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13/10/2025

From one to another Nobel
Open Letter from Adolfo Pérez Esquivel to María Corina Machado

Adolfo Pérez Esquivel, Página12, 13/10 /2025
Translated by Tlaxcala

 


I send you the greeting of Peace and Good, so greatly needed by humanity and by peoples living amid poverty, conflict, war, and hunger.
This open letter is meant to express and share a few reflections.

I was surprised by your designation as Nobel Peace Prize laureate, awarded by the Nobel Committee. It brought back memories of the struggles against dictatorships across our continent and in my own country — the military dictatorships we endured from 1976 to 1983. We resisted prisons, torture, and exile, with thousands of disappeared persons, abducted children, and the death flights, of which I am a survivor.

In 1980, the Nobel Committee awarded me the Nobel Peace Prize. Forty-five years have passed, and we continue working in service of the poorest, alongside the peoples of Latin America. In their name, I accepted that high distinction — not for the prize itself, but for the commitment shared with the peoples who struggle and hope to build a new dawn.
Peace is built day by day, and we must be consistent between what we say and what we do.

At 94, I remain a student of life, and your social and political stances concern me. Therefore, I send you these reflections.

The Venezuelan government is a democracy with its lights and shadows. Hugo Chávez charted the path of freedom and sovereignty for his people and fought for continental unity — a reawakening of the Great Homeland. The United States attacked him constantly: it cannot allow any country in the Americas to escape its orbit and colonial dependence. It still views Latin America as its “backyard.”
The U.S. blockade against Cuba, lasting over 60 years, is an attack on freedom and the rights of peoples. The Cuban people’s resistance stands as a lesson in dignity and strength.

I am astonished by how tightly you cling to the United States: you must know that it has no allies or friends — only interests.
The dictatorships imposed in Latin America were orchestrated to serve its aims of domination, destroying the social, cultural, and political life of peoples striving for freedom and self-determination.
We, the peoples, resist and fight for our right to be free and sovereign, and not colonies of the United States.

The government of Nicolás Maduro lives under the constant threat of the United States and its blockade — one need only recall the U.S. naval forces stationed in the Caribbean and the danger of invasion.
You have not uttered a word, nor condemned this interference by a great power against Venezuela. Yet the Venezuelan people are ready to face the threat.

Corina, I ask you: why did you call on the United States to invade Venezuela?
Upon learning of your Nobel Peace Prize, you dedicated it to Trump — the aggressor of your own country, the man who lies and accuses Venezuela of being a narco-state, a falsehood akin to George Bush’s claim that Saddam Hussein possessed “weapons of mass destruction.”
That was the pretext to invade Iraq, plunder it, and cause thousands of deaths among women and children.
I was in Baghdad at the end of the war, in a children’s hospital, and saw with my own eyes the destruction and death caused by those who proclaim themselves defenders of freedom.
The worst form of violence is the lie.

Do not forget, Corina, that Panama was invaded by the United States, causing death and destruction to capture a former ally, General Noriega.
The invasion left 1,200 dead in Los Chorrillos.
Today, the U.S. once again seeks to reclaim control of the Panama Canal.
It is a long list of U.S. interventions and suffering inflicted upon Latin America and the world.
The veins of Latin America remain open, as Eduardo Galeano once wrote.

I am troubled that you dedicated your Nobel not to your people, but to the aggressor of Venezuela.
I believe, Corina, you must reflect and understand where you stand — whether you are merely another piece in the U.S. colonial system, submissive to its interests of domination, which can never serve the good of your people.
As an opponent of the Maduro government, your stances and choices create much uncertainty, especially when you call for a foreign invasion of your homeland.

Remember that building peace requires great strength and courage for the good of your people — a people I know and deeply love.
Where once there were shantytowns clinging to the hills, surviving in poverty and destitution, there are now decent homes, healthcare, education, and culture.
The dignity of a people cannot be bought or sold.

Corina, as the poet* says:

“Traveler, there is no path; the path is made by walking.”

You now have the chance to work for your people and build peace, not provoke greater violence.
One evil cannot be cured by a greater evil: we would have two evils and never a solution.

Open your mind and your heart to dialogue, to meeting your people.
Empty the jug of violence and build peace and unity among your people, so that the light of freedom and equality may finally enter.

*Another Machado, named Antonio (no relation to Mrs. María Corina) [Transl. n.]

De Nobel à Nobel
Lettre ouverte d’Adolfo Pérez Esquivel à María Corina Machado

Adolfo Pérez Esquivel, Página12, 13/10 /2025
Traduit par Tlaxcala



Je t’adresse le salut de Paix et de Bien, dont l’humanité et les peuples plongés dans la pauvreté, les conflits, les guerres et la faim ont tant besoin. Cette lettre ouverte vise à t’exprimer et à partager quelques réflexions.

J’ai été surpris par ta désignation comme Prix Nobel de la paix, attribué par le Comité Nobel. Cela m’a rappelé les luttes contre les dictatures sur notre continent et dans mon propre pays — les dictatures militaires que nous avons subies de 1976 à 1983. Nous avons résisté aux prisons, à la torture et à l’exil, avec des milliers de disparus, des enfants enlevés, et les vols de la mort, dont je suis moi-même un survivant.

En 1980, le Comité Nobel m’a décerné le Prix Nobel de la paix. Quarante-cinq ans ont passé, et nous continuons à œuvrer au service des plus pauvres, aux côtés des peuples latino-américains. Au nom de tous ceux-là, j’ai accepté cette haute distinction — non pour le prix en soi, mais pour l’engagement partagé avec les peuples qui luttent et espèrent construire un nouvel horizon.
La paix se construit jour après jour, et nous devons être cohérents entre nos paroles et nos actes.

À mes 94 ans, je demeure un apprenti de la vie, et ta posture, tes décisions sociales et politiques m’inquiètent. Je t’envoie donc ces réflexions.

Le gouvernement vénézuélien est une démocratie, avec ses lumières et ses ombres. Hugo Chávez a tracé la voie de la liberté et de la souveraineté du peuple, et il a lutté pour l’unité du continent — un réveil de la grande patrie latino-américaine. Les USA l’ont constamment attaqué: ils ne peuvent tolérer qu’un pays du continent échappe à leur orbite et à leur dépendance coloniale. Ils continuent de considérer l’Amérique latine comme leur « arrière-cour ».
Le blocus imposé à Cuba depuis plus de 60 ans est une attaque contre la liberté et les droits des peuples. La résistance du peuple cubain demeure un exemple de dignité et de force.

Je m’étonne de voir à quel point tu t’accroches aux USA: tu devrais savoir qu’ils n’ont ni alliés ni amis, seulement des intérêts.
Les dictatures imposées en Amérique latine ont été orchestrées au service de leurs intérêts de domination, détruisant la vie et le tissu social, culturel et politique des peuples qui luttent pour leur liberté et leur autodétermination.
Nous les peuples, nous résistons et nous luttons pour le droit d’être libres et souverains, et non des colonies des USA.

Le gouvernement de Nicolás Maduro vit sous la menace constante des USA et du blocus — il suffit de rappeler la présence des forces navales usaméricaines dans la Caraïbe et le danger d’une invasion.
Tu n’as pas dit un mot, ni condamné cette ingérence d’une grande puissance contre le Venezuela. Pourtant, le peuple vénézuélien est prêt à affronter la menace.

Corina, je te demande : pourquoi as-tu appelé les USA à envahir le Venezuela ?
Lorsqu’on a annoncé que tu avais reçu le Prix Nobel de la paix, tu l’as dédié à Trump — l’agresseur de ton propre pays, celui qui ment et accuse le Venezuela d’être un État narcotrafiquant, un mensonge semblable à celui de George Bush, qui accusa Saddam Hussein de détenir des « armes de destruction massive ».
Ce fut le prétexte pour envahir l’Irak, le piller et provoquer des milliers de morts, de femmes et d’enfants.
J’étais à Bagdad à la fin de la guerre, dans un hôpital pour enfants, et j’ai vu la destruction et les morts causées par ceux qui se proclament défenseurs de la liberté.
La pire des violences est le mensonge.

N’oublie pas, Corina, que le Panama fut envahi par les USA, provoquant morts et destructions pour capturer un ancien allié, le général Noriega.
L’invasion fit 1 200 morts à Los Chorrillos.
Aujourd’hui, les USA cherchent à nouveau à s’emparer du canal de Panama.
C’est une longue liste d’interventions et de souffrances infligées à l’Amérique latine et au monde par les USA .
Les veines de l’Amérique latine restent ouvertes, comme l’écrivait Eduardo Galeano.

Je suis troublé que tu aies dédié le Nobel non pas à ton peuple, mais à l’agresseur du Venezuela.
Je crois, Corina, que tu dois réfléchir et comprendre où tu te tiens : es-tu une pièce de plus dans le système colonial des USA, soumise à leurs intérêts de domination — ce qui ne peut jamais être au bénéfice de ton peuple ?
En tant qu’opposante au gouvernement de Maduro, tes positions et tes choix suscitent beaucoup d’incertitudes, surtout lorsque tu en viens à appeler une puissance étrangère à envahir ton pays.

Il faut se souvenir que construire la paix demande force et courage, au service de ton peuple — un peuple que je connais et que j’aime profondément.
Là où il y avait jadis des bidonvilles dans les collines, vivant dans la pauvreté et la misère, il y a aujourd’hui des logements décents, des soins, de l’éducation et de la culture.
La dignité d’un peuple ne s’achète ni ne se vend.

Corina, comme le dit le poète* :

« Voyageur, il n’existe pas de chemin ; le chemin se fait en marchant. »

Tu as aujourd’hui la possibilité de travailler pour ton peuple et de construire la paix, non de provoquer davantage de violence.
Un mal ne se résout jamais par un mal plus grand : on n’aura alors que deux maux, et jamais la solution du conflit.

Ouvre ton esprit et ton cœur au dialogue, à la rencontre de ton peuple.
Vide le baril de la violence et construis la paix et l’unité de ton peuple, pour que la lumière de la liberté et de l’égalité puisse enfin entrer.

*Un autre Machado, prénommé Antonio (aucun lien avec Mme María Corina) [NdT]

12/10/2025

Rejet de la décision du Comité Nobel d’attribuer le Prix de la Paix à María Corina Machado

Nous, soussigné·es, réprouvons la décision du Comité Nobel d’attribuer le Prix de la Paix à María Corina Machado, et considérons cette décision comme un acte qui promeut la guerre en Amérique latine et encourage le terrorisme.

Nous pensons qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence si cette décision a été prise au moment où une flotte américaine stationnée dans les Caraïbes menace le Venezuela.
La décision d’exalter une figure comme celle de María Corina Machado fait partie de l’offensive médiatique destinée à préparer l’opinion publique mondiale à l’arrivée de la guerre en Amérique latine.

Ceux qui ont pris cette décision ne sont ni innocents ni confus.
Ils mettent en avant une personnalité impliquée dans toutes les tentatives de coup d’État, dans des activités terroristes, qui a plaidé en faveur d’une agression militaire contre le Venezuela, et qui incarne le pire de la droite vénézuélienne — liée directement au sionisme international, ayant expressément soutenu le génocide contre le peuple palestinien, et à l’aile belliciste du gouvernement Trump, dirigée par Marco Rubio.

Cinq cents ans après l’invasion du continent américain, les gouvernements européens et des institutions comme le Comité Nobel réaffirment, par de tels actes, leurs pratiques colonialistes et racistes.

Nous, signataires de cette déclaration — qui avons défendu la Révolution bolivarienne et qui, ces dernières années, avons pu diverger sur la politique du gouvernement Maduro — réaffirmons aujourd’hui notre soutien à sa décision de mobiliser et d’armer le peuple face à l’agression impérialiste.

Pour nous, il n’existe pas d’autre position que d’accompagner le peuple vénézuélien dans sa décision de défendre sa souveraineté et son gouvernement.

 👉Découvrez les premières signatures et ajoutez la vôtre

Rejection of the Nobel Committee’s Decision to Award the Peace Prize to María Corina Machado

We, the undersigned, reject the decision of the Nobel Committee to award the Peace Prize to María Corina Machado, and we consider this decision an act that promotes war in Latin America and encourages terrorism.

We believe it is no coincidence that this decision was made at a time when a U.S. fleet stationed in the Caribbean threatens Venezuela. The decision to exalt a figure such as María Corina Machado is part of the media offensive preparing world public opinion to bring war to Latin America.

Those who made this decision are neither innocent nor confused. They are promoting a figure who has been involved in every attempted coup d’état, in terrorist activities, who has openly called for military aggression against Venezuela, and who represents the worst of the Venezuelan right — directly linked to international Zionism, having explicitly supported the genocide against the Palestinian people, and to the warlike wing of the Trump administration, led by Marco Rubio.

Five hundred years after the invasion of the Americas, European governments and institutions such as the Nobel Committee reaffirm through such acts their colonialist and racist practices.

We, the undersigned — who have upheld the Bolivarian Revolution and, in recent years, have held differing opinions regarding the Maduro government — today reaffirm our support for its decision to mobilize and arm the people in the face of imperialist aggression.

For us, there is no other stance than to support the Venezuelan people’s decision to rise up and defend their sovereignty and their government.

👉See first signatures and add yours

Avvisning av Nobelkomiteens beslutning om å tildele fredsprisen til María Corina Machado

Vi undertegnede avviser Nobelkomiteens beslutning om å tildele fredsprisen til María Corina Machado, og vi betrakter denne beslutningen som en handling som fremmer krig i Latin-Amerika og oppmuntrer til terrorisme.

Vi mener det ikke er noen tilfeldighet at beslutningen ble tatt akkurat nå, når en amerikansk flåte stasjonert i Karibia truer Venezuela. Beslutningen om å hylle en figur som María Corina Machado er en del av den mediale offensiven som forbereder verdensopinionen på å bringe krigen til Latin-Amerika.

De som har tatt denne beslutningen, er verken uskyldige eller forvirrede. De fremmer en person som har vært involvert i alle forsøk på statskupp, i terrorhandlinger, som har uttalt seg til fordel for militær aggresjon mot Venezuela, og som representerer det verste av den venezuelanske høyresiden — direkte knyttet til internasjonal sionisme, med eksplisitt støtte til folkemordet mot det palestinske folk, og til den krigerske fløyen av Trumps regjering, ledet av Marco Rubio.

Fem hundre år etter invasjonen av Amerika bekrefter europeiske regjeringer og institusjoner som Nobelkomiteen gjennom slike handlinger sine kolonialistiske og rasistiske praksiser.

Vi som undertegner denne erklæringen — som har forsvart den bolivariske revolusjonen og de siste årene hatt ulike meninger om Maduro-regjeringen — bekrefter i dag vår støtte til dens beslutning om å mobilisere og bevæpne folket mot den imperialistiske aggresjonen.

For oss finnes det ingen annen holdning enn å støtte det venezuelanske folkets beslutning om å reise seg og forsvare sin suverenitet og sin regjering.

👉Se de første underskriftene og legg til din egen

Repudio a la decisión del Comité Nobel de otorgar el Premio de la Paz a María Corina Machado

Los abajo firmantes repudiamos la decisión del Comité Nobel de otorgar el Premio de la Paz a María Corina Machado y calificamos esta decisión como un acto que promueve la guerra en Latinoamérica y alienta el terrorismo. 
Pensamos que no es casual que se haya tomado esa decisión cuando una flotilla estadounidense estacionada en el Caribe amenaza a Venezuela. La decisión de enaltecer a una figura como la de María Corina Machado es parte de la ofensiva mediática con que se está preparando a la opinión pública mundial para traer la guerra a América Latina. Quienes la han tomado no son inocentes ni están confundidos. 
Se promueve una figura que estuvo vinculada a todos los intentos de golpe de Estado, a actividades terroristas, que ha declarado en favor de la agresión militar contra Venezuela y que expresa a lo peor de la derecha venezolana, vinculada directamente al sionismo internacional, habiendo apoyado expresamente el genocidio contra el pueblo palestino, y al ala guerrerista del gobierno de Trump, encabezada por Marco Rubio. 
Quinientos años después de la invasión a América, los gobiernos europeos e instituciones como el Comité Nobel reafirman con estos actos sus prácticas colonialistas y racistas. Quienes firmamos esta declaración, que hemos reivindicado a la Revolución bolivariana y en los últimos años hemos tenido distintas opiniones con respecto al gobierno de Maduro, hoy reivindicamos su decisión de movilizar y armar al pueblo frente a la agresión imperialista. Para nosotros no hay otra postura que acompañar la decisión del pueblo venezolano de salir a defender su soberanía y su gobierno.

25/09/2025

GERALDINA COLOTTI
Italie : la révolution bolivarienne et la Flottille de la liberté

Geraldina Colotti, Resumen Latinoamericano, 24/9/2025
Traduit par Tlaxcala

 


Dans le port d’Otrante, le drapeau vénézuélien flotte aux côtés des drapeaux palestiniens. Un jeune homme grimpe au mât du navire Ghassan Kanafani, dédié à l’un des écrivains palestiniens les plus importants du siècle dernier, journaliste et homme politique, assassiné à Beyrouth par une bombe placée dans sa voiture par le Mossad, le 8 juillet 1972. Il était une figure importante du Front populaire de libération de la Palestine. Aujourd’hui, le drapeau du Venezuela flotte au vent, aux côtés de celui de la Palestine. D’autres militants montent sur le pont, saluent le poing levé devant la caméra pour la campagne « Le Venezuela est un espoir, pas une menace », et crient à tue-tête : « Je m’engage avec Maduro, gringos go home ! » et « Palestine-Venezuela, un seul drapeau ».

Depuis la ville apulienne du Salento, située sur la côte adriatique et considérée comme le point le plus oriental de l’Italie, la Flottille de la liberté se prépare également à partir pour Gaza. « Il y a un équipage maritime, mais aussi un équipage terrestre, qui prépare le voyage et le suivra dans toutes ses phases », explique Schoukri Hroub, qui est ici le coordinateur logistique de l’Union démocratique arabe-palestinienne (UDAP).

La plupart des bateaux, réunis au sein de la Global Sumud Flotilla, ont pris la mer en direction de la ville martyre de Palestine, chargés d’aide humanitaire pour une population affamée et décimée par un génocide que personne ne parvient à arrêter. Global signifie que l’équipage provient de dizaines de pays, et « Sumud » est un mot arabe qui signifie « résilience » et « persévérance inébranlable », pour indiquer la détermination des militants à ne pas se laisser intimider par les menaces du criminel Netanyahou : menaces qui sont toutefois prises au sérieux, compte tenu de la liberté d’action que lui ont laissée ses maîtres occidentaux, en lui permettant d’étendre et de multiplier une occupation à des fins évidentes d’épuration ethnique et d’extermination, qui a maintenant atteint son paroxysme.

La « Sumud » a déjà reçu plus d’un drone d’avertissement et, au moment où nous écrivons ces lignes, il a de nouveau été attaqué. Certains députés de la gauche institutionnelle ont symboliquement occupé la salle du Parlement italieb pour demander au gouvernement d’extrême droite, grand sponsor du régime sioniste, de garantir la sécurité de la flottille sur laquelle des députés ont également embarqué.

Le ministre italien de la Défense a assuré avoir envoyé un navire de sauvetage, mais les conditions obligent les militants à abandonner l’aide à d’autres mains. Netanyahou avait déjà demandé aux navigants de remettre l’aide aux mains sanglantes de ses forces armées qui, a-t-il déclaré sans la moindre honte, la remettraient certainement aux Palestiniens. Proposition rejetée par les militants, unis dans cette affaire malgré la diversité de leurs appartenances.




Compte tenu de la situation, l’ambiance est également joyeuse, mais concentrée, dans le port d’Otrante. La Flottille de la liberté a déjà fait ses preuves sur le plan politique en tentant de briser le blocus naval de Gaza. Schoukri se souvient du prix payé le 31 mai 2010. À l’époque, les forces spéciales sionistes avaient attaqué le navire turc Mavi Marmara, qui faisait partie du convoi, dans les eaux internationales. L’opération, qui s’était déroulée à environ 120 km des côtes israéliennes, avait causé la mort de neuf militants et fait des dizaines de blessés, provoquant une vive réaction internationale et entraînant une crise diplomatique entre la Turquie et Israël.

À Otrante, la Flottille de la liberté bénéficie du soutien des différentes composantes territoriales, ainsi que des autorités ecclésiastiques et politiques, qui ont participé aux journées de rencontres, d’information et de débats en préparation du départ, avec des attitudes plus nuancées et des accents humanitaires.

« Nous avons une attitude inclusive et ouverte, la lutte doit s’intensifier car ce combat est mondial et concerne l’humanité tout entière, mais il n’y a aucune ambiguïté sur la nature du génocide et sur le modèle capitaliste qui le détermine dans sa férocité coloniale », déclare Boris Tremolizzo, l’un des coordinateurs.

C’est pourquoi, dans les deux débats centraux, le comité organisateur s’est efforcé d’inviter, outre les personnes qui luttent pour la défense du territoire – paysans, pêcheurs, précaires, étudiants, ouvriers, féministes et écologistes – également des représentants de Cuba et du Nicaragua (alors occupés à d’autres activités), et surtout du Venezuela, attaqué par l’impérialisme usaméricain, qui a envoyé sur les côtes des Caraïbes une flotte opposée à celle de la flottille de la paix, qui dénonce le génocide de Gaza.

Au nom de l’ambassadrice Marilyn Di Luca, Estalina Báez, première secrétaire de la mission diplomatique vénézuélienne auprès de la FAO, a participé aux deux débats – « La faim comme arme de guerre et outil de domination » et « De la Palestine au Venezuela en passant par l’Afrique, la guerre de l’impérialisme ne s’arrête pas » – et a reçu un accueil très favorable.

En compagnie de plusieurs médecins palestiniens, connectés à distance, Estalina a présenté avec précision les données, les initiatives et les dénonciations internationales présentées par le Venezuela pour accompagner les actions de paix entreprises par le président Maduro et le gouvernement bolivarien face à l’agression impérialiste de Donald Trump et Marco Rubio.

Elle a montré l’adhésion populaire résolue à la défense de la souveraineté du Venezuela, qui a impliqué tous les secteurs sociaux : des pêcheurs aux paysans, des ouvriers aux jeunes, avec les femmes productrices toujours en première ligne. Des personnes qui voient leur propre survie et leur travail menacés, comme cela a été le cas pour les pêcheurs, pris pour cible par les navires de guerre sous prétexte de lutter contre le trafic de drogue.

Trump, a-t-elle déclaré, bombarde les bateaux de pêche sans avertissement, ce qui fait que beaucoup ont peur de prendre la mer, ce qui compromet leurs activités de pêche habituelles, leur économie, et pourrait même menacer la souveraineté alimentaire du pays, en les empêchant de se procurer de la nourriture. Une fois de plus, a-t-elle ajouté, l’impérialisme utilise à nouveau l’alimentation comme une arme de guerre contre la révolution bolivarienne.

Le même mécanisme criminel est à l’œuvre contre la population de Gaza, à qui l’occupant empêche de se procurer de la nourriture sur ses propres côtes, en les prenant pour cible avec ses fusils. Que dirait, a-t-elle demandé à l’assistance, un pêcheur de ces côtes en signe de solidarité avec les pêcheurs vénézuéliens, attaqués comme ceux de Gaza ? Depuis le public, les comités territoriaux ont répondu sans hésiter : « Gringos go home ! » Et, dans la soirée, lors d’une réunion de paysans et d’écologistes avec la représentante diplomatique vénézuélienne, ils se sont déclarés prêts à impliquer dans cette lutte les pêcheurs des autres côtes et à organiser des jumelages avec les communes et les pêcheurs vénézuéliens.

« Nous défendrons toujours la souveraineté du Venezuela », a répété Schoukri Hroub, rappelant que la liberté de la Palestine a toujours été présente et la solidarité toujours active, tant au niveau international que populaire, de Chávez à Maduro.

Le Venezuela est un espoir, pas une menace. Mais pour l’impérialisme usaméricain et les gouvernements européens hypocrites qui le soutiennent, la véritable menace est celle de l’exemple, qui doit être enterré sous un voile de mensonges avec la complicité des médias hégémoniques qui ont cautionné les fausses informations du prétendu Cartel des Soleils, initialement pour calomnier le capitaine Diosdado Cabello, puis le président Maduro.

La menace que représente le socialisme bolivarien est celle d’avoir lancé un modèle alternatif au capitalisme dominant grâce auquel le Venezuela avait réussi à atteindre les premiers objectifs du millénaire de la FAO en deux fois moins de temps, et c’est pourquoi on a tenté de le bloquer et de l’étouffer par tous les moyens.

C’est pourquoi, comme à Gaza, l’impérialisme utilise la faim et l’alimentation comme arme de guerre. Mais sans succès, car, tout comme en Palestine, malgré les agressions et les « sanctions », le Venezuela a toujours répondu avec créativité, à commencer par la création des Clap, les comités locaux d’approvisionnement et de production, qui sont également des instruments d’auto-organisation sociale.

Aujourd’hui, le pays produit 90 % de ce qu’il consomme, et les données sur la croissance économique, illustrées ces derniers jours par la vice-présidente exécutive, Delcy Rodríguez, sont encore plus prometteuses. Une offense insupportable pour un impérialisme qui bafoue le droit international, comme nous le voyons avec le génocide en Palestine, mais qui a ainsi éveillé la conscience des peuples.



 


02/09/2025

PINO ARLACCHI
Le Gros Bobard du Venezuela comme “narco-État” : la géopolitique du pétrole camouflée en lutte antidrogue

Pino Arlacchi, L’Antidplomatico, 27/8/2025
Traduit par Tlaxcala

Pino Arlacchi (Gioia Tauro, 1951) est un sociologue, homme politique et haut fonctionnaire italien. De 1997 à 2002, il a été Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif de l’UNODC, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.

Durant mon mandat à la tête de l’UNODC, l’agence antidrogue et anticriminalité de l’ONU, j’ai passé beaucoup de temps en Colombie, en Bolivie, au Pérou et au Brésil, mais je ne suis jamais allé au Venezuela. Tout simplement parce qu’il n’y en avait pas besoin. La coopération du gouvernement vénézuélien dans la lutte contre le narcotrafic était parmi les meilleures d’Amérique du Sud, seulement comparable à l’impeccable efficacité de Cuba. Un fait qui, aujourd’hui, fait du délire narratif trumpien sur le « narco-État vénézuélien », une calomnie à motivation géopolitique.

Mais les données réelles, celles qui apparaissent dans le Rapport mondial sur les drogues 2025 de l’organisme que j’ai eu l’honneur de diriger, racontent une histoire diamétralement opposée à celle que diffuse l’administration Trump. Une histoire qui démonte, pièce par pièce, la construction géopolitique autour du soi-disant Cartel de los soles — une entité aussi légendaire que le monstre du Loch Ness, mais bien utile pour justifier sanctions, embargos et menaces d’intervention militaire contre un pays qui, par hasard, repose sur l’une des plus grandes réserves de pétrole au monde.

Le Venezuela selon l’UNODC : un pays marginal sur la carte du narcotrafic

Le rapport 2025 de l’UNODC est d’une clarté limpide, et devrait embarrasser ceux qui ont fabriqué la rhétorique de la diabolisation du Venezuela. Le rapport ne fait qu’une mention marginale du Venezuela, précisant qu’une fraction insignifiante de la production colombienne de drogue transite par le pays en direction des USA et de l’Europe. Selon l’ONU, le Venezuela a consolidé son statut de territoire exempt de cultures de coca, de marijuana et d’autres substances, ainsi que de la présence de cartels criminels internationaux.

Ce document ne fait que confirmer les 30 rapports annuels précédents, qui ne parlent pas de narcotrafic vénézuélien — parce qu’il n’existe pas. Seuls 5 % de la drogue colombienne transitent par le Venezuela. Pour mettre ce chiffre en perspective : en 2018, alors que 210 tonnes de cocaïne traversaient le Venezuela, 2 370 tonnes — dix fois plus — étaient produites ou commercialisées via la Colombie, et 1 400 tonnes via le Guatemala.

Oui, vous avez bien lu : le Guatemala est un corridor de drogue sept fois plus important que le supposé « narco-État » bolivarien. Mais personne n’en parle car le Guatemala est historiquement à sec : il ne produit que 0,01 % du total mondial — de la seule « drogue » qui intéresse vraiment Trump : le pétrole.

Le Fantastique Cartel des Soleils : une fiction hollywoodienne

Le Cartel de los soles est une créature de l’imaginaire trumpien. Il serait dirigé par le président du Venezuela, mais il n’apparaît dans aucun rapport de l’organisme mondial antidrogue, ni dans les documents d’aucune agence anticriminalité européenne, ni dans presque aucune autre source internationale. Pas même une note de bas de page. Un silence assourdissant, qui devrait interpeller quiconque garde encore un minimum d’esprit critique. Comment une organisation criminelle soi-disant si puissante qu’elle justifie une prime de 50 millions de dollars peut-elle être totalement ignorée par tous les acteurs réels de la lutte antidrogue ?

En d’autres termes, ce qui est vendu comme un super-cartel façon Netflix n’est en réalité qu’un assemblage de petites bandes locales — le type de criminalité de rue qu’on retrouve dans n’importe quel pays du monde, y compris aux USA, où, rappelons-le, près de 100 000 personnes meurent chaque année d’overdoses aux opioïdes. Des morts qui n’ont rien à voir avec le Venezuela, mais tout avec les grandes firmes pharmaceutiques usaméricaines.

L’Équateur : le véritable hub que personne ne veut voir

Tandis que Washington brandit l’épouvantail vénézuélien, les véritables plaques tournantes du narcotrafic prospèrent presque sans entrave. L’Équateur, par exemple, d’où 57 % des conteneurs de bananes quittant Guayaquil pour Anvers arrivent chargés de cocaïne. Les autorités européennes ont saisi 13 tonnes de cocaïne sur un seul navire espagnol, en provenance directe des ports équatoriens contrôlés par des entreprises protégées par des figures du gouvernement équatorien.

L’Union européenne a produit un rapport détaillé sur les ports de Guayaquil, documentant comment « les mafias colombiennes, mexicaines et albanaises opèrent toutes massivement en Équateur ». Le taux d’homicides en Équateur est passé de 7,8 pour 100 000 habitants en 2020 à 45,7 en 2023. Mais on en parle peu. Peut-être parce que l’Équateur ne produit que 0,5 % du pétrole mondial, et parce que son gouvernement n’a pas la mauvaise habitude de défier l’hégémonie usaméricaine en Amérique latine.

Les vraies routes de la drogue : géographie contre propagande

Durant mes années à l’UNODC, l’une des leçons les plus importantes que j’ai apprises est que la géographie ne ment pas. Les routes de la drogue suivent des logiques précises : proximité des zones de production, facilité de transport, corruption des autorités locales, présence de réseaux criminels établis. Le Venezuela ne remplit quasiment aucun de ces critères.

La Colombie produit plus de 70 % de la cocaïne mondiale. Le Pérou et la Bolivie couvrent la majeure partie des 30 % restants. Les routes logiques vers les marchés usaméricain et européen passent par le Pacifique vers l’Asie, par les Caraïbes orientales vers l’Europe, et par voie terrestre via l’Amérique centrale vers les USA. Le Venezuela, tourné vers l’Atlantique Sud, est géographiquement désavantagé pour ces trois routes principales. La logistique criminelle en fait un acteur marginal du grand théâtre du narcotrafic international.

Cuba : l’exemple qui gêne

La géographie ne ment pas, certes, mais la politique peut la contredire. Cuba demeure aujourd’hui encore la référence absolue en matière de coopération antidrogue dans les Caraïbes. Une île à quelques encablures de la Floride, théoriquement une base parfaite pour le trafic vers les USA, mais qui, en pratique, reste étrangère aux flux du narcotrafic. J’ai maintes fois constaté l’admiration des agents de la DEA et du FBI pour la rigueur des politiques antidrogue des communistes cubains.

Le Venezuela chaviste a constamment suivi le modèle cubain de lutte antidrogue inauguré par Fidel Castro lui-même : coopération internationale, contrôle du territoire, répression de la criminalité. Ni au Venezuela ni à Cuba n’ont jamais existé de vastes zones cultivées en coca et contrôlées par la grande criminalité.

L’Union européenne n’a pas d’intérêts pétroliers particuliers au Venezuela, mais elle a un intérêt concret à combattre le narcotrafic qui frappe ses villes. Elle a produit son Rapport européen sur les drogues 2025, basé sur des données réelles et non sur des fantasmes géopolitiques. Ce document ne mentionne pas une seule fois le Venezuela comme corridor du trafic international de drogue.

Voilà la différence entre une analyse honnête et une narration fausse et insultante. L’Europe a besoin de données fiables pour protéger ses citoyens de la drogue, et donc elle produit des rapports précis. Les USA ont besoin de justifications pour leurs politiques pétrolières, et donc ils produisent de la propagande déguisée en renseignements.

Selon le rapport européen, la cocaïne est la deuxième drogue la plus consommée dans les 27 pays de l’UE, mais les sources principales sont clairement identifiées : la Colombie pour la production, l’Amérique centrale pour le transit, et diverses routes via l’Afrique de l’Ouest pour la distribution. Dans ce scénario, le Venezuela et Cuba n’apparaissent tout simplement pas.

Et pourtant, le Venezuela est systématiquement diabolisé, contre toute vérité. L’explication a été donnée par l’ancien directeur du FBI, James Comey, dans ses mémoires après sa démission, où il évoque les motivations inavouées de la politique usaméricaine envers le Venezuela : Trump lui aurait dit que le gouvernement de Maduro était « un gouvernement assis sur une montagne de pétrole que nous devons acheter ».

Il ne s’agit donc ni de drogue, ni de criminalité, ni de sécurité nationale. Il s’agit de pétrole que l’on préférerait ne pas payer.

C’est Donald Trump, donc, qui mériterait une mise en accusation internationale pour un crime bien précis : « calomnie systématique contre un État souverain visant à s’approprier ses ressources pétrolières. »