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24/05/2025

GIDEON LEVY
Les chefs militaires israéliens ne font pas qu’“obéir aux ordres”. Ils auraient pu empêcher le massacre de Gaza

Gideon Levy Haaretz, 22/5/2025
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les forces de défense israéliennes ont tué des milliers d’enfants et de bébés dans la bande de Gaza. Que ce soit par hobby ou à dessein, en tant que profession, ou que ce soit intentionnellement ou par erreur, les FDI sont une armée responsable de massacres d’enfants, de femmes et de personnes âgées, et personne dans le monde ne peut le nier.


Il faut donc être reconnaissant à Yair Golan, le chef du parti israélien Les Démocrates, pour la vérité qu’il a exprimée, alors que cette vérité aurait dû être évidente. Les protestations qu’il a suscitées, du chef de l’opposition Yair Lapid au ministre des finances d’extrême droite Bezalel Smotrich, n’ont fait qu’attester du fait que la vérité elle-même est devenue un sujet de controverse en Israël.

Cependant, dans le sillage de cette agitation, l’ancien général de Tsahal Golan, un homme censément courageux et honnête, s’est empressé de convoquer une conférence de presse pour « expliquer » sa déclaration évidente, enterrant ainsi une partie de la vérité qu’il avait exposée et enterrant le courage dont il avait fait preuve. Golan s’est empressé d’absoudre l’armée de toute faute. Général un jour, général toujours ; sioniste de gauche un jour, sioniste de gauche toujours : le cœur et l’intégrité de Golan ne vont pas au-delà de blâmer la responsabilité du gouvernement. Blâmer l’armée pour avoir tué des enfants est au-delà de ses capacités. Il n’est pas un vrai leader de gauche. Tout espoir en ce sens, s’il a jamais existé, a été dissipé.

« Je tiens à être clair. Ma critique ne s’adresse en aucun cas à l’armée. Je le répète : mes critiques s’adressaient au gouvernement, pas à Tsahal », a déclaré Golan lors de la conférence de presse, et la vache sacrée n’a pas été souillée. Contrairement à la droite, qui a depuis longtemps le courage d’attaquer l’armée et de souiller sa répugnante sainteté, la gauche n’en est pas là. Elle croit encore aux généraux. La gauche regorge de généraux et est imprégnée du caractère sacré de l’armée.

Les milliers d’enfants de Gaza qui sont morts ont été tués par le gouvernement. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou avec son « canon sacré », le ministre de la défense Israel Katz dans le cockpit d’un F-35I, la ministre des transports Miri Regev pilotant un drone suicide, le ministre des affaires étrangères Gideon Sa’ar dans un hélicoptère d’attaque et le ministre des communications Shlomo Karhi dans un véhicule d’artillerie mobile. Ils ont bombardé ces enfants sans pitié. Selon Golan, ils sont les seuls à blâmer. Les mains des pilotes sont propres, tout comme celles des artilleurs. Même les mains de l’état-major sont aussi pures que la neige vierge. Il s’agit d’une tromperie lâche. Elle témoigne également d’une attitude autoritaire à l’égard de Tsahal, qui se transforme en une armée de soldats robotisés et zombies, qui ne font qu’exécuter automatiquement les ordres du gouvernement.

Non, Yair Golan. Les enfants de Gaza ont été tués par tes collègues et amis, les soldats et les pilotes. Ce sont eux qui commettent ces crimes. Ils le font depuis 19 mois sans aucune insubordination, certains avec un enthousiasme évident, d’autres avec une obéissance aveugle. Ils ne sont peut-être que des sous-traitants qui exécutent la mission - et il est douteux que ce soit le cas - mais ils ont les mains couvertes de sang. Ils ne peuvent être exonérés de toute responsabilité.

Sans les FDI, le massacre de Gaza n’aurait pas eu lieu, même si le gouvernement l’avait voulu. Les ordres de combat pour cette opération incluent des crimes de guerre, formulés par l’armée comme faisant partie de ses objectifs. Ce n’est pas la ministre des missions nationales, Orit Strock, qui a déterminé que « concentrer et déplacer la population » était l’une des missions de l’opération. Le ministre de la coopération régionale, David Amsalem, n’est pas le chef d’état-major Eyal Zamir, qui s’est vanté que « nous continuerons jusqu’à ce que nous ayons brisé les capacités de combat du Hamas », alors que les capacités de combat de l’ennemi ont été vaincues depuis longtemps. Les forces de défense israéliennes opèrent contre des squelettes ambulants qui se déplacent parmi les ruines.

Le gouvernement porte la responsabilité et la faute, qui sont impardonnables. Mais absoudre les militaires uniquement parce qu’ils n’ont pas le courage de dire la vérité ? Seulement parce que tes amis tuent des enfants ? Seulement parce que l’objectif de renverser Netanyahou éclipse tout à tes yeux ?

On ne peut pas prétendre que l’armée ne fait qu’obéir aux ordres et que le chef d’état-major n’est qu’un rouage de la machine. Le chef d’état-major et le commandant de l’armée de l’air ne sont pas des rouages. Pas plus que les personnes placées sous leur commandement.

Ce sont eux qui mènent la campagne visant à détruire la bande de Gaza et ils pourraient l’arrêter s’ils pensaient qu’un drapeau noir flottait sur cette campagne. Ils mènent une guerre criminelle et sans but contre les restes de la population de Gaza, qui n’a aucun endroit sûr vers lequel se tourner. Les exonérer de toute culpabilité relève de la lâcheté ou du mensonge, voire des deux.


21/05/2025

Yair Golan déclare qu’Israël risque le statut de paria : “Un État sain ne tue pas des bébés par hobby”

Noa Shpigel et Jonathan Lis, Haaretz , 20/5/2025

Le chef du parti de gauche a déclaré qu’« un État sain ne tue pas des bébés par hobby » et ne planifie pas « l’expulsion d’une population ». Netanyahou a répondu que « Golan et ses amis de la gauche radicale se font l’écho des calomnies antisémites les plus méprisables ».

Le président du parti Les Démocrates, Yair Golan, s’exprimant lors d’une réunion du parti dimanche. Photo Olivier Fitoussi

Les ministres du gouvernement et les leaders de l’opposition ont condamné les remarques du leader du parti d’opposition Yair Golan, des Démocrates, après qu’il eut averti que la conduite d’Israël à Gaza risquait de le mettre sur la voie de devenir un « Etat paria », et qu’il eut appelé à remplacer le gouvernement de Netanyahou « haineux, inintelligent et immoral ».

Plus tôt dans la journée de mardi, lors d’une interview accordée à la radio publique Kan, Golan a déclaré qu’Israël était « en passe de devenir un État paria, comme l’a été l’Afrique du Sud, s’il ne recommence pas à agir comme un pays sain d’esprit ». Il a ajouté qu’un « État sain ne fait pas la guerre à des civils, ne tue pas des bébés par hobby et ne se fixe pas d’objectifs tels que l’expulsion d’une population ».

« Je condamne fermement l’incitation sauvage de Yair Golan contre nos soldats héroïques et contre l’État d’Israël », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahou dans un communiqué, ajoutant que “Tsahal est l’armée la plus morale du monde, et nos soldats mènent une bataille pour notre existence même”.

Le président des Démocrates a également critiqué la conduite du gouvernement, affirmant qu’il était « rempli d’individus haineux, inintelligents et immoraux qui n’ont pas la capacité de diriger un pays en temps d’urgence - des gens qui n’ont rien à voir avec le judaïsme ». Golan a demandé que le gouvernement soit remplacé « dès que possible, afin que la guerre puisse prendre fin ».

Selon Netanyahou, Israël « mène une guerre sur plusieurs fronts et effectue des efforts diplomatiques complexes pour libérer nos otages et vaincre le Hamas », ajoutant que « Golan et ses amis de la gauche radicale se font l’écho des calomnies antisémites les plus méprisables à l’encontre des soldats de Tsahal et de l’État d’Israël ».

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, Eyal Zamir, a condamné officiellement les propos de Golan, déclarant que tout commentaire de ce type « jette le doute sur l’éthique des actions de l’armée israélienne et sur la moralité de ses combattants ».

Les troupes israéliennes « opèrent contre nos ennemis par loyauté envers les valeurs de Tsahal, la loi et le droit international, tout en préservant sans compromis la sécurité de l’État d’Israël et de ses citoyens », a-t-il déclaré.

« Les combattants de Tsahal opèrent et continueront d’opérer, jour et nuit, sur tous les fronts, avec détermination et moralité, comme ils l’ont toujours fait.

 Golan a tenu une conférence de presse mardi soir, au cours de laquelle il a défendu sa critique de la politique du gouvernement à Gaza. Il a précisé que ses critiques s’adressaient au gouvernement et non à l’armée, qu’il a qualifiée de « maison » [major général de réserve, il a participé à l’invasion du Liban en 1982 et a réprimé la première et la deuxième Intifada, NdT].

« Ce qui avait commencé comme une guerre juste est devenu une guerre corrompue », a-t-il déclaré. « Ce n’est pas une guerre pour vaincre le Hamas ». Golan a déclaré que le camp libéral était effrayé et réduit au silence par l’extrême droite. « Nous ne pouvons plus avoir peur. Nous ne pouvons pas nous le permettre, pour le bien des otages ».

Il a également critiqué les ministres Smotrich et Ben-Gvir, les qualifiant d’hypocrites. « Un gouvernement qui [célèbre] le meurtre d’enfants ressemble au Hamas [...]. [Un gouvernement qui parle d’une bombe atomique sur Gaza n’est pas un gouvernement juif ».

Un peu plus tôt, le président israélien Isaac Herzog avait qualifié la déclaration de Golan de « diffamation grave et calomnieuse à l’encontre des soldats de Tsahal », ajoutant qu’ils étaient « les plus moraux du monde, se battant courageusement pour la protection du peuple et le retour des otages - ce n’est pas un hobby ».

Le ministre des finances, Bezalel Smotrich, a déclaré que Golan, ancien chef adjoint des FDI, était passé en quelques années du statut de « général décoré à celui de partisan du BDS », ajoutant qu’il amplifiait les « calomnies de nos plus terribles ennemis et leur donnait une épée pour nous tuer ». Le ministre des communications, Shlomo Karhi, l’a qualifié de « terroriste ».

Le Congrès juif mondial a annulé la venue de Yair Golan ce mardi en raison de sa critique virulente des actions d’Israël à Gaza.

« Il a été convenu qu’il serait préférable de ne pas perdre de vue les discussions générales importantes qui doivent être menées », a déclaré le CJM dans un communiqué.

Il avait été invité à prendre la parole lors d’une session spéciale mardi après-midi sur les relations entre Israël et la diaspora, organisée conjointement avec le Congrès juif européen.

Alors que des députés de la coalition, tels que le président de Shas Arye Dery, ont appelé l’opposition à le désavouer, le chef de l’opposition Yair Lapid a qualifié la déclaration de Golan de « cadeau à nos ennemis ».

Le président du Parti de l’unité nationale, Benny Gantz, également membre de l’opposition, a demandé à Golan de s’excuser pour ses « déclarations extrêmes et erronées ».

« Les soldats de Tsahal ne tuent pas des bébés par hobby », a-t-il déclaré, ajoutant que les propos de Golan “mettent en danger nos braves guerriers, qui risquent d’être réprimandés par la Cour internationale”.

Suite aux réactions négatives, Golan a clarifié ses propos, affirmant que si les soldats de Tsahal sont des héros, le gouvernement, lui, est corrompu. « Les FDI sont morales, le peuple est juste et le gouvernement est pourri », a-t-il déclaré.

« Cette guerre est la réalisation des fantasmes du ministre de la sécurité nationale Itamar Ben Gvir et de Smotrich », a-t-il ajouté.

Le député démocrate Gilad Kariv a ajouté que son parti soutenait Tsahal et ses soldats, mais qu’il s’opposait à ce que des ministres « incitent jour après jour à commettre des crimes de guerre, à mépriser les principes fondamentaux de l’éthique humaine et juive et à mettre en danger les otages et les troupes de Tsahal ».

« Il est temps que les autres leaders de l’opposition cessent de danser au rythme de la machine à mensonge et à incitation au crime [du gouvernement]».


Nos petits princes
, par Antonio Rodríguez, Mexique

13/06/2024

DAHLIA SCHEINDLIN
Une véritable opposition va-t-elle se lever ? Y aura-t-il quelqu’un pour essayer de sauver* Israël de Netanyahou, de la guerre sans fin et de l’isolement ?

 Dahlia Scheindlin, Haaretz, 10/6/2024
Traduit par Layân Benhamed, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le départ sans surprise de Benny Gantz du gouvernement Netanyahou ne renforcera pas l’opposition, car Israël en possède à peine une digne de ce nom. C’est une mauvaise nouvelle pour qui veut mettre fin à la guerre à Gaza et au conflit israélo-palestinien


L’ancien ministre israélien Benny Gantz après avoir annoncé sa décision de quitter le cabinet de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahou, dimanche à Ramat Gan. Photo : Nir Elias/Reuters

Benny Gantz a fait les dernières unes politiques en Israël en annonçant dimanche soir son départ de la coalition d’urgence de guerre, sans surprendre personne.

Le pays est encore sous le choc – cette fois de bonheur – après le sauvetage de quatre otages de Gaza samedi. Les médias israéliens sont occupés à rendre compte du sauvetage triomphal tout en se contorsionnant pour éviter de mentionner que les forces israéliennes ont tué des centaines de Palestiniens lors du raid , dont de nombreux civils. Lundi, l’actualité s’est déplacée vers le projet de loi sur le service militaire pour les Haredim [orthodoxes religieux] et Gantz est devenu un thème de une parmi d’autres,  , distrayant Israël des plus grands dilemmes d’aujourd’hui et de demain.

Gantz voulait rendre les élections inévitables, surtout avant le vote clé sur le projet Haredi de lundi. Il a tenté de déclencher une dynamique politique en appelant le ministre de la Défense Yoav Gallant à se joindre à lui et à se rebeller contre le Premier ministre Netanyahou au sein du Likoud, car le départ de Gantz ne peut à lui seul provoquer des élections anticipées.

Mais même si les factions se rapprochent, cela aura-t-il une quelconque importance ? Si Gantz est l’espoir, il n’y a pas de véritable opposition en Israël aujourd’hui : pas de compétition sur les idées ou les voies pour l’avenir, ni sur les principes du type de pays qu’Israël devrait être.

Gantz s’est présenté lors de cinq scrutins, mais n’a réussi à rien promettre concernant le plus grand problème du pays : l’occupation [des territoires palestiniens depuis 1967] et le conflit israélo-palestinien. Honte à quiconque estime que cela aurait été une erreur stratégique de la part de Gantz de clarifier ses positions au cours de ses cinq années dans la politique israélienne. Personne n’aurait dû avoir besoin de la guerre actuelle pour savoir à quel point c’était une erreur mortelle et impardonnable de « gérer le conflit » et de mettre la question de côté pendant toutes ces années.


Morad Kotkot, Palestine, 2022

Quel est aujourd’hui l’attrait électoral de Gantz auprès du public ? Dimanche, il a déclaré qu’il quittait le gouvernement parce que Netanyahou a donné la priorité à sa survie politique avant le bien du pays et n’a donc pas réussi à prendre les bonnes décisions – ou aucune des décisions fondamentales – en conséquence.

11/07/2022

GIDEON LEVY
Le parti de gauche sioniste Meretz a une chose ou deux à apprendre du député kahaniste Ben-Gvir

Gideon Levy, Haaretz, 10/7/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

C’était une soirée froide, brumeuse, silencieuse et pluvieuse à l'entrée sud de Bethléem, le 20 mars 2019. Un conducteur palestinien s'est arrêté et est sorti pour vérifier sa voiture tandis que sa femme et ses deux filles en bas âge sont restées à l'intérieur. Un soldat qui les observait du haut de son mirador protégé au bout de la route a tiré et grièvement blessé l'homme devant sa femme et ses enfants.

Une voiture avec quatre jeunes hommes revenant d'un mariage s'est arrêtée pour les aider. Trois d'entre eux ont transporté l'homme à l'hôpital tandis que le quatrième, Ahmad Manasra, un étudiant, est resté sur place pour calmer la mère et les filles terrifiées et tenter de les éloigner de la scène infernale. Le soldat a continué à tirer, visant plusieurs fois Manasra et le blessant. L'étudiant a tenté de s'enfuir, se réfugiant derrière un bloc de béton sur le bord de la route. Le soldat a continué à tirer et a touché Manasra à la poitrine à 60 mètres de distance, le tuant.


Ahmed Jamal Manasra

Au cours de l’enquête, le soldat, instructeur de tir, a admis avoir visé la poitrine de Manasra : tirer pour tuer. Une femme soldat de son unité a témoigné qu' « il avait l'air de vouloir utiliser son arme. Si quelqu'un arrivait, il lui tirait dessus et lui faisait sauter la tête. Il parlait beaucoup de vouloir tuer des Arabes ».

L'avocat Shlomo Lecker a écrit dans Haaretz (28 juin) que le soldat, T.A., a été jugé pour meurtre, ce qui est rare pour un soldat des FDI qui tue un Palestinien. Dans le cadre d'une négociation de plaidoyer, l'accusé a été condamné à trois mois de travaux d'intérêt général. Il a échappé à toute sanction réelle, en partie parce que 12 officiers supérieurs de l'armée sont venus à son secours.

L'un d'entre eux était le général major à la retraite Yair Golan, qui, par le passé, a mis en garde contre certains « processus » se déroulant dans ce pays et rappelant d'autres scènes de la mémoire juive. Dans son mémoire au tribunal, Golan a écrit que le soldat n'était pas un criminel et ne devait être accusé d'aucun crime. Lorsque Lecker a tenté de montrer à Golan qu'il se trompait, en lui présentant les preuves contre le prévenu, Golan n'a pas pris la peine de lui répondre. Golan est maintenant candidat à la direction du Meretz.

09/01/2022

GIDEON LEVY
C’est peut-être dur de les qualifier de « sous-humains », mais comment appeler autrement les crimes des colons juifs?

 Gideon Levy, Haaretz, 8/1/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le vice-ministre de l'Économie Yair Golan, du parti Meretz, a suscité une tempête d’indignation en Israël après avoir qualifié les colons de l'avant-poste de Homesh, en Cisjordanie, de « sous-hommes », le jeudi 6 janvier, en réponse aux profanations de pierres tombales par des colons juifs dans le cimetière du village palestinien voisin de Burqa.

Golan a déclaré dans une interview à la chaîne de télévision de la Knesset : « Nous, membres du peuple juif, qui a subi des pogroms tout au long de l'histoire, venons perpétrer un pogrom sur d'autres. Ce ne sont pas des personnes. Ce sont des sous-hommes ».

Le député du Meretz a également demandé que les colons soient évacués du site par la force, et que « la loi et l'ordre » soient rétablis dans la région. « Ce comportement sauvage, extrémiste et nationaliste, va nous apporter une catastrophe » a-t-il déclaré, qualifiant les colons de « dysfonctionnement du peuple juif ». Ci-dessous le commentaire de Gideon Levy.-NdT

Ils sont la lie de la terre. Quiconque enlève un adolescent palestinien, le maltraite pendant des heures, le bat et lui donne des coups de pied, l'attache sous le capot d’une voiture pour finalement le pendre à un arbre et lui brûler la plante des pieds avec un briquet est un sous-homme. Comment est-il possible de dire ça autrement ?

Celui qui expulse les propriétaires légaux des terres qu'il a volées en les menaçant de les abattre, détruit leurs pierres tombales, réduit leurs récoltes en poussière, vandalise leurs voitures et brûle leurs champs est un sous-homme. Quoi d’autre ?

Colons juifs et manifestants palestiniens s'affrontant dans le village d'Asira al-Qibliya, en Cisjordanie, en septembre. Photo : Majdi Mohammed/AP

Quiconque attaque des bergers âgés avec des bâtons et des pierres est un sous-homme. Quiconque coupe des milliers d'oliviers chaque année est un sous-homme. Les nazis utilisaient ce terme ? Eh bien, ils appelaient aussi les tomates « tomates », et pourtant nous avons toujours le droit d'utiliser ce mot.

« Sous-homme » est un mot dur, mais il n'est pas rare. Il y a tout juste sept ans, le chroniqueur du Haaretz Yossi Verter l'a utilisé pour décrire les partisans de Benjamin Netanyahou, alors Premier ministre. À leur sujet, d'ailleurs, il est permis de tout dire.

Mais le tollé provoqué chez les colons et leurs complices par l'utilisation de ce terme par Yair Golan a également un sous-texte délibéré qui ne doit pas être négligé. Si « sous-homme » est une expression nazie utilisée contre les Juifs pendant l'Holocauste, alors lorsque quelqu'un l'utilise contre les colons, ils deviennent instantanément les victimes involontaires d'un autre Holocauste. Et s'ils sont des victimes, alors bien sûr ils sont autorisés à faire n'importe quoi - abuser, voler et brûler.

Le vice-ministre Yair Golan lors d'une manifestation devant la Knesset, la semaine dernière. Photo : Ohad Zwigenberg

Une fois de plus, les agresseurs sont devenus les victimes, cette fois parce qu'un vice-ministre a dit quelque chose de méchant à leur sujet. C'est un nouveau pas en avant dans l'amélioration de leur image. D'abord, ils étaient des pionniers ; maintenant, ils sont aussi des victimes. C'est déchirant de voir à quel point ils sont sensibles à ce que les autres disent d'eux.