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16/02/2023

HAARETZ
La loi israélienne sur les châtiments collectifs pourrait constituer un crime de guerre

Éditorial d'Haaretz, 15/2/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

La Knesset a adopté ce mercredi 15  février un projet de loi visant à refuser aux terroristes la citoyenneté ou la résidence en Israël, donnant ainsi un habillage légal à un acte qui pourrait être qualifié de crime de guerre. Le projet de loi a été adopté avec le soutien massif de la coalition au pouvoir et d'une partie de l'opposition, avec une majorité de 94 députés [sur 120].

Mise sous scellés de la maison de la famille Qaraqe à Abou Thor, dimanche. Photo : Porte-parole de la police israélienne

La loi prévoit que le ministre de l'Intérieur refuse la citoyenneté ou la résidence à un terroriste qui a été condamné pour un acte terroriste et a reçu de l'argent de l'Autorité palestinienne, et qu'il soit expulsé vers le territoire de l'Autorité palestinienne. Si la loi, qui a été adoptée malgré l'objection de la procureure générale, n'est pas annulée par la Cour surpême elle permettra l'expulsion massive de Palestiniens résidant en Israël d'une manière qu'il sera pratiquement impossible de révoquer en appel.

Un autre projet de loi, qui a déjà été approuvé par le Comité ministériel pour la législation, sera également ajouté au livre des lois prochainement. Il permet de retirer la citoyenneté et d'expulser les membres de la famille des terroristes qui possèdent une carte d'identité bleue (israélienne). Cette proposition stipulera pour la première fois que la punition collective est légale.

Et voilà qu'avant même que le projet de loi ait passé toutes les procédures législatives, le ministre de l'Intérieur a notifié au père de Hussein Qaraqe - le terroriste qui a commis l’attaque à la voiture-bélier dans le quartier de Ramot à Jérusalem vendredi dernier - qu'il envisageait de lui refuser le permis de résidence israélien qu'il possède depuis les années 90.

Jusqu'à présent, rien ne prouve que le père fût au courant de l'acte de son fils, qu'il l'ait encouragé ou soutenu. Il n'y a pas non plus de preuve qu'il représente un “danger concret”, comme l'exige le projet de loi comme condition à l'expulsion. Si le service de sécurité Shin Bet ou la police disposent d'informations liant le père à l'acte de son fils, il doit être jugé. Le ministère de l'Intérieur ne devrait pas être autorisé à rendre son propre verdict.

La municipalité de Jérusalem a également pris le train de la punition collective. La ville a décidé de licencier la femme de Qaraqe, qui est en congé de maternité, au motif qu'elle a porté atteinte à l'image de la municipalité et brisé la confiance du public à son égard. La ville sait-elle quelque chose sur cette femme que les agences de sécurité ne savent pas ?

Le gouvernement israélien, qui n'a pas réussi à faire face aux attaques terroristes, tente de se bercer d'illusions et de faire croire à l'opinion publique qu'une punition collective radicale, comme la destruction de maisons, l'expulsion de membres de la famille ou l'aggravation des conditions de détention, dissuadera et dissoudra la motivation nationale de personnes qui ont déjà désespéré de leur vie et sont prêtes à la sacrifier. Ces mesures ne sont pas nouvelles : elles ont été essayées d'innombrables fois - pour montrer une fois de plus que la lutte nationale palestinienne ne se laisse pas impressionner par elles.

Les lois qui permettent à Israël de violer le droit international et les lois de l'occupation non seulement ne parviendront pas à contrecarrer le terrorisme mais entraîneront Israël sur le banc des accusés de la communauté internationale [on peut toujours rêver, NdT].

 

05/05/2021

Bab El Amoud, une nouvelle place Tahrir : la Porte de Damas à Jérusalem est le plus récent symbole de la protestation palestinienne

par Yanal Jbarin, Haaretz, 3/5/2021

Traduit par Fausto Giudice 

Yanal Jbareen | ينال جبارين | ינאל ג׳בארין

Yanal Jbarin étudie la communication et les sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem. Activiste social, il est né à Umm al-Fahm et vit aujourd'hui à Jérusalem, où il participe au projet Haaretz 21 visant à promouvoir les voix des Palestiniens de 1948, alias « la communauté arabe d'Israël ».
 FB
La magnifique porte de la vieille ville a toujours joué un rôle central dans la vie des Palestiniens de Jérusalem, mais la fermeture de la place pendant le ramadan en a fait l'épicentre de manifestations passionnées.

Des Palestiniens célèbrent devant la Porte de Damas après le retrait des barrières érigées par la police israélienne, la semaine dernière. Photo AMMAR AWAD/ REUTERS

L'épicentre des affrontements de ces dernières semaines dans la vieille ville de Jérusalem a été la porte de Damas. Il s'agit d'une large place entourée d'escaliers qui attire régulièrement de grandes foules de musulmans - jeunes et vieux, hommes et femmes - pendant le mois sacré du Ramadan. Ils viennent chaque soir écouter les prières de la mosquée Al-Aqsa qui marquent la fin du jeûne quotidien.

Mais cette année, suite à la décision de la police israélienne de fermer les escaliers aux piétons, la place est devenue le théâtre d'une bataille au cours de laquelle de nombreux policiers, y compris à cheval, ont utilisé des canons à eau pour disperser les rassemblements sur le site.

Le commissaire de police Kobi Shabtai a déclaré aux médias la semaine dernière que la zone autour de la porte de Damas était barricadée pendant le ramadan depuis de nombreuses années et que la politique n'avait pas été modifiée cette année. Mais les témoignages oraux et les images vidéo du site montrent qu'il n'en était pas ainsi dans le passé. La place était effectivement fermée dans des cas exceptionnels, mais pas pendant quelques semaines durant le ramadan comme cette année.

Des Palestiniens célèbrent devant la porte de Damas. Le site est connu en arabe sous le nom de Bab al-Amud et en hébreu sous le nom de Sha'ar Shekhem - Porte de Naplouse. Photo AMMAR AWAD/ REUTERS

Le site connu en arabe sous le nom de Bab al-Amud et en hébreu sous le nom de Sha'ar Shekhem - Porte de Naplouse - est particulièrement important pour les habitants de Jérusalem-Est. Ses noms hébreu et anglais proviennent du fait que la route qui part de cette porte mène à Naplouse, et de là à Damas. Le nom Bab al-Amud vient de la haute colonne (amud, en arabe) qui a été érigée dans la cour intérieure de la porte à l'époque romaine. Les distances de Jérusalem étaient mesurées à partir de cette colonne par des bornes placées le long des routes.