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12/01/2022

REINALDO SPITALETTA
Debout, vieille vache, contre l’Accord de libre-échange USA-Colombie !


On nous a raconté que l'histoire était finie, souvenez-vous, que les idéologies étaient mortes, que le capitalisme était le seul moyen pour l'homme d'atteindre le bonheur, etcetera. Ils nous ont entortillés dans des théories sur la post-modernité. Ils nous ont dit que l'impérialisme n'existait pas, ha, ha. Et grâce à la libéralisation économique - vous vous en souvenez, n'est-ce pas ? - le pays de la « partie de jambes en l’air » d'alors a ouvert ses jambes à la mondialisation, cette ineptie que, il y a belle lurette, ce cynique d’Henry Kissinger avait défini « un autre nom de la position dominante des USA ».

 

TLC=Tratado de libre comercio, Traité de libre-échange

Nous avons inauguré les ouvertures économiques dans les années 1990. Et, dans les années 2000, nous avons ouvert les vannes, aujourd'hui « déflorées », aux accords de libre-échange, oui, les mêmes qui, aujourd'hui, laissent les petits et moyens éleveurs colombiens sans vache laitière qui ne peut même pas leur donner du lait condensé.

Nous avons appris (c'est tout dire, l'oligarchie colombienne et les compradores du capital financier continuaient comme des putes sans bordel à se vendre à leurs julots washingtoniens) que la théorie économique correspondant aux ALE n'était autre que le néolibéralisme. On a perdu les marchés intérieurs, on a autorisé des « règles égales pour des pays inégaux » et ainsi, avec les ouvertures et autres clocharderies, le pays s'est ouvert à la pénétration non seulement des capitaux mais aussi des marchandises étrangères à en veux-tu en voilà.

"Importer du lait des USA enrichit les éleveurs gringos et appauvrit les Colombiens"

C'est ce que s'emploient à combattre aujourd'hui les éleveurs colombiens. Les membres de Fedegan, la Fédération des éleveurs, ont déjà réalisé quelle gaffe énorme c'était d'avoir cru le « patron » Uribe quand il a dit en 2006 qu'il fallait signer ces traités avec la gringaille. Comme le dit le livre bien documenté d'Aurelio Suárez, Saqueo (pillage), « la Colombie a tout abandonné sans presque rien recevoir en retour » avec les ALE. Et nos dépendances, comme la dépendance alimentaire, par exemple, ont augmenté.

La récente protestation des éleveurs de bétail colombiens, avec des marches et des pancartes, presque à l'égal des manifestants qui ont récemment protesté contre la réforme fiscale et d'autres outrages du très discrédité gouvernement Duque, a montré les effets pernicieux de l'ALE, en particulier celui signé avec les USA, sur les intérêts nationaux. Du côté des côtes, ils ne peuvent même plus écouter le vieux porro de la Vaca vieja*, car ils sont au bord de la faillite.

11/05/2021

Colombie, peuple de lions

Reinaldo Spitaletta, El Espectador, 11/5/2021

Traduit par Fausto Giudice

Ils se sont attaqués aux enfants survivants de l'Opération Orion*(on pouvait le lire sur une pancarte), aux héritiers des anciennes générations qui, en Colombie, ont agité les rues et les places lors du formidable mouvement étudiant de 1971 et de la grève générale (grève civique nationale) de 1977. Les jeunes de Colombie (« les oiseaux qui n'ont pas peur des animaux ni de la police ») ont une fois de plus activé leurs attributs de désobéissance civile et d'opposition aux outrages officiels.

 

"Qui n'appuie pas la grève (paro), appuie le para(militaire)"

Et ils ont marché en défiant la « loi de la pesanteur » de la répression. L’un d’eux grimpe sur une haute corde raide et offre son corps agile aux vents et aux manifestants. Une fille dirige un orchestre de jeunes qui joue l'hymne combatif du compositeur chilien Sergio Ortega : « Le peuple uni ne sera jamais vaincu ». D'autres tombent sous les balles assassines du régime. Et ils continuent tous à chanter. Ils n'ont pas peur, en fait, ni des zapateiros (Général Eduardo Zapateiro, commandent de l’armée) ni des esmadeux (ESMAD = brigades anti-émeutes).

Ils y vont avec leurs masques. Avec des tambours et des drapeaux. Avec leurs voix fortes. Ils sautent (« porropopó, porropopó, celui qui ne saute pas est un enfoiré uribiste »). Ils chantent des refrains contre le malgouvernement. Et il ne manque pas de ceux qui, en plus de crier contre Duque et le ministre des finances démissionnaire, contre le procureur que les camionneurs ont dégommé en faisant comprendre que le fonctionnaire vaniteux a subi une « extinction de cerveau », s'il en a jamais eu un, acclament les prostituées et les vendeurs de rue.