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27/08/2024

Profiteurs de guerre : les grandes entreprises de production militaire vont enregistrer des chiffres d’affaires record suite à l’explosion des commandes

Les analystes estiment que l’industrie pourrait intensifier les rachats d’actions, les opportunités de fusions-acquisitions étant limitées.

 Sylvia Pfeifer et Patrick Mathurin à Londres, Patricia Nilsson à Francfort et Emma Dunkley pour complément d’information, Financial Times, 27/8/2024

Traduit par  Fausto GiudiceTlaxcala

Les plus grandes entreprises mondiales du secteur de l’aérospatiale et de la défense devraient engranger des niveaux records de liquidités au cours des trois prochaines années, car elles bénéficient d’une augmentation des commandes gouvernementales pour de nouvelles armes dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.

Selon une analyse réalisée par Vertical Research Partners pour le compte du Financial Times, les 15 premières entreprises de défense devraient enregistrer un flux de trésorerie disponible de 52 milliards de dollars en 2026, soit près du double de leur flux de trésorerie combiné à la fin de l’année 2021.

Les cinq principaux entrepreneurs usaméricains du secteur de la défense devraient générer un flux de trésorerie de 26 milliards de dollars d’ici à la fin 2026, soit plus du double du montant enregistré en 2021. Ces chiffres ne tiennent pas compte de Boeing, en raison de ses récents problèmes et de son fort basculement vers l’aérospatiale civile.

En Europe, les champions nationaux BAE Systems, Rheinmetall et le suédois Saab, qui ont bénéficié de nouveaux contrats pour des munitions et des missiles, devraient voir leurs flux de trésorerie combinés augmenter de plus de 40 %.

L’industrie bénéficie d’une forte augmentation des dépenses militaires, les gouvernements augmentant leurs budgets en réponse à l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie et à l’escalade des tensions au Moyen-Orient et en Asie.

Aux USA, les récentes lois d’aide à l’Ukraine, à Taïwan et à Israël ont alloué près de 13 milliards de dollars à la production d’armes par les cinq plus grands groupes de défense USaméricains - Lockheed Martin, RTX, Northrop Grumman, Boeing et General Dynamics - et leurs fournisseurs. Au Royaume-Uni, le ministère de la défense a engagé 7,6 milliards de livres pour l’aide militaire à l’Ukraine au cours des trois dernières années, y compris pour la reconstitution des stocks.

L’augmentation des dépenses publiques a déjà propulsé les carnets de commande à un niveau presque record. Il faut généralement plusieurs années pour que les nouveaux contrats se traduisent par une augmentation des ventes - les entreprises de défense enregistrent la majorité de leurs ventes une fois les armes livrées - mais les flux de trésorerie croissants suscitent déjà un débat sur la manière dont l’industrie dépensera l’argent.

« C’est la question à un milliard de dollars pour l’industrie : les entreprises n’aiment généralement pas conserver de grandes quantités de liquidités dans leurs bilans, alors que font-elles de tout cet argent si les acquisitions ne sont pas si simples ? Les rachats d’actions et les dividendes sont une solution », a déclaré Robert Stallard, analyste chez Vertical Research.

Les entreprises avaient déjà consacré des milliards de dollars aux rachats d’actions avant l’afflux récent de nouvelles commandes ; certaines d’entre elles ont même eu recours à un effet de levier supplémentaire pour ce faire. Selon les données de la Bank of America, l’année dernière a été la plus forte pour les rachats d’actions par les entreprises du secteur de l’aérospatiale et de la défense aux USA et en Europe au cours des cinq dernières années, même si les niveaux restent bien inférieurs à ceux d’autres secteurs.

Lockheed Martin et RTX ont racheté près de 19 milliards de dollars d’actions l’année dernière. En Europe, BAE Systems a conclu cet été un programme de rachat de 1,5 milliard de livres sur trois ans et a immédiatement entamé un autre programme de rachat de 1,5 milliard de livres.

Les rachats massifs effectués par les entreprises usaméricaines avec l’argent du contribuable ont suscité des critiques de la part de certains parlementaires, qui se sont demandé si les entreprises investissaient suffisamment dans de nouvelles installations et dans la production. Les dirigeants ont insisté sur le fait qu’ils augmentaient les dépenses d’investissement tout en rendant de l’argent aux investisseurs.

Selon les analystes, les entreprises chercheront également à conclure davantage d’accords, tout en avertissant que les achats importants seront limités par les préoccupations réglementaires en matière de concurrence.

« Les fusions et acquisitions sont inévitablement la prochaine étape du cycle », dit Nick Cunningham, analyste chez Agency Partners. « Étant donné la longueur du cycle de l’industrie, il faut un certain temps pour que la capacité soit créée et que l’argent circule, mais l’énorme croissance du marché va générer de l’activité ».

Rheinmetall a annoncé au début du mois un accord de 950 millions de dollars pour l’acquisition de Loc Performance, un fabricant de pièces pour véhicules militaires basé dans le Michigan. L’entrepreneur allemand a déclaré que cette opération augmenterait ses chances de remporter des contrats de l’armée  usaméricaine pour des véhicules de combat et des camions tactiques d’une valeur de plus de 60 milliards de dollars.

Armin Papperger, directeur général, a déclaré aux analystes que l’ampleur de l’armée usaméricaine et de ses commandes valait la peine de s’adapter aux exigences strictes du pays pour les entrepreneurs étrangers du secteur de la défense, telles que le maintien d’une structure d’entreprise distincte avec une gestion parallèle et une production nationale.

« Même si nous n’attrapons pas l’un des gros poissons, nous attraperons des poissons plus petits et les petits poissons valent des milliards aux USA », a-t-il ajouté.

Les analystes de Bank of America ont noté que si Rheinmetall n’avait pas encore décidé comment financer l’opération, elle disposait de suffisamment de liquidités et de lignes de crédit disponibles pour aller de l’avant, ajoutant que l’entreprise s’attendait à terminer l’année avec une position de trésorerie d’environ 1 milliard d’euros.

Parmi les autres entreprises qui ont récemment réalisé des opérations en Amérique du Nord, on peut citer Renk, le fabricant de boîtes de vitesses pour chars d’assaut qui a récemment été partiellement coté à Francfort et qui a acquis l’année dernière le fabricant canadien de composants de suspension General Kinetics.

Czechoslovak Group est en train de faire une offre pour les activités de munitions de l’entreprise usaméricaine Vista Outdoor. L’été dernier, BAE Systems a payé 5,6 milliards de dollars pour Ball Aerospace, un fournisseur de systèmes spatiaux critiques. L’opération a été financée par des liquidités existantes et de nouveaux endettements dettes.

L’industrie spatiale européenne, de plus en plus compétitive, devrait connaître un regain d’activité. Airbus, Thales et Leonardo envisagent de fusionner certaines de leurs activités spatiales. L’ambition serait de créer une alliance paneuropéenne dans l’espace similaire à celle de MBDA, le champion européen des missiles, ont déclaré des personnes au fait des discussions.

La perspective d’une consolidation à plus grande échelle est peu probable en raison des problèmes de concurrence.

« Les entreprises de taille moyenne peuvent encore en racheter d’autres sans que les autorités de régulation ou les ministères de la défense ne s’en émeuvent outre mesure », explique Byron Callan, de Capital Alpha Partners, ajoutant que certaines entreprises de défense détenues par des investisseurs privés pourraient également être mises sur le marché à l’avenir.

Si les dépenses de défense devraient rester élevées au cours des prochaines années, le récent bond des commandes va probablement s’essouffler, en particulier lorsque la guerre en Ukraine aura pris fin.

Callan dit : « Il s’agit d’une activité cyclique. Même si les gens parlent de cycles de demande de 10 ans, la politique peut changer et les évaluations de sécurité peuvent changer, tout comme la demande de défense ».


 

 

29/12/2023

JEFFREY D. SACHS
La politique étrangère usaméricaine est une escroquerie fondée sur la corruption

Jeffrey D. Sachs (bio), Common Dreams, 26/12/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les 1 500 milliards de dollars de dépenses militaires annuelles sont l'arnaque qui continue à alimenter le  complexe militaro-industriel et les initiés de Washington, alors même qu'elle appauvrit et met en danger l'USAmérique et le monde.

À première vue, la politique étrangère des USA semble totalement irrationnelle. Les USA s'engagent dans une guerre désastreuse après l'autre - Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Ukraine et Gaza. Ces derniers jours, les USA se sont retrouvés globalement isolés dans leur soutien aux actions génocidaires d'Israël contre les Palestiniens, votant contre une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU pour un cessez-le-feu à Gaza, soutenue par 153 pays représentant 89 % de la population mondiale, et à laquelle s'opposaient seulement les USA et 9 petits pays représentant moins de 1 % de la population mondiale.

« Plus vous marchez, plus nous gagnons », par Party9999999

 Au cours des 20 dernières années, tous les grands objectifs de la politique étrangère usaméricaine ont échoué. Les talibans sont revenus au pouvoir après 20 ans d'occupation usaméricaine de l'Afghanistan. L'Irak de l'après-Saddam est devenu dépendant de l'Iran. Le président syrien Bachar el-Assad est resté au pouvoir malgré les efforts de la CIA pour le renverser. La Libye a sombré dans une longue guerre civile après le renversement de Mouammar Kadhafi par une mission de l'OTAN dirigée par les USA. L'Ukraine a été ratiboisée sur le champ de bataille par la Russie en 2023 après que les USA ont secrètement sabordé un accord de paix entre la Russie et l'Ukraine en 2022.

Pour comprendre l'escroquerie de la politique étrangère, il suffit d'imaginer le gouvernement fédéral actuel comme un racket à plusieurs divisions contrôlé par les plus offrants.

Malgré ces débâcles remarquables et coûteuses, les unes après les autres, les mêmes personnages sont restés à la tête de la politique étrangère usaméricaine pendant des décennies, notamment Joe Biden, Victoria Nuland, Jake Sullivan, Chuck Schumer, Mitch McConnell et Hillary Clinton.

Qu'est-ce qui se passe ?

Pour résoudre l'énigme, il faut reconnaître que la politique étrangère usaméricaine n'a rien à voir avec les intérêts du peuple usaméricain. Il s'agit plutôt des intérêts des initiés de Washington, qui courent après les contributions aux campagnes électorales et les emplois lucratifs pour eux-mêmes, leur personnel et les membres de leur famille. En un mot, la politique étrangère usaméricaine a été piratée par les grandes fortunes.

En conséquence, le peuple usaméricain est largement perdant. Les guerres ratées depuis 2000 lui ont coûté environ 5 000 milliards de dollars en dépenses directes, soit environ 40 000 dollars par ménage. Environ 2 000 milliards de dollars supplémentaires seront dépensés au cours des prochaines décennies pour les soins aux anciens combattants. Au-delà des coûts directement supportés par les USAméricains, nous devrions également reconnaître les coûts terriblement élevés supportés à l'étranger, en millions de vies perdues et en milliers de milliards de dollars de destruction des biens et de la nature dans les zones de guerre.

Le cerveau du complexe militaro-industriel , par EspenSchei

Les coûts continuent de s'accumuler. En 2024, les dépenses liées à l'armée usaméricaine s'élèveront à environ 1 500 milliards de dollars, soit environ 12 000 dollars par ménage, si l'on ajoute les dépenses directes du Pentagone, les budgets de la CIA et d'autres agences de renseignement, le budget de la Veteran's Administration, le programme d'armes nucléaires du ministère de l'Énergie, l'“aide étrangère” militaire du département d'État (par exemple à Israël) et d'autres lignes budgétaires liées à la sécurité. Des centaines de milliards de dollars sont gaspillés dans des guerres inutiles, des bases militaires à l'étranger et une accumulation d'armes tout à fait superflue qui rapproche le monde de la troisième guerre mondiale.

Pourtant, décrire ces coûts gargantuesques, c'est aussi expliquer la “rationalité” tordue de la politique étrangère usaméricaine. Les 1 500 milliards de dollars de dépenses militaires sont l'arnaque qui continue à alimenter le complexe militaro-industriel et les initiés de Washington, alors même qu'elle appauvrit et met en danger l'USAmérique et le monde.

Pour comprendre l'arnaque de la politique étrangère, il suffit de considérer le gouvernement fédéral actuel comme un racket à plusieurs divisions contrôlé par les plus offrants. La division Wall Street est gérée par le Trésor. La division de l'industrie de la santé est gérée par le ministère de la santé et des services sociaux. La division du pétrole et du charbon est gérée par les départements de l'énergie et de l'intérieur. Enfin, la division de la politique étrangère est gérée par la Maison Blanche, le Pentagone et la CIA.

Chaque division utilise le pouvoir public à des fins privées par le biais de délits d'initiés, financés par les contributions des entreprises aux campagnes électorales et les dépenses de lobbying. Il est intéressant de noter que la division de l'industrie de la santé rivalise avec la division de la politique étrangère en tant que remarquable escroquerie financière. En 2022, les dépenses de santé des USA s'élevaient à la somme stupéfiante de 4 500 milliards de dollars, soit environ 36 000 dollars par ménage, ce qui représente de loin les coûts de santé les plus élevés au monde, alors que l'USAmérique se classe au 40e rang mondial en termes d'espérance de vie. Une politique de santé ratée se traduit par de très grosses sommes d'argent pour l'industrie de la santé, tout comme une politique étrangère ratée se traduit par des méga-revenus pour le complexe militaro-industriel.

Plus il y a de guerres, plus il y a d'affaires

La division de la politique étrangère est dirigée par une petite coterie secrète et très soudée, comprenant les hauts responsables de la Maison Blanche, de la CIA, du département d'État, du Pentagone, des commissions des services armés de la Chambre et du Sénat, et des principales entreprises militaires, notamment Boeing, Lockheed Martin, General Dynamics, Northrop Grumman et RTX (Raytheon). Il y a peut-être un millier de personnes clés impliquées dans la définition de la politique. L'intérêt public ne joue qu'un rôle limité.

Les principaux responsables de la politique étrangère gèrent les opérations de 800 bases militaires usaméricaines à l'étranger, des centaines de milliards de dollars de contrats militaires et les opérations de guerre où l'équipement est déployé. Plus il y a de guerres, plus il y a d'affaires. La privatisation de la politique étrangère a été considérablement amplifiée par la privatisation de la guerre elle-même, car de plus en plus de fonctions militaires “essentielles” sont confiées aux fabricants d'armes et à des sous-traitants tels que Haliburton, Booz Allen Hamilton et CACI.

Outre les centaines de milliards de dollars de contrats militaires, les opérations de l'armée et de la CIA ont d'importantes retombées commerciales. Avec des bases militaires dans 80 pays à travers le monde et des opérations de la CIA dans de nombreux autres, les USA jouent un rôle important, bien que le plus souvent secret, dans la détermination des dirigeants de ces pays, et donc dans les politiques qui façonnent les accords lucratifs concernant les minerais, les hydrocarbures, les oléoducs et les terres agricoles et forestières. Les USA ont cherché à renverser au moins 80 gouvernements depuis 1947, généralement sous la houlette de la CIA, par le biais de coups d'État, d'assassinats, d'insurrections, de troubles civils, de manipulations d'élections, de sanctions économiques et de guerres ouvertes. (Pour une superbe étude des opérations de changement de régime menées par les USA entre 1947 et 1989, voir l'ouvrage de Lindsey O'Rourke intitulé Covert Regime Change, 2018).

Outre les intérêts commerciaux, il y a bien sûr des idéologues qui croient vraiment au droit de l'USAmérique à diriger le monde. La famille Kagan, tous des bellicistes enragés, est le cas le plus célèbre, bien que ses intérêts financiers soient également profondément liés à l'industrie de la guerre. La question de l'idéologie est bien celle-là. Les idéologues se sont trompés dans presque tous les cas et auraient depuis longtemps perdu leur chaire d'orateur à Washington s'ils n'avaient pas été utiles en tant que bellicistes. Qu'ils le veuillent ou non, ils servent d'interprètes rémunérés au complexe militaro-industriel.

Il y a un inconvénient persistant à cette escroquerie commerciale permanente. En théorie, la politique étrangère est menée dans l'intérêt du peuple usaméricain, alors que c'est le contraire qui est vrai. (Une contradiction similaire s'applique bien sûr aux soins de santé hors de prix, au renflouement de Wall Street par le gouvernement, aux avantages de l'industrie pétrolière et à d'autres escroqueries). Le peuple usaméricain soutient rarement les machinations de la politique étrangère usaméricaine lorsqu'il lui arrive d’entendre la vérité. Les guerres usaméricaines ne sont pas menées à la demande du peuple, mais par des décisions venues d'en haut. Des mesures spéciales sont nécessaires pour tenir le peuple à l'écart de la prise de décision.

La première de ces mesures est une propagande implacable. George Orwell l'a bien compris dans 1984, lorsque “le Parti” a soudainement changé d'ennemi étranger, passant de l'Eurasie à l'Estasie, sans un mot d'explication. Les USA font essentiellement la même chose. Qui est le plus grand ennemi des USA ? Faites votre choix, selon la saison. Saddam Hussein, les talibans, Hugo Chavez, Bachar el-Assad, ISIS, Al-Qaïda, Kadhafi, Vladimir Poutine, le Hamas, ont tous joué le rôle d'“Hitler” dans la propagande usaméricaine. Le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, diffuse cette propagande avec un sourire en coin, indiquant qu'il sait lui aussi que ce qu'il dit est ridicule, bien que légèrement divertissant.

La propagande est amplifiée par les groupes de réflexion de Washington qui vivent des dons des entreprises militaires et parfois des gouvernements étrangers qui font partie des opérations d'escroquerie des USA. Pensez au Conseil de l'Atlantique, au CSIS et, bien sûr, au très populaire Institut pour l'étude de la guerre, qui vous est offert par les principaux entrepreneurs militaires.

La seconde consiste à dissimuler les coûts des opérations de politique étrangère. Dans les années 1960, le gouvernement uaméricain a commis l'erreur de forcer le peuple usaméricain à supporter les coûts du complexe militaro-industriel en enrôlant des jeunes pour combattre au Viêt Nam et en augmentant les impôts pour payer la guerre. L'opinion publique s'y est opposée.

À partir des années 1970, le gouvernement s'est montré beaucoup plus habile. Il a mis fin à l'appel sous les drapeaux et a fait du service militaire un travail à louer plutôt qu'un service public, en s'appuyant sur les dépenses du Pentagone pour recruter des soldats issus des couches économiques inférieures. Il a également abandonné l'idée désuète selon laquelle les dépenses publiques devraient être financées par l'impôt et a, au contraire, réorienté le budget militaire vers les dépenses déficitaires, ce qui le protège de l'opposition populaire qui se déclencherait s'il était financé par l'impôt.

Il a également poussé des États clients tels que l'Ukraine à mener les guerres usaméricaines sur le terrain, afin qu'aucune dépouille usaméricaine ne vienne gâcher la machine de propagande des USA. Il va sans dire que les maîtres de guerre USaméricains tels que Sullivan, Blinken, Nuland, Schumer et McConnell restent à des milliers de kilomètres de la ligne de front. La mort est réservée aux Ukrainiens. Le sénateur Richard Blumenthal (Démocrate-Connecticut) a défendu l'aide militaire usaméricaine à l'Ukraine comme étant de l'argent bien dépensé parce que « sans qu'une seule femme ou un seul homme du service américain n'ait été blessé ou perdu», sans qu'il lui vienne à l'esprit d'épargner les vies des Ukrainiens, qui sont morts par centaines de milliers dans une guerre provoquée par les USA au sujet de l'élargissement de l'OTAN.

Ce système repose sur la subordination totale du Congrès usaméricain aux affaires de guerre, afin d'éviter toute remise en question des budgets démesurés du Pentagone et des guerres lancées par le pouvoir exécutif. La subordination du Congrès fonctionne comme suit. Premièrement, le contrôle de la guerre et de la paix par le Congrès est largement confié aux commissions des services armés de la Chambre et du Sénat, qui définissent en grande partie la politique générale du Congrès (et le budget du Pentagone). Deuxièmement, l'industrie militaire (Boeing, Raytheon et autres) finance les campagnes des membres des commissions des services armés des deux partis. Les industries militaires dépensent également des sommes considérables en lobbying afin d'offrir des salaires lucratifs aux membres du Congrès qui partent à la retraite, à leur personnel et à leur famille, soit directement dans les entreprises militaires, soit dans les cabinets de lobbying de Washington.

Le peuple usaméricain a pour tâche urgente de réformer une politique étrangère tellement défaillante, corrompue et trompeuse qu'elle enterre le gouvernement sous les dettes tout en rapprochant le monde de l'Armageddon nucléaire.

Le piratage de la politique étrangère du Congrès n'est pas seulement le fait du complexe militaro-industriel usaméricain. Le lobby israélien est depuis longtemps passé maître dans l'art d'acheter le Congrès. La complicité des USA avec l'État d'apartheid israélien et les crimes de guerre à Gaza n'a aucun sens pour la sécurité nationale et la diplomatie usaméricaines, sans parler de la décence humaine. Ce sont les fruits des investissements du lobby israélien qui ont atteint 30 millions de dollars en contributions de campagne en 2022, et qui dépasseront largement ce montant en 2024.

Lorsque le Congrès se réunira à nouveau en janvier, Biden, Kirby, Sullivan, Blinken, Nuland, Schumer, McConnell, Blumenthal et leurs semblables nous diront que nous devons absolument financer la guerre perdue, cruelle et trompeuse en Ukraine et le massacre et le nettoyage ethnique en cours à Gaza, de peur que nous, l'Europe et le monde libre, et peut-être le système solaire lui-même, ne succombent à l'ours russe, aux mollahs iraniens et au parti communiste chinois. Les pourvoyeurs de désastres en matière de politique étrangère ne sont pas irrationnels dans leurs discours alarmistes. Ils sont trompeurs et extraordinairement avides, poursuivant des intérêts étroits au détriment de ceux du peuple usaméricain.

Le peuple usaméricain a pour tâche urgente de réformer une politique étrangère qui est tellement brisée, corrompue et trompeuse qu'elle ensevelit le gouvernement sous les dettes tout en rapprochant le monde de l'Armageddon nucléaire. Cette refonte devrait commencer en 2024 par le rejet de tout financement supplémentaire pour la désastreuse guerre d'Ukraine et les crimes de guerre d'Israël à Gaza. Le rétablissement de la paix et la diplomatie, et non les dépenses militaires, sont la voie à suivre pour que la politique étrangère des USA soit conforme à l'intérêt public.

 

11/01/2022

ANTONIO MAZZEO
La présence militaire au Koweït, voie royale pour l'industrie de guerre italienne au Moyen-Orient


Antonio Mazzeo, Pagine Esteri, 10/1/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

La guerre contre l'État islamique en territoire irakien et syrien n'est plus à l'ordre du jour des réunions de l'Alliance atlantique. Après la reprise au second semestre 2017 des bastions de Mossoul et de Rawa Selon le Global Terrorism Index, l'indice développé par l'IEP - Institut d'Économie et de Paix de Sidney - pour mesurer l'impact du terrorisme au niveau international, en 2019, les victimes civiles irakiennes d'attaques terroristes ont diminué de 46% par rapport au passé. (1) Néanmoins, en 2021, année de la glorieuse fuite occidentale de l'Afghanistan réoccupé par les Talibans, les forces armées italiennes ont renforcé leur dispositif armé au Koweït contre Daesh. Un engagement complexe et coûteux, mais – comme nous le verrons - utile à la promotion du Sistema Italia et des entreprises de pointe du complexe militaro-industriel national.

Hors des projecteurs des médias en juin dernier, le 4e Régiment d'Artillerie antiaérienne Peschiera de l'Armée de terre basée à Mantoue a activé une batterie antiaérienne avec des capacités anti-missiles SAMP/T dans la grande base aérienne koweïtienne d’Ali Al Salem, à une quarantaine de km de la frontière avec l’Irak.  « Le Groupe de travail SAMP/T Scutum |nom latin du bouclier utilisé par les légionnaires romains, NdA] opère avec la tâche de contribuer à la sécurité de l’espace aérien koweïtien, pour le défendre contre des attaques aériennes et de missiles », explique le ministère italien de la Défense.

« Le système de dernière génération est intégré au système de défense de la coalition Inherent Resolve ». (2)

Le SAMP/T a été développé depuis le début des années 2000 par le consortium EUROSAM formé par les sociétés d'aérospatiale et de missiles Thales, MBDA France et MBDA Italie (cette dernière partiellement contrôlée par Leonardo S.p.A.), dans le cadre du programme franco-italien FSAF (Famille De systèmes sol-air futurs). « Il se caractérise sur le plan opérationnel par un temps de réaction court face à la menace aérienne, une grande mobilité tactique et la possibilité d'ajuster le dispositif en fonction du timing correspondant au dynamisme de la manœuvre », ajoute le ministère de la Défense. Chaque batterie anti-aérienne est équipée de missiles sol-air Aster-15 d'une portée de 30 km, également conçus et fabriqués par le GIE EUROSAM

L'état-major italien ne dit pas quelles sont les menaces aériennes et de missiles d'ISIS contre le pétroémirat arabe et la coalition internationale dirigée par les USA qui y est hébergée. Cependant, les travaux ont été achevés en un temps record pour transformer Alì Al Salem (siège de l'armée de l'air du Koweït et de la 386e  Escadre expéditionnaire de l'US Air Force) en une rampe de lancement pour les missiles produits en France et en Italie. En février 2021, une équipe du régiment du génie ferroviaires de l'armée de terre stationnée à Castel Maggiore (Bologne) est arrivée au Koweït pour commencer les travaux de fortification et de « protection » d'une zone déserte de l'aéroport d'environ 33 000 mètres carrés et de 3 km de périmètre « en creusant des fossés, en posant des murs de terre renforcés par des gabions métalliques et en installant un système intégré de vidéosurveillance ». Ensuite, les emplacements pour le déploiement des composants des batteries antiaériennes (systèmes de commande et de contrôle, capteurs et intercepteurs) et les travaux d'urbanisation primaire connexes (réseaux d'électricité, d'eau et d'égouts) ont été construits. Enfin, les préfabriqués en maçonnerie ont été revalorisés pour être utilisés comme bureaux et logements pour le personnel du 4e régiment d'artillerie de Mantoue. (3)

Hélicoptère AS-332M Super Puma des forces aériennes koweïtiennes

Après son activation, le groupe opérationnel SAMP/T Scutum a fait partie du dispositif militaire mis à disposition de l'opération multinationale Inherent Resolve, sous le commandement de l'IT NCC Air (Italian National Contingent Command Air), le commandement de l'armée de l'air mis en place le 17 octobre 2014 pour opérer contre l'État islamique en Irak et en Syrie (Opération Prima Parthica). La mission au Moyen-Orient a coûté au contribuable italien 230 932 129 euros l'année dernière et compte actuellement 900 militaires, 84 véhicules terrestres et 11 avions déployés (dans les bases d'Ali Al Salem, Ahmed Al Jaber et l'aéroport Abdullah al Mubarak à Koweït City ; à Bagdad et Erbil au Kurdistan irakien).

« L'IT NCC/TFA Koweït contribue par l'utilisation de ses moyens ISR (Intelligence, Surveillance et Reconnaissance) - chasseurs et drones - à la définition de la conscience situationnelle de la Coalition », explique l'état-major de l'armée de l'air. « Le flux de vidéos et d'images haute résolution acquises par les plates-formes aéroportées est acheminé vers la cellule I2MEC (Integrated Italian Multisensor Exploitation Cell) afin d'en extraire la contribution informationnelle nécessaire à la conduite des opérations de la Coalition ».

En d'autres termes, nous ne bombardons pas, mais nous permettons aux chasseurs usaméricains et à ceux des partenaires de l'OTAN et des pays non membres de l'OTAN de le faire, et bien. Depuis sa création en 2014 jusqu'à la fin de l'année 2020, les missions IT NCC AIR ont totalisé 36 000 heures de vol avec 6 600 sorties et 30 000 cibles « couvertes » et ont ravitaillé près de 4 000 avions d’Inherent Resolve. »L'Italie est le premier contributeur, après les USA, en termes de moyens aériens spécialisés dans la collecte d'informations, la surveillance et la reconnaissance, pour la lutte contre les cellules Daesh en Irak », souligne l'armée de l'air italienne. (4)

27/11/2021

ANTONIO MAZZEO
Tous les marchands d’engins de mort présents au Grand Bazar du Dernier Pharaon, le Maréchal Al Sissi

 Antonio Mazzeo, Africa Express, 28/11/2021
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le coup d'envoi d'une exposition de systèmes de mort et de destruction initiée, promue et parrainée par le dictateur Abdelfattah Al Sissi sera donné lundi au Caire. Parmi les sponsors, Fincantieri, le géant de la construction navale, détenu majoritairement par l’État italien.

Fincantieri parmi les sponsors de l'édition 2021 d'EDEX

Capitaines d'industrie et chefs d'entreprise, vétérans hyperétoilés et multi-décorés, marchands de canons, VRP et démarcheurs, décrocheurs de contrats et distributeurs de commissions de cinq pour cent, profiteurs, courtisans et pique-assiettes : ils se bousculeront tous pour se prendre en selfie avec le dernier pharaon d'Égypte.

Tout et tout le monde est prêt pour l'Egypt Defence Expo - EDEX 2021, l'exposition internationale des industries de guerre qui débutera au Caire le lundi 29 novembre et se terminera le jeudi 2 décembre. Une exposition de systèmes de mort et de destruction souhaitée, promue et parrainée par le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, président et commandant suprême des forces armées du pays d'Afrique du Nord mis à l'index pour crimes et violations des droits humains.


 Une occasion unique

« L'EDEX est une occasion unique pour les industries militaires de présenter les technologies, les équipements et les systèmes d'armes les plus récents dans les domaines terrestre, maritime et aérien et d'échanger des expériences », insiste le ministre de la défense Mohamed Ahmed Zaki, ancien commandant de la Garde républicaine et des forces parachutistes égyptiennes. « EDEX vise à ouvrir de nouveaux horizons de coopération dans l'industrie de la défense entre l'Égypte et de nombreux autres pays du monde. Nous sommes convaincus que l'exposition de cette année augmentera encore plus en taille et en impact que la première qui s'est tenue en 2018 ».

Selon les organisateurs, l'Egypt Defence Expo 2021 réunira plus de 400 entreprises d'armement de 42 pays et plus de 30 000 visiteurs sont attendus. La cérémonie d'ouverture devrait se dérouler en présence du président Al-Sissi et de hauts responsables politiques et militaires de la République arabe d'Égypte, ainsi que d'une représentation autorisée d'hommes de gouvernement, de généraux et d'amiraux étrangers. Lors de l'édition 2018, les ministres de la Défense des Émirats arabes unis, d'Oman, du Soudan, de France, de Grèce, de Chypre, du Soudan du Sud, du Cameroun, de Corée du Sud et de Somalie ont posé pour la photo souvenir aux côtés du dictateur égyptien.

En fait, toutes les conditions sont réunies pour transformer la foire de guerre égyptienne en une opportunité d’affaires et de commissions en milliards pour le complexe militaro-industriel. Parmi les exposants figurent les grands noms des secteurs de l'aérospatiale, des missiles, des systèmes navals et terrestres du monde entier : Boeing, Lockheed Martin, Dassault Aviation, Naval Group, Airbus, BAE Systems, General Dynamics, Motorola Solutions, Raytheon, Rheinmetall, Thales, etc.

Sissi vu par Fadi Abou Hassan, Norvège