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04/11/2025

Des villages d’Espagne et du Portugal s’allient contre la fièvre européenne des minéraux stratégiques

Luis Velasco et Yolanda Clemente, Alconchel, El País, 20/09/2025
Traduit par Tlaxcala

Les habitants partagent des stratégies pour éviter l’ouverture de mines qui détruiraient leur environnement et leur mode de vie : « Nous sommes un territoire sacrifié pour des intérêts économiques. »


Graffiti contre les mines sur une pancarte d’investissements européens pour le développement rural, à Alconchel (Badajoz). Photo : Luis Velasco

La péninsule Ibérique est devenue une pièce clé de la stratégie européenne concernant les minéraux essentiels nécessaires à la fabrication de produits allant des batteries aux munitions. Sur les 60 projets approuvés par Bruxelles, 11 sont répartis entre des communes d’Espagne et du Portugal, où la crainte de nouvelles mines extractivistes a donné naissance à une alliance populaire pour défendre leurs modes de vie.
À Assumar, un village portugais de 600 habitants situé à 20 kilomètres de la frontière avec le sud de l’Estrémadure, le silence n’est rompu que par quatre ouvriers perchés sur un échafaudage, réparant une façade. L’un d’eux descend lentement lorsqu’on l’interroge sur les minéraux essentiels dans la région de l’Alentejo. « Il y avait une mine il y a quelques années. Ils disent qu’ils explorent à nouveau, mais je ne sais rien », tape-t-il dans le traducteur Google.

Les rumeurs de ces prospections traversent le Guadiana jusqu’aux plateaux de la région d’Olivenza (Badajoz), où les habitants sont plus familiers avec le plan européen visant à extraire des substances telles que le lithium, le tungstène ou les terres rares.
Rubén Báez (51 ans), coordinateur de la plateforme antimines, accuse la société Atalaya Mining — héritière des droits de la mine de Riotinto à Huelva — d’effectuer des forages illégaux sur ce sol protégé par le réseau Natura 2000. Il affirme au téléphone qu’« il est normal » que de l’autre côté de la frontière, personne ne soit informé des explorations : « Aucune administration n’explique rien. C’est la même entreprise qui tente de créer une ceinture minière allant d’Aguablanca à Jerez de los Caballeros. »

L’ordre d’expropriation adressé en 2021 à un habitant d’Alconchel (1 600 habitants) pour rechercher de l’or et du cuivre sur sa propriété a révélé la vérité : silence institutionnel, forages clandestins et présumée flexibilité légale dans les rapports d’évaluation environnementale.
Il y a peu d’ombre pour se protéger des 39°C estivaux dans cette commune de maisons blanches et de toits rouges. La terrasse du bar La Piscina devient alors le meilleur refuge climatique.
Eli Correa, conseillère municipale de 33 ans du Parti Populaire, et José María, un éleveur de 44 ans, se souviennent de ce moment :
« Si ce n’avait pas été pour la tentative d’expropriation, nous n’aurions jamais su ce que préparait Atalaya », dit Correa.


Prospections en cours, mais pas encore stratégiques

Le bruit des enfants dans la piscine d’Alconchel sert de toile de fond aux inquiétudes exprimées par la conseillère :
« Je ne veux pas vivre avec une mine à 100 mètres de ma maison. Ni que l’eau dont nous dépendons tous ici soit contaminée. Je veux que mon village se développe, mais pas à n’importe quel prix. »

Le manque d’informations, comme à Assumar, a poussé José María à parcourir toute la dehesa [pâturage forestier communal] qui fait vivre les villages de cette région frontalière du Portugal, durement touchée par la dépopulation et le chômage.
« Nous avons apporté à la mairie (PSOE) les coordonnées exactes et les photos des forages. Ils n’avaient d’autorisation que sur une seule propriété et en ont profité pour pénétrer sur les autres », accuse-t-il, assurant qu’Atalaya Mining a été condamnée à une amende de 4 000 euros par la Confédération hydrographique du Guadiana (CHD) pour des forages présumés illégaux.

L’entreprise affirme au journal ne pas chercher à déclarer le projet comme stratégique et que toutes les campagnes d’exploration menées depuis 2021 disposent « de toutes les autorisations nécessaires », une activité « contrôlée par de nombreuses inspections officielles ». Elle ajoute que ces forages sont « peu invasifs et respectueux de l’environnement ».
Selon Báez, la société continue pourtant à explorer avec une licence désormais expirée : « Dès qu’ils pourront le déclarer stratégique, ils le feront », conclut-il.

Le gouvernement régional, dirigé par María Guardiola (Parti Populaire) en coalition avec Vox, a refusé de répondre sur la protection environnementale du sol et les autorisations de forage.
Sur son site ouèbe, la Junta présente l’exploitation minière comme une opportunité de « promotion de la croissance économique » de l’Estrémadure, où il existe « plus de 1 000 indices » pour lancer des projets viables.
Dans la Sierra de Gata (Cáceres), sept nouvelles excavations pour extraire de l’étain et du lithium — deux matières premières stratégiques — sont déjà à l’étude, ainsi que dans les villages de Villanueva del Fresno et Barcarrota (Badajoz).

Des sources du ministère pour la Transition écologique expliquent que toutes les initiatives minières doivent passer par une évaluation environnementale à laquelle il est possible de présenter des observations, précisant qu’à l’exception du projet stratégique d’Aguablanca, « les autres projets d’Estrémadure relèvent de la compétence régionale ».
Elles ajoutent qu’une « information publique » doit être réalisée pour permettre à quiconque d’« exposer les impacts possibles ».
La plateforme Comarca Olivenza Sin Minas, qui regroupe plus de 100 personnes, affirme n’avoir eu accès à aucune information.

Martín, avocat de 52 ans, montre sur sa propriété familiale à Táliga (660 habitants, Badajoz) des photos prises sur le terrain voisin : on y voit des foreuses, un bassin d’eau et des roches alentour.
« Ils sont entrés sans autorisation municipale, en cachette, comme d’habitude », dit-il. « Ils agissent avec la même impunité que dans Mississippi Burning, et tu es obligé d’affronter les ouvriers. S’ils sont en règle, pourquoi se cachent-ils ? » interroge-t-il.
Selon Báez, la mairie de Táliga a ouvert une procédure de sanction après l’inspection du SEPRONA [Service de protection de la nature de la Garde Civile] : « La Direction générale de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines dit que les prospections sont légales selon leur réglementation, mais elle ne tient pas compte des règles d’urbanisme, car, selon eux, ce n’est pas de leur compétence. »

La crainte que l’objectif européen de ne plus dépendre de pays comme la Chine serve de prétexte à l’ouverture de nouvelles mines se répand dans toute la péninsule. Des centaines de villages, des montagnes de Galice et du nord du Portugal jusqu’à l’Andalousie, en passant par les vallées de Castille-et-León, sont concernés.
Cette inquiétude a conduit à la création, en 2023, de l’Observatoire ibérique de la mine (MINOB), où la plateforme d’Olivenza et d’autres villages espagnols et portugais cherchent un appui juridique pour freiner la fièvre extractiviste.


La péninsule Ibérique, zone d’exploitation de minéraux rares
(Source : Plateforme EGDI / El País. Données cartographiques © OSM)

Joam Evans, coordinateur du MINOB, décroche le téléphone depuis la Galice, où l’exploitation minière métallique menace le travail de plus d’un millier de familles de pêcheurs, selon lui.
Il affirme que la Commission européenne et le ministère ont invoqué des raisons de sécurité et de défense pour refuser l’accès aux rapports d’impact environnemental des projets stratégiques demandés au printemps.
Evans note un changement dans le discours officiel : « La transition verte est dépassée. Ils parlent maintenant de nécessité de réarmement. Les deux mines de tungstène, matériau utilisé pour fabriquer des munitions et des blindages, ont un passé désastreux en matière de violations des droits du travail et de corruption. »

Adriana Espinosa, experte en extraction minière du MINOB et du collectif Amigas de la Tierra, critique également le plan européen :
« Nous ne dépendrons pas moins de la Chine, et les importations depuis le Sud global ne diminueront pas avec ces 60 projets stratégiques », affirme-t-elle.
Elle dénonce aussi des délais de recours « beaucoup trop courts » pour décortiquer les rapports techniques d’impact environnemental :
« Nous demandons de la transparence à l’Europe, au gouvernement espagnol et aux autonomies », souligne-t-elle.


Où sont utilisés les minéraux stratégiques ?
Les pourcentages indiquent la proportion du minéral dans le poids total du dispositif.
(Source : Visual Capitalist, SFA Oxford, ONU Environnement / El País)

Carla Gomes (43 ans) parle depuis Covas do Barroso, un hameau de 350 habitants dans la commune de Boticas, au nord du Portugal.
Les habitants luttent depuis 2018 pour arrêter « la plus grande mine de lithium à ciel ouvert d’Europe », désormais déclarée stratégique par Bruxelles, et qui a, selon Gomes, rendu inutilisables des terres agricoles.
Ils ont rencontré la même opacité institutionnelle que les habitants d’Olivenza : « Le gouvernement portugais ne nous a jamais informés des permis d’exploration. Ce projet n’a aucune garantie environnementale ni sociale », dénonce-t-elle.

La plateforme citoyenne à laquelle participe Gomes est également intégrée au MINOB, qui tiendra en octobre son assemblée annuelle à Covas do Barroso.
« Nous partageons des stratégies, mais surtout le même sentiment d’être un territoire sacrifié pour des intérêts économiques et politiques », dit-elle, à propos de la coordination avec les villages espagnols.


Manifestations contre la mine de lithium à Covas do Barroso (Portugal) et contre le décret gouvernemental de servitude administrative d’un an autorisant l’entreprise Savannah à exproprier des terrains privés


Le ministère pour la Transition écologique assure que l’activité minière « peut être un outil très important contre la dépopulation ».
Le plan espagnol, approuvé en 2022, prévoit l’ouverture de nouvelles mines face à la « demande exponentielle » à venir pour les matières premières stratégiques.

La nuit rafraîchit l’air à Olivenza (12 000 habitants, Badajoz).
Emilio, Susan et Quini, trois enseignants membres de la plateforme antimines, discutent autour d’une bière et de quelques fruits secs.
Une idée flotte dans l’air : l’Estrémadure est la réserve des autres.
« L’Europe veut ce que nous avons ici », dénonce Susan.
Quini enchaîne : « Ils vont hypothéquer l’avenir de nombreuses générations. »
Emilio conclut avant de payer l’addition :
« Ils nous voient comme une vache à lait. Des gens vivent ici. Il faut se battre pour la vie de notre région. Si tu ne luttes pas pour ça, pour quoi tu vas le faire ? »

Hamlets in Spain and Portugal Unite Against Europe’s Rush for Strategic Minerals

Luis Velasco and Yolanda Clemente, Alconchel, El País, 20/09/2025
Translated by Tlaxcala

Residents share strategies to prevent the opening of mines that would destroy their environment and way of life: “We are a territory sacrificed to economic interests.”


Graffiti against mines on a European investment sign for rural development, in Alconchel (Badajoz).
Photo Luis Velasco

The Iberian Peninsula has become a key piece in Europe’s strategy for obtaining essential minerals used to manufacture everything from batteries to ammunition.
Of the 60 projects approved by Brussels, 11 are located in municipalities across Spain and Portugal, where fear of new extractivist mines has sparked a grassroots alliance to defend their ways of life.

In Assumar, a Portuguese village of 600 inhabitants located 20 kilometers from the border with southern Extremadura, the silence is broken only by four workers standing on scaffolding as they repair a façade. One of them climbs down slowly when asked about critical minerals in the Alentejo region. “There was a mine a few years ago. They say they’re exploring again, but I don’t know anything,” he types into Google Translate.

Rumors of these explorations cross the Guadiana River into the plains of the Olivenza region (Badajoz), where locals are more familiar with the European plan to extract substances such as lithium, tungsten, or rare earths.
Rubén Báez, 51, coordinator of the anti-mining platform, accuses the company Atalaya Mining — heir to the rights of the Riotinto mine in Huelva — of carrying out illegal drilling on land protected by the Natura 2000 Network.
He says by phone that “it’s normal” that people on the other side of the border aren’t aware of the explorations:
“No administration explains anything. It’s the same company trying to build a mining belt from Aguablanca to Jerez de los Caballeros.”

The 2021 expropriation order served on a resident of Alconchel (population 1,600) to search for gold and copper on his property revealed the truth in all its details: institutional silence, stealthy drilling, and alleged legal leniency in environmental impact reports.
There is little shade to shelter from the 39°C summer heat in this hamlet of white houses and red roofs. The terrace of Bar La Piscina becomes the best refuge from the sun.
Eli Correa, a 33-year-old councilor from the Popular Party, and José María, a 44-year-old cattle rancher, remember that moment.
“If it hadn’t been for the attempted expropriation, we would never have learned about Atalaya’s plans,” says Correa.

 

Explorations Underway, Not Yet Declared Strategic

The splashing of children in Alconchel’s swimming pool accompanies the councilor’s concerns:
“I don’t want to live with a mine a hundred meters from my house. Nor do I want the water we all depend on here to be polluted. I want my town to develop, but not at any cost.”

The lack of information — as in Assumar — led José María to walk across the dehesa [communal woodland pasture] that sustains the villages in this border region with Portugal, long afflicted by depopulation and unemployment.
“We brought the exact coordinates and photos of the drilling sites to the town hall (PSOE). They only had permission for one property, but they used it as an excuse to enter others,” he claims.
José María says Atalaya Mining was fined €4,000 by the Guadiana River Basin Authority (CHD) for allegedly illegal drilling.

The company told this newspaper that it has no intention of declaring the project strategic, and that all exploration campaigns carried out since 2021 have “all the necessary permits,” being the only activity in the area “verified by numerous official inspections.”
They add that these drills are “minimally invasive and environmentally respectful.”
According to Báez, however, the company continues to carry out surveys under a license that has already expired.
“As soon as they can declare it strategic, they will,” the coordinator says flatly.

The regional government, led by María Guardiola of the Popular Party in coalition with Vox, declined to comment on the environmental protection of this land or on the drilling permits.
On its website, the Junta de Extremadura presents mining as an opportunity to “promote economic growth” in the region, where there are “more than 1,000 indicators” of potentially viable projects.
In the Sierra de Gata (Cáceres), seven new excavation projects to extract tin and lithium — both strategic raw materials — are already under evaluation, as well as in the Badajoz towns of Villanueva del Fresno and Barcarrota.

Sources from the Ministry for Ecological Transition explain that all mining initiatives must undergo the corresponding environmental assessment, during which objections may be submitted, noting that except for the Aguablanca strategic project, “the rest of the Extremaduran projects fall under regional jurisdiction.”
They add that there must be a “public information” phase so that anyone can “express possible concerns.”
The Olivenza Region Without Mines platform, which includes more than 100 members, says it has not had access to any information whatsoever.

Martín, a 52-year-old lawyer, shows photos taken on the neighboring land from his family estate in Táliga (population 660, Badajoz). The pictures show drilling rigs, a water pond, and scattered rocks.
“They entered without a permit from the town hall, in secret, like other times,” he says. “They act with the same impunity as in Mississippi Burning and force you to confront the workers. If everything is in order, why do they hide?” he asks.
According to Báez, the Táliga council has begun proceedings to impose a fine on the company following a SEPRONA (environmental police) inspection:
“The Directorate-General for Industry, Energy and Mines says the explorations are legal under their regulations, but they ignore zoning laws because, they claim, it’s not their responsibility.”

Fear Across the Peninsula

The fear that Europe’s goal of reducing dependence on countries like China will justify future mining projects is spreading across the peninsula.
It has unsettled hundreds of scattered towns and hamlets on both sides of the border — from the mountains of Galicia and northern Portugal to the valleys of Castile and León and all the way down to Andalusia.
This anxiety led to the creation, in 2023, of the Iberian Mining Observatory (MINOB), where the Olivenza platform and other Spanish and Portuguese villages seek legal support to curb the extractivist fever.

 


The Iberian Peninsula: A Zone for Rare Mineral Exploitation


Joam Evans, MINOB’s coordinator, answers the phone from Galicia, where metal mining threatens, according to him, the livelihoods of more than a thousand shellfish-harvesting families.
He says the European Commission and the Spanish Ministry cited reasons of “security and defense” to deny access to the environmental impact reports of strategic projects requested earlier this year.
Evans points to a shift in the official narrative:
“The green transition is outdated. Now they speak of the need for rearmament. The two tungsten mines — a material used to make ammunition and armor — have a disastrous record of labor rights violations and corruption.”

Adriana Espinosa, a mining expert at MINOB and a member of Friends of the Earth, also criticizes the European plan.
“We are not going to depend less on China, nor will imports from the Global South decrease because of these 60 strategic projects,” she insists.
Espinosa also denounces that local groups are given “too little time” to analyze the technical jargon of the environmental reports:
“We demand transparency from Europe, from the Spanish government, and from the autonomous regions,” she emphasizes.

 


Where Are Strategic Minerals Used?
Percentages indicate the proportion by weight of the mineral in the total weight of the device.
Source: Visual Capitalist, SFA Oxford, UN Environment. El País.

 

Carla Gomes, 43, speaks from Covas do Barroso, a hamlet of 350 inhabitants in the municipality of Boticas, northern Portugal.
Residents have been fighting since 2018 to stop “Europe’s largest open-pit lithium mine,” now declared strategic by Brussels, which has rendered agricultural land unusable, according to Gomes.
They have encountered the same institutional opacity as their counterparts in Olivenza:
“The Portuguese government never informed us about the exploration permits. What exists is a project with no environmental or social guarantees,” Gomes says over the phone.

The local citizens’ platform that Gomes belongs to is also part of MINOB, which is holding its annual meeting this October in Covas do Barroso.
“We share strategies, but above all the same feeling — that we are a territory sacrificed for economic and political interests,” she says of the coordination with Spanish villages.

 



Demonstrations against the lithium mine in Covas do Barroso, Portugal,  and against the government decree of administrative servitude for one year authorizing the Savannah company to expropriate private land
More photos

The Spanish Ministry for Ecological Transition insists that mining activity “can be a very important tool against depopulation.”
Spain’s national plan, approved in 2022, aims to open more mines in response to the “exponential demand” for strategic raw materials expected in the coming years.

Night cools the air in Olivenza (population 12,000, Badajoz).
Emilio, Susan, and Quini — three teachers who belong to the local anti-mining platform — talk over a cold beer and some nuts.
An idea hovers in the air: Extremadura is everyone else’s pantry.
“Europe wants what we have here,” says Susan.
Quini picks up the thread: “They’re going to mortgage the future of many generations.”
Emilio sums it up before paying the bill:
“They see us as a cow to be milked. People live here. We have to fight for the life of our region. If you don’t fight for this, what will you fight for?”

03/08/2024

ALEJANDRO KIRK
Mario Dujisin : le hâbleur qui tapait dans le mille

Alejandro Kirk , Politika, 1/8/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala  

Alejandro Kirk est un journaliste chilien, correspondant pour les chaînes HispanTV (Iran) et teleSur (Venezuela). @kirkreportero

Le journaliste chilien Mario Dujisin  (San Bernardo, Chili, 1944) est mort ce mercredi 31 juillet à Lisbonne. Il a succombé à l’une des nombreuses pneumonies auxquelles son corps titanesque a obstinément résisté, après avoir vaincu un cancer monumental.

Je dis qu’il était Chilien uniquement parce qu’il était originaire de la rue García Reyes, au coin de la rue Agustinas, en face du Paseo Portales, dans le centre historique de Santiago. Une famille de six enfants : quatre filles et deux garçons. Mario était de loin le plus jeune, et il a dû porter le surnom de “Marito” pendant la majeure partie de sa vie.

Mais cette période, bien qu’importante, ne représente qu’une infime partie de sa vie planétaire.

Dujisin était un mélange génétique, social, professionnel, psychologique et historique. Petit-fils d’immigrés yougoslaves (Croates de l’Adriatique), il est resté toute sa vie fidèle à cet héritage, peut-être parce qu’il a étudié à Belgrade et qu’il parlait couramment le serbo-croate. C’était une fidélité familiale, mais aussi politique, au pays socialiste où il avait vécu, au maréchal Tito, bâtisseur d’une expérience unique, détruite dans le sang et le feu par l’OTAN.

La Moneda, 1972: de gauche à droite, Alejandro Urbina, Juan Ibánez, Rafael Urrejola, Mario Dujisin


Dans l'avion présidentiel équatorien vers les Galapagos. De gauche à droite : Mario Dujisin (IPS), Mauricio Montaldo (Visión), le président Osvaldo Hurtado, Omar Sepúlveda (PL), Sergio Carrasco (AP) et Rafael Urrejola (AFP).

De retour de Yougoslavie, il rejoint le service de presse international du gouvernement du président Salvador Allende en 1971. Il a joué un rôle essentiel en exposant au monde l’expérience chilienne, qui a attiré des journalistes du monde entier. Il a vécu toute cette période de trois ans à l’épicentre du drame : le palais présidentiel de La Moneda.

Il était le personnage idéal pour ce rôle : jeune, il parlait toutes les langues, il avait été partout, il était extraverti, sympathique et d’une profondeur sibylline.

Aujourd’hui, me dit sa fille Anette, des dizaines de messages affectueux arrivent du monde entier, de générations différentes, de positions politiques opposées. Cela ne m’étonne pas : quiconque a passé cinq minutes avec Dujisin ne l’oubliera jamais.

Je me compte parmi eux : quand j’avais 15 ans, je l’ai rencontré, petit ami timide d’une de ses nombreuses et belles nièces, et il était là à occuper l’espace : bavard, expansif, beau, cool et joyeux, racontant ses histoires en tant que correspondant au Moyen-Orient. Ce jour-là, sur la plage, j’ai décidé que je voulais être comme lui : un correspondant international, un trublion professionnel.


 Budapest, 1975

01/05/2024

PEDRO DA NÓBREGA
25 de abril sempre - plus jamais le fascisme

  Lorsque les monstres du passé

Remontrent le bout de leur nez

Quand des nazis sont honorés

Et des résistants dégradés

Quand le fascisme est associé

Au besoin de sévérité

Omettant toute sa terreur

Ainsi que toutes ses horreurs

Quand la liberté confisquée

Devient une fatalité

Qui peut piétiner les œillets

Et les démons ressusciter

En Italie les héritiers

Au Portugal succès damné

Quand avril se voit étouffé

Par ses relents de renfermé

Où est la solidarité

Et ses accents de liberté

Où sont les matins chatoyants

Et leurs refrains enthousiasmants

Quand conjuguer l’humanité

C’est croire en la fraternité

Doublée de la sororité

Pour lui donner de quoi lutter

Pour un monde où dans son prochain

Brille l’espoir du lendemain

Une planète solidaire

Plutôt qu’un être solitaire

Quand tous les rêves sont permis

Pour dépasser les interdits

Mettre en échec tous les replis

Et réenchanter les esprits

Retrouver l’allant de l’histoire

La lumière de la mémoire

Quand la société des humains

Dessinait d’inédits chemins

Faudrait-il donc nous résigner

À voir resurgir du passé

Les plus déplorables scories

Ou bien alors redonner vie

À un espoir toujours vivant

Et dans nos rêves omniprésent

22/02/2022

MANUEL RAPOSO
Who gains from a war in Europe? U.S. targets supply of Russian gas to UErope


Manuel Raposo, Jornal Mudar de Vida, 20-2-2022
Translated by John Catalinotto
Original: A quem interessa a guerra na Europa?

At this moment, the events in Ukraine are shrouded in the cloud of smoke that characterizes war propaganda. Official positions, rather than clarifying facts and reporting the progress of negotiations, aim to crush their opponents’ arguments and convince public opinion to back one side of the dispute. 

                An invigorating kick for the Pindostan (USA) 

To understand the role of each of the adversaries, what each of them wants, and how far they can go, we must explore the origins of what is now an extreme conflict. 

Background

Most recently, it all started with two goals shared by the European Union and the United States. One is the economic expansion of the EU (led by its major powers, particularly Germany) to the east. The so-called Eastern Partnership aimed to draw into the European orbit countries as diverse as Georgia, Armenia, Azerbaijan, Moldova, Belarus and Ukraine – all on Russia’s southern and western borders. 

A second purpose is military expansion of the Western bloc, using NATO to complete the encirclement of Russia’s borders. And it is especially here that the interest of the U.S. as the hegemonic power, in this case, has led to a marriage with the economic ambitions of the EU. 

A setback

When it comes to Ukraine, the Eastern Partnership suffered a setback when Russia offered economic advantages to the then-Kiev government which thwarted European advances. The EU and U.S. response was the 2014 coup d’état, backed by Ukrainian fascist militias, which brought a “collaborating” president to power, followed by a bloody persecution of the Russian-origin population.