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18/02/2025

REINALDO SPITALETTA
USAID : sous le masque, le vrai visage de la “charité” impérialiste

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de Mago, 18/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Au début des années 1960, en pleine guerre froide, John Kennedy, en réaction à la révolution cubaine, comme on pensait qu’un tel mouvement social était “contagieux”, a conçu une tactique de contrôle impérialiste : l’Alliance pour le progrès. L’idée, dans le but de maintenir l’Amérique latine sous son joug, était de promouvoir certains développements économiques par le biais d’une politique accompagnée d’ingérences dans les affaires intérieures des pays. Dans ce cadre, les USA ont créé l’Agence pour le développement international, l’USAID [et la même année, 1961, le Peace Corps, familièrement appelé Peace Corpse, Cadavre de la Paix, NdT].

Lisa Benson, USA

Maintenant que Donald Trump a mis fin à cet organisme d’« aide internationale », qui s’est également consacré pendant des années au financement de fondations et d’organismes non gouvernementaux, qui apparaissaient comme indépendants, il convient de rappeler les antécédents de cette forme de domestication à la mode de Washington.

L’Alliance pour le progrès, lancée en Colombie sous le gouvernement docile d’Alberto Lleras Camargo, fondateur du Front national, a été remise en question lors de la célèbre réunion de l’OEA à Punta del Este, en Uruguay, à laquelle Che Guevara assistaiet en tant que ministre de l’Industrie de Cuba. « Le peuple qui achète commande. Le peuple qui vend, sert. Il faut équilibrer le commerce pour assurer la liberté », a déclaré le Che, qui a qualifié l’OEA de ministère des colonies des USA.

Parfois avec des mécanismes d’étrange « charité », parfois avec les secteurs pauvres d’Amérique latine, et d’autres fois avec une ingérence ouverte dans les affaires intérieures des pays qui constituaient l’immense territoire de la métropole, celle-ci, par l’intermédiaire de la CIA et d’autres organismes moins évidents dans leur interventionnisme, a déplacé des pions, encouragé des coups d’État, mis en place et destitué des présidents. Il s’agissait d’une vieille pratique impériale, avec des colonisations culturelles et économiques, mais avec l’utilisation d’un masque dissimulant sa nature vampirique et ses agressions.

Maintenant, alors que l’agitation autour de l’extinction de l’USAID, qui déguisait en « aides » ce qui était en réalité un achat de consciences, une mise en scène pour maintenir la domination impériale dans quasiment le monde entier, n’est pas encore retombée, des vieilles méthodes se font jour, comme l’infiltration de journaux, d’ONG, l’achat d’“intellectuels” et autres “saloperies”.

Les tentacules de l’« agence d’aide » usaméricaine, étendues à presque toutes les latitudes, ont piégé des médias qui se présentaient comme indépendants, mais qui, en substance, étaient au service des politiques d’expansion de Washington et des grandes entreprises. Elle a fabriqué des « pauvres de droite », a fait plier la conscience des journalistes, a infiltré le pouvoir judiciaire dans de nombreux endroits, a soutenu des médias qui se présentaient comme progressistes. Un réseau de pouvoir impérial.

C’est peut-être à cause de toutes ces pratiques qui ont contaminé certains médias vénaux que la tactique consistant à garder un « silence stratégique » sur certains sujets comme le génocide d’Israël contre la Palestine, a été adoptée. C’est la politique néfaste du « tout s’achète », « tout se vend ». Ou, pourquoi pas, celle qui est très manifeste ici et là, du « tout est permis ». Avec de telles aides, la yanquilandia pouvait établir les « ordres du jour informatifs », que dis-je, idéologiques, et bien sûr désinformatifs, de nombreux médias sous son contrôle.

Pour une poignée de dollars, des acteurs comme Angelina Jolie et Sean Penn ont soutenu l’Ukrainien Zelensky. L’Agence leur a versé du pognon à cet effet. Maintenant, il faut penser que la « nouvelle droite », dirigée par Trump et Musk, n’a pas l’intention de démocratiser quoi que ce soit, ou qu’elle a eu un élan « libertaire ». Son idée est, comme l’a déjà dit l’homme à la touffe oxygénée, de renforcer d’abord les marchés intérieurs, de revenir dans son délire à rendre à nouveau grand un empire qui, qu’on le veuille ou non, est en déclin.

Oui, l’empire est en déclin, lui qui a longtemps camouflé ses agressions, ses infiltrations et autres ingérences dans les affaires intérieures des peuples en « aide humanitaire » et « assistance économique ». Trump, qui aspire en même temps à élargir l’orbite impériale au Groenland et au Canada, a finalement démantelé l’agence internationale d’aide. Quelle est sa véritable intention ?

Pour en revenir au début, l’Alliance pour le progrès, une farce des USA pour capter ses sujets, n’a pas mis fin à la misère en Amérique latine. Elle l’a maintenue et aggravée. Elle a aggravé la pénurie alimentaire, les famines, et a été bien loin de mettre fin aux cordons de misère, qui s’étendent dans de nombreux pays, dont la Colombie. Sept ans après le début de cette expérience yankee, Richard Nixon a déclaré que la malnutrition et la pénurie alimentaire en Amérique latine s’étaient aggravées. Et que ce fût l’un des principaux agresseurs impérialistes contre les pays de ce sous-continent qui le dise, c’était franchement marrant.

On sait depuis des années qu’il faut se méfier de certaines aides, de certaines agences, de certaines politiques impérialistes. Derrière Trump et Musk, il y a d’autres dangers qui menacent les peuples.

 

Glenn Lelievre, Australie

15/10/2024

REINALDO SPITALETTA
Qui se soucie que des Palestiniens soient tués ?

Reinaldo Spitaletta, El Espectador, 15/10/2024
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Qu'est-ce que cela peut nous faire, même si nous assistons à un « génocide en temps réel », que des hordes de soldats, qui en plus se prennent en selfies devant les villes et les villages qu'ils rasent, tuent des Palestiniens. Peu importent leurs coups de canons, leurs bombardements, leurs snipers. Tout ça semble aller pour le mieux, car ce sont les bâtiments, les rues, les hôpitaux, les écoles, les habitants de Gaza qui tombent sous le feu sacro-saint du « peuple élu », de la « fureur de Yahvé », ou peut-être, également en temps réel, de deux héros de mauvais augure qui font couler le sang par tous leurs pores : Joe Biden et Benjamin Netanyahou.

Que nous importe qu'une jeune fille décharnée, transpercée par toutes les angoisses, crie sur le caméraman qui filme tout ce malheur d'un peuple, si cela n'intéresse personne. Et, à la longue, qui se soucie, par exemple, qu'un Palestinien arbitrairement emprisonné par des soldats israéliens soit déshabillé, dégradé, forcé de se tourner face contre terre et qu'on lui verse un liquide sur les fesses. Ensuite, ils lâchent un énorme chien qui, excité par l'odeur d'une substance qui l'excite démesurément, viole la victime sans défense.

Ceux d'entre nous qui ont vu le documentaire Gaza, réalisé par Al Jazeera, pourraient rester sans voix, même si, dis-je, ces barbaries ne semblent importer à personne, malgré toute l'infamie qui y est montrée, malgré cette sauvagerie qui a toutes les teintes, les contours et les essences d'un génocide. On pourrait dire, pourquoi pas, que les souffrances anciennes du peuple palestinien, qui remontent au moins à 1948, n'intéressent aujourd'hui, selon l'insensibilité de cette atrocité qu'on appelle « l'Occident », ni les cours et tribunaux internationaux, ni personne d'autre.

Qui s'émouvra, par exemple, lorsque des petits cons d'Israéliens enregistrent une série de singeries sur Tik Tok pour se moquer des enfants palestiniens qui, au milieu de grimaces moqueuses, s'enduiraient de sauce ou d'encre rouge, autrement dit simuleraient des blessures pour poser devant les caméras. Ou ce que font les soldats israéliens, avec des gestes satisfaits, en rasant des cuisines, des salons, des vitrines, des maisons civiles, puis en posant avec toute la « grâce » du « mannequinat » devant leurs photographes portraitistes propagandistes.

Ce terrible documentaire questionne, parmi tant d’infamies de l'armée israélienne, l'utilisation des réseaux sociaux sur lesquels les militaires partagent des photos et des vidéos de leurs actions sans cœur à Gaza. Bien qu’on le sache déjà, Gaza montre comment les USA, l'Allemagne, le Royaume-Uni et d'autres pays occidentaux soutiennent la boucherie israélienne. Mais, comme on le sait, aucun organisme de défense des « droits humains » ni aucun tribunal international ne les condamnera.

Le documentaire est déchirant, provocateur, voire larmoyant, et, pourquoi pas, on peut même lancer des filsdeputes bruyants contre les meurtriers en uniforme, mais, pour en revenir à notre mépris traditionnel pour ce qui arrive aux autres, on s'en moque. C'est du moins ce que semble comprendre Susan Abulhawa, écrivaine et journaliste palestinienne : « Les Palestiniens savent qu'ils ont été abandonnés, que le monde qui parle de droits de l'homme et de droit international ment, que ces concepts sont destinés aux Blancs ou aux Occidentaux, que l'obligation de rendre des comptes n'est pas destinée à obliger les oppresseurs à rendre des comptes, qu'ils ont en fait été jetés comme des ordures ».

Et oui, cet « Occident » civilisé, celui qui, au cours des deux seules guerres mondiales, a causé un nombre de morts sans précédent dans l'histoire, celui qui a depuis longtemps démoli l'édifice de la raison pour ériger des monuments à la barbarie, regarde avec complaisance la destruction de Gaza, la brutalité à l'encontre des Palestiniens. Ah, et pas seulement : il les promeut. C'est comme si le mot d'ordre était d'anéantir ce peuple. De les exterminer. Le documentaire d'Al Jazeera, qui rend également hommage aux journalistes morts, témoigne de la manière terrifiante dont un peuple, une culture, est en train d’être dévasté.

Il permet aussi de déceler certaines sophistications dans le génocide. L'intelligence artificielle au service de la destruction. Grâce à un système appelé « Where's Daddy », des personnes sont suivies à la trace, un niveau de menace leur est attribué et leur domicile est ciblé avec une grande précision. Des familles entières ont ainsi été annihilées.

Quoi qu'il en soit, ce sont des images douloureuses dans ce documentaire, qui constitue un puissant réquisitoire. À quoi cela servira-t-il ? Au moins à dire au monde qu’on ne s’en sortira pas, après tout, avec l'excuse qu’on ne savait rien de ce qui se passait dans ces régions (pour certains très éloignées). Oh oui, des Palestiniens ont été et sont encore tués. Point barre. Ce n'est pas de notre truc. C'est leur affaire.

Autre chose : la plupart des victimes, sur les plus de 41 000 tués par Israël, étaient des femmes et des enfants. Le droit international a été déchiqueté par Israël et ses parrains. Comment faire pour que nous nous en soucions ?

25/09/2024

REINALDO SPITALETTA
Mit künstlicher Intelligenz töten


Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago, 24/9/2024
Übersetzt von Helga Heidrich, herausgegeben von Fausto Giudice
, Tlaxcala

In diesen apokalyptischen Zeiten steht die Wissenschaft oder das, was als solche definiert wird, im Dienst des Todes, und es gibt verschiedene Ansätze. Für die Zerstörung, die eine Industrie ist, gibt es eine große Neigung und einen fruchtbaren Boden, vor allem seitens der Länder, die die Märkte, die Nationen, die Menschen, die Vermittler auf verschiedenen Ebenen beherrschen, die ihre Handlanger sind. Heraklit sagte (es gibt wenig Beweise dafür), dass Kultur vergiftet. Was heute vergiftet, ist die Politik oder die Fortsetzung der Politik durch andere Mittel, wie den Krieg.

 

„Ich wollte echt alle Menschen töten, aber sie sind uns zuvorgekommen“. Zeichnung von Ryan Beckwith

Künstliche Intelligenz, Maschinen, Technologie, die hohe Geschwindigkeit ihrer Entwicklung, haben den Menschen überholt. Der Schöpfer als Sklave oder Opfer. Ein weiterentwickelter Doktor Frankenstein. Was am meisten zählt, ist die Zerstörung des Anderen, desjenigen, der der Herrschaft einiger weniger über Millionen im Wege steht. Wir sind auf der Straße, im Kino, im Stadion, wo auch immer, und plötzlich explodiert das Handy, der Pager, das Walkie-Talkie, oder man wird von einer Drohne beschossen, die aus dem Nichts kam.

Der neue Terrorismus, der bereits viele Runzeln und andere Alterserscheinungen aufweist, wird von den Mächten, vom Imperialismus ausgeübt. Selbstverständlich ist der Bombenmarkt mit diesen Feinheiten nicht unzufrieden. Raketen fliegen und können, wie im Falle Israels gegen Palästina, eine ganze Bevölkerung vernichten, was als Völkermord bezeichnet wird, und nichts geschieht. Alles bleibt beim Alten, was eine andere Art ist, die Dinge zu verschlimmern.

Die Wissenschaft, die wie in einer Wilde-Erzählung die Gespenster vernichtet hat, ist nun eine gespenstische Präsenz mit ihren Geräten, die aus dem Nichts zu kommen scheinen und vom Himmel fallen oder unter der Erde explodieren können. Der Tod per Fernsteuerung. Heute geht es nicht mehr darum, wie in einem alten Yankee-Film, Universal Soldier, tote Soldaten wiederzubeleben (wie im Falle der imperialistischen US-Invasion in Vietnam) und sie wie Automaten in den Dienst des Terrors zu stellen, sondern um die Perfektionierung von Waffen, die manchmal unsichtbar sind.

Neben den Methoden von Big Brother, einer romanhaften Dystopie, die in der Welt längst Wirklichkeit geworden ist, gibt es die raffinierteren Methoden der extremen, subtilen und algorithmischen Überwachung; der Klassifizierung der Bürger; der Durchdringung selbst der Suppe, um ein mögliches Ziel für eine Hinrichtung zu entdecken. Und wenn es sich dabei um Aufwiegler, Aufrührer handelt, die keine manipulierten Geschichten schlucken, umso besser. Sie müssen ausgeschaltet werden, nicht mehr mit der Vulgarität einer Vergiftung, sondern mit der Perfektion eines Todesstrahls.

In einigen bedauerlichen Fällen, die sicherlich jeder Logik widersprechen, ist es notwendig, tödliche Raketen, von Flugzeugen abgeworfene Bomben, den Terror des Himmels, einzusetzen, nicht nur, um Gebäude, Stadtviertel, Straßen, Zivilisten in Massen auszulöschen, sondern auch, um eine Kultur auszulöschen, um keine Spur von dem zu hinterlassen, was in diesen verwüsteten Gebieten existiert haben könnte. Und in anderen Fällen, mit mehr „Intelligenz“, um diejenigen auszuwählen, die durch die, wenn Sie so wollen, sogar „elegante“ Einmischung von kleinen Geräten, die auch das Ziel des Tötens, der Unterdrückung erfüllen, fallen werden - die Tötung von „Feinden“.

Die Tötung von „Feinden“ des Staates, oder einer Politik, oder einer Einmischung in innere Angelegenheiten, hat die Form eines Spiels, eines makabren Halloween-Streichs angenommen. Neben der Biopolitik bewegen wir uns auf den dunklen Pfaden der Nekropolitik, mit der Enthüllung anderer Formen der Grausamkeit, des Perversen, einer perfekten Gleichung für die Beseitigung von Menschen, manchmal ohne eine „Blutspur im Schnee“ zu hinterlassen.

Halten Sie sich also fest, Bürger, Sie könnten im Fadenkreuz stehen, manchmal nur, um Teil einer Strafe zu sein. Oder für einen Test. Teil eines Tests, eines Machtexperiments für eine tödliche Übung. Alles fließt, sagte der Philosoph von Ephesus, der auch den Spitznamen Der Dunkle trug und die „Einheit der Gegensätze“ postulierte. Nun, heute müssen wir die Gegensätze zerstören, diejenigen, die sich widersprechen, diejenigen, die auf der anderen Seite des Flusses sind, desselben Flusses, in dem niemand zweimal badet.

Die Geschwindigkeit, die heute eine Variable für tausend Dinge ist, wie den schnellen Profit, den schnellen Sex, die oberflächliche Lektüre, ist heute ein Trick, um die Reflexion, das Denken zu verbannen, alles dem Schein zu überlassen, ohne zu hinterfragen, und so weiter, bis sie einen gedankenlosen, emotionslosen, manipulierbaren Bürger formt, der natürlich auch mit einem Mobiltelefon in die Luft gejagt werden kann.

Ich weiß nicht, ob dieses Gemisch, das man Postmoderne nennt, was immer es auch ist, auch den Präzisionsmord als maßgebliche Größe, als Merkmal der heutigen Welt, in Betracht zieht. Territorien müssen nicht mehr erobert werden. Es gibt andere Möglichkeiten, aus der Ferne anzugreifen, ohne den vermeintlichen Feind, das anvisierte Opfer, riechen zu müssen. Künstliche Intelligenz und andere technologische Hochleistungen erledigen einen „sauberen Job“, aseptisch, so dass die Aktion nicht so furchtbar ist. Wir müssen keine Spur von Leichen, verstümmelten Kindern, zerstückelten Frauen, zerstörten Dörfern hinterlassen. Aber was wir natürlich auch tun müssen (hier sprechen die Henker),  „damit sie verschwinden“ oder, wie in alten Zeiten, damit sie ihre Lektion lernen, werden wir ihnen einen weniger lauten Tod bereiten.

 

REINALDO SPITALETTA
Matar com inteligência artificial

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago,24/9/2024
Traduzido por
Helga Heidrich, editado por Fausto Giudice, Tlaxcala

A ciência, ou o que é definido como tal, e há várias abordagens, está a serviço da morte nessas épocas apocalípticas. Para a destruição, que é uma indústria, há uma grande inclinação e um terreno fértil, especialmente por parte dos países que dominam mercados, nações, pessoas, mediadores de vários níveis, que são seus peões. Heráclito disse (há poucas evidências disso) que a cultura envenena. O que envenena hoje é a política ou o prolongamento da política por outros meios, como a guerra.

 

Eu realmente queria matar todos os humanos, mas eles eles se anteciparam a nós. Charge de Ryan Beckwith

A inteligência artificial, as máquinas, a tecnologia, a alta velocidade em seu desenvolvimento, superaram o ser humano. O criador como escravo ou vítima. Um Doutor Frankenstein mais sofisticado. O que mais vale é destruir o outro, aquele que atrapalha a dominação de poucos sobre milhões. Estamos na praça, no cinema, no estádio, enfim, e de repente seu celular explode, ou seu pager, ou seu walkie-talkie, ou disparam contra você de um drone inesperado.

O novo terrorismo, que já tem muitas rugas e outros sinais de envelhecimento, é exercido pelas potências, pelo imperialismo. É claro que o mercado de bombas não se sente desconfortável com essas sutilezas. Os mísseis voam e podem, como no caso de Israel contra a Palestina, destruir uma população inteira, o que é chamado de genocídio, e nada acontece. Tudo permanece igual, o que é outra forma de continuar piorando.

A ciência, que, como em um conto de Wilde, destruiu fantasmas, é hoje uma presença espectral com seus dispositivos que parecem surgir do nada e podem cair do céu ou explodir sob o solo. Morte por controle remoto. Hoje não se trata, como em um antigo filme ianque, Universal Soldier, de reviver soldados mortos (como no caso da invasão imperialista dos EUA no Vietnã) e colocá-los, como autômatos, a serviço do terror, mas de aperfeiçoar armas, às vezes invisíveis.

Além dos métodos do Big Brother, uma distopia novelística que há muito se concretizou no mundo, há os métodos mais sofisticados de vigilância extrema, sutil e algorítmica; de classificação dos cidadãos; de penetração até mesmo na sopa para detectar um possível alvo para execução. E se eles forem agitadores, insurretos, que não engolem contos manipulados, tanto melhor. Eles devem ser abatidos, não mais com a vulgaridade de um envenenamento, mas com a perfeição de um raio da morte.

Em alguns casos, deploráveis e certamente contrários a toda lógica, é necessário usar foguetes mortais, bombas lançadas por aviões, o terror dos céus, não apenas para arrasar prédios, bairros, ruas, civis em massa, mas para apagar uma cultura, para não deixar vestígios do que poderia ter existido naquelas terras devastadas. E em outros, com mais “inteligência”, para selecionar aqueles que cairão pela interferência, se preferir, até “elegante”, de pequenos dispositivos que também cumprem o objetivo de matar, de suprimir.

A morte dos “inimigos” do Estado, ou de uma política, ou de uma intervenção em assuntos internos, tem assumido a forma de um jogo, de uma brincadeira macabra de Halloween. Além da biopolítica, caminhamos pelas sombrias trilhas da necropolítica, com a revelação de outras formas de crueldade, do perverso, de uma equação perfeita para eliminar pessoas, às vezes sem deixar nenhum “rastro de sangue na neve”.

Portanto, belisque-se, cidadão, você pode estar na mira, às vezes apenas para fazer parte de um castigo. Ou para um teste. Parte de um teste, de um experimento de poder para um exercício mortal. Tudo flui, disse o filósofo de Éfeso, também apelidado de O Negro, que postulou a “unidade dos opostos”. Bem, hoje devemos destruir os opostos, aqueles que se contradizem, aqueles que estão do outro lado do rio, o mesmo no qual ninguém se banha duas vezes.

A velocidade, que hoje é uma variável projetada para mil coisas, como lucros rápidos, uma transa rápida, uma leitura superficial, é hoje um truque para banir a reflexão, o pensamento, para deixar tudo nas aparências, para passar sem nenhum questionamento, e assim por diante, até formar um cidadão irrefletido, pouco emotivo, manipulável, que, é claro, também pode ser estourado com um celular.

Não sei se essa mistura que chamam de pós-modernidade, seja lá o que for, também contempla o assassinato de alta precisão como uma variável definitiva, como uma característica do mundo atual. Os territórios não precisam mais ser invadidos. Existem outras formas de ataque, à distância, sem a necessidade de sentir o cheiro do suposto inimigo, a vítima-alvo. A inteligência artificial e outras cúpulas tecnológicas fazem um “trabalho limpo”, asséptico, e dessa forma a ação não é tão horrível. Não temos que deixar um rastro de cadáveres, crianças mutiladas, mulheres despedaçadas, vilarejos em ruínas, o que também temos que fazer, é claro (aqui falam os carrascos), mas “para que desapareçam” ou, como nos velhos tempos, para fazê-los aprender a lição, daremos a eles uma morte menos barulhenta.

 

 

24/09/2024

REINALDO SPITALETTA
Tuer avec l’intelligence artificielle

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago,24/9/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 

La science, ou ce qui est défini comme tel, et les perspectives sont multiples, est au service de la mort en ces saisons apocalyptiques. Pour la destruction, qui est une industrie, il y a un grand penchant et un terrain fertile, surtout de la part des pays qui dominent les marchés, les nations, les peuples, les médiateurs de divers rangs, qui sont leurs pions. Héraclite disait (il y a peu de traces de lui) que la culture empoisonne. Ce qui empoisonne aujourd’hui, c’est la politique ou la prolongation de la politique par d’autres moyens, comme la guerre.


Je voulais vraiment tuer tous les humains, mais ils nous ont devancés. Ryan Beckwith

L’intelligence artificielle, les machines, la technologie, avec leur grande vitesse de développement, ont dépassé l’être humain. Le créateur comme esclave ou victime. Un docteur Frankenstein en plus sophistiqué. Le service à table consiste à détruire l’autre, celui qui fait obstacle à la domination de quelques-uns sur des millions. Vous êtes dans la rue, au cinéma, au stade, n’importe où, et soudain votre téléphone portable explose, ou votre bipeur, ou votre talkie-walkie, ou on vous tire dessus depuis un drone surgi de nulle part.

Le nouveau terrorisme, qui a déjà bien des rides et autres signes de vieillissement, est exercé par les puissances, par l’impérialisme. Bien sûr, le marché des bombes ne s’embarrasse pas de ces subtilités. Les missiles volent et peuvent, comme dans le cas d’Israël contre la Palestine, détruire une population entière, ce qui s’appelle un génocide, et rien ne se passe. Tout reste pareil, ce qui est une autre façon de faire encore empirer les choses.

La science qui, comme dans une histoire de Wilde, détruisait les fantômes, est aujourd’hui une présence spectrale avec ses engins qui semblent sortir de nulle part et peuvent tomber du ciel ou exploser sous terre. La mort télécommandée. Aujourd’hui, il ne s’agit pas, comme dans un vieux film gringo, Universal Soldier, de ressusciter des soldats morts (comme dans le cas de l’invasion impérialiste usaméricaine du Vietnam) et de les mettre, tels des automates, au service de la terreur, mais de perfectionner des armes, parfois invisibles.

Outre les méthodes de Big Brother, dystopie de fiction qui s’est depuis longtemps réalisée dans le monde, il y a les méthodes plus sophistiquées de surveillance extrême, subtile, algorithmique, de classification des citoyens, de pénétration jusqu’à la soupe pour la détection d’une éventuelle cible d’exécution. Et s’il s’agit d’agitateurs, d’insurgés, qui ne racontent pas d’histoires, on n’a pas affaire à un vulgaire empoisonnement, mais à la perfection d’un rayon de la mort.

Dans certains cas, déplorables et certainement contraires à toute logique, il faut utiliser des fusées meurtrières, des bombes larguées par des avions, la terreur venue du ciel, pour non seulement raser des immeubles, des quartiers, des rues, des civils en masse, mais pour effacer une culture, pour ne laisser aucune trace de ce qui a pu exister dans ces contrées dévastées. Et dans d’autres, avec plus d’« intelligence », pour sélectionner ceux qui tomberont par l’interférence, si l’on peut dire, même « élégante », de petits engins qui remplissent toujours l’objectif de tuer, de réprimer.

La mort des « ennemis » d’État, ou d’une politique, ou d’une intervention dans les affaires intérieures, a pris la forme d’un jeu, d’une macabre plaisanterie d’Halloween. Au-delà de la biopolitique, nous marchons sur les chemins lugubres de la nécropolitique, avec la révélation d’autres formes de cruauté, de perversité, d’une équation parfaite pour éliminer des personnes parfois sans laisser de « traînée de sang sur la neige ».

Alors pincez-vous, citoyens, vous êtes peut-être dans le collimateur, parfois juste pour un châtiment. Ou pour un essai. Des pièces d’un test, d’une expérience de pouvoir pour un exercice mortel. Tout s’enchaîne, disait le philosophe d’Ephèse, surnommé Le Ténébreux, qui postulait « l’unité des contraires ». Eh bien, aujourd’hui, il faut détruire les contraires, ceux qui contredisent, ceux qui sont de l’autre côté du fleuve, celui-là même dans lequel on ne se baigne pas deux fois.

La vitesse, qui est aujourd’hui une variable conçue pour mille choses, comme le profit rapide, la baise rapide, la lecture superficielle, est aujourd’hui une ruse pour bannir la réflexion, la pensée, pour tout laisser aux apparences, pour passer sans se poser de questions, et ainsi de suite, jusqu’à former un citoyen irréfléchi, à peine émotif, manipulable, qui, bien sûr, peut aussi être explosé avec un téléphone portable.

Je ne sais pas si ce méli-mélo que l’on appelle post-modernité, quel qu’il soit, envisage également l’assassinat de haute précision comme une variable définitive, comme une caractéristique du monde d’aujourd’hui. Les territoires n’ont même plus besoin d’être envahis. Il existe d’autres formes d’attaque, à distance, sans avoir besoin de sentir l’odeur de l’ennemi présumé, de la victime ciblée. L’intelligence artificielle et autres pics technologiques font un « travail propre », aseptisé, et de cette manière l’action n’est pas si horrible. Il n’est pas nécessaire de laisser une traînée de cadavres, d’enfants mutilés, de femmes brisées, de villages en ruine, ce qui doit aussi être fait, bien sûr (ici ce sont les bourreaux qui parlent), mais pour qu’ils soient réduits à néant ou, comme dans au bon vieux temps, pour qu’ils apprennent leur leçon, on leur donnera une mort moins bruyante.

REINALDO SPITALETTA
Matar con inteligencia artificial

 Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago,24/9/2024

La ciencia, o lo que se define como tal, y son múltiples las perspectivas, está al servicio de la muerte en estas temporadas apocalípticas. Para la destrucción, que es una industria, hay gran inclinación y tierra abonada, sobre todo de países que dominan los mercados, las naciones, a la gente, a mediadores de diverso rango, que son sus peones. Decía Heráclito (pocas pruebas quedan de ello) que la cultura envenena. Lo que hoy envenena es la política o la prolongación de la misma por otros medios como los de la guerra.

Tenía muchas ganas de matar a todos los humanos, pero se nos adelantaron. Ryan Beckwith

 La inteligencia artificial, las máquinas, la tecnología, de alta velocidad en su desarrollo, superaron al humano. El creador como esclavo o como víctima. Un doctor Frankenstein más sofisticado. El servicio a la mesa es destruir al otro, al que estorba en la ruta de la dominación de unos cuantos sobre millones. Estamos en la plaza, en el cine, en el estadio, en fin, y de pronto te explota el teléfono celular, o el bíper, o el walkie-talkie, o desde un dron inesperado te disparan.

El nuevo terrorismo, que ya tiene muchas arrugas y otros signos de envejecimiento, lo ejercen las potencias, el imperialismo. Por supuesto, el mercado de las bombas no se desacomoda con aquellas sutilezas. Los misiles vuelan y pueden, como pasa en el caso de Israel contra Palestina, destruir toda una población, lo que se denomina un genocidio, y no pasa nada. Todo sigue igual, que es otra manera de continuar empeorando.

La ciencia, que como en un cuento de Wilde destruyó los fantasmas, es hoy una presencia espectral por sus artefactos que parecen salir de la nada y pueden caer del cielo o estallar debajo de la tierra. La muerte teledirigida. Hoy no se trata, como en una vieja película gringa, Soldado universal, de revivir militares fallecidos (como en el caso de la invasión imperialista estadounidense en Vietnam) y ponerlos, cual autómatas, al servicio del terror, sino de perfeccionar armas, a veces invisibles.

Aparte de los métodos del Gran Hermano, una distopía novelesca que hace rato se cumplió en el mundo, están los más sofisticados de vigilancias extremas, sutiles, algorítmicas; de clasificaciones de ciudadanos; de penetración hasta en la sopa para la detección de un posible blanco para ejecutar. Y si son agitadores, gentes insurrectas, que no comen cuento, mejor. Hay que darles de baja, ya no con la vulgaridad de un envenenamiento, sino con la perfección de un rayo mortal.

En unos casos, deplorables y desde luego contra toda lógica, hay que utilizar cohetes mortíferos, bombas arrojadas por aviones, el terror desde el cielo, para no solo arrasar edificios, barrios, calles, civiles a granel, sino borrar una cultura, no dejar vestigios de lo que pudo haber en esas tierras devastadas. Y en otros, con más “inteligencia”, seleccionar los que caerán por la injerencia, si se quiere hasta “elegante”, de pequeños artefactos que igual cumplen con el objetivo de matar, de suprimir.

La muerte de los “enemigos” de Estado, o de una política, o de una intervención en asuntos internos, ha tomado la forma de un juego, de una macabra broma de Halloween. Más allá de la biopolítica, se camina por los senderos funestos de la necropolítica, con la revelación de otras maneras de la crueldad, de lo perverso, de una perfecta ecuación para eliminar gente a veces sin dejar ningún “rastro de sangre sobre la nieve”.

Así que pellízquense, ciudadanos, que pueden estar en la mira, a veces solo por ser parte de un escarmiento. O por un ensayo. Partes de una prueba, de un experimento del poder para un ejercicio mortal. Todo fluye, decía el filósofo de Éfeso, también apodado El Oscuro, que planteó la “unidad de los opuestos”. Bueno, hoy hay que destruir los opuestos, los que contradicen, los que están del otro lado del río, del mismo en el cual nadie se baña dos veces.

La velocidad, que es hoy una variable pensada para mil cosas, como ganancias rápidas, un polvo de afán o de gallo, una lectura superficial, es hoy una treta para desterrar la reflexión, el pensamiento, para dejarlo todo en la apariencia, en pasar de largo sin ningún cuestionamiento, y así hasta configurar un ciudadano irreflexivo, apenas emocional, manipulable al que, desde luego, también se puede estallar con un celular.

No sé si ese revoltijo que denominan la posmodernidad, cualquier cosa que esta sea, contempla también como variable definitiva la matanza de alta precisión como una característica del mundo de ahora. Ya ni siquiera hay que invadir territorios. Son otras las formas del ataque, a distancia, sin necesidad de sentir el olor del presunto enemigo, de la víctima selectiva. La inteligencia artificial y otras cumbres de la tecnología hacen un “trabajo limpio”, aséptico, y de ese modo no es tan horrible la acción. No hay que dejar regueros de cadáveres, niños mutilados, mujeres destrozadas, pueblos en ruinas, que también hay que hacerlo, ni más faltaba (aquí hablan los verdugos), pero “pa’ que chupen” o, como en viejos tiempos, para que escarmienten, se les dará una muerte menos ruidosa.

18/06/2024

REINALDO SPITALETTA
Bananes sanglantes : Chiquita condamnée aux USA pour ses crimes en Colombie (ce n’est qu’un début...)

Reinaldo Spitaletta, El Espectador, 18/6/2024
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Les actions de l’United Fruit Company, rebaptisée en 1989 Chiquita Brands International, dans une grande partie de l’Amérique centrale et de la Colombie sont terrifiantes. Son histoire d’iniquités comprend, parmi une vaste collection d’infamies, les méthodes d’acquisition des terres depuis la fin du XIXe siècle, y compris les manœuvres de sabotage propageant le sigatoka noir, l’exploitation impitoyable des travailleurs, souvent réduits en esclavage, et la participation à des massacres, comme celui de 1928 dans la zone bananière colombienne.

Détail d'une toile de Diego Rivera montrant le secrétaire d'État usaméricain John Foster Dulles tendant une bombe au colonel putschiste Carlos Castillo Armas.

Il convient de rappeler, par exemple, l’ingérence de la compagnie transnationale dans le coup d’État contre le président guatémaltèque Jacobo Árbenz en 1954, encouragé par la CIA, alors que ce président démocratiquement élu avait mis en œuvre des réformes agraires et du travail avec l’objectif social d’améliorer la situation des travailleurs. En substance, outre la production de bananes et d’autres fruits, l’entreprise, aux mains maculées de sang depuis ses origines, a soutenu des gouvernements autoritaires.


Récemment, un tribunal de Floride aux USA a condamné la compagnie que l’écrivain costaricien Carlos Luis Fallas avait baptisé “Mamita Yunai”*, fer de lance du néocolonialisme, pour avoir financé les Autodéfenses unies de Colombie et parrainé leurs actions criminelles, qui ont conduit à la violation systématique des droits humains de la population civile dans l’Urabá et le Magdalena. En 2007, comme on l’a peut-être déjà oublié, il avait été prouvé que Chiquita Brands avait soutenu les paramilitaires avec de l’argent et d’autres ressources entre 1997 et 2004.

Le tribunal du district sud de Floride a jugé la multinationale responsable des conséquences pénales de son financement du paramilitarisme, suite à l’action en justice intentée par certaines familles qui ont subi les conséquences désastreuses de ce parrainage. Bien qu’il existe des milliers de plaintes contre Chiquita Brands émanant de milliers de victimes de ses abus, dans ce cas-ci, la décision est favorable à huit des neuf familles qui, depuis près de vingt ans, persistent à demander justice pour l’assassinat de leurs proches.

01/05/2024

REINALDO SPITALETTA
Primero de mayo y los Mártires de Chicago

Reinaldo Spitaletta, 30-4-2024

Cada primero de mayo en el orbe, excepto en unos contados países, como Estados Unidos, revive el universal grito de “¡proletarios del mundo, uníos!”, como parte de una conmemoración de enconadas gestas de los trabajadores. Tras la revolución industrial, cuando emergió una clase social como la de los obreros, se presentaron luchas por la dignidad y, en especial, por la conquista de jornadas racionales de trabajo, que en el siglo XIX, en Europa y EE.UU., parecía una dictadura patronal de nueva esclavitud.

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Se oyen de estos estados pompas y maravillas. Se dice que un albañil gana tres pesos al día, sin contar con que apenas trabaja seis meses al año (…). Se dice por los filósofos amables, y por los caballeros que saben griego y latín, que no hay obrero mejor vestido y calzado que el americano, y que esta es Jauja, y que hacen muy mal en enojarse, en vez de estar agradecidos a su eximia fortuna.

¡Ah! Así como los jueces debieran vivir un mes como penados en los presidios y cárceles para conocer las causas reales y hondas del crimen y dictar sentencias justas, así los que deseen hablar con juicio sobre la condición de los obreros deben apearse a ellos, y conocer de cerca su miseria.

José Martí, La Nación, Buenos Aires, febrero de 1887

El Primero de Mayo, como fiesta ecuménica del proletariado, también se recuerda, como lo advirtió hace tiempos José Martí, que los derechos no se mendigan, no se piden. Se arrebatan. Se conquistan. Y esto es lo que fue acaeciendo en diversas faenas, muchas de ellas sangrientas y con acentuada represión oficial, por llegar a tener turnos laborales de ocho horas, frente hasta las dieciocho que se venían dando, como un modo de descarada explotación de la mano de obra, en los países que desarrollaban el sistema capitalista.

El ascenso de las contiendas obreras en Europa y en especial en Estados Unidos alcanzó una de sus máximas cotas en mayo de 1886, cuando en Chicago, se organizaron masivas manifestaciones y movimientos huelguísticos, que son reprimidos por la policía, y, a su vez, para debilitarlos, los dueños de fábricas se valían de esquiroles. Desde antes, en el país del norte, se venían presentando alzamientos y huelgas en distintas ciudades, como Nueva York, Boston, Baltimore, Detroit y otras. Pero es en el año mencionado cuando los ánimos obreros se sublevaron y hubo contra ellos una feroz respuesta oficial y de los patronos.

En las demostraciones de protesta de los trabajadores se agitaba la consigna del Manifiesto Comunista, de Marx y Engels: “Proletarios del mundo entero, ¡uníos! No tenéis nada que perder, excepto vuestras cadenas. ¡Y tenéis todo que ganar!”, tal como lo recuerda Howard Zinn, en su libro La otra historia de los Estados Unidos. En la primavera de 1886 ya había crecido el fervoroso movimiento en favor de la jornada de ocho horas (que hacía parte de la lucha por los tres ochos: ocho horas de trabajo, ocho de descanso y ocho para la educación), y se exhortaba a las huelgas nacionales en los lugares donde se negara esta reivindicación.

El 1 de mayo de 1886, cerca de 400.000 trabajadores iniciaron una huelga en Chicago, con movilizaciones multitudinarias que se prolongaron durante los días siguientes. La represión era brutal. El 4 de mayo, en la plaza Haymarket, estalló una bomba, la policía respondió, hubo decenas de muertos, heridos, detenidos. Se apresaron varios líderes anarquistas, como una manera de escarmentar a los demás trabajadores e intimidarlos. Adolph Fischer, Augusto Spies, Albert Parsons, George Engel, Louis Lingg, Michael Schwab, Samuel Fielden y Oscar Neebe, fueron los señalados. En un juicio amañado, a los cuatro primeros se les condenó a muerte. Los ahorcaron al año siguiente.

A los otros se les sentenció a prisión perpetua. Lingg prefirió suicidarse con un taco de dinamita en la boca antes que “padecer la justicia del sistema”. Todos ellos son conocidos en la historia como los Mártires de Chicago, y en su honor, en 1889, en París, en la Conferencia Internacional de Trabajadores, se decidió conmemorar el primero de mayo como el Día de la Clase Obrera y de los Trabajadores, en memoria de los sacrificados en las lides por la conquista de las ocho horas.

El Primero de Mayo, también denominado el día más luminoso del mundo, es una conmemoración universal de las luchas de los trabajadores, una posibilidad para ahondar en la historia de aquellas disputas en las que, además, murieron centenares de obreros aquí y allá, en heroicas faenas reivindicativas por el establecimiento legal de las ocho horas de trabajo.

En Colombia hubo de pasar un tiempo para el ejercicio de esta conmemoración. Las empresas, aliadas con la Iglesia y con la complacencia oficial, realizaban misas campales, paseos, bazares y otras maniobras distractoras para borrar o desviar la memoria, mantener la explotación y evitar cualquier intento organizativo de sus obreros. Se recuerda que en 1919, y a propósito del ascenso de las luchas de distintos trabajadores, como los ferroviarios, los del río Magdalena y otros, se aprobó en el país el derecho a huelga, que lo estrenaron, meses después, las cuatrocientas señoritas de la Fábrica de Tejidos de Bello, dirigidas por Betsabé Espinal.

En Colombia, y como un influjo paradigmático de las batallas obreras en Europa y EE. UU. por los tres ochos, estallaron movimientos de reivindicación proletaria, como la mencionada “huelga de señoritas”, y alzamientos sindicales posteriores, que conquistaron derechos, los cuales, con la injerencia de Washington, el neoliberalismo, reformas antiobreras, las líneas trazadas por organismos como el FMI, el Banco Mundial y otros, se han venido desmontando.

Los Mártires de Chicago, en cuya memoria se realiza la fiesta universal de los trabajadores, reviven cada primero de mayo. Y la utopía sigue vigente: “proletarios de todos los países, uníos”.

31/10/2023

REINALDO SPITALETTA
Les sanglots d’un Palestinien
Impressions berlinoises

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago, El Espectador, 30/10/2023
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Après avoir été émus par le Mémorial de l’Holocauste, qui laisse sans voix et avec beaucoup de questions et d’angoisse, nous y avons déposé une rose rouge, puis nous avons marché jusqu’au Mémorial des Rroms et Sintis d’Europe, situé au sud du bâtiment du Reichstag à Berlin. Ces deux mémoriaux commémorent le génocide nazi. Au bord du bassin du mémorial, où nous avons rencontré deux dames iraniennes, les eaux nous ont parlé avec des mots exacts et très douloureux. Un poème du Rrom italien Santino Spinelli, intitulé Auschwitz : « Visage affaissé / yeux éteints / lèvres froides / silence / cœur brisé / sans souffle / sans mots / pas de larmes ».

 

« Aucun pays ne pratique le nettoyage ethnique en toute impunité aussi bruyamment qu’Israël et aucun pays fait un silence aussi bruyant que l’Allemagne ».


Près du bâtiment du parlement allemand, en cours de rénovation, un homme en noir, portant un drapeau palestinien, tenait une harangue sur les difficultés de son peuple, la souffrance des enfants et des personnes âgées, les humiliations d’Israël contre une nation sans territoire, toujours accablée et prête à haïr l’ennemi. Il portait un keffieh blanc avec des arabesques noires et transmettait son désarroi en anglais à quelques spectateurs.

Ma compagne s’est approchée, a crié “Vive la Palestine !” et l’a serré dans ses bras. Ils se sont pris dans les bras. L’homme pleurait. Elle aussi. J’ai été la seule autre personne à me joindre à l’étreinte et j’ai crié “Vive la résistance palestinienne”. Les manifestations pro-palestiniennes avaient été interdites en Allemagne au début du mois d’octobre, au moment des attaques du Hamas contre Israël et de la réponse d’Israël. J’ai donc appris plus tard qu’à plusieurs endroits stratégiques de Berlin, il n’y avait qu’un seul Palestinien qui, comme l’homme dans l’étreinte, parlait de ses douleurs et de ses malheurs à ceux qui s’arrêtaient pour l’écouter.

Le poème tzigane et les larmes du Palestinien m’ont suivi pendant un bon moment. Je pensais à la façon dont la haine est alimentée dans le monde, à la tragédie des gens et à l’intervention silencieuse des politiciens. Je pensais aussi aux guerres et à leurs victimes, principalement des civils. Ma compagne a continué à pleurer et m’a parlé du regard du Palestinien, qui était très triste, et de la façon dont il a pleuré sur ses épaules, comme dans une sorte d’orphelinat infini.

L’écrivain israélien David Grossman a déclaré que les Palestiniens et les Israéliens sont les enfants du conflit « qui nous a légué tous les handicaps de la haine et de la violence ». Dans son livre La mort comme mode de vie, une sélection d’articles sur le conflit israélo-palestinien, dans lequel il tente de trouver une sorte d’équilibre instable entre les deux peuples, il constate que les Palestiniens ont été les laissés-pour-compte de l’histoire. « Ils ont vécu déchirés entre des souvenirs légendaires démesurés et l’aspiration à un avenir héroïque ». Et que Palestiniens et Israéliens ont tenté de s’éliminer les uns les autres.

Un autre écrivain, José Saramago, a déclaré en 2002 que la Palestine était comme Auschwitz, soulevant une tempête inhabituelle en Israël (où ses livres sont très lus), et a ajouté qu’il ne s’agissait pas d’un conflit entre les deux entités. « Nous pourrions parler de conflit s’il s’agissait de deux pays, avec une frontière et deux États dotés chacun d’une armée ». Et dans la même interview à la BBC à Londres, il a averti qu’“un sentiment d’impunité caractérise désormais le peuple israélien et son armée. Ils sont devenus des rentiers de l’holocauste. Avec tout le respect dû aux personnes tuées, torturées et gazées”.

Que n’avait-il pas dit !

« Auschwitz est pour les Juifs une blessure qui ne guérira probablement jamais. Mais c’est aussi une blessure qu’ils ne veulent pas voir guérie, qu’ils grattent constamment pour qu’elle continue à saigner, comme s’ils voulaient nous en rendre responsables », a-t-il noté dans une interview parue dans le livre Palestina Existe. Furieux, les Israéliens ont boycotté l’écrivain, qui avait complété son propos par ces mots : « Au lieu d’apprendre des victimes, ils se sont inscrits à l’école des bourreaux. Hier, ils faisaient l’objet de ségrégation ? Aujourd’hui, ils font de la ségrégation. Ils ont été torturés ? Aujourd’hui, ils torturent ».

Contre les Palestiniens, de la part d’Israël, il n’y a pas seulement du mépris, mais de la haine. Et les deux peuples s’excluent l’un l’autre, ils font partie des réseaux du pouvoir mondial qui, surtout, font d’Israël le porte-drapeau des politiques impérialistes au Moyen-Orient. À ce stade, il convient de rappeler un passage du poème de Mahmoud Darwich intitulé Sur cette terre :

Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie :
sur cette terre, se tient la maîtresse de la terre, mère des préludes et des épilogues.
On l’appelait Palestine.
On l’appelle désormais Palestine.
Ma Dame, je mérite la vie, car tu es ma Dame.
(1986, trad. Elias Sanbar)

Nous avons continué à marcher dans Berlin et nous avons tous les deux ressenti une sorte de vide, une sorte de nausée, une sorte de douleur contenue, ce qu’on nomme impuissance individuelle. Je n’arrêtais pas d’entendre la voix de l’homme en noir, ainsi que celle des femmes iraniennes qui nous ont dit qu’elles étaient des exilées. Les images monumentales de l’holocauste et les eaux du bassin des tziganes m’ont à nouveau secoué : il y avait un cœur brisé, sans mots, mais, dans ce cas, il y avait des larmes.

 

 

REINALDO SPITALETTA
El llanto de un palestino
Impresiones berlineses

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago, El Espectador, 30/10/2023

 Nos habíamos conmovido con el Memorial del Holocausto, que te deja mudo y con muchas preguntas y congojas, depositamos allí una rosa roja, y luego caminamos hacia el Memorial de los Roms y Sintis [“Gitanos”] de Europa, situado al sur del edificio del Reichstag, en Berlín. Ambos recuerdan el genocidio nazi. En el estanque redondo de este último, donde nos topamos con dos señoras iraníes, las aguas nos hablaron con palabras exactas y muy dolorosas. Un poema del Rom italiano Santino Spinelli, titulado Auschwitz: “Cara hundida / ojos apagados / labios fríos / silencio / un corazón roto / sin aliento / sin palabras / no hay lágrimas”.

“No hay país que lleve a cabo impunemente una limpieza étnica tan ruidosamente como Israel y no hay país que silencie esto tan ruidosamente como Alemania”


Cerca al edificio del Parlamento alemán, en refacción, un hombre de negro, con una bandera de Palestina, arengaba sobre las penurias de su pueblo, el sufrimiento de los niños y los ancianos, las humillaciones de Israel contra una nación sin territorio y siempre agobiada y dispuesta a odiar al enemigo. Estaba tocado con una kafiyya blanca con arabescos negros y transmitía en inglés su desazón ante unos cuantos curiosos.

Mi compañera se acercó, gritó “¡Viva Palestina!” y lo abrazó. Se abrazaron. El hombre lloraba. Ella también. Fui el único, el otro, que se sumó al abrazo y solté un “¡Viva la resistencia palestina!”. Habían prohibido en Alemania, a principios de octubre, cuando los ataques de Hamás a Israel y la respuesta de este país, las manifestaciones en pro de Palestina. Por eso, en distintos lugares estratégicos de Berlín, según supe después, había solo un palestino que, como el hombre del abrazo, exponía sus dolores y desgracias a quienes se detenían a escucharlo.

El poema gitano y las lágrimas del palestino me siguieron un buen tramo. Iba pensando cómo se alimenta el odio en el mundo y en la tragedia de los pueblos y en la soslayada intervención de los políticos. Y en las guerras y sus víctimas, en su mayoría casi siempre civiles. Mi compañera seguía compungida y me hablaba de la mirada del palestino, que era muy triste y de cómo él lloró sobre sus hombros, con una suerte de infinita orfandad.

Decía el escritor israelí David Grossman que palestinos e israelíes son hijos del conflicto “que nos ha dejado en herencia todas las minusvalías del odio y de la violencia”. En su libro La muerte como forma de vida, una selección de artículos sobre la disputa entre Palestina e Israel, en el que intenta buscar una especie de equilibrio inestable entre ambos pueblos, anota que los palestinos han estado fuera de la historia. “Han vivido desgarrados entre unos desmesurados recuerdos legendarios y las ansias por un futuro heroico”. Y que tanto palestinos como israelíes han intentado eliminarse mutuamente.

Otro escritor, José Saramago, decía, en 2002, que Palestina es como Auschwitz, con lo que levantó una polvareda inusual en Israel (donde leían bastante sus libros), y agregaba que aquello entre esas dos entidades no era un conflicto. “Podríamos llamarlo un conflicto si se tratara de dos países, con una frontera y dos estados con un ejército cada uno”. Y en la misma entrevista, de la BBC, de Londres, advertía que “un sentimiento de impunidad caracteriza hoy al pueblo israelí y a su ejército. Se han convertido en rentistas del holocausto. Con todo el respeto por la gente asesinada, torturada y gaseada”.

¡Qué se ha dicho!, ahí fue Troya. “Auschwitz es para los judíos una herida que probablemente no cicatrizará jamás. Pero es también una herida que ellos no quieren ver cicatrizada, que constantemente arañan para que continúe sangrando, como si pretendieran hacernos responsables de ella”, anotó en una entrevista que apareció en el libro Palestina existe. Los israelíes estaban peliparados y boicotearon al escritor, que había rematado con esta tanda su señalamiento: “En lugar de aprender de las víctimas, se han inscrito en la escuela de los verdugos. ¿Que ayer fueron segregados? Ahora segregan. ¿Que fueron torturados? Ahora torturan”.

Contra los palestinos, de parte de Israel, no solo hay desprecio, sino odio. Y ambos pueblos se excluyen, son parte de las redes del poder mundial que, sobre todo, tienen a Israel como portaestandarte de las políticas imperialistas en el Medio Oriente. Y en este punto cabe memorar un trozo del poema Sobre esta tierra, de Mahmud Darwish: “Sobre esta tierra hay algo que merece vivir: / sobre esta tierra está la señora de la tierra, / la madre de los comienzos, la madre de los finales. Se llamaba Palestina. / Se sigue llamando Palestina. / Señora: yo merezco, porque tú eres mi dama, yo merezco vivir”.

Continuamos caminando por Berlín y ambos íbamos sintiendo una especie de vacío, de náusea, de dolor contenido, la denominada impotencia individual. Seguía escuchando la voz del hombre de negro, y también la de las señoras iraníes, que nos contaron que eran exiliadas. Me estremecí de nuevo con las imágenes monumentales del holocausto y con las aguas del estanque gitano: había un corazón roto, sin palabras, pero, en este caso, sí había lágrimas.