« Bien souvent, “Anonyme” était une femme.
» – Virginia Woolf
Dans l’histoire et la participation
politique de la Colombie, ce sont les discours, les voix et les visages des
hommes qui se distinguent. Les portraits, noms et textes que nous apprenons à
l’école appartiennent en majorité à des hommes. Comme si eux seuls avaient
construit le pays. Pourtant, en regardant vers les villages, quartiers et
hameaux, une autre réalité apparaît : un pays soutenu par le travail silencieux
et persistant de femmes dont l’apport n’est pas reconnu par l’histoire.
Comment est-il possible que des millions de
femmes soient en première ligne du travail social et communautaire, et qu’elles
aient si peu de représentation dans les hautes sphères de décision politique ?
Dans cet article, je propose d’analyser de
manière critique les causes de cette grande contradiction et de souligner qu’il
est temps de transformer le rôle des femmes dans l’histoire du pays.
La différence entre la large participation
des femmes aux leaderships sociaux de base et leur faible présence dans les
postes politiques de pouvoir est flagrante. Dans des municipalités comme Bello,
près de 80 % des présidences des Juntas de Acción Comunal sont dirigées par des
femmes, beaucoup ayant des décennies de travail volontaire. Cependant, cette
participation s’effondre dès qu’on monte dans la politique formelle : dans les
conseils municipaux, elle n’atteint que 15 à 20 %.