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01/05/2025

USA : pourquoi les militants propalestiniens sont envoyés dans une prison sous-traitante de l’ICE* au fin fond de la Louisiane

*NdT : ICE (United States Immigration and Customs Enforcement) est l’agence fédérale de l’immigration et des frontières, créée en 2002 dans le cadre du Homeland Security Act instituant le Département de la Sécurité intérieure, qui en 2024, employait 258 000 personnes avec un budget de 103 milliards de $. ICE a sous-traité la majorité de ses centres de détention pour étrangers en voie d'expulsion à des entreprises privées.

Mahmoud Khalil, Rümeysa Öztürk et Alireza Doroudi sont tous détenus par l’ICE à Jena, en Louisiane. Jena représente le point nodal de la suprématie blanche, de l’exploitation des prisons et de la répression étatique. Mais son histoire nous montre aussi la voie de la résistance.

Stephanie Guilloud et Desiree S. EvansMondoweiss, 28/4/2025

Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala


Stephanie Guilloud est responsable de la stratégie d’organisation des mouvements au sein du Project South: Institute for the Elimination of Poverty and Genocide, basé à Atlanta, en Géorgie. Elle apporte près de trois décennies d’expérience en matière d’organisation et de leadership dans le mouvement du Sud et le travail pour la justice mondiale. Elle a co-créé le site Organizers’ History lié à son action directe en 1999 pour fermer l’Organisation mondiale du commerce, et a édité le People’s Movement Assembly Organizing Handbook (Manuel d’organisation de l’assemblée du mouvement populaire) de Project South.

Desiree S. Evans est coordinatrice de la communication au sein du Project South. Vivant en Louisiane, Desiree a 25 ans d’expérience dans l’organisation de la justice sociale et le travail de plaidoyer, ainsi que dans les relations avec les médias et la communication.


«Je m’appelle Mahmoud Khalil et je suis un prisonnier politique. Je vous écris depuis un centre de détention en Louisiane où je me réveille par des matins froids et où je passe de longues journées à témoigner des injustices silencieuses commises à l’encontre d’un grand nombre de personnes exclues de la protection de la loi ».

Ces dernières semaines, les étudiants Mahmoud Khalil, Rümeysa Öztürk et Alireza Doroudi ont été enlevés par l’ICE et détenus dans des centres de détention de l’ICE dans les zones rurales de la Louisiane. La puissante déclaration de Khalil relie de multiples réalités qui démontrent comment la répression étatique est activée pour soutenir la montée de l’autoritarisme.


Le fait que Khalil et d’autres soient envoyés dans des centres de détention situés dans des villes isolées de Louisiane n’est pas un hasard. La montée de l’autoritarisme nécessite un État policier, et l’expansion des prisons, de la police et des centres de détention est extrêmement rentable. Alors que le gouvernement usaméricain actuel fait disparaître des personnes vers un camp de prisonniers brutal au Salvador, il déplace également des personnes vers la Louisiane rurale pour tenter de faire disparaître des personnes à l’intérieur des frontières des USA.

L’histoire du Sud en matière d’esclavage, d’incarcération, de contrôle social par la suprématie blanche et la résistance constante de la population font partie d’un plan qui peut nous aider à comprendre ce qui se passe, pourquoi, qui en bénéficie et comment riposter.


L’importance de la Louisiane : isolement, stratégie juridique et profit

Pour comprendre pourquoi l’emplacement de ces centres de détention est important, nous devons comprendre le système carcéral usaméricain, ancré dans le contrôle racial, l’exploitation économique et l’effacement géographique.

Khalil et Doroudi sont tous deux détenus au Central Louisiana ICE Processing Center à Jena. Öztürk est détenue au South Louisiana ICE Processing Center à Basile. Les deux centres de détention sont situés dans des villes rurales éloignées, à majorité blanche, comptant moins de quelques milliers d’habitants. Ces lieux présentent des défis importants pour ces détenus, car les centres sont éloignés des grandes villes, ainsi que de nombreux avocats et organisations de défense des droits humains.

Cet isolement est délibéré et stratégique, plaçant les détenus à des milliers de kilomètres de leurs réseaux de soutien et limitant considérablement l’accès à un avocat, ce qui rend beaucoup plus difficile la mise en place d’une défense efficace. Ces sites sont également moins surveillés par le public, car les médias et les organisations de défense des droits humains n’ont qu’un accès limité pour surveiller les conditions et rendre compte de ce qui se passe à l’intérieur. Avec moins de possibilités de visites familiales, les détenus sont de plus en plus coupés du monde extérieur, isolés à la fois émotionnellement et physiquement. La détention en milieu rural devient une autre méthode de « disparition » des personnes.

Ces dernières années, la Louisiane est devenue l’un des principaux centres de détention d’immigrants du pays, se classant juste derrière le Texas pour le nombre de personnes détenues. La Louisiane détient actuellement environ 7 000 immigrants en détention civile. La Louisiane, ainsi que ses voisins, le Texas et le Mississippi, abritent 14 des 20 plus grands centres de détention de l’ICE du pays, et disposent également de tribunaux extrêmement conservateurs.

Les administrations répressives apprécient la Cour du 5e circuit de Louisiane, bien connue pour son conservatisme, et peuvent souvent obtenir les résultats qu’elles souhaitent plus facilement que dans d’autres États. C’est un juge fédéral de Louisiane qui a décidé que Khalil pouvait être expulsé parce qu’il représentait un risque pour la sécurité nationale en raison de ses convictions et de ses manifestations en faveur de la Palestine. Un juge de l’immigration de Jena a récemment refusé la caution à Doroudi. En revanche, le juge fédéral de New York a estimé que la détention de Yunseo Chung était illégale.

Les centres de détention fonctionnent comme des outils de punition à part entière. Au fil des ans, plusieurs centres situés dans la région rurale de la Louisiane ont fait l’objet de graves critiques pour violation des droits humains.

Öztürk a déclaré avoir été confrontée à des conditions « insalubres, dangereuses et inhumaines » dans le centre de Basile, où elle a lutté pour obtenir des soins médicaux adéquats. Les enquêteurs ont documenté les abus commis dans ce centre, notamment le fait que les détenus se voient refuser des soins médicaux, qu’ils reçoivent des produits d’hygiène féminine inadéquats et qu’on leur serve de la nourriture avariée.

Ces centres font plus que faire disparaître, contenir et punir. Hier comme aujourd’hui, la mégaentreprise de prisons privées GEO Group possède et gère le Central Louisiana ICE Processing Center à Jena (ainsi que le South Louisiana ICE Processing Center à Basile), en tant que centres de détention à but lucratif. Anciennement connu sous le nom de Wackenhut Corrections Corporation, tristement célèbre dans les années 1990 en tant qu’acteur majeur de l’essor des prisons privatisées à but lucratif, GEO Group a racheté Wackenhut en 2002. GEO Group, l’une des plus grandes sociétés pénitentiaires privées au monde, détient actuellement près d’un milliard de dollars de contrats gouvernementaux pluriannuels pour des prisons, des centres de détention, des transports et de la surveillance.

Cible elle-même, comme Israël, de stratégies de désinvestissement pour protester contre la violence systématique, la torture, le travail forcé et les abus, GEO Group risque de gagner des milliards supplémentaires en contrats fédéraux alors que l’administration Trump criminalise et rafle les immigrés, les Noirs, les musulmans et les étudiants.

Envoyés dans le Sud : du port d’esclaves à la capitale pénitentiaire

La Louisiane était un site clé dans le commerce intérieur des esclaves, la Nouvelle-Orléans étant le deuxième port négrier et le plus grand marché aux esclaves du pays, où les personnes asservies étaient achetées, vendues et transportées dans tout le Sud des USA. 

Pendant l’esclavage, les esclavagistes utilisaient souvent une expression pour menacer les esclaves : être « vendus le long de la rivière ». Cela signifiait être vendu plus au sud, le long du Mississippi, dans les plantations du Sud profond, comme les tristement célèbres champs de canne à sucre de Louisiane. Pour les esclaves, cette phrase avait le poids d’une condamnation à mort, symbolisant la séparation d’avec la famille et une souffrance quasi certaine. Être condamné plus au « Sud » était un outil d’isolement, de punition et de peur, une pièce maîtresse du contrôle exercé à l’époque de l’esclavage.

Dans les années qui ont suivi l’émancipation, cette exploitation a évolué au lieu de disparaître, jetant les bases du rôle central de l’État dans l’essor de l’incarcération de masse. De l’affermage des condamnés et du travail pénal à l’époque de Jim Crow au complexe industriel carcéral moderne, la Louisiane a longtemps profité des systèmes qui criminalisent et réifient les corps noirs. En fait, la Louisiane a accueilli la première prison privatisée du pays en 1844, un établissement qui a par la suite fait appel à une main-d’œuvre anciennement esclave à des fins lucratives.

Photographie de 1934 de prisonniers dAngola, prise par le folkloriste Alan Lomax, avec au premier plan le chanteur de blues Huddie « Lead Belly » Ledbetter, emprisonné pour tentative d'homicide, libéré plus tard dans l'année 

L’héritage de l’époque esclavagiste est peut-être incarné de la manière la plus frappante aujourd’hui par le tristement célèbre pénitencier de l’État de Louisiane, mieux connu sous le nom d’« Angola », qui est la plus grande prison de haute sécurité des USA. Il est situé sur le site isolé d’une ancienne plantation d’esclaves, d’une superficie de 18 000 acres [7 284 ha], et continue d’exploiter sa ferme en recourant à la main-d’œuvre carcérale. Des hommes incarcérés, noirs pour la plupart, travaillent la terre pour récolter entre autres du coton, souvent pour quelques centimes de l’heure, dans des conditions difficiles, chaudes et inhumaines, sous la surveillance de gardiens de prison armés et à cheval. C’est une image sinistre, qui s’est reflétée à la frontière du Texas en 2021, lorsque des agents de la patrouille frontalière usaméricaine se sont déplacés à cheval avec des fouets pour poursuivre et capturer des immigrés haïtiens.


Les groupes de pression qui prônent une réforme de la justice pénale ont joué un rôle clé dans la réduction de la population carcérale en Louisiane ces dernières années. Mais aujourd’hui, la détention des immigrants menace de remplacer ces chiffres en baisse, en particulier dans les zones rurales.

L’augmentation de la détention d’immigrants en Louisiane est parallèle à l’utilisation historique des prisons rurales du Sud et des camps de travail pour faire disparaître les personnes marginalisées de la vue du public. Les installations de l’ICE en Louisiane participent à une forme moderne de contrôle racial en détenant des immigrants et des dissidents politiques : ces installations sont transformées en sites où des corps volés sont enfermés à des fins de profit et de punition - loin des yeux, loin du cœur.

Ces centres de détention de Louisiane perpétuent la logique de l’esclavage usaméricain : des corps noirs et bruns, enfermés et exploités dans des communes rurales à des fins lucratives. Les architectes de la politique d’immigration des USA ont commencé à moderniser ce que la Louisiane a perfectionné pendant des siècles : le contrôle par la punition, le profit par l’emprisonnement et le silence par l’isolement.

Ce n’est pas une coïncidence si tant d’organisateurs propalestiniens ont été envoyés en Louisiane. Mais il y a un autre aspect de l’histoire du Sud qui pourrait guider notre réponse. La résistance fonctionne.

L’importance de Jena : un nœud de répression et de résistance

Lorsque nous parlons de la montée du fascisme aux USA et dans le monde, nous nous souvenons que le Sud des USA a conçu le schéma directeur d’une grande partie du fascisme européen et de l’apartheid sud-africain sous la forme de l’esclavage et de Jim Crow. Les systèmes imbriqués de suprématie blanche existent toujours dans le domaine social, dans les écoles, au sein de la police et dans les tribunaux. L’affaire des « 6 de Jena » montre que tous ces systèmes protègent le racisme blanc et tentent de contenir l’indignation des Noirs.

Avant d’être récemment sous les feux de la rampe, la petite ville de Jena, en Louisiane, était surtout connue pour l’affaire des 6 de Jena. En 2006, après que des nœuds coulants ont été accrochés à l’« arbre blanc » du lycée de Jena, six étudiants noirs ont été arrêtés et inculpés de tentative de meurtre pour avoir prétendument battu un jeune Blanc dans un contexte d’escalade des tensions raciales. Le jury était entièrement blanc et Mychal Bell, âgé de 17 ans, a été jugé comme un adulte et reconnu coupable. L’affaire est devenue un point chaud, car le jugement a suscité l’indignation nationale face à l’injustice raciale affichée. Vingt mille personnes se sont rassemblées dans la petite ville de Louisiane le jour de la condamnation de Mychal Bell pour protester contre le procès.


Jena, 20 septembre 2007

Les tensions raciales et les violences liées aux « 6 de Jena » ont commencé juste un an après que l’ouragan Katrina a mis en lumière les réalités du racisme, des décennies après les avancées du mouvement des droits civiques. « Katrina a fait prendre conscience aux Noirs qu’ils étaient des citoyens de seconde zone dans ce pays. Il a mis en lumière les souffrances endurées par les Noirs. Lorsque leurs abris et leurs moyens de subsistance leur ont été enlevés, ils ont été traités de pilleurs et laissés à l’abandon », a déclaré Assata Richards, de l’université de Pittsburgh, à propos de la montée des tensions à Jena à l’époque.

L’affaire des 6 de Jena montre également le pouvoir de la protestation, de l’organisation et de la construction d’un mouvement. Plus de 20 000 personnes sont descendues à Iéna en septembre 2007. Plus de 100 campus à travers le pays ont organisé des manifestations et des débrayages. Ces manifestations massives menées par des jeunes Noirs étaient le signe avant-coureur des manifestations « Black Lives Matter » et des soulèvements en faveur de la justice raciale à venir.

Bien qu’ils aient été accusés de tentative de meurtre et que Bell ait été jugé en tant qu’adulte, les charges retenues contre lui ont finalement été annulées et les autres adolescents noirs n’ont été condamnés qu’à une simple amende. Lorsque nous nous organisons et refusons de permettre aux systèmes répressifs d’isoler et de faire disparaître notre peuple, nous pouvons gagner.

Jena, en Louisiane, et l’industrie pénitentiaire privatisée qui enferme les militants propalestiniens représentent un ensemble de systèmes qui renforcent la suprématie blanche, la rentabilité des prisons et la répression anti-contestation. Ils reflètent un héritage continu de ciblage des personnes marginalisées, en particulier des corps noirs et bruns, à des fins de punition et de contrôle.

Jena témoigne de la réalité multiforme de la répression étatique raciste et de la violence sociale, mais elle peut aussi rappeler le pouvoir de l’organisation pour mettre fin à l’injustice.

Pourquoi nous devons être attentifs

La disparition et les détentions d’organisateurs propalestiniens sont une punition directe pour les puissants campements de jeunes du printemps 2024. Si nous continuons à montrer notre puissance pendant cette période, nous serons confrontés à davantage de répression. Plus de 40 projets de loi anti-manifestations ont été introduits en 2025 à travers les USA. Ces lois viendraient s’ajouter aux lois existantes visant les manifestations, les organisations à but non lucratif, l’entraide et les fonds de cautionnement.

À mesure que les mouvements se développent, la répression de l’État s’intensifie. Et les entreprises privées sont prêtes à en profiter. Le cours de l’action de GEO Group a doublé après les élections de novembre.


Cours des actions GEO GROUP au 1er mai 2025

Le complexe industriel carcéral est une cible majeure contre laquelle nous pouvons nous organiser pour le démanteler. L’omniprésence de l’État policier et des systèmes pénitentiaires élargit la base des personnes qui sont affectées et qui peuvent être organisées pour résister. Des centres de détention de l’ICE à la surveillance de nos quartiers, presque toutes les communautés sont concernées. Les lycéens et les collégiens doivent faire face à une présence policière accrue. La criminalisation de la dissidence est en train d’être codifiée à tous les niveaux de la législation locale, étatique et fédérale.

Les manifestations du mouvement en 2007 ont changé l’issue de l’affaire des 6 de Jena et ont fait progresser la justice raciale. Nous ne pouvons pas rester silencieux aujourd’hui alors que des personnes sont isolées, confinées et expulsées. Nous devons être courageux, et nous devons le faire collectivement.

Les nouvelles quotidiennes sur les disparitions, les détentions et la criminalisation accrue de l’activité des mouvements peuvent être décourageantes. Il est essentiel de comprendre les liens actuels et historiques, et nos stratégies sont plus solides lorsqu’elles s’appuient sur une analyse claire de ce qui se passe, de ceux qui en bénéficient et des forces qui sont affectées et en mouvement. En ce moment de danger à plusieurs niveaux, notre responsabilité est d’évaluer les liens et les modèles afin d’agir de manière décisive et stratégique.

En tant qu’organisatrices, nous posons les questions suivantes : pourquoi des personnes sont-elles enlevées et envoyées dans des prisons lointaines ? Qui profite matériellement de l’expansion de l’État policier ? Que pouvons-nous apprendre de l’histoire sur la manière dont l’opposition se déplace ? Que pouvons-nous apprendre des mouvements qui, aux USA et dans le monde, ont affronté des États autoritaires ?

En tant qu’organisatrices, nous le savons : La solidarité des mouvements est nécessaire pour prévenir et démanteler les États autoritaires.

En tant qu’organisatrices, nous le savons : La solidarité du mouvement est nécessaire pour prévenir et démanteler l’autoritarisme et le système carcéral qui est nécessaire pour le maintenir en place. Démasquez les formes d’expansion de la police, de la surveillance, des prisons et de la détention dans votre communauté et organisez-vous pour les dénoncer et les éliminer.

Le projet sioniste va bien au-delà de l’État d’Israël et de son génocide à Gaza. Alors que les USA soutiennent et aident le génocide, la violence de l’État augmente pour contenir notre résistance. Dans tout le pays, les étudiants luttent contre une répression accrue et des mesures disciplinaires, et les universités font face à des menaces existentielles sur leur autonomie et leur liberté. Un exemple de la portée du sionisme aux USA est le Georgia International Law Enforcement Exchange (GILEE), un programme d’échange de policiers basé sur un campus universitaire qui forme la police usaméricaine aux tactiques militaires de l’apartheid et développe les technologies de surveillance israéliennes à Atlanta. Mais les étudiants de l’université d’État de Géorgie s’organisent pour mettre fin à ce programme.


Juillet 2022: 16 policiers de Géorgie et du Tennessee suivent un stage de deux semaines en Israël dans le cadre du programme 
GILEE, lancé en 1992



Les jeunes établissent des liens et nous montrent à tous comment être courageux, depuis les lycéens qui ont manifesté pour protester contre le racisme des procès de Jena 6 jusqu’à ceux qui luttent contre Cop City à Atlanta, en passant par les campements de 2024. La solidarité et le soutien à l’organisation des jeunes et des étudiants en ce moment sont essentiels pour que nous soyons tous libres.

Mahmoud Khalil, prisonnier politique dans le contexte actuel de montée du contrôle autoritaire, nous le rappelle : « Les étudiants sont depuis longtemps à l’avant-garde du changement : ils ont mené la charge contre la guerre du Viêt Nam, se sont tenus en première ligne du mouvement pour les droits civiques et ont mené la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Aujourd’hui encore, même si le public ne l’a pas encore pleinement compris, ce sont les étudiants qui nous guident vers la vérité et la justice ».

Jena, 15 avril 2025

13/03/2025

ALAN MACLEOD
La professeure de l’université Columbia au centre du scandale de la déportation de Mahmoud Khalil est une ancienne espionne israélienne

La professeure au centre du scandale de l’arrestation en vue de le déporter de l’étudiant palestinien à l’Université de Columbia Mahmoud Khalil est une ancienne agente des services de renseignements israéliens, révèle MintPress News.

Alan MacLeod, MintPress News, 11/3/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Mahmoud Khalil, récemment diplômé de la School of International and Public Affairs (SIPA) de l’université, a été enlevé par l’Immigration Customs Enforcement (ICE) samedi pour son rôle dans l’organisation de manifestations l’année dernière contre l’attaque d’Israël sur Gaza. Keren Yarhi-Milo, directrice de cette École des affaires internationales et publiques, est une ancienne officière du renseignement militaire israélien et fonctionnaire à la mission d’Israël auprès des Nations unies. Yarhi-Milo a joué un rôle important en suscitant l’inquiétude du public face à une prétendue vague d’antisémitisme intolérable déferlant sur le campus, jetant ainsi les bases de l’importante répression des libertés civiles qui a suivi les manifestations.


Keren Yarhi-Milo pose avec Hillary Clinton lors de son séjour à Columbia en tant qu’enseignante invitée en 2023. Mme Clinton préside le conseil consultatif de l’Institute of Global Politics (IGP), fondé par Yerhi-Milo
Photo | Facebook | Hillary Clinton

Des fantômes parmi nous

Avant d’entrer dans le monde universitaire, la Dre Yarhi-Milo a servi en tant qu’officière et analyste du renseignement au sein des forces de défense israéliennes. Étant donné qu’elle a été recrutée dans les services de renseignement en raison de sa capacité à parler couramment l’arabe, son travail consistait probablement à surveiller la population arabe.

Après avoir quitté le monde du renseignement, elle a travaillé pour la mission permanente d’Israël auprès des Nations unies à New York. C’est là qu’elle a rencontré l’homme qu’elle a épousé, porte-parole officiel d’Israël auprès des Nations unies.

Bien qu’elle soit aujourd’hui universitaire, elle n’a jamais quitté le monde de la sécurité internationale, dont elle a fait son domaine d’expertise. Elle s’est efforcée de faire entendre la voix des femmes dans ce domaine. L’une d’entre elles était Avril Haines, alors directrice de la sécurité nationale des USA, avec qui elle s’est entretenue en 2023. Bien que Khalil ait été un élève de son école, elle n’a rien dit au sujet de son arrestation. En effet, plutôt que de s’exprimer sur la question (comme le demandaient les militants), elle a choisi cette semaine d’inviter Naftali Bennett, premier ministre d’Israël de 2021 à 2022, à s’exprimer à Columbia. Les étudiants qui ont protesté contre l’événement de mardi ont été condamnés par les autorités universitaires pour avoir “harcelé” Yarhi-Milo.

Des manifestations sans précédent, une répression sans précédent

L’année dernière, Columbia a été l’épicentre d’un mouvement de protestation massif sur les campus universitaires du pays. On estime  qu’au moins 8 % des étudiants usaméricains ont participé à des manifestations dénonçant l’attaque génocidaire contre Gaza et appelant les établissements d’enseignement à se désinvestir d’Israël. La réaction a été tout aussi massive. Plus de 3 000 manifestants ont été arrêtés y compris des membres du personnel universitaire.

27/12/2024

ROBERT TAIT
Les détentions de familles vont reprendre dans le cadre de la répression de l’immigration, selon le “tsar des frontières ” de Trump


Tom Homan a également déclaré que les parents sans papiers d’enfants nés aux USA seraient expulsés, avec ou sans leurs enfants.

Robert Tait à Washington, The Guardian, 26/12/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les autorités usaméricaines chargées de l’immigration reprendront la politique controversée consistant à placer les familles avec enfants dans des centres de détention dans le cadre d’une campagne d’expulsion des immigrés sans papiers, a déclaré le « tsar des frontières » de la future administration Trump, Tom Homan.


Tom Homan s’exprime lors de la conférence AmericaFest 2024 à Phoenix, Arizona, le 22 décembre. Photo : Cheney Orr/Reuters : Cheney Orr/Reuters

Homan, considéré comme « l’architecte » de la politique de séparation des familles, largement vilipendée, appliquée aux immigrants sans papiers sous la première administration Trump, a également déclaré que les fonctionnaires n’hésiteraient pas à expulser les parents dont les enfants sont citoyens usaméricains parce qu’ils sont nés aux USA.

Il appartiendra aux parents de décider s’ils veulent quitter le pays en tant que famille ou laisser leurs enfants aux USA, en séparant ainsi leurs familles.

« Voilà le problème », a déclaré Homan lors d’un entretien avec le Washington Post. « Vous saviez que vous étiez dans l’illégalité et vous avez choisi d’avoir un enfant. Vous avez donc mis votre famille dans cette situation ».

Il a précisé que les agents des services de l’immigration et des douanes (ICE) retiendraient les parents avec leurs enfants dans des tentes à parois souples, semblables à celles utilisées pour gérer les flux d’immigration à la frontière méridionale des USA.

« Nous allons devoir construire des installations pour les familles », a déclaré Homan. « Le nombre de lits dont nous aurons besoin dépendra des données disponibles ».

L’administration Biden a mis fin à la détention des familles en 2021, en fermant trois centres d’environ 3 000 lits gérés par l’ICE. Ces fermetures ont fait suite aux critiques de défenseurs de l’immigration et de pédiatres, qui ont mis en garde contre les effets néfastes de ces conditions sur les enfants.

La volonté de Homan de relancer l’ICE est le signal le plus clair qu’il ait donné jusqu’à présent sur la manière dont il compte mettre en œuvre la promesse répétée du président élu Donald Trump d’expulser environ 11 millions d’immigrés sans papiers.

Il a déclaré que la politique de l’administration Trump consisterait à expulser les familles ensemble, tout en reconnaissant que le gouvernement n’avait pas le pouvoir légal d’expulser les enfants nés aux USA, et qu’il incombait donc aux parents immigrés de décider s’il fallait ou non séparer une famille.

Il a ajouté : « Nous devons montrer au peuple américain que nous pouvons le faire sans être inhumains. Nous ne pouvons pas perdre la confiance du peuple américain ».

Lors de la première présidence de Trump, pendant laquelle il était directeur intérimaire de l’ICE, Homan a été crédité d’être la force motrice d’une politique distincte de « tolérance zéro » envers les migrants, qui a vu 4 000 enfants séparés de leurs parents après avoir franchi la frontière sud des USA.

Homan a déclaré au Post qu’il ne souhaitait pas s’engager sur un nombre cible d’expulsions tant qu’il ne connaîtrait pas les ressources disponibles pour augmenter la capacité de l’ICE, ajoutant : « Je vais me mettre dans une situation difficile, car je n’ai pas les moyens de faire face à la situation : « Je m’exposerais à une déception ».

En tant que tsar des frontières de la Maison-Blanche - un poste qui ne nécessite pas la confirmation du Sénat - Homan n’aura pas de contrôle direct sur l’ICE, qui relèvera de Kristi Noem, la candidate de Trump au poste de secrétaire à la Sécurité intérieure, si elle est confirmée dans ses fonctions.

Alors que Trump et ses principaux conseillers ont évoqué la possibilité d’utiliser les troupes de la garde nationale pour procéder aux expulsions, Homan a déclaré que seuls les agents des forces de l’ordre ayant reçu une formation seraient autorisés à procéder à des arrestations liées à l’immigration, le personnel militaire étant limité au transport et à d’autres services d’appui.

« Je ne vois pas l’armée menant des opération de ratissage dans les quartiers », a-t-il déclaré. Au contraire, les arrestations seraient « ciblées » sur les personnes ayant un casier judiciaire.

Il a déjà promis d’emprisonner les maires démocrates  et les fonctionnaires qui cherchent à bloquer les déportations.

Les descentes sur les lieux de travail effectuées par les fonctionnaires de l’ICE, auxquelles l’administration Biden avait mis fin, seraient relancées, a déclaré Homan. « Nous n’avons pas encore élaboré de plan pour l’application de la loi sur les lieux de travail. Nous savons que les employeurs seront mécontents ».

Il a aussi déclaré qu’il exhorterait la nouvelle administration à réintroduire le programme « rester au Mexique » - également abandonné par Biden - qui obligeait les demandeurs d’asile à attendre en dehors des USA pendant que leur demande était examinée.


"On peut expulser en masse sans séparer les familles...
...il suffit d'expulser toute la famille ensemble"

Tom Homan et Greg Abbott, vus par Ed Wexler. Greg Abbbott, gouverneur paraplégique du Texas, est une autre figure obscure du trumpofacisme : il s’est vanté d’avoir expédié des dizaines de milliers de migrants latinos dans les villes et comtés administrés par des démocrates « z’ont qu’à se démerder avec »), il a fait interdire l’avortement même en cas de grossesse due à un viol ou un inceste, libéralisé le port d’arme, supprimé la pause de 10 minutes toutes les 4 heures pour les travailleurs du bâtiment en cas de fortes chaleurs, et a dressé une liste de 850 ivres à faire disparaître des bibliothèques, dont ceux de Martin Luther King Jr.. En février 2021, il a été férocement critiqué pour sa responsabilité dans l’incapacité des services de l’État à fournir de l’électricité à 250 000 habitants, dont plusieurs sont morts, suite à la vague de froid polaire qui s’est abattue sur ce charmant État, dont le chanteur de folk Phil Ochs avait déclaré pendant la guerre du Vietnam : « Si j’étais Dieu, je bombarderais le Texas » |NdT]


21/09/2022

FARAH STOCKMAN
Le “déferlement de migrants” sur Martha's Vineyard met en lumière une vérité : le système d'immigration usaméricain est obsolète

Farah Stockman, The New York Times, 16/9/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Farah Stockman (1974) a rejoint le comité de rédaction du New York Times en 2020 après avoir couvert la politique, les mouvements sociaux et les questions “raciales” pour le desk national. Elle avait auparavant passé 16 ans au Boston Globe, dont près de la moitié en tant que journaliste de politique étrangère à Washington. Elle a effectué des reportages en Afghanistan, au Pakistan, en Iran, au Sud-Soudan, au Rwanda et à Guantánamo Bay. Elle a également été chroniqueuse et membre du comité de rédaction du Globe, remportant un prix Pulitzer pour ses commentaires en 2016. Elle est l'auteure de American Made : What Happens to People When Work Disappears,
sur les ouvriers de l'usine de roulements à billes Rexnord à Indianapolis et les raisons de leur vote pour Trump, suite aux menaces de fermeture et de délocalisation à Monterey au Mexique, qui ont été effectivement mises à exécution. @fstockman

Depuis avril, le gouverneur Greg Abbott du Texas a fait transporter en bus plus de 7 900 migrants de l'État vers Washington, D.C. En août, il a commencé à envoyer des migrants à New York. Maintenant, le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, s'y met aussi, en envoyant deux cargaisons de migrants à Martha's Vineyard*, dans le Massachusetts. À en croire Mister Abbott, il veut ainsi  percer à jour le bluff des maires des États bleus (démocrates) qui prétendent accueillir à bras ouverts les immigrants sans papiers. Cela fait également partie d'un plan républicain pas si secret que ça, visant à attiser la colère du populo contre les démocrates avant les élections de mi-mandat.

Des immigrés se rassemblent le 14 septembre avec leurs affaires devant l'église épiscopale St Andrews à Edgartown, sur Martha's Vineyard. Photo Ray Ewing / Vineyard Gazette via AP

 Politicaillerie mise à part, une chose est claire : notre système d'immigration est depuis longtemps surchargé et obsolète, et la procédure d'asile est une grande partie de ce qui ne fonctionne pas. Le nombre de nouvelles demandes d'asile déposées devant les tribunaux usaméricains de l'immigration a explosé, passant de 32 895 pour toute l'année 2010 à 156 374 en 2022 - à quatre mois de la fin de l’année. Cela s'explique en partie par le fait que les conflits et le Covid ont créé une migration massive à travers le monde. Les tribunaux de l'immigration n'ont pas été en mesure de faire face à l'afflux de nouveaux arrivants. En 2010, il y avait un arriéré d'environ 100 000 dossiers d'asile en cours de traitement. Aujourd'hui, ce chiffre est passé à plus de 660 000. Si l'on inclut d'autres types d'affaires, comme les ordres d'expulsion, les dossiers en souffrance dans les tribunaux de l'immigration ont atteint plus de 1,8 million.

Ces chiffres reflètent un récent pic de migration. Au cours des deux dernières années, environ un million de personnes ont été autorisées à entrer dans le pays pour attendre une audience devant un tribunal de l'immigration, selon un rapport récent de ma collègue du Times, Eileen Sullivan. Chaque personne a eu un an pour déposer une demande d'asile. Ce n'est pas seulement un phénomène de l'ère Biden : un nombre similaire a été admis par l'administration Trump pendant une période de 24 mois en 2018 et 2019, lors de la dernière grande poussée migratoire.

Combinés, ces chiffres ont brisé le système. Bien que les audiences de demande d'asile soient censées se tenir dans les 45 jours suivant le dépôt d'une demande, le temps d'attente actuel pour une audience de demande d'asile est en moyenne de près de quatre ans et demi, selon les données des chercheurs compilées au centre TRAC de l'université de Syracuse. Plus la résolution d'un cas est longue, plus il peut être difficile de renvoyer les personnes dont la demande d'asile a été rejetée, comme cela s'est produit dans plus de la moitié des cas d'asile l'année dernière. Selon les prévisions, plus de 745 000 procédures d'expulsion seront engagées en 2022, soit plus du double de toutes les autres années, à l'exception de 2019. Les longs retards dans la résolution des dossiers d'asile sont devenus une crise grave et auto-entretenue : ces délais incitent les gens à déposer des demandes d'asile infondées, sachant que cela leur fera gagner des années, même s'ils sont finalement expulsés.

 

DeSantis déporte des dizaines d'immigrants
"Bienvenue à Marth's Vineyard ! Quoi que vous aimiez faire -pêcher, vous balader, faire du shopping, vous réunir, créer, manger, vous relaxer -, vous pouvez vous y livrer sans contraintes"

Dessin de Randall Enos

Le problème vient en partie du fait que l'asile est l'une des rares voies légales que les personnes économiquement désespérées peuvent utiliser pour obtenir la permission de vivre et de travailler aux USA. En vertu de la législation usaméricaine et des conventions des Nations unies établies au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les personnes qui expriment une « crainte fondée d'être persécutées pour des raisons de race, de religion, de nationalité, d'appartenance à un groupe social particulier ou d'opinions politiques » sont autorisées à attendre que leur dossier d'asile soit jugé aux USA, où elles peuvent demander l'autorisation de travailler 150 jours après avoir déposé leur demande d'asile. Les documents d'autorisation de travail doivent être renouvelés tous les deux ans, ce qui crée une autre montagne de paperasse que la bureaucratie doit gérer.

Les demandeurs d'asile dont le dossier est authentique sont parmi les plus lésés par les fausses demandes, qui augmentent considérablement le temps qu'ils doivent attendre pour obtenir une protection juridique.

L'administration Trump a essayé un certain nombre de méthodes pour décourager les gens de déposer de nouvelles demandes d'asile, notamment en obligeant certaines personnes à rester au Mexique pendant qu'elles demandent l'asile aux USA. Néanmoins, les demandes d'asile ont en fait fortement augmenté sous le président Donald Trump, en partie en raison d'une poussée migratoire, mais aussi comme moyen de défense contre ses efforts accrus pour expulser les gens.

L'épidémie mondiale de Covid-19 a présenté une nouvelle opportunité de réduire les demandes d'asile. Le Titre 42 [du Code des USA], la politique de santé publique liée à la pandémie que l'administration Trump a instituée en mars 2020, a permis aux responsables usaméricains d'expulser rapidement les migrants à la frontière sans leur accorder la possibilité de déposer une demande d'asile. Beaucoup sont repoussés au Mexique, ce qui les expose à davantage de danger. L'administration Biden a annoncé qu'elle rouvrirait le traitement des demandes d'asile à la frontière et chercherait à mettre fin à l'utilisation du Titre 42, mais plus de 20 procureurs généraux républicains ont intenté une action en justice pour maintenir le Titre 42 en place, alors même que certains d'entre eux s'opposaient à d'autres efforts de prévention du Covid et insistaient sur le fait que la pandémie était exagérée. Jusqu'à présent, les efforts de l'administration pour modifier cette politique ont été bloqués par un juge fédéral.

Le Titre 42 finira par être levé ; à ce moment-là, le pays s'appuiera sur le Titre 8 [du Code des USA], l'autorité prépandémique en vertu de laquelle les agents usaméricains peuvent rapidement expulser ou mettre à l'amende les personnes prises en flagrant délit d'entrée illégale aux USA, à moins qu'elles ne soient jugées éligibles pour demander l'asile. Cela est juste ; un système bien géré doit être habilité à rejeter et à expulser rapidement les personnes dont la demande est infondée, tout en mettant en relation les personnes dont le cas est authentique avec des réseaux de soutien social. À cet égard, l'administration Biden n'a pas reçu le crédit qu'elle mérite pour un changement de règle important, bien que sous-estimé, qui pourrait remanier le système. Cet été, des agents d'asile formés ont statué sur certaines demandes d'asile dans une poignée de centres de détention de l'ICE (Police de l’immigration et des Frontières) au Texas, soulageant ainsi les tribunaux de l'immigration. Les demandeurs d'asile dont la demande est rejetée peuvent toujours faire appel auprès d'un juge. L'espoir est que les décisions rapides concernant les nouveaux cas empêcheront l'arriéré de s'accroître et décourageront les demandes fausses ou sans fondement.

La nouvelle règle n'est pas le tapis de bienvenue que de nombreux militants des droits des immigrants attendaient de l'administration Biden après quatre années de présidence Trump. Elle n'est pas non plus le traitement de tolérance zéro que de nombreux républicains considèrent comme le seul moyen de dissuader les migrants de s'amasser à la frontière. Mais il s'agit d'une politique saine fondée sur des recommandations et des recherches approfondies menées par des groupes respectés, notamment le Migration Policy Institute, un organisme non partisan. À une époque où presque tout ce que fait un président en matière d'immigration lui attire des poursuites judiciaires, elle a été soigneusement rédigée pour être le plus à l'abri possible des litiges. Combiné aux efforts bipartites visant à augmenter la capacité de traitement des non-citoyens à la frontière dans des centres d'accueil regroupant tous les départements et agences concernés sous un même toit, il pourrait finalement transformer un système défaillant en un système beaucoup plus efficace, moderne et équitable.

À une époque où les USAméricains sont déjà en désaccord entre eux sur ce que nous pourrions appeler les valeurs fondamentales - les croyances culturelles qui soudent notre pays - il est raisonnable de s'inquiéter de savoir si l'ajout de nouveaux arrivants au mélange compliquera la tâche de forger un avenir commun. Pourtant, il s'agit également d'une question qui touche au cœur de notre identité et qui nous permet de savoir si nous continuerons à être un endroit où les masses fatiguées, pauvres et entassées du monde peuvent obtenir une seconde chance. Pour être fidèles à notre identité de pays pluraliste, nous avons besoin d'un système d'asile qui garantisse que les personnes qui remplissent les conditions requises pour bénéficier d'une protection puissent l'obtenir - tout en réduisant au minimum les abus du système par ceux qui essaient simplement de passer la ligne.

NdT

Martha's Vineyard (« Le Vignoble de Martha ») est une île de l'État du Massachusetts, à 6 km de Cape Cod, au sud de Boston et à l’est de Newport. L'île est surtout connue comme résidence d'été de la jet set et des présidents  usaméricains, une mode lancée par Ulysses Grant en 1874 et suivie entre autres par Kennedy, Clinton et Obama, qui a été critiqué pour cela pendant la récession de 2007 à 2012. En 2019, les Obama y ont acheté un sam'suffit de 640 mètres carrés sur un terrain de 12 ha pour la modique somme de 11,75 millions de $. De quoi loger plusieurs centaines de migrants...

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