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17/02/2022

REINALDO SPITALETTA
Cinq prostituées et un anarchiste
Il y a un siècle, dans la Patagonie rebelle

 

Avec le massacre des travailleurs en Patagonie à la fin de l'année 1921, où 1 500 travailleurs agricoles ont été fusillés par l'armée, il s'est produit ce qui s'est produit plus tard avec le massacre des travailleurs de la banane à Ciénaga, dans le Magdalena colombien, en 1928, qui, selon les positions idéologiques plutôt que selon les documents et autres témoignages, ne fit que neuf victimes et non  mille ou plus, comme la légation usaméricaine à Bogota l'a reconnu à l'époque.

Lorsqu'il s'agit de travailleurs, il semble que cela ne fasse aucune différence que ce soient quelques-uns ou des centaines d'entre eux qui aient été massacrés. Ils étaient sûrement des communistes, dira-t-on. Ou des anarchistes. Et ils l'ont même mérité, diront les bourreaux. C'est ainsi que l'histoire, les contextes et les manifestations contre l'injustice sont niés. Et ceux qui sont au pouvoir font tout leur possible pour effacer de la mémoire des événements aussi horribles, des crimes contre l'humanité, comme on les a appelés plus récemment.

Dans le sud de l'Argentine, à Santa Cruz, les ouvriers ruraux de Patagonie, à la fin de l'année 1920, se sont mis en grève pour exiger des éleveurs un jour de repos par semaine, un endroit propre pour dormir et un paquet de bougies. Ce n'était pas grand-chose, mais les éleveurs se sont opposés et, de plus, ont renié les accords. Quelques années plus tard, les travailleurs se sont soulevés, puis l'armée est apparue, commandée par le colonel Héctor Benigno Varela. Et c'est ainsi qu'a commencé une histoire d'horreur, mais aussi de démonstration de dignité de la part de cinq prostituées de Puerto San Julián.


Varela a lancé les pelotons d'exécution en masse, sans procès. L'objectif était de punir les travailleurs (presque tous des tondeurs et des cardeurs de laine), de les passer par les armes, de les qualifier de hors-la-loi, d'insurgés et de bandits. Et ainsi, en divers endroits, les exécutions étaient un pain quotidien dur et amer. Au début de l'année 1922, après avoir perpétré le massacre, que le gouvernement appelle "pacification", Varela veut récompenser ses soldats par un prix en nature, comme une libération de leur libido refoulée.

Les soldats font la queue devant un bordel. On ne leur ouvre pas la porte. Soudain, la propriétaire, Paulina Rovira, sort et annonce que les demoiselles refusent de les servir. "C'est de la trahison", lui dit le sous-officier, et la foule tente de forcer l'entrée, quand, à ce moment-là, les cinq "élèves" surgissent, armées de balais et de bâtons, et les réprimandent : "assassins", "ordures", "on ne couche pas avec les assassins !".

Cette réaction inattendue a coupé le souffle aux soldats (et leur a ôté toute envie de s'envoyer en l'air), paralysés par les hijueputazos ["fils de putes"], les crachats, les balais et les "insultes obscènes typiques des bonnes femmes", selon un rapport de police. Cette démonstration de courage et de dignité des prostituées sera racontée, entre autres, par le romancier David Viñas et l'historien et écrivain Osvaldo Bayer, ce dernier dans son impressionnant livre La Patagonie rebelle.

Il y a un siècle, le 17 février 1922, cinq femmes courageuses, prostituées de profession, du bordel La Catalana, ont posé un acte audacieux de rejet du massacre des travailleurs. Face au silence et à la peur générale de la population, elles ont affronté les auteurs de l'un des massacres les plus atroces d'Argentine et de l'histoire du mouvement ouvrier. Les autres viendront des années plus tard, avec la dictature militaire de Videla et compagnie.

Consuelo García, Ángela Fortunato, Amalia Rodríguez, María Juliache et Maud Foster sont les cinq héroïnes de San Julián, sauvées de l'oubli par les recherches et les enquêtes d'Osvaldo Bayer. L'autre héros de cette histoire singulière est Kurt Wilckens, un anarchiste allemand de tendance tolstoïenne qui, le 27 janvier 1923, prend sa revanche en tuant le lieutenant-colonel Varela avec une bombe à percussion et un revolver Colt dans une rue du quartier Palermo à Buenos Aires.

Varela, comme le raconte Bayer dans son livre, "obligeait les travailleurs à creuser leurs tombes, puis les forçait à se déshabiller et les abattait. Il a fait battre les chefs des travailleurs et les a mis au tapis avant de donner l'ordre de les abattre de quatre balles". En Patagonie, consacrée par les latifundistes aux moutons (l'un d'entre eux, Mauricio Braun, est parvenu à posséder la superficie astronomique de 1 376 160 hectares de terres, avec des moutons), les ouvriers étaient soumis à des journées d'exploitation sans pitié.


 Wilckens, un anar pacifiste, abstinent et végétarien, décide de se faire justice lui-même face à la "violence d'en haut". Il n'avait aucun parent parmi les personnes abattues. Il ne connaissait pas la Patagonie (le Grand Sud argentin) et croyait seulement qu'il allait accomplir "un acte de justice individuel". Lorsqu'il atteint son but, dans une attaque cinématographique au cours de laquelle il est gravement blessé, il déclare : "J'ai vengé mes frères".


Cinq prostituées (quatre argentines et une espagnole) et un anarchiste allemand sont entrés dans l'histoire (enfin, disons que des gens comme Bayer et d'autres les ont sauvé·es de l'oubli officiel) des luttes contre l'injustice et l'exploitation.

16/02/2022

REINALDO SPITALETTA
Cinco prostitutas y un anarquista

Con la matanza de obreros en la Patagonia a fines de 1921, cuando fueron fusilados por el ejército mil quinientos trabajadores agrarios, pasó como sucedió después con la masacre de las bananeras, en Ciénaga, Magdalena, en 1928, que, según las posiciones ideológicas y no los documentos y otros testimonios, fueron solo nueve y no un millar o más, como lo reconoció en su momento la Legación de EE.UU. en Bogotá.

 Cuando se trata de trabajadores, parece dar lo mismo que sean unos cuántos o centenares de ellos los masacrados. Seguro eran comunistas, dirán. O anarquistas. Y hasta se lo merecían, acotarán los verdugos. Así se niegan la historia, los contextos, las manifestaciones contra las injusticias. Y desde el poder se hace lo posible por borrar de la memoria tales acontecimientos de espanto, crímenes de lesa humanidad, como se han catalogado en tiempos más recientes.

En el sur de la Argentina, en Santa Cruz, los peones rurales de la Patagonia, a fines de 1920, declararon una huelga para reclamar a los estancieros un día de descanso a la semana, tener un lugar limpio donde dormir y un paquete de velas. No era gran cosa, pero los hacendados se opusieron y, además, incumplieron acuerdos. Un años después, los trabajadores se levantaron y entonces apareció el ejército, comandado por el coronel Héctor Benigno Varela. Y ahí comenzó una historia de horror, pero, a su vez, de demostraciones de dignidad por parte de cinco prostitutas del Puerto San Julián.


Varela inició los fusilamientos a granel, sin fórmula de juicio. Se trataba de escarmentar a los trabajadores (casi todos esquiladores y cardadores de lana), de pasarlos por las armas, de calificarlos de forajidos, insurrectos y bandoleros. Y así, por distintos predios, los fusilamientos fueron un pan duro y amargo de cada día. A comienzos de 1922, tras cumplir con la masacre, a la que el gobierno llamó “pacificación”, Varela quiso galardonar a sus soldados con un premio en especie, en desfogue para su libido reprimida.

En un burdel la soldadesca hizo la fila. No les abrieron. Y de pronto, salió la dueña, Paulina Rovira, y les anunció que las damiselas se negaban a atenderlos. “Eso es traición a la patria”, le dijo el suboficial al mando, y una patota intentó meterse a la fuerza, cuando, en esas, emergieron las cinco “pupilas”, armadas de escobas y palos, y los increparon: “¡asesinos!”, “¡porquerías!”, “¡con asesinos no nos acostamos!”.

La inesperada reacción dejó sin aliento (y sin ganas de un polvazo) a los soldados, que se paralizaron ante los hijueputazos, los escupitajos, los escobazos y los “insultos obscenos propios de mujerzuelas”, según se consignó en un informe policial. Esta muestra de coraje y dignidad de las prostitutas, la va a narrar, entre otros, el novelista David Viñas y el historiador y escritor Osvaldo Bayer, este en su impresionante libro La Patagonia rebelde.

Hace un siglo, el 17 de febrero de 1922, ocurrió el atrevido acto de rechazo a la masacre obrera por parte de cinco valientes mujeres, putas de profesión, del prostíbulo La Catalana, que, ante el silencio y el miedo general de la población, enfrentaron a los autores de una de las más atroces matanzas de la Argentina y de la historia del movimiento obrero. Las otras llegarían años después, con la dictadura militar de Videla y compañía.

 

Consuelo García, Ángela Fortunato, Amalia Rodríguez, María Juliache y Maud Foster eran las cinco heroínas de San Julián, rescatadas de la desmemoria por las pesquisas e investigaciones de Osvaldo Bayer. El otro héroe de esta singular historia fue Kurt Wilckens, anarquista alemán de tendencia tolstoiana, quien, el 27 de enero de 1923, tomó venganza por mano propia al ultimar con una bomba de percusión y un revólver Colt al teniente coronel Varela en una calle del barrio Palermo, de Buenos Aires.

Varela, como lo cuenta Bayer en su libro, a los trabajadores “les hacía cavar las tumbas, luego los obligaba a desnudarse y los fusilaba. A los dirigentes obreros los mandaba apalear y sablear antes de dar la orden de pegarles cuatro tiros”. En la Patagonia, dedicada por los latifundistas a las ovejas (uno solo de ellos, Mauricio Braun, llegó a tener la astronómica cantidad de 1′376.160 hectáreas de tierra, con ganado lanar), los peones eran sometidos a jornadas de explotación inmisericorde.

 Wilckens, un anarco que además era un pacifista, abstemio y vegetariano, se decidió a tomar justicia por mano propia ante “la violencia de arriba”. No tenía parientes entre los fusilados. No conocía la Patagonia (el Far South argentino) y solo creía que iba a cumplir “un acto individual justiciero”. Cuando alcanzó su cometido, en un atentado cinematográfico, del que además salió mal herido, declaró: “He vengado a mis hermanos”.


 Cinco prostitutas (cuatro argentinas y una española) y un anarquista alemán pasaron a la historia (bueno, digamos que gente como Bayer y otros los rescataron del olvido oficial) de las luchas contra la injusticia y la explotación.