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14/08/2025

GIDEON LEVY
Quand Anas Al-Sharif est mort, le journalisme est mort, tout comme la vérité et la solidarité

Les journalistes israéliens refusent de voir qu’un pays qui a tué plus de journalistes dans cette guerre à Gaza que dans tout autre conflit de l’histoire finira un jour par tourner ses armes contre eux.

Une manifestante tient une photo d’Anas Al-Sharif, l’un des quatre journalistes d’Al Jazeera tués lors d’une frappe israélienne quelques jours plus tôt, lors d’une manifestation de solidarité avec les journalistes de la bande de Gaza et condamnant la récente frappe, organisée par des journalistes devant le Syndicat de la presse égyptienne au Caire mercredi. Crédit : AFP/KHALED DESOUKI

Gideon Levy, Haaretz, Aug 13, 2025 11:37
Traduit par Tlaxcala

« Si ces mots vous parviennent, sachez qu’Israël a réussi à me tuer et à faire taire ma voix. ... Dieu sait que j’ai déployé tous les efforts et toute l’énergie dont je disposais pour soutenir et faire entendre la voix de mon peuple, depuis le moment où j’ai ouvert les yeux sur la vie dans les ruelles et les rues du camp de réfugiés de Jabaliya. J’espérais que Dieu prolongerait ma vie jusqu’à ce que je puisse retourner avec ma famille et mes proches dans notre ville natale, Al-Majdal Asqalan, aujourd’hui occupée. Mais la volonté de Dieu a prévalu, et son décret s’est accompli. »

Ce n’est pas la volonté de Dieu qui a déterminé le sort du journaliste Anas Al-Sharif dimanche, ainsi que celui de trois autres journalistes et de deux civils, dans la tente de presse adjacente à l’hôpital al-Shifa de la ville de Gaza. Ce n’était pas la volonté de Dieu, mais plutôt celle d’un drone militaire israélien criminel qui a pris pour cible Al-Sharif, le correspondant le plus éminent d’Al Jazeera dans cette guerre. Ce n’est pas la volonté de Dieu, mais celle d’Israël qui a voulu l’exécuter au motif qu’il dirigeait une « cellule du Hamas », sans présenter la moindre preuve à l’appui.

Beaucoup dans le monde ont cru à la version de l’armée, tout comme ils avaient cru que les Forces de défense israéliennes n’avaient pas tué la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh à Jénine en 2022. Même ceux qui veulent croire qu’Al-Sharif était un chef de cellule doivent se poser la question suivante : qu’en est-il des cinq personnes qui ont été tuées avec lui ? Étaient-elles des adjoints du chef de la cellule ? On ne peut croire quoi que ce soit venant d’une armée qui massacre des journalistes de sang-froid ou d’un État qui n’autorise pas la libre couverture de la guerre, pas même les reportages sur le chef de la cellule terroriste de Jabaliya.

Il est difficile de croire – ou peut-être n’y a-t-il plus rien de difficile à croire – le peu d’intérêt suscité ici [en Israël] par le meurtre de quatre journalistes. La presse israélienne était divisée entre ceux qui ont ignoré l’affaire et ceux qui ont rapporté qu’Israël avait éliminé un terroriste. Sans aucune information, presque tout le monde s’est mobilisé pour raconter l’histoire dictée par les Forces de défense israéliennes, au mépris de la vérité. Et au mépris de la solidarité envers un collègue courageux.

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Des Palestiniens récitent la Fatiha dans un cimetière de la ville de Gaza, mardi, sur la tombe du correspondant d’Al Jazeera Anas Al-Sharif, tué avec d’autres journalistes lors d’une frappe israélienne. Crédit : AFP/BASHAR TALEB

La seule preuve présentée était une photo d’Al-Sharif avec le chef du Hamas Yahya Sinwar. C’est en effet un motif d’exécution.

Un million de fois plus courageux que n’importe quel journaliste israélien, et moins complaisant au service de la propagande de son État et de son peuple que Nir Dvori et Or Heller, Al-Sharif aurait pu enseigner les fondamentaux du journalisme aux membres des médias israéliens.

Le chutzpah de la presse ici est sans limites : Al Jazeera est une chaîne de propagande, hurlent les reporters des chaînes de télévision israéliennes, qui ont donné une mauvaise réputation à la propagande ultranationaliste et à la dissimulation de la vérité pendant cette guerre.

Si Al Jazeera est de la propagande, alors qu’est-ce que Channel 12 ? Et les chaînes 11, 13, 14 et 15 ? Ont-elles un quelconque rapport avec le journalisme dans cette guerre ?


Des enfants palestiniens et un journaliste inspectent la tente détruite d’Al Jazeera à l’hôpital Al-Shifa de Gaza, lundi, après une frappe nocturne de l’armée israélienne. Crédit : AFP/BASHAR TALEB

Lorsque le journalisme est mort, la vérité et la solidarité ont également disparu. Ceux qui ont tué plus de journalistes dans cette guerre que dans toute autre guerre de l’histoire – 186 selon le Comité pour la protection des journalistes basé à New York, 263 selon B’Tselem – tourneront un jour leurs armes contre nous, les journalistes israéliens qui ne trouvons pas grâce à leurs yeux. Il est difficile de comprendre comment les journalistes israéliens ne parviennent pas à saisir cela. Ou peut-être ont-ils l’intention de continuer à se soumettre à la machine de propagande israélienne, car à leurs yeux, c’est ça le journalisme.

Mais cette semaine, l’armée israélienne a bombardé une tente de presse, et les scènes que vous n’avez pas vues étaient horribles : des corps de journalistes ont été retirés de la tente en feu, et leurs collègues israéliens applaudissaient ou restaient silencieux. Quelle honte, tant sur le plan personnel que professionnel. En quoi est-ce moins choquant que le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018 ? Parce qu’ils n’ont pas démembré le corps d’al-Sharif ?

Les amis d’Al-Sharif et son testament indiquent qu’il savait qu’il était une cible. Lorsque l’armée israélienne a commencé à proférer des menaces de mort à son encontre en octobre, Irene Khan, rapporteure spéciale des Nations unies sur la liberté d’expression, s’est dite inquiète pour son sort. Al-Sharif, a-t-elle déclaré, était le dernier journaliste encore en vie dans le nord de la bande de Gaza. C’est précisément pour cette raison qu’Israël l’a tué. « N’oubliez pas Gaza », tels ont été ses derniers mots dans son testament.

 

13/08/2025

GIDEON LEVY
When Anas Al-Sharif Died, So Did Journalism, and So Did Truth and Solidarity

Israel's journalists refuse to see that a country that has killed more newspeople in this war in Gaza than have been killed in any other conflict in history will one day also turn its guns on them

A demonstrator holds a picture of Anas Al-Sharif, one of four Al Jazeera journalists killed in an Israeli strike days earlier, during a protest in solidarity with journalists in the Gaza Strip and condemning the recent strike, organised by journalists outside Egypt's Press Syndicate in Cairo on Wednesday.Credit: AFP/KHALED DESOUKI

Gideon Levy, Haaretz, Aug 13, 2025 11:37

"If these words of mine reach you, know that Israel has succeeded in killing me and silencing my voice. … God knows that I exerted every effort and strength I had to be a support and a voice for my people, from the moment I opened my eyes to life in the alleys and streets of the Jabalya refugee camp. My hope was that God would prolong my life until I could return with my family and loved ones to our original hometown, the occupied Al-Majdal Asqalan. But God's will prevailed, and His decree was fulfilled."

It was not God's will that determined the fate of journalist Anas Al-Sharif on Sunday, together with three other journalists and two civilians, in the press tent adjacent to Gaza City's al-Shifa Hospital. It was not the will of God, but rather a criminal Israeli military drone that targeted al-Sharif, Al Jazeera's most prominent correspondent in the war. Not God's will but rather Israel's will to execute him on the grounds that he had led a "Hamas cell," without presenting a shred of evidence to support this.

Many in the world believed the military's version, just as they had believed that the Israel Defense Forces did not kill Al Jazeera reporter Shireen Abu Akleh in Jenin in 2022. Even those who want to believe that Al-Sharif was a cell leader must ask: And what about the five people who were killed with him? Were they deputy heads of the cell? One cannot believe anything that is said by an army that massacres journalists so cold-bloodedly or a state that does not permit free coverage of the war, not even the stories about the head of the terror cell from Jabalya.

It is hard to believe – or perhaps nothing is hard to believe anymore – how little interest was shown here in the killing of four journalists. The Israeli press was split between those who ignored the story and those who reported that Israel had eliminated a terrorist. Equipped with zero information, nearly everyone mobilized to tell the story that the Israel Defense Forces dictated to them and to hell with the truth. And also to hell with showing solidarity to a brave colleague.

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Palestinians recite the Fatiha over the grave of Al Jazeera correspondent Anas Al-Sharif, who was killed alongside other journalists in an Israeli strike, at a cemetery in Gaza City on August Tuesday.Credit: AFP/BASHAR TALEB

The only evidence presented was a photograph of Al-Sharif with Hamas chief Yahya Sinwar. This is indeed grounds for execution.

A million times braver than any Israeli journalist, and less co-opted to serve the propaganda of his state and his people than Nir Dvori and Or Heller, Al-Sharif could have taught members of the Israeli media the fundamentals of journalism.

The chutzpah of the press here knows no bounds: Al Jazeera is a propaganda network, scream the reporters from the Israeli TV channels, who have given a bad name to ultranationalist propaganda and the concealment of truth during this war.

If Al Jazeera is propaganda, then what is Channel 12? And channels 11, 13, 14 and 15? Do they have any connection at all to journalism in this war?


Palestinian children and a journalist check the destroyed Al Jazeera tent at Al-Shifa Hospital in Gaza City on Monday following an overnight strike by the Israeli military.Credit: AFP/BASHAR TALEB

When journalism died, so too did truth and solidarity. Those who have killed more journalists in this war than have been killed in any other in history – 186 according to the New York-based Committee to Protect Journalists, 263 according to B'Tselem – will one day also turn their guns on us, the Israeli journalists who do not find favor in their eyes. It's hard to understand how Israeli journalists fail to comprehend this. Or perhaps they plan to continue their submissive service to the Israeli propaganda machine, because in their eyes, this is journalism.

But this week, the IDF shelled a press tent, and the scenes you didn't see were horrifying: bodies of journalists were pulled from the burning tent, and their Israeli colleagues cheered or were silent. What a disgrace, both personal and professional. How is this less shocking than the 2018 murder of Saudi journalist Jamal Khashoggi? Because they didn't dismember al-Sharif's body?

Al-Sharif's friends and his will say that he knew he was a target. When the IDF began making threats on his life in October, Irene Khan, the UN special rapporteur on freedom of expression, said she was concerned for his fate. Al-Sharif, she said, was the last surviving journalist in the northern Gaza Strip. That's precisely why Israel killed him. "Do not forget Gaza," were the last words in his will.

 

LYNA AL TABAL
Anas Al-Sharif : la couverture continue

 Lyna Al-TabalRai Al Youm, 12/8/2025

Traduit par Tlaxcala

Chers lecteurs, vous n’êtes donc pas encore fatigués de ces vieux mensonges sur la mer qui protégerait la ville ? Allons… la mer ne protège personne. Elle n’a ni parti, ni camp, ni mémoire. Elle n’est que de l’eau, vouée à s’évaporer, et ses vagues ne sont rien d’autre qu’un balancement physique dénué de sens. Gaza, noyée dans son sel, dans son sang, c’est pas une légende… Gaza, c’est du vrai, du dur, une réalité qui fait mal.

Enterrement de l'équipe d'Al Jazeera assassinée. Photo Omar Al-Qattaa/AFP/Getty Images

C’est de là qu’il est sorti, Anas al-Sharif. Qui a dit que c’était le héros d’une vieille histoire ? Non… C’était un jeune homme du camp de Jabaliya, il filmait le réel, rien que ça. C’est la seule histoire qui compte. Anas, pas un héros des contes, mais le type qui fabrique une nouvelle légende : celle de la vérité.
Le voilà, Anas, venu de là-bas, l’armure sur le dos, avec marqué dessus : « PRESS » Une armure en tissu épais, dessous des plaques serrées, compressées… une amulette moderne, en kevlar, en céramique… censée tenir les balles à distance. Mais, comme toutes les amulettes de cette époque pourrie, ça sert à rien… quand c’est Israël qui tire. Anas… comme Ismaël… comme Shireen .. Hamza, Abdel Hadi, Salam, Hani, Mohammed, Ahmed, Majid, Shimaa, Ola, Duaa, Hanan, Samer... comme des centaines d'autres journalistes pris pour cible par Israël, a été témoins de ses crimes et de ceux de son armée qui se discrédite chaque jour en tuant les témoins.

Israël, l'État qui se vend au monde comme un havre de démocratie, bat un nouveau record au Guinness des records de la mort...

Imaginez-vous qu'en moins de deux ans, Israël a tué à Gaza plus de journalistes que toutes les guerres entre 1861 et 2025 ? Pouvez-vous accepter ce chiffre ? Cette période comprend la guerre civile américaine, la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, la guerre de Corée, la guerre du Vietnam, la guerre du Cambodge et la guerre du Laos... Ajoutez à cela les guerres de Bosnie-Herzégovine, de Croatie et du Kosovo, la guerre d'Afghanistan, la guerre d'Irak et la guerre en Ukraine...

Hier, c'était le tour d'Anas... Anas al-Sharif est tombé en martyr... C'est la phrase habituelle, le slogan que nous répétons pour tenir le coup. Car ici, à Gaza, la mort est une routine quotidienne, comme le pain, ou plutôt comme l'absence de pain. C'est comme la faim, comme la peur, comme la couleur sombre du sang lorsqu'il se mélange à la cendre. Tout ce qui est mauvais ici se répète... Tout ce qui est mauvais se répète sans cesse, sauf le sourire d'Abou Mazen, qui s'élargit à mesure que le siège sur Gaza se resserre.

De loin, Gaza ressemble à un tableau aux couleurs cendrées, ses rues sont des trous noirs sans début ni fin, et le vent transporte une odeur de poudre mêlée à un peu de sel marin... Un mélange que connaissent bien les Gazaouis, mais aussi les pilotes israéliens... qui reviennent bombarder.

Ici, à Gaza, la parole est interdite, la nourriture aussi... La liberté d'expression pour les Israéliens signifie la liberté de tuer tous ceux qui parlent. Israël ne parle pas de déontologie, il ne connaît qu'un seul métier : l'occupation... et le meurtre. Israël tue les journalistes parce qu'il a peur de ce que la caméra montre : des cadavres d'enfants, des visages de mères, des yeux qui disent au monde : « Regardez, c'est un génocide ». Israël tue les journalistes parce qu'il sait que l'histoire sera écrite à travers leurs objectifs et que les procès seront documentés par leurs photos.

Finalement, Anas al-Sharif a été tué et enterré. C'est désormais une image gravée dans la mémoire de Gaza : un corps recouvert d'un linceul blanc, des mains qui le soulèvent rapidement avant que le prochain raid ne commence, une caméra silencieuse qui accompagne le corps, son objectif toujours ouvert, témoin de la mort de son propriétaire comme elle a été témoin de sa vie... Mais désormais, elle ne filme plus rien. Sans image ni son, mais #la_couverture_continue, comme tu l'as demandé, Anas... La vérité ne meurt pas, elle passe d'un objectif à l'autre, d'un collègue à l'autre, d'un martyr à un encore vivant en direct... Et nous sommes tous des martyrs qui attendons notre tour sur la route de Jérusalem.

À cette heure même, les fonctionnaires de l'ONU se disputent la formulation d'une déclaration exprimant leur profonde inquiétude. Certains pleureront, d'autres feindront d'être émus, puis ils retourneront boire leur café infect dans leurs bureaux climatisés.

Netanyahou, noyé jusqu'aux oreilles dans les dossiers de corruption et les rêves de grandeur, sait que l'image transmise par Anas est plus dangereuse que n'importe quel missile, plus dangereuse que mille déclarations des Nations unies. La caméra était la dernière arme dont disposait Anas face au monde, quelque chose que le dôme de fer ne pouvait arrêter. Il tirait avec son appareil photo comme un combattant tire un missile Yassin, des images et des vidéos que ni la fronde de David ni les Patriot ne pouvaient intercepter.

Netanyahou s'est tenu debout, avec un sourire à moitié déformé, pour déclarer qu'Israël combattait le terrorisme. Le monde écoutait en silence, comme toujours. Mais Anas savait que la fin allait venir, et il savait peut-être aussi que le monde allait faire la risette à Israël quelques heures après son martyre. Il savait qu'après sa mort, rien ne changerait. Le blocus resterait un blocus, et les Palestiniens resteraient en vie, juste assez pour mourir le lendemain.


Anas avec Sham et Salah

Savez-vous qu'Anas avait appelé sa fille « Sham* » pour dire que la Palestine ne connaît pas de frontières ? Il l'avait fait pour dire au monde : la Palestine ne se résume pas à une ligne de cessez-le-feu, ni à un mur de séparation, ni à une carte sur laquelle s'amusent des politiciens obsédés. La Palestine est contre toute occupation et contre toute violation du droit de l'homme à être libre. La patrie est plus grande que Gaza, et la blessure arabe est unique, à Khartoum assiégée, à Beyrouth détruite, à Bagdad sinistrée, à Damas survolée par les avions ennemis qui bombardent et repartent... Partout où il y avait de la douleur, il y avait la Palestine.

Non, mon ami, nous n'avons pas besoin d'un miracle. Les miracles n'existent plus, et s'ils existent, ils sont ennuyeux. Nous avons besoin d'autre chose, de beaucoup moins romantique, de beaucoup plus cruel : du temps, par exemple... ou peut-être l'effondrement complet du système mondial. En réalité, les héros de Gaza sont le miracle qui n'étonne personne, car le monde s'est habitué à les voir mourir.

Nous avons besoin d'un droit international qui poursuive Israël et lui impose des sanctions, et d'un monde qui cesse de jouer les sympathisants. Ce que nous voulons, c'est que le monde cesse de se mentir à lui-même... même si ce n'est qu'une courte pause avant le prochain mensonge. Y a-t-il une trêve dans les mensonges ?

Au final, la mer restera, la ville restera, mais les visages disparaîtront. C'est toujours ainsi que les choses se passent. La mer est témoin de la mort de ceux qu'elle ne peut sauver, et la ville s'effondrera encore, encore et encore. Tout reviendra comme avant, car le temps à Gaza tourne en rond et n'avance pas... Ici, le temps se répète sans pitié.

Mais ce n'est pas si mythique que ça. La survie de Gaza n'est pas un miracle, c'est simplement une réalité dérangeante. Et la vérité, c'est que la survie de Gaza est une victoire en soi. Gaza vaincra parce qu'il y a des choses qui ne peuvent pas être tuées.

Vous entendez ?

Des choses qui ne peuvent pas être tuées...

Il y a des choses plus simples et plus décourageantes : comme la vérité, comme la mer qui, contrairement à la plupart des politiciens de la région, comprend que la prochaine vague sera inévitablement plus grande que la précédente.

Oui, la mer de Gaza qui, malgré votre silence et votre complicité, continue d'envoyer des vagues plus grandes que les précédentes, signe évident que cette fin est le début de Gaza et votre fin.

NdT

*Sham : Bilad al-Sham, le pays “à main gauche” (depuis le Hijaz) par opposition au Yemen, le pays “à main droite”, désignait traditionnellement la “Grande Syrie“, englobant la Syrie, le Liban, la Palestine et la Jordanie d’aujourd’hui.

12/08/2025

LYNA AL-TABAL
Anas Al-Sharif: la cobertura sigue

Lyna Al-Tabal, Rai Al Youm, 12-8-2025
Traducido por Tlaxcala

Estimados lectores, ¿no están aún cansados de las viejas mentiras sobre el mar que protege la ciudad? No seamos ingenuos. El mar no protege a nadie, el mar no conoce la política, el mar es solo agua, y su destino es evaporarse, y las olas no son más que un movimiento físico sin sentido. Gaza, sumergida en su sal y su sangre, no es una leyenda... Gaza es una dolorosa realidad.


Dolientes marchan con los cuerpos de los periodistas que murieron en un ataque israelí durante la noche contra su tienda de campaña frente a un hospital en la ciudad de Gaza. Foto Omar Al-Qattaa/AFP/Getty Images

De allí salió Anas al-Sharif. ¿Quién dijo que era el héroe de una vieja historia? Era un joven del campo de Yabaliya que filmaba la realidad. Esa es la única historia que existe. Anas no es un héroe legendario, pero es el creador de una nueva leyenda: la de la verdad.

Aquí está Anas, que vienes de allí, vestido con una armadura en la que está escrito «PRENSA», una armadura de tela gruesa que esconde placas comprimidas, un amuleto moderno de kevlar y cerámica, que intenta proteger su cuerpo de las balas... Pero, como todos los amuletos de esta época oscura, no sirve de nada cuando es Israel quien dispara. Anas, como Ismael, Shireen, Hamza, Abdel Hadi, Salam, Hani, Mohammed, Ahmed, Majid, Shimaa, Ola, Duaa, Hanan, Samer... como cientos de otros periodistas tomados como blanco por Israel, ha sido testigo de sus crímenes y de los de su ejército, que se desacredita cada día matando a los testigos.

Israel, el Estado que se vende al mundo como un refugio de la democracia, bate un nuevo récord Guinness de muerte...

¿Se imaginan que en menos de dos años Israel ha matado en Gaza a más periodistas que todas las guerras entre 1861 y 2025? ¿Pueden aceptar esta cifra? Este periodo incluye la guerra civil usamericana, la Primera Guerra Mundial, la Segunda Guerra Mundial, la guerra de Corea, la guerra de Vietnam, la guerra de Camboya y la guerra de Laos... Añádanse a ello las guerras de Bosnia-Herzegovina, Croacia y Kosovo, la guerra de Afganistán, la guerra de Irak y la guerra de Ucrania...

Ayer le tocó a Anas... Anas al-Sharif cayó mártir... mártir... mártir en el camino a Jerusalén. Es la frase habitual, el eslogan que repetimos para aguantar. Porque aquí, en Gaza, la muerte es una rutina diaria, como el pan, o más bien como la falta de pan. Es como el hambre, como el miedo, como el color oscuro de la sangre cuando se mezcla con la ceniza. Todo lo malo aquí se repite... Todo lo malo se repite sin cesar, excepto la sonrisa de Abu Mazen, que se amplía a medida que se estrecha el asedio sobre Gaza.

Desde lejos, Gaza parece un cuadro en tonos cenicientos, sus calles son agujeros negros sin principio ni fin, y el viento transporta un olor a pólvora mezclado con un poco de sal marina... Una mezcla que conocen bien los habitantes de Gaza, pero también los pilotos israelíes... que vuelven a bombardear.

Aquí, en Gaza, está prohibido hablar, también la comida... La libertad de expresión para los israelíes significa la libertad de matar a todos los que hablan. Israel no habla de ética, solo conoce un oficio: la ocupación... y el asesinato. Israel mata a los periodistas porque teme lo que muestra la cámara: cadáveres de niños, rostros de madres, ojos que dicen al mundo: «Miren, esto es un genocidio». Israel mata a los periodistas porque sabe que la historia se escribirá a través de sus objetivos y que los juicios serán documentados por sus fotos.

Finalmente, Anas al-Sharif fue asesinado y enterrado. Ahora es una imagen grabada en la memoria de Gaza: un cuerpo cubierto con un sudario blanco, unas manos que lo levantan rápidamente antes de que comience el siguiente ataque, una cámara silenciosa que acompaña al cuerpo, con su objetivo siempre abierto, testigo de la muerte de su propietario, como fue testigo de su vida... Pero ahora ya no graba nada. Sin imagen ni sonido, pero #la_cobertura_sigue, como tú pediste, Anas... La verdad no muere, pasa de un objetivo a otro, de un colega a otro, de un mártir a otro que sigue vivo, en directo... Y todos somos mártires que esperamos nuestro turno en el camino a Jerusalén.

En este mismo momento, los funcionarios de la ONU discuten la redacción de una declaración en la que expresan su profunda preocupación. Algunos llorarán, otros fingirán estar conmovidos y luego volverán a beber su café infecto en sus oficinas climatizadas.

Netanyahu, sumido hasta las orejas en casos de corrupción y sueños de grandeza, sabe que la imagen transmitida por Anas es más peligrosa que cualquier misil, más peligrosa que mil declaraciones de las Naciones Unidas. La cámara era la última arma con la que contaba Anas frente al mundo, algo que la cúpula de hierro no podía detener.

 Disparaba con su cámara como un combatiente dispara un misil Yasin, imágenes y vídeos que ni la honda de David ni los Patriot podían interceptar. Netanyahu se mantuvo de pie, con una sonrisa medio deformada, para declarar que Israel luchaba contra el terrorismo.

 El mundo escuchaba en silencio, como siempre. Pero Anas sabía que el final se acercaba, y quizá también sabía que el mundo sonreiría a Israel pocas horas después de su martirio. Sabía que tras su muerte nada cambiaría. El bloqueo seguiría siendo un bloqueo, y los palestinos seguirían vivos, lo justo para morir al día siguiente.



Anas con Sham y Salah


¿Saben que Anas llamó a su hija «Sham»* para decir que Palestina no tiene fronteras? Lo hizo para decirle al mundo: Palestina no se reduce a una línea de alto el fuego, ni a un muro de separación, ni a un mapa con el que se divierten políticos obsesionados. Palestina está en contra de toda ocupación y de toda violación del derecho humano a la libertad. La patria es más grande que Gaza, y la herida árabe es única, en la sitiada Jartum, en la destruida Beirut, en la devastada Bagdad, en Damasco sobrevolada por aviones enemigos que bombardean y se marchan... Dondequiera que había dolor, allí estaba Palestina.

No, amigo mío, no necesitamos un milagro. Los milagros ya no existen, y si existen, son aburridos. Necesitamos otra cosa, mucho menos romántica, mucho más cruel: tiempo, por ejemplo... o tal vez el colapso total del sistema mundial. En realidad, los héroes de Gaza son el milagro que no sorprende a nadie, porque el mundo se ha acostumbrado a verlos morir.

Necesitamos un derecho internacional que persiga a Israel y le imponga sanciones, y un mundo que deje de hacerse el simpático. Lo que queremos es que el mundo deje de mentirse a sí mismo... aunque solo sea una breve pausa antes de la próxima mentira. ¿Hay una tregua en las mentiras?

Al final, el mar seguirá ahí, la ciudad seguirá ahí, pero los rostros desaparecerán. Siempre es así. El mar es testigo de la muerte de aquellos a quienes no puede salvar, y la ciudad se derrumbará una y otra vez. Todo volverá a ser como antes, porque el tiempo en Gaza gira en círculos y no avanza... Aquí, el tiempo se repite sin piedad.

Pero no es tan mítico. La supervivencia de Gaza no es un milagro, es simplemente una realidad inquietante. Y la verdad es que la supervivencia de Gaza es una victoria en sí misma. Gaza vencerá porque hay cosas que no se pueden matar.

¿Lo oyen?

Cosas que no se pueden matar...

Hay cosas más simples y más desalentadoras: como la verdad, como el mar que, a diferencia de la mayoría de los políticos de la región, entiende que la próxima ola será inevitablemente más grande que la anterior.

Sí, el mar de Gaza que, a pesar de su silencio y su complicidad, sigue enviando olas más grandes que las anteriores, señal evidente de que este final es el comienzo de Gaza y su fin.

NdT

*Sham: Bilad al-Sham, el país «de la mano izquierda» (visto desde el Hiyaz) en oposición a Yemen, el país «de la mano derecha», designaba tradicionalmente la «Gran Siria», que abarcaba la actual Siria, Líbano, Palestina y Jordania.

LYNA AL-TABAL
Anas Al-Sharif: media coverage goes on

Lyna Al-Tabal, Rai Al Youm, Aug. 12, 2025

Translated by Tlaxcala

Dear readers, aren't you tired of these old lies about the sea protecting the city? Let's not be naive. The sea protects no one, the sea knows nothing of politics, the sea is just water, destined to evaporate, and the waves are nothing but meaningless physical movements. Gaza, drenched in salt and blood, is not a myth... Gaza is a painful reality.


Mourners march with the bodies of journalists who were killed in an overnight Israeli strike on their tent outside a hospital in Gaza City. Photograph: Omar Al-Qattaa/AFP/Getty Images

From there emerged Anas al-Sharif. Who said he was a hero in an old story? He was a young man from the Jabaliya camp who photographed the truth. This is the only story. Anas is not a legendary hero, but he is the creator of a new legend: the legend of truth.

Here comes Anas, wearing a vest with “PRESS” written on it, a heavy cloth vest that hides compressed panels, a modern talisman made of Kevlar and ceramic, trying to protect his body from bullets... But like all talismans of this gloomy era, it is useless when Israel is the one firing the shots. Anas, like Ismail, Shireen, Hamza, Abdulhadi, Salam, Hani, Muhammad, Ahmed, Majid, Shimaa, Ola, Duaa, Hanan, Samer... like hundreds of other journalists targeted by Israel, they witnessed its crimes and the crimes of its army, which defeats itself every day by killing witnesses.

Israel, the state that sells itself to the world as an oasis of democracy, is setting a new Guinness World Record for death...

Can you imagine that in less than two years, Israel has killed more journalists in Gaza than were killed in all the wars between 1861 and 2025? Can you comprehend that number? This period includes the USAmerican Civil War, World War I, World War II, the Korean War, the Vietnam War, Cambodia, and Laos... Add to that the wars in Bosnia and Herzegovina, Croatia, Kosovo, Afghanistan, Iraq, and Ukraine...

Yesterday, it was Anas's turn... Anas al-Sharif was martyred... martyred... martyred on the road to Jerusalem. It is the usual phrase, the slogan we repeat to endure. Because death here, in Gaza, is a daily routine like bread, or rather, like the absence of bread. It is like hunger, like fear, like the dark color of blood when mixed with ash. Everything bad here repeats itself... Everything bad repeats itself without stopping, except for Abu Mazen's smile, which widens as the siege on Gaza tightens.

From a distance, Gaza looks like a painting in shades of gray, its streets black holes with no beginning and no end, and the wind carries the smell of gunpowder mixed with a little sea salt... a mixture familiar to Gazans, and familiar to Israeli pilots... who return to bomb again.

Here in Gaza, words are forbidden, and food is also forbidden... Freedom of expression for Israelis means the freedom to kill anyone who speaks out. Israel does not talk about professional ethics, because it knows only one profession: occupation... and killing. Israel kills journalists because it fears what the camera reflects: the bodies of children, the faces of mothers, and eyes that say to the world, “Look, this is genocide.” Israel kills journalists because it knows that history will be written through their lenses and that trials will document their images.

In the end, Anas al-Sharif was martyred and buried. It is now a scene etched in Gaza's memory: a body covered with a white shroud, hands quickly lifting it before the next raid begins, a silent camera accompanying the body, its lens still open, witnessing the death of its owner as it witnessed his life... but now it is not filming anything. No sound, no image, but #coverage_continues, as you instructed, Anas... The truth does not die, it moves from one lens to another, from one colleague to another, from one martyr to another still alive... And we are all martyrs waiting for our turn on the road to Jerusalem.

At this very moment, UN officials are arguing over the wording of a statement of deep concern. Some will cry, others will pretend to be moved, and then they will go back to drinking bitter coffee in their air-conditioned offices.

Netanyahu, mired in corruption and dreams of grandeur, knows that the image Anas conveyed is more dangerous than any missile, more dangerous than a thousand UN statements. The camera was the last thing Anas had against the world, something the iron dome could not stop.

He fired his camera like a fighter fires a Yassin missile, a camera and broadcasts and images that neither David's slingshot nor Patriot missiles could intercept. Netanyahu stood with a half-crooked smile to declare that Israel was fighting terrorism.

The world listened in silence, as it always does. But Anas knew that the end would come, and perhaps he also knew that the world would smile at Israel hours after his martyrdom. He knew that after his death, nothing would change. The siege would remain a siege, and the Palestinians would remain alive enough to die tomorrow.


Anas with Sham and Salah

Did you know that Anas named his daughter “Sham”* to say that Palestine knows no borders? He did so to tell the world: Palestine cannot be reduced to a ceasefire line, a separation wall, or a map tampered with by obsessed politicians. Palestine is against all occupation and against all violations of the human right to be free. The homeland is bigger than Gaza, and the Arab wound is one, in besieged Khartoum, in destroyed Beirut, in devastated Baghdad, in Damascus, over which enemy planes fly, bomb and return... Everywhere there was pain, there was Palestine.

No, my friend, we do not need a miracle. Miracles no longer exist, and if they do, they are boring. We need something else, something much less romantic and much more brutal: extra time, for example... or perhaps the complete collapse of the world order. The truth is that the heroes of Gaza are a miracle that surprises no one, because the world is used to seeing them die.

We need international law to prosecute Israel and impose sanctions on it, and we need a world that stops playing the role of sympathizer. What we want is for the world to stop lying to itself... even if it is only a short respite before the next lie. Is there a truce for lying?

In the end, the sea will remain, and the city will remain, but the faces will disappear. That's how things always go. The sea bears witness to the death of those who cannot be saved, and the city will collapse again, and again, and again. Everything will return to the way it was, because time in Gaza revolves and does not move forward... Time here repeats itself mercilessly.

But it's not that mythical. Gaza's survival is not a miracle, it's simply an uncomfortable truth. And the truth is that Gaza's survival is a victory in itself. Gaza will prevail because there are things that cannot be killed.

Did you hear that?

Things that cannot be killed...

There are simpler and more frustrating things: like the truth, and like the sea, which, unlike most of the region's politicians, understands that the next wave will inevitably be bigger than the last.

Yes, the sea of Gaza, which, despite your silence and complicity, continues to send waves bigger than the last, as a clear sign that this end is the beginning of Gaza and the end of you.

 

Translator's note
Sham: Bilad al-Sham, the “left-hand” country (seen from the Hijaz) as opposed to Yemen, the “right-hand” country, traditionally referred to
“Greater Syria,” encompassing today’s Syria, Lebanon, Palestine, and Jordan.

11/08/2025

Anas Al-Sharif: “I entrust you with Palestine “


This is what our beloved Anas requested to be published upon his martyrdom.

This is my will and my final message. If these words reach you, know that Israel has succeeded in killing me and silencing my voice. First, peace be upon you and Allah’s mercy and blessings.

Allah knows I gave every effort and all my strength to be a support and a voice for my people, ever since I opened my eyes to life in the alleys and streets of the Jabalia refugee camp. My hope was that Allah would extend my life so I could return with my family and loved ones to our original town of occupied Asqalan (Al-Majdal). But Allah’s will came first, and His decree is final. I have lived through pain in all its details, tasted suffering and loss many times, yet I never once hesitated to convey the truth as it is, without distortion or falsification—so that Allah may bear witness against those who stayed silent, those who accepted our killing, those who choked our breath, and whose hearts were unmoved by the scattered remains of our children and women, doing nothing to stop the massacre that our people have faced for more than a year and a half.

I entrust you with Palestine—the jewel in the crown of the Muslim world, the heartbeat of every free person in this world. I entrust you with its people, with its wronged and innocent children who never had the time to dream or live in safety and peace. Their pure bodies were crushed under thousands of tons of Israeli bombs and missiles, torn apart and scattered across the walls.

I urge you not to let chains silence you, nor borders restrain you. Be bridges toward the liberation of the land and its people, until the sun of dignity and freedom rises over our stolen homeland. I entrust you to take care of my family. I entrust you with my beloved daughter Sham, the light of my eyes, whom I never got the chance to watch grow up as I had dreamed.

I entrust you with my dear son Salah, whom I had wished to support and accompany through life until he grew strong enough to carry my burden and continue the mission.

I entrust you with my beloved mother, whose blessed prayers brought me to where I am, whose supplications were my fortress and whose light guided my path. I pray that Allah grants her strength and rewards her on my behalf with the best of rewards.

I also entrust you with my lifelong companion, my beloved wife, Umm Salah (Bayan), from whom the war separated me for many long days and months. Yet she remained faithful to our bond, steadfast as the trunk of an olive tree that does not bend—patient, trusting in Allah, and carrying the responsibility in my absence with all her strength and faith.

I urge you to stand by them, to be their support after Allah Almighty. If I die, I die steadfast upon my principles. I testify before Allah that I am content with His decree, certain of meeting Him, and assured that what is with Allah is better and everlasting.

O Allah, accept me among the martyrs, forgive my past and future sins, and make my blood a light that illuminates the path of freedom for my people and my family. Forgive me if I have fallen short, and pray for me with mercy, for I kept my promise and never changed or betrayed it.

Do not forget Gaza… And do not forget me in your sincere prayers for forgiveness and acceptance.

Anas Jamal Al-Sharif

06.04.2025

LORENZO TONDO
Anas al-Sharif, destacado corresponsal de Al Jazeera, entre los cinco periodistas asesinados en un ataque aéreo israelí en Gaza

Israel admite el ataque deliberado contra el periodista, conocido por su cobertura en primera línea, en un ataque contra una tienda de campaña situada fuera del hospital al-Shifa

Lorenzo Tondo en Jerusalén, The Guardian, 11-8-2025
Con Reuters y Agence France-Presse
Traducido por Tlaxcala

Las Fuerzas de Defensa de Israel afirman que Anas al-Sharif, que había expresado su miedo a ser asesinado, era el líder de una célula de Hamás. Fotografía: Al Jazeera

Un destacado periodista de Al Jazeera que había sido amenazado anteriormente por Israel ha muerto junto con cuatro compañeros en un ataque aéreo israelí.

Anas al-Sharif, uno de los rostros más reconocibles de Al Jazeera en Gaza, murió mientras se encontraba dentro de una tienda de campaña para periodistas frente al hospital al-Shifa, en la ciudad de Gaza, el domingo por la noche.

Según la cadena con sede en Catar, en el ataque murieron siete personas en total, entre ellas al-Sharif, el corresponsal de Al Jazeera Mohammed Qreiqeh y los operadores de cámara Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal y Moamen Aliwa.

Las Fuerzas de Defensa de Israel admitieron el ataque y afirmaron que el reportero «había sido jefe de una célula terrorista de la organización terrorista Hamás y era responsable de promover ataques con cohetes contra civiles israelíes y las Fuerzas de Defensa de Israel».

Afirmaron que tenían información de inteligencia y documentos encontrados en Gaza como prueba, pero los defensores de los derechos humanos dijeron que había sido blanco de un ataque por sus reportajes en primera línea de la guerra de Gaza y que la afirmación de Israel carecía de pruebas.


La tienda de campaña frente al hospital Al-Shifa, donde Anas al-Sharif y otras seis personas murieron en un ataque israelí. Israel admitió el ataque, alegando que era un militante de Hamás, una afirmación que la ONU ha calificado de infundada. Fotografía: Ebrahim Hajjaj/Reuters

Al Sharif fue calificado como «uno de los periodistas más valientes de Gaza» y Al Jazeera afirmó que el ataque era «un intento desesperado de silenciar las voces en previsión de la ocupación de Gaza».

El mes pasado, el portavoz del ejército israelí, Avichai Adraee, compartió un video de al-Sharif en X y lo acusó de ser miembro del ala militar de Hamás. En ese momento, la relatora especial de la ONU sobre la libertad de expresión, Irene Khan, lo calificó de «afirmación sin fundamento» y de «ataque flagrante contra los periodistas».

En julio, al-Sharif declaró al Comité para la Protección de los Periodistas (CPJ) que vivía con la «sensación de que podía ser bombardeado y martirizado en cualquier momento».

Tras el ataque, el CPJ se declaró «consternado» al conocer la muerte de los periodistas.

«La costumbre de Israel de tildar a los periodistas de militantes sin aportar pruebas creíbles plantea serias dudas sobre sus intenciones y su respeto por la libertad de prensa», declaró la directora regional del CPJ, Sara Qudah.

«Los periodistas son civiles y nunca deben ser blanco de ataques. Los responsables de estos asesinatos deben rendir cuentas».

El Sindicato de Periodistas Palestinos condenó lo que calificó de «crimen sangriento» de asesinato.

En enero de este año, tras un alto el fuego entre Hamás e Israel, al-Sharif llamó la atención de todo el mundo cuando, durante una transmisión en vivo, se quitó el chaleco antibalas mientras estaba rodeado por decenas de residentes de Gaza que celebraban el cese temporal de las hostilidades.

Pocos minutos antes de su muerte, al-Sharif publicó en X: «Última hora: Un bombardeo israelí intenso y concentrado con “cinturones de fuego” está golpeando las zonas este y sur de la ciudad de Gaza».

En un último mensaje, que según Al Jazeera había sido escrito el 6 de abril y que fue publicado en la cuenta de X de al-Sharif tras su muerte, el reportero decía que había «vivido el dolor en todos sus detalles, probado el sufrimiento y la pérdida muchas veces, pero nunca dudé en transmitir la verdad tal y como es, sin distorsiones ni falsificaciones».

«Alá será testigo contra aquellos que permanecieron en silencio, aquellos que aceptaron nuestro asesinato, aquellos que nos ahogaron y cuyos corazones no se conmovieron ante los restos esparcidos de nuestros niños y mujeres, sin hacer nada para detener la masacre a la que se ha enfrentado nuestro pueblo durante más de un año y medio», continuó.

El joven de 28 años deja atrás a su esposa y dos hijos pequeños. Su padre murió en un ataque israelí contra la casa familiar en el campo de refugiados de Yabalia, en la ciudad de Gaza, en diciembre de 2023. En ese momento, al-Sharif dijo que seguiría informando y se negó a abandonar el norte de Gaza.

Otro periodista de Al Jazeera en Gaza, Hani Mahmoud, dijo: «Esta es quizás la noticia más dura que he dado en los últimos 22 meses. No estoy lejos del hospital Al-Shifa, a solo una manzana, y pude oír la enorme explosión que tuvo lugar hace aproximadamente media hora, cerca del hospital Al-Shifa.

«Pude verlo cuando iluminó el cielo y, en cuestión de segundos, corrió la noticia de que se trataba del campamento de periodistas situado en la entrada principal del hospital Al-Shifa».

Al-Sharif y sus colegas llevaban informando desde Gaza desde el inicio del conflicto.

«Es importante destacar que este ataque se produce solo una semana después de que un oficial militar israelí acusara directamente a Anas y lanzara una campaña de incitación contra Al Jazeera y los corresponsales sobre el terreno por su trabajo, por su implacable cobertura de la hambruna, la inanición y la desnutrición», añadió Mahmoud.

Israel ha asesinado a varios periodistas de Al Jazeera y a miembros de sus familias, entre ellos Hossam Shabat, asesinado en marzo, e Ismail al-Ghoul y su camarógrafo Rami al-Rifi, asesinados en agosto.

La esposa, el hijo, la hija y el nieto del corresponsal jefe Wael al Dahdouh fueron asesinados en octubre de 2023 y él mismo resultó herido en un ataque semanas después en el que murió el camarógrafo de Al Jazeera Samer Abu Daqqa.

Israel, que no permite la entrada de periodistas extranjeros en Gaza y que ha atacado a reporteros locales, ha matado a 237 periodistas desde que comenzó la guerra el 7 de octubre de 2023, según la oficina de prensa del Gobierno de Gaza. El Comité para la Protección de los Periodistas afirmó que al menos 186 periodistas han sido asesinados en el conflicto de Gaza. Israel niega haber atacado deliberadamente a periodistas.