Louise prend fait et cause pour les « Canaques », lorsque ceux-ci se soulèvent en 1878 contre le génocide en cours. «[…] Cette écharpe rouge de la Commune a été divisée, là-bas, en deux morceaux, une nuit où deux Canaques, avant d’aller rejoindre les leurs, insurgés contre les blancs, avaient voulu me dire adieu. » Au cours des sept années de déportation, Louise fraternisa avec les Kanak et tira deux livres de ses échanges. Alors que la plupart des déportés se rangeaient du côté des forces de répression coloniales, Louise Michel est l’exception lumineuse, pionnière d’un anticolonialisme qui a trop souvent fait défaut à la gauche française, toutes tendances confondues. Des textes à découvrir, d’une femme puisant dans sa condition féminine la force de s’opposer au racisme, au patriarcat et au spécisme. « Quel est l’être supérieur, de celui qui s’assimile à travers mille difficultés des connaissances étrangères à sa race, ou de celui qui, bien armé, anéantit ceux qui ne le sont pas ? »
La Vierge Rouge, la Pétroleuse, l’institutrice, l’infirmière, la combattante Louise Michel est condamnée à la déportation après l’écrasement de la Commune de Paris. Elle arrive en Nouvelle-Calédonie en décembre 1873 et y restera jusqu’en juillet 1880, après quoi, bénéficiant d’une amnistie, elle rentrera en France. Elle établit très rapidement un rapport fraternel avec les Kanak, échangeant, conversant avec eux, apprenant leurs langues, écoutant leurs récits, enseignant à leurs enfants. Quand des insurgés viennent une nuit l’avertir de leur soulèvement imminent, elle leur montre comment sectionner les fils du télégraphe pour saboter les communications des occupants et leur donne son écharpe rouge, relique de la Commune (elle adoptera dans la dernière partie de sa vie tumultueuse le drapeau noir). Cette relique, pieusement conservée, donnera l’idée aux militants indépendantistes kanak des années 1960 d’appeler leur mouvement Les Foulards Rouges.
Louise Michel a écrit deux textes issus de sa rencontre du deuxième type. Ce sont ces documents historiques précieux que nous republions pour les rendre accessibles à toute personne ne fréquentant pas les temples du savoir et leurs rayonnages. L’ouvrage est complété par des analyses sur les déportés de 1848, 1855 et 1871, et couronné par l’incroyable discours de Victor Hugo sur l’Afrique.
Table
des matières
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Légendes et chansons de gestes canaques
par Louise Michel, Nouméa 1875…………….8
· Légendes et chants de gestes canaques
par Louise Michel, Paris 1885………………….44· Louise Michel et les Kanak : amorce d’une réflexion anti-impérialiste
par Lucie Delaporte, 2018………………………235· Déportés en Nouvelle-Calédonie : l’improbable rencontre des communards et des insurgés algériens
par Lucie Delaporte, 2018………………………248· Les déportés de 1848
par Marcel Émerit, 1948…………………………257· Les communards contre les Canaques
par Jean Bruhat, 1981………………………….....266· Commune(s), communards, question coloniale
par Alain Ruscio, 2022……………………………..275· Discours sur l’Afrique
par Victor Hugo, 1879……………………………299