Éditorial du Haaretz,
24/12/2023
Traduit par Fausto
Giudice, Tlaxcala
NdT
Le texte ci-dessous illustre
tristement l’état de déliquescence dans lequel les faiseurs d’opinion « libéraux »
israéliens se trouvent, qui n’osent pas remettre en cause la légitimité même de la “guerre
totale”* déclenchée par Netanyahou et Gallant, se contentant de réclamer une
“guerre partielle cibléé” contre les “seuls terroristes”. Même l’ancien Premier
ministre Ehud Olmert va plus loin, dans une tribune
publiée par le même Haaretz le 22 décembre ; « C’est l’heure de la
décision : ou bien un cessez-le-feu maintenant avec des otages vivants, ou
bien une cessation forcée [par nos alliés, USA , Angleterre, France et Allemagne]
des hostilités avec des otages morts. »-FG
Une distinction plus nette doit
être faite entre frapper les terroristes du Hamas et porter atteinte à des
civils non impliqués, d’autant plus que 129 otages israéliens sont détenus à
Gaza.
Mustapha
Boutadjine, 2014
Le nombre de Palestiniens tués dans
la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre s’élève désormais à
environ 20 000, selon les données publiées jeudi par le ministère de la Santé
de Gaza (contrôlé par le Hamas) [28 000 selon l’Observatoire Euro-Med des
Droits Humains, NdT].
Cela représente environ 1 % de la
population de Gaza. Et ce chiffre ne tient pas compte des nombreuses personnes
portées disparues et que l’on pense enterrées sous les décombres des bâtiments
détruits.
Selon le ministère de la santé de
Gaza, plus des deux tiers des victimes sont des femmes et des enfants. Même si
ces chiffres sont imprécis, Israël n’a pas présenté de chiffres contraires.
L’establishment de la défense estime qu’environ un tiers des victimes sont des
membres du Hamas. Cela représente un préjudice sans précédent pour des civils
non impliqués.
Un rapport d’enquête publié le mois
dernier par le New York Times a révélé que le nombre de civils tués à
Gaza pendant la guerre actuelle augmentait plus rapidement que pendant les
guerres usaméricaines en Irak, en Afghanistan et en Syrie. Un nouveau rapport
du même journal indique qu’au cours des six premières semaines de la guerre,
Israël a largué au moins 200 fois des bombes d’une tonne sur le sud de Gaza,
alors même que les forces de défense israéliennes et le gouvernement israélien
avaient déclaré que le sud de la bande de Gaza était un espace sûr pour les
civils.
Les FDI se sont efforcées
d’exhorter les habitants de Gaza à se déplacer vers le sud. Le porte-parole des
FDI, Daniel Hagari, leur a répété à maintes reprises : « Allez vers le sud ».
Mais le rapport du New York Times montre que le sud n’était pas vraiment
sûr.
Les FDI - qui mènent actuellement
des manœuvres terrestres dans le sud de la bande de Gaza, où il n’y a pas eu
d’évacuation massive de la population - ont l’obligation de procéder aux
ajustements nécessaires pour réduire les dommages causés aux civils non
impliqués. Elles doivent également tenir compte de la situation humanitaire à
Gaza : la faim, les maladies, les pénuries d’eau, de nourriture et de
médicaments, le fait que les gens n’ont pas de maison où retourner et les
infrastructures détruites.
Une distinction plus nette doit
être faite entre frapper les terroristes du Hamas et s’en prendre à des civils
non impliqués, d’autant plus que 129 otages israéliens sont détenus à Gaza.
Dans le même temps, Israël doit
avancer sur la voie d’un accord pour la libération des otages et être prêt à
payer en échange en jours supplémentaires de cessez-le-feu et en libération de
prisonniers palestiniens.
Le Premier ministre Benjamin
Netanyahou et le ministre de la défense Yoav Gallant ont déclaré à plusieurs
reprises que la pression militaire exercée sur le Hamas amènerait
l’organisation à assouplir ses exigences et conduirait au retour des otages,
mais la réalité n’a pas été à la hauteur de leurs espérances.
Jusqu’à présent, l’offensive massive en cours n’a
produit aucun résultat en ce qui concerne les otages ; elle a seulement conduit
à l’arrêt des pourparlers sur leur libération. Le rapatriement des otages est
l’un des objectifs suprêmes de la guerre. Le gouvernement n’a pas le mandat
d’abandonner les otages, que ce soit explicitement ou implicitement.
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*« Totaler Krieg – Kürzester Krieg » = « guerre
totale, guerre la plus courte » : le meeting nazi du 18 février 1943 au Palais
des sports de Berlin, où Goebbels fit son fameux discours appelant
à la “Guerre totale”