraine et son armée. Juste avant l'invasion russe du 24 février, il est apparu clairement que la Russie avait étendu ses exercices militaires au Belarus. Quelques jours plus tard, la Russie a lancé sa campagne militaire. Le principal effort de la Russie a été lancé depuis le Belarus et visait la capitale ukrainienne, Kiev, et non les régions orientales comme prévu. En une simple manœuvre, l'armée russe a réussi à isoler la majeure partie de l'armée ukrainienne, loin de la capitale et sans voies d'approvisionnement ni soutien logistique de l'Ouest.

16/03/2022

GILAD ATZMON
A Guerra de Putin explicada aos manequins (no poder)


Gilad Atzmon, 13/3/2022
Traduzido pelo Coletivo de Tradutores Vila Mandinga

Putin não é general militar. Putin é líder moderno, espião supertreinado e estrategista que entende que a guerra é (mesmo!) continuação da política por outros meios (Clausewitz). Assim, se quisermos entender os motivos de Putin, melhor nos abstermos de tentar avaliar em termos de ‘objetivos militares rigorosos’, a campanha militar da Rússia. Em vez disso, melhor olhar para a campanha militar como se olha para instrumento político definido para mobilizar uma mudança geopolítica global e regional e em escala gigantesca.


É bem claro que o exército de Putin está fazendo o possível para evitar baixas civis. E está usando táticas de cerco, em oposição à doutrina bárbara dos EUA, de ‘Choque e Pavor’. Além disso, os militares russos trabalham duro para não desmantelar as forças militares ucranianas. Em vez disso, cercam as cidades e estão eliminando o exército ucraniano no leste e no sul do país. Os militares russos desmantelaram a capacidade da Ucrânia para se reagrupar, e, claro, também a capacidade dos ucranianos para contra-atacar. Analistas militares ocidentais concordam que é evidência clara da crescente deficiência do exército ucraniano o fato de o exército ucraniano não ter podido danificar seriamente o comboio russo de 60 km a caminho de Kiev. Isso, apesar de o comboio ter ficado parado por mais de 10 dias.

Nas últimas 24 horas, a Rússia deixou claro para o Ocidente que qualquer suprimento militar ocidental para a Ucrânia será tratado como alvo militar legítimo. Em outras palavras, o exército de elite ucraniano no Leste é agora força militar defunta; pode defender as cidades, pode montar ataques de guerrilha à logística militar russa distendida, mas não pode se reagrupar em uma força de combate com capacidade para alterar o campo de batalha.

O exército de Putin, como concordam os especialistas militares, possui maciço poder de fogo. Não é segredo que a artilharia da Rússia é força mortal e que não há força que que se iguale a ela em qualquer lugar do mundo. A justificativa militar para isso é bem clara.

A URSS nunca confiou na qualidade e na lealdade de seus soldados de infantaria. Ao mesmo tempo em que contava com o impacto em massa dos soldados, com seus números absolutos, a URSS também inventava os meios, a tecnologia, as táticas e a doutrina para vencer a batalha de longe, em preparação para a entrada das massas. Foi a artilharia Vermelha que derrubou o Exército do Reich. Da mesma forma, a capacidade para pôr por terra cidades inimigas é o que fez a fama da URSS e da Rússia moderna.

A Rússia goza desse poder, mas se absteve, até agora, de fazê-lo valer na Ucrânia. A Rússia demonstrou que tem essa capacidade, em vez de implantá-la.

Segundo analistas militares, a Rússia sequer começou a utilizar seu poderio aéreo superior. E tem usado apenas o mínimo necessário para assegurar total superioridade aérea sobre a Ucrânia.

A tática do exército russo tem sido aumentar a pressão nos arredores das cidades, demonstrando o poderio militar russo e abrindo corredores para comboios humanitários. E esse é o truque.

A Rússia está criando uma enxurrada de refugiados para o ocidente. Dado que o governo ucraniano proibiu que homens de 18 a 60 anos deixem o país, estamos falando de mulheres e crianças. Até agora, são cerca de 2,5 milhões de refugiados ucranianos, mas esse número pode aumentar drasticamente.

E surge a pergunta: a Alemanha ficará feliz em aceitar outro milhão de refugiados que não são força de trabalho? E o que farão França e Grã-Bretanha, EUA, Canadá, todos aqueles países que empurraram Zalansky e a Ucrânia para uma guerra, sim, mas foram rápidos ao abandonar o povo ucraniano à própria sorte.

Mais cedo ou mais tarde, Putin acredita, a Europa aceitará toda a sua lista de exigências e suspenderá a lista de sanções, podendo até compensá-lo por perdas nas vendas de petróleo, tudo na tentativa desesperada de deter o tsunami de refugiados ucranianos. Quando as armas esfriarem, muitos ucranianos podem preferir ficar na Alemanha, França, Grã-Bretanha e Polônia.

Isso levará, pelo menos no cálculo de Putin, a uma mudança demográfica no equilíbrio étnico em favor dos grupos étnicos russos na Ucrânia. No contexto dessa mudança, Putin poderá dominar a situação no estado vizinho, por meios políticos e até democráticos.

O plano de Putin não é novo. Já foi usado, com sucesso, na Síria.

Quando o Ocidente percebeu que a Síria estava a pé, caminhando para a Europa, foi muito rápido ao permitir que Putin ganhasse a batalha por Assad, à custa da hegemonia americana no Oriente Médio. Putin agora emprega basicamente as mesmas táticas. Pode ser cruel ou mesmo bárbaro, mas estúpido ou irracional não é.

A questão principal é: como é possível que toda a elite política e ‘midiática’ ocidental não tenha sequer qualquer mínima ideia sobre os movimentos de Putin e da Rússia? Como é possível que nenhum analista militar ocidental seja capaz de ligar os pontos e ver através da névoa dessa guerra horrível?

GILAD ATZMON
La guerre de Poutine pour les nuls (au pouvoir)

Gilad Atzmon, 13/3/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Poutine n'est pas un général d'armée. C'est un leader moderniste, un maître espion et un stratège entraîné qui comprend que la guerre est une continuation de la politique par d'autres moyens (Clausewitz). Par conséquent, si nous voulons comprendre les motivations de Poutine, nous devons nous abstenir d'essayer d'évaluer la campagne militaire de la Russie en termes de « stricts objectifs militaires ».  Nous devrions plutôt considérer la campagne militaire comme un instrument politique destiné à entraîner un changement géopolitique mondial et régional, et ce à une échelle gigantesque.

Il est clair que l'armée de Poutine fait de son mieux pour éviter les pertes civiles. Elle utilise des tactiques de siège, par opposition à la doctrine barbare usaméricaine du « Shock and Awe » [Choc et effroi]. En outre, l'armée russe s'efforce de ne pas démanteler l'armée ukrainienne.  Au lieu de cela, elle encercle les villes et exclut l'armée ukrainienne de l'est et du sud du pays. L'armée russe a démantelé la capacité de l'Ukraine à se regrouper, sans parler de contre-attaquer.  Les analystes militaires occidentaux s'accordent à dire que la preuve évidente de l'incapacité croissante de l'armée ukrainienne est que celle-ci n'a pas réussi à endommager sérieusement le convoi russe de 60 km de long en route vers Kiev, malgré le fait que le convoi soit resté immobile pendant plus de 10 jours. Au cours des dernières 24 heures, la Russie a clairement fait savoir à l'Occident que toute fourniture militaire occidentale à l'Ukraine sera traitée comme une cible militaire légitime. En d'autres termes, l'armée d'élite ukrainienne dans l'Est est désormais une force militaire défunte ; elle peut défendre les villes, elle peut organiser des attaques de guérilla contre la logistique militaire russe étirée, mais elle ne peut pas se regrouper en une force de combat capable de modifier le champ de bataille.

L'armée de Poutine, comme le reconnaissent les experts militaires, jouit d'une puissance de feu massive. Ce n'est un secret pour personne que l'artillerie russe est une force mortelle et qu'aucune force ne peut l'égaler dans le monde. La justification militaire de cette situation est claire. L'URSS n'a jamais fait confiance à la qualité et à la loyauté de ses fantassins. Tout en comptant sur l'impact de masse des soldats, sur leur nombre absolu, elle a également inventé les moyens, la technologie, les tactiques et la doctrine pour gagner la bataille à distance, en préparation de l'arrivée en masse de troupes. C'est l'artillerie rouge qui a mis à terre l’ armée du 3ème Reich. De même, l'URSS et la Russie moderne sont réputées pour leur capacité à raser les villes ennemies. La Russie apprécie cette puissance, mais elle s'est abstenue, jusqu'à présent, de déployer cette capacité en Ukraine. Elle a montré cette capacité plutôt que de la déployer. Selon les analystes militaires, la Russie n'a même pas commencé à utiliser sa puissance aérienne supérieure, si ce n'est pour assurer sa supériorité aérienne totale sur l'Ukraine.

La tactique de l'armée russe a consisté à exercer une pression à la périphérie des villes, en démontrant sa puissance militaire, puis en ouvrant des couloirs pour les convois humanitaires. Et c'est là l'astuce. La Russie crée un flot de réfugiés vers l'ouest. En raison de l'interdiction faite par le gouvernement ukrainien aux hommes de 18 à 60 ans de quitter le pays, il s'agit de femmes et d'enfants. Jusqu'à présent, il y a environ 2,5 millions de réfugiés ukrainiens, mais ce nombre pourrait augmenter de façon spectaculaire. Et la question qui se pose est la suivante : l'Allemagne sera-t-elle heureuse d'accepter un autre million de réfugiés qui ne constituent pas une force de travail ? Qu'en est-il de la France et de la Grande-Bretagne, des USA, du Canada, de tous ces pays qui ont poussé Zelenski et l'Ukraine dans une guerre mais se sont empressés d'abandonner le peuple ukrainien à son sort ?

Tôt ou tard, pense Poutine, l'Europe acceptera toute sa liste de demandes et lèvera la liste des sanctions, et pourrait même la dédommager pour ses pertes sur les ventes de pétrole et de gaz, tout cela dans une tentative désespérée d'arrêter le tsunami de réfugiés ukrainiens. Le temps que les armes se refroidissent, de nombreux Ukrainiens pourraient en fait préférer rester en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et en Pologne. Cela conduira, du moins dans l'esprit de Poutine, à un changement démographique de l'équilibre ethnique en faveur des groupes ethniques russes en Ukraine. Dans le contexte d'un tel changement, Poutine sera en mesure de dominer la situation dans l’ État voisin par des moyens politiques et même démocratiques.

Le plan de Poutine n'est pas nouveau.  Il a déjà réussi en Syrie.

20/08/2021

GILAD ATZMON
La théorie critique de la race et le projet juif

 Gilad Atzmon, 20/8/2021 (Bio)

Traduit par Fausto Giudice

La théorie critique de la race [TRC ; angl. Critical race theory, CRT, NdT]  fait l'objet d'un débat croissant aux USA. De façon assez particulière, les opposants à la TRC insistent sur le fait que le discours "marxiste" doit être éradiqué de la culture usaméricaine et du système éducatif. Cela me laisse perplexe, car je ne vois rien de plus éloigné de la pensée de Marx que la TRC.

Marx a proposé une analyse économique fondée sur la division en classes. Pour Marx, ceux qui se trouvent au bas de l'échelle des classes sont destinés à s'unir indépendamment de leur race, de leur sexe ou de leur orientation sexuelle. En tant que tel, Marx était aveugle à la race. Toutefois, sa vision était unificatrice, du moins en ce qui concerne la classe ouvrière. Mais la théorie critique de la race vise la direction complètement opposée. Les partisans de la TRC estiment que les personnes sont et doivent être définies politiquement par leur biologie : par la couleur de leur peau, souvent par leur sexe et/ou leur orientation sexuelle. La TRC tente de combattre le racisme, non pas en l'éliminant, mais en élevant le déterminisme biologique au rang de champ de bataille permanent.

Les théoriciens critiques de la race ne sont pas très originaux sur ce front du déterminisme biologique. Déjà à la fin du 19e siècle, le sionisme appelait les Juifs à s'identifier politiquement à leur biologie. L'appel d'Hitler au peuple aryen pour qu'il fasse de même a eu lieu environ deux décennies plus tard. Ironiquement, même les soi-disant juifs "anti"-racistes au sein des cellules politiques antisionistes "réservées aux Juifs" (telles que JVP, JVL, IJAN[1]) suivent exactement le programme sioniste et hitlérien. Ils insistent également pour s'identifier politiquement et idéologiquement à "une race"*.

On peut se demander à ce stade pourquoi les gens de la droite conservatrice qualifient la TRC de "marxiste" alors qu'elle n'a rien à voir avec Marx et a beaucoup à voir (idéologiquement) avec le sionisme et le biologisme hitlérien. Une option est que les gens de la droite usaméricaine pensent que la référence à Marx communique bien avec la foule qui les soutient. Une autre option un peu moins authentique est que Marx est un nom de code pour un "discours subversif lié aux Juifs". L'univers conservateur usaméricain est largement inspiré par le nationalisme israélien, mais il est dégoûté par l'interventionnisme cosmopolite de type Soros. La droite usaméricaine utilise peut-être un langage codé pour lutter contre sa propre paralysie. Elle a manifestement du mal à appeler un chat un chat.

Compte tenu de ce qui précède, il est fascinant d'examiner la vision juive usaméricaine du débat sur la TRC.

 

14/08/2021

GILAD ATZMON
Les Juifs sionistes blancs sont mal placés pour nous faire des sermons sur le racisme

Gilad Atzmon, 13/8/2021
Traduit par Fausto Giudice


Une étude de l'université de Stanford révèle : « Environ 80 % des répondants (juifs de couleur) ont déclaré avoir "fait l'expérience de la discrimination" dans les milieux juifs, notamment les synagogues, les congrégations et les communautés spirituelles juives ».

Les personnes qui connaissent l'histoire du sionisme sont conscientes de la riche histoire des abus des juifs blancs (alias ashkénazes) envers les juifs arabes et sépharades en Israël. Dans les années qui ont suivi la création de l'État israélien, des centaines de bébés ont disparu. Leurs parents, pour la plupart des immigrants juifs du Yémen, ont appris que leurs enfants étaient morts, mais on soupçonne qu'ils ont été secrètement donnés à des familles juives blanches sans enfants. Le gouvernement israélien a approuvé, au début de cette année, un accord de dédommagement de 162 millions de shekels [42 millions d’€] avec les familles de ces enfants "disparus".


Le fait d'utiliser la population israélienne comme cobaye n'a pas été inventé par Netanyahou ou/et Pfizer. Dans les années 1950, des échantillons de sang prélevés sur des Juifs yéménites ont été testés pour déterminer s'ils avaient du "sang noir". Selon le Times of Israel, "60 cœurs ont été prélevés sur les corps de nouveaux immigrants du Yémen post-mortem à des fins de recherche médicale, dans le cadre d'un projet prétendument financé par les USA». Toujours à la même période, l'État juif a irradié en masse les enfants arrivés d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient pour tenter de lutter contre la teigne. Dans les années qui ont suivi, beaucoup de ces enfants sont morts de cancer. En 1995, le gouvernement israélien a décidé d'indemniser les victimes et les familles de l'affaire de la teigne.

À   la fin des années 1950-1960, des immigrants juifs du Maroc ont été aspergés de DDT dès que leurs pieds ont touché la "terre promise". Pour eux, ce départ amer n'était qu'une introduction à des décennies d'abus et d'humiliations qui ont toujours cours.

04/08/2021

GILAD ATZMON
Entre les Talibans et le COVID

 Gilad Atzmon, 4/8/2021

 Traduit par Fausto Giudice


Faut-il être un génie pour comprendre que l'échec colossal de la guerre des USA en Afghanistan est identique à la désastreuse « guerre contre le COVID » ? Il est certainement clair que ce sont à peu près les mêmes personnes qui ont conçu les stratégies fatales qui ont conduit à une défaite grandiose dans ces deux conflits inutiles. Nous avons affaire à des personnes qui adhèrent au concept de la guerre de destruction. Ce sont des gens qui ne cherchent pas la paix, l'harmonie ou la réconciliation, ni avec la nature, ni avec les autres segments de l'humanité.

Nos « stratèges » en matière de pandémie croyaient qu'il était en leur pouvoir d'éradiquer le SRAS CoV 2 de la surface de la terre. De même, ils étaient convaincus que les talibans pouvaient être éradiqués. Ils avaient, de toute évidence, catastrophiquement tout faux.

Mais les progressistes et la soi-disant gauche ont également un rôle impardonnable dans ces histoires catastrophiques. La gauche n'était pas responsable des « stratégies » ou de la planification générale. Elle n'a pas vraiment participé aux groupes de réflexion néoconservateurs, ni à la promesse de Pfizer de réparer le génome humain. Elle ne conseillait pas Netanyahou, Trump ou Johnson en 2020, tout comme elle ne faisait pas partie des conseillers de Bush en 2001. Mais elle a été la première à soutenir la « guerre contre la terreur » des Siocons, principalement au nom de « l'interventionnisme moral ». De même, elle a été parmi les partisans les plus enthousiastes de l'expérience actuelle sur la population humaine de masse.

04/07/2021

GILAD ATZMON
La Nakba et la loi polonaise

Traduit par Fausto Giudice

En 1948, plus de 700 000 Palestiniens ont été victimes d'un nettoyage ethnique par le nouvel État juif. Ce crime catastrophique à caractère racial est appelé la Nakba.

Abdellah Derkaoui, Maroc, 2006

Israël semble être contrarié par une nouvelle loi polonaise qui fixe un délai de 30 ans aux Juifs pour récupérer leurs biens saisis. La législation doit encore être approuvée par le sénat polonais, mais les responsables israéliens l'appellent déjà la « loi sur l'Holocauste ». Ils insistent sur le fait qu'elle est « immorale » et « une honte ».

La semaine dernière, le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid a insisté sur le fait que le projet de loi « est une honte qui n'effacera pas les horreurs ou la mémoire de l'Holocauste ».

Je ne vois pas quelle partie de la législation interfère avec la mémoire et les horreurs de l'holocauste. Je pense en fait que la tentative grossière de soutirer des milliards de dollars à la Pologne au nom d'une tragédie humaine peut avoir un impact négatif sur ce chapitre de l'histoire et sur la façon dont il est mémorisé.

18/06/2021

Bibi et la solution à un seul État

Traduit par Fausto Giudice


Je suis légèrement amusé par les nombreuses voix qui célèbrent ce qui est perçu comme la fin de l'ère Netanyahou. Bien sûr, je ne suis pas un partisan de Netanyahou, loin de là, mais je reconnais à Netanyahou le mérite qui lui revient.  Le « roi Bibi », comme ses partisans juifs l'appellent souvent, a en fait été un facteur crucial dans la montée de la résistance palestinienne et de l'unité palestinienne.  Bibi était un pragmatique qui a réussi à entraîner sa nation, la région et même le monde entier dans une série de catastrophes, dans une tentative désespérée mais acharnée de se sauver lui-même. Bibi n'est pas un conspirateur. Il a tout fait au grand jour et, malgré cela, il reste l'homme politique le plus populaire d'Israël.

Comme je l'ai déjà souligné à maintes reprises, Israël n'est pas politiquement divisé. La grande majorité des membres de la Knesset (MK) israélienne sont à la droite de Netanyahou. L'establishment politique israélien est divisé sur Netanyahou, mais principalement en raison de divergences personnelles.

Israël est maintenant gouverné par une coalition très faible qui ne tiendra probablement pas longtemps. Un affrontement frontalier mineur à Gaza ou une marche de l'extrême droite juive à Jérusalem pourrait renverser le gouvernement et mettre fin à « l'esprit de changement » en Israël. Étant donné que le gouvernement actuel ne dispose que d'une majorité d'un seul membre de la Knesset, chaque membre de la coalition a le pouvoir de renverser le gouvernement ou d'exercer une pression importante sur le dirigeant. Le gouvernement est pratiquement paralysé. 

02/06/2021

La gauche usaméricaine, la question juive et la compulsion de répétition

Gilad Atzmon, 2/6/2021

Traduit par Fausto Giudice

Il y a quelques jours, Ynet (le plus grand média israélien) a rapporté que le mouvement progressiste usaméricain a fini par reconnaître le rôle problématique de ses éléments juifs. Le média israélien a révélé qu'aux yeux de cercles progressistes émergents au sein de la gauche usaméricaine, les Juifs sont perçus comme des « oppresseurs blancs » au cœur de l'injustice sociale aux USA. Le reportage de Ynet se fonde sur une étude récente réalisée par Dafna Kaufman, analyste à l'institut israélien Reut.

Rashida Tlaib et Ilhan Omar, députées fédérales de l'aile gauche du Parti démocrate, se sont attirées les foudres de la droite et des sionistes pour leurs prises de position en faveur des Palestiniens. Insultées par Trump, diffamées comme "antisémites", elles sont interdites d'entrée en Israël depuis août 2019

«Le discours contemporain de la gauche américaine divise la société en carrés (identitaires) : vous êtes soit avec nous, soit contre nous - et les Juifs sont laissés de côté ». Ynet résume l'argument de Kaufman. « Bien que la grande majorité des Juifs usaméricains soutiennent le Parti démocrate, les cercles progressistes ne permettent plus vraiment aux Juifs de prendre part à la lutte pour le changement social, tant qu'ils continuent à être pro-sionistes et à exprimer activement leur judéité ».  Vous avez peut-être déjà remarqué que l'organe de presse israélien ne se réfère pas uniquement aux « sionistes », comme le font la plupart des militants de la solidarité avec les Palestiniens par peur des « Juifs dans leur mouvement ».  Le média israélien se réfère aux « Juifs », à la « judéité » et aux « sionistes » comme à un spectre organique intégral de la vie, de la culture, de l'identité et de la politique juives.  

31/05/2021

Perdu dans la traduction (hébreue)

 Gilad Atzmon, 30/5/2021

Traduit par Fausto Giudice

Celles et ceux qui suivent mon travail sont probablement familier·ères avec l'idée qu'il n'y a pas de mot hébreu moderne pour paix (qui signifie harmonie et réconciliation). Le mot hébreu Shalom (שלום) est interprété en hébreu moderne comme « sécurité pour les Juifs « . En Israël, la référence à la « négociation du shalom »  est interprétée comme un ensemble prémédité de conditions qui garantissent la « sécurité «  des Israéliens juifs par le biais de : frontières sûres, désarmement des Arabes, engagement usaméricain à fournir des armes à Israël, expansion économique, etc.