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06/10/2022

WORKERS WORLD
Un ouragan, deux systèmes

Éditorial du Workers World,   3/10/2022

Original  One hurricane, two systems 

Español  Un huracán, dos sistemas

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Les images et les récits dramatiques de la dévastation causée par l'ouragan Ian continuent de dominer l'actualité. Le nombre de morts, qui avoisine les 100 à l'heure où nous écrivons ces lignes, devrait encore augmenter. Plus d'un million de personnes sont toujours privées d'électricité en Floride, des centaines de milliers sont privées d'eau. Des maisons ont été rasées, des routes et des ponts emportés. Et d'autres horreurs trop nombreuses pour être énumérées.

Des vies ont été bouleversées par un ouragan monstre, l'un des plus puissants jamais enregistrés, dont le diamètre s'étendait sur toute la largeur de la péninsule de Floride.

Dans les grands médias commerciaux, les histoires de yachts et de résidences secondaires endommagés semblent être plus nombreuses que les reportages sur l'impact disproportionné de la tempête sur les personnes à faible revenu, les classes populaires et surtout les personnes de couleur. Mais la réalité ne peut être cachée : Un grand nombre de propriétaires et de locataires à faible revenu - qui n'avaient pas les moyens de s'assurer ou qui se démènent pour trouver les fonds nécessaires au paiement des franchises requises pour déposer une demande d'indemnisation - sont désormais sans abri.

Le fossé entre les classes sous le capitalisme se révèle le plus brutalement chaque fois qu'une soi-disant “catastrophe naturelle” se transforme soudainement en un désastre économique pour la classe ouvrière.

Ces crises révèlent le fait que l'objectif premier de l'État capitaliste n'est pas d'aider les personnes dans le besoin. Il suffit de considérer le nombre de décès dans le comté de Lee, qui comprend Fort Myers, qui auraient pu être évités si l'évacuation avait été mieux organisée. La responsabilité de ce mauvais timing incombe au gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, et aux responsables du comté de Lee.

Même après l'émission des ordres d'évacuation obligatoire, le shérif du comté de Lee, Carmine Merceno, a refusé d'évacuer la prison du comté, qui compte 457 lits, laissant les prisonniers en danger. Dans tout l'État, seuls 2 500 prisonniers environ, sur 81 000, ont été évacués. (Democracy Now, 29 septembre)

23/08/2022

JORGE MAJFUD
Psychopatriotisme yankee

Jorge Majfud, Escritos Críticos, 21/8/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

En vertu d'une loi de 1994 (Holocaust Education Bill), les écoles publiques de Floride ont une matière appelée “Holocauste”, dans laquelle sont étudiées les atrocités racistes commises en Europe contre les juifs. En 2020, le gouverneur Ron DeSantis a promulgué une autre loi exigeant que toutes les écoles primaires et secondaires certifient qu'elles enseignent l'Holocauste aux nouvelles générations. Dans le même temps, les sénateurs de la communauté afro ont réussi à faire inclure dans le programme la mention du massacre d'Ocoee, où au moins 30 Noirs ont été tués en 1920, ce qui, pour comprendre le racisme endémique et les injustices sociales, revient à expliquer le corps humain par son ombre.

Le 2 novembre 1920, July Perry est lynché par une foule lors du massacre d'Ocoee, le pire jour d'élections de l'histoire des USA. Les problèmes ont commencé lorsqu'un homme noir du nom de Moses Norman s'est vu refuser le droit de vote, parce qu'on lui a dit qu'il ne pouvait pas voter parce qu'il n'avait pas payé sa taxe électorale (photo de July Perry, avec l'aimable autorisation du Orange County Regional History Center) (Orlando Sentinel). Ci-dessous deux plaques commémoratives apposées pour le centenaire.


 

Par la loi également, à partir de 2022, dans ces mêmes lycées de Floride, il est interdit de discuter de l'histoire raciste usaméricaine. La raison, selon le gouverneur Ron DeSantis, est que « personne ne devrait apprendre à se sentir inégal ou à avoir honte de sa race. En Floride, nous ne laisserons pas l'agenda de l'extrême-gauche prendre le contrôle de nos écoles et de nos lieux de travail. Il n'y a pas de place pour l'endoctrinement ou la discrimination en Floride ».

Si on n'en parle pas, ça n'existe pas. De ce côté-ci de l'Atlantique, le racisme n'existe pas et n'a jamais existé.

Les mêmes esclavagistes qui définissaient des millions d'esclaves (la base de la prospérité du pays) comme “propriété privée” sur la base de leur couleur de peau, appelaient ce système une “bénédiction de l'esclavage”, qu'ils voulaient “répandre dans le monde entier” pour “lutter pour la liberté” tout en appelant leur système de gouvernement “démocratie” (Brown, 1858).

“Ce nègre a voté”. Cette photo provient de Miami, en Floride, dans les années 1920, où le Klu Klux Klan a lancé une “parade de la peur” destinée à effrayer les électeurs noirs pour qu'ils ne votent pas.
Après le massacre, jusqu'à 500 Noirs ont été chassés de leurs terres à Ocoee et le Klu Klux Klan a mis en place un embargo autour de la ville pour s'assurer qu'aucun d'entre eux ne pourrait retourner chez lui. Pendant ce temps, les Blancs saisissent leurs biens, parfois avec des actes exigeant que les terres “ne soient plus cédées aux Noirs”.

Les mêmes personnes qui ont volé et exterminé des peuples autochtones bien plus démocratiques et civilisés que la nouvelle nation de la ruée vers l'or avant la ruée vers l'or, ont appelé cela de la “légitime défense” contre des “attaques non provoquées” de sauvages (Jackson, 1833 ; Wayne, 1972).