03/11/2025

Les drones à IA utilisés à Gaza surveillent désormais les villes usaméricaines

 

Nate Bear, ¡Do Not Panic!, 31/10/2025

Traduit par Tlaxcala

Les drones quadricoptères alimentés par l’intelligence artificielle, utilisés par l’armée israélienne (FDI) pour commettre un génocide à Gaza, survolent désormais les villes usaméricaines, surveillant les manifestants et téléversant automatiquement des millions d’images dans une base de données de preuves.


Ces drones sont fabriqués par une entreprise appelée Skydio, qui, en quelques années, est passée d’une relative obscurité à une valorisation de plusieurs milliards de dollars, devenant le plus grand fabricant de drones aux USA.

L’ampleur de l’utilisation des drones Skydio à travers le pays, et la vitesse à laquelle celle-ci s’est développée en seulement quelques années, sont stupéfiantes. L’entreprise a signé des contrats avec plus de 800 agences de police et de sécurité à travers les USA, contre 320 en mars dernier, et ses drones sont désormais déployés des centaines de fois par jour pour surveiller la population dans les villes et les bourgs du pays.

Liens étroits avec Israël

Skydio entretient des liens profonds avec Israël. Dans les premières semaines du génocide, l’entreprise californienne a envoyé plus d’une centaine de drones à l’armée israélienne, avec la promesse d’en fournir davantage. On ignore combien d’autres ont été livrés depuis cette première admission. Skydio possède un bureau en Israël et collabore avec DefenceSync, un sous-traitant militaire local qui sert d’intermédiaire entre les fabricants de drones et l’armée israélienne.

Skydio a également levé des centaines de millions de dollars auprès de capital-risqueurs usaméricano-israéliens et de fonds d’investissement disposant de lourds portefeuilles en Israël, dont la société Andreessen Horowitz (a16z), fondée par Marc Andreessen.

Et maintenant, ces drones — testés dans un contexte de génocide et perfectionnés sur des Palestiniens — essaiment sur les villes usaméricaines.

Déploiement national massif

D’après mes recherches, presque toutes les grandes villes usaméricaines ont signé un contrat avec Skydio au cours des 18 derniers mois, notamment Boston, Chicago, Philadelphie, San Diego, Cleveland et Jacksonville. Les services de police municipaux ont récemment utilisé ces drones pour recueillir des informations lors des manifestations No Kings, et l’université Yale s’en est servie pour espionner le campement étudiant anti-génocide installé sur son campus l’an dernier.

À Miami, les drones Skydio sont employés pour surveiller les vacanciers printemps ; à Atlanta, la société s’est associée à la Atlanta Police Foundation pour installer une station permanente de drones dans le nouveau Centre de formation de la sécurité publique d’Atlanta. D’après un rapport municipal, Detroit a récemment dépensé près de 300 000 dollars pour l’achat de quatorze drones Skydio. Le mois dernier, l’agence ICE (Immigration and Customs Enforcement) a acheté un drone Skydio X10D, capable de suivre et de poursuivre automatiquement une cible. Depuis juillet, les services des douanes et de la protection des frontières (CBP) ont acquis trente-trois exemplaires du même modèle.

Une technologie d’IA autonome

Le système d’intelligence artificielle qui alimente les drones Skydio fonctionne grâce aux puces Nvidia et leur permet d’opérer sans intervention humaine. Ces drones sont dotés de caméras thermiques et peuvent fonctionner dans des environnements dépourvus de GPS, dits GPS-denied environments. Ils sont capables de reconstituer en 3D les bâtiments et infrastructures, et de voler à plus de 50 km/h.

La police de New York (NYPD) a été l’un des premiers corps à adopter les drones Skydio, et demeure l’un de leurs utilisateurs les plus enthousiastes. Un porte-parole a récemment déclaré à un site spécialisé que la NYPD avait effectué plus de 20 000 vols de drones en moins d’un an, soit environ 55 vols par jour à travers la ville. Un rapport municipal indiquait que la NYPD exploitait alors 41 drones Skydio. Une modification récente du règlement de la Federal Aviation Authority (FAA) laisse penser que ce nombre a encore augmenté — tout comme l’usage massif de ces drones à travers le pays.

Assouplissement réglementaire

Avant mars 2025, les règles de la FAA interdisaient aux forces de sécurité usaméricaines d’utiliser des drones au-delà de la ligne de vue de leur opérateur, et proscrivaient leur utilisation au-dessus des zones densément peuplées. Mais une dérogation délivrée ce mois-là a ouvert les vannes : les forces de l’ordre peuvent désormais faire voler des drones hors de leur champ visuel et au-dessus des foules.

Skydio a qualifié cette dérogation d’« historique ». Elle l’est.
Ce changement réglementaire a déclenché une véritable fièvre d’achat de drones Skydio par la police et les agences de sécurité usaméricaines, beaucoup ayant lancé un programme appelé Drone As First Responder (Drone comme premier intervenant).

N’ayant plus besoin de garder le drone en vue, et libres de survoler les rues, les forces de police envoient de plus en plus souvent des drones avant les agents humains pour répondre aux appels et mener des enquêtes. La ville de Cincinnati, par exemple, prévoit que d’ici la fin de l’année, 90 % des interventions seront d’abord effectuées par un drone Skydio.

Infrastructure de surveillance totale

Ce niveau de couverture est rendu possible par les stations d’amarrage Skydio, des plateformes matérielles installées un peu partout dans les villes, permettant aux drones d’être rechargés, lancés et posés à distance, parfois à plusieurs kilomètres du poste de police.

Toutes les données collectées lors de ces vols sont sauvegardées sur carte SD, puis automatiquement téléversées dans un logiciel spécialement conçu pour les forces de l’ordre. Ce logiciel, baptisé Axon Evidence, est produit par Axon, fabricant controversé des pistolets à impulsion (Tasers) et d’armes dites « non létales », déjà utilisées par la police aux USA et en Europe.

Selon un communiqué d’Axon, ce logiciel permet « le téléversement automatique de photos et de vidéos issues des drones vers un système numérique de gestion des preuves ».

Liens entre Axon et Israël

L’équipement d’Axon est également au cœur de l’appareil d’apartheid israélien, l’entreprise fournissant des caméras corporelles et des tasers aux forces de police et aux gardiens de prison israéliens qui torturent régulièrement des Palestiniens. Axon, qui a participé à un tour de financement de 220 millions de dollars de Skydio (série E), fait partie des nombreuses entités soutenant Skydio dans le cadre d’un agenda sioniste.


Le réseau des investisseurs

Le premier investisseur de Skydio, en 2015, fut Andreessen Horowitz (a16z), qui apporta 3 millions de dollars de capital d’amorçage à l’équipe fondatrice de trois personnes. Depuis, la firme a investi des dizaines de millions supplémentaires à travers de multiples levées de fonds. Les fondateurs Marc Andreessen et Ben Horowitz sont des sionistes notoires. En 2024, leur société fut le principal investisseur en capital-risque en Israël. L’été dernier, Andreessen et Horowitz se sont rendus en Israël pour rencontrer des entreprises technologiques fondées par d’anciens membres des FDI et de l’unité 8200.

Parmi les autres investisseurs de Skydio figurent Next 47, qui possède un bureau en Israël dirigé par Moshe Zilberstein, ancien du centre informatique de renseignement Mamram, et Hercules Capital, dont la directrice générale, Ella-Tamar Adnahan, est une Israélo-USAméricaine présentée par les médias comme « la banquière de référence d’Israël dans le secteur technologique aux USA ».

Le laboratoire de Gaza exporté

La saturation des forces de police usaméricaines par une technologie de surveillance étroitement liée à Israël, utilisée pour commettre des crimes de guerre, constitue une évolution terrifiante — quoique prévisible. Les drones Skydio seront centraux dans l’avancée du proto-fascisme aux USA et dans la répression d’Antifa et d’autres prétendus « terroristes domestiques » par l’administration Trump.

Dans ce contexte, le plus surprenant est peut-être que cette expansion rapide des technologies de surveillance d’origine israélienne soit passée presque inaperçue.

Politique et symbolique

Skydio devrait également figurer à l’ordre du jour de Zohran Mamdani. Récemment critiqué pour avoir déclaré que « lorsque la botte de la NYPD est sur votre nuque, c’est un lacet israélien qui la maintient », le cas de Skydio illustre précisément ses propos. S’il reste fidèle à ses convictions, il pourrait user de son autorité en tant que maire pour annuler le contrat Skydio de la NYPD.

Usage militaire et risque de fusion

Skydio est aussi un fournisseur important du Département de la Défense, ayant récemment signé un contrat pour fournir des drones de reconnaissance à l’armée usaméricaine. En tant que fournisseur majeur pour les forces de sécurité militaires et civiles, la question se pose : quelles données sont — ou seront — partagées entre l’armée et les services de sécurité intérieurs via le système Skydio-Axon ?

Gaza, laboratoire du monde occidental

Skydio illustre une fois encore comment Gaza sert de laboratoire pour les fabricants d’armes : un lieu d’expérimentation pour les technologies de surveillance et d’apartheid, avant leur perfectionnement et leur déploiement dans les pays occidentaux.

L’année prochaine, Skydio lancera une nouvelle génération de drones d’intérieur. On ne peut qu’imaginer dans quelle mesure ces nouveaux modèles seront inspirés des « enseignements » tirés du génocide.

L’histoire de Skydio montre une vérité brutale : ce qui se passe à Gaza ne reste pas à Gaza.
La logique de l’impérialisme capitaliste veut que ces technologies finissent toujours par revenir à la maison.

Toutes les illustrations proviennent de Skydio

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