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14/08/2024

Shawishim, le néologisme génocidaire pour désigner les chaouchs, les Palestiniens utilisés à la place de chiens pour détecter les tunnels à Gaza

Chaque jour qui passe apporte son lot d’horreur. L’armée la plus morale du monde se surpasse dans l’ingéniosité. Quelques trop rares Israéliens ont le courage de dénoncer le crime contre l’humanité commis par les sionihilistes.Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

À Gaza, la déshumanisation des Palestiniens par Israël atteint un nouveau sommet

Gideon Levy, Haaretz, 14/8/2024

Les Forces de défense israéliennes ont décidé de réduire les effectifs de l’unité Oketz, l’unité 7142, avant sa dissolution. L’unité canine et ses dresseurs a souffert d’une pénurie ces derniers temps. Un grand nombre de chiens ont été tués dans la bande de Gaza, et il a donc été décidé d’utiliser des moyens moins coûteux et plus efficaces. Il s’avère que la nouvelle unité, à laquelle l’ordinateur de l’IDF n’a pas encore donné de nom, donne les mêmes résultats opérationnels. Il n’est pas nécessaire de dresser les chiens pendant des mois, ni d’utiliser les muselières en fer qui ferment leurs mâchoires effrayantes, et leur nourriture sera également moins chère : au lieu de la coûteuse nourriture pour chiens Bonzo, les restes des rations de combat.

 

Les frais d’inhumation et de commémoration seront également annulés : les chiens Oketz étaient généralement enterrés dans le cadre de cérémonies militaires, avec des soldats en pleurs et des articles à faire pleurer en première page du bulletin d’information des FDI, Yedioth Ahronoth. Les chiens de remplacement n’ont pas besoin d’être enterrés, leurs corps peuvent simplement être jetés. Les cérémonies commémoratives annuelles du 30 août pour les chiens peuvent également être supprimées. Les nouveaux chiens n’auront pas de monument. Les âmes sensibles des soldats qui les manipulent ne seront plus endommagées lorsqu’ils mourront.

Le projet pilote est en cours et il y a déjà eu un mort dans la nouvelle unité. Bientôt, l’armée israélienne exportera les connaissances qu’elle a acquises à d’autres armées dans le monde. En Ukraine, au Soudan, au Yémen et peut-être même au Niger, elles seront heureuses de s’en servir.

Selon la page Wikipédia consacrée à l’Oketz : « L’unité active un matériel de guerre unique, le chien, qui offre des avantages opérationnels uniques qui n’ont pas de substitut humain ou technologique ». Oups, une erreur. Il n’y a peut-être pas de substitut technologique, mais un substitut humain a été trouvé. Le terme « humain » est bien sûr exagéré, mais l’armée israélienne dispose d’un nouveau type de chien, bon marché, obéissant et bien mieux entraîné, dont les vies valent moins.

Les nouveaux chiens de Tsahal sont les habitants de la bande de Gaza. Pas tous bien sûr, seulement ceux que l’éclaireur de l’armée choisit avec soin, parmi 2 millions de candidats ; les auditions ont lieu dans les camps de déplacés. Il n’y a pas de restriction d’âge.

Les chasseurs de têtes de l’armée ont déjà trouvé des enfants et des personnes âgées, et il n’y a aucune restriction à l’activation de la nouvelle main-d’œuvre. Ils les utilisent et les jettent ensuite. Entre-temps, ils n’ont pas été formés aux missions d’attaque et à l’identification olfactive des explosifs, mais l’armée y travaille. Au moins, ils ne mordront pas les enfants palestiniens dans leur sommeil comme les anciens chiens de Baskerville.

Mardi, Haaretz a publié en première page la photo d’un des nouveaux chiens : un jeune habitant de Gaza menotté, vêtu de haillons qui étaient autrefois des uniformes, les yeux couverts d’un chiffon, le regard baissé, des soldats armés à ses côtés. Yaniv Kubovich, le correspondant militaire le plus courageux d’Israël, et Michael Hauser Tov ont révélé que Tsahal utilise des civils palestiniens pour vérifier les tunnels à Gaza. « Nos vies sont plus importantes que les leurs », ont dit les commandants aux soldats, répétant ce qui est une évidence.

Ces nouveaux « chiens » sont envoyés menottés dans les tunnels. Des caméras sont fixées sur leur corps, et l’on peut y entendre le bruit de leur respiration effrayée.

Ils « nettoient » les puits, sont détenus dans des conditions pires que les chiens Oketz et leur activité s’est généralisée, systématisée. Al-Jazeera, boycottée en Israël pour « atteinte à la sécurité », a révélé le phénomène. L’armée l’a nié, comme d’habitude, avec ses mensonges. Deux reporters de Haaretz ont rapporté l’histoire complète mardi, et elle est terrifiante.

Certains soldats ont protesté à la vue des nouveaux « chiens », plusieurs courageux ont même témoigné auprès de Breaking the Silence. Mais la procédure, qui avait été expressément interdite par la Haute Cour de justice, a été adoptée à grande échelle dans l’armée. La prochaine fois que le public protestera contre le fait que Benjamin Netanyahou ignore les décisions de la Haute Cour, nous devrions nous rappeler que l’armée ignore aussi effrontément les décisions de celle-ci.

Le processus de déshumanisation des Palestiniens a atteint un nouveau sommet. Haaretz a rapporté que le haut commandement de l’IDF était au courant de l’existence de la nouvelle unité. Pour l’armée, la vie d’un chien vaut plus que celle d’un Palestinien. Nous disposons à présent de la version officielle.

Enquête du Haaretz sur les “chaouchs” : l’armée israélienne utilise des civils palestiniens pour inspecter des tunnels potentiellement piégés à Gaza

“Nos vies sont plus importantes que les leurs” : des Gazaouis non soupçonnés de terrorisme sont détenus et envoyés comme boucliers humains pour fouiller les tunnels et les maisons avant que les soldats de Tsahal n’y pénètrent, au vu et au su d’officiers supérieurs israéliens, affirment plusieurs sources ; Tsahal prétend que cette pratique est interdite.

Yaniv Kubovich & Michael Hauser Tov, Haaretz ,  13/8/2024

 

Un Gazaoui vêtu d’un uniforme des FDI à côté de soldats israéliens dans une maison à Rafah le mois dernier. La photo a été floutée afin de supprimer les éléments d’identification. Photo David Bachar

Au début, il est difficile de les reconnaître. Ils portent généralement des uniformes de l’armée israélienne, beaucoup d’entre eux ont une vingtaine d’années et ils sont toujours en compagnie de soldats israéliens de différents grades.

Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit que la plupart d’entre eux portent des baskets, et non des bottes de l’armée. Leurs mains sont menottées dans le dos et leurs visages sont empreints de peur. Les soldats les appellent tous « shawish », un mot arabe obscur [sic] d’origine turque [çavuş] qui signifie « sergent » [= chaouch en arabe maghrébin et en français, NdT], et par extension, gardien, surveillant, concierge, homme à tout faire.

Des Palestiniens pris au hasard ont été utilisés par les unités de l’armée israélienne dans la bande de Gaza dans un seul but : servir de boucliers humains aux soldats pendant les opérations.

« Nos vies sont plus importantes que les leurs », a-t-on dit aux soldats. L’idée est qu’il vaut mieux que les soldats israéliens restent en vie et que les shawishim soient victimes d’un engin explosif.

Cette description est l’une des nombreuses obtenues par Haaretz, certaines provenant de soldats de combat, d’autres de commandants. L’image qui en ressort : ces derniers mois, les soldats israéliens ont utilisé des boucliers humains de cette manière dans toute la bande de Gaza ; même le bureau du chef d’état-major est au courant.

12/10/2023

Union Sacrée : le gouvernement israélien d’urgence comprendra un cabinet de guerre spécial pour la “guerre au Hamas”

Michael Hauser Tov, Haaretz, 11/10/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le Premier ministre Netanyahou, le ministre de la Défense Yoav Gallant et Benny Gantz - qui a précédemment occupé les fonctions de chef d’état-major des FDI et de ministre de la Défense - formeront un gouvernement d’urgence et dirigeront un cabinet de guerre. Le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer et le député Gadi Eisenkot siègeront en tant qu’observateurs.

Netanyahou, Gantz et Gallant annoncent la formation d’un gouvernement d’urgence, mercredi soir. Photo : Service de presse du gouvernement israélien

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le président du Parti de l’unité nationale, Benny Gantz, se sont mis d’accord mercredi pour former un gouvernement d’urgence pendant la guerre en cours contre le Hamas.

Le gouvernement établira un cabinet de guerre spécial et n’adoptera aucune législation non liée à la guerre, selon l’accord. Les membres du cabinet de guerre spécialisé seront Netanyahou,  Gantz et le ministre de la Défense Yoav Gallant.

« Nous mettons de côté toutes les autres considérations, car le sort de notre pays est en jeu », a déclaré  Netanyahou lors d’une annonce commune publiée mercredi soir.

Gallant a dénoncé la “barbarie” du Hamas, qu’il a qualifiée de “sans précédent depuis l’Holocauste”, tandis que Gantz a souligné l’unité du peuple israélien, qui « se serre les coudes pour envoyer un message clair à nos adversaires ».

Gantz a déjà été ministre de la Défense et chef d’état-major de Tsahal. Le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer (Likoud), proche allié de Netanyahou, et l’ancien chef des forces de défense israéliennes Gadi Eisenkot, membre du parti de Gantz, seront des observateurs. Dermer n’a pas servi dans l’armée.

Le cabinet de guerre fonctionnera sous les auspices du comité ministériel pour la sécurité nationale. Selon les termes de l’accord, quatre membres du parti de Gantz rejoindront le comité ministériel en tant que membres à part entière et un en tant qu’observateur. Le comité est notamment chargé de présenter des recommandations et des directives concernant la situation des otages israéliens.

Lors de sa première réunion, le cabinet de guerre élaborera un plan stratégique qui sera soumis à l’approbation du comité ministériel. Il devra se réunir au moins toutes les 48 heures pour faire le point et prendre des décisions.

Selon les termes de l’accord signé par Netanyahou et Gantz, le nouveau gouvernement n’adoptera aucune loi ou résolution qui ne soit pas liée à la situation d’urgence actuelle sans le consentement des deux parties. Cela signifie que la réforme judiciaire très controversée du gouvernement est morte, du moins pour l’instant.

L’accord stipule que tous les hauts responsables resteront en fonction jusqu’à la fin de la guerre. Toute nouvelle nomination rendue nécessaire par la situation d’urgence sera faite avec le consensus de Netanyahou et de Gantz.

Selon l’accord, si le principal parti d’opposition, Yesh Atid, rejoint le gouvernement d’urgence, le leader du parti, Yair Lapid, fera également partie du cabinet de guerre.

Gantz, Eisenkot et leurs collègues de parti, Gideon Sa’ar, Chili Tropper et Yifat Shasha-Biton, seront les cinq législateurs qui rejoindront la coalition et le cabinet de sécurité en tant que ministres sans portefeuille. Shasha-Biton et Eisenkot serviront d’observateurs. Le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, siégera également en tant qu’observateur au sein du cabinet de guerre.

Plusieurs sources du Likoud ont déclaré précédemment que Sara Netanyahou, l’épouse du Premier ministre, avait tenté de retarder la mise en place du gouvernement d’urgence. « Il y a une personne dans l’État d’Israël qui n’est pas intéressée par l’unité - Sara Netanyahou », a déclaré l’une des sources. En réponse, le porte-parole du Likoud a publié une déclaration au nom de Sara Netanyahou : « L’unité est à l’ordre du jour ».

Netanyahou et Gantz se sont rencontrés mercredi matin dans le cadre des négociations sur la mise en place d’un gouvernement d’urgence. Les deux hommes devaient se rencontrer mardi soir, mais la rencontre a été reportée en raison des réunions en cours avec le cabinet de sécurité.

Gantz et Netanyahou se sont rencontrés juste après une réunion entre les chefs de la coalition, et plus de trois jours après l’offre initiale de Gantz sur la formation d’un gouvernement d’urgence.

Des sources du Likoud ont admis mardi que Netanyahou avait refusé de faire avancer les pourparlers avec Gantz avant de se coordonner avec les chefs de la coalition. Lors de la réunion qui s’est tenue hier au quartier général de Tsahal, un accord presque total a été exprimé au sein de la coalition pour la mise en place d’un cabinet de guerre - la seule opposition exprimée l’a été par le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir.