Assiah Hamed,
The New Arab,
1/10/2024
Traduit par Fausto
Giudice, Tlaxcala
Assiah Hamed est rédactrice au New Arab.
Selon les dispositions de la nouvelle loi allemande controversée, les personnes utilisant le slogan pro-palestinien sur les médias sociaux se verront refuser la citoyenneté.
Les personnes qui utilisent le slogan pro-palestinien « De la rivière à la mer » [From the river to the sea, Palestine will be free] sur les médias sociaux pourraient se voir refuser la citoyenneté allemande en vertu de la nouvelle loi sur la citoyenneté du pays, a rapporté dimanche le ministère fédéral de l’intérieur.
La loi allemande sur la citoyenneté, qui est entrée en vigueur le 27 juin, a introduit des critères plus stricts qui peuvent disqualifier les candidats qui s’engagent dans une rhétorique anti-israélienne, selon le communiqué du ministère.
Une disposition clé de la loi concerne la responsabilité historique de l’Allemagne dans les crimes du régime nazi, en mettant l’accent sur la « protection de la vie juive ».
Cette clause précise que toute personne violant l’engagement légal de l’Allemagne à protéger Israël peut se voir refuser la citoyenneté.
Les autorités allemandes considèrent que les slogans pro-palestiniens, tels que « De la rivière à la mer », en particulier lorsqu’ils sont associés à des déclarations telles que « La Palestine sera libre » ou « Israël, assassin d’enfants », perpétuent la rhétorique antisémite et anti-israélienne.
Selon la NDR , le simple fait d’aimer, de partager ou de commenter de tels slogans sur les médias sociaux pourrait constituer un motif d’exclusion de la citoyenneté.
Depuis les années 1960, le slogan « De la rivière à la mer » est un cri important dans les manifestations pro-palestiniennes, symbolisant les demandes de droits palestiniens à travers les frontières historiques de la Palestine, du Jourdain à la mer Méditerranée.
Toutefois, à la suite des attaques du 7 octobre, les autorités allemandes ont considéré cette phrase comme une infraction pénale, la ministre social-démocrate de l’intérieur Nancy Faeser la qualifiant de « slogan du Hamas » en novembre de l’année dernière.
En juin, lorsque la loi sur la citoyenneté a été promulguée, elle exigeait également que les demandeurs reconnaissent explicitement le droit à l’existence d’Israël.
Les récents amendements ont provoqué la colère des groupes de défense des droits et des activistes, qui considèrent ces mesures comme une répression des critiques à l’égard d’Israël, notamment en ce qui concerne ses actions de longue durée à Gaza.
Wieland Hoban, président du groupe militant antisioniste allemand Jüdische Stimme [Voix juive], dirigé par des juifs, a déclaré au New Arab que l’amalgame des slogans pro-palestiniens tels que « De la rivière à la mer » avec l’antisémitisme était « l’une des armes les plus dangereuses de l’État contre la cause palestinienne ».
Il a déclaré que l’application de la loi était à la fois « pro-israélienne » et « anti-migrants » dans le cadre de l’élaboration de sa politique.
Tout en soutenant le droit de lutter contre les préjugés antijuifs, Hoban a mis en garde contre le fait qu’une telle mesure serait typiquement liée à la promotion d’un discours pro-israélien.
Il a déclaré que le gouvernement allemand était prêt à « violer ses propres lois en matière de liberté d’expression ou de réunion ».
Hoban a rappelé que de telles dispositions avaient déjà eu des répercussions sur des organisations comme la sienne, notant que Jüdische Stimme avait signalé en mars de cette année que son compte bancaire avait été gelé en Allemagne pour la deuxième fois en l’espace de sept ans.
Le groupe a déclaré que cette mesure avait été prise en raison de sa participation à des activités de plaidoyer en faveur de la Palestine.
« Alors que les Palestiniens sont victimes d’un racisme supplémentaire que les Allemands et les Juifs blancs ne subissent pas, la répression politique s’étend à toute personne active pour la cause palestinienne, y compris notre organisation », dit Hoban.
« Mais l’incident de la banque a montré que l’Allemagne n’hésite pas à évoquer des parallèles avec les nazis, et l’identité juive a été tellement liée à Israël, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la communauté, que pour les partisans d’Israël, nous sommes à peine des juifs ».
Hoban a souligné que la dernière modification apportée à la loi sur la citoyenneté du pays était le signe d’une nouvelle tentative d’étouffer les voix dissidentes sur le sort des Palestiniens.
« Il s’agit simplement d’une étape supplémentaire après une année d’interdictions ou de restrictions de manifestations, de harcèlement judiciaire constant et injustifié et de brutalité policière, ainsi que d’exclusion et d’annulation », dit Hoban.
« Cet autoritarisme, qui s’appuie fortement sur le racisme antimusulman et antimigrant, s’aligne également sur la tendance générale à la droitisation de la société allemande, qui se manifeste par les succès électoraux de l’AfD. »
La répression du soutien à la cause palestinienne a été dénoncée par les artistes, les activistes et les universitaires, exacerbée qu’elle a été par la démission de la secrétaire d’État à l’Éducation, la philosophe Sabine Döring.
Elle a démissionné après que son ministère a envisagé de prendre des mesures pour cesser de financer les universitaires qui ont signé une lettre publique condamnant les actions de la police contre les manifestations d’étudiants pro-palestiniens, soulevant ainsi des inquiétudes quant aux restrictions de la liberté d’expression.
Entre-temps, l’arrestation et la condamnation [à une amende de 600 €, NdT] de l’activiste germano-iranienne Ava Moayeri en août dernier pour avoir scandé le slogan lors d’un rassemblement à Berlin le 11 octobre dernier, ont attiré l’attention.
L’Allemagne, connue pour son soutien indéfectible à Israël, a dû faire face à des accusations selon lesquelles sa position pro-israélienne a éclipsé la liberté d’expression, certains critiques affirmant que la position du gouvernement est motivée par la « Staatsräson*», la raison d’État, qui découle de sa responsabilité historique dans l’Holocauste.
NdT
* « Chaque gouvernement fédéral et chaque chancelier fédéral avant moi se sont engagés à assumer la responsabilité historique particulière de l’Allemagne pour la sécurité d’Israël. Cette responsabilité historique de l’Allemagne fait partie de la raison d’État de mon pays. Cela signifie que la sécurité d’Israël n’est jamais négociable pour moi en tant que chancelière allemande. » (Angela Merkel, discours à la Knesset, 18/3/2024)
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