Hanif Abdurraqib, The New
Yorker, 13/7/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Hanif Abdurraqib (né en 1983) est un poète, essayiste et critique culturel usaméricain de Columbus, Ohio.
Je dis parfois que je me
considère comme un musulman d’équipe junior. Que cela soit pris comme une
blague ou comme une invitation à me réprimander (verbalement ou non, avec amour
ou non) dépend entièrement des autres musulmans présents dans la pièce. Mais
bon, je le dis haut et fort : je prends le ramadan très au sérieux, plus
sérieusement que tout autre chose. Au fond de moi, je suis resté un enfant
soumis à une routine rigoureuse. Je ne bois pas, je ne fume pas et je ne
consomme pas de drogues, même si je suppose que cela a moins à voir avec ma
relation à l’islam qu’avec mon ancien engagement à être un athlète de haut
niveau et, lorsque cela a échoué, avec le plaisir que j’ai pris à flirter avec
une fille punk qui ne buvait pas et ne fumait pas. Et puis, lorsque cela a
échoué, je me suis retrouvé trop anxieux à l’idée que mes excentricités déjà
brillantes pourraient devenir encore plus étranges si je m’abandonnais à l’ivresse,
quelle qu’elle soit. En d’autres termes, je n’ai pas confiance en mon propre
cerveau, mais j’ai confiance en autre chose. Je me sens le plus musulman
lorsque je suis stupéfait par un moment de clarté au sein de mes propres
contradictions. Au-delà des déconnexions qui peuvent exister dans ma pratique
religieuse, je me sens toujours profondément lié à l’ummah – le corps,
la communauté – et aux responsabilités que cette connexion implique. Un hadith
que j’aime beaucoup et qui sous-tend bon nombre de mes actions dit que « les
croyants, dans leur gentillesse, leur compassion et leur sympathie mutuelles,
sont comme un seul corps. Quand l’un des membres souffre, tout le corps réagit
par l’éveil et la fièvre ».
Le hadith dit que, grâce à notre
foi, le corps est un, et que par conséquent, ta souffrance est inextricablement
liée à ma souffrance. Lorsqu’une personne âgée très chère à ma communauté,
après des années de maladie, ne reconnaissait plus son propre corps et avait
beaucoup de mal à reconnaître son esprit, elle et moi avons prié ensemble,
assis sur deux chaises, car elle avait décidé que, si elle était à peine
capable de bouger, ses mouvements devaient être dirigés vers Dieu. C’est dans
ces moments-là, lorsque je ressens la distance entre la facilité de ma vie et
la douleur dans la vie des autres, que je me sens à la fois le plus et le moins
musulman. Dans la distance entre le fait de tenir mon téléphone portable dans
une pièce sombre et de regarder les images qu’il contient : un bébé affamé à
Gaza, un enfant tiré des décombres, les ruines d’un hôpital spécialisé dans le
cancer. Dans la distance entre ces ruines et ma maison. Dans la distance entre
l’impossibilité de m’endormir et le luxe d’avoir un lit dans lequel je ne
parviens pas à trouver le sommeil.
J’ai discuté avec mes amis
musulmans de la forme particulière d’islamophobie et de sentiment anti-arabe
qui a récemment émergé – ou réémergé, selon le point de vue – aux USA. À New
York, Zohran Mamdani, qui vient de remporter une
victoire étonnante lors des primaires démocrates pour la course à la mairie,
devra très certainement, pendant les mois précédant l’élection générale,
répondre à plusieurs reprises aux mêmes questions sur son antisémitisme et sur
ses projets pour assurer la sécurité des New-Yorkais juifs (qu’il a détaillés
longuement). Mais il n’existe aucun cadre permettant d’engager une discussion
parallèle sur les craintes ou la sécurité des New-Yorkais musulmans. Avant les
primaires, un comité d’action politique pro-Cuomo a préparé un mailing qui
semblait épaissir et allonger la barbe de Mamdani, et pourtant Andrew Cuomo n’a
pas été interrogé à plusieurs reprises sur la manière dont il comptait assurer
la sécurité des musulmans ou sur le dialogue qu’il entretenait avec les
dirigeants musulmans. Je ne dis pas nécessairement qu’il faille faire pression
sur les adversaires de Mamdani pour qu’ils répondent à ces questions, mais
simplement qu’il n’existe même pas de terrain propice à un tel débat. C’est
comme si une partie entière de la population restait invisible jusqu’à ce qu’elle
soit crainte.
J’ai tendance à trouver l’islamophobie
peu spectaculaire. Cela ne signifie pas pour autant que je ne la trouve pas
insidieuse et grave. Je l’imagine simplement, comme d’autres préjugés, comme
une sorte de bruit de fond omniprésent dans la psyché usaméricaine, parfois
plus faible, puis devenant cacophonique au moindre réglage du volume. Ce bruit
de fond est une raison non négligeable pour laquelle je peux, depuis mon
téléphone dans ma chambre, voir une école détruite à Gaza et savoir que la
plupart des personnes puissantes dans le monde ne seront pas émues. Pourtant,
mes amis et moi, en particulier ceux qui étaient adolescents ou plus âgés au
moment du 11 septembre, avons été déconcertés par l’islamophobie actuelle, qui
semble particulièrement vintage et directe, sans être édulcorée par une
rhétorique obscurissante ou visant à servir un objectif plus large. Au moment
des primaires démocrates, l’actrice Debra Messing a affirmé sur Instagram que
Mamdani « célébrait le 11 septembre ». La théoricienne du complot d’extrême
droite Laura Loomer a publié sur X que Mamdani voulait instaurer à la fois la
charia et le communisme à New York.
Parfois, cette panique anti-musulmane
est drôle, ou plutôt, son absurdité finit par devenir comique, ou alors j’en
ris avec des amis qui comprennent bien les dommages matériels causés par cette
agitation médiatique. Nous rions parce que, si nous devons vivre cela, nous
estimons avoir le droit de rire, unis dans ce rire. Le soir des primaires
démocrates, une discussion de groupe entre musulmans s’est rapidement remplie d’exemples
de la panique excessive qui régnait sur Internet, et nous avons ri de la
rapidité avec laquelle cette panique a été suivie par des musulmans, également
en ligne, qui se moquaient de cette panique. (« Préparez-vous à prier 5 fois
par jour à New York », a posté un utilisateur de X.) Dans mon rire, je pouvais
presque sentir tous les membres du groupe de discussion rire dans différents
coins du monde. Si le corps est un dans la souffrance, il doit aussi être un
dans le plaisir.
Un samedi soir récent, lors d’un
spectacle à guichets fermés au Beacon Theatre, à New York, le comédien Ramy Youssef arpentait la scène tandis que de
petits cercles lumineux dansaient sur une vague de rideaux rouges derrière lui.
Youssef est en quelque sorte un pont entre plusieurs modes d’identité
musulmane. Au cours de ses trois saisons, sa série télévisée, “Ramy”, a été saluée pour avoir redéfini la
représentation de la vie musulmane, en abordant les thèmes de la foi, de la
famille, de la lignée et de l’échec. Cela lui a valu un public musulman
enthousiaste, dont beaucoup étaient présents dans la salle du Beacon, comme en
témoignait le bruit qui a éclaté, puis s’est prolongé, lorsque l’on a demandé,
au début, combien de musulmans se trouvaient dans l’assistance. Mahmoud Khalil, diplômé de Columbia et militant
propalestinien récemment libéré de détention par l’ICE, était au premier rang.
À sa droite se trouvait sa femme, Noor Abdalla. À sa gauche, Zohran Mamdani.
C’était un vrai plaisir d’apercevoir
Khalil en proie à un fou rire. Il riait comme si chaque rire était un récipient
physique qui sortait précipitamment de son corps, ou un secret qu’il avait
gardé si longtemps qu’il avait fini par s’échapper. Le corps de Khalil se
secouait quand il riait : son rire était plus un événement cinétique qu’acoustique.
Il se balançait, tremblait légèrement et souriait largement. À côté, Mamdani
riait aussi, un peu plus fort ; son rire semblait moins être un secret
longtemps gardé qu’une idée qu’il avait hâte de partager. La plupart des
spectateurs ne savaient pas que les deux hommes étaient dans la salle et, de ce
fait, ils ont manqué le petit miracle de les voir partager leur joie devant la
scène qui se déroulait devant eux.
Lorsque Khalil a été arrêté par l’ICE,
début mars, il est devenu le premier cas très médiatisé de détention par l’administration
Trump d’étudiants titulaires d’un visa ou d’une carte verte ayant participé à
des manifestations propalestiniennes. Tout au long de sa détention, qui a duré
plus de cent jours, Khalil a rédigé des tribunes libres dans son carnet de
prison, puis les a dictées par téléphone. Dans l’un de ces articles, écrit
après la naissance de son fils, il décrit le chagrin insondable d’avoir été
contraint de manquer la naissance de son premier enfant. Mais il met également
en avant ses principes politiques fondamentaux, continuant à placer la
Palestine au centre de ses préoccupations. Il ne considère pas sa détention
comme une raison de renoncer à ses convictions, mais comme une occasion de les
défendre fermement et publiquement.
Si vous ne faites pas attention,
et si vous n’êtes pas à l’écoute de votre propre humanité et de celle des
autres, vous pouvez être tenté de confondre les personnes avec des symboles. Il
est facile d’associer un prisonnier politique à ses opinions politiques ou aux
horreurs de sa détention, et de ne rien voir d’autre. Le gouvernement a cherché
à faire de Mahmoud Khalil un exemple, afin de montrer aux autres ce qui arrive
quand on défend ouvertement les droits du peuple palestinien. À bien des
égards, c’est ainsi que l’État déforme la perspective même des personnes les
mieux intentionnées : si ce que vous comprenez de Khalil, c’est qu’il a
souffert, et que vous croyez que sa souffrance est injuste, et que votre cœur
souffre pour lui, cette douleur peut l’emporter sur votre capacité à le
comprendre autrement. Une telle myopie n’est pas malveillante, mais elle réduit
une vie entière à une fraction de celle-ci. J’aime le hadith sur le corps
collectif, car il ne parle pas seulement de la douleur, mais aussi du partage
de toute la gamme des sentiments humains. Je ne suis pas poussé à agir
uniquement parce que des gens ont souffert ou souffrent encore ; je suis poussé
à agir parce que je suis profondément conscient de chaque parcelle d’humanité
dont la souffrance prive les gens.
J’ai rencontré Khalil et Mamdani
dans les coulisses. Au début, Khalil semblait à la fois ravi et submergé par l’émotion.
Mais après la ruée initiale des photographes, le calme s’est installé autour de
lui et dans la pièce. Dans cette atmosphère sereine, Khalil semblait
observateur, ouvert et bien plus intéressé par les autres qu’ils ne pouvaient l’être
par lui. Lorsque nous avons trouvé un coin isolé, Khalil a voulu parler de
poésie, des merveilles de la paternité, de ce qui l’attendait dans les mois à
venir, outre l’épuisement lié à son procès contre l’administration Trump.
Abdalla m’a dit que son mari
apprenait à porter leur bébé, et ce qui m’est immédiatement venu à l’esprit, c’est
que Khalil, qui a trente ans, est encore si jeune. Si on le laissait
tranquille, il consacrerait tout son temps à découvrir le monde de la paternité
et la vie après ses études supérieures. Il n’a pas demandé à devenir un
symbole, même s’il a su le devenir avec grâce et attention. C’était
merveilleusement surréaliste d’être en coulisses, dans un spectacle d’humour, à
boire un café avec lui. J’étais tellement reconnaissant de sa présence que tout
ce que j’ai pu dire, pendant ce premier moment de calme, c’était : « Je suis
heureux que tu sois là. Je suis heureux qu’ils n’aient pas pu te prendre
complètement à nous. »
Khalil et Mamdani ne s’étaient
jamais rencontrés auparavant, mais je les ai vus engager une conversation
fluide et souvent drôle. C’était fascinant de voir deux figures emblématiques
de la victoire musulmane se rencontrer : l’un chargé de réinventer une ville, l’autre
de faire de sa liberté quelque chose qui le dépasse. Mamdani était vêtu d’un
costume sombre et d’une cravate à motifs, comme il le fait souvent pendant la
campagne électorale. Il a évoqué la recrudescence des menaces de mort qu’il
avait reçues depuis sa victoire aux primaires et la façon dont il avait dû
changer ses habitudes depuis qu’il était désormais sous protection rapprochée.
J’ai pensé à la tournée promotionnelle de mon livre qui avait occupé une grande
partie de l’année écoulée. À mesure que les foules grossissaient, les menaces
contre ma vie se multipliaient, et je devais parfois faire appel à des agents
de sécurité pour surveiller la file d’attente lors des séances de dédicaces ou
pour m’escorter jusqu’à mon hôtel. J’envoyais des SMS à mon groupe de
discussion musulman, disant en substance : « Je me sens plus musulman que
jamais quand quelqu’un veut ma mort », et nous riions. Ce n’est peut-être pas
drôle si vous n’êtes pas l’un des nôtres.
Khalil a déclaré qu’il avait lui
aussi été inondé de menaces, et que celles-ci avaient augmenté de manière
exponentielle depuis sa libération. Il a ajouté qu’il essayait surtout d’ignorer
les menaces et d’être prudent lorsqu’il sortait. Après cela, un bref silence s’est
installé entre nous trois, un moment de reconnaissance partagée des difficultés
de rester en vie. Pour certaines personnes, Khalil et Mamdani offrent, de
manière différente mais non sans rapport, des récits essentiels de résistance,
une série de cordes auxquelles tant de personnes s’accrochent pour survivre à
des moments où la survie semble impossible.
Dans le calme, je me suis surpris
à réfléchir à nouveau à la distance qui sépare deux hommes musulmans qui vivent
deux victoires distinctes, mais qui sont confrontés à des préoccupations
similaires. J’ai pensé à la distance entre ceux qui veulent votre mort et ceux
qui veulent votre départ, votre disparition par l’expulsion ou une forme plus
banale de silence. Il n’y a peut-être pas autant de distance entre ces deux
groupes que nous le souhaiterions, surtout si leurs membres sont bruyants, ont
du pouvoir et n’ont pas peur de fantasmer publiquement sur la violence
physique. La distance entre ces deux populations se réduit encore davantage
lorsque quelqu’un semble partir, puis a le culot de revenir – être rejeté comme
un perdant, puis remporter une primaire, ou être emprisonné pour avoir tenu des
propos propalestiniens et, une fois libéré, prendre la parole en faveur de la
Palestine dès que l’occasion se présente.
Une fois ce moment passé, Mamdani
sourit, passa son bras autour des épaules de Khalil et dit : « J’aimerais
pouvoir t’emmener partout avec moi. » Et nous avons ri tous les trois, même si
cette plaisanterie avait un goût amer. Un rire teinté de tristesse reste un
rire.
Il y a un autre hadith que j’aime
beaucoup. Dans celui-ci, un prophète qui prononce un sermon dit : « Le paradis
et l’enfer m’ont été montrés, et je n’ai jamais vu autant de bien et de mal qu’aujourd’hui.
Si vous saviez ce que je sais, vous ririez peu et pleureriez souvent. »
Ces jours-ci, je ne parle et ne
pense qu’à la dissonance cognitive nécessaire pour évoluer dans le monde. J’ai
de plus en plus de mal à démêler mes multiples personnalités pour pouvoir
avancer dans mon voyage. Toutes mes personnalités pleurent souvent. J’essaie de
faire preuve de grâce. Je dis à mes amis que je ne comprends plus comment on
peut passer les jours, les mois, sans reconnaître les horreurs qui nous
entourent. J’imagine ce que cela doit être de pouvoir éteindre les parties du
monde qui vous perturbent. Cela doit donner l’impression d’exister dans un
univers animé qui obéit aux lois de la physique des dessins animés : vous
tombez d’une hauteur inconcevable et, en atterrissant, un nuage de poussière s’élève
du sol, mais vous vous secouez et continuez à avancer.
Je me convaincs que je ris encore
suffisamment. Tous ceux que j’aime aimeraient voir la fin des guerres,
aimeraient empêcher que des gens soient enlevés dans la rue et expulsés, mais
certains jours, nous ne pouvons pas manifester, car il fait tellement chaud
dehors que c’est dangereux. Il fait dangereusement chaud dehors, en partie à
cause des conséquences climatiques des guerres ; elles ne s’arrêtent pas et ne
se sont pas arrêtées depuis aussi longtemps que nous sommes en vie. La mosquée
de mon quartier a reçu des menaces l’année dernière, alors les membres de la
communauté ont mis leur argent en commun pour engager des agents de sécurité. L’un
des anciens a plaisanté en disant que tant que la mosquée était vide, quelqu’un
pouvait se sentir libre de la brûler, cela nous donnerait une bonne excuse pour
enfin la rénover. Nous avons ri. Je me sens le plus musulman lorsque les autres
pensent que la blague est à la charge de mon peuple, mais mon peuple survit, et
donc la blague n’est en fait pas du tout à notre charge.
À la fin du spectacle de Youssef,
il arpentait la scène dans le silence quasi total qui avait suivi les
applaudissements enthousiastes. Puis il a commencé à parler de deux choses qui
lui avaient redonné espoir cette semaine-là. J’ai remarqué un couple devant moi
qui murmurait « Zohran ? ». Puis il est apparu sur scène, saluant la foule
debout qui l’acclamait. Il a brièvement évoqué sa vision d’un New York
différent, où les gens pourraient défendre les droits des Palestiniens sans
craindre d’être persécutés. Youssef a ensuite présenté Khalil, qui a reçu une
ovation encore plus forte et plus bruyante. Il a souri largement et a levé le
poing, un geste que beaucoup dans le public ont imité.
Vers la fin de son bref discours,
Khalil a regardé Mamdani comme s’ils étaient seuls dans la pièce et lui a dit :
« Je suis enthousiaste à l’idée d’élever mon fils dans une ville dont tu seras
le maire. » Ce fut un moment saisissant, l’un de ces moments où, si vous
écoutiez attentivement, vous pouviez entendre un souffle collectif avant qu’une
nouvelle vague d’applaudissements n’éclate. Les gens se dirigeaient vers les
sorties, certains essuyant leurs larmes. J’ai aperçu une amie et nous nous
sommes embrassés. Elle m’a dit : « Je ne m’étais pas rendue compte que je
pleurais, mais maintenant je ne peux plus m’arrêter. »
Aussi beau que fût ce souvenir,
ce qui m’est resté en tête, c’est la dernière blague de la soirée, lorsque
Khalil a déclaré qu’il était honoré d’être aux côtés de Mamdani, « un homme si
intègre que l’ICE ne l’a pas encore arrêté ». Il a marqué une pause, puis, avec
un timing parfait, il a ajouté : « On voit bien qu’ils y pensent ». Mamdani a
ri. Youssef a ri. J’ai ri dans mon siège. C’était une blague classique, faite
par quelqu’un qui avait été arraché du hall de son immeuble par des agents de l’ICE,
une blague affectueusement adressée à un candidat à la mairie qui a été menacé
d’expulsion par le président et d’autres dirigeants politiques. La blague était
drôle à cause de ce que certains d’entre nous dans la salle savaient et à cause
de ce que la personne qui la racontait avait vécu. La blague était drôle parce
que, même si certains d’entre nous dans la salle pleuraient souvent, notre rire
surpassait ce que nous savons du monde, pendant quelques secondes à la fois.
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