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12/09/2025

SERGIO FERRARI
Argentine. : une victoire électorale contre le sociocide de Milei

Sergio Ferrari, El Independiente, 11/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Avec près de 14 points d’écart, le dimanche 7 septembre, le péronisme-kirchnérisme a infligé dans la province de Buenos Aires le premier coup politique d’envergure au gouvernement de Javier Milei et à son projet antisocial. « Une raclée électorale », ont titré divers médias nationaux et internationaux, en commentant des résultats qu’aucun institut de sondage n’avait prévus.

Retraités en résistance, bordel

Près de deux ans après la victoire de Milei en 2023, l’élection des parlementaires provinciaux buenos-airiens constituait le test le plus significatif de l’état d’esprit politique de la population dans son ensemble.

La province de Buenos Aires, avec plus de 17 millions d’habitants – soit le double de la population de la Suisse –, regroupe presque un tiers de l’électorat argentin. Historiquement, les résultats de ce géant démographique de 307 000 km² (plus vaste que l’Italie) constituent l’un des indicateurs de référence des tendances électorales à l’échelle nationale.

Le prochain 26 octobre sera l’autre moment clé pour évaluer la marche du projet « anarcho-libertarien-antisocial » de Milei : les élections parlementaires nationales. Y seront élus la moitié des députés et un tiers des sénateurs. D’où l’importance du scrutin du 7 septembre dernier.

Des résultats sans appel

Fuerza Patria, qui regroupe les péronistes-kirchnéristes et leurs alliés, avec plus de 3 800 000 suffrages (47,3 % des voix), a été le grand vainqueur. Avec 2 700 000 voix (33,7 %), La Libertad Avanza de Javier Milei, qui a absorbé dans cette élection la Proposition Républicaine (PRO) de l’ancien président de droite Mauricio Macri, est arrivée en deuxième position. En d’autres termes, Milei a rassemblé dans ce scrutin tout l’éventail de la droite et de l’extrême droite.

Très loin derrière, avec un peu plus de 5 %, on trouve Somos Buenos Aires (un secteur de l’ancien Parti radical du centre), suivi en quatrième position par le Front de gauche et des travailleurs – Unité, qui a obtenu 4,7 % des voix. Une dizaine d’autres petites forces se sont situées en dessous de 2 % chacune, sans atteindre, ensemble, les 10 % des suffrages.

Deux conclusions principales

Au-delà de l’arithmétique et de la majorité parlementaire nette que les péronistes-kirchnéristes conserveront pendant quatre ans dans la plus grande province d’Argentine, deux principaux éléments d’analyse émergent comme conclusions provisoires.

En premier lieu, et c’est le plus évident, la victoire incontestable des péronistes-kirchnéristes sur La Libertad Avanza du président Milei. Plus globalement, on peut l’interpréter comme un rejet clair, par une majorité d’électeurs de Buenos Aires, du projet de rigueur antisociale radicale mis en œuvre par le dirigeant libertarien avec l’aval du Fonds monétaire international.

Si Milei est parvenu à un contrôle relatif de l’inflation, le coût social de son ajustement, le démantèlement accéléré de l’État social, la dépendance totale vis-à-vis du FMI, ainsi que son alignement aveugle sur Donald Trump et Benyamin Netanyahou (principaux référents de sa vision géopolitique) lui valent une lourde facture politique. À cela s’ajoutent le rejet populaire du négationnisme de Milei en matière de droits humains et de changement climatique, ainsi que la condamnation de la répression constante exercée par son gouvernement contre toute forme d’opposition, notamment contre les retraités qui, depuis des mois, mènent la contestation sociale dans les rues.

Par ailleurs, le triomphe de Fuerza Patria conduit à analyser les dynamiques internes de ce vaste ensemble politique péroniste-kirchnériste. Trois grands secteurs s’y croisent : celui d’Axel Kicillof (53 ans), actuel gouverneur de Buenos Aires, héritier du kirchnérisme mais revendiquant une autonomie de gestion ; le secteur kirchnériste mené par Cristina Fernández de Kirchner (72 ans), aujourd’hui proscrite, assignée à résidence mais toujours présidente du Parti justicialiste (péroniste) au niveau national ; et la mouvance centriste Renovación Peronista de l’ancien candidat  à la présidentielle Sergio Massa (53 ans).

Cependant, au-delà de ces forces structurées, le péronisme-kirchnérisme intègre une grande diversité de secteurs sociaux, ce qui complexifie encore davantage la conduite unifiée de ce large mouvement : les principales centrales syndicales du pays ; les mouvements sociaux urbains et ruraux ; les gouverneurs provinciaux péronistes – souvent porteurs de projets et d’intérêts propres, et disposés à négocier avec le gouvernement national – ainsi que les maires. À titre d’exemple, rien qu’à Buenos Aires, le péronisme a remporté le 7 septembre dernier près d’une centaine des 135 municipalités de la province, où l’on élisait également des conseillers municipaux et scolaires.

Une première lecture laisse penser que le grand gagnant de cette dynamique interne est Axel Kicillof, qui a imposé sa volonté d’avancer à septembre ce scrutin provincial, séparé des élections législatives d’octobre prochain. Les urnes ont montré que ce pari politique à haut risque était le bon. Cependant, la victoire du péronisme-kirchnérisme livre aussi une leçon essentielle : sans unité dans la diversité, il n’y a pas de victoire contre le projet de Milei.

Le grand défi des prochains mois et années consistera non seulement à maintenir cette fragile unité au sein du camp national et populaire, mais aussi à l’élargir à d’autres secteurs, afin que le succès enregistré à Buenos Aires puisse dépasser, à l’échelle nationale, les 50 % de soutiens électoraux – condition indispensable pour détrôner ce dangereux laboratoire de sociocide que met en œuvre le gouvernement Milei.

11/09/2025

SERGIO FERRARI
Argentina, il progetto libertariano sotto la lente d'ingrandimento
Gli investimenti che Milei sognava e che non arrivano

 Sergio Ferrari, 7/9/2025

Originale spagnolo

Traduzione a cura del Gruppo Insegnanti di Geografia Autorganizzati

Fin dall'inizio, il progetto economico del governo Milei ha puntato ad aprire le porte dell'Argentina agli investimenti stranieri, con due obiettivi: facilitare l'ingresso di grandi capitali e accelerare le esportazioni nel breve termine.

La leva per promuovere l'arrivo di questi capitali è il Regime di Incentivazione dei Grandi Investimenti (RIGI), uno dei pilastri della Legge di Base e Punto di Partenza per la Libertà degli Argentini. Si tratta di un pacchetto di agevolazioni fiscali, tributarie e legali della durata di trent'anni per gli investimenti privati stranieri o nazionali in megaprogetti che superano i 200 milioni di dollari. Secondo il decreto 749, che ha sancito questo pacchetto, il governo anarchico-libertariano del presidente Javier Milei concettualizza il RIGI come “uno strumento per attrarre investimenti significativi per l'economia nazionale, che altrimenti non si svilupperebbero”. I settori prioritari sono l'industria forestale, il turismo, le infrastrutture, l'estrazione mineraria, la tecnologia, la siderurgia, l'energia, il petrolio e il gas. Il decreto sostiene che, nel contesto attuale, gli incentivi concessi nell'ambito del RIGI contribuiranno a rendere “la ripresa economica più rapida, sostenibile e duratura”.

Il termine per aderire a questo regime speciale di promozione del capitale transnazionale scade nel luglio 2026, ma il governo potrebbe prorogarlo. (https://www.boletinoficial.gob.ar/detalleAviso/primera/312707/20240823).

Alleanza per un controllo cittadino

A un anno dall'entrata in vigore del RIGI, cinque organizzazioni e istituzioni argentine - la Fondazione Ambiente e Risorse Naturali (FARN), il Centro di Studi Legali e Sociali (CELS), lo Spazio di lavoro fiscale per l'equità (ETFE), il Centro di politiche pubbliche per il socialismo (CEPPAS) e la Scuola di politica e governo dell'Università Nazionale di San Martín (EPYG/ UNSAM) - insieme al Transnational Institute (TNI), con sede ad Amsterdam, Paesi Bassi, hanno elaborato un primo bilancio multitematico. Esso si concentra sui risultati dell'applicazione del RIGI, ma con un occhio di riguardo per i diritti umani, la giustizia ambientale e la sovranità territoriale. Pubblicato in agosto dall'Osservatorio RIGI, questo rapporto rappresenta un contributo scientifico di rilevanza internazionale. 

Luciana Ghiotto

Secondo Luciana Ghiotto, ricercatrice associata del TNI e del Consiglio Nazionale delle Ricerche Scientifiche e Tecniche, CONICET, (presso la sede dell'Università Nazionale di San Martín), questa sinergia tra diverse organizzazioni nazionali e internazionali, promossa in modo articolato, è coerente con “la tradizione di lavorare insieme alle organizzazioni del Sud del mondo”. E simile all'esperienza vissuta in altri paesi, come la Colombia, dove il TNI fa parte della campagna internazionale #Frenemos el Poder de las Transnacionales (Fermiamo il potere delle multinazionali). Nel caso dell'Argentina, spiega Ghiotto, “abbiamo partecipato alla campagna contro l'Accordo di libero scambio (ALCA) negli anni 2003-2005 ed esiste già una tradizione di lavoro e analisi congiunta con diverse organizzazioni sociali e accademiche che oggi compongono l'Osservatorio del RIGI”.

La giovane ricercatrice sottolinea la ricchezza che apporta la diversità all'interno dell'Osservatorio: “L'alleanza è stata costruita grazie all'azione di organizzazioni come la FARN e il CELS che, già nel 2024, hanno avuto un ruolo attivo nei dibattiti sulla Legge di Base, di cui fa parte il RIGI”. Tali dibattiti hanno cercato di mostrare i possibili impatti negativi che il Regime di Incentivazione avrebbe avuto sull'ambiente e sui territori. Successivamente, “una volta approvata la Legge di Base, abbiamo convenuto sulla necessità di agire congiuntamente con approcci diversi per poter analizzare le implicazioni del RIGI”. Ghiotto spiega che questo regime mira a promuovere l'afflusso di capitali attraverso la concessione di “vantaggi fiscali, valutari, doganali e di certezza giuridica” agli investitori. Inoltre, “ogni organizzazione dell'Osservatorio contribuisce con le proprie conoscenze e capacità di analisi sui diversi aspetti inclusi nel decreto”.

Bilancio preliminare: RIGI, rinviato

In questo primo anno, il Regime di Incentivazione ha ricevuto diciannove progetti per oltre 30 miliardi di dollari. Sette di questi progetti, per un valore di 13,067 miliardi di dollari, sono stati approvati, uno è stato respinto e gli altri sono ancora in fase di valutazione. Il tutto, tuttavia, molto lontano dai 40 miliardi di dollari che inizialmente il governo Milei pensava di attrarre.

Due dei progetti approvati riguardavano il settore degli idrocarburi, due quello minerario, due quello delle energie rinnovabili e uno quello siderurgico. Secondo l'Osservatorio, e sulla base di uno studio dell'Istituto di Ricerche Politiche dell'Università di San Martín e del CONICET, nel settore degli idrocarburi i principali investimenti sono orientati alla costruzione di infrastrutture per l'esportazione, dove si concentrano gli importi più elevati. Nel settore minerario, il rame e il litio sono in testa alle iniziative proposte, con progetti localizzati principalmente nelle province di San Juan, Salta e Catamarca.

Il RIGI, spiega Ghiotto, riflette l'orientamento del governo verso un minore intervento statale nella gestione dei beni comuni e con un ruolo preponderante per il settore privato. Secondo la ricercatrice e attivista sociale, questa visione costituisce una prospettiva “allarmante, in particolare perché l'espansione dei diritti degli investitori avrà un impatto sulla vita quotidiana delle persone che vivono nei territori interessati da questi progetti”. Inoltre, sostiene Ghiotto, il RIGI non prevede meccanismi di pianificazione industriale né incorpora disposizioni per la protezione ambientale o sociale degli ecosistemi e delle comunità nelle aree di influenza.

Non mantiene nemmeno la promessa eterna di creare nuovi posti di lavoro a livello locale. Anche nelle proiezioni più ottimistiche pubblicate dal governo, gli investimenti approvati prevedono poco più di mille nuovi posti di lavoro diretti. Questa cifra risulta ancora più limitata se si considera che non esiste un piano concreto di industrializzazione o di creazione di filiere produttive che consenta a questi investimenti di avere un impatto economico duraturo per le regioni coinvolte (https://observatoriorigi.org/2025/08/14/el-rigi-tras-su-primer-ano/).

Tutto al servizio del grande capitale

Secondo il CELS, il RIGI rientra nella strategia del governo Milei “per attirare investimenti estrattivi attraverso lo smantellamento delle protezioni legali alle comunità indigene e ai produttori locali”. Di conseguenza, “l'uso dell'apparato di sicurezza statale è orientato al controllo dei conflitti socio-ambientali attraverso la sorveglianza, il monitoraggio e la repressione delle resistenze”. Ne è un esempio il fatto che il governo Milei abbia smantellato l'architettura istituzionale che esisteva per garantire e proteggere i diritti dei popoli indigeni sui loro territori. La principale misura ufficiale in tal senso è stata l'abrogazione della legge 26.160, approvata nel 2006, che dichiarava lo stato di emergenza territoriale indigena, obbligava lo Stato a effettuare un censimento nazionale dei territori abitati dalle comunità e sospendeva gli sfratti. Verso la fine del 2024, quando tale legge è stata abrogata, era stata censita poco meno della metà dei territori comunitari. Il decreto di abrogazione riconosce che esistono ancora più di 250 conflitti territoriali.

Un altro esempio critico affrontato anche dal Centro di Studi Legali e Sociali riguarda l'agricoltura familiare, poiché il governo ha indebolito la politica volta ad accompagnare e rafforzare questo settore. Appena salito al potere, Milei ha licenziato quasi tutti i lavoratori dell'Istituto Nazionale dell'Agricoltura Familiare. Una delle conseguenze di questo svuotamento è stato l'abbandono dei produttori che vivono in luoghi difficili da raggiungere, dove solo questo organismo poteva arrivare. Nel luglio 2025 Milei ha abrogato con un decreto la maggior parte degli articoli della Legge sull'agricoltura familiare contadina indigena, che mirava a rafforzare questo settore. Questo abbandono da parte dello Stato ha indebolito la posizione dei produttori e delle produttrici e la loro capacità di resistere ai tentativi di sfratto, generalmente promossi dagli imprenditori locali.

Da parte sua, il TNI mette in guardia da un grave pericolo che accompagna l'applicazione del regime speciale di incentivi al grande capitale imposto da Milei: il meccanismo di risoluzione delle controversie tra investitori e Stati (ISDS), che amplia i diritti degli investitori stranieri e nazionali a scapito degli Stati e apre la porta a potenziali richieste di arbitrato internazionale, cosa che, di fatto, è costata molto cara all'Argentina. Diverse società con progetti RIGI (Rio Tinto, Chevron, Shell e Pan American Energy, tra le altre) hanno già ampiamente utilizzato questo meccanismo di arbitrato per esercitare pressioni o citare in giudizio diversi Stati per politiche pubbliche che, secondo loro, danneggiano i propri interessi e i propri profitti. “La combinazione del RIGI e di queste aziende”, sottolinea il TNI, “crea uno scenario ad alto rischio per la sovranità normativa, le finanze pubbliche e la capacità dello Stato di dare priorità agli interessi sociali e ambientali”.

Il litio e il rame tra i settori più ambiti dagli investimenti stranieri. Foto Litium Triangle South America

Governo indebolito e situazione instabile

Nella loro analisi del contesto politico argentino, le sei organizzazioni dell'Osservatorio concordano sul fatto che tutto sembra indicare che gli investitori internazionali guardano con cautela alla possibilità di investire capitali prima delle elezioni di ottobre 2025, quando sarà rinnovata metà della Camera dei deputati e due terzi del Senato.

Se il piano economico del governo non funzionerà e i risultati elettorali non saranno favorevoli, Milei difficilmente riuscirà a promuovere gli investimenti desiderati. Inoltre, sottolineano, a questa situazione instabile si aggiungono le tensioni sociali esistenti, la mancanza di partecipazione dei cittadini, l'assenza di meccanismi di responsabilità e la criminalizzazione delle comunità locali. Tutti questi fattori configurano uno scenario particolarmente preoccupante quando si tratta di progetti estrattivi che potrebbero essere realizzati fino a 30 anni.

La riflessione finale di Ghiotto sul progetto economico del presidente Milei e del suo partito anarchico-libertariano afferma che “è il progetto della libertà del capitale” e che il suo obiettivo è quello di “portare investimenti nel settore primario-estrattivo, poiché l'interpretazione che ne danno [i governanti] è che l'Argentina non ha altro da offrire al mondo se non le sue risorse naturali a basso costo e senza restrizioni”.  Da qui il fatto che il RIGI rappresenti uno strumento centrale, accompagnato da un Comando Unificato di Sicurezza Produttiva che garantisce agli investitori non solo la sicurezza giuridica, ma anche quella fisica dei loro investimenti. Ed è per questo che il piano di Milei non accetta alcuna protesta che possa fermare il libero arbitrio del capitale. Resta da vedere cosa succederà con il RIGI, come verranno attivate le sue clausole quando inizieranno le proteste e la resistenza contro alcuni dei progetti estrattivi approvati.

Quello sarà il momento di misurare realmente la pressione e il ricatto esercitati dal grande capitale per non perdere nessuna delle sue enormi aspettative di guadagno.

La conclusione macro-regionale è categorica per la ricercatrice e attivista sociale del Cono Sud: “In questo modo, il RIGI argentino può servire da monito per il resto dei paesi latinoamericani sui rischi della nuova ondata di quadri normativi ‘amichevoli’ con gli investimenti che proliferano nella regione, che ampliano il quadro di protezione dei trattati bilaterali di investimento”.

08/09/2025

SERGIO FERRARI
Argentine : investissements ou envahissements ?
Un an après le lancement du RIGI, peu de résultats et de mauvaises perspectives

Sergio Ferrari, El Cohete a la Luna, 7/9/2025
Traduit par Tlaxcala

Depuis son lancement, le projet économique du gouvernement de Milei a misé sur l’ouverture de l’Argentine aux investissements étrangers, avec deux objectifs : faciliter l’entrée de grands capitaux et accélérer les exportations à court terme.

Le levier destiné à promouvoir l’arrivée de cet argent est le Régime d’Incitation aux Grands Investissements (RIGI), l’un des piliers de la “Loi de Bases et de  Point de Départ pour la Liberté des Argentins”. Il s’agit d’un paquet d’avantages fiscaux, douaniers et juridiques, d’une durée de trente ans, destiné à l’investissement privé étranger ou national dans les mégaprojets dépassant 200 millions de dollars. Selon le décret 749, qui a établi ce dispositif, le gouvernement anarcho-libertarien de Milei conçoit le RIGI comme « un outil pour attirer des investissements significatifs pour l’économie nationale, qui autrement ne se développerait pas ».

Les secteurs prioritaires sont : l’industrie forestière, le tourisme, l’infrastructure, l’exploitation minière, la technologie, la sidérurgie, l’énergie, le pétrole et le gaz. Le décret soutient que, dans le contexte actuel, les incitations accordées dans le cadre du RIGI contribueront à rendre « la reprise économique plus rapide, durable et pérenne ». Le délai d’adhésion à ce régime spécial d’encouragement du capital transnational expire en juillet 2026, mais le gouvernement pourrait le prolonger.

Alliance pour un contrôle citoyen

À l’occasion du premier anniversaire du RIGI, cinq organisations et institutions argentines — la Fondation Environnement et Ressources Naturelles (FARN), le Centre d’Études Légales et Sociales (CELS), l’Espace de Travail Fiscal pour l’Équité (ETFE), le Centre de Politiques Publiques pour le Socialisme (CEPPAS) et l’École de Politique et Gouvernement de l’Université Nationale de San Martín (EPYG/UNSAM) —, en collaboration avec le Transnational Institute (TNI), basé à Amsterdam, ont réalisé un premier bilan pluridisciplinaire.

Celui-ci s’intéresse aux résultats de l’application du RIGI, mais en prenant pour boussole les droits humains, la justice environnementale et la souveraineté territoriale. Publié en août par l’Observatoire du RIGI, ce rapport représente une contribution scientifique à portée internationale.


Luciana Ghiotto

Luciana Ghiotto, chercheuse associée au TNI et au CONICET (Conseil National de Recherches Scientifiques et Techniques, à l’UNSAM), explique que cette synergie entre diverses organisations nationales et internationales est cohérente avec « la tradition de travailler en collaboration avec des organisations du Sud global ». Elle rappelle des expériences similaires, comme en Colombie, où le TNI participe à la campagne internationale #Stoppons le Pouvoir des Transnationales.

En Argentine, dit-elle, « nous avons participé à la campagne contre l’Accord de Libre-Commerce (ALCA) entre 2003 et 2005, et il existe déjà une tradition de travail et d’analyse conjointe avec plusieurs organisations sociales et académiques qui forment aujourd’hui l’Observatoire du RIGI ».

La diversité des membres de l’Observatoire est une richesse, ajoute Ghiotto : « L’alliance s’est construite grâce à l’action d’organisations comme la FARN et le CELS, qui, dès 2024, ont joué un rôle actif dans les débats sur la Loi de Bases, dont fait partie le RIGI ». Ces débats ont cherché à mettre en évidence les impacts négatifs potentiels du régime sur l’environnement et les territoires.

Une fois la loi approuvée, poursuit-elle, « nous avons constaté la nécessité d’agir ensemble, à partir d’approches différentes, pour analyser les implications du RIGI ». Ce régime cherche à attirer des capitaux en offrant « des avantages fiscaux, douaniers, de change et de sécurité juridique » aux investisseurs. Chaque organisation de l’Observatoire apporte ses connaissances propres et sa capacité d’analyse sur les divers aspects du décret.

Bilan préliminaire : un RIGI en retard

Durant sa première année, le Régime d’Incitation a reçu 19 projets totalisant plus de 30 milliards de dollars. Sept d’entre eux, pour une valeur de 13,067 milliards de dollars, ont été approuvés, un a été rejeté et les autres sont encore à l’étude. Des chiffres cependant très éloignés des 40 milliards de dollars que Milei espérait attirer initialement.

Parmi les projets approuvés : deux concernent les hydrocarbures, deux l’exploitation minière, deux les énergies renouvelables et un la sidérurgie. D’après l’Observatoire, et selon une étude de l’Institut de Recherches Politiques de l’UNSAM et du CONICET, les principales initiatives dans le secteur des hydrocarbures visent la construction d’infrastructures d’exportation, concentrant les montants les plus élevés. Dans le secteur minier, le cuivre et le lithium dominent, avec des projets situés surtout dans les provinces de San Juan, Salta et Catamarca.



Le RIGI, précise Ghiotto, reflète l’orientation du gouvernement vers une réduction de l’intervention de l’État dans la gestion des biens communs, en donnant un rôle prépondérant au secteur privé. Cette vision est « alarmante », souligne-t-elle, car l’expansion des droits des investisseurs aura des répercussions sur la vie quotidienne des habitants des territoires concernés.

De plus, le RIGI ne prévoit aucun mécanisme de planification industrielle, ni de dispositions pour la protection environnementale ou sociale des écosystèmes et des communautés locales.

Quant à la création d’emplois, la promesse reste non tenue. Même dans les prévisions les plus optimistes du gouvernement, les investissements approuvés ne généreraient qu’un peu plus de mille emplois directs. Un chiffre encore plus limité en l’absence de plan d’industrialisation ou de développement de chaînes productives permettant un véritable impact économique durable pour les régions concernées.

Tout au service du grand capital

Selon le CELS, le RIGI s’inscrit dans la stratégie de Milei visant à « attirer des investissements extractifs grâce au démantèlement des protections légales des communautés autochtones et des producteurs locaux ».

Ainsi, « l’appareil d’État de sécurité est mobilisé pour contrôler les conflits socio-environnementaux par la surveillance, le suivi et la répression des résistances ».

Un exemple est la suppression par Milei de l’architecture institutionnelle qui protégeait les droits territoriaux des peuples autochtones. La principale mesure fut l’abrogation de la loi 26.160, adoptée en 2006, qui déclarait l’urgence territoriale autochtone, imposait au gouvernement de réaliser un recensement national des territoires communautaires et suspendait les expulsions.

Lorsque la loi a été abrogée fin 2024, moins de la moitié des territoires avaient été recensés. Le décret reconnaît l’existence de plus de 250 conflits territoriaux en suspens.

Autre cas critique relevé par le CELS : l’agriculture familiale. Dès son arrivée au pouvoir, Milei a licencié presque tous les employés de l’Institut National de l’Agriculture Familiale. Résultat : l’abandon des producteurs vivant dans des zones isolées, où seul cet organisme intervenait. En juillet 2025, Milei a abrogé par décret la plupart des articles de la Loi d’Agriculture Familiale Paysanne Autochtone, qui visait à renforcer ce secteur.

Cet abandon fragilise les producteurs et réduit leur capacité à résister aux tentatives d’expulsion, généralement initiées par de grands entrepreneurs locaux.

Le TNI alerte sur un autre danger : le mécanisme de règlement des différends investisseurs-États (ISDS), qui élargit les droits des investisseurs au détriment des États et ouvre la voie à des arbitrages internationaux coûteux. L’Argentine en a déjà fait les frais.

Plusieurs entreprises liées au RIGI (Rio Tinto, Chevron, Shell, Pan American Energy, entre autres) ont largement utilisé ce mécanisme pour exercer des pressions ou poursuivre des États au nom de leurs intérêts et profits potentiels.

« La combinaison du RIGI et de ces entreprises », souligne le TNI, « configure un scénario à haut risque pour la souveraineté réglementaire, les finances publiques et la capacité de l’État à prioriser les intérêts sociaux et environnementaux ».


Le lithium et le cuivre parmi les secteurs les plus convoités par les investissements étrangers. Photo Litium Triangle South America.

Gouvernement affaibli et conjoncture instable

Dans leur analyse du contexte politique argentin, les six organisations de l’Observatoire estiment que les investisseurs internationaux attendront probablement la fin des élections législatives d’octobre 2025 (renouvellement de la moitié de la Chambre des Députés et des deux tiers du Sénat) avant d’engager de gros capitaux.

Si le plan économique échoue et que les résultats électoraux sont défavorables, Milei aura du mal à attirer les investissements souhaités.

À cela s’ajoutent des tensions sociales, l’absence de participation citoyenne, le manque de mécanismes de reddition de comptes et la criminalisation des communautés locales. Un cocktail préoccupant pour des projets extractifs qui peuvent durer jusqu’à trente ans.

 « La liberté du capital »

Pour Ghiotto, le projet économique de Milei et de son parti anarco-libertaire est clair : « c’est le projet de la liberté du capital », dont l’objectif est de « drainer des investissements vers le secteur primaire-extractif, car [les dirigeants] considèrent que l’Argentine n’a rien d’autre à offrir au monde que ses ressources naturelles, à très bas prix et sans restrictions ».

Le RIGI est donc un instrument central, accompagné d’un Commandement Unifié de Sécurité Productive qui garantit aux investisseurs non seulement la sécurité juridique, mais aussi la sécurité physique de leurs capitaux.

C’est pourquoi le plan de Milei n’admet aucune protestation qui pourrait entraver le libre déploiement du capital. La véritable épreuve viendra lorsque commenceront les mobilisations et résistances contre certains projets extractifs approuvés. Ce sera alors le moment de mesurer la pression et le chantage exercés par le grand capital pour préserver ses énormes perspectives de gains.

Enfin, la conclusion que tire Ghiotto pour la région est sans appel :

« De cette manière, le RIGI argentin peut servir d’avertissement pour le reste des pays latino-américains sur les risques de cette nouvelle vague de cadres normatifs “favorables” aux investissements, qui élargissent encore le champ de protection des Traités Bilatéraux d’Investissement. »

07/08/2025

SERGIO FERRARI
Agroecology is profitable
The myth of low “organic” productivity falls

 Sergio Ferrari, 7/8/2025
Translated by Tlaxcala

A productive myth falls. Science proves that organic agriculture is effective. Criticism from large-scale conventional agriculture fades away.

Agroecology as a means of ensuring food sovereignty is one of the key proposals of La Vía Campesina

For decades, the debate on the present and future of agriculture has pitted two almost antagonistic visions against each other. On the one hand, the conventional model, focused on maximizing yields, which combines technology, agrochemicals, and huge monocultures. On the other, organic-bio or agroecological proposals, considered interesting but questioned for being “less productive.” Behind each vision are large-scale agro-export production and ecological alternatives defended, among others, by social movements in rural areas. 

Rigorous fieldwork conducted over 47 years on 97 organic plots in Therwil, Switzerland, jointly sponsored by the Research Institute of Organic Agriculture (FiBL) and the Swiss Confederation's center of excellence for agricultural research (Agroscope), concluded that these plots achieved, an average yield equivalent to 85% of that of conventional plots and that this difference depends largely on the type of crop analysed. For example, organic soybeans achieved similar levels to conventional soybeans, and slight differences were recorded in forage crops such as clover grass and silage corn, while the difference was greater in the case of organic wheat and potatoes.

According to this study, known as DOC (D for biodynamic, O for organic, and C for conventional), the large gap between organic and conventional production has to do with the environmental impact of each. In fact, organic farming uses 92% less pesticides and 76% less mineral nitrogen than conventional farming. In organic crops, the reduction in the use of nitrogen fertilizers is the main factor in a much lower climate impact. Excess nitrogen from fertilizers is converted into nitrous oxide, a gas with significant negative consequences for the climate.

As the study states, it is true that the reduction in the use of fertilizers and plant protection products leads to greater yield variation in organic systems than in conventional systems, resulting in less stable productivity. However, the risk of water and food contamination (for humans and animals) with harmful substances is significantly lower.

The 8th edition of the Peasant Festival in Rondônia, Brazil, in July 2025 brought together all the diversity and richness of traditional peoples. Photo REC UNIR Research and Extension Group

Prestigious organic farming certification

Conventional farming, also known as industrial or traditional agriculture, involves the intensive use of external inputs such as synthetic fertilizers, pesticides, and herbicides, as well as improved seeds to maximize production. These crops are the cornerstone of the agro-export model of transnational corporations, particularly those in the food and agrochemical industries. This model focuses on efficiency and high productivity through modern technologies applied to large areas dedicated to monoculture, i.e., the planting of a single species on a huge area. Examples include soybeans, eucalyptus, oil palm, pine, corn, and sugarcane.

In addition to the large number of researchers dedicated to the DOC project, its importance lies in its nearly half-century of comparative studies and systematic data collection. These are essential elements in this type of research because the effects of converting a conventional agricultural system to a biodynamic or organic one only become apparent after a long time. This long “waiting period” is due, among other factors, to the slow pace of soil transformation processes, such as the accumulation of stable organic matter. To date, some 140 specialized scientific publications, as well as numerous master’s and doctoral theses, have drawn on the systematic findings of the DOC. 

This study provides other equally relevant conclusions. In organically cultivated soils, for example, humus levels have been found to be approximately 16% higher, with up to 83% more activity from soil organisms than in conventional plots. This is undoubtedly a particularly positive effect for the soil, which is now better able to store more water and reduce the impact of erosion. (Study here)

Theses confirmed in the Global South

The DOC’s research has inspired similar initiatives in Switzerland, such as the FAST and Burgrain projects (promoted by Agroscope), as well as in other countries. For example, several long-term comparative trials of farming systems (or SysCom, for “System Comparison”) such as those conducted by FiBL in Bolivia (cocoa cultivation), India (cotton), and Kenya (a wider range of staple foods, mainly corn and potatoes).

Other practical experiences in Africa confirm the optimistic conclusions of the DOC study on organic production. The Swiss non-governmental organization SWISSAID, with its local partner in Tanzania, has promoted a research project that has conclusively confirmed the benefits of the economic mechanisms identified by the Therwil study.


The agroecological center managed by the Tet Kole Movement in Haiti produces hundreds of seeds that are distributed to local farmers. Photo Rodrigo Durão, Brasil de Fato

In a recent article, SWISSAID concluded that “after five years of transition, farmers participating in the CROPS4HD project have massively reduced their expenditure on external inputs.” This project aims to improve food quality and overall agricultural resilience by taking advantage of “orphan” or underutilized crops that nevertheless perform very well in marginal environments and also have high nutritional value.

Economic analysis reveals that, paradoxically, conventional farms have higher production costs per hectare due to their dependence on chemical fertilizers and pesticides, confirming the economic trap of excessive profits in agribusiness. SWISSAID explains that organic production redistributes profits among farmers, not among shareholders of transnational corporations and publicly traded agricultural companies. In the case of Tanzania, the farms that have made the most progress in the agroecological transition process have lower costs and higher net incomes, confirming that the relatively lower yield of 15% is more than offset by the benefits that remain in the hands of the producers. This economic reappropriation is accompanied by strategic diversification: the project develops “orphan” species, i.e., species with little or no plant breeding and no current export prospects, but which are very important for local food sovereignty, such as amaranth, millet, fonio, and Bambara beans. In this way, new locally controlled value chains have been created.

This relative productive independence is not only an advantage for the environment; it is also a fundamental lever for a different form of economic power at the service of direct farmers. In the conventional system, farmers are often the weak link in a value chain that is larger than themselves. As a result, they are subject to the volatility of fertilizer and pesticide prices, a market controlled by a handful of multinationals, while also suffering pressure from supermarkets on the selling prices of their own products. Much of the value these farmers generate is captured by their suppliers, processors, and distributors.


Women farmers in Tanzania use simple technologies to assess the growth of local crops. Photo SWISSAID

In a world facing climate change, biodiversity loss, and market volatility, the promoters of this project in Tanzania believe that farmers’ resilience and autonomy are no longer options but imperatives. This is especially true in the most vulnerable countries of the South, where every disruption in supply chains exacerbates food insecurity among the population.

The disqualifications are melting away. The myth that equates organic with higher costs is beginning to fade. And organic is being projected not only as healthy and environmentally friendly, but also as accessible to the popular economy.

SERGIO FERRARI
L’agroécologie est rentable
Le mythe de la faible productivité “bio” s’effondre

 Sergio Ferrari, 7/8/2025
Traduit par Tlaxcala

Un mythe productif s’effondre. La science prouve que l’agriculture biologique est efficace. Les critiques formulées par la grande production agricole conventionnelle s’évanouissent.

L’agroécologie comme moyen d’assurer la souveraineté alimentaire est l’une des propositions essentielles de La Vía Campesina

Pendant des décennies, le débat sur le présent et l’avenir de l’agriculture a opposé deux visions presque antagonistes. D’un côté, le modèle conventionnel, axé sur la maximisation des rendements, qui combine technologie, agrochimie et immenses monocultures. De l’autre, les propositions biologiques ou agroécologiques, considérées comme intéressantes, mais remises en question parce que « moins productives ». Derrière ces deux visions se cachent la grande production agro-exportatrice et les alternatives écologiques défendues, entre autres, par les mouvements sociaux du monde rural.

Un travail de terrain rigoureux mené pendant 47 ans sur 97 parcelles biologiques à Therwil, en Suisse, sous l’égide conjointe de l’Institut de recherche en agriculture biologique (FiBL, selon son acronyme allemand) et du Centre de compétence de la Confédération helvétique dans le domaine de la recherche agronomique et agroalimentaire (Agroscope), a conclu que celles-ci ont atteint, en moyenne, un niveau de rendement équivalent à 85 % de celui des parcelles conventionnelles et que cette différence dépendait, dans une large mesure, du type de culture analysé. Ainsi, par exemple, le soja biologique a atteint des niveaux similaires à ceux du soja conventionnel et de légères différences ont été enregistrées pour les cultures fourragères, telles que le trèfle et le maïs d’ensilage, tandis que la différence était plus importante pour le blé et la pomme de terre biologiques.

Selon cette étude, connue sous le nom de DOC (D pour biodynamique, O pour bio-organique et C pour conventionnel), le fossé qui sépare la production biologique de la production conventionnelle est lié à l’impact environnemental de l’une et de l’autre. En effet, l’agriculture biologique utilise 92 % moins de pesticides et 76 % moins d’azote minéral que l’agriculture conventionnelle. Dans les cultures biologiques, la réduction de l’utilisation d’engrais azotés est le principal facteur d’un impact climatique beaucoup plus faible. L’excès d’azote des engrais se transforme en oxyde nitreux, un gaz aux conséquences négatives importantes pour le climat.

Comme l’affirme cette étude, il est vrai que la réduction de l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires entraîne une plus grande variation des rendements dans les systèmes biologiques que dans les systèmes conventionnels, ce qui se traduit par une productivité moins stable. Cependant, le risque de contamination de l’eau et des aliments (pour les humains et les animaux) par des substances nocives est nettement moindre. 


La 8e édition du Festival paysan de Rondônia, au Brésil, en juillet 2025, a réuni toute la diversité et la richesse des peuples traditionnels. Photo Groupe de recherche et de vulgarisation REC UNIR

Prestigieuse certification de l’agriculture biologique

Les cultures conventionnelles, également connues sous le nom d’agriculture industrielle ou traditionnelle, impliquent l’utilisation intensive d’intrants externes, tels que des engrais synthétiques, des pesticides et des herbicides, ainsi que des semences améliorées afin de maximiser la production. Ces cultures sont le pilier essentiel du modèle agro-exportateur des multinationales, en particulier celles du secteur alimentaire et agrochimique. Ce modèle mise sur l’efficacité et la productivité élevée grâce à des technologies modernes appliquées à de grandes surfaces consacrées à la monoculture, c’est-à-dire la plantation d’une seule espèce sur une immense superficie. Par exemple, entre autres, le soja, l’eucalyptus, le palmier à huile, le pin, le maïs ou la canne à sucre.

Les cultures conventionnelles, également connues sous le nom d’agriculture industrielle ou traditionnelle, impliquent l’utilisation intensive d’intrants externes, tels que des engrais synthétiques, des pesticides et des herbicides, ainsi que des semences améliorées afin de maximiser la production. Ces cultures sont le pilier essentiel du modèle agro-exportateur des multinationales, en particulier celles du secteur alimentaire et agrochimique. Ce modèle mise sur l’efficacité et la productivité élevée grâce à des technologies modernes appliquées à de grandes surfaces consacrées à la monoculture, c’est-à-dire la plantation d’une seule espèce sur une immense superficie. Par exemple, entre autres, le soja, l’eucalyptus, le palmier à huile, le pin, le maïs ou la canne à sucre.

Outre le grand nombre de chercheurs qui se consacrent au projet DOC, son importance réside dans près d’un demi-siècle d’études comparatives et dans l’accumulation systématique de données. Ces éléments sont essentiels dans ce type de recherche, car les effets de la conversion d’un système agricole conventionnel en un système biodynamique ou biologique ne deviennent évidents qu’après un long laps de temps. Cette longue période « d’attente » s’explique, entre autres, par la lenteur des processus de transformation du sol, tels que l’accumulation de matière organique stable. À ce jour, quelque 140 publications scientifiques spécialisées, ainsi que de nombreuses thèses de maîtrise et de doctorat, se sont inspirées des conclusions systématiques du DOC.

Cette étude apporte d’autres conclusions tout aussi pertinentes. Dans les sols cultivés biologiquement, par exemple, on a identifié des niveaux d’humus environ 16 % plus élevés et jusqu’à 83 % d’activité supplémentaire des organismes du sol par rapport aux parcelles conventionnelles. Il s’agit sans aucun doute d’un effet particulièrement positif pour le sol, qui est désormais mieux à même de stocker davantage d’eau et de réduire l’impact de l’érosion (Étude ici)

Thèses confirmées dans le Sud global

Les recherches du DOC ont inspiré des initiatives similaires en Suisse, comme les projets FAST et Burgrain (promus par Agroscope), ainsi que dans d’autres pays. Par exemple, plusieurs essais comparatifs de systèmes de culture à long terme (ou SysCom, pour « comparaison de systèmes ») tels que ceux réalisés par FiBL en Bolivie (culture du cacao), en Inde (coton) et au Kenya (une gamme plus large de denrées alimentaires de base, principalement le maïs et la pomme de terre).

D’autres expériences pratiques en Afrique confirment les conclusions optimistes de l’étude DOC sur la production biologique. L’organisation non gouvernementale suisse SWISSAID, en collaboration avec son partenaire local en Tanzanie, a lancé un projet de recherche qui a clairement confirmé les avantages des mécanismes économiques identifiés par l’étude de Therwil.


Le centre agroécologique géré par le Mouvement Tet Kole en Haïti produit des centaines de semences qui sont distribuées aux agriculteurs locaux. Photo Rodrigo Durão, Brasil de Fato

Dans un article récent, SWISSAID a conclu qu’« après cinq ans de transition, les agriculteurs participant au projet CROPS4HD ont considérablement réduit leurs dépenses en intrants externes ». Ce projet vise à améliorer la qualité des aliments et la résilience agricole en général en exploitant des cultures « orphelines », ou sous-utilisées, mais qui réagissent très bien dans des environnements marginaux et ont en outre une haute valeur nutritionnelle.

L’analyse économique révèle que, paradoxalement, les exploitations conventionnelles ont les coûts de production à l’hectare les plus élevés en raison de leur dépendance aux engrais et pesticides chimiques, ce qui confirme le piège économique des profits excessifs de l’agro-industrie. SWISSAID explique que la production biologique redistribue les bénéfices entre les agriculteurs, et non entre les actionnaires des multinationales et les entreprises agricoles cotées en bourse. Dans le cas de la Tanzanie, les exploitations qui ont le plus avancé dans le processus de transition agroécologique affichent des coûts moindres et des revenus nets plus élevés, ce qui confirme que le rendement relativement inférieur de 15 % est largement compensé par les bénéfices qui restent entre les mains des producteurs. Cette réappropriation économique s’accompagne d’une diversification stratégique : le projet développe des espèces « orphelines », c’est-à-dire peu ou pas améliorées sur le plan végétal et sans perspective actuelle d’exportation, mais très importantes pour la souveraineté alimentaire locale, comme l’amarante, le millet, le fonio et le pois bambara. De cette manière, de nouvelles chaînes de valeur contrôlées localement ont été créées.

Cette relative indépendance productive n’est pas seulement un avantage pour l’environnement ; elle constitue également un levier fondamental pour une forme différente de pouvoir économique au service des agriculteurs directs. Dans le système conventionnel, les agriculteurs sont souvent le maillon faible d’une chaîne de valeur qui les dépasse. Ils sont donc soumis à la volatilité des prix des engrais et des pesticides, un marché contrôlé par une poignée de multinationales, tout en subissant la pression des supermarchés sur les prix de vente de leurs propres produits. Une grande partie de la valeur générée par ces agriculteurs est captée par leurs fournisseurs, les transformateurs et les distributeurs.


Des agricultrices tanzaniennes utilisent des technologies simples pour évaluer la croissance des produits locaux. Photo SWISSAID

Dans un monde confronté au changement climatique, à l’érosion de la biodiversité et à la volatilité des marchés, les promoteurs de ce projet en Tanzanie considèrent que la résilience et l’autonomie des agriculteurs ne sont plus des options, mais des impératifs. Cela est particulièrement vrai dans les pays les plus vulnérables du Sud, où chaque perturbation des chaînes d’approvisionnement aggrave l’insécurité alimentaire de la population.

Les préjugés s’estompent. Le mythe selon lequel le bio est synonyme de coûts plus élevés commence à s’effacer. Et le bio est désormais considéré non seulement comme un produit sain et respectueux de l’environnement, mais aussi comme accessible à l’économie populaire.

SERGIO FERRARI
La agroecología es rentable
Cae el mito de la baja productividad “bio”

Sergio Ferrari, 7-8-2025

 

Se cae un mito productivo. La ciencia prueba que la agricultura orgánica es eficaz. Las críticas lanzadas por la gran producción agrícola convencional se desvanecen.

La agroecología como medio de asegurar la soberanía alimentaria es una de las propuestas esenciales de La Vía Campesina 

Durante décadas, el debate sobre el presente-futuro de la agricultura ha confrontado dos visiones casi antagónicas. Por un lado, el modelo convencional, centrado en maximizar los rendimientos, para lo cual une tecnología, agroquímicos e inmensos monocultivos. Por el otro, las propuestas orgánicas-bio o agroecológicas, consideradas interesantes, pero cuestionadas por ser “menos productivas”.  Detrás de una y otra visión se ubican la gran producción agroexportadora y las alternativas ecológicas defendidas, entre otros, por los movimientos sociales del mundo rural.

Un riguroso trabajo de campo de 47 años en 97 parcelas orgánicas en Therwil, Suiza, auspiciado conjuntamente por el Instituto de Investigación de Agricultura Orgánica (FiBL, su sigla en alemán) y el Centro Federal de Competencia Agrícola (Agroscope), concluyó que las mismas lograron, en promedio, un nivel de rendimiento equivalente al 85% del de las parcelas convencionales y que dicha diferencia depende, en gran medida, del tipo de cultivo analizado. Así, por ejemplo, la soja orgánica alcanzó niveles similares a los de la soja convencional y se registraron ligeras diferencias en cultivos forrajeros, como el pasto de trébol y el maíz para ensilaje, mientras que la diferencia fue mayor en el caso del trigo y la papa orgánicos.

Según este estudio, conocido como DOC (D por bioDinámico, O por bioOrgánico y C por Convencional), la gran brecha que separa la producción orgánica de la convencional tiene que ver con la repercusión ambiental de una y otra. En efecto, la orgánica utiliza un 92% menos de pesticidas y un 76% menos de nitrógeno mineral que la convencional. En los cultivos orgánicos la reducción del uso de fertilizantes nitrogenados es el principal factor de un mucho menor impacto climático. El exceso de nitrógeno de los fertilizantes se convierte en óxido nitroso, un gas con impactantes consecuencias negativas para el clima.

Como afirma dicho estudio, es cierto que la reducción en el uso de fertilizantes y productos fitosanitarios produce más variación del rendimiento en los sistemas orgánicos que en los convencionales, lo que determina una productividad menos estable. Sin embargo, el riesgo de contaminación del agua y los alimentos (para los seres humanos y los animales) con sustancias nocivas es significativamente menor.


La 8va edición del Festival Campesino en Rondônia, Brasil, en julio de 2025 reunió toda la diversidad y riqueza de los pueblos tradicionales. Foto_ Grupo de Investigación y Extensión REC_UNIR

Prestigiosa certificación de la agricultura orgánica

Los cultivos convencionales, conocidos también como agricultura industrial o tradicional, incorporan el uso intensivo de insumos externos, como fertilizantes sintéticos, pesticidas y herbicidas, así como semillas mejoradas para maximizar la producción. Estos cultivos son el pilar esencial del modelo agroexportador de las transnacionales, en particular las de alimentos y agroquímicos. Modelo que apuesta a la eficiencia y la alta productividad mediante modernas tecnologías aplicadas a grandes superficies dedicadas a monocultivos, es decir, la plantación de un solo tipo de especie en una enorme superficie. Por ejemplo, entre otras, soja, eucalipto, palma aceitera, pino, maíz o caña de azúcar.

Además del gran número de investigadores dedicados al proyecto DOC, su importancia radica en su casi medio siglo de estudios comparativos y su acumulación sistemática de datos. Elementos esenciales en este tipo de investigaciones debido a que los efectos resultantes de la conversión de un sistema agrícola convencional en uno biodinámico u orgánico solo se hacen evidentes después de mucho tiempo. Este prolongado periodo “de espera” responde, entre otros factores, a la lentitud de los procesos de transformación del suelo, como la acumulación de materia orgánica estable. Hasta el presente, unas 140 publicaciones científicas especializadas, así como numerosas tesis de maestría y doctorado, se han nutrido de los hallazgos sistemáticos del DOC.

Este estudio aporta otras conclusiones no menos relevantes. En suelos cultivados orgánicamente, por ejemplo, se han identificado niveles de humus aproximadamente 16% más altos, y hasta con un 83% más de actividad de los organismos del propio terreno, que en las parcelas convencionales. Sin la menor duda, un efecto particularmente positivo para el suelo, ahora en mejores condiciones de almacenar más agua y reducir el impacto de la erosión (Estudio aquí)

Tesis confirmadas en el Sur Global

 Las investigaciones del DOC ha inspirado iniciativas similares en Suiza, como los proyectos FAST y Burgrain (promovidos por Agroscope), así como en otras naciones. Por ejemplo, varios ensayos comparativos de sistemas de cultivo a largo plazo (o SysCom, por “Comparación de Sistemas) como los realizados por FiBL en Bolivia (cultivo del cacao), India (algodón) y Kenia (una gama más amplia de alimentos básicos, fundamentalmente, maíz y papa).

Otras experiencias prácticas en África confirman las conclusiones optimistas del estudio DOC sobre producción orgánica. La Organización No Gubernamental helvética SWISSAID, con su contraparte local en Tanzania, impulsaron un proyecto investigativo que ha confirmado de forma contundente los beneficios de los mecanismos económicos identificados por el estudio en Therwil.


El centro agroecológico gestionado por el Movimiento Tet Kole en Haití produce cientos de semillas que se transmiten a los agricultores locales. Foto Rodrigo Durão_Brasil de Fato

En un artículo reciente, SWISSAID concluyó que “tras cinco años de transición, los agricultores que participan en el proyecto CROPS4HD han reducido masivamente sus gastos en insumos externos”. Este proyecto apunta a mejorar la calidad de los alimentos y la resiliencia agrícola en general mediante el aprovechamiento de cultivos “huérfanos”, o infrautilizados, pero que de todas maneras responden muy bien en ambientes marginales y además poseen un alto valor nutricional.

El análisis económico revela que, paradójicamente, las explotaciones convencionales tienen los costos de producción por hectárea más elevados debido a su dependencia de fertilizantes y pesticidas químicos, lo que confirma la trampa económica de las ganancias desmedidas de la agroindustria. SWISSAID explica que la producción ecológica redistribuye los beneficios entre los agricultores, no entre los accionistas de las transnacionales y las empresas agropecuarias que cotizan en la bolsa. En el caso de Tanzania, las explotaciones que más han avanzado en el proceso de transición agroecológica resultan de menores costos y mayores ingresos netos, lo cual confirma que el relativo menor rendimiento de un 15% se ve ampliamente compensado por los beneficios que quedan en manos de los productores. Esta reapropiación económica va acompañada de una diversificación estratégica: el proyecto desarrolla especies “huérfanas”, es decir con poco o ningún mejoramiento vegetal y sin perspectiva actual de exportación, pero muy importantes para la soberanía alimentaria local, como el amaranto, el mijo, el fonio y el guisante bambara. De esta manera se han ido creando nuevas cadenas de valor controladas localmente.

Esta relativa independencia productiva no sólo representa una ventaja para el medio ambiente; además constituye una palanca fundamental de una forma diferente de poder económico al servicio de los agricultores directos. En el sistema convencional, a menudo los agricultores son el eslabón débil de una cadena de valor que es más grande que ellos. En consecuencia, quedan sometidos a la volatilidad de los precios de los fertilizantes y pesticidas, un mercado controlado por un puñado de multinacionales, al tiempo que sufren la presión de los supermercados sobre los precios de venta de sus propios productos. Gran parte del valor que estos agricultores generan es capturado por sus proveedores, los procesadores y los distribuidores.


Agricultoras de Tanzania utilizan tecnologías simples para evaluar el crecimiento de productos locales. Foto SWISSAID

En un mundo que se enfrenta con el cambio climático, la erosión de la biodiversidad y la volatilidad de los mercados, los promotores de este proyecto en Tanzania consideran que la resiliencia y la autonomía de los agricultores ya no son opciones, sino imperativos. Sobre todo, en los países más vulnerables del Sur, donde cada perturbación de las cadenas de suministro agrava la inseguridad alimentaria de la población.

Las descalificaciones se derriten. El mito que asimila lo orgánico con mayores costos empieza a desvanecerse. Y lo orgánico se proyecta no solo como algo saludable y defensor del medioambiente, sino también como accesible para la economía popular.