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29/06/2025

HANNO HAUENSTEIN
Pourquoi le “changement de paradigme” de l’Allemagne sur Israël est une grosse blague

Hanno Hauenstein, The Third Draft, 21/6/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala 

Malgré certaines remarques critiques, l’Allemagne n’a pas changé sa position sur Israël et la Palestine. De Gaza à Téhéran, son soutien au génocide et à la guerre persiste, tandis que la Staatsräson [raison d’État] est en train d’être relookée.

 

Staatsräson
, par Peter Wall, 2013

Que signifie la Staatsräson lorsque l’Allemagne soutient le génocide perpétré par Israël à Gaza ?
Les deux dernières années apportent une réponse douloureusement simple : ce concept s’est largement détaché de tout fondement éthique. Il n’affirme plus la responsabilité historique de l’Allemagne – à supposer qu’il l’ait jamais vraiment fait. Au contraire, il la sape.

Et pourtant, ces dernières semaines, des fissures ont commencé à apparaître dans ce qui semblait depuis longtemps être un consensus allemand inébranlable sur Israël.

Le porte-parole de la CDU pour la politique étrangère, Johann Wadephul, un atlantiste pur et dur, a déclaré à la Süddeutsche Zeitung qu’il était discutable que les actions d’Israël à Gaza restent « compatibles avec le droit international humanitaire ». Il a ajouté que les exportations d’armes seraient réexaminées – et éventuellement suspendues. Et le chancelier Friedrich Merz a déclaré à un journaliste que les objectifs stratégiques d’Israël à Gaza n’étaient plus clairs pour lui.

Ces deux déclarations contrastent fortement avec d’autres remarques faites par les mêmes personnes. Lors d’une visite en Israël début mai, Wadephul avait exprimé sa « compréhension » pour l’un des crimes de guerre les plus flagrants commis jusqu’à présent par Israël à Gaza : le blocus de l’aide humanitaire, c’est-à-dire l’utilisation de la famine comme arme. Il l’a justifié en invoquant des allégations selon lesquelles le Hamas en faisait un usage abusif, un récit avancé par Israël, mais non confirmé par des sources indépendantes.


-Vous avez qualifié la guerre d'Israël contre l'Iran de "sale boulot". Pouvez-vous nous éclairer sur cette déclaration ?
-Oui, Netanyahou, c'est notre homme à tout faire !
Dessin de RABE

Les remarques plutôt critiques de Wadephul et Merz ont été faites avant qu’Israël ne lance sa guerre illégale contre l’Iran, une opération qui semble au moins en partie destinée à redorer l’image d’Israël en Occident, non pas comme une force brutale et génocidaire, mais comme un rempart de la civilisation contre les dirigeants islamistes iraniens. Dans le même esprit d’arrogance coloniale, Merz a récemment déclaré à la ZDF, lors du sommet du G7, qu’Israël faisait « le sale boulot » pour « nous tous ». Il a également exprimé son « plus grand respect » pour le « courage » de l’armée israélienne et de ses dirigeants. Il n’a pas mentionné le fait que les frappes israéliennes violaient le droit international et avaient déjà tué des centaines de civils en Iran, ni que des dizaines d’Israéliens avaient été tués dans des attaques de représailles.

Tout bien considéré, la position de l’Allemagne reste inchangée : le gouvernement allemand continue de soutenir Israël en lui fournissant des armes et une couverture diplomatique.

Lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE fin mai, une majorité d’États membres ont appelé à une révision – et à une éventuelle suspension – de l’accord d’association de l’UE avec Israël en réponse à sa campagne génocidaire à Gaza.

Une telle suspension pourrait avoir de graves conséquences économiques pour Israël. C’est l’un des rares instruments significatifs dont dispose l’UE pour contrer la trajectoire de Netanyahou, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie, où les déplacements forcés se sont accélérés tandis que les députés israéliens avancent ouvertement vers une annexion officielle.

 La discussion sur une éventuelle révision de l’accord d’association a déclenché d’importants débats publics en Israël. Dix-sept des 27 États membres de l’UE, dont la France et la Suède, ont voté en faveur. L’Allemagne a été l’un des rares pays à voter explicitement contre. Et cela n’aura été qu’une première étape, un signal mineur indiquant que la famine et les massacres ne seraient pas accueillis par le silence.

Le Royaume-Uni a emprunté une voie différente. Début juin, le gouvernement britannique a imposé des sanctions aux deux membres d’extrême droite les plus en vue du cabinet de Netanyahou : le ministre de la Sécurité Itamar Ben-Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich. La justification officielle était que tous deux avaient incité à la violence contre les communautés palestiniennes. Un euphémisme généreux : tous deux ont ouvertement – directement ou implicitement – appelé au déplacement ou à l’anéantissement de toute la population de Gaza.

Les sanctions britanniques s’inscrivent dans le cadre d’une initiative plus large à laquelle se sont joints l’Australie, le Canada, la Norvège et la Nouvelle-Zélande. En Allemagne, de telles mesures ne sont même pas discutées, ni dans la sphère politique ni dans les médias.

Dans ce contexte, le fait que certains politiciens aient récemment pris leurs distances par rapport aux actions d’Israël ne suggère pas un véritable changement de politique étrangère, mais plutôt un changement de discours. Les anciens discours ne peuvent tout simplement pas résister à l’abîme qui s’est ouvert à Gaza. Cela s’explique en partie par les images : des enfants en bas âge émaciés, des familles exécutées par les forces israéliennes alors qu’elles attendaient aux points de distribution « d’aide » de la GHF, des secouristes retirés morts de fosses communes improvisées.

Les sondages montrent qu’une majorité de la population allemande rejette désormais le comportement d’Israël. Cette opinion s’est renforcée malgré la couverture médiatique, dans laquelle les grands médias continuent de minimiser, d’ignorer ou de déformer activement ce qui se passe à Gaza.

Mais les faits ne peuvent rester éternellement balayés sous le tapis. Selon le ministère de la Santé de Gaza, l’armée israélienne a tué près de 56 000 Palestiniens depuis le 7 octobre, dont près de 16 000 enfants, plus de 8 000 femmes et près de 4 000 personnes âgées. Plus de 116 000 autres personnes ont été blessées, beaucoup d’entre elles souffrant de blessures qui ont changé leur vie ou ayant subi des amputations. Des estimations indépendantes suggèrent que le bilan réel est bien plus élevé. Le projet « Costs of War » estime que les chiffres sont largement sous-estimés, un avis partagé par de nombreux experts. The Lancet a estimé le nombre total de morts à plus de 186 000. C’était en juillet 2024.

Le fait que l’Allemagne, un pays qui invoque si souvent l’ordre international d’après-guerre, ait non seulement échoué à empêcher ces crimes, mais les ait activement facilités, constitue un échec historique. Cela symbolise l’érosion des normes et des principes mêmes sur lesquels l’ordre mondial a été construit après l’Holocauste. Cet ordre était fragile avant Gaza. Après Gaza, il pourrait bien être irréparable.

Lors de la visite du ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Sa’ar à Berlin début juin, Wadephul a réaffirmé le soutien de l’Allemagne à Israël en des termes très clairs. Israël, a-t-il déclaré, « a le droit de se défendre contre le Hamas et d’autres ennemis ». L’Allemagne continuera à fournir des armes à Israël – « cela n’a jamais fait aucun doute ».

Il a également rejeté la reconnaissance d’un État palestinien, la qualifiant de « mauvais signal ». L’accord d’association de l’UE avec Israël, a insisté Wadephul, doit rester inchangé. Tous ceux qui espéraient que ses précédentes déclarations annonçaient un léger changement de cap, voire des conséquences, sont restés bouche bée. Ses déclarations aux côtés de Sa’ar sont revenues sur pratiquement tout ce qu’il avait laissé entendre auparavant.

La position actuelle de l’Allemagne pourrait être décrite comme un nouveau pragmatisme – un pragmatisme qui ne peut plus soutenir le silence total ou le soutien inconditionnel au génocide israélien, car le climat international ne le permet tout simplement pas, mais qui refuse toujours de traduire même ses critiques les plus timides et tardives en conséquences réelles. L’Allemagne s’est mise elle-même dans une impasse.

Quiconque prétend prendre au sérieux la responsabilité historique de l’Allemagne ne peut pas considérer le déplacement systématique et le massacre de dizaines, voire de centaines de milliers de Palestiniens à Gaza, l’annexion de la Cisjordanie ou la mort de civils à Téhéran comme des nécessités malheureuses. Compte tenu de la réalité actuelle, parler d’un « changement de paradigme » dans la politique allemande à l’égard d’Israël et de la Palestine est tout simplement absurde. Ce qui est encore plus absurde, c’est qu’un tel changement n’ait toujours pas été réclamé plus ouvertement.

 Ô Allemagne, mère blafarde, statue de Fritz Cremer inspirée du poème de Bertolt Brecht de 1933, Berlin

05/06/2025

VERA WEIDENBACH
La position de l’Allemagne à l’égard d’Israël est devenue un dilemme politique sans précédent

Vera WeidenbachHaaretz, 3/6/2025

Vera Weidenbach est une auteure et journaliste indépendante allemande qui vit à Berlin. En tant que reporter, elle écrit sur la politique nationale allemande. Son livre „Die unerzählte Geschichte - Wie Frauen die moderne Welt erschufen und warum wir sie nicht kennen“ [L’histoire cachée : comment les femmes ont créé le monde moderne et pourquoi nous l’ignorons] a été publié en 2022. Elle a étudié la philosophie, la biologie et la politique à l’université Humboldt de Berlin et au King’s College de Londres avant de fréquenter l’école de journalisme de Munich.

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Malgré la volonté du nouveau gouvernement de Berlin de critiquer la conduite de la guerre de Gaza par Israël, ce dernier n’a encore subi aucune répercussion de la part de l’Allemagne. Le chancelier Friedrich Merz devra finir par choisir entre des menaces en l’air et la sauvegarde du droit humanitaire.

Le changement était la plus grande promesse de Friedrich Merz lorsqu’il a fait campagne pour devenir chancelier de l’Allemagne. Les temps d’hésitation et de stagnation seraient révolus, promettait-il, lorsque son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de centre-droit, prendrait la tête du pays. Finies les querelles qui ont finalement entraîné la chute de ce que les Allemands appellent la coalition feu tricolore - l’union des partis soc-dém, libéral et vert, dirigée plus récemment par l’ancien chancelier Olaf Scholz. Merz s’est engagé à faire avancer les choses et à agir rapidement.


C’est un génocide
ou de la légitime défense ?
Contentons tout le monde et disons que c'est les deux
Dans ce cas, on a besoin d'une nouvelle terminologie
Je propose “légitime défense génocidaire”
ça devrait donner du grain à moudre aux deux parties
Dessin de Joe Sacco

De nombreux Allemands ont été surpris de constater que le plus grand changement opéré par Merz après trois semaines de mandat était une violation de l’un des principes directeurs de la politique étrangère de l’Allemagne : ne pas critiquer Israël trop intensément. Plus sévère que tous les chanceliers allemands avant lui, Merz a critiqué le gouvernement israélien pour sa conduite de la guerre en cours et la situation humanitaire désastreuse dans la bande de Gaza.

Dans une interview accordée le 27 mai, il a estimé que l’offensive actuelle d’Israël “n’est plus compréhensibleet a déclaré : « Porter atteinte à la population civile dans une telle mesure, comme cela a été de plus en plus souvent le cas ces derniers jours, ne peut plus être justifié comme une lutte contre le terrorisme du Hamas ».

Pendant sa campagne et lors de l’accord conclu avec les sociaux-démocrates (SPD) pour former son gouvernement de coalition, Merz s’est positionné comme étant fortement pro-israélien et a souligné ses relations personnelles étroites avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou - qui, selon Merz, l’a appelé pour le féliciter juste après qu’il eut remporté les élections de février. Au cours de ce long appel téléphonique, Merz a déclaré qu’il avait promis à Netanyahou de « trouver les moyens de lui permettre de se rendre en Allemagne et de pouvoir repartir sans être arrêté ».

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Cette déclaration a suscité l’indignation des autres partis politiques, l’Allemagne étant l’un des plus grands soutiens de la Cour pénale internationale, qui a a délivré un mandat d’arrêt à l’encontre de Netanyahou en novembre, en raison des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qu’il aurait commis à Gaza.

Le revirement rhétorique de Merz à l’égard d’Israël intervient dans un contexte de pression politique croissante en Allemagne et dans toute l’Europe pour condamner l’offensive israélienne en cours à Gaza. L’UE a annoncé son intention de réexaminer la base juridique de son accord d’association de 1995 avec Israël. Entre-temps, le Royaume-Uni a suspendu ses négociations commerciales. Et L’Espagne a intensifié ses efforts diplomatiques pour inciter ses alliés européens à imposer des sanctions à Israël.

Pour la nouvelle coalition gouvernementale CDU-SPD, le sujet présente un potentiel de conflit, une impression que Merz souhaite éviter. Lars Klingbeil, chef de file du SPD et ministre des Finances, a annoncé que la coalition avait l’intention d’accroître la pression politique sur Israël. « Nous devons également faire comprendre à nos amis, compte tenu de la responsabilité historique que nous portons à l’égard d’Israël, ce qui n’est plus acceptable », a déclaré Klingbeil. le 26 mai, ajoutant que ce point a été atteint.

À la différence de plusieurs hauts responsables du SPD, Klingbeil s’est toutefois abstenu d’appeler à un embargo sur les armes à destination d’Israël. Le manque d’unité des sociaux-démocrates sur cette question donne à la CDU une plus grande marge de manœuvre.

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Zeitenwende, Peter Wall, Allemagne, 2024. Acrylique sur toile 100 x 120 cm

Merz s’est engagé à devenir un “Außenkanzler” [“exochancelier”], c’est-à-dire qu’il s’est engagé à faire de son mandat de chancelier une affaire de politique étrangère. Pour la première fois depuis plus de cinquante ans, la CDU dirige le ministère des Affaires étrangères. L’ancien chancelier Olaf Scholz est largement considéré comme n’ayant pas tenu sa promesse de “Zeitenwende” (tournant historique, changement d’époque) concernant le rôle de l’Allemagne en tant que puissance de premier plan en Europe et l’augmentation de ses capacités militaires pour contrer l’agression russe contre l’Ukraine.

Et c’est là que le soutien de l’Allemagne à Israël entre en conflit non seulement avec les principes normatifs de l’Allemagne, mais aussi avec ses intérêts politiques, explique Maya Sion-Tzidkiyahu, maîtresse de conférences à l’Université hébraïque de Jérusalem et directrice du programme de relations Israël-Europe de la boîte à idées Mitvim. Elle souligne qu’en Europe, les attentes à l’égard de Merz ne concernent pas principalement Israël.

« Un alignement non critique sur Israël risque de miner la crédibilité de l’Allemagne et de l’exposer à des accusations croissantes de deux poids-deux mesures. Cela pourrait diminuer la crédibilité de l’Allemagne dans l’arène géopolitique au sens large, notamment en ce qui concerne la guerre entre la Russie et l’Ukraine », dit Sion-Tzidkiyahu.

Merz a clairement l’ambition de faire de l’Allemagne un acteur diplomatique de premier plan, ce qui est étroitement lié au fait de jouer un rôle important dans la fin de la guerre en Ukraine. Depuis son entrée en fonction, le nouveau chancelier allemand a rencontré à deux reprises le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et a promis d’accroître le soutien militaire de l’Allemagne.

Selon Mme Sion-Tzidkiyahu, la mise en œuvre par l’Allemagne de mesures politiques à l’encontre d’Israël dépendra en grande partie de la manière dont le gouvernement Netanyahou choisira de poursuivre la guerre à Gaza. Si la guerre se transforme en une occupation à long terme - ce qui est de plus en plus probable au vu de l’évolution de la situation sur le terrain, car Israël continue de repousser les civils de Gaza dans trois zones tout en exerçant un contrôle militaire sur 75 % de la bande. Cela pourrait amener Netanyahou à suivre les demandes de ses copains de la coalition d’extrême droite, qui rêvent de voir Tsahal administrer Gaza de la même manière que la Cisjordanie.

« Si ce scénario devait se réaliser, l’Allemagne serait confrontée à de sérieuses difficultés politiques et juridiques pour justifier la poursuite des exportations d’armes vers Israël », prédit Sion-Tzidkiyahu. « « Dans ce cas, la question dépasserait le stade de la rhétorique et entrerait dans le domaine des changements politiques concrets.

Portes fermées, téléphones ouverts

Par le passé, Merz s’était largement abstenu de critiquer publiquement le gouvernement israélien, privilégiant ce que lui et son ministre des Affaires étrangères, Johann Wadephul, appellent la “diplomatie des portes fermées”, c’est-à-dire que l’Allemagne fait part de ses préoccupations dans le cadre de discussions directes, plutôt qu’en public.

Wadephul a assuré qu’il était en contact téléphonique quasi quotidien avec des responsables israéliens pour discuter des préoccupations de l’Allemagne. Lors de sa visite en Israël il y a deux semaines, le ministre a publiquement appelé à une augmentation de l’aide humanitaire à Gaza, tout en acceptant largement les justifications du gouvernement israélien pour la guerre en cours. Mercredi, son homologue israélien Gideon Sa’ar se rendra à Berlin et les deux hommes auront à nouveau l’occasion de discuter de cette question en face à face.


Staatsräson, par Peter Wall, 2013

Depuis la reprise des combats à Gaza, Wadephul décrit la position de l’Allemagne à l’égard d’Israël comme un dilemme politique et moral. Le principe selon lequel la sécurité d’Israël est une raison d’État - Staatsräson, une idée lancée par l’ancienne chancelière Angela Merkel en 2008 en référence à la responsabilité historique de l’Allemagne après l’Holocauste - contredit l’engagement de l’Allemagne à respecter le droit humanitaire et international.

Malgré cette nouvelle volonté du gouvernement allemand de critiquer plus ouvertement, les conséquences concrètes restent assez vagues. Wadephul a rejeté un embargo sur les armes proposé par le gouvernement espagnol, en évoquant la responsabilité de l’Allemagne en matière de sécurité d’Israël. Dans une récente interview, le ministre a laissé entendre que le Conseil fédéral de sécurité, un comité du cabinet qui décide des livraisons d’armes, examinera si l’utilisation d’armes allemandes dans la bande de Gaza est conforme au droit international.

Un arrêt des livraisons d’armes allemandes à Israël ne semble pas très probable dans un avenir proche, d’autant plus qu’il existe une résistance au sein de la CDU et de la CSU, la branche bavaroise la plus conservatrice du parti.

 

“Espérons que ça marche !”. Sur la caisse : ARMES - SEULEMENT POUR LES GENTILS ! À  N'UTILISER QUE CONTRE DES MÉCHANTS !
Dessin d'ERL, 2014

D’octobre 2023 à la mi-mai 2025, l’Allemagne a exporté pour 485 millions d’euros d’armes vers Israël, ce qui la met en deuxième position après les USA. 73 % des Allemands souhaitent un contrôle plus strict des exportations d'armes vers Israël, dont 30 % sont favorables à une interdiction totale, selon un sondage réalisé mercredi. [NdT]

29/05/2025

GIDEON LEVY
Deutschlands Unterwerfung zu seiner Vergangenheit hat es viel zu lange zum Schweigen über Gaza gebracht

Gideon LevyHaaretz 29.5.2025
Übersetzt von Fausto Giudice , Tlaxcala

Deutschland hat das Andenken an den Holocaust und seine Lehren verraten. Ein Land, das es als seine höchste Aufgabe ansah, nicht zu vergessen, hat vergessen. Ein Land, das sich selbst versprochen hat, niemals zu schweigen, schweigt. Ein Land, das einst „Nie wieder“ sagte, sagt nun „wieder“, mit Waffen, mit Geld, mit Schweigen. Kein Land sollte besser darin sein als Deutschland, „widerliche Prozesse zu erkennen“. Jeder Deutsche weiß viel mehr darüber als Yair Golan. Hier in Israel sind sie in vollem Gange, doch Deutschland hat sie noch nicht als das erkannt, was sie sind. Erst kürzlich ist es zu spät und zu wenig aufgewacht.


Wenn Deutschland den Flaggenmarsch in Jerusalem sieht, muss es die Reichspogromnacht sehen. Wenn es die Parallelen nicht sieht, verrät es das Andenken an den Holocaust. Wenn es auf Gaza blickt, muss es die Konzentrationslager und Ghettos sehen, die es gebaut hat. Wenn es hungrige GazanerInnen sieht, muss es die elenden Überlebenden der Lager sehen. Wenn es die faschistischen Reden israelischer Minister und anderer Persönlichkeiten des öffentlichen Lebens über Tötung und Bevölkerungstransfer, über „keine Unschuldigen“ und über das Töten von Babys hört, muss es die erschreckenden Stimmen aus seiner Vergangenheit hören, die dasselbe auf Deutsch gesagt haben.

Sie hat kein Recht zu schweigen. Sie muss die Fahne des europäischen Widerstands gegen das, was im Gazastreifen geschieht, hochhalten. Doch sie hinkt weiterhin hinter dem Rest Europas hinterher, wenn auch unbequem, nicht nur wegen ihrer Vergangenheit, sondern auch wegen ihrer indirekten Verantwortung für die Nakba, die ohne den Holocaust wahrscheinlich nicht stattgefunden hätte. Deutschland hat auch eine teilweise moralische Schuld gegenüber dem palästinensischen Volk.

Ohne die Unterstützung der Vereinigten Staaten und Deutschlands hätte es die israelische Besatzung nicht gegeben. Während dieser ganzen Zeit galt Deutschland als Israels zweitbester Freund. Seine Unterstützung war bedingungslos und vorbehaltlos. Jetzt wird Deutschland für seine langen Jahre der strengen Selbstzensur bezahlen, in denen es verboten war, Israel, das heilige Opfer, zu kritisieren.

Jede Kritik an Israel wurde als Antisemitismus abgestempelt. Der gerechte Kampf für die Rechte der Palästinenser wurde kriminalisiert. Ein Land, in dem ein großes Medienimperium von seinen Journalisten als Einstellungsvoraussetzung verlangt, niemals Israels Existenzrecht in Frage zu stellen, kann nicht behaupten, die Meinungsfreiheit zu achten. Und wenn Israels derzeitige Politik seine Existenz gefährdet, sollte es dann nicht erlaubt sein, es zu kritisieren?

In Deutschland ist es schwierig, wenn nicht gar unmöglich, Israel zu kritisieren, egal was es tut. Das ist keine Freundschaft, das ist Knechtschaft gegenüber einer Vergangenheit, und das muss angesichts der Ereignisse in Gaza ein Ende haben. Die „besondere Beziehung“ kann keine Billigung von Kriegsverbrechen beinhalten. Deutschland hat kein Recht, den Internationalen Strafgerichtshof, der als Reaktion auf seine Verbrechen eingerichtet wurde, zu ignorieren, indem es darüber debattiert, wann es einen wegen Kriegsverbrechen gesuchten israelischen Ministerpräsidenten einladen soll. Es hat kein Recht, die Klischees der Vergangenheit zu wiederholen und Blumen in Yad Vashem niederzulegen, 90 Autominuten von Chan Yunis entfernt.


  Inas Abu Maamar, 36, beugt sich über den Leichnam ihrer Nichte Saly (5), die gemeinsam mit neune Familienmitgliedern getötet wurde, als eine israelische Rakete ihr Haus in Chan Yunis traf. Dieses Bild von Mohammed Salem für Reuters wurde mit dem ersten Preis des Wettbewerbes World Press Photo 2024 ausgezeichnet.

Deutschland steht nun vor seiner schwersten moralischen Prüfung seit dem Holocaust. Wenige Wochen nach dem Einmarsch Wladimir Putins in die Ukraine war es Deutschland, das die Sanktionen gegen Russland anführte. Zwanzig Monate nach der Invasion des Gazastreifens hat Deutschland noch immer keine Maßnahmen gegen Israel ergriffen, abgesehen von den gleichen Lippenbekenntnissen wie andere europäische Länder.

Deutschland muss sich ändern, nicht trotz seiner Vergangenheit, sondern gerade wegen ihr. Es reicht nicht aus, dass Bundeskanzler Friedrich Merz sagt, dass die Bombardierung des Gazastreifens nicht mehr zu rechtfertigen sei. Er muss Maßnahmen ergreifen, um sie zu stoppen. Es reicht nicht aus, dass Außenminister Johann Wadephul sagt, dass Deutschland sich nicht „in eine Lage bringen lassen wird, in der wir Zwangssolidarität zeigen müssen“.

Es ist Zeit, dass Deutschland sich mit den Opfern solidarisch zeigt und sich von den Fesseln der Vergangenheit befreit, die es von den Lehren des Holocaust entfremden. Deutschland kann nicht weiter tatenlos zusehen und sich mit halbherzigen Verurteilungen begnügen. Angesichts der schrecklichen Lage in Gaza ist dies Schweigen – das beschämende Schweigen Deutschlands.


02/10/2024

ASSIAH HAMED
Pas de passeport allemand pour qui poste “De la rivière à la mer”

Assiah Hamed, The New Arab, 1/10/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

Assiah Hamed est rédactrice au New Arab.

Selon les dispositions de la nouvelle loi allemande controversée, les personnes utilisant le slogan pro-palestinien sur les médias sociaux se verront refuser la citoyenneté.


Une centaine de manifestant·es pro-palestinien·nes se rassemblent à Bonn, en Allemagne, le 28 septembre 2024, pour protester contre l’attaque d’Israël au Liban, demandant un cessez-le-feu et la fin de l’armement d’Israël. Photo Ying Tang/NurPhoto via Getty Images

Les personnes qui utilisent le slogan pro-palestinien « De la rivière à la mer » [From the river to the sea, Palestine will be free] sur les médias sociaux pourraient se voir refuser la citoyenneté allemande en vertu de la nouvelle loi sur la citoyenneté du pays, a rapporté dimanche le ministère fédéral de l’intérieur.

La loi allemande sur la citoyenneté, qui est entrée en vigueur le 27 juin, a introduit des critères plus stricts qui peuvent disqualifier les candidats qui s’engagent dans une rhétorique anti-israélienne, selon le communiqué du ministère.

Une disposition clé de la loi concerne la responsabilité historique de l’Allemagne dans les crimes du régime nazi, en mettant l’accent sur la « protection de la vie juive ».

Cette clause précise que toute personne violant l’engagement légal de l’Allemagne à protéger Israël peut se voir refuser la citoyenneté.

Les autorités allemandes considèrent que les slogans pro-palestiniens, tels que « De la rivière à la mer », en particulier lorsqu’ils sont associés à des déclarations telles que « La Palestine sera libre » ou « Israël, assassin d’enfants », perpétuent la rhétorique antisémite et anti-israélienne.

Selon la NDR , le simple fait d’aimer, de partager ou de commenter de tels slogans sur les médias sociaux pourrait constituer un motif d’exclusion de la citoyenneté.

Depuis les années 1960, le slogan « De la rivière à la mer » est un cri important dans les manifestations pro-palestiniennes, symbolisant les demandes de droits palestiniens à travers les frontières historiques de la Palestine, du Jourdain à la mer Méditerranée.

Toutefois, à la suite des attaques du 7 octobre, les autorités allemandes ont considéré cette phrase comme une infraction pénale, la ministre social-démocrate de l’intérieur Nancy Faeser la qualifiant de « slogan du Hamas » en novembre de l’année dernière.

En juin, lorsque la loi sur la citoyenneté a été promulguée, elle exigeait également que les demandeurs reconnaissent explicitement le droit à l’existence d’Israël.

Les récents amendements ont provoqué la colère des groupes de défense des droits et des activistes, qui considèrent ces mesures comme une répression des critiques à l’égard d’Israël, notamment en ce qui concerne ses actions de longue durée à Gaza.

Wieland Hoban, président du groupe militant antisioniste allemand Jüdische Stimme [Voix juive], dirigé par des juifs, a déclaré au New Arab que l’amalgame des slogans pro-palestiniens tels que « De la rivière à la mer » avec l’antisémitisme était « l’une des armes les plus dangereuses de l’État contre la cause palestinienne ».

Il a déclaré que l’application de la loi était à la fois « pro-israélienne » et « anti-migrants » dans le cadre de l’élaboration de sa politique.

Tout en soutenant le droit de lutter contre les préjugés antijuifs, Hoban a mis en garde contre le fait qu’une telle mesure serait typiquement liée à la promotion d’un discours pro-israélien.

Il a déclaré que le gouvernement allemand était prêt à « violer ses propres lois en matière de liberté d’expression ou de réunion ».

Hoban a rappelé que de telles dispositions avaient déjà eu des répercussions sur des organisations comme la sienne, notant que Jüdische Stimme avait signalé en mars de cette année que son compte bancaire avait été gelé en Allemagne pour la deuxième fois en l’espace de sept ans.

Le groupe a déclaré que cette mesure avait été prise en raison de sa participation à des activités de plaidoyer en faveur de la Palestine.

« Alors que les Palestiniens sont victimes d’un racisme supplémentaire que les Allemands et les Juifs blancs ne subissent pas, la répression politique s’étend à toute personne active pour la cause palestinienne, y compris notre organisation », dit Hoban.

« Mais l’incident de la banque a montré que l’Allemagne n’hésite pas à évoquer des parallèles avec les nazis, et l’identité juive a été tellement liée à Israël, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la communauté, que pour les partisans d’Israël, nous sommes à peine des juifs ».

Hoban a souligné que la dernière modification apportée à la loi sur la citoyenneté du pays était le signe d’une nouvelle tentative d’étouffer les voix dissidentes sur le sort des Palestiniens.

« Il s’agit simplement d’une étape supplémentaire après une année d’interdictions ou de restrictions de manifestations, de harcèlement judiciaire constant et injustifié et de brutalité policière, ainsi que d’exclusion et d’annulation », dit Hoban.

« Cet autoritarisme, qui s’appuie fortement sur le racisme antimusulman et antimigrant, s’aligne également sur la tendance générale à la droitisation de la société allemande, qui se manifeste par les succès électoraux de l’AfD. »

La répression du soutien à la cause palestinienne a été dénoncée par les artistes, les activistes et les universitaires, exacerbée qu’elle a été par la démission de la secrétaire d’État à l’Éducation, la philosophe Sabine Döring.

Elle a démissionné après que son ministère a envisagé de prendre des mesures pour cesser de financer les universitaires qui ont signé une lettre publique condamnant les actions de la police contre les manifestations d’étudiants pro-palestiniens, soulevant ainsi des inquiétudes quant aux restrictions de la liberté d’expression.

Entre-temps, l’arrestation et la condamnation [à une amende de 600 €, NdT] de l’activiste germano-iranienne Ava Moayeri en août dernier pour avoir scandé le slogan lors d’un rassemblement à Berlin le 11 octobre dernier, ont attiré l’attention.

L’Allemagne, connue pour son soutien indéfectible à Israël, a dû faire face à des accusations selon lesquelles sa position pro-israélienne a éclipsé la liberté d’expression, certains critiques affirmant que la position du gouvernement est motivée par la « Staatsräson*», la raison d’État, qui découle de sa responsabilité historique dans l’Holocauste.

NdT

* « Chaque gouvernement fédéral et chaque chancelier fédéral avant moi se sont engagés à assumer la responsabilité historique particulière de l’Allemagne pour la sécurité d’Israël. Cette responsabilité historique de l’Allemagne fait partie de la raison d’État de mon pays. Cela signifie que la sécurité d’Israël n’est jamais négociable pour moi en tant que chancelière allemande. » (Angela Merkel, discours à la Knesset, 18/3/2024)


Hambourg 2021. Axel Heimken, DPA

 

10/07/2024

PUBLISHERS FOR PALESTINE
Die Frankfurter Buchmesse und deutschstämmige multinationale Verlagsgruppen sind mitschuldig am Völkermord in Gaza

Multinationale Verlagskonzerne in deutschem Besitz sind in Israels Völkermord an 2,3 Millionen Palästinensern im Gazastreifen verwickelt.

Publishers for Palestine, Mondoweiss, 8/7/2024
Übersetzt von
Helga Heidrich, herausgegeben von Fausto Giudice Tlaxcala

Publishers for Palestine (VerlegerInnen für Palästina) ist ein globales Kollektiv von über 500 VerlegerInnen und VerlagsmitarbeiterInnen aus 50 Ländern weltweit. Wir setzen uns für Gerechtigkeit, Meinungsfreiheit und die Macht des geschriebenen Wortes ein. Die Projekte von P4P sind auf unserer Website oder auf @publishers4palestine und  X @pubforpalestine zu finden. Lesen Sie unsere SOLIDARITÄTSERKLÄRUNG MIT PALÄSTINA (3/11/2023) [PDF DOCX]. Laden Sie unsere kostenlose Sammlung Poems for Palestine herunter.

Seit der Absage [*] einer Preisverleihung an die palästinensische Schriftstellerin Adania Shibli, die auf der Frankfurter Buchmesse mit dem LiBeratur-Preis ausgezeichnet werden sollte, im vergangenen Oktober eine Welle der Verurteilung ausgelöst hat, hat der Versuch, PalästinenserInnen und die Unterstützung für die palästinensische Sache durch kulturelle Institutionen im Westen zum Schweigen zu bringen, nur noch zugenommen. Gleichzeitig hat sich die Durchleuchtung der institutionellen Komplizenschaft mit der israelischen Apartheid und dem Völkermord in großem Umfang intensiviert. Bedeutende Erfolge der BDS-Bewegung, darunter der Ausstieg aus Universitäten und Unternehmen, sowie die jüngsten Ankündigungen des Hay Festivals 2024 und des Edinburgh International Book Festivals, ihre Partnerschaften mit der Investmentfirma Baillie Gifford zu beenden, die an der Klimazerstörung, der israelischen Apartheid und dem Völkermord beteiligt ist, die anschließende Beendigung der Finanzierungsbeziehungen von BG mit allen britischen Literaturfestivals und der Rückzug seiner Beteiligung an dem multinationalen Bergbauunternehmen Rio Tinto sowie die Halbierung der Beteiligung des großen kanadischen Kultursponsors Scotiabank an dem israelischen Waffenhersteller Elbit Systems deuten alle auf einen Wandel hin und zeigen, dass eine erhebliche Kluft zwischen großen Unternehmen und Kultureinrichtungen auf der einen Seite und ihren Beschäftigten, dem Publikum und der breiten Öffentlichkeit auf der anderen Seite besteht.

Bedeutende internationale Menschenrechtsorganisationen schlagen weiterhin Alarm wegen der entsetzlichen und eskalierenden Menschenrechtsverletzungen, die Israel gegen Millionen von Palästinensern begeht. Viele dieser Verstöße wurden in der von Südafrika im Dezember beim Internationalen Gerichtshof eingereichten Klage gegen Israel wegen Völkermordes aufgezeigt. Trotz der Anordnung dieses Gerichts vom Januar, dass Israel glaubhaft einen Völkermord begeht, trotz der darauf folgenden Anordnungen, dass Israel den Fluss humanitärer Hilfe zulassen und die Militäroperationen in Rafah einstellen muss, und trotz der Anträge des Internationalen Strafgerichtshofs auf Haftbefehle gegen hochrangige israelische Beamte, sowie trotz der massiven Studenten- und Arbeiteraufstände zur Unterstützung der palästinensischen Befreiung und zur Beendigung der Komplizenschaft mit Israel in der ganzen Welt, geht die völkermörderische Kampagne gegen das palästinensische Volk in Gaza im Wesentlichen ungehindert von seinen größten Unterstützern - den USA und anderen westlichen Kolonialmächten - weiter.


Von besonderer Bedeutung für Schriftsteller und Verleger ist die Tatsache, dass die Frankfurter Buchmesse (FBM), die weltgrößte Veranstaltung der Buchbranche, in der Vergangenheit die Präsenz des Apartheidstaates Israel sehr begrüßt hat. Man könnte meinen, dass Kultureinrichtungen, wie die FBM angesichts des israelischen Vorgehens und der stark zunehmenden internationalen Empörung diese Unterstützung zurückziehen, Israel für seine Verstöße verurteilen und die Beziehungen abbrechen würden. Doch die anfängliche Position der Frankfurter Buchmesse, Israel während der gesamten Laufzeit im Oktober letzten Jahres zu unterstützen - eine Position, die Erklärungen im Namen der Messe und des Geschäftsführers Jürgen Boos und Pläne beinhaltete, israelische Stimmen durch die Hinzufügung von Sonderprogrammen, einschließlich eines Panels mit dem Titel „In Sorge um Israel“, „besonders sichtbar“ zu machen - scheint bis heute unverändert zu sein, und die FBM hat sich in den folgenden Monaten auffällig still zu dem sich entfaltenden Völkermord verhalten.

18/10/2023

AMIRA HASS
Deutschland, du hast deine Verantwortung schon längst abgetreten

Amira Hass, Haaretz, 16.10.2023
Übersetzt von Fausto Giudice
, Tlaxcala

Bundeskanzler Olaf Scholz sagte am vergangenen Donnerstag, dass „das Leid und die Not der Zivilbevölkerung im Gazastreifen nur noch zunehmen werden. Dafür ist auch die Hamas verantwortlich.“ Aber gibt es eine Grenze für diese Zunahme des Leids, wenn man bedenkt, dass Sie und Ihre Kollegen im Westen Israel uneingeschränkt unterstützen?

 Das Brandenburger Tor wurde am 7. Oktober in den Farben der israelischen Flagge beleuchtet. Foto: Fabian Sommer /AP

Werden Sie es hinnehmen, dass 2.000 palästinensische Kinder getötet werden? Sind 80.000 ältere Menschen, die an Dehydrierung sterben könnten, weil es in Gaza kein Wasser gibt, in Ihren Augen eine legitime Zunahme des Leidens?

Sie sagten auch: „Unsere eigene Geschichte, unsere aus dem Holocaust erwachsende Verantwortung macht es uns zur immerwährenden Aufgabe, für die Existenz und für die Sicherheit des Staates Israel einzustehen. Diese Verantwortung leitet uns.“ Aber Scholz, es gibt einen Widerspruch zwischen diesem Satz und dem oben zitierten.

„Leid ... wird nur zunehmen“ ist ein Blankoscheck für ein verwundetes, verletztes Israel, um hemmungslos zu pulverisieren und zu zerstören und zu töten, und riskiert, uns alle in einen regionalen Krieg, wenn nicht sogar in einen dritten Weltkrieg zu verwickeln, der auch Israels Sicherheit und Existenz gefährden würde. Aber „Verantwortung aus dem Holocaust“ bedeutet, alles zu tun, um einen Krieg zu verhindern, der zu Katastrophen führt, die wiederum zu Kriegen führen, die das Leid in einem endlosen Kreislauf vergrößern.

Ich habe dies von meinem Vater gelernt, einem Überlebenden der deutschen Viehwaggons. Schon 1992 sagte er mir jedes Mal, wenn ich aus dem Gazastreifen mit Berichten über die Unterdrückung der Bewohner durch Israel zurückkam: „Es ist zwar kein Völkermord, wie wir ihn erlebt haben, aber für uns war er nach fünf oder sechs Jahren vorbei. Für die Palästinenser geht das Leiden weiter und weiter, seit Jahrzehnten. Es ist eine andauernde Nakba“.

Ihr Deutschen habt eure Verantwortung, die „aus dem Holocaust“ - also aus der Ermordung u.a. der Familien meiner Eltern und dem Leid der Überlebenden - erwächst, längst abgetreten. Sie haben sie verraten durch Ihre vorbehaltlose Unterstützung eines Israels, das besetzt, kolonisiert, den Menschen das Wasser wegnimmt, Land stiehlt, zwei Millionen Menschen im Gazastreifen in einem überfüllten Käfig gefangen hält, Häuser abreißt, ganze Gemeinden aus ihren Häusern vertreibt und die Gewalt der Siedler fördert.

Und all dies geschah unter der Schirmherrschaft eines so genannten Friedensabkommens, das Sie und andere westliche Staats- und Regierungschefs befürwortet haben. Sie haben zugelassen, dass Israel diesem Abkommen in seiner europäischen Auslegung zuwiderhandelt - als Weg zur Errichtung eines palästinensischen Staates in den 1967 von Israel besetzten Gebieten, den viele Palästinenser gerade deshalb unterstützten, weil sie weiteres Leid und Blutvergießen verhindern wollten.

Es gibt keinen Mangel an Diplomaten und Mitarbeitern von Entwicklungsorganisationen, die darüber berichtet haben, wie Hunderttausende junger Palästinenser unter Israels arroganter Unterdrückung und dem Töten von Zivilisten - manchmal tropfenweise, manchmal wellenweise - jede Hoffnung und jeden Sinn für ihr Leben verloren haben. Palästinensische Menschenrechtsaktivisten haben immer wieder davor gewarnt, dass Israels Politik nur zu einer Eruption unvorstellbaren Ausmaßes führen kann. Auch israelische und jüdische Anti-Besatzungs-Aktivisten haben Sie gewarnt.

Aber Sie sind auf Ihrem Weg geblieben und haben Israel die Botschaft übermittelt, dass alles in Ordnung sei - dass niemand es bestrafen oder den Israelis durch energische diplomatische und politische Schritte beibringen wird, dass es neben der Besatzung keine Normalität geben kann. Und dann beschuldigen Sie Israels Kritiker des Antisemitismus.

Nein, diese Kolumne ist keine Rechtfertigung für die Mordorgie und den Sadismus, den die bewaffneten Männer der Hamas verübt haben. Sie ist auch keine Rechtfertigung für die schadenfrohe Reaktion einiger Palästinenser und die Weigerung anderer, die in ihrem Namen begangenen Gräueltaten anzusprechen.

Vielmehr ist es ein Aufruf an Sie, die gegenwärtige Kampagne von Tod und Zerstörung zu stoppen, bevor sie eine weitere Katastrophe über Millionen von Israelis, Palästinensern, Libanesen und vielleicht sogar Bewohnern anderer Länder in der Region bringt.