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02/02/2025

GROUPE DE LA HAYE
Déclaration inaugurale commune

Groupe de La Haye, 31 janvier 2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Nous, représentants des gouvernements du Belize, de l'État plurinational de Bolivie, de la République de Colombie, de la République de Cuba, de la République du Honduras, de la Malaisie, de la République de Namibie, de la République du Sénégal et de la République d'Afrique du Sud, réunis à La Haye, Pays-Bas, en ce 31 janvier 2025, inaugurons le Groupe de La Haye,

Guidés par les buts et les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et par la responsabilité de toutes les nations de défendre les droits inaliénables, y compris le droit à l'autodétermination, qu'elle consacre pour tous les peuples,

Déplorant les vies, les moyens de subsistance, les communautés et le patrimoine culturel perdus en raison des actions génocidaires menées par Israël, la puissance occupante, à Gaza et dans le reste du territoire palestinien occupé contre le peuple palestinien,

Refusant de rester passifs face à ces crimes internationaux,

Déterminés à respecter nos obligations de mettre fin à l'occupation israélienne de l'État de Palestine et de soutenir la réalisation du droit inaliénable du peuple palestinien à l'autodétermination, y compris le droit à un État de Palestine indépendant,

Rappelant

-          les ordonnances rendues le 29 décembre 2023 par la Cour internationale de justice dans l'affaire Afrique du Sud contre Israël, qui témoignent d'une vive inquiétude face à la perpétration de crimes de génocide en Palestine, et notant le nombre important et diversifié d'États qui se sont joints à l'affaire en tant qu'États tiers, pour exiger la condamnation et la cessation immédiate du génocide en cours,

-          l'avis consultatif de la Cour internationale de justice du 19 juillet 2024 sur les « Conséquences juridiques découlant des politiques et pratiques d'Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est »,

-          l'avis consultatif de la Cour internationale de justice du 9 juillet 2004 « Conséquences juridiques de l'édification d'un mur dans le territoire palestinien occupé »,

-          la résolution A/RES/Es-10/24 de l'Assemblée générale des Nations unies, adoptée le 18 septembre 2024 lors de la dixième session extraordinaire d'urgence, qui a approuvé l'avis consultatif de la CIJ de juillet 2024 et l'engagement des États membres à se conformer aux obligations découlant du droit international telles qu'elles ressortent de l'avis consultatif,

- la délivrance par la Cour pénale internationale, le 21 novembre 2024, de mandats d'arrêt indiquant « qu'il y a des motifs raisonnables de croire que MM. Netanyahou et Gallant portent chacun la responsabilité pénale, en tant que supérieurs civils, du crime de guerre consistant à diriger intentionnellement une attaque contre la population civile, du crime de guerre consistant à utiliser la famine comme méthode de guerre et des crimes contre l'humanité consistant à commettre des meurtres, des persécutions et d'autres actes inhumains ».

- l'ordonnance de la Cour internationale de justice dans l'affaire Nicaragua c. Allemagne du 30 avril 2024 « rappelant à tous les États leurs obligations internationales relatives au transfert d'armes aux parties à un conflit armé, afin d'éviter le risque que ces armes soient utilisées pour violer » la convention sur le génocide et les conventions de Genève en relation avec le comportement d'Israël à Gaza et dans le reste du territoire palestinien occupé,

- la résolution 418 du Conseil de sécurité des Nations unies du 4 novembre 1977 et la résolution 591 du Conseil de sécurité des Nations unies du 28 novembre 1986, qui « imposent un embargo obligatoire sur les armes » contre l'Afrique du Sud de l'apartheid.

-          toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2334 (2016) du 23 décembre 2016, qui réaffirme que « l'établissement par Israël de colonies de peuplement dans le territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, n'a aucune validité juridique et constitue une violation flagrante du droit international » ;

Soulignant que les normes juridiques violées par Israël comprennent certaines obligations de caractère erga omnes qui, par leur nature même, concernent tous les États et, compte tenu de l'importance des droits en cause, tous les États peuvent être considérés comme ayant un intérêt juridique à leur protection,

Soulignant la nécessité de veiller à ce que les auteurs des crimes les plus graves au regard du droit international répondent de leurs actes par des enquêtes et des poursuites appropriées, équitables et indépendantes au niveau national ou international, et de veiller à ce que toutes les victimes obtiennent justice et à ce que des crimes ne soient pas commis à l'avenir ;

Convaincus qu'une action collective par le biais de mesures juridiques et diplomatiques coordonnées aux niveaux national et international est un impératif urgent pour faire respecter les principes de justice et de responsabilité qui constituent le fondement de la Charte des Nations Unies,

Déclarons notre intention de :

1. Respecter la résolution des Nations unies A/RES/Es-10/24 et, dans le cas des États parties, soutenir les demandes de la Cour pénale internationale, respecter les obligations qui nous incombent en vertu du statut de Rome, en ce qui concerne les mandats émis le 21 novembre 2024, et mettre en œuvre les mesures provisoires de la Cour internationale de justice, émises les 26 janvier, 28 mars et 24 mai 2024.

2. Empêcher la fourniture ou le transfert d'armes, de munitions et d'équipements connexes à Israël, dans tous les cas où il existe un risque manifeste que ces armes et équipements connexes soient utilisés pour commettre ou faciliter des violations du droit humanitaire, du droit international relatif aux droits humains ou de l'interdiction du génocide, conformément à nos obligations internationales et à l'avis consultatif de la Cour internationale de justice du 19 juillet 2024 et à la résolution A/RES/Es-10/24 de l'Assemblée générale des Nations unies.

3. Empêcher l'accostage de navires dans tout port, le cas échéant, relevant de notre juridiction territoriale, dans tous les cas où il existe un risque manifeste que le navire soit utilisé pour transporter du carburant militaire et des armes vers Israël, qui pourraient être utilisés pour commettre ou faciliter des violations du droit humanitaire, du droit international des droits humains et de l'interdiction du génocide en Palestine, conformément à l'obligation juridique impérative des États de coopérer à la prévention du génocide et d'autres violations des normes impératives par toutes les mesures juridiques à leur disposition.

Nous prendrons de nouvelles mesures efficaces pour mettre fin à l'occupation israélienne de l'État de Palestine et lever les obstacles à la réalisation du droit du peuple palestinien à l'autodétermination, y compris le droit à un État de Palestine indépendant.

Nous invitons tous les États à prendre toutes les mesures et politiques possibles pour mettre fin à l'occupation de l'État de Palestine par Israël.
Nous appelons toutes les nations à nous rejoindre au sein du groupe de La Haye dans l'engagement solennel en faveur d'un ordre international fondé sur l'État de droit et le droit international, qui, avec les principes de justice, est essentiel à la coexistence pacifique et à la coopération entre les États.

24/07/2024

GIDEON LEVY
Shikma Bressler, la voix divine du camp éclairé : quand le pharisaïsme de la gauche sioniste s’étale au grand jour

Gideon Levy, Haaretz, 21/7/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

L'avis évident, inévitable, légal et juste de la Cour internationale de justice concernant l'atrocité qu'est l'occupation des territoires palestiniens envahis en 1967 a déclenché le prévisible répertoire grotesque de réactions en Israël ce week-end.

Il est inutile de se crêper le chignon avec ceux de la droite, qui soutiennent qu'il n'y a pas de droit international qui s'applique à l'État du Peuple Élu, qui est au-dessus de tout droit. Les réactions douloureusement similaires de la gauche et du centre sionistes, et surtout de Benny Gantz et de Yair Lapid, prouvent pour la millionième fois que sur les questions essentielles, la seule différence entre eux et la droite, c’est leur discours et leurs costards.

L'avis rendu vendredi aurait été rendu depuis longtemps par la Haute Cour de justice d'Israël, si celle-ci était digne de ce nom. Cette cour, dans sa lâcheté, a abusé et trahi son devoir pendant toutes ces années tout en bénéficiant d'un faux prestige.

Mais la réponse de la plus magnifique opposition extraparlementaire combattante de l'histoire israélienne, le mouvement de protestation des Frères et Sœurs d'armes, les “Kaplanistes” [protagonistes des manifs du shabbat rue Kaplan à Tel Aviv, où réside le premier ministre, NdT] et leurs semblables, qui a d'abord lutté contre le coup d'État judiciaire et Benjamin Netanyahou et qui lutte maintenant pour la libération des otages et contre Netanyahou, les a tous surpassés.


Kiryat Bialik, 23 mars 2023 : Shikma Bressler interpellée pour avoir encouragé les manifestants à bloquer une autoroute. Elle sera relâchée après un interrogatoire une heure plus tard. Ses camarades ont poussé des cris d'orfraie, criant au scandale : « Au lieu de l'arrêter, on devrait lui donner un Prix d'Israël ». Bref, beaucoup de bruit pour rien [NdT]

Cette protestation a un visage, qui est revenu récemment après une absence. C'est ainsi que Shikma Bressler a écrit sur X : « Au vu des résultats, rien n'a fait plus de mal à la colonisation de la Judée et de la Samarie que les racistes ultranationalistes. La décision de La Haye n'est pas le fruit du hasard ». Bingo. Il existe un camp éclairé et juste en Israël. Bressler en est la voix divine.

26/05/2024

GIDEON LEVY
Obéir à l’ordonnance de la CIJ est la dernière chance pour Israël de ne pas devenir un État paria

Gideon Levy, Haaretz, 26/5/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Israël n’a qu’une seule issue : il ne la choisira pas. Le seul moyen d’éviter de tomber dans l’abîme dont nous longeons les bords est de dire oui à l’arrêt rendu vendredi par la Cour internationale de justice.


Montrez-moi vos mains !”, par Swaha

C’est ainsi que doit se comporter un État de droit. C’est ainsi que doit se comporter un État qui aspire à être un membre légitime de la famille des nations. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou aurait déjà dû promettre de s’y conformer vendredi soir. Les portes de l’enfer qui menacent de s’ouvrir sur Israël resteraient fermées, du moins brièvement. Un Israël qui obéit à la Cour sera un État régi par des lois et qui doit être respecté.

En disant oui, il aurait non seulement évité une nouvelle effusion de sang inutile à Rafah, mais il aurait également arrêté la boule de neige internationale qui se dirige vers l’État. Mettre fin aux combats à Rafah et à la guerre dans son ensemble est la dernière chance pour Israël de retrouver son statut international d’avant-guerre. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est beaucoup plus que ce qu’il a aujourd’hui.

Si Israël décide d’ignorer l’ordonnance - ce qui est presque certain - il se déclarera un État paria. Il faudra des années pour sortir de cette situation et chaque Israélien devra payer un prix intolérable, en partie personnel.

Mais comme toujours, Israël cherche des moyens d’ignorer l’ordre et de recruter Washington pour saper le droit international. Il est difficile d’imaginer une plus grande folie. Nous devons bien sûr espérer, pour l’USAmérique et pour Israël, que cette fois-ci les USA mettront un terme à leur volonté de défier le monde entier et le droit international pour le bien de leur État protégé récalcitrant.

À un pas de l’abîme, Israël doit prendre deux mesures urgentes : mettre fin à la guerre et remplacer son gouvernement. C’est ce que lui ont ordonné les deux plus hautes juridictions du monde. Le procureur général de la Cour pénale internationale a demandé l’émission de mandats d’arrêt internationaux à l’encontre du Premier ministre et du ministre de la Défense israéliens, et la Cour internationale de justice a ordonné l’arrêt des combats à Rafah.

Si des mandats d’arrêt sont délivrés à l’encontre de Netanyahou et du ministre de la Défense Yoav Gallant, ils devront remplacer le gouvernement s’ils veulent survivre. L’arrêt des combats à Rafah entraînera la fin de toute la guerre et la libération des otages. Israël ne se pliera à aucune de ces décisions. Elles sont trop logiques, correctes et justes pour cela.

Depuis le retrait précipité du Sinaï en 1956, Israël ne s’est jamais plié à la volonté de la communauté internationale, comme si le monde et ses décisions n’avaient rien à voir avec lui. Invulnérable et protégé par l’USAmérique, la Bible et un certain centre de recherche nucléaire à Dimona, il a toujours agi comme s’il avait le droit de se moquer du monde entier. Cela a pris fin le jour où il a envahi Gaza de manière aussi brutale et incontrôlée.

Le juge Nawaf Salam, président de la CIJ, avait à peine fini de lire le verdict qu’Israël intensifiait ses attaques sur Rafah, une ville que près d’un million de personnes ont fuie pour rejoindre les plages et dans laquelle il ne reste plus qu’un hôpital de huit lits.

M. Salam était encore en train de lire le jugement lorsque, pour la première fois depuis des années, Sufyan Abu Zaydeh, ancien ministre des Affaires des prisonniers au sein de l’Autorité palestinienne, qui a fui Gaza pour se réfugier au Caire, m’a appelé : Huit membres de sa famille ont été tués mercredi à Jabalya.

Marwa, sa nièce, était la seule à ne pas dormir lorsque le missile a frappé la maison familiale. Elle a tout vu, comme dans un film d’horreur, a-t-elle raconté à son oncle dans la capitale égyptienne. Le missile a tué son autre nièce, Iman ; dans ses bras se trouvait sa fille de 7 mois, qui a également été tuée. Son fils de 4 ans a été jeté dans l’appartement des voisins et tué. Elle a également vu comment le missile a déchiqueté les corps de ses jumeaux de 4 ans, Isr et Asr, et a sectionné le bras de son fils Nasser, 7 ans. La mère et le frère de Marwa ont également été tués sous ses yeux par le missile. Elle a perdu son mari au début de la guerre. Il a été tué pendant les funérailles de sa nièce.

C’est ce à quoi la Cour internationale de justice a demandé qu’il soit mis fin vendredi. C’est la dernière chance d’Israël.  

 

22/02/2024

GIDEON LEVY
Israël impute son discrédit à tout le monde sauf à lui-même

Gideon Levy, Haaretz, 22/2/2024
Traduit par  Fausto Giudice, Tlaxcala

Peu de pays ont autant besoin d’honneur et de fierté nationaux qu’Israël. Qu’il s’agisse des Jeux olympiques, de l’Eurovision ou du championnat du monde de backgammon, chaque victoire israélienne en 16e de finale d’un championnat de badminton suscite la « fierté nationale ». Chaque médaille au championnat de taekwondo en Albanie « apporte de l’honneur ». Une médaille d’or au concours de cerceaux en groupe de gymnastique rythmique le place sur la carte du monde, le championnat européen de planches de surf RSX rehausse son statut parmi les nations. Une ex- Israélienne représentant le Luxembourg à l’Eurovision de cette année ? « La fierté bleue et blanche ».

Des Palestiniens conduisent une charrette tirée par un âne sur une route de plage détruite dans la ville de Gaza, lundi 19 février. Photo : Kosay Al Nemer/Reuters

 Il est peu probable qu’il existe un autre pays dans lequel des réalisations aussi mineures soient considérées comme aussi importantes. C’est comme si quelqu’un, quelque part dans le monde, avait une meilleure opinion du Kazakhstan parce que l’un de ses athlètes a un jour remporté une compétition de patinage artistique. En Israël, cela est considéré comme un événement national qui mérite un appel du président.

Ce désir puéril de reconnaissance pourrait être touchant, voire émouvant - un jeune pays qui fait son chemin - si Israël n’avait pas renoncé à son honneur sur les questions importantes. Si l’on fait abstraction de ses succès sportifs et de l’Eurovision, Israël est un pays sans honneur. Peut-être s’imagine-t-il qu’Eden Golan se produisant à Malmö couvrira ce qui se passe à Khan Younès. Mais, bien sûr, c’est un faux espoir.

Il est difficile de croire qu’un pays si soucieux de son honneur agisse comme s’il ne se souciait pas de sa position internationale. La guerre dans la bande de Gaza a abaissé le statut d’Israël à un niveau sans précédent, mais Israël a fermé les yeux et l’esprit une fois de plus, de manière puérile, en espérant que s’il ignore la réalité, il pourra ignorer le déshonneur. Il ne fait rien pour améliorer son statut et sa dignité et retrouver un peu de fierté.

Il est difficile de penser à d’autres pays dont la conduite les a conduits à La Haye à deux reprises en l’espace de quelques semaines pour génocide et pour des délibérations sur ce qui est clairement une occupation illégale. Et Israël ? Il pense que le crachat sur son visage est de la pluie. Il accuse le juge maudit, l’antisémitisme, l’hypocrisie et la méchanceté du monde. Il ne veut pas contester les accusations qui pèsent sur lui. Ce n’est même pas une question d’intérêt. Toutes les grandes chaînes de télévision du monde ont retransmis les séances du tribunal de La Haye cette semaine, alors que seul Israël les a ignorées. Ni intéressant, ni important. Si nous fermons les yeux, ils ne nous verront pas. Si nous ignorons La Haye, La Haye disparaîtra.

Mais La Haye vit et respire, et ses procédures auraient dû causer un grand embarras et une grande honte à Israël. Après que le monde a vu Gaza, a vu et s’est effondré - il n’y a pas d’être humain qui ne réagisse pas de la sorte - les audiences de La Haye ont suivi. Incisives, fondées et sérieuses sur l’accusation de génocide, et plus encore sur l’occupation. Mais Israël n’en tient pas compte.

Israël envahira Rafah, même si cela signifie que sa position aux yeux du monde se dégrade davantage. Il ne participera pas aux délibérations de La Haye sur l’occupation. Cela ne fera que montrer qu’il n’a pas de ligne de défense. Israël a renoncé à ce qui lui restait de dignité. Il se moque d’être un pays ostracisé, marginalisé (si le monde entier est contre nous, peu importe notre comportement) tant que cela ne se traduit pas par des mesures concrètes à son encontre.

Mais au-delà du pont aérien d’armes usaméricain, du veto du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’absence de sanctions jusqu’à présent, le pays, tout comme une personne, dispose d’un atout important : sa bonne réputation. Israël y a renoncé. Peut-être a-t-il désespéré du monde, peut-être a-t-il découvert qu’il pouvait se passer de sa bonne réputation. Cela ne fait certainement pas partie des facteurs qu’il prend en considération avant et après chaque guerre.

Il n’y a pas si longtemps, ce même monde était amoureux de l’État d’Israël, lorsqu’il agissait en tant que membre de la famille des nations. Le monde est peut-être cynique et n’aime que le pouvoir, comme Israël se le dit, mais il y a aussi la justice, le droit international et les considérations morales, la société civile et l’opinion publique, et ils sont importants - au moins autant que l’« honorable » troisième place à l’Eurovision 2023.

 

Pedripol, Espagne

 

15/02/2024

Lettre de Leo Varadkar et Pedro Sánchez à Ursula von der Leyen sur la situation à Gaza

 

 

S. E. Ursula von der Leyen

Présidente de la Commission

européenne

14 février 2024

Madame la Présidente,

Nous sommes profondément préoccupés par la détérioration de la situation en Israël et à Gaza, en particulier par l'impact du conflit actuel sur les Palestiniens innocents, notamment les enfants et les femmes. L'extension de l'opération militaire israélienne dans la zone de Rafah constitue une menace grave et imminente à laquelle la communauté internationale doit répondre de toute urgence.

Près de 28 000 Palestiniens ont été tués et plus de 67 000 blessés, et nous avons assisté au déplacement de 1,9 million de personnes (85 % de la population) à l'intérieur de Gaza, à la destruction massive d'habitations et à des dégâts considérables aux infrastructures civiles vitales, y compris les hôpitaux.

Nous avons exprimé à plusieurs reprises notre condamnation totale des attaques terroristes aveugles du Hamas du 7 octobre et exigeons la libération immédiate et inconditionnelle des otages encore détenus.

Nous avons affirmé tout aussi clairement qu'Israël a le droit de se défendre contre de telles attaques, mais que cela ne peut se faire que dans le respect du droit international, y compris le droit international humanitaire (DIH) et le droit international des droits de l'homme. La réponse doit être conforme aux principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.

Il est important de noter que le droit international humanitaire impose clairement à toutes les parties à un conflit l'obligation d'assurer la protection des civils. Les attaques terroristes odieuses commises par le Hamas et d'autres groupes armés ne justifient pas et ne peuvent pas justifier une quelconque violation du droit international humanitaire dans la réponse militaire, avec les conséquences qui en découlent pour la population civile de Gaza.

 

Nous partageons la préoccupation du Secrétaire général des Nations unies, exprimée dans sa lettre au Conseil de sécurité du 7 décembre, concernant les souffrances humaines effroyables, la destruction physique et le traumatisme collectif des civils, ainsi que les risques auxquels ils sont confrontés, étant donné que, selon lui, aucun endroit n'est sûr à Gaza. Depuis lors, la situation n'a fait que se détériorer.

En raison d'un accès humanitaire nettement insuffisant pour répondre aux besoins essentiels de la population, les Nations unies estiment que 90 % des habitants de Gaza sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë et à un risque sérieux de famine.

Nous prenons également note des mesures provisoires contraignantes imposées par la Cour internationale de Justice le 26 janvier dans la requête de l'Afrique du Sud contre Israël, et de sa conclusion qu'au moins certains des actes ou omissions que l'Afrique du Sud allègue qu'Israël a commis à Gaza peuvent entrer dans le champ d'application des dispositions de la Convention sur le génocide, et qu'il existe un risque de préjudice irréparable pour les droits en question dans l'affaire.

Nous avons clairement exprimé notre point de vue selon lequel un cessez-le-feu humanitaire immédiat est requis de toute urgence pour éviter de nouveaux dommages irréversibles à la population de Gaza. Cette position a été soutenue par une très large majorité à l'Assemblée générale des Nations unies en décembre, dont 17 États membres de l'UE.

Nous sommes profondément préoccupés par les allégations selon lesquelles du personnel de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pourrait avoir été impliqué dans les attentats du 7 octobre contre Israël.

Nous soutenons pleinement la décision du commissaire général de l'UNRWA, M. Lazzarini, de mettre immédiatement fin aux contrats des personnes impliquées, ainsi que le lancement d'une enquête indépendante approfondie par les Nations unies.

Dans le même temps, nous avons clairement indiqué que l'UNRWA doit être autorisé à fonctionner pour poursuivre son travail essentiel, qui consiste à sauver des vies et à remédier à la situation humanitaire catastrophique à Gaza, et que le soutien de l'UE à l'UNRWA doit être maintenu. Il n'y a aucune chance de parvenir à l'augmentation massive et durable de l'aide humanitaire qui est nécessaire de toute urgence, grâce à un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave, sans que l'UNRWA ne joue un rôle central.

Nous rappelons que la CIJ a ordonné à Israël de prendre des mesures immédiates et efficaces pour garantir la fourniture des services de base et de l'aide humanitaire dont la population de Gaza a un besoin urgent. Ces ordonnances sont contraignantes.

 

Dans le contexte du risque d'une catastrophe humanitaire encore plus grande posé par la menace imminente d'opérations militaires israéliennes à Rafah, et compte tenu de ce qui s'est produit et continue de se produire à Gaza depuis octobre 2023, y compris l'inquiétude généralisée concernant d'éventuelles violations du DIH et du DIDH par Israël, nous demandons que la Commission entreprenne un examen urgent pour déterminer si Israël respecte ses obligations, y compris dans le cadre de l'accord d'association UE/Israël, qui fait du respect des droits de l'homme et des principes démocratiques un élément essentiel de la relation ; et si elle considère qu'il est en infraction, qu'elle propose des mesures appropriées au Conseil.

Enfin, nous ne devons pas perdre de vue l'impératif d'adopter une perspective politique pour mettre fin au conflit. La mise en œuvre de la solution des deux États est le seul moyen de s'assurer que ce cycle de violence ne se répète pas. L'UE a la responsabilité d'agir pour que cela devienne une réalité, en coordination avec les parties et la communauté internationale, y compris en organisant une conférence de paix internationale, comme convenu par le Conseil européen le 26 octobre.

Compte tenu de son rôle dans cette affaire, nous adressons également une copie de cette lettre au vice-président Borrell. Nous vous prions d'agréer, Madame la Présidente, l'expression de nos salutations distinguées.

  Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala


 

31/01/2024

Les Sages demandent à Israël de se conformer immédiatement aux mesures conservatoires de la CIJ

The Elders, 29/1/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

The Elders (Les Anciens, ou Les Sages) est un groupe indépendant de dirigeants du monde œuvrant pour la paix, la justice, les droits humains et une planète durable. Il a été fondé par Nelson Mandela en 2007 @TheElders

Déclaration : Les Sages demandent à Israël de se conformer immédiatement aux mesures conservatoires ordonnées par la Cour internationale de justice (CIJ) pour protéger les Palestiniens de Gaza contre les actes de génocide.

 

Les Sages demandent également aux alliés d'Israël d'affirmer publiquement leur respect de la décision de la Cour et d'utiliser les leviers politiques, militaires et financiers à leur disposition pour s'assurer qu'Israël respecte les mesures conservatoires.

La décision juridiquement contraignante de la CIJ est un moment d'une extrême gravité.

Les forces israéliennes ont tué plus de 25 000 Palestiniens à Gaza, détruit des maisons et des infrastructures sur l'ensemble du territoire et déplacé jusqu'à 1,9 million de personnes. Les Sages partagent le jugement de la Cour selon lequel cette ampleur de la dévastation risque de causer un préjudice irréparable à la population de Gaza.

Israël, en tant que puissance militaire occupante, doit se conformer à l'arrêt de la Cour et mettre en œuvre les mesures conservatoires dans leur intégralité. Il doit notamment veiller à ce que son armée ne commette aucun acte de génocide à l'encontre du peuple palestinien en tant que groupe protégé, y compris en tuant des membres de ce groupe. Il s'agit également d'empêcher l'incitation au génocide et de permettre la fourniture des services de base et de l'aide humanitaire dont le pays a un besoin urgent. Une mesure immédiate doit être la levée du siège de Gaza et la fin de la punition collective des Palestiniens.

Les Sages soutiennent l'accent mis par la Cour sur le fait que toutes les parties au conflit sont liées par le droit international humanitaire, ainsi que son appel à la libération immédiate et inconditionnelle des otages détenus par le Hamas et d'autres groupes armés.

Tous les États ont la responsabilité de respecter l'arrêt de la Cour. L'Afrique du Sud a fait preuve de leadership moral en portant cette affaire devant la Cour, et il incombe maintenant aux autres - en particulier aux alliés d'Israël et au Conseil de sécurité des Nations unies - de respecter leurs propres obligations morales et juridiques de prévenir les actes de génocide et de soutenir l'arrêt de la CIJ.

Au minimum, les alliés d'Israël doivent s'assurer qu'ils ne sont pas complices de crimes atroces. Les Sages réitèrent donc leur appel à tous les pays qui fournissent une assistance militaire à Israël pour qu'ils réexaminent cette assistance et fixent de nouvelles conditions pour la fournir à l'avenir. Les gouvernements qui fournissent une assistance militaire en sachant que des atrocités sont commises ou sont imminentes risquent d'être complices. La légitime défense ne peut en aucun cas justifier les crimes atroces.

Pendant trop longtemps, les alliés d'Israël - en particulier les USA et de nombreux États européens - ont fourni une couverture politique à ses violations du droit international.  Cette impunité doit cesser maintenant.

Les dirigeants politiques qui choisissent d'ignorer ou de saper l'arrêt de la Cour risquent d'affaiblir davantage l'État de droit international à un moment où il est déjà gravement menacé. Le Conseil de sécurité des Nations unies a un rôle essentiel à jouer pour garantir le respect de l'arrêt de la CIJ et l'application cohérente du droit international. Le monde nous regarde.

Mary Robinson, ancienne présidente de l'Irlande et présidente de The Elders

Ban Ki-moon, ancien secrétaire général des Nations unies et vice-président de The Elders

Graça Machel, fondatrice du Graça Machel Trust, cofondatrice et vice-présidente de The Elders

Gro Harlem Brundtland, ancienne Première ministre de Norvège et ancienne directrice générale de l'OMS

Helen Clark, ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande et ancienne directrice du Programme des Nations unies pour le développement

Elbegdorj Tsakhia, ancien président et premier ministre de Mongolie

Zeid Ra'ad Al Hussein, ancien Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme

Hina Jilani, avocate à la Cour suprême du Pakistan et coprésidente de la
Taskforce on Justice (Groupe de travail sur la justice)

Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Liberia et lauréate du prix Nobel de la paix

Ricardo Lagos, ancien président du Chili

Juan Manuel Santos, ancien président de la Colombie et lauréat du prix Nobel de la paix

Ernesto Zedillo, ancien président du Mexique