Luis Casado... With a little help from my friends, 2-9-2024
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¿Qué social-democracia no dio la orden de disparar cuando la miseria salió de su territorio o de su ghetto? (Gilles Deleuze)
El 27 de febrero de 1989 tuvo lugar en Caracas uno de los acontecimientos históricos más significativos del cambio de etapa política de finales de los años ochenta. Pocos meses antes de la caída del Muro de Berlín, los venezolanos que vivían principalmente en barrios pobres (el 80% de la población) se rebelaron contra la brutal aplicación de las medidas del FMI por parte del entonces Vicepresidente de la Internacional Socialista, Carlos Andrés Pérez (CAP).
Caracas, luego de la masacre de febrero de 1989 que hizo 3.000 muertos... Ver más fotos
La respuesta política del gobierno venezolano fue brutal: se desplegó el ejército y se le autorizó a disparar contra la multitud. La represión se cobró un terrible saldo: casi 3.000 muertos en cuatro días. (…)
Esta revuelta espontánea marca el verdadero comienzo del proceso revolucionario bolivariano y el de una larga serie de revueltas en todo el mundo contra la cara liberal del capitalismo.El bolívar, moneda venezolana, inspiró a Ian Fleming, quien en su libro Operación Trueno -que tiene como héroe a James Bond-, escribió:La llamada Venezuela Saudita se incubó con la bonanza petrolera que se produjo en los años 70 debido a los conflictos en Medio Oriente. El mundo, y sobre todo EEUU, necesitaban petróleo. Los conflictos creados en el Medio Oriente precisamente por el control del petróleo causaron escasez y por ende una formidable subida de precios.
Estamos hablando del paraíso que era Venezuela antes de la llegada de Hugo Chávez.
"Los ingresos totales hasta la fecha, sin contar nuestro último dividendo no repartido, han ascendido aproximadamente a millón y medio de libras esterlinas en francos suizos y bolívares venezolanos, en los que convertimos nuestros ingresos, por seguir siendo las monedas más duras del mundo".
Frase pronunciada por el jefe de la organización criminal Spectre, Ernst Stavro Blofeld, al hacer el balance de las ganancias dejadas por sus fechorías. Pero no solo Spectre cometía fechorías... La fama de la divisa venezolana desapareció el 18 de febrero de 1983, día conocido como el Viernes Negro. Ese día, el gobierno del entonces presidente (1979-1984) Luis Herrera Campins anunció una drástica devaluación del bolívar. Herrera Campins, un democratacristiano, -en 1969 fue electo secretario general de la Organización Demócrata-Cristiana en América Latina-, había sucedido a CAP (segundo mandato).
Le président chilien Gabriel Boric a annoncé à la fin de l’année 2023 que l’exploitation
des gisements de lithium serait confiée à une entreprise mixte associant l’État
chilien et la société SQM jusqu’en 2030, après quoi SQM contrôlerait
entièrement l’exploitation jusqu’en 2060. La SQM (Société chimique et minière
du Chili) a été créée en 1968 comme entreprise mixte privé-public d’exploitation
du salpêtre. Ente 1983 et 1988, elle a été privatisée par Pinochet, qui l’a
pratiquement offerte à son beau-fils Julio César Ponce Lerou, qui est aujourd’hui
l’homme le plus riche du Chili. Objet d’innombrables enquêtes judiciaires pour
ses pratiques mafieuses de détournements de fonds et de corruption, Julio
César, alias “el yernísimo” (le Gendre Suprême, ou le Beaufissime), serait
en prison dans un pays administré par un État de droit, ce qui n’est de toute
évidence pas le cas dans le Chili du pitoyable Gabrielito. Ci-dessous 4
articles d’auteurs chiliens apportant leur éclairage sur cette affaire à faire pâlir
d’envie tous les auteur du réalisme magique.-Fausto
Giudice, Tlaxcala
L’année 2024 commence par une
escroquerie digne du Guinness des records, sans que personne ne s’en émeuve.
Seules quelques voix se sont élevées pour alerter le populo sur l’énorme fraude
en cours. Et nous invitons tous les nuls à s’opposer à cette ignoble tentative
de nous passer à la moulinette...
Il y a quelques jours, -on était
encore en 2023-, après le rejet du projet de Constitution concocté par des
marmitons fascistes, la presse (sic) chilienne a rapporté ceci :
« le Président a fait un
discours mesuré dans lequel il a souligné que les urgences sont ailleurs et il a
clôturé le processus constitutionnel ».
À ce moment-là, -plus qu’énervé
par la sollicitude soumise qu’il manifeste à l’égard des aumônes-, j’ai osé
affirmer que la racaille politichienne s’accommodera de n’importe quoi tant que
les « urgence » seront définies par les hommes d’affaires, bref, par
les gros bonnets.
Il n’était pas nécessaire de s’armer
de patience pour savoir quelles étaient ces « urgences » : livrer le lithium
(et ce qui restait, s’il en restait quelque chose, de pudeur, de vertu et de décence)
au beaufissime, celui qui, pendant la dictature, s’est payé SQM, à la grande
satisfaction de la racaille politichienne que l’escroc a financée et continue
de financer, comme on le fait avec les greluches tarifées.
Pour faire taire toute expression
de gêne, faciliter la pénétration et accroître la jouissance, ce Soleil du
XXIème siècle qui nous sert de président nous a donné quelques chiffres, tous
liés à la masse d’argent dont disposera le trésor national, question d’activer
le fonctionnement de nos glandes salivaires dans un réflexe pavlovien : Il nous
avait récemment souhaité « d’être heureux » (sic), ce qui à
proprement parler, comme on dit en France, « ne mange pas de pain »,
donc ne coûte pas un sou, bref un
synonyme simpliste du « Dieu vous bénisse ».
Du pactole dont Ponce Lerou s’empare,
du gigantesque pied de biche - outil indispensable aux voleurs désireux d’enfoncer
des portes réfractaires - qui lui est offert pour ouvrir des marchés, négocier
et recevoir des participations millionnaires d’investisseurs étrangers désireux
de « placer » leurs capitaux oisifs... rien, pas un mot. En réalité,
Ponce Lerou s’élève au rang de videur de bordel, celui qui arrête les clients
indésirables à la porte ou qui l’ouvre en grand aux riches michés réguliers, généreux
avec le petit personnel.
On a aussi impudemment exhibé
comme argument une prétendue prouesse scientifique, de prétendues avancées
technologiques réalisées par SQM que ni les Chinois, ni les Russes, ni même les
Yankees ne sont près de découvrir, Benjamin Franklin, Charles de Coulomb, Louis
Pasteur, Thomas Edison et Alessandro Volta sont des godiches comparés à côté de
Ponce Lerou, on voit que la Vierge du Carmen est avec le Beaufissime, elle le
protège et lui file des rencarts, que c’est une merveille.
Les âmes pieuses, de gauche à
droite et de droite à gauche (mais... n’est-ce pas la même chose, Monseigneur
?) ont loué notre Soleil du XXIème siècle, vantant son « pragmatisme »,
une qualité qui placera le Chili très haut dans la liste des pays qui attirent
les boucaniers, les filibusters, les corsaires et autres aventuriers, - que
dis-je ! toute la Confrérie des Pirates des Caraïbes, qu’Emilio Salgari et
Sandokan nous éclairent -, qui débarquent dans le but louable d’exploiter - c’est
le cas de le dire - notre richesse autrefois nationale et nos travailleurs
(Milei les appelle « capital humain »), pour ainsi engraisser ceux qui débordent déjà de graisse, grâce
surtout au fait qu’ils « graissent » de temps en temps leurs
condottieri serviles, de droite à gauche et de gauche à droite, on ne peut pas
dire qu’au moment de toucher leurs pourboires, ils soient à la ramasse.
Légèrement pressé par d’autres « urgences »
-bien plus simples et domestiques que celles qui agitent notre Soleil du XXIème
siècle-, j’ai osé évoquer ce sujet à l’aube d’une année qui commence comme un
enfer, malgré les vœux sincères généreusement distribués à la fin de 2023, vœux
qui, comme ceux de notre Soleil du XXIème siècle (être heureux), « ne
mangent pas de pain », bref ne coûtent rien.
Le
bradage du lithium à SQM à partir de 2030 est illégal
Le
gouvernement, par l’intermédiaire de la CODELCO (Corporación Nacional del
Cobre, Compagnie nationale du cuivre), a l’intention de céder le lithium à
l’entreprise privée chilienne, chinoise et usaméricaine SQM, alors que depuis
1979, en vertu du décret constitutionnel DL 2.886, le lithium est réservé à l’État.
En outre, d’autres
dispositions légales permettent de contester juridiquement, voire
administrativement, cet accord entre CODELCO et SQM.
Voyons
quelles sont ces dispositions légales.
1.- L’article
640 du Code civil stipule :
« L’État
devient propriétaire de tous les biens pris à la guerre de nation à nation, non
seulement sur les ennemis, mais aussi sur les neutres, et même sur les alliés
et les nationaux selon le cas, et il en dispose conformément aux Ordonnances de
la Marine et de la Course ».
Le code
civil chilien étant entré en vigueur le 1erjanvier 1857, tous les biens pris lors de la
guerre du Pacifique passèrent aux mains de l’État, et plus encore le Dépôt
salin d’Atacama, qui n’avait pas de propriétaire, sauf peut-être les
revendications des Peuples Atacameños.
2-Le 30 mai
1884, le président Domingo Santa María publia un décret, également signé par
son ministre Ramón Barros Luco, qui stipulait ce qui suit :
« L’octroi
de concessions pour des gisements de salpêtre, de borates et d’autres
substances énumérées dans le décret susmentionné du 28 juillet 1877 est
suspendu sur tout le territoire de la République, y compris les départements
situés au nord du 23eparallèle, et est abrogé ».
Le décret du
28 juillet 1877 permettait aux particuliers d’explorer et d’exploiter les
gisements de salpêtre, de borates et « toutes autres substances salines qu’ils
pourraient trouver dans les limites de leur propriété », ce qui fut abrogé
par le décret de 1884.
3 - Par la
suite, en 1888, le deuxième code minier chilien a été promulgué (le premier
datant de 1874), dont l’article 2, paragraphe 5, établit ce qui suit :
« Nonobstant
les dispositions des paragraphes précédents, l’État se réserve le droit d’exploiter
les dépôts de guano sur les terres de toute propriété et d’exploiter les
gisements de nitrates et de sels ammoniacaux similaires qui se trouvent sur les
terres de l’État ou des communes, sur lesquelles aucune propriété minière
privée n’a été établie par des lois antérieures ».
Ce code
minier a encore renforcé la disposition établissant que, sur les terres de l’État,
les nitrates et les sels similaires étaient réservés à l’État, y compris ceux
qui se trouvent dans le Dépôt salin d’Atacama.
4.- Plus
tard, les codes miniers de 1930 et 1932 ont établi la même disposition à l’article
4 des deux codes :
« Nonobstant
les dispositions de l’article précédent, l’État se réserve les dépôts de guano
et de pétrole à l’état liquide ou gazeux, situés sur des terrains de toute
propriété, et ceux de nitrates et de sels similaires, d’iode et de composés de
ces produits, qui sont situés sur des terrains d’État ou nationaux d’usage
public ou des communes, à condition que sur les gisements susmentionnés n’ait
pas été constituée, conformément aux lois antérieures, une propriété minière de
particuliers, encore en vigueur » (c’est nous qui soulignons).
Par
conséquent, depuis le décret suprême de 1884, jusqu’à l’entrée en vigueur de l’article
4 du code minier de 1932, modifié en 1979 par le Décret-Loi 2.886, il n’était
pas possible de constituer une propriété minière sur les nitrates et les sels
similaires du Dépôt salin d’Atacama, car ce gisement appartenait indéniablement
à l’État, en vertu de l’article 640 du code civil.
6.- D’autre
part, afin de garantir que la production agricole nationale puisse répondre aux
besoins alimentaires, en 1940, sous le gouvernement du président Pedro Aguirre
Cerda, la loi 6.482 a été adoptée, qui visait à garantir que le pays puisse
produire les fertilisants dont il avait besoin. Dans ce but, cette loi a créé,
à l’article 1er , le Conseil des fertilisants, auquel une série d’attributions
ont été confiées, et pour donner plus de pouvoirs à ce Conseil, l’article 6 de
cette loi stipulait :
« Les
gisements de carbonate de calcium, de phosphates et de sels de potassium se
trouvant sur les terrains publics ou nationaux à usage public, ou appartenant
aux communes, sont réservés à l’Etat, à condition qu’aucune propriété minière
privée en vigueur n’ait été constituée sur lesdits gisements conformément aux
lois antérieures. En conséquence, à compter de la date de promulgation de la
présente loi, aucune propriété minière ne peut être constituée sur les
gisements contenant les substances indiquées dans le présent article ».
L’aspect
pertinent de cette loi est que ce ne sont pas les substances minérales mais les
gisements contenant des fertilisants qui étaient réservés à l’État, et que les
particuliers n’étaient pas autorisés à établir des droits miniers sur un
minéral ou une substance minérale, puisque c’était le gisement qui était
légalement réservé à l’État.
Par
conséquent, il existe une continuité absolue entre le décret du 30 mai 1884 du
président Domingo Santa María et tous les codes miniers jusqu’en 1932, dans
lesquels la propriété des nitrates et des sels similaires était interdite, et
la loi 6.482, qui réservait à l’État « les gisements » contenant du
carbonate de calcium et d’autres engrais.
Ce sont
précisément ceux que l’on trouve dans le Dépôt salin d’Atacama, qui était déjà
propriété de l’État en vertu de l’article 640 du code civil. La loi 6.482 a été
en vigueur jusqu’en 1981, date à laquelle elle a été abrogée par le DL 3.557.
7.- Mais
bien que la loi 6.482 ait réservé à l’État les gisements de carbonate de
calcium, de phosphates et de sels de potassium, de nouvelles institutions ont
été créées par la suite pour s’occuper des fertilisants, qui ont remplacé le
Conseil des fertilisants dans ses droits et ses biens.
Ainsi, le 7
août 1942, le DFL 2-2281 du ministère des Finances prévoyait, entre autres, que
les compétences et les ressources accordées au Conseil des fertilisants par la
loi 6.482 seraient désormais exercées par un organisme dénommé « Institut
d’économie agricole ».
Par la
suite, le 12 mai 1953, le Décret ayant force de loi n° 87 du ministère des Finances
a fusionné l’Institut d’économie agricole et l’Institut du commerce extérieur
en une société commerciale autonome dénommée « Institut national du
commerce ».
Le dernier
paragraphe de l’article 1er du DFL 87 stipule:
« Toutes
les autres attributions, droits et obligations de l’Instituto de Economía
Agrícola échoiront à partir de cette date à l’Instituto Nacional de Comercio ».
9.- Enfin,
le DFL 274 du Trésor, publié le 6/4/1960, a créé l’ »Entreprise de
Commerce Agricole » (ECA), dont l’article 1erdes dispositions transitoires prévoyait :
« L’Empresa
de Comercio Agrícola succède dans tout son patrimoine, ses biens, ses
obligations et ses ressources à l’Instituto Nacional de Comercio, qui est
supprimé à compter de la date de publication du présent décret avec force de
loi » (DFL).
10 - L’Empresa
de Comercio Agrícola, qui a eu une grande importance et activité sous les
gouvernements du président Frei Montalva et de Salvador Allende, a succédé à l’Instituto
Nacional de Comercio dans son patrimoine, ses biens et ses ressources, et est
devenue en même temps propriétaire du gisement du Dépôt salin d’Atacama.
L’ECA a été
en vigueur jusqu’en 1989, date à laquelle la loi 18.899 l’a remplacée par l’ « Empresa
de Abastecimiento de Zonas Aisladas » (EMAZA, Société d’approvisionnement
des zones isolées).
En résumé,
jusqu’en 1989, en vertu de la loi 6.482, l’Empresa de Comercio Agrícola était
propriétaire du Dépôt salin d’Atacama, car il contenait des fertilisants,
notamment du carbonate de calcium et des phosphates, ce qui a été vérifié par
une étude géologique du Dépôt salin d’Atacama, en province d’Antofagasta,
réalisée par l’ « Instituto de Investigaciones Geológicas », en
décembre 1969.
11 - Pour
toutes les raisons énumérées ci-dessus, lorsqu’Anaconda, par l’intermédiaire de
sa filiale Compañía Sudamericana Exploradora de Minas S.A., en 1969, a voulu
constituer 75 000 propriétés dans le Dépôt salin d’Atacama et 4 500 dans le Dépôt
salin de Tara, pour un total de 397 500 hectares de superficie, elle n’a pas pu les constituer, car ces
gisements étaient réservés à l’État, même si Anaconda a déclaré que les demandes
concernaient le cuivre, le fer, le manganèse et “d’autres substances”.
Toute cette
histoire législative que nous avons relatée est pratiquement inconnue, et même
certaines de ces dispositions légales sont très difficiles à trouver.
12.- Par
conséquent, en 1977, lorsque la CORFO (Compagnie de Développement de la
Production) a établi les droits sur le Dépôt salin d’Atacama, presque sur les
mêmes propriétés qu’Anaconda voulait constituer en 1967-69, ce gisement
appartenait déjà à l’Empresa de Comercio Agrícola, qui était une société d’État,
dotée de la personnalité juridique et de ses propres actifs, sur laquelle la
CORFO n’avait aucune propriété ni aucun contrôle.
Or, la CORFO
étant une institution de service public de l’État, ces propriétés minières
constituées par elle dans le Dépôt salin d’ Atacama pourraient être considérées
comme valides, précisément en vertu des dispositions légales résumées
ci-dessus.
En revanche,
la CORFO ne peut pas céder l’exploitation du lithium dans le Dépôt salin d’Atacama
à des entreprises privées, en vertu de la disposition constitutionnelle
suivante.
13 - En
octobre 1979, la Junte militaire, « dans l’exercice de son pouvoir
constituant" » a promulgué le décret-loi (DL) 2.886, qui stipule ce
qui suit :
« Article
5 - En fonction de l’intérêt national, à compter de la date d’entrée en vigueur
du présent décret-loi, le lithium est réservé à l’État .
Seuls les
éléments suivants sont exemptés des dispositions du paragraphe précédent :
« a) Le
lithium existant dans les biens constitués, sur le lithium ou sur l’une
quelconque des substances du premier alinéa de l’article 3 du Code minier qui,
à la date de publication du présent décret-loi au Journal officiel, avaient
leur acte de mesure enregistré, étaient en vigueur, et dont la manifestation, à
son tour, avait été enregistrée avant le 1er janvier 1979 » (c’est nous
qui soulignons).
Cela
signifie que le lithium a un statut différent de toutes les autres substances
minérales concédables et non concédables, car le lithium est réservé à l’État,
en vertu d’une disposition constitutionnelle, le DL 2.886 de 1979, qui est en
vigueur.
Pour les
raisons susmentionnées, le protocole d’accord, l’accord ou le décret suprême,
quel que soit le nom qu’on lui donne, par lequel la CODELCO cède à SQM le
lithium du Dépôt salin d’Atacama de 2030 à 2060, sans que la CODELCO ait les
pouvoirs légaux ou constitutionnels de le faire, peut être contesté devant les
tribunaux par le biais d’un recours constitutionnel en nullité.
J’espère que certains avocats
prendront la décision de le faire, car l’intérêt national l’exige.
S’il y a une dictature, c’est Ponce
le Beaufissime qui gagne.
Si la démocratie revient, c’est Ponce
le Bienfaiteur qui gagne.
Si c’est la droite qui gouverne, c’est Ponce le Roi du Lithium qui
gagne.
Si c’est la gauche qui gouverne, c’est
Ponce le Roi perpétuel du Lithium qui gagne à nouveau.
Au cours de l’été 1969, Julio
César Ponce Lerou a eu son coup de chance. En vacances à Maitencillo, il
rencontre la jeune fille d’un militaire, Verónica Pinochet. Plus tard, devenu
le gendre du seigneur et maître du Chili, il cumule quinze postes dans des
entités étatiques et des entreprises telles que Conaf, Iansa, Enami, ENAP, CTC,
Endesa, et les deux plus importantes pour son avenir : Corfo et SQM.
Il est baptisé le “yernísimo”.
En 1983, un scandale de
corruption l’oblige à quitter ses fonctions, mais quatre ans plus tard, il
revient à la SQM en tant que président du conseil d’administration, grâce aux
votes des directeurs militaires nommés par la dictature de son beau-père. Il
privatise l’entreprise et en prend le contrôle par une structure pyramidale
dite “en cascade”.
La transition démocratique menace
son pouvoir. La Chambre des députés estime que le Trésor a perdu 2,223 milliards
de dollars d’actifs suite aux privatisations frauduleuses, dont SQM est le
principal symbole. Le Conseil de défense de l’État (CDE) ouvre un dossier pour
fraude et escroquerie fiscale pour les opérations entre Ponce et Corfo. Le
Service des impôts (SII) ouvre une enquête à son encontre.
Le sénateur démocrate-chrétien
Eduardo Frei a dénoncé le fait que les travailleurs de la SQM à l’usine de
salpêtre de Pedro de Valdivia « vivent dans un environnement
concentrationnaire, dans des cloaques immondes, comme des animaux ». La
plainte est appuyée par son collègue Jorge Pizarro, et le gouvernement Aylwin
annonce une commission d’enquête.
Puis, le “yernísimo” se
réinvente. Il se sépare de Verónica Pinochet et devient le grand bienfaiteur de
la politique chilienne. Des années plus tard, la famille de Pizarro, la
campagne de Frei et les ministres de l’intérieur et de l’économie d’Aylwin
figureront sur la liste des conseillers et des récipiendaires de paiements
illégaux de SQM.
Un audit usaméricain a montré que
SQM avait versé, au cours des cinq années faisant l’objet de l’enquête, 21
millions de dollars à des hommes politiques, dont les deux tiers de manière
illégale. Magnanime, elle a payé à droite, au centre et à gauche. Lors de la
campagne présidentielle de 2009, les trois candidats financés par SQM (Piñera,
Frei et Marco Antonio Enríquez-Ominami) ont rassemblé 94 % des voix.
« Julio voulait soutenir des
gens de toutes les convictions. Il voulait maintenir la démocratie dans le pays »,
expliqua son avocat et ami Darío Calderón. Cette générosité a ses avantages. Le
CDE, le SII et la Chambre des députés abandonnent leurs enquêtes et l’Etat, qui
s’apprête à poursuivre Ponce, devient son partenaire. Corfo lui confie l’exploitation
du lithium dans les salines d’Atacama en échange d’un maigre 6,8% de royalties.
Ce contrat permet à Ponce de
devenir le “roi du lithium”, avec une fortune estimée par Forbes à 3,3
milliards de dollars.
Ponce facture, il légifère aussi.
La direction de SQM a rédigé un article l’exemptant de toute augmentation d’impôts
pendant six ans. Le PDG Patricio Contesse envoie le texte au sénateur UDI Pablo
Longueira, qui le transmet au gouvernement Piñera, le Congrès l’approuve et la
note de SQM devient Loi de la République. Les enquêtes judiciaires ont prouvé
que, dans le même temps, l’entreprise a versé 730 millions de pesos à l’entourage
proche de Longueira.
En 2020, la Cour suprême a
ratifié que Ponce était l’“idéologue” d’un “système frauduleux” visant à nuire
aux actionnaires minoritaires de SQM par le biais des “cascadas”. Grâce à lui,
il a obtenu un “bénéfice frauduleux” de 128 millions de dollars.
« Aux USA, Julio Ponce
serait en prison3, a déclaré le ministre des Finances, Ignacio Briones. Mais
pas au Chili. Sa “sanction” est une amende de 3 millions de dollars, soit 2,3 %
du montant fraudé.
Dans le cas de l’argent politique
illégal, ce n’est même pas cela. Patricio Contesse a pris tout le blâme, Ponce
n’a jamais été touché par l’enquête et ne figure pas parmi les accusés.
Lorsqu’Eduardo Bitran, le
timonier de la CORFO, a poursuivi SQM pour rupture de contrat avec le Trésor,
il a dénoncé le fait que « des politiciens connus au plus haut niveau ont
exigé que je conclue un accord avec Ponce ». Le litige s’est terminé en
2018, avec un nouveau pacte entre SQM et l’État. Cette fois, tout le monde y a
gagné : SQM a prolongé son contrat et le Trésor a conservé une grande partie
des redevances. L’année dernière, le lithium a rapporté plus de 5 milliards de
dollars aux caisses de l’État. Ponce a également dû se retirer du conseil d’administration
de l’entreprise, tout en conservant sa part d’actions.
Après des décennies de pillage,
les bénéfices de SQM sont désormais partagés avec les propriétaires du lithium
: tous les Chiliens.
Cette semaine, le gouvernement a
célébré en grande pompe un nouvel accord avec SQM pour l’exploitation du
lithium du Dépôt salin d’Atacama. Un partenariat sera formé jusqu’en 2060, dans
lequel la CODELCO sera un actionnaire majoritaire, même si, au cours des cinq
premières années, elle il n’aura ni le contrôle ni la majorité des bénéfices.
Les analyses sont partagées :
certains se félicitent que l’État s’assure des revenus importants grâce au
savoir-faire commercial de SQM. D’autres estiment qu’en tant que propriétaire
du lithium, il aurait dû exiger une part plus importante ou lancer un appel d’offres
transparent, au lieu de négocier avec une seule entreprise.
Le Chili a-t-il quelque chose à
gagner dans cette affaire ? C’est discutable. Ce qui ne fait aucun doute, c’est
que, comme toujours, c’est Ponce qui gagne. Les actions de SQM ont augmenté
après l’annonce, et la société a clôturé l’année 2023 en tant qu’entreprise la
plus précieuse du Chili, avec une capitalisation boursière de 16,717 milliards
de dollars.
En 2014, le député Boric avait
déclaré : « Julio Ponce est un criminel en col blanc et cravate ».
En 2023, le président Boric célèbre le partenariat de Ponce avec l’État jusqu’en
2060. Ponce devient le roi perpétuel du lithium, jusqu’à ses 115 ans, blanchi
par le seul secteur politique qui manquait à l’appel : le Frente Amplio qui l’avait
dénoncé comme une icône de la corruption entre la politique et les affaires.
Au Chili, tout est incertain,
tout change et tout tourne à l’identique : Ponce gagne toujours, toujours,
toujours.
Le président Gabriel Boric s’est
lui-même chargé d’informer son pays de l’accord conclu entre la CODELCO, la
plus importante compagnie minière publique du Chili, et Soquimich (SQM), l’entreprise
privée qui opère depuis quelques années dans les riches salines d’Atacama. La
nouvelle est que les deux entités ont convenu d’exploiter conjointement les
immenses réserves de lithium dans le désert du nord.
Dans le cadre de ce nouveau
partenariat, les deux entités détiendraient chacune 50 % des parts jusqu’en
2060, la société minière publique gérant l’entreprise pendant la première
période, jusqu’en 2030, après quoi SQM en prendrait la direction.
Il s’agit de l’accord le plus
important de l’histoire des entreprises chiliennes qui, si les prévisions se
réalisent et si les bonnes relations entre les deux partenaires se développent,
fournira au trésor national d’énormes ressources pour le développement de l’économie
nationale.
Personne ne doute des avantages
que cet accord pourrait apporter au pays, ni du fait que la nouvelle entreprise
serait pratiquement la première au monde dans cette activité et assurerait au
Chili une plus grande confiance de la part des investisseurs potentiels, privés
et étrangers, à la recherche d’un terrain fertile pour leurs affaires.
Boric a été félicité pour son
pragmatisme dans la consolidation de cet accord. En effet, personne n’aurait
imaginé que l’entreprise remise en question de Julio Ponce Lerou, le gendre du
dictateur, finirait par s’associer à l’État après des décennies de politique
et, en particulier de la part du centre-gauche, où ce qui était privilégié
était la récupération d’une entreprise mal acquise pendant la dictature, comme
beaucoup d’autres sources fiscales productives que Pinochet a vendues à vil
prix à ses amis et à ses proches.
Sous les gouvernements de la
Concertation et de la Nouvelle Majorité, la vérité est que rien n’a été fait
pour récupérer les entreprises pillées. Patricio Aylwin lui-même a promis « la
justice dans la mesure du possible », de sorte qu’en matière d’affaires
aussi, tout est resté comme la dictature l’avait laissé.
Pour ajouter à l’embarras que
cette nouvelle cause à beaucoup de personnes, il y a quelques années encore,
Soquimich était l’une des entités commerciales qui collaboraient au financement
illégal de la politique, en fournissant de grandes quantités de fonds pour
favoriser les candidats et les législateurs en place. Cette situation a donné
lieu à des dénonciations journalistiques sévères et documentées et à des
enquêtes judiciaires qui ont abouti à la condamnation des contrevenants à des
peines très discrètes et scandaleuses, ainsi qu’à l’impunité totale de Ponce
Lerou et d’autres hommes d’affaires qui ont exercé une corruption millionnaire.
Un crime « en col blanc et cravate », comme on l’appelait.
On peut donc parfaitement
soupçonner que ces ressources destinées à corrompre des politiciens et des
juges recueillent aujourd’hui un dividende aussi succulent que celui qui
permettra à Soquimich de devenir le principal partenaire de l’État chilien et d’éviter
ainsi que le Trésor ne récupère un jour ce qui a été accordé illicitement à la
soi-disant initiative privée.
Les ressources de cette
entreprise sont tellement gigantesques que ses pots-de-vin ont peut-être aussi
favorisé les dirigeants de la CODELCO qui sont si enthousiastes à l’égard de
cet accord. De même que les médias et les journalistes qui se réjouissent de la
nouvelle annoncée par le chef de l’État lui-même. Une chose inhabituelle si l’on
se souvient de ce que Boric a déclaré dans le passé contre Ponce Lerou, ainsi
que de la position adoptée par les groupes de gauche avant d’entrer au
gouvernement.
La vérité est que tout cela a
entraîné un bain glacé de réalisme de la part de la politique chilienne remise
en question. Nous pourrions dire que ni la droite ni le monde des affaires n’auraient
pu imaginer une telle audace. Cela confirme, une fois de plus, que ce sont les
gouvernements de gauche qui se conforment souvent aux idées les plus sincères
de la droite, comme cet accord commercial, et le fait récent que les plus
grands détracteurs de la Constitution de 1980 ont promu et gagné un plébiscite
pour donner une continuité à la Charte fondamentale de Pinochet.
Pour soulager leur mauvaise
conscience et faire preuve de modestie, les négociateurs de ce grand accord
commercial ont accepté que le propriétaire majoritaire de Soquimich, Julio
Ponce Lerou, ou l’un de ses parents « jusqu’au deuxième degré de
consanguinité », s’abstienne de participer aux conseils d’administration
de la nouvelle entité minière. Une obligation cynique qui serait imposée jusqu’en
2030.
C’est ainsi qu’un sénateur de
gauche expérimenté, récemment décédé, a osé déclarer que le gouvernement “socialiste”
de Ricardo Lagos avait été la meilleure administration de droite de toute la
post-dictature. Tout comme d’autres n’arrivaient pas à croire qu’un président
de droite comme Sebastián Piñera ait prodigué autant de primes à la classe
moyenne et aux plus pauvres, tout en réussissant à lutter contre la pandémie de
coronavirus grâce à de généreuses ressources fiscales. « Nul ne sait
pour qui il travaille », comme dirait l’autre.
J’écris cette semaine depuis le Chili où j’ai participé
à un séminaire international organisé par la municipalité de Recoleta, la
Fundación Constituyente XXI et d’autres organisations pour marquer le 50e
anniversaire de la chute au combat du président Allende et de l’intronisation
de la dictature fasciste civile et militaire qui s’est installée dans ce pays
pendant 17 ans.
Une atmosphère sombre plane sur un pays qui n’a pas
réussi à surmonter la division et la confrontation imposées par la dictature.
Cette date a fait l’objet de “célébrations ambivalentes” : certains se sont
souvenus d’Allende, de ses actes, de sa loyauté envers le peuple et de son
immolation héroïque pour défendre la démocratie, tandis que d’autres ont
rappelé avec jubilation l’irruption violente des forces armées qui ont “libéré
le Chili du cancer marxiste”.
Entretemps, le gouvernement s’est effacé, organisant
une commémoration élitiste dépourvue de la participation massive que
méritaient la date et le président Allende. La rhétorique antérieure du
président Boric, assumant une neutralité honteuse, se réfère à la théorie
controversée des “deux démons” qui rend Allende et la dictature également
responsables du coup d’État.
Il ne peut en être autrement si l’on tient compte du
fait que le Chili a un président faible, lâche, timide, hésitant et
pusillanime, ce qui est exploité par la droite la plus récalcitrante pour
passer à l’offensive et maintenir le peuple dans un immobilisme paralysant
qui a commencé le 15 novembre 2019 lorsque les élites du pouvoir, dont Boric,
ont signé un accord de gouvernance de coupole [sic] qui a immobilisé
la protestation sociale qui avait mis Piñera et son gouvernement “dans les
cordes” et était sur le point de le défenestrer,. Il faut dire que,
malheureusement, la pandémie a aussi joué son rôle.
Boric a bénéficié de cet accord que beaucoup au Chili
considèrent comme une trahison du peuple et une décision en faveur des hommes
d’affaires et de la droite. Comme à la fin des années 1980, les pouvoirs
occultes du pays ont eu recours à une issue médiatisée qu’ils pouvaient
contrôler et gérer à leur guise afin d’éviter une alternative qui ferait du
peuple le protagoniste et le moteur des transformations et qui conduirait le
Chili à un véritable rétablissement de la démocratie, aujourd’hui légalement
limitée par une constitution approuvée frauduleusement pendant la dictature.
L’accord du 15 novembre, qui a ensuite porté Boric à la
présidence, a donné une continuité au modèle économique néolibéral et a
approfondi la démocratie répressive imposée par ses prédécesseurs. La loyauté
de Boric envers les USA est absolue. Son alignement surprenant sur Washington
dans le conflit ukrainien est l’expression d’une décision semblable à celle d’un
chien qui exécute les ordres de son maître. Même Pinochet avait fait preuve
de plus d’autonomie en matière de politique étrangère.
Tout cela a conduit le gouvernement à minimiser la date
et à la transformer en une célébration à huis clos dans un palais de la
Moneda entouré de centaines de policiers et de rues vides et muettes,
absentes du peuple qu’Allende a défendu jusqu’à la dernière minute de sa
précieuse vie.
Les commémorations les plus importantes ont eu lieu
dans la municipalité de Recoleta, où le maire Daniel Jadue [communiste,
qui avait perdu les élections primaires pour le candidat de gauche au profit de Boric, NdT], son
équipe et d’autres organisations populaires et sociales ont pris en charge la
commémoration d’Allende dans sa véritable dimension, générant un véritable
festival culturel et un grand débat d’idées pour contribuer au processus de
formation politique nécessaire pour que le Chili retrouve le chemin d’une
véritable démocratie participative avec un protagonisme populaire.
En ce qui me concerne, je faisais partie d’un panel au
siège de la Confédération nationale des travailleurs municipaux de la santé
(Confusam), un syndicat combatif de travailleurs de la santé, qui passait en
revue les politiques publiques de l’Unidad Popular.On m’a demandé de faire une présentation
sur la politique internationale du gouvernement populaire et sur la pensée
internationaliste du président Allende.
De même, dans le cadre des événements organisés à
Recoleta, j’ai eu l’occasion de présenter les différents niveaux d’analyse du
conflit en Ukraine afin d’expliquer les répercussions internationales et la
transformation que cet événement a sur le système international et le passage
d’un modèle atlantiste à un modèle dont l’axe est le grand espace eurasien.
Document annulant l'inscription de l'étudiant Ilia Rodríguez. Gelfenstein, 2 mois après le coup d'État au Chili. Son crime : "Lors de la cérémonie inaugurale du 5 novembre, il s'est exprimé de façon grossière en se moquant de l'acte tenu dans la cour du lycée, au cours duquel hommage est rendu à la patrie et l'Hymne national est chanté"
Mais l’événement le plus émouvant et le plus beau
auquel j’ai pu assister a été une réunion au lycée Andrés Bello où j’étudiais
au moment du coup d’État de septembre 1973. Là, nous nous sommes souvenus et
avons dévoilé une plaque portant les noms de six camarades du lycée
assassinés et d’un disparu par la dictature. En parcourant les couloirs et les cours de l’école où j’ai commencé ma
formation scolaire et politique de militant révolutionnaire, j’ai pu me
remémorer ce jour fatidique, il y a 50 ans.
Alors que ces commémorations ont lieu, le pays est en
proie à un nouveau piège de la droite que le président, son gouvernement et
les partis qui le soutiennent observent comme des moutons du pouvoir qui
dirige le pays. D’une main de maître, la droite fasciste élabore une nouvelle
constitution si réactionnaire, si rétrograde et si conservatrice que même des
secteurs allant de la droite un peu moins cavernicole à la gauche
pro-gouvernementale ont appelé à son rejet, ce qui - il faut le dire - est
encourageant au vu de l’énorme régression que représenterait l’approbation d’une
constitution médiévale au XXIe siècle.
Mais l’essentiel est que cela finira par valider et
légitimer la constitution actuelle de Pinochet, qui donne une continuité à un
système d’économie néolibérale, de démocratie restreinte et de justice
"dans la mesure du possible".
Plus d’ombres que de lumières ont été observées dans
cette commémoration, bien que les dernières paroles du président Allende, qui
n’ont jamais perdu leur validité, seront toujours entendues : « […] d’autres
hommes surmonteront ce moment gris et amer où la trahison veut s’imposer.
Continuez à savoir que tôt ou tard s’ouvriront les grandes avenues où les
hommes libres passeront pour construire une société meilleure. Vive le Chili,
vive le peuple, vive les travailleurs ! »
➤Images extraites de la BD Les
années Allende, par Rodrigo Elgueta et Carlos Reyes, éditions Otium,
2019
Un célèbre
journaliste mexicain avait observé que le Chili était le pays des euphémismes,
car nous sommes habitués à appeler les choses par un autre nom et nous n’utilisons
pas les vrais adjectifs pour décrire par exemple les actes de corruption pure
et simple. Ainsi, aujourd’hui encore, certains préfèrent appeler la dictature pinochétiste
Gouvernement militaire, tout comme le coup d’État de 1973 a été connu pendant
des années sous le nom de “pronunciamiento militaire”.
Les livres d’histoire
continuent d’appeler la guerre et le génocide d’État contre le peuple mapuche
(1851-1883) “pacification de l’Araucanie” : son coût en vies humaines est
estimé à 60-70 000 indigènes, auxquels des milliers d’hectares ont été arrachés
pour être distribués à des colonisateurs nationaux et étrangers. Une vaste
dépossession qui a duré plusieurs décennies et dont les territoires sont
toujours dominés par des entreprises forestières et agricoles privées.
Les
gouvernements post-dictature ont fait quelques efforts pour restituer une
partie des territoires usurpés aux Mapuches, mais il ne fait aucun doute que ce
processus a été trop lent et qu’il a épuisé la patience des peuples natifs de
la région. Personne ou presque n’ignore, en tout cas, que la lutte des Mapuches
pour récupérer leurs terres ancestrales est juste, même si les derniers
gouvernements ont censuré la radicalité de leurs actions pour récupérer ce qui
leur a toujours appartenu.
Le
gouvernement de Gabriel Boric a décidé de prolonger les états d’exception dans
la macro-zone sud du pays, tout en mobilisant des milliers de militaires pour,
par euphémisme, imposer “l’État de droit” dans ces régions secouées par la
violence, les sabotages contre les entreprises usurpatrices et la récupération
de leurs propriétés ancestrales.
Depuis la
militarisation de la zone et la reconnaissance de l’incapacité des carabiniers
à imposer seuls l’“ordre public”, nous vivons une nouvelle guerre interne. La
confrontation de l’État avec les différents référents politiques de ce qui est
considéré comme une nation qui aspire à récupérer ce qui lui a été enlevé,
ainsi qu’à se donner des formes d’autonomie politique et administrative.
Héctor Llaitul
en prison avec la version espagnole de L’An V de la Révolution algérienne
de Frantz Fanon
Parmi ces
organisations figure la Coordination Arauco Malleco (CAM), dont le principal
dirigeant est emprisonné et fait l’objet de poursuites en vertu de la
législation antiterroriste. On ne peut ignorer le fait que de nombreux
dirigeants actuels reconnaissaient la pleine légitimité de la CAM et de son
principal dirigeant, Héctor Llaitul. Cette appréciation a changé depuis l’arrivée
à La Moneda des leaders étudiants qui ont marché avec les Mapuches dans les
mobilisations sociales.
Pour les
nouvelles autorités, aujourd’hui, Llaitul et ses partisans sont qualifiés de
terroristes par le ministère de l’Intérieur et les militaires comme les
policiers ont obtenu le droit de tuer s’ils le jugent nécessaire pour défendre
les entreprises et les propriétaires privés menacés par l’action des rebelles
ou des insurgés mapuches. Le CAM est même accusé d’actes tels que le vol de
bois et certains incendies criminels, dont on craint à juste titre qu’ils
soient souvent le fait des hommes d’affaires de la région eux-mêmes.
En ce sens,
il y a déjà une longue histoire de victimes de montages policiers qui ont
affecté les membres de la communauté du Wallmapu et les prisons se remplissent
de détenus qui aujourd’hui, par le biais de grèves de la faim, demandent un
traitement pénitentiaire digne et la reconnaissance de la jurisprudence
internationale en ce qui concerne les minorités indigènes.
La
répression brutale n’est pas reconnue comme un acte de guerre contre un groupe
ethnique qui, bien sûr, a dû s’armer et recourir à des actes de violence pour
faire reconnaître ses droits et persuader les entreprises de quitter la région
afin que leurs territoires soient restitués à leurs propriétaires légitimes et
ancestraux. Il faut également reconnaître que la cause mapuche est soutenue par
de nombreux Chiliens et groupes du nord au sud du pays qui sont prêts à
collaborer à leur résistance et à apporter des ressources pour faire face à l’occupation
militaire.
Cela
explique pourquoi, au cours des derniers mois, l’état d’urgence et les
mouvements de troupes n’ont pas eu l’effet escompté par les dirigeants actuels
et ont, au contraire, contraint les Mapuches à la lutte armée, au sabotage et à
d’autres actions qui constituent un véritable scénario de guerre qui ne veut
pas être reconnu comme tel et qui devrait l’être à l’avenir. Surtout si l’on
tient compte du fait que, depuis cinq siècles, la lutte des Mapuches n’a jamais
cessé et que leurs convictions n’ont jamais pu fléchir. Surtout maintenant que
des millions de personnes dans ce pays reconnaissent leur identité mapuche, avec
sa langue, ses valeurs et ses drapeaux. Et maintenant, des deux côtés de la
Cordillère des Andes, tout un peuple qui se reconnaît comme frères et sœurs,
attend de se rassembler et de revendiquer sa reconnaissance et ses droits.
Malheureusement,
la nouvelle génération d’hommes politiques, sur ce sujet comme sur d’autres, ne
fait rien d’autre que de prolonger les politiques et les mauvaises pratiques de
leurs prédécesseurs au gouvernement. Et nous pouvons y observer un discours
plus radical, même, que celui des dirigeants de la droite et du centre.
Si l’on
parle tant actuellement du risque d’une nouvelle Explosion
sociale, il serait bon de noter que cette fois-ci, c’est dans le sud que la
mèche du mécontentement général pourrait s’allumer.
Les experts observent que les doctrines politiques sont obsolètes et que nous naviguons à vue. Où va
le monde ? À en juger par la régression européenne... vers le fascisme. La
question est de comprendre le pourquoi du comment, dit Luis Casado, et il
suggère de ne pas tourner autour du pot...
Les vicissitudes caricaturales du gouvernement chilien ont
donné lieu à une avalanche d’interprétations, de chroniques et d’analyses, le
plus souvent dépourvues de l’humour qui est le propre du populo.
Un
“gabrielín » (petit Gabriel) en laine créé par l’entreprise artisanale Ñuke Lanas, que le maire de Maipú, Tomás Vodanovic, avait
promis d’offrir à celui qui était alors candidat en 2021
Le président de ce qui reste de la République
lui-même - si friand d’aphorismes -, faisant allusion à la gestion malheureuse
des urgences sanitaires par le sous-secrétaire aux réseaux de soins, s’est
fendu d’un autre : « En ce moment, il n’y a pas de place pour les courbes d’apprentissage ».
Peut-être que son subconscient l’a trahi et qu’il faisait référence aux
résultats lamentables de l’éducation dans le pays qu’il préside.
Ou encore la décision incompréhensible et
malheureuse du ministre de la culture qui, sans consulter son président, a rejeté l’invitation
faite au Chili par la Foire du Livre de Francfort d’être le pays « invité d’honneur »
en 2025. « Il est insensé de dépenser une telle somme d’argent », a
répété M. De Aguirre.
Ou peut-être voulait-il suggérer au député Mellado
[Renovación Nacional de l’ancien président Piñera, droite, NdT] que,
lorsque l’exécutif convoque une réunion des pouvoirs de l’État au palais
présidentiel pour discuter du renforcement de la lutte antiterroriste – suite à
l’explosion de pétards inoffensifs sur des relais de téléphone, évidemment
attribuée immédiatement aux Mapuches - , il n’est pas conseillé d’introduire des
magnétophones de contrebande avec la saine intention de diffuser les inepties
de l’aréopage qui nous gouverne. Apprenez, Mellado, apprenez !
Je dois admettre que le caractère misérable de ce
qui précède n’est pas propre au Chili. Aux USA un type comme Raúl Torrealba [autre
membre de Renovación Nacional, sous enquête pour détournement de fonds publics
comme maire, NdT] pourrait être candidat à la présidence. En Espagne,
Alberto Núñez Feijóo [président du Partido Popular], le candidat de droite au
poste de premier ministre, propose de supprimer le ministère de la culture. En
Finlande, le gouvernement a nommé sept ministres fascistes, et non des
moindres. Dans l’UE, deux ectoplasmes, Ursula von der Leyen et Josep Borrell,
occupent la présidence et les affaires étrangères, ce qui donne la mesure de la
subnormalité des subnormaux.
Il est temps d’expliquer le pourquoi et le comment
du comportement débile de ces héros demeurés. C’est à ce stade qu’il faut
arrêter de prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages et de nous
faire prendre les vessies pour des lanternes.
Dans son célèbre essai L’illusion économique,
Emmanuel Todd écrit:
« Nous vivons aujourd’hui l’aboutissement
logique de l’absurdité ultralibérale qui, voulant « libérer l’individu »
de tout carcan collectif, n’a réussi qu’à fabriquer un nain apeuré et transi cherchant
la sécurité dans la déification de l’argent et sa thésaurisation. En l’absence
de groupes actifs, définis par des convictions collectives fortes - ouvrières,
catholiques, nationales -, les hommes politiques du monde occidental sont
réduits à leur taille sociale réelle, par nature insignifiante » (p. 24).
Je ne peux que souligner l’année de la publication
du livre à Paris : 1998. Il y a exactement un quart de siècle.
À l’époque, les USA étaient dirigés par Bill
Clinton, mis en accusation par la Chambre des représentants pour parjure et
obstruction à la justice pour avoir dissimulé sa liaison avec Monica Lewinsky,
une stagiaire de la Maison Blanche âgée de 22 ans.
La Russie était présidée par un alcoolique
notoire, Boris Eltsine.
En Allemagne, le chancelier Gerhard Schroeder
était un social-démocrate qui entretenait de bonnes relations avec la Russie et
qui est devenu par la suite président de la compagnie pétrolière russe Rosneft.
Son parti, le SPD, a entamé une procédure d’expulsion. Ce n’est pas Schroeder
qui a changé, mais le SPD : dans les années 1970, Willy Brandt avait noué de
bonnes relations avec l’URSS.
Le gouvernement espagnol était dirigé par José
María Aznar, un guerrier : non seulement il prétendait que personne ne pouvait
lui interdire de conduire en état d’ivresse, mais il était l’un des rares à
croire à la blague des “armes de destruction massive” de Saddam Hussein et à
accompagner Bush Jr. et Tony Blair dans l’invasion illégale [Kofi Annan, SG
de l’ONU, dixit] de l’Irak
Signe des temps... en France, nous sommes passés
de De Gaulle à Chirac, puis à Sarkozy (actuellement mis en examen pour
escroquerie et vol), puis à François Hollande (qui, le soir, quittait l’Élysée
en scooter - muni d’un casque - pour rendre visite à sa maîtresse)... et enfin
Emmanuel Macron (ou Micron, c’est selon...).
En Grande-Bretagne, la statue de pierre de Winston
Churchill, l’homme qui n’avait rien d’autre à offrir que “du sang, de la sueur
et des larmes"” a cédé la place à celle, déjà tragique, de Tony Blair,
puis à la caricature pathétique de Boris Johnson et, aujourd’hui, à celle de
Rishi Sunak.
Au Chili, où nous avons eu le privilège d’élire
Salvador Allende, dont la dimension morale, les qualités d’homme d’État et le
courage héroïque étaient inégalés, nous sommes descendus jusqu’au tortueux
Patricio Aylwin, et avons poursuivi la descente avec Ricardo Lagos jusqu’à
Gabriel Boric, dont le niveau intellectuel nous fait regretter jusqu’à Michelle
Bachelet, ce qui n’est pas peu dire.
Comme on le voit, Emmanuel Todd était fondé à
écrire : « ...les hommes politiques du monde occidental sont ramenés à
leur taille sociale réelle, par nature insignifiante ».
Pour comprendre la dissociation entre la société réelle
et la croûte politique parasitaire, Emmanuel Todd propose de ne pas se limiter
à ses éléments économico-culturels. Il y ajoute une autre dimension dont il est
un spécialiste reconnu : la dimension anthropologique. La lecture des deux
volumes de son livre L’origine des systèmes familiaux, - mille pages
chacun -, exige un minimum de dévouement et d’intérêt pour la tâche.
En résumé, Todd affirme que les caractéristiques
des structures familiales, élément anthropologique par excellence, déterminent
les particularités du capitalisme dans lequel nous sommes immergés, y compris
ses limites, ses faiblesses et les lacunes qui le mènent à sa perte.
Il convient de prêter attention à l’évolution
historique des structures familiales qui, pour ne rien arranger, sont souvent
diverses et variées au sein d’un même pays : il est rare de trouver une nation
chimiquement pure, même si les Japonais et les Allemands s’en réclament.
En simplifiant à l’extrême, il y a des pays dans
lesquels les structures familiales “de souche”, caractérisées par l’autorité
parentale et l’égalité entre frères et sœurs, sont prédominantes. Dans ces
pays, on a tendance à considérer l’égalité d’appartenance nationale comme un
élément important de la cohésion sociale. Dans d’autres pays, souvent anglo-saxons,
la famille “nucléaire”, dans laquelle le fils aîné monopolise la succession,
prévaut et l’inégalité est acceptée comme une évidence. Voilà, le sujet est d’importance,
je ne peux pas faire le résumé en moins de cent pages.
En évitant les vessies, il me semble nécessaire d’évoquer
quelques éléments économiques du désastre actuel, ce qu’Emmanuel Todd appelle
la réalité et l’illusion de la mondialisation. C’est une réalité, dit Todd, et
il y associe « la libre circulation des biens, des capitaux et des
personnes, une baisse des revenus du travail non qualifié puis qualifié, une
augmentation des inégalités, une baisse des taux de croissance et finalement
une tendance à la stagnation ».
Le naufrage d’un bateau de migrants au large de la
Grèce a fait 700 morts, pour la plupart des femmes et des enfants, tandis que
la subvention allemande de dix milliards d’euros à INTEL pour l’implantation d’une
usine de semi-conducteurs à Magdebourg montre que les capitaux ne circulent pas
seulement librement, mais dans des cercles de plus en plus étroits.
Comme chacun le sait, ou devrait le savoir, dans
le domaine de la théorie, nous devons à David Ricardo (1772 - 1823) la thèse
des avantages comparatifs qui produisent des échanges économiques entre deux
pays inégalement dotés en facteurs de production. Ainsi, dans son exemple, le
Portugal et l’Angleterre produisent du tissu et du vin, mais à des prix
différents. Naturellement, la spécialisation d’un pays dans la production de
vin, et de l’autre dans celle de tissu, génère un échange bénéfique pour les
deux.
Marx - qui, en lisant ceci, riait aux éclats -
appelait ce type d’analyse des “robinsonnades” : les économistes construisent
généralement des théories sur la base d’un ou deux producteurs, Robinson Crusoé
d’un côté et, éventuellement, Vendredi de l’autre. Marx avait raison : il
suffit de regarder les résultats de siècles d’échanges inégaux entre le sud de
la planète et “le nord instable et brutal”. Ce que nous voyons en Amérique
latine, en Afrique et en Asie n’est pas le résultat d’échanges gagnant-gagnant,
mais le fruit du pillage, du vol et de l’exploitation.
Lorsque Ursula von der Leyen se rend en Amérique
du Sud, ce n’est pas en raison d’“avantages comparatifs”, mais pour la simple
raison que l’UE ne produit pas de lithium. Lula au Brésil et Fernández en
Argentine ont raison de demander à Ursula : « Et nous, Brésiliens et
Argentins... quelle sera notre part ? »
Les partisans de la mondialisation ont trouvé une
version perfectionnée de la thèse de Ricardo dans le modèle dit de
Heckscher-Ohlin, noms auxquels Paul Samuelson est parfois associé. Un trio qui
est à l’humour ce que les
Trois Stooges étaient à l’économie. Rien ne contribue plus à la crédibilité
de l’économie que les mathématiques. Conscients de cela, Heckscher et Ohlin ont
élaboré un théorème qui porte leur nom. L’étudier, que dis-je, l’évoquer, vous
habille des atours de l’économiste distingué. Voyons un peu.
La base du commerce n’est pas toujours la même et
dépend de la combinaison de cinq conditions nécessaires et suffisantes pour que
le commerce ait lieu ou non. Je n’invente rien, je ne fais que mettre la
science pure sous vos yeux éblouis. Un conseil : portez des lunettes de soleil.
Voici les conditions :
1.- les pays ont des fonctions d’utilité agrégées
homothétiques et ce sont les mêmes pour tous les pays ;
2.- Les fonctions de production diffèrent d’un
bien à l’autre mais sont identiques d’un pays à l’autre ;
3.- les dotations relatives en facteurs de
production sont les mêmes dans tous les pays ;
4.- La concurrence pure et parfaite existe sur
tous les marchés ;
5.- Les fonctions de production sont linéaires et
homogènes.
Kwassa ? C’est cela même. À partir de la clarté époustouflante
de ce qui précède, les économistes expliquent tout, y compris les raisons pour
lesquelles le dollar monte ou descend, ou pourquoi Raúl Torrealba a mis les
mains dans la caisse, ou pourquoi Alexis
Sánchez termine sa carrière à Tocopilla alors que Perpète-les-Oies est si près
de Trifouillis.
Ceux qui s’y connaissent (pas en Alexis... mais en
économie), vous diront que la théorie de Heckscher-Ohlin assouplit (sic) la
troisième condition et établit que les bases des échanges réciproques sont dues
à la présence de dotations relatives de différents facteurs de production entre
les pays.
Exemple : votre putain de pays produit du cuivre
parce qu’il y a des gisements de cuivre - et maintenant de lithium - alors que
d’autres pays ont du capital, un capital qu’ils ont accumulé pendant des
siècles en volant le cuivre..., une merveilleuse coïncidence qui prouve le
génie de Heckscher et d’Ohlin, et de temps en temps de Samuelson. En Suède, on
obtient un prix Nobel pour bien moins que ça.
Certes, les Suédois sont disciplinés et suivent le
patron partout où il va, c’est pourquoi ils ont offert pas moins de cinq prix
Nobel aux promoteurs de l’ultralibéralisme et de la mondialisation, dont Milton
Friedman, qui affirmait que les USA ne devaient rien à personne parce que « la
dette est exprimée en dollars et les dollars, c'est nous qui les fabriquons ».
Personne n’a pu savoir si le Nobel lui a été décerné pour son impudeur, son
cynisme ou pour avoir présenté des vessies comme lanternes.
Vous avez maintenant suffisamment d’exemples pour
montrer qu’en termes d’incompétence, d’irresponsabilité, d’ineptie politique et
de gâchis digne d'être immortalisé dans le bronze... le Chili a une sérieuse concurrence dans différentes
parties du monde, même dans les pays les plus insoupçonnés.
Ce génie nous a menés là où il nous a menés. L’ultralibéralisme
retourne là d’où il n’aurait jamais dû sortir. La mondialisation menace de
détruire les conditions d’existence de la vie humaine sur la planète, c’est
pourquoi les plus audacieux exigent que l’on achète désormais des voitures
électriques... pour lesquelles l’électricité n’est pas encore produite. La
vague de privilèges qui accompagne la détérioration des conditions de vie de la
grande majorité de la population (les statistiques disent que nous sommes 80 %)
pose des défis sans précédent. Le fait que les gens - compte tenu de ce qu’ils
ont vécu - ne croient plus en la mère qui les a portés, que les burnes et les valseuses
monopolisent l’intérêt général, que le désir de consommation a développé un
individualisme exacerbé qui dissout la cohésion sociale, tout cela est le
résultat de la domination incontestable du capitalisme.
Il y a un peu plus d’un siècle, Lénine et les
bolcheviks tentaient de prendre le ciel d’assaut et se donnaient pour programme
la révolution sociale. Nous n’avons pas beaucoup progressé, puisqu’aujourd’hui
l’audace extrême consiste à concéder ce qui reste. Et à exiger le tri de vos
déchets dans des poubelles de couleurs différentes : pour sauver la planète.
En d’autres termes, nous sommes en train de nous faire
enlaterner la vessie.