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12/10/2022

Le Liban et Israël sont parvenus à un accord sur la frontière maritime

Le Liban et Israël viennent de conclure un accord sur la frontière maritime entre les deux pas, qui doit maintenant être ratifié par les parlements des deux pays. L'Orient-Le Jour écrit à ce sujet :

"Selon des informations de presse et des responsables, le texte prévoit que le gisement offshore de Karish soit sous contrôle d’Israël et que les réserves de Cana, situées plus au nord-est, soient octroyées au Liban. Mais comme une partie de ce gisement dépasse la future ligne de démarcation, l’État hébreu toucherait une part des futurs revenus de l’exploitation gazière de Cana. Élias Bou Saab a dans ce cadre assuré hier qu’il y avait eu « un accord entre Total (le géant français pressenti pour explorer le champ de Cana) et les Israéliens » en vertu duquel ces derniers pourraient « recevoir des compensations » du géant énergétique et non du Liban.

En juillet, le Premier ministre israélien avait évoqué ce dossier avec le président français, espérant voir Paris user de son influence pour faciliter un accord avec Beyrouth. Dans un contexte où l’Union européenne cherche à diversifier ses approvisionnements en gaz en raison de l’invasion russe de l’Ukraine, Israël mise sur Karish, prêt à entrer en production, pour doper ses livraisons vers le Vieux Continent. Dimanche, la société Energean, cotée à Londres et mandatée pour exploiter le gisement, a annoncé le début de tests pour le raccorder au territoire israélien, étape-clé en vue de la production. 

Mais contrairement à Karish, le gisement de Cana est encore loin de pouvoir être activé et doit faire l’objet de plus de prospection. Dans ce cadre, le directeur Moyen-Orient et Afrique du Nord de la branche exploration-production de TotalEnergies, Laurent Vivier, est arrivé hier au Liban.

Après une réunion au Grand Sérail, Nagib Mikati a demandé au groupe français d’entamer « immédiatement » le forage d’exploration dans les eaux libanaises. « Les questions d’ordre logistique requièrent du temps, mais les travaux commenceront immédiatement », a déclaré pour sa part le ministre sortant de l’Énergie Walid Fayad, qui assistait à la réunion.
"

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24/01/2022

Birmanie/Myanmar : TotalEnergies s'en va, les autres restent

Le revirement spectaculaire de la major française TotalEnergies en Birmanie

Au lendemain du coup d’État de février 2021, la compagnie n’avait pas l’intention de quitter le Myanmar. La répression dans le pays, la pression des ONG et celle des actionnaires l’ont amenée à annoncer son retrait du pays.

Adrien Pécout et Julien Bouissou, Le Monde, 22/1/2022

SÉVERIN MILLET

C’est la fin d’une aventure de trois décennies qui aura fait couler beaucoup d’encre. Après avoir commencé en 1992 ses opérations d’exploration du champ gazier de Yadana, au large de la Birmanie, TotalEnergies (ex-Total) a finalement annoncé son désengagement du pays, vendredi 21 janvier, citant un « contexte qui ne cesse de se dégrader en matière de droits humains ». Le départ sera « effectif au plus tard à l’issue » d’un délai de préavis de six mois. Près d’un an après le coup d’Etat de la junte militaire, le 1er février 2021, l’entreprise américaine Chevron a également annoncé, dans la foulée, qu’elle quittait le pays.

Pendant ces onze mois, les tractations entre Washington, Paris, plusieurs ONG de défense des droits de l’homme et les compagnies pétrolières ont conduit TotalEnergies à un revirement spectaculaire. Au lendemain du coup d’Etat birman, le groupe français n’a pas l’intention de quitter le pays, bien au contraire. Le 3 avril 2021, Le Journal du dimanche publie une tribune de Patrick Pouyanné, PDG de la major pétrolière, dont le titre laisse peu de place au doute : « Pourquoi Total reste en Birmanie ».

La position de Total devient vite intenable

Quelques semaines plus tard, Le Monde révèle un montage financier autour de MGTC, la société propriétaire du gazoduc sous-marin de 346 kilomètres, enregistrée aux Bermudes et dont Total est le premier actionnaire (à hauteur de 31 %) et l’opérateur. Dans ce système, des millions de dollars provenant des ventes du gaz étaient détournés des caisses de l’Etat birman au profit de la MOGE, une société contrôlée par les militaires et actionnaire du même champ gazier (15 % des parts). Le groupe français annonce peu après, fin mai 2021, qu’il suspend le versement de dividendes, dont ceux à la junte birmane.

Au fil des mois, la situation se détériore au Myanmar (l’autre nom du pays) et la position du groupe français devient intenable. Les ONG dénombrent près de 1 000 civils tués par l’armée en à peine un semestre. Aung San Suu Kyi, l’ancienne dirigeante qui s’était opposée au coup d’Etat militaire, est condamnée à l’automne suivant à quatre ans de prison, une peine finalement ramenée à deux ans.

Lors d’une conférence donnée fin août 2021, devant le Medef, Patrick Pouyanné ne cache pas la difficulté de sa situation. « Le Myanmar, ce n’est rien du tout vu les emmerdes que j’ai en face, pardon pour le mot : c’est 1 % de la production de Total et rien en résultat », lâche-t-il, avant de conclure qu’aucune des solutions n’est « vraiment bonne ».