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11/07/2022

GIDEON LEVY
Le parti de gauche sioniste Meretz a une chose ou deux à apprendre du député kahaniste Ben-Gvir

Gideon Levy, Haaretz, 10/7/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

C’était une soirée froide, brumeuse, silencieuse et pluvieuse à l'entrée sud de Bethléem, le 20 mars 2019. Un conducteur palestinien s'est arrêté et est sorti pour vérifier sa voiture tandis que sa femme et ses deux filles en bas âge sont restées à l'intérieur. Un soldat qui les observait du haut de son mirador protégé au bout de la route a tiré et grièvement blessé l'homme devant sa femme et ses enfants.

Une voiture avec quatre jeunes hommes revenant d'un mariage s'est arrêtée pour les aider. Trois d'entre eux ont transporté l'homme à l'hôpital tandis que le quatrième, Ahmad Manasra, un étudiant, est resté sur place pour calmer la mère et les filles terrifiées et tenter de les éloigner de la scène infernale. Le soldat a continué à tirer, visant plusieurs fois Manasra et le blessant. L'étudiant a tenté de s'enfuir, se réfugiant derrière un bloc de béton sur le bord de la route. Le soldat a continué à tirer et a touché Manasra à la poitrine à 60 mètres de distance, le tuant.


Ahmed Jamal Manasra

Au cours de l’enquête, le soldat, instructeur de tir, a admis avoir visé la poitrine de Manasra : tirer pour tuer. Une femme soldat de son unité a témoigné qu' « il avait l'air de vouloir utiliser son arme. Si quelqu'un arrivait, il lui tirait dessus et lui faisait sauter la tête. Il parlait beaucoup de vouloir tuer des Arabes ».

L'avocat Shlomo Lecker a écrit dans Haaretz (28 juin) que le soldat, T.A., a été jugé pour meurtre, ce qui est rare pour un soldat des FDI qui tue un Palestinien. Dans le cadre d'une négociation de plaidoyer, l'accusé a été condamné à trois mois de travaux d'intérêt général. Il a échappé à toute sanction réelle, en partie parce que 12 officiers supérieurs de l'armée sont venus à son secours.

L'un d'entre eux était le général major à la retraite Yair Golan, qui, par le passé, a mis en garde contre certains « processus » se déroulant dans ce pays et rappelant d'autres scènes de la mémoire juive. Dans son mémoire au tribunal, Golan a écrit que le soldat n'était pas un criminel et ne devait être accusé d'aucun crime. Lorsque Lecker a tenté de montrer à Golan qu'il se trompait, en lui présentant les preuves contre le prévenu, Golan n'a pas pris la peine de lui répondre. Golan est maintenant candidat à la direction du Meretz.

09/01/2022

GIDEON LEVY
C’est peut-être dur de les qualifier de « sous-humains », mais comment appeler autrement les crimes des colons juifs?

 Gideon Levy, Haaretz, 8/1/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le vice-ministre de l'Économie Yair Golan, du parti Meretz, a suscité une tempête d’indignation en Israël après avoir qualifié les colons de l'avant-poste de Homesh, en Cisjordanie, de « sous-hommes », le jeudi 6 janvier, en réponse aux profanations de pierres tombales par des colons juifs dans le cimetière du village palestinien voisin de Burqa.

Golan a déclaré dans une interview à la chaîne de télévision de la Knesset : « Nous, membres du peuple juif, qui a subi des pogroms tout au long de l'histoire, venons perpétrer un pogrom sur d'autres. Ce ne sont pas des personnes. Ce sont des sous-hommes ».

Le député du Meretz a également demandé que les colons soient évacués du site par la force, et que « la loi et l'ordre » soient rétablis dans la région. « Ce comportement sauvage, extrémiste et nationaliste, va nous apporter une catastrophe » a-t-il déclaré, qualifiant les colons de « dysfonctionnement du peuple juif ». Ci-dessous le commentaire de Gideon Levy.-NdT

Ils sont la lie de la terre. Quiconque enlève un adolescent palestinien, le maltraite pendant des heures, le bat et lui donne des coups de pied, l'attache sous le capot d’une voiture pour finalement le pendre à un arbre et lui brûler la plante des pieds avec un briquet est un sous-homme. Comment est-il possible de dire ça autrement ?

Celui qui expulse les propriétaires légaux des terres qu'il a volées en les menaçant de les abattre, détruit leurs pierres tombales, réduit leurs récoltes en poussière, vandalise leurs voitures et brûle leurs champs est un sous-homme. Quoi d’autre ?

Colons juifs et manifestants palestiniens s'affrontant dans le village d'Asira al-Qibliya, en Cisjordanie, en septembre. Photo : Majdi Mohammed/AP

Quiconque attaque des bergers âgés avec des bâtons et des pierres est un sous-homme. Quiconque coupe des milliers d'oliviers chaque année est un sous-homme. Les nazis utilisaient ce terme ? Eh bien, ils appelaient aussi les tomates « tomates », et pourtant nous avons toujours le droit d'utiliser ce mot.

« Sous-homme » est un mot dur, mais il n'est pas rare. Il y a tout juste sept ans, le chroniqueur du Haaretz Yossi Verter l'a utilisé pour décrire les partisans de Benjamin Netanyahou, alors Premier ministre. À leur sujet, d'ailleurs, il est permis de tout dire.

Mais le tollé provoqué chez les colons et leurs complices par l'utilisation de ce terme par Yair Golan a également un sous-texte délibéré qui ne doit pas être négligé. Si « sous-homme » est une expression nazie utilisée contre les Juifs pendant l'Holocauste, alors lorsque quelqu'un l'utilise contre les colons, ils deviennent instantanément les victimes involontaires d'un autre Holocauste. Et s'ils sont des victimes, alors bien sûr ils sont autorisés à faire n'importe quoi - abuser, voler et brûler.

Le vice-ministre Yair Golan lors d'une manifestation devant la Knesset, la semaine dernière. Photo : Ohad Zwigenberg

Une fois de plus, les agresseurs sont devenus les victimes, cette fois parce qu'un vice-ministre a dit quelque chose de méchant à leur sujet. C'est un nouveau pas en avant dans l'amélioration de leur image. D'abord, ils étaient des pionniers ; maintenant, ils sont aussi des victimes. C'est déchirant de voir à quel point ils sont sensibles à ce que les autres disent d'eux.