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21/05/2023

Six faits essentiels sur la Nakba que tout le monde devrait connaître

Dotan Halevy, Maayan Hillel et les éditeurs de l’Atelier d’histoire sociale, Haaretz, 18/5/2023

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Dotan Halevy est chercheur postdoctoral à l’Académie Polonsky pour les études avancées en sciences humaines et sociales de l’Institut Van Leer de Jérusalem.

Maayan Hillel est chargée de cours au Crown Family Center for Jewish and Israel Studies de la Northwestern University (Evanston, Illinois, USA).
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Le Social History Workshop est un blog fondé par des historiens et des spécialistes du Moyen-Orient afin de rendre accessible à un large public des études de pointe sur la région et le monde.
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Il y a quelques semaines, Israël a célébré son 75e jour d’indépendance. Le 15 mai, le jour de la Nakba a été célébré pour la première fois par les Nations unies. Plusieurs faits doivent être compris afin d’appréhender la signification durable de cet anniversaire

Une femme couverte du drapeau palestinien participe à une marche pour commémorer le 75ème jour de la Nakba, près du kibboutz de Megiddo, sur la zone où se trouvait autrefois le village palestinien de Lajjun.

Contrairement à ce que prétend la propagande, pour les Palestiniens, le jour de la Nakba ne consiste pas à marquer l’événement de la création d’Israël comme une catastrophe. Il s’agit de la catastrophe qui a été le sort permanent des Palestiniens depuis lors, conséquence d’une politique persistante d’Israël et de nombreux autres pays, qui refusent de considérer les Palestiniens comme un peuple et un groupe national ayant droit à l’autodétermination.

Le jour de la Nakba marque une catastrophe historique en cours et exhaustivement documentée, une catastrophe sur laquelle l’État d’Israël tel que nous le connaissons a été construit. Les dimensions de cette catastrophe, son déroulement, la violence qu’elle a entraînée et ses ramifications à long terme pour les Palestiniens, les Israéliens et le Moyen-Orient sont encore en cours d’apprentissage. Soixante-quinze ans après le déplacement de centaines de milliers de Palestiniens, il existe quelques faits fondamentaux que chacun devrait connaître pour comprendre l’importance persistante de la Nakba.

1. La population : Avant la guerre de 1948, 600 000 Juifs et 1,4 million de Palestiniens vivaient dans la Palestine mandataire britannique. Sur ces 1,4 million de Palestiniens, 900 000 vivaient dans le territoire qui allait devenir l’État d’Israël après la guerre. La majeure partie de cette population, soit 700 à 750 000 personnes, a été activement expulsée ou a fui au-delà de la frontière - vers la Syrie, le Liban, l’Égypte ou la Transjordanie - ou vers les zones contrôlées par les armées arabes impliquées dans la guerre (la Cisjordanie et la bande de Gaza).

Des personnes participent à la marche commémorant le 75ème  jour de la Nakba, près du kibboutz de Megiddo, sur la zone où se trouvait autrefois le village palestinien de Lajjun.

Ainsi, à la fin de la guerre, une minorité palestinienne de 156 000 personnes restait à l’intérieur des frontières d’Israël. Sur ce nombre, 46 000 étaient des réfugiés internes qui avaient été expulsés ou avaient fui leurs maisons et leurs terres et avaient dû continuer à vivre dans d’autres endroits à l’intérieur d’Israël.

Contrairement à la croyance populaire en Israël, le seul cas documenté où les dirigeants arabes ont appelé la population arabe à fuir est celui de Haïfa. Ils ont quitté la ville lorsqu’elle a été attaquée par les forces paramilitaires de la Haganah, malgré les exhortations de certains dirigeants juifs à rester. Les recherches historiques n’ont trouvé aucune preuve que les dirigeants arabes aient donné un ordre général à la population de fuir leurs maisons. Cette affirmation trouve apparemment son origine dans la propagande israélienne des années 1950 et 1960, qui tentait de présenter le déracinement des Palestiniens comme le résultat d’un choix volontaire.

2. La terre : À quelques exceptions près, les réfugiés palestiniens n’ont jamais été autorisés à retourner dans leurs maisons et sur leurs terres, une politique israélienne déclarée qui a été élaborée dès la guerre. Empêcher le retour des réfugiés palestiniens (appelé “infiltration” dans le jargon israélien) était un projet clé dans les premiers jours de l’État israélien. À cette fin, pendant la guerre et dans les années qui ont suivi, Israël a détruit environ 400 villages palestiniens abandonnés et quartiers palestiniens dans les villes, ou y a installé des immigrants juifs. Au fil du temps, les noms des villages ont été effacés de la carte, marqués comme “ruines” ou rebaptisés en hébreu.

La plupart des terres de ces villages ont été accaparées immédiatement après la guerre de 1948 et sont devenues des terres d’État en vertu de la loi sur la propriété des absents, qui définissait les réfugiés palestiniens internes comme des “présents-absents”. D’autres expropriations ont suivi au cours des décennies suivantes. Les réfugiés palestiniens internes n’ont pas pu retourner dans leurs villages en raison des restrictions de mouvement imposées par l’administration militaire qui a gouverné les Palestiniens en Israël jusqu’à la fin de l’année 1966.

Une femme palestinienne et un enfant dans le camp de l’UNRWA à Khan Younès, dans la bande de Gaza, en 1948

Au total, 85 % des terres appartenant aux Palestiniens dans la région qui est devenue l’État d’Israël avant 1948 ont été expropriées et sont devenues propriété de l’État. En conséquence, les terres agricoles qui constituaient les principales sources de revenus de la minorité palestinienne restée en Israël ont également été saisies par l’État.

3. Culture et politique : Outre l’expulsion de la population palestinienne et la saisie de ses sources de revenus, la Nakba a également éliminé une communauté nationale dynamique dotée d’une culture florissante profondément enracinée dans la terre qui est devenue la Palestine mandataire en 1917.

À quelques exceptions près, les réfugiés palestiniens n’ont jamais été autorisés à retourner dans leurs maisons et sur leurs terres, une politique israélienne déclarée qui avait déjà été élaborée pendant la guerre.

Dans les années 1930 et 1940, Haïfa, Jaffa, Jérusalem, Acre, Gaza et d’autres villes sont devenues des centres florissants d’affaires et de loisirs palestiniens. Ces villes comptaient des cabinets d’avocats et de comptables arabes, des cinémas, des théâtres, des cafés, des restaurants, des hôtels, des bibliothèques, des plages et des clubs sportifs. Elles abritaient également des associations culturelles que les Palestiniens visitaient quotidiennement et où ils renforçaient leurs liens de longue date avec des intellectuels, des artistes et des hommes politiques de tout le Moyen-Orient.

Comme la population sioniste, dès la fin de l’ère ottomane, la population palestinienne se voyait avancer à grands pas vers un futur État souverain et démocratique. La guerre de 1948 a interrompu ce processus. À la fin de la guerre, Nazareth était la seule ville arabe restant en Israël, tandis que les Palestiniens devenaient une petite minorité dans les autres grandes villes.

4. Les causes de la Nakba : Les Palestiniens ont-ils provoqué la catastrophe de 1948 en s’opposant au plan de partage des Nations unies de 1947 ? Cette question a une réponse normative et une réponse pratique.

Des femmes marchent dans le camp de réfugiés de Nahr al-Bared, au Liban, en 1952

D’un point de vue normatif, la question doit être posée honnêtement : si, aujourd’hui, une communauté d’immigrants venait en Israël, revendiquait la propriété historique de la terre et proposait que nous, Israéliens juifs, la partagions, penserions-nous que c’est justifié et serions-nous prêts à faire un “compromis” sur le partage de la terre ? Pour les Palestiniens, le plan de partage revenait à dire : « Vous avez envahi ma maison, et maintenant vous êtes prêts à faire un compromis sur le partage des pièces ».

Une nette majorité de Palestiniens et leurs dirigeants politiques étaient prêts à accepter les immigrants juifs en Palestine en tant que minorité jouissant de droits égaux au sein d’un futur État à majorité arabe. Cependant, même pour la minorité qui était prête à faire un compromis sur la partition de la terre, le plan de partage des Nations unies de 1947 constituait une division injuste du territoire et des ressources.

Cela nous amène à la réponse pratique. Lorsque le plan de partage a été voté, la plupart des terres de l’État juif proposé n’appartenaient pas à des Juifs et abritaient 350 000 Arabes palestiniens. L’État juif devait inclure la ville de Haïfa et son port, principal atout économique du pays, la plaine côtière qui abritait l’essentiel de l’industrie palestinienne des agrumes, les routes traversant le pays dans sa longueur et les terres fertiles des vallées. L’ensemble du Néguev a été désigné pour l’État juif en dépit d’une propriété foncière juive extrêmement limitée, en partant du principe que les Juifs avaient un plus grand potentiel de développement à l’avenir que les droits de propriété ou les droits fonciers existants.

5. Pourquoi les Palestiniens ne mettent-ils pas le passé derrière eux ?

Pour les Palestiniens, la Nakba n’est pas le passé. C’est le présent. Le processus qui a débuté en 1948 n’a, pour l’essentiel, jamais pris fin. Après la guerre, Israël a exproprié les terres palestiniennes et a imposé une administration militaire à ses citoyens palestiniens, qui a duré jusqu’en 1966. Puis, en 1967, Israël a imposé un régime militaire en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza. Le gouvernement militaire et le projet de colonisation continuent de s’approprier de plus en plus de terres palestiniennes, outrepassant les libertés individuelles, les droits humains et la dignité fondamentale des Palestiniens, détruisant pratiquement la possibilité pour les Palestiniens d’établir un État indépendant à l’avenir.

Un homme peint le drapeau palestinien et des branches sur une toile, dans le cadre de la marche pour commémorer le Jour de la Nakba, avril 2023. Photo : Fadi Amun

La réalité de la vie en tant que réfugiés a condamné des générations de Palestiniens à une vie de souffrance et de pauvreté qui se poursuit des décennies après la guerre. Leur situation n’a fait qu’empirer lors des guerres de 1967 et de 1982, ainsi que lors des guerres périodiques et du siège de Gaza depuis 2007.En effet, Israël n’est pas le seul responsable de la condition des Palestiniens dans les camps de réfugiés ou de ces affrontements militaires. Mais les racines de ces conflits remontent incontestablement à 1948 comme moment formateur, et l’imprègnent chaque fois d’un sens nouveau. C’est pourquoi les Palestiniens ne considèrent pas la Nakba comme un simple événement historique, mais comme une forme d’existence permanente. Elle est réaffirmée à chaque rencontre avec un soldat à un poste de contrôle, à chaque expropriation de terre et restriction de mouvement, ou à chaque guerre contre Gaza. Ainsi, le traumatisme de 1948 continue d’être un pilier de l’identité palestinienne et de la mémoire collective.

Cela signifie-t-il qu’il n’y a pas d’issue à la situation actuelle ? Pas du tout. Tout au long de l’histoire commune des Israéliens et des Palestiniens, il y a eu d’innombrables occasions de remédier à l’injustice de 1948 par une reconnaissance honnête par Israël de la tragédie palestinienne, des droits nationaux des Palestiniens, de l’indemnisation de leurs pertes matérielles, du retour d’une partie des réfugiés sur leurs terres et, enfin, du tracé de frontières durables ou de la décision conjointe d’établir un État binational par le biais d’accords politiques appropriés. Israël a choisi de ne pas le faire, pour des raisons qui lui sont propres, mais il pourrait aussi choisir différemment à l’avenir.

6. La Nakba est l’affaire des Palestiniens - Pourquoi les Israéliens devraient-ils s’en préoccuper ?

Parce que la guerre de 1948 n’était pas une guerre entre deux pays distincts dans laquelle l’un des deux camps a simplement perdu. C’est l’élimination de la population palestinienne qui a permis la formation d’Israël en tant que pays démocratique à nette majorité juive. L’effacement de la culture et de l’histoire palestiniennes a permis à l’État moderne d’Israël d’établir un lien direct entre lui-même et l’ère biblique, tout en ignorant la longue et riche histoire arabe du pays.

En d’autres termes, sans la Nakba, Israël tel que nous le connaissons n’aurait pas pu voir le jour. Il incombe donc aux Israéliens juifs de reconnaître la perte sur laquelle leur pays s’est construit.

Mais le plus important, c’est le présent et l’avenir de tous les habitants de ce pays. Si les Israéliens veulent léguer à leurs enfants une réalité qui ne soit pas un conflit perpétuel fondé sur l’oppression, la violence et l’effacement, ils doivent s’attaquer aux blessures de 1948.

La reconnaissance et la solidarité avec la catastrophe et la douleur palestiniennes ne nient pas l’israélité, la judéité ou le droit des Israéliens à vivre en paix et en sécurité. Cette reconnaissance et cette solidarité constituent une chance réelle de vivre en paix et en sécurité en Israël.

29/03/2023

RAJA SHEHADEH
La rébellion et le rêve
Le portrait d’une relation particulière entre un père palestinien et son fils


Raja Shehadeh
, The New York Review of Books, 25/3/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Adapté de We Could Have Been Friends, My Father and I : A Palestinian Memoir, publié par Other Press aux USA le 28 mars.

Raja Shehadeh (Ramallah, 1951) est un avocat, militant des droits humains et écrivain palestinien. En 1979, il a cofondé l’organisation palestinienne de défense des droits de l’homme Al-Haq, affiliée à la Commission internationale des juristes et l’une des premières organisations de défense des droits de l’homme dans le monde arabe, qu’il a codirigée jusqu’en 1991. Il est né dans une éminente famille chrétienne (anglicane) palestinienne. Son grand-père, Salim, était juge dans les tribunaux de la Palestine sous mandat britannique. Son arrière-grand-oncle, le journaliste Najib Nassar, a fondé le journal Al-Karmil, basé à Haïfa, dans les dernières années de l’Empire ottoman, avant la Première Guerre mondiale. Son père, Aziz (1912-195), un avocat batailleur, a été l’un des premiers Palestiniens à soutenir publiquement une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien.

Sa famille a fui Jaffa pour Ramallah en 1948. Raja a fréquenté le Birzeit College pendant deux ans avant d’étudier la littérature anglaise et la philosophie à l’Université américaine de Beyrouth. Après avoir obtenu son diplôme à l’AUB en 1973, il a étudié le droit au College of Law à Londres. Après ses études, il est retourné à Ramallah et a commencé à exercer la profession d’avocat avec son père. Au cours de sa carrière, Raja a traité et participé à un certain nombre d’affaires qui ont fait jurisprudence, notamment la demande adressée à la Cour internationale de justice de La Haye concernant les conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans les territoires palestiniens occupés. De 1991 à 1992, il a été conseiller juridique de la délégation palestinienne lors des pourparlers entre l’OLP et Israël à Washington.

Il est l’auteur de douze livres, dont quatre traduits en français (Tenir bon. Journal d'un Palestinien en Cisjordanie occupée, Palestine - Journaux d'occupation, 2037 et Naguère en Palestine). Bibliographie

 

Ce n’est qu’après sa mort que j’ai découvert le nombre de batailles que mon père avait livrées au cours de sa vie de lutte pour les droits des Palestiniens.

Aziz Shehadeh dans son bureau, Ramallah, 1982. Photo : Raja Shehadeh

 

Le 14 juillet 1958, Abdelkarim Qassem a mené un coup d’État en Irak qui a renversé le roi Fayçal II, un oncle du monarque jordanien, le roi Hussein. Craignant que les nationalistes et les antimonarchistes jordaniens ne fassent un coup d’État similaire contre son régime, Hussein a déclaré la loi martiale et ordonné l’arrestation d’un grand nombre de dirigeants nationalistes connus.

L’un de ces dirigeants était mon père, l’avocat palestinien Aziz Shehadeh. Cet été-là, il a passé deux mois torrides dans la prison d’Al Jafr, dans le désert. Je ne me souviens pas de son retour à la maison après cette épreuve. Je me souviens d’avoir vu une photo de lui avec une barbe sombre couvrant son visage, un crâne rasé et de grands yeux bruns foncés et ardents. S’agit-il d’une photo prise dans la prison du désert et sortie clandestinement, ou d’un faux souvenir, d’un tour d’imagination ? Pourtant, il devait avoir une longue barbe, bien que je ne me souvienne pas qu’il en portait une. Ma sœur m’a raconté qu’il avait été enlevé, probablement par ma mère, dès son arrivée à la maison et qu’il s’était précipité chez le barbier pour se faire raser afin que nous ne le voyions pas porter la barbe. Mais je n’ai aucun souvenir de cela non plus.

Comment se fait-il que je ne me souvienne de rien de tout cela ? Comment se fait-il que son emprisonnement injuste dans des conditions aussi difficiles n’ait pas fait de mon père un héros à mes yeux ? Des années plus tard, je me suis rendu compte que mon attitude à l’égard de mon père n’avait jamais été empreinte d’admiration. N’ayant pas conscience de l’ampleur et du nombre de batailles qu’il a menées au cours de sa vie de lutte juridique et politique pour les droits des Palestiniens, je n’ai jamais compris la mesure de sa colère, de sa déception et de son malheur. Avec le temps, j’aurais pu faire preuve de plus de gentillesse et de compréhension à son égard. Il était en bonne santé et prenait bien soin de lui. Mais sa mort, en 1985, sous les coups d’un meurtrier - un squatter d’un terrain d’Hébron appartenant à l’Église anglicane, qui avait peut-être agi en tant que collaborateur israélien, et contre lequel mon père s’occupait d’une procédure d’expulsion - n’a pas laissé plus de temps pour cela.

Mon père avait soixante-treize ans lorsqu’il a été assassiné, soit quelques années de plus que moi aujourd’hui. Mais pour l’homme de trente-quatre ans que j’étais à l’époque, il semblait très vieux, quelqu’un à qui je ne pouvais pas m’identifier. Lorsque le moment est venu de finaliser la couverture de mon nouveau livre, We Could Have Been Friends, My Father and I [Nous aurions pu être amis, mon père et moi], le graphiste a choisi une photo de mon père avec son bras autour de mon cousin Walid, pensant qu’il s’agissait de moi. Lorsque j’ai signalé l’erreur, le graphiste a demandé une photo similaire de moi embrassant mon père. J’ai cherché dans toutes les photos de famille, mais je n’en ai trouvé aucune. C’était une triste confirmation de ce que j’avais perdu en n’ayant jamais acquis cette proximité avec mon père, qui était un homme émotif et aimant. Pourquoi, alors que nous travaillions sur des sujets similaires, étions-nous si incapables de communiquer ? Pourquoi, avec nos expériences respectives de la Palestine, la sienne après la Nakba et la mienne après la guerre de 1967, n’avons-nous pas vu les similitudes dans nos trajectoires et ne nous sommes-nous pas aidés l’un l’autre à comprendre et à supporter ?

Au cours de la dernière année de mon père, j’ai pu constater à quel point il était occupé à mettre de l’ordre dans ses papiers. Je me suis demandé s’il se préparait à écrire ses mémoires, mais il semble qu’il n’en avait pas l’intention. Tous ces dossiers sont restés chez lui jusqu’à ce que je les transfère chez moi. Il y a deux ans, comme je l’ai raconté dans ces colonnes, j’ai décidé de les ouvrir : un dossier après l’autre, bien ordonné, documentant ses engagements politiques. Il s’agit notamment de son travail assidu en faveur du retour des réfugiés dans les maisons dont ils ont été chassés en 1948, de sa pétition adressée au parti travailliste britannique contre le commandant britannique de l’armée jordanienne, Glubb Pacha, sous la domination brutale duquel il vivait, et d’un certain nombre d’affaires juridiques qui ont fait jurisprudence.

*

Mon père a vécu treize ans à Jaffa, où il a établi son cabinet d’avocat et, plus tard, son domicile conjugal. Lorsqu’il a été contraint de partir en avril 1948, il était certain que dans le pire des cas - même si d’autres parties de la Palestine étaient perdues au profit de l’État juif - la ville, qui, selon le plan de partage des Nations unies de 1947, faisait partie de l’État arabe, reviendrait aux mains des Arabes. Dans son dossier sur le retour des réfugiés, je lis que ses espoirs ont été ravivés le 11 décembre 1948. Ce jour-là, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la résolution 194, qui stipule que « les réfugiés qui désirent rentrer dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins doivent être autorisés à le faire le plus tôt possible, et qu’une indemnité doit être versée pour les biens de ceux qui choisissent de ne pas rentrer ». Le même jour, les Nations unies ont créé la Commission de conciliation pour la Palestine, chargée de mettre en œuvre la résolution. Sachant qu’ils ne pouvaient pas laisser cette tâche à la seule ONU, un groupe de Palestiniens, dont mon père, a créé le Congrès des réfugiés de Ramallah (plus tard appelé Congrès des réfugiés arabes), qui représentait 300 000 réfugiés. Son objectif principal était de « défendre le droit des réfugiés à retourner dans leurs foyers ».

07/12/2022

MOHAMMED ABDEL QADER
Farha,un film sur la Nakba, donne des boutons aux ministres israéliens du gouvernement de “changement” sortant

Mohammed Abdel Qader, Haaretz, 6/12/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

L'auteur est étudiant en droit à l'Université Bar-Ilan, à Ramat Gan (Tel Aviv).

Lundi soir, le film jordanien Farha a été projeté au théâtre Alsaraya de Jaffa. Le film contient une scène dans laquelle un nouveau-né est laissé à mourir de faim afin de « ne pas gaspiller une balle sur lui ». En réponse, le gouvernement sortant s'est prononcé contre le film et le cinéma qui l'a projeté, affirmant qu'il ne présente pas les FDI sous un jour positif. Le ministre de la Culture Hili Tropper et le ministre des Finances Avigdor Lieberman ont déjà annoncé qu'ils examineraient la possibilité de révoquer le budget du théâtre.

La productrice Deema Azar et l'acteur Ashraf Barhom présentent Farha lors du festival des Journées du cinéma palestinien, dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, en novembre. Photo : FILM LAB PALESTINE/ REUTERS

Le film n'est pas flatteur pour les FDI, mais la solution n'est pas de le faire taire, mais plutôt de parler sérieusement de ce qui s'est réellement passé pendant la guerre de 1948. Nous devons nous rappeler à quoi ressemblait une guerre « sans la Haute Cour et sans B'Tselem », et avoir une discussion publique de fond sur la guerre et ses victimes, et pas seulement un débat mesquin sur « qui a commencé », comme si la réponse justifiait de faire du mal à des innocents. Mais selon les ministres Tropper et Lieberman, une telle discussion n'est pas nécessaire, et toute personne qui soulève ces questions devrait se voir retirer son financement.

La productrice du film affirme que Farha est une œuvre artistique qui ne prétend pas être un documentaire, et que les critiques à son encontre et à l'encontre du cinéma qui a choisi de le projeter sont donc étranges. Sommes-nous censés accepter l'idée qu'une œuvre culturelle qui ne plaît pas à quelqu'un n'a pas le droit d'exister ? Cette conception est particulièrement troublante car elle est le fruit d'une attitude qui nie les faits et insiste pour dire que la Nakba et le peuple palestinien, ça n’existe pas. La réaction des ministres au film fait écho à l'amendement sur la “loyauté culturelle” que Miri Regev a essayé de promouvoir autrefois, mais alors que l'initiative de Regev s'est immédiatement attirée les foudres des artistes et d'une grande partie des médias, aucune critique de Tropper et Lieberman ne se fait entendre.

Tropper et Lieberman, ministres du gouvernement sortant de “guérison et de changement”, ont essentiellement montré que rien n'a changé et qu'ils souhaitent perpétuer les politiques de Regev et du gouvernement précédent. Ils n'incarnent pas une alternative intellectuelle et idéologique, mais choisissent plutôt d'être une imitation du gouvernement de droite de Netanyahou. Il n'est donc pas surprenant que le public choisisse l'original plutôt que la copie.

La critique du ministre de la Culture n'est pas cohérente avec la position d'unité et de conciliation qu'il est censé soutenir. Par exemple, lors de la remise des Ophir Awards l'année dernière, il a déclaré : « Lorsque les choses sont clarifiées de manière appropriée et respectueuse, c'est bienvenu ». Et aussi : « Pour ma part, j'ai une identité claire. Entre autres choses, elle inclut le fait d'être juif, sioniste et patriote israélien, c'est mon identité. J'en suis heureux, j'en suis fier, mais précisément parce que j'en suis si sûr, je n'ai aucun problème à écouter et à accepter la critique ».

Si vous n'avez aucun problème avec la critique, ministre Tropper, je m'attendrais à ce que vous soyez le premier à faire la queue pour voir le film. Mais vous demandez la suppression du financement sans même l'avoir vu. Ce n'est pas ainsi que l'on exprime une identité sûre.

Je suis allé au théâtre Alsaraya de nombreuses fois. Je peux témoigner de la grande qualité des films qui y sont projetés et du fait que ce cinéma présente une véritable coexistence fondée sur l'égalité intellectuelle et culturelle.

 L'un des films que j'y ai vu était Tantoura, un documentaire sur les crimes de guerre présumés commis par des combattants des FDI dans le village dont le film porte le nom. Ce film n'est pas non plus flatteur pour les FDI, et il a également été projeté à la Cinémathèque de Tel Aviv. Mais, bien sûr, Hili Tropper et Avigdor Lieberman ne sont pas sur le point d'arrêter le financement de la Cinémathèque de Tel Aviv.

Ce qu'ils veulent faire à Alsaraya donnera une base et une légitimité à la politique du gouvernement Netanyahou-Ben-Gvir, qui pourrait effectivement chercher à supprimer le financement de la Cinémathèque. Et alors, avec le recul, nous comprendrons que non seulement la gauche [sic] a perdu dans les urnes, mais qu'elle n'a même pas fait l'effort d'être un acteur sur le terrain.

Lire sur le même sujet

Farha, un film de Darin Sallam : l'histoire de la Palestine à travers le regard d’une adolescente

 NdT

Le film devait être diffusé sur Netflix à partir du 1er décembre 2022, mais il ne l'est pas à ce jour. On peut donc le voir ici :

GIUSEPPE GARIAZZO
Farha, un film de Darin Sallam : l'histoire de la Palestine à travers le regard d’une adolescente

Giuseppe Gariazzo, ilmanifesto, 17/10/2021
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Se tourner vers le passé pour parler du présent. Revenir sur une année décisive pour la Palestine et se rendre compte que, plus de soixante-dix ans plus tard, rien n'a changé. Placer l'histoire en 1948, lorsque les Britanniques sont partis et que les Israéliens ont commencé la dévastation systématique d'une terre et de ceux qui y avaient vécu jusqu'alors, pour dire que depuis lors, le peuple palestinien continue de souffrir d'une occupation qui semble interminable. 

Dépeindre, à travers le personnage d'une adolescente, la tragédie mais aussi la détermination de toute une population contrainte à l'errance et à l'apatridie (comme le résume Tawfiq Saleh "pour toujours" dans Les Dupes (1972), basé sur le roman Des hommes dans le soleil de l'écrivain palestinien Ghassan Kanafani). 

L'adolescente s'appelle Farha et son nom donne le titre au film de Darin J. Sallam (au Festival du film de Rome), une réalisatrice jordanienne qui fait ses débuts en long métrage avec une œuvre d'une grande maturité, puissante, dense et poignante.

05/12/2022

SHAY HAZKANI
Qui a peur de révéler les “secrets” palestiniens de 1948 ?

Shay Hazkani, Haaretz, 4/12/2022

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

 

Shay Hazkani est professeur associé d'histoire à l'université du Maryland. Son livre “Dear Palestine: A Social History of the 1948 War a remporté le Korenblat Book Award in Israel Studies pour 2022. Un documentaire basé sur ses recherches, “L'opinion du soldat”, a été présenté en première au Festival du film de Jérusalem en 2022. Le Dr Hazkani a participé à diverses luttes concernant les politiques de déclassification des archives en Israël. En 2019, il a adressé une pétition à la Cour suprême israélienne avec l'Association pour les droits civils, afin de contraindre le service de renseignement intérieur israélien, le Shin Bet, à ouvrir ses archives au public. Avant sa carrière universitaire, Shay a travaillé comme journaliste couvrant la Cisjordanie et l'armée israélienne.

Lorsque les Archives de l'État d'Israël refusent de diffuser des documents pillés aux Palestiniens sous prétexte que cela « porterait atteinte à la sécurité nationale », il est clair qu'il s'agit d'une couverture pour une crainte totalement différente.

Des réfugiés palestiniens quittant leur village, lieu inconnu, 1948. Photo : UNRWA

 

Vous vous êtes sans doute demandé à un moment donné, comme moi, quel genre d'État arabe les Palestiniens envisageaient en 1948 s'ils avaient gagné la guerre. Quels étaient leurs plans ? Où avaient-ils l'intention de construire leur version de l'autoroute Ayalon ? Voulaient-ils aussi assécher le marécage de Hula pour rendre plus disponibles les terres agricoles ?

 

Oh, et que pensaient-ils des 628 000 Juifs qui vivaient dans ce qui est maintenant Israël à la veille de la guerre ? Qu'avaient-ils l'intention de faire d'eux ?

 

Chaque semaine, le chroniqueur Ben-Dror Yemini raconte à ses lecteurs dans le Yedioth Ahronoth que les dirigeants arabes de 1948 ont appelé à jeter les Juifs à la mer. En d'autres termes, ils avaient l'intention de procéder à un massacre systématique.

 

Ainsi, sans accabler les lecteurs de Haaretz avec une recherche académique aride, je pense qu'il est utile de les informer qu'en 15 ans de recherche, au cours desquels j'ai lu des centaines de documents de propagande de 1947 à 1949, je n'ai rencontré qu'un seul cas dans lequel un dirigeant arabe a mentionné “mer” et “Juifs” dans la même phrase. Il s'agissait de l'Égyptien Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans, dans un appel à expulser les Juifs d'Égypte.

 

Les citations plus familières (comme celle attribuée au secrétaire général de la Ligue arabe de l'époque, Azzam Pacha) ne sont pas étayées par des sources arabes fiables, et il n'est pas certain qu'elles aient jamais été prononcées.

 

Quoi qu'il en soit, je n'ai trouvé aucun appel au meurtre de Juifs au seul motif qu'ils étaient Juifs, que ce soit dans la propagande ou dans le matériel éducatif destiné aux Palestiniens et aux combattants arabes en 1948. À en juger par les documents que j'ai rassemblés pour mon dernier livre, les affirmations concernant un plan arabe visant à “jeter les Juifs à la mer” sont en fait ancrées dans la propagande sioniste officielle. Cette propagande a commencé pendant la guerre, peut-être pour encourager les combattants juifs à laisser aussi peu de Palestiniens que possible dans les zones qui allaient faire partie d'Israël. (Soit dit en passant, une comparaison de la propagande arabe et juive en 1948 révèle que la propagande des Forces de défense israéliennes et de leur précurseur, la Haganah, était beaucoup plus violente).

 

J'ai récemment pensé qu'une occasion en or d'en apprendre un peu plus sur les plans des Palestiniens en cas de victoire  en 1948 m'était tombée dessus. Cinq ans après avoir demandé l'autorisation d'examiner plusieurs dossiers qui avaient été pillés dans des institutions palestiniennes pendant la guerre et dont l'existence avait été dissimulée, les Archives de l'État d'Israël m'ont fourni une liste de dossiers provenant d'un département secret du ministère des Affaires étrangères appelé “département politique” (qui est devenu plus tard le Mossad). En 1948 et 1949, il était dirigé par un agent de renseignement nommé Boris Guriel.

 

Deux dossiers de la liste ont immédiatement attiré mon attention. Le premier, le dossier MFA 5/6100, était intitulé « Palestine - un État arabe indépendant ». Il contenait des documents produits par la Ligue arabe, apparemment dans le cadre de sa correspondance avec le gouvernement en exil de “Toute la Palestine” qui s'est installé dans la bande de Gaza pendant la guerre.

 

Selon les archives, ce dossier contenait « de la correspondance et des rapports sur la création d'un État arabe indépendant ». Mais il est tellement secret que ce n'est que 90 ans après sa création - c'est-à-dire en 2040 - que je serai autorisé à le lire.

 

Bien, ai-je pensé. Peut-être qu'ils ne peuvent pas me dire ce que les Palestiniens prévoyaient pour leur État indépendant, mais chaque enfant en Israël sait que lorsqu'il s'agit du célèbre mufti de Jérusalem, tout est déjà connu et ouvert à l'examen. Après tout, les liens d'Amin al-Husseini avec de hauts responsables du parti nazi et l'horrible propagande qu'il a diffusée à la radio pendant la Seconde Guerre mondiale sont les sujets favoris de la machine de diplomatie publique d'Israël depuis maintenant sept décennies.

 

Mais il s'avère que je me suis encore trompé. Les dossiers du département politique comprenaient également des documents écrits par le mufti entre 1946 et 1948 (dossier MFA 3/6100). Or, les archives m'ont informé que ces documents ne pouvaient être consultés que 90 ans après leur rédaction.

 

Mais ne vous inquiétez pas, ils ont accepté de partager la correspondance du mufti avec de hauts responsables nazis. Seule la question triviale de savoir ce que faisait le leader du mouvement national palestinien pendant la guerre ne peut être révélée.

 

Ces deux dossiers ne sont que la partie émergée de l'iceberg du patrimoine politique et culturel palestinien dissimulé dans les archives d'Israël. Ces documents ont été pris comme butin aux institutions et aux individus palestiniens en 1948, 1956, 1967 et 1982 (et bien sûr aussi dans les décennies suivantes), mais seule une partie d'entre eux peut être consultée.

 

Selon mes estimations, des dizaines de milliers de pages de documents arabes qui n'ont pas encore été mis à la disposition du public se trouvent dans les archives de l'État d'Israël, les archives des Forces de défense israéliennes, les archives du Mossad et les archives du service de sécurité Shin Bet. Ce dernier, selon un témoignage, a brûlé une partie de ces documents dans les années 1960.

 

Le fait que les archives du Shin Bet soient complètement fermées au grand public, avec l'approbation de la Haute Cour de justice, rend impossible de savoir ce qu'elles contiennent ou non. Mais même dans les autres archives, de nombreux dossiers pillés sont gardés cachés ; dans certains cas, même une liste de leur contenu n'est pas disponible.

 

D'ailleurs, il ne s'agit pas seulement de documents de l'élite politique palestinienne. À ma demande, un petit nombre de dossiers palestiniens pillés dans les archives de l'armée israélienne ont récemment été mis à disposition, contenant des milliers de pages de documents sur des personnes ordinaires.

 

L'un de ces dossiers, consacré à un homme nommé Wadia Iskander Azzam, comprend toute sa vie : le document d'enregistrement de sa maison à Safed, son certificat de mariage, les cartes de visite qu'il a collectionnées au cours de sa vie, son journal intime et quelques poèmes qu'il a écrits - tout un monde de documents sur une personne dont le monde a été détruit en 1948.

 

Lorsque les Archives de l'État d'Israël refusent de divulguer les documents pillés aux Palestiniens sous prétexte que cela « porterait atteinte à la sécurité nationale », il est clair que cela cache une toute autre crainte. Il n'y a pas et il ne peut pas y avoir de secrets d'État dans les documents arabes écrits par les Palestiniens, comme leurs plans pour un État palestinien indépendant ou les documents d'un orphelinat de Jaffa.

 

Le plus grand secret est l'existence même de ces documents, qui sont un mémorial à une civilisation palestinienne détruite. Ce « secret », craignent les fonctionnaires responsables de la déclassification des documents, pourrait ébranler le récit sioniste israélien et susciter des doutes chez les personnes désireuses d'examiner l'histoire d'un œil critique.

 

Imaginez qu'un autre pays possède les archives d'une communauté juive d'Europe de l'Est qui a été détruite pendant l'Holocauste, ou d'une communauté juive dans un pays musulman. Bien sûr, il n'y a pas de comparaison possible, mais que dirait Yad Vashem ? Ou les organisations juives des USA ? Le gouvernement usaméricain interviendrait-il pour mettre ces documents en sécurité ?

 

En fait, vous n'avez pas besoin d'imaginer, car il y a eu une pléthore de cas comme celui-ci au cours des 70 dernières années. L'un d'entre eux, toujours en cours, concerne les archives de la communauté juive de Bagdad, que les forces d'occupation usaméricaines ont prises au siège des services de renseignement irakiens en 2003.

 

Les USAméricains ont scanné l'ensemble des archives et les ont mises en ligne, et ils prévoient maintenant de les rendre au gouvernement irakien. Mais les représentants de la communauté juive irakienne exigent que les documents de Bagdad, où il ne reste plus de Juifs, ne soient pas rendus. La bataille fait toujours rage.

 

Israël aussi aura du mal à continuer à conserver l'héritage culturel d'un autre peuple, surtout lorsque la plupart des membres de ce peuple n'ont pas le droit d'accéder aux archives israéliennes pour étudier cet héritage. Tout comme d'autres aspects du conflit israélo-palestinien ont été internationalisés, le vol et la possession illégale par Israël du patrimoine des Palestiniens finiront par être portés devant les tribunaux internationaux. Israël serait bien avisé d'empêcher cela en publiant systématiquement les documents qu'il détient et en les rendant accessibles.