Gideon
Levy, Haaretz, 24/8/2025
Traduit
par Tlaxcala
Le président usaméricain rêve de recevoir le prix Nobel de la paix à Oslo, dit-on ; mais sa place est à la Cour pénale internationale de La Haye. Aucun autre non-Israélien n’est autant responsable du bain de sang à Gaza que Donald Trump. S’il le voulait, lui seul pourrait, d’un simple coup de fil, mettre fin à cette terrible guerre et au massacre des otages israéliens.
Il ne l’a
pas fait. Non seulement Trump n’a pas téléphoné, mais il continue de financer,
d’armer et de soutenir la machine de guerre israélienne comme si de rien n’était.
Il est son dernier fan. La semaine dernière, il a qualifié le commandant en
chef d’Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahou, de « héros de guerre ».
Il s’est rapidement attribué le même honneur douteux, ajoutant avec sa modestie
caractéristique : « Je suppose que je le suis aussi ».
Le président
usaméricain pense qu’une personne qui commet un génocide à Gaza est un héros.
Il pense également qu’une personne qui lance des bombardiers depuis son bureau
pour une opération
ponctuelle et sans risque contre l’Iran est un héros. Telle est la
mentalité de l’homme le plus puissant du monde.
Associer
Trump au prix Nobel de la paix, c’est transformer le jour en nuit, le mensonge
en vérité et l’auteur de la guerre la plus terrible de ce siècle en une
combinaison du révérend Martin Luther King Jr. et du Dalaï Lama, tous deux
lauréats de ce prix. Trump et Nelson Mandela dans le même bateau. Le grotesque
n’a pas de limites, et c’est entièrement à nos dépens.
Si Netanyahou
et Trump méritent une récompense, c’est une récompense qui, heureusement , n’existe
pas encore : le prix du génocide.
Deux
rapports choquants publiés vendredi ne laissent aucun doute sur la nature
génocidaire de la guerre. L’Initiative pour la classification intégrée de la
sécurité alimentaire (IPC), soutenue par l’ONU et considérée comme la
principale autorité mondiale en matière de crises alimentaires, a
confirmé que plus de 500 000 personnes à Gaza et dans ses environs sont
confrontées à une famine catastrophique du plus haut niveau. Les Forces de
défense israéliennes s’apprêtent à envahir cette ville affamée, et Trump donne
son feu vert à cette invasion brutale, ainsi que son soutien international et
des armes.
Dans le même
temps, le site d’information israélien +972
Magazine, son site jumeau en hébreu Local Call (ou Sikha Mekomit) et
le journal britannique The Guardian ont révélé l’existence d’une base de
données des services de renseignement militaires israéliens indiquant que 83 %
des Palestiniens tués par l’armée israélienne depuis le début de la guerre
étaient des civils, un pourcentage extrêmement élevé, même comparé aux guerres
les plus horribles telles que celles de Bosnie, d’Irak et de Syrie. Selon les
propres données de l’armée israélienne, seul un Palestinien tué sur six était
un combattant armé. Cinq sur six étaient des civils innocents, principalement
des femmes et des enfants. Comme nous le soupçonnions, comme nous le savions,
il s’agit d’un génocide. Les USA le soutiennent.
Trump a prêté main-forte à cette guerre, mais ose encore rêver d’un prix Nobel de la paix. L’opinion publique usaméricaine reste sur ses positions, tout comme le président. Seul un coup de fil de la Maison Blanche pourrait mettre fin au massacre, mais rien n’indique que le président le fera. Soutenu par un vaste appareil de renseignement, 16 agences dotées de budgets colossaux, Trump a déclaré avoir vu « à la télévision » qu’il y avait « une véritable famine » à Gaza.
Mais la
télévision de Trump ne l’a apparemment pas suffisamment choqué pour qu’il mène
la seule opération de sauvetage que l’USAmérique peut et doit entreprendre :
ordonner à Israël de respecter un cessez-le-feu complet et immédiat. L’Israël
de Netanyahou ne peut défier la terreur du monde. De plus, Trump fait tout ce
qu’il peut pour empêcher les autres pays d’imposer des sanctions à Israël afin
de mettre fin au génocide. L’Europe est en colère, mais paralysée par sa peur
de Trump, tout comme les organisations internationales.
Le politicard
juif usaméricain qui est également ministre du gouvernement israélien, Ron
Dermer, a réussi à faire croire à la Maison Blanche et à ses 16 agences de
renseignement que le sang est de la pluie, voire une pluie bénie pour l’USAmérique.
Résultat : le père du plan Riviera de Gaza, le président usaméricain, est
désormais un kahaniste déclaré. Il veut obtenir le prix Nobel de la paix pour ça.