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02/09/2025

REINALDO SPITALETTA
La tragédie d’être journaliste à Gaza

Reinaldo Spitaletta,  Sombrero de Mago, El Espectador, 2/9/2025

Traduit par Tlaxcala


L’idée est de tout raser. Et, dans ces attaques sournoises, qui provoquent des dizaines de victimes, les journalistes qui couvrent le génocide perpétré par Israël dans la bande de Gaza sont une cible de choix. Il y a un peu plus d’une semaine, une attaque contre l’hôpital Nasser a effacé à jamais cinq reporters de différents médias, qui s’ajoutent à l’assassinat d’environ deux cents autres, victimes, comme tant de civils, du feu israélien.

L’armée israélienne assassine, de façon sélective, ceux qui racontent la tragédie du peuple palestinien, ceux qui témoignent —dans des conditions extrêmement difficiles d’obtention et de transmission de l’information— de la mort des enfants de Gaza, dans ce qui semble déjà être une hécatombe infinie. Si, en général, le journalisme a toujours été une profession à haut risque, dans cette partie du monde son exercice est déjà une condamnation à mort.

 


Mohamed Solaimane, reporter palestinien et collaborateur du quotidien espanol El País, a livré un témoignage à la première personne des significations, des tensions et des peurs qu’implique le fait d’être constamment au bord d’un précipice mortel. Il y a quelques jours, il a échappé à la liste des reporters assassinés parce qu’il avait du retard dans la livraison de son reportage sur « l’effondrement de l’assistance sanitaire » au complexe médical Nasser.

Malgré les supplications de sa femme et de ses enfants, le reporter, qui sait qu’il marche sur un fil extrêmement dangereux, refuse de renoncer à son devoir d’informer sur la tragédie démesurée que subit son peuple. « Je ne peux pas abandonner ce travail. Qui documentera les crimes commis contre des innocents si l’un de nous flanche ? », a-t-il écrit dans son article.

« Qui transmettra au monde le génocide d’un peuple tout entier si les journalistes se rendent ? », écrit-il dans son récit douloureux. Il sait que son métier est à haut risque, c’est, comme on l’a déjà dit, surtout à Gaza, une « profession de la mort ». Malgré tant de censures, malgré les intérêts propagandistes des USA et d’Israël, responsables de ce massacre qui répugne à la majorité du monde, jusqu’à nous qui sommes à l’autre bout de la terre, les échos du génocide, les pleurs des enfants survivants, l’horreur des mères nous parviennent …

Et quand ce ne sont pas les voix des journalistes, ce sont celles des poètes. La poésie surgit comme une autre forme de résistance contre l’ignominie. « Demain on m’enlèvera / les pansements. / Je me demande : / verrai-je une demi-orange, / une demi-pomme ou la moitié / du visage de ma mère / avec l’œil qui me reste ? », pleurent les vers de la poétesse Hanah Ashrawi. Ah, et que dire de ces vers initiaux du poème “Au diable votre conférence sur la technique, mon peuple se fait massacrer”, de Noor Hindi : « Les colonisateurs écrivent sur les fleurs. / Moi, je leur parle d’enfants qui lancent des pierres sur des chars israéliens / quelques instants avant de se transformer en marguerites. »

Revenons à Solaimane. Il sait qu’être reporter à Gaza, c’est être au bord de la mort. Et plus encore, lorsque les troupes de Netanyahou et de Trump ne se préoccupent pas de savoir qui est journaliste et qui est un enfant en pleurs sous un olivier. « Israël a abandonné toutes les normes juridiques, des droits humains et morales. La mort d’un journaliste signifie peu pour un État qui tue des dizaines de milliers de civils sans reculer d’un centimètre », écrit le reporter, qui, d’ailleurs, a déjà rédigé son testament.

« Nous, les quelque 1 000 journalistes qui continuons à informer depuis Gaza, selon les données du Syndicat des journalistes palestiniens, vivons dans les conditions les plus dangereuses du monde pour les reporters, avec 246 informateurs tués et 500 blessés par les attaques israéliennes depuis octobre 2023 », précise Solaimane. Il est probable, comme il le pressent lui-même, que demain il ne soit plus là, que les balles israéliennes l’assassinent. On dira, du point de vue des bourreaux, qu’un journaliste mort de plus, ça n’a aucune importance.


Imran (à droite) et Lama, les plus jeunes enfants de Mohamed Solaimane, dans la voiture familiale après qu’elle a été touchée en plein bombardement. Photo Mohamed Solaimane

Cependant, les journalistes morts, les journalistes vivants, ceux qui ont sacrifié leur vie pour faire connaître l’une des extermiations les plus abjects, un génocide, font partie de l’âme d’une histoire qui continue de s’écrire avec du sang. Oui, on dira, comme on doit le dire partout : « Je suis Gaza, tu es Gaza, nous sommes tous Gaza », et alors chaque jour la solidarité, tout comme la douleur, grandiront jusqu’à ce que cesse la nuit horrifiante.

Il y a des années, j’ai lu une chronique d’un médecin palestinien, Jehad Yousef, qui, de retour dans son pays, a livré son témoignage sur les infamies qu’Israël inflige aux Palestiniens : « Ils nous ont volé la terre, la vie, ils violent nos droits humains. Ils nous assassinent, ils nous humilient, ils nous étouffent, c’est pourquoi ils nous craignent et nous surveillent. » Le calvaire continue. Aujourd’hui avec plus de cruauté que jamais. Ni pardon ni oubli pour les exactions de Netanyahou et Trump.


REINALDO SPITALETTA
La tragedia de ser periodista en Gaza

Reinaldo Spitaletta,  Sombrero de Mago, El Espectador, 2-9-2025


La idea es arrasarlo todo. Y, en esos ataques aleves, que arrojan decenas de víctimas, están como blanco elegido los periodistas que cubren el genocidio de Israel en la Franja de Gaza. Hace poco más de una semana, un ataque contra el Hospital Nasser, borró para siempre a cinco reporteros de distintos medios, que se suma al asesinato de cerca de doscientos más, víctimas, como tantos civiles, del fuego israelí.

El ejército de Israel está asesinando, de modo selectivo, a los que narran la tragedia del pueblo palestino, a quienes cuentan, en medio de dificultades para la consecución y transmisión de información, cómo mueren —en lo que ya parece ser una infinita hecatombe— los niños de la Franja de Gaza. Si, en general, el periodismo ha sido una profesión de alto riesgo, en esta parte del mundo su práctica ya es una condena a muerte.

 


Mohamed Solaimane, reportero palestino, colaborador del diario El País, de España, relató en primera persona  un testimonio de los significados, tensiones y miedos de estar siempre al borde de un precipicio mortal. Hace unos días, se salvó de engrosar la lista de reporteros asesinados, porque tuvo un retraso en la entrega de su reportaje sobre “el colapso de la asistencia sanitaria” en el Complejo Médico Nasser.

Pese a los ruegos de su esposa e hijos, el reportero, que sabe que esta caminando por una peligrosísima cuerda floja, se rehúsa a no continuar con su deber de informar sobre la descomunal tragedia de un pueblo, como el suyo. “No puedo dejar este trabajo. ¿Quién documentará los crímenes cometidos contra inocentes si alguno de nosotros flaquea?”, escribió en una nota del mencionado periódico español.

“Quién transmitirá al mundo el genocidio de todo un pueblo si los periodistas se rinden”, declaró en su doloroso relato. Sabe que su ejercicio es de alto riesgo, es, como se ha dicho, sobre todo en Gaza, una “profesión de la muerte”. Pese a tantas censuras, a los intereses propagandísticos de Estados Unidos e Israel, causantes de esta masacre que repugna a la mayoría del mundo, hasta nosotros, del otro lado de la tierra, nos llegan los ecos del genocidio, el llanto de los niños supérstites, el horror de las madres…

Y cuando no es por las voces de los periodistas, es por la de los poetas. La poesía emerge como otra manera de la resistencia contra la ignominia. “Mañana me quitarán / los vendajes. / Me pregunto: / ¿veré media naranja, /media manzana o medio /rostro de mi madre /con el ojo que me queda?”, lloran los versos de la poetisa Hanah Ashrawi. Ah, y qué tal estos versos iniciales, del poema “A la mierda su conferencia sobre técnica, a mi gente la están matando”, de Noor Hindi: “Los colonizadores escriben de flores. / Yo les hablo de niños que tiran piedra a tanques israelíes. / momentos antes de convertirse en margaritas”.

Volvamos con Solaimane. Él sabe que ser reportero en Gaza es estar al borde de la muerte. Y más aún, cuando las tropas de Netanhayu y de Trump, no se gastan miramientos en quién es periodista y quién un chicuelo que llora junto a algún olivo. “Israel ha abandonado todas las normas legales, de derechos humanos y morales. La muerte de un periodista significa poco para un Estado que mata a decenas de miles de civiles sin retroceder ni un centímetro”, escribió el reportero, que, además, ya tiene listo su testamento.

“Los alrededor de 1.000 periodistas que seguimos informando desde Gaza, según los datos del Sindicato de Periodistas Palestino, vivimos en las condiciones más peligrosas del mundo para los reporteros, con 246 informadores muertos y 500 heridos por los ataques israelíes desde octubre de 2023”, señaló Solaimane. Es probable, como él mismo lo presiente, que mañana ya no esté, que las balas de Israel lo asesinen. Se dirá, desde la perspectiva de los victimarios, que un periodista más muerto, eso qué importa.


Imran (derecha) y Lama, los hijos menores de Mohamed Solaimane, en el coche de la familia después de que fuera impactado en medio de un bombardeo. Foto Mohamed Solaimane

Sin embargo, los periodistas muertos, los periodistas vivos, los que han sacrificado su vida por dar a conocer uno de los más aberrantes exterminios, un genocidio, son parte del alma de una historia que continúa escribiéndose con sangre. Sí, se dirá, como debe decirse en todas partes: “Yo soy Gaza, vos sos Gaza, todos somos Gaza”, y entonces cada día la solidaridad, así como el dolor, crecerán hasta que cese la horripilante noche.

Hace años, leí una crónica de un médico palestino, Jehad Yousef, que volvió de paso a su tierra y expresó su testimonio sobre las villanías a las que Israel somete a los palestinos: “Nos robaron la tierra, la vida, nos violan nuestros derechos humanos. Nos asesinan, nos humillan, nos asfixian, por eso nos temen y nos vigilan”. El calvario continúa. Ahora con más sevicia que antes. Ni perdón ni olvido para las tropelías de Netanyahu y Trump.

13/08/2025

REINALDO SPITALETTA
Colombie: le soldat Chvéïk et le condamné Uribe

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de Mago, El Espectador, 2/8/2025

Traduit par Tlaxcala

 


Dans le roman inachevé Les Aventures du brave soldat Chvéïk, de Jaroslav Hašek, il est fait mention d'anciennes tortures et punitions infligées aux personnes accusées d'une faute, telles que boire du plomb fondu, marcher sur des fers rougis au feu, porter les très douloureuses « bottes espagnoles » (qui n'ont rien à voir avec les crocs), d'être brûlés avec des torches, écartelés, empalés, bref, d'un vaste répertoire de souffrances pour le malheureux prisonnier.

L'œuvre, comme on le sait, s'est imposée comme une satire contre l'absurdité (et aussi contre la barbarie) de la guerre. « Se faire arrêter aujourd'hui, c'est un jeu », dit le brave soldat, car, selon lui, on te donne un lit de camp, une table, de la soupe, du pain, un petit pot d'eau, et les toilettes sont juste là, sous ton nez. J'ai entendu quelque chose de similaire ces derniers jours, après la condamnation de l'ancien président Álvaro Uribe, qui purgera sa peine dans une maison de luxe et à qui on ne dira pas, cela aurait été le comble du « progrès », « nous avons décidé que demain, vous serez écartelé ou brûlé, selon ce que vous préférez », car, comme le disait le Tchèque Chvéïk, la situation s'est améliorée en ce qui concerne les détenus.

Le cas du premier ancien président colombien condamné a suscité toutes sortes de réactions dans un pays d'extrêmes, où, heureusement, il reste encore des traces d'humour, notamment noir, mais aussi d'autres nuances. Au-delà de cette affaire retentissante, qui a donné lieu à des prises de position divergentes, à des spéculations, à une créativité populaire, à des rires et des larmes, elle a été pour les plus jeunes l'occasion d'en savoir un peu plus sur l'histoire contemporaine d'un pays marqué par les massacres, les déplacements forcés, les « faux positifs », les réformes du travail défavorables aux travailleurs, le néolibéralisme sauvage et les oppositions tant à la paix qu'à la guerre.

On pourrait réduire à l'absurde absolu l'organisation de certaines marches en faveur du condamné, mais, d'un autre côté, il faudrait souligner comment la situation a débordé la créativité populaire (même si le peuple a toujours été victime de tous les outrages, tortures et punitions, y compris ceux promus par l'accusé). Nous sommes, comme on le sait, un peuple (ni naïf ni ignorant, rien de tout cela, sans prétention) doté d'un sens inné de l'humour. Sans gaspillage. Et enclin aux présages, aux coups du sort, aux jeux de hasard (et non de ahazar, comme l'a dit il y a des années un gouverneur d'Antioquia).

Le numéro qui a été attribué à Uribe en tant que prisonnier, condamné à la prison domiciliaire – même si l'on a également entendu dire : « la prison, c'est la prison » – a été joué dans des billets de loterie, des paris, des tombolas, des “chances” [type de loterie où on peut parier des petites sommes sur un, deux , trois ou quatre chiffres, NdT], des « cantarillas » [loteries de quartier où on peut gagner en général un appareil électroménager, NdT], comme s'il s'agissait du chiffre miraculeux qui apparaît dans un poisson de Pâques. Un humoriste de la faculté de droit a suggéré de revenir à la typologie criminelle de Cesare Lombroso pour voir si le condamné y trouvait sa place. De plus, à l'ère des réseaux sociaux et autres « passe-temps », les memes se sont multipliés, certains, il faut le noter, ingénieux et pugnaces.


Dans l'un de ces nombreux memes (il y a d'ailleurs eu une occasion en or pour les caricaturistes, enfin, pour ceux qui ne sont ni des mercenaires ni des béni oui-oui), Uribe apparaît dans un lit, la tête sur l'oreiller, couvert d'une couverture. Et il dit : « Je n'aurais pas dû dénoncer Iván Cepeda ». D'autres, faisant également référence à celui qui fut l'un des politiciens les plus puissants et influents du pays, le montraient en uniforme de prisonnier, orange pour certains, rayé pour d'autres, derrière les barreaux avec un béret marqué du numéro 82 (le même que celui avec lequel les USA l'ont associé à une liste de collaborateurs du cartel de Medellín).


Ainsi, grâce au procès et à la condamnation, on est soudainement passé des cris « des balles, c'est tout ce qu'il y a et des balles, c'est tout ce qui viendra », propres à certains de ses acolytes et partisans, à des expressions populaires moqueuses, qui laissaient entendre que « tout s'écroule », que tout pouvoir s'évanouit. De nouveaux cercles de l’enfer sont apparus, dans une reconstruction contemporaine de Dante, où le « seigneur des ténèbres » a été envoyé pour se rafraîchir. « Je te parle depuis la prison », était un autre mème savoureux et plein de piquant.

Il semble – ou c'est une façon de parler – que nous ayons quelque peu progressé en matière de confrontation politique civilisée, celle qui se déroule dans le domaine des idées, de la dissidence raisonnée, de la discussion sans coups de feu, car avant le verdict, les échos laissaient présager une véritable tornade si l'ancien président était condamné. Cela n'a pas été le cas, du moins jusqu'à présent. Il est donc encore temps pour les blagues et les plaisanteries.

Dans le roman inachevé de Hašek, au brave soldat Chvéïk qui chantait « rivières de sang, batailles que je loue... », un médecin a prescrit une dose de bromure pour calmer son « enthousiasme patriotique » et lui a recommandé de ne pas penser à la guerre. Cela pourrait être une bonne formule pour ces jours-ci, en particulier pour ceux qui ont les toilettes sous le nez.



REINALDO SPITALETTA
El soldado Švejk y el condenado Uribe

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de Mago, El Espectador, 12-8-2025 


En la inconclusa novela Las aventuras del buen soldado Švejk, de Jaroslav Hašek, se mencionan antiguas torturas y castigos a los acusados de alguna falta, de tener que beber plomo fundido, andar sobre hierros candentes, de ponerles las muy martirizantes “botas españolas” (nada que ver con los crocs), de chamuscarlos con antorchas, descuartizarlos, empalarlos, en fin, de un extenso repertorio de dolores para el desgraciado preso.

La obra, como se sabe, se erigió como una sátira contra el sinsentido (también contra la barbarie) de la guerra. “Que te arresten hoy en día es un juego”, dice el buen soldado, porque, según él, te ponen un catre, una mesa, sopa, pan, alguna jarrita de agua, y tenés el inodoro ahí no más, frente a tus narices. Algo así escuché por estos días, tras la condena al expresidente Álvaro Uribe, que purgará su pena en casa de lujo y no le van a decir, ni más faltaba en calendas de “progreso”, que “hemos decidido que mañana sea descuartizado o quemado, según lo que usted y su gusto prefieran”, porque, como advertía el checo Švejk, la situación ha mejorado en lo que tiene que ver con los detenidos.

El caso del primer expresidente colombiano condenado ha generado toda suerte de reacciones en un país de extremos, en el cual, por fortuna, todavía hay trazas de humor, en especial del negro y también de otras tonalidades. Además del resonante asunto, en el que ha habido posiciones encontradas, especulaciones, creatividad popular, risas y llantos, para los más jóvenes ha sido una ocasión para saber un poco más de la historia contemporánea de un país de masacres, desplazados, “falsos positivos”, desplazamientos forzados, reformas laborales contra los trabajadores, neoliberalismo hirsuto, y oposiciones tanto a la paz como a la guerra.

Se podría reducir al absurdo absoluto la realización de algunas marchas en favor del condenado, pero, de otro lado, habría que destacar cómo la coyuntura desbordó la creatividad popular (pese a que el pueblo siempre ha sido la víctima de todos los ultrajes y torturas y castigos, incluyendo los promovidos por el encartado). Somos, como se sabe, un pueblo (no intonso ni ignaro, nada de eso, sin laureanismos) con facilidad innata para la humorada. Sin desperdicio. Y proclive a los agüeros, las trastadas de la suerte, los juegos de azar (y no de azahar, como dijo hace años un gobernador de Antioquia).

El número que le correspondió a Uribe como preso, condenado a prisión domiciliaria —aunque también se oyó decir: “cárcel es cárcel”— se jugó en quintos de lotería, apuestas, rifas, chances, “cantarillas”, como si fuera la cifra milagrosa que aparece en un pescado de semana santa. Algún humorista de facultad de derecho dijo que volvieran a la Tipología criminal de Cesare Lombroso para ver si algo del condenado encajaba ahí. Además, en tiempo de redes sociales y de otros “pasatiempos”, se multiplicaron los memes, algunos, valga anotarlo, con ingenio y pugnacidad.


En uno de tantos memes (además, hubo un “papayazo” sin igual para caricaturistas, bueno, para los que no operan como calanchines ni son coristas) aparece Uribe en una cama, cabeza sobre la almohada, cubierto por una frazada. Y dice: “No debí denunciar a Iván Cepeda”. Hubo otros, referidos también a quien fuera uno de los politiqueros más poderosos e influyentes del país, que lo mostraban con uniforme de presidiario, anaranjados unos, de rayas oscuras otros, tras las rejas con una boina marcada con el número 82 (el mismo con el que Estados Unidos lo vinculó a una lista de colaboradores del Cartel de Medellín).

Así, en gracia del juicio y condena, de súbito se pasó de aquellos alaridos de “bala es lo que hay y bala lo que viene”, propios de algunos de sus acólitos y paniaguados, a expresiones gozonas populares, que daban a entender que “todo cae”, todo poder se desvanece. Aparecieron nuevos círculos del infierno, en una reconstrucción contemporánea de Dante, y a ellos mandaron a temperar al “señor de las sombras”. “Te hablo desde la prisión”, fue otro de los memes con salsita y sabor.



Parece —o es un decir— que en algo hemos avanzado en lo que tiene que ver con la confrontación política civilizada, aquella que sucede en el campo de las ideas, del disentimiento con criterio, de la discusión sin disparos, porque los ecos antes del fallo judicial eran los de desatar una colmena de avispas “quitacalzón” si condenaban al expresidente. No sucedió así, digamos hasta ahora. Así que aún hay tiempo para chistes y chascarrillos.

En la novela inconclusa de Hašek, al buen soldado Švejk que cantaba “ríos de sangre, batallas que alabo…”, un médico le recetó una dosis de bromuro para calmar su “entusiasmo patriótico” y le recomendó no pensar en la guerra. Podría ser una buena fórmula para estos días, en especial para quienes el váter les queda en sus narices.

09/08/2025

REINALDO SPITALETTA
Colombie : le “messie” s’est enfoncé dans sa propre boue

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago, El Espectador, 5-8-2025
Traduit par Tlaxcala

Les astérisques revoient aux notes du traducteur en fin de texte


Le patriarche à son automne lance à ses partisans voulant manifester contre sa condamnation : « Allez-y, défilez, moi, je ne peux pas »

Une tension à couper le souffle, incomparable même à celle qui peut régner parmi les supporters en délire lors d’une finale de championnat du monde, a envahi la salle lors du « procès du siècle », présenté avec une touche de marketing sportif. L’intouchable, le maître du téflon*, celui qui, pendant son mandat de président réélu grâce au « petit article* », se croyait le « messie », le « tout-puissant », celui qui, sans aucune considération, a déclaré que les jeunes assassinés par l’armée dans les « faux positifs *» n’avaient été vraiment pas en train de cueillir du café, celui dont presque tous les collaborateurs étaient en prison, a entendu, après un procès de 475 jours, le verdict sans appel : coupable !

La condamnation à 12 ans de prison domiciliaire, avec des fuites préalables, des menaces à l’encontre de la juge de la part de malfrats, a révélé toute l’ampleur de la décadence de l’automne d’un patriarche désolé par sa chute vertigineuse. Même son discours d’appel, dans lequel il n’a guère évoqué les crimes pour lesquels il a été condamné, était un retour sans saveur à son style de politicien traditionnel.

Je pense qu’outre le fait que justice ait pu être rendue dans un procès très médiatisé (au cours duquel il y a eu « des stratégies dilatoires systématiques pour empêcher le déroulement du procès ») qui a commencé il y a des années, et au cours duquel l’ancien président s’est enfoncé dans sa propre boue, victime de l’effet boomerang, le plus important est la figure singulière d’une juge comme Sandra Heredia, que les médias de propagande (déguisés en médias d’information) ont tant dénigrée.

Ni les pressions, ni la presse prosternée devant les intérêts criminels de l’accusé, ni les menaces ne l’ont perturbée. Au contraire, cela semble l’avoir remplie d’un sentiment héroïque et d’une sérénité dans l’application de la justice. Elle a pris la position de Thémis, a clairement énoncé des principes fondamentaux tels que « le droit ne peut trembler devant le bruit et la justice ne s’agenouille pas devant le pouvoir ». Elle a été catégorique en affirmant que « la toge n’a pas de genre, mais elle a du caractère », et c’est une évidence : cette dame de la magistrature, qui sait que la justice ne peut être ni soumise ni génuflexe devant les puissants, a du caractère à revendre.

Dompté et apprivoisé
“La justice ne s'agenouille pas devant le pouvoir"

Elle savait, et elle l’a prouvé, qu’elle ne jouait pas un rôle historique (même si elle fera sans aucun doute partie de l’histoire judiciaire de la Colombie), mais un rôle de justicière. Elle donnait parfois l’impression de ressembler, par exemple, à des juges d’un courage formidable, comme cet Italien, Giovanni Falcone, magistrat légendaire qui a traqué la mafia sicilienne, la Cosa Nostra. Elle n’a pas reculé, ni faibli au milieu d’une affaire qui, comme on s’en souvient, a cherché à obtenir des non-lieux avec des procureurs à la solde du pouvoir, comme Gabriel Jaimes.

La juge, qui a certainement pu à un moment donné se sentir comme sur une corde raide entre les pressions et les intimidations, a déclaré que son action était conforme à la loi et aux preuves et non motivée par des « sympathies ou antipathies ». Ce n’était pas l’avis des partisans d’Uribe, et encore moins celui du secrétaire d’État usaméricain, Marco Rubio, qui, sans rougir, s’est ingéré dans les affaires intérieures de la Colombie. Il connaissait les bons offices rendus par le condamné, fidèle vassal de la politique usaméricaine, partisan de l’invasion de l’Irak et fidèle exécutant des préceptes de la doctrine néolibérale et des ordres de Washington.

En tout état de cause, ce qui est ressorti de ces audiences, c’est que la juge n’a pas toléré les manipulations de la part de l’accusé et de sa défense, et qu’elle a préservé l’autonomie et l’indépendance judiciaires. Elle a mis en avant l’ensemble des membres de son bureau, toutes des femmes. Celui qui était (et qui peut en partie l’être encore) le citoyen tout-puissant, l’autoritaire, celui qui, selon les accusations, a parrainé la création du paramilitarisme, du Bloque Metro de las autodefensas*, celui qu’une sénatrice a qualifié de « vermine qui se glisse dans les égouts », a dû se taire, après avoir crié, face aux paroles énergiques et convaincantes de la juge. « Taisez-vous, M. Uribe », lui a-t-elle dit à un moment où l’accusé a élevé la voix.

La condamnation en première instance de celui qui reste aux yeux de la Colombie et du monde entier l’instigateur des « faux positifs », nombre de personnes assassinées qui a servi à ce jour à faire des jeux de chiffres avec la peine de douze ans, a réveillé l’humour noir populaire et le souvenir d’une période néfaste de répression, de persécutions, de dénonciations, de harcèlement et d’autoritarisme.

« Trinquons avec un petit rhum de 12 ans », « tentons la chance avec le 6.402 » et même une tendance singulière à la numérologie s’est réveillée. Il y a également eu des lectures d’extraits de L’automne du patriarche, de García Márquez, ou de El gran Burundún Burundá ha muerto et La metamorfosis de su excelencia, de Jorge Zalamea. « Pendant le week-end, les vautours se sont introduits par les balcons de la présidence... ».

Des foules chantaient des hymnes de joie et on a dit que du côté de Llanogrande* et de l’Ubérrimo*, il y avait une « mer de larmes » salée.

NdT

Téflon : pendant 30 ans, Uribe a été réputé intouchable, inoxydable,

Petit article : adopté en 2004, cet article de la Constitution a permis la réélection d’Uribe en 2006

Faux positifs : jeunes hommes, généralement prolétaires ou marginaux, victimes d’exécutions extrajudiciaires de la part de militaires assoiffés de primes, et présentés après coup comme des guérilleros ou des criminels. Officiellement, il y en eu 6 042.

Bloque Metro de las autodefensas : groupe de paramilitaires dirigé par d’anciens militaires, chargé de combattre la guérilla dans le département d’Antioquia.

Llanogrande : propriété luxueuse d’Uribe à Riogrande (Antioquia), dans laquelle il devrait purger sa peine.

Ubérrimo : hacienda de 1500 hectares, propriété d’Uribe et haut lieu de son activité politico-mafieuse

04/07/2025

REINALDO SPITALETTA
Deux barbares qui peuvent nous tuer

Reinaldo Spitaletta, 1/7/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala


Écouter résumé audio


Nous les simples mortels sans pouvoir et sans gloire, sommes comme « des brins légers dans le vent et au hasard » [citation de “Canción de la vida profunda” de Porfirio Barba Jacob, NdT], et nous sommes exposés à être arrosés de missiles ou mis en pièces comme les enfants palestiniens de Gaza. Tout dépend si, à un moment donné, lorsque les dirigeants du monde le décident, les bombardements sont nécessaires pour, en plus de semer la mort et la terreur, promouvoir la reconstruction ou le chantage afin de voler du pétrole, de forer des terres avec des soldats envahisseurs, ou effacer une certaine mémoire de l’humanité.

Ou, au cas où, il faut raser au sol les petits garçons et les petites filles dans leurs maisons, dans les hôpitaux, dans un abri précaire, parce que, comme l’ont dit les despotes, ils sont les graines du terrorisme et doivent être pulvérisés au berceau. Le monde, ou une partie du monde, semble être entre les mains criminelles de deux ou trois satrapes qui décident quand violer la souveraineté d’un peuple, quand larguer des bombes, qui peut et ne peut pas avoir la paix et la tranquillité, à quelles heures semer la panique.


Israël attaque l’Iran, l’Iran se défend et riposte. Les USA, ultime puissance impérialiste, dirigés par un matamore, bombardent le pays de l’Ayatollah et pensent avoir anéanti ses centrales nucléaires. Ils le font d’ailleurs en violation flagrante du droit international et des thèses de souveraineté, un pays qui, jusqu’à présent, a été le seul à en attaquer un autre avec des bombes nucléaires, comme ils l’ont fait contre les Japonais lors de la Seconde Guerre mondiale.

Pendant ce temps, le massacre de Gaza se poursuit, dans un génocide qui, pour certains, ne peut être qualifié de génocide, parce que quiconque le ferait se rendrait coupable d’« antisémitisme ». C’est l’approche toute nouvelle et erronée de certains détraqués, avec des arguties arbitraires, comme quoi c’est le « peuple élu » qui « se défend », qui doit faire respecter la décision absurde d’une divinité qui l’a désigné comme le sauveur du monde.

Et c’est à nous, mortels, en attendant que les bombes explosent de ces côtés-ci et partout, de nous taire dans l’impuissance parce que le monde n’appartient qu’à quelques « élus ». Il est entre les mains de ceux qui ont la force. Il est manipulé selon les caprices d’un petit groupe de potentats, qui placent et déplacent les marionnettes correspondantes à leur guise. Trump, à son tour, manipulé par des magnats, certains déguisés en « humanistes », en êtres charitables, en donateurs miséricordieux, croit qu’il peut faire ce qu’il veut. « Je vais bombarder et alors ! », semble être le message du givré à touffe.

Le monde, hier comme aujourd’hui, mais plus aujourd’hui qu’hier, marche sur la corde raide de l’angoisse, et le plus grand nombre, subjugué et terrifié, est la proie facile de la peur collective, et peut même perdre la parole. Il est, ou plutôt, nous sommes cloués sur la croix de la domination de quelques puissants, soutenus par un armement apocalyptique. Que la guerre (et même ses simulacres) soit la continuation de la politique par d’autres moyens, comme les missiles, les canons et les bombes, n’est rien d’autre qu’une offense à toute forme de droit des peuples à se défendre et, surtout, à vivre en paix.

Les explosions de bombes, le feu destructeur qui tombe du même ciel universel sur d’autres territoires, affectent ceux d’entre nous qui se croient loin du théâtre des événements. Il nous brûle et nous insère dans tous les cercles de l’enfer. Nous, mortels de ce côté-ci du monde, sommes aussi assassinés lorsqu’un enfant est tué, des centaines d’enfants à Gaza. Et bien que certains puissent dire « qu’est-ce que j’en ai à cirer », ces mêmes personnes, lorsqu’elles sentiront leurs entrailles brûler, se rendront compte de ce qu’un poète anglais [John Donne] a dit il y a des années, et qui est toujours vrai aujourd’hui : « la mort de tout homme (enfant) me diminue ».

Qu’est-ce que ça signifie d’être entre les mains criminelles de Trump ou de Netanyahou ? Qu’est-ce qui attend ceux d’entre nous qui se trouvent de ce côté-ci du monde troublé lorsque les échos des bombes qui produisent des conflagrations mortelles au Moyen-Orient nous parviendront ? Nous, mortels, victimes passives dans ce cas, ne pouvons donc pas rester indifférents, car il est probable qu’à tout moment, comme le battement des ailes d’un papillon à Pékin, notre souffle, ce qui reste de nos rêves et nos estomacs seront affectés.

Plan de prise de possession de Gaza, par Emad Hajjaj

Espérons que la station balnéaire que Trump et ses voraces associés et copains veulent construire à Gaza deviendra un cauchemar permanent pour eux, que tous les enfants morts, les personnes âgées mortes, les journalistes morts, les médecins morts dans cette bande de cimetière vivront dans la mémoire du peuple. Nous espérons, nous mortels, que tout ce sang, que “toutes les voix toutes”, comme dirait Tejada Gómez, deviennent un chant dans les vents contaminés par les bombes.

Trump, Netanyahou et les autres barbares de la même engeance doivent brûler dans les flammes de l’histoire et, surtout, de l’enfer. Que leurs noms soient à jamais marqués du sceau de l’infamie.

17/06/2025

REINALDO SPITALETTA
Sancocho de sangre a la colombiana

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago, 17-6-2025

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Somos un sancocho de sangre desde tiempos remotos, antes de que los artesanos Galarza y Carvajal le propinaran hachazos a Uribe Uribe, y antes también de que Arturo Cova declarara que había jugado su corazón al azar y se lo había ganado la violencia. Seguro las guerras y guerritas civiles del siglo XIX nos abonaron la mentalidad para resolver a la fuerza y a bala, o a machetazos o cuchillo, como en Palonegro, las diferencias políticas y sociales. Y las de otra índole, como las del bolsillo y la tierra.

Los asesinos del hombre que escribió un libro prohibido por sectores eclesiásticos (De cómo el liberalismo colombiano no es pecado) pasaron a convertirse en actores del que se considera el primer largometraje filmado en Colombia: El drama del 15 de octubre, de los Hermanos Doménico. La película (muda, claro) fue considerada “inmoral” y “glorificadora” del magnicidio por las imágenes del líder asesinado y las de sus verdugos Leovigildo y Jesús, de los que también se compuso, hasta donde se sabe, un bambuco: “Asesinos Galarza y Carvajal / que matasteis a Uribe Rafael…”.

  
Se corrió entonces a destruir el filme, mientras se quedó en el misterio quiénes hubo detrás del asesinato. Y así hemos transcurrido desde entonces y desde mucho antes. Después, en ese caldo terrorífico que hoy seguimos tomando, llegaron los muertos de las bananeras, decenas de trabajadores mandados al más allá por el gobierno de Miguel Abadía Méndez y la United Fruit Company. Eso poco importó, al fin de cuentas eran solo trabajadores.


Bueno, digamos que al aún joven Jorge Eliécer Gaitán sí le importó el asunto y después de su investigación pudo decirle con propiedad a oligarcas y matones que “el gobierno colombiano tiene la metralla homicida para el pueblo y la rodilla en tierra ante el oro americano”. Y también lo mataron, y pusieron a un cualquiera, al albañil Juan Roa Sierra, a dispararle, cuando detrás estaba la conspiración, los cerebros del mal, los auténticos asesinos, que tampoco la historia ha podido condenar.

Y a todos nos ganó la Violencia. Llegaron los “pájaros”, los chulavitas, los cortadores de cabezas, los del corte de franela y de corbata, los bandoleros, los que mandaban a los bandoleros… Y así hemos discurrido, con cadáveres en los ríos, en los montes, en la ciudad. Y si hubo tiempos en que matar liberales no era pecado, también los hubo en que matar indios no era delito, y así los pusieron en la escena de tierra arrasada. Por el Cauca, por el Amazonas, por los Llanos…

Hemos tenido de todas las sangres. Guerrillas liberales, luego las de vestuarios marxistas-leninistas-maoístas, y de otras indumentarias. Y el cielo de Marquetalia, del Pato y Guayabero se llenó de bombarderos. Todo bien, papá, hay que acabar con las “repúblicas independientes”. Qué revuelto de balas y masacres. Cuánta acción delincuencial nos ha tocado, secuestros, vacunas, extorsiones, y los que se declararon “héroes” frente a la “subversión” y se robaron las mejores tierras y jugaron al fútbol con las cabezas cercenadas de las víctimas.

Y así hemos transcurrido, con discursos incendiarios, con presuntas “seguridades democráticas”, con los “falsos positivos”. Con magnicidios, con atentados, con carro-bombas, con narcoterrorismo y paramilitarismo y grupos de “limpieza social” y los de “muerte a secuestradores”: lo dicho, un sancocho sangriento. Y como si fuera poco, continúan los discursos guerreristas, los que convocan a la matazón y al “balín”, como lo grita un precandidatucho fascista que cree que todo es solucionable con “candela” e hijueputazos.

El atentado contra el precandidato Miguel Uribe es la continuación de una vieja película que puede remontarse a la de Galarza y Carvajal, o, de otro modo, a los que tuvieron que estar detrás del telón del crimen y permanecieron en la impunidad. La herencia de la resolución irracional de las contradicciones sociales y políticas a punta de hachazos, balazos, machetazos, continúa cobrando su cuota de sangre.

Abundan los Roa Sierra, manipulados por los grandes criminales en la sombra. Sigue bebiéndose el caldo de cultivo de los sicarios, herencia, además, de tiempos que aún no se acaban, conectados con las mafias, con el lumpen burgués y el lumpen de los bajos fondos. Hay un mercado de la ignominia, en el que los desahuciados de la fortuna son utilizados como carne de cañón y como protagonistas de un sistema de inequidades.

Nos aplastó la violencia, cultivada por los que consideran al pueblo como una nadería que se puede pisotear. O utilizar como activistas de la muerte. Y mantener en la noche de la ignorancia y las carencias intelectuales y materiales. Es muy fácil decir “bala es lo que hay y bala lo que viene” como una manera de preservar el miserable “statu quo”. Estamos en una vorágine sangrienta, que tiene historia, y que parece no tener fin. La violencia nos devoró el corazón.

18/02/2025

REINALDO SPITALETTA
USAID : sous le masque, le vrai visage de la “charité” impérialiste

Reinaldo Spitaletta, Sombrero de Mago, 18/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Au début des années 1960, en pleine guerre froide, John Kennedy, en réaction à la révolution cubaine, comme on pensait qu’un tel mouvement social était “contagieux”, a conçu une tactique de contrôle impérialiste : l’Alliance pour le progrès. L’idée, dans le but de maintenir l’Amérique latine sous son joug, était de promouvoir certains développements économiques par le biais d’une politique accompagnée d’ingérences dans les affaires intérieures des pays. Dans ce cadre, les USA ont créé l’Agence pour le développement international, l’USAID [et la même année, 1961, le Peace Corps, familièrement appelé Peace Corpse, Cadavre de la Paix, NdT].

Lisa Benson, USA

Maintenant que Donald Trump a mis fin à cet organisme d’« aide internationale », qui s’est également consacré pendant des années au financement de fondations et d’organismes non gouvernementaux, qui apparaissaient comme indépendants, il convient de rappeler les antécédents de cette forme de domestication à la mode de Washington.

L’Alliance pour le progrès, lancée en Colombie sous le gouvernement docile d’Alberto Lleras Camargo, fondateur du Front national, a été remise en question lors de la célèbre réunion de l’OEA à Punta del Este, en Uruguay, à laquelle Che Guevara assistaiet en tant que ministre de l’Industrie de Cuba. « Le peuple qui achète commande. Le peuple qui vend, sert. Il faut équilibrer le commerce pour assurer la liberté », a déclaré le Che, qui a qualifié l’OEA de ministère des colonies des USA.

Parfois avec des mécanismes d’étrange « charité », parfois avec les secteurs pauvres d’Amérique latine, et d’autres fois avec une ingérence ouverte dans les affaires intérieures des pays qui constituaient l’immense territoire de la métropole, celle-ci, par l’intermédiaire de la CIA et d’autres organismes moins évidents dans leur interventionnisme, a déplacé des pions, encouragé des coups d’État, mis en place et destitué des présidents. Il s’agissait d’une vieille pratique impériale, avec des colonisations culturelles et économiques, mais avec l’utilisation d’un masque dissimulant sa nature vampirique et ses agressions.

Maintenant, alors que l’agitation autour de l’extinction de l’USAID, qui déguisait en « aides » ce qui était en réalité un achat de consciences, une mise en scène pour maintenir la domination impériale dans quasiment le monde entier, n’est pas encore retombée, des vieilles méthodes se font jour, comme l’infiltration de journaux, d’ONG, l’achat d’“intellectuels” et autres “saloperies”.

Les tentacules de l’« agence d’aide » usaméricaine, étendues à presque toutes les latitudes, ont piégé des médias qui se présentaient comme indépendants, mais qui, en substance, étaient au service des politiques d’expansion de Washington et des grandes entreprises. Elle a fabriqué des « pauvres de droite », a fait plier la conscience des journalistes, a infiltré le pouvoir judiciaire dans de nombreux endroits, a soutenu des médias qui se présentaient comme progressistes. Un réseau de pouvoir impérial.

C’est peut-être à cause de toutes ces pratiques qui ont contaminé certains médias vénaux que la tactique consistant à garder un « silence stratégique » sur certains sujets comme le génocide d’Israël contre la Palestine, a été adoptée. C’est la politique néfaste du « tout s’achète », « tout se vend ». Ou, pourquoi pas, celle qui est très manifeste ici et là, du « tout est permis ». Avec de telles aides, la yanquilandia pouvait établir les « ordres du jour informatifs », que dis-je, idéologiques, et bien sûr désinformatifs, de nombreux médias sous son contrôle.

Pour une poignée de dollars, des acteurs comme Angelina Jolie et Sean Penn ont soutenu l’Ukrainien Zelensky. L’Agence leur a versé du pognon à cet effet. Maintenant, il faut penser que la « nouvelle droite », dirigée par Trump et Musk, n’a pas l’intention de démocratiser quoi que ce soit, ou qu’elle a eu un élan « libertaire ». Son idée est, comme l’a déjà dit l’homme à la touffe oxygénée, de renforcer d’abord les marchés intérieurs, de revenir dans son délire à rendre à nouveau grand un empire qui, qu’on le veuille ou non, est en déclin.

Oui, l’empire est en déclin, lui qui a longtemps camouflé ses agressions, ses infiltrations et autres ingérences dans les affaires intérieures des peuples en « aide humanitaire » et « assistance économique ». Trump, qui aspire en même temps à élargir l’orbite impériale au Groenland et au Canada, a finalement démantelé l’agence internationale d’aide. Quelle est sa véritable intention ?

Pour en revenir au début, l’Alliance pour le progrès, une farce des USA pour capter ses sujets, n’a pas mis fin à la misère en Amérique latine. Elle l’a maintenue et aggravée. Elle a aggravé la pénurie alimentaire, les famines, et a été bien loin de mettre fin aux cordons de misère, qui s’étendent dans de nombreux pays, dont la Colombie. Sept ans après le début de cette expérience yankee, Richard Nixon a déclaré que la malnutrition et la pénurie alimentaire en Amérique latine s’étaient aggravées. Et que ce fût l’un des principaux agresseurs impérialistes contre les pays de ce sous-continent qui le dise, c’était franchement marrant.

On sait depuis des années qu’il faut se méfier de certaines aides, de certaines agences, de certaines politiques impérialistes. Derrière Trump et Musk, il y a d’autres dangers qui menacent les peuples.

 

Glenn Lelievre, Australie

15/10/2024

REINALDO SPITALETTA
Qui se soucie que des Palestiniens soient tués ?

Reinaldo Spitaletta, El Espectador, 15/10/2024
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala 

Qu'est-ce que cela peut nous faire, même si nous assistons à un « génocide en temps réel », que des hordes de soldats, qui en plus se prennent en selfies devant les villes et les villages qu'ils rasent, tuent des Palestiniens. Peu importent leurs coups de canons, leurs bombardements, leurs snipers. Tout ça semble aller pour le mieux, car ce sont les bâtiments, les rues, les hôpitaux, les écoles, les habitants de Gaza qui tombent sous le feu sacro-saint du « peuple élu », de la « fureur de Yahvé », ou peut-être, également en temps réel, de deux héros de mauvais augure qui font couler le sang par tous leurs pores : Joe Biden et Benjamin Netanyahou.

Que nous importe qu'une jeune fille décharnée, transpercée par toutes les angoisses, crie sur le caméraman qui filme tout ce malheur d'un peuple, si cela n'intéresse personne. Et, à la longue, qui se soucie, par exemple, qu'un Palestinien arbitrairement emprisonné par des soldats israéliens soit déshabillé, dégradé, forcé de se tourner face contre terre et qu'on lui verse un liquide sur les fesses. Ensuite, ils lâchent un énorme chien qui, excité par l'odeur d'une substance qui l'excite démesurément, viole la victime sans défense.

Ceux d'entre nous qui ont vu le documentaire Gaza, réalisé par Al Jazeera, pourraient rester sans voix, même si, dis-je, ces barbaries ne semblent importer à personne, malgré toute l'infamie qui y est montrée, malgré cette sauvagerie qui a toutes les teintes, les contours et les essences d'un génocide. On pourrait dire, pourquoi pas, que les souffrances anciennes du peuple palestinien, qui remontent au moins à 1948, n'intéressent aujourd'hui, selon l'insensibilité de cette atrocité qu'on appelle « l'Occident », ni les cours et tribunaux internationaux, ni personne d'autre.

Qui s'émouvra, par exemple, lorsque des petits cons d'Israéliens enregistrent une série de singeries sur Tik Tok pour se moquer des enfants palestiniens qui, au milieu de grimaces moqueuses, s'enduiraient de sauce ou d'encre rouge, autrement dit simuleraient des blessures pour poser devant les caméras. Ou ce que font les soldats israéliens, avec des gestes satisfaits, en rasant des cuisines, des salons, des vitrines, des maisons civiles, puis en posant avec toute la « grâce » du « mannequinat » devant leurs photographes portraitistes propagandistes.

Ce terrible documentaire questionne, parmi tant d’infamies de l'armée israélienne, l'utilisation des réseaux sociaux sur lesquels les militaires partagent des photos et des vidéos de leurs actions sans cœur à Gaza. Bien qu’on le sache déjà, Gaza montre comment les USA, l'Allemagne, le Royaume-Uni et d'autres pays occidentaux soutiennent la boucherie israélienne. Mais, comme on le sait, aucun organisme de défense des « droits humains » ni aucun tribunal international ne les condamnera.

Le documentaire est déchirant, provocateur, voire larmoyant, et, pourquoi pas, on peut même lancer des filsdeputes bruyants contre les meurtriers en uniforme, mais, pour en revenir à notre mépris traditionnel pour ce qui arrive aux autres, on s'en moque. C'est du moins ce que semble comprendre Susan Abulhawa, écrivaine et journaliste palestinienne : « Les Palestiniens savent qu'ils ont été abandonnés, que le monde qui parle de droits de l'homme et de droit international ment, que ces concepts sont destinés aux Blancs ou aux Occidentaux, que l'obligation de rendre des comptes n'est pas destinée à obliger les oppresseurs à rendre des comptes, qu'ils ont en fait été jetés comme des ordures ».

Et oui, cet « Occident » civilisé, celui qui, au cours des deux seules guerres mondiales, a causé un nombre de morts sans précédent dans l'histoire, celui qui a depuis longtemps démoli l'édifice de la raison pour ériger des monuments à la barbarie, regarde avec complaisance la destruction de Gaza, la brutalité à l'encontre des Palestiniens. Ah, et pas seulement : il les promeut. C'est comme si le mot d'ordre était d'anéantir ce peuple. De les exterminer. Le documentaire d'Al Jazeera, qui rend également hommage aux journalistes morts, témoigne de la manière terrifiante dont un peuple, une culture, est en train d’être dévasté.

Il permet aussi de déceler certaines sophistications dans le génocide. L'intelligence artificielle au service de la destruction. Grâce à un système appelé « Where's Daddy », des personnes sont suivies à la trace, un niveau de menace leur est attribué et leur domicile est ciblé avec une grande précision. Des familles entières ont ainsi été annihilées.

Quoi qu'il en soit, ce sont des images douloureuses dans ce documentaire, qui constitue un puissant réquisitoire. À quoi cela servira-t-il ? Au moins à dire au monde qu’on ne s’en sortira pas, après tout, avec l'excuse qu’on ne savait rien de ce qui se passait dans ces régions (pour certains très éloignées). Oh oui, des Palestiniens ont été et sont encore tués. Point barre. Ce n'est pas de notre truc. C'est leur affaire.

Autre chose : la plupart des victimes, sur les plus de 41 000 tués par Israël, étaient des femmes et des enfants. Le droit international a été déchiqueté par Israël et ses parrains. Comment faire pour que nous nous en soucions ?

25/09/2024

REINALDO SPITALETTA
Mit künstlicher Intelligenz töten


Reinaldo Spitaletta, Sombrero de mago, 24/9/2024
Übersetzt von Helga Heidrich, herausgegeben von Fausto Giudice
, Tlaxcala

In diesen apokalyptischen Zeiten steht die Wissenschaft oder das, was als solche definiert wird, im Dienst des Todes, und es gibt verschiedene Ansätze. Für die Zerstörung, die eine Industrie ist, gibt es eine große Neigung und einen fruchtbaren Boden, vor allem seitens der Länder, die die Märkte, die Nationen, die Menschen, die Vermittler auf verschiedenen Ebenen beherrschen, die ihre Handlanger sind. Heraklit sagte (es gibt wenig Beweise dafür), dass Kultur vergiftet. Was heute vergiftet, ist die Politik oder die Fortsetzung der Politik durch andere Mittel, wie den Krieg.

 

„Ich wollte echt alle Menschen töten, aber sie sind uns zuvorgekommen“. Zeichnung von Ryan Beckwith

Künstliche Intelligenz, Maschinen, Technologie, die hohe Geschwindigkeit ihrer Entwicklung, haben den Menschen überholt. Der Schöpfer als Sklave oder Opfer. Ein weiterentwickelter Doktor Frankenstein. Was am meisten zählt, ist die Zerstörung des Anderen, desjenigen, der der Herrschaft einiger weniger über Millionen im Wege steht. Wir sind auf der Straße, im Kino, im Stadion, wo auch immer, und plötzlich explodiert das Handy, der Pager, das Walkie-Talkie, oder man wird von einer Drohne beschossen, die aus dem Nichts kam.

Der neue Terrorismus, der bereits viele Runzeln und andere Alterserscheinungen aufweist, wird von den Mächten, vom Imperialismus ausgeübt. Selbstverständlich ist der Bombenmarkt mit diesen Feinheiten nicht unzufrieden. Raketen fliegen und können, wie im Falle Israels gegen Palästina, eine ganze Bevölkerung vernichten, was als Völkermord bezeichnet wird, und nichts geschieht. Alles bleibt beim Alten, was eine andere Art ist, die Dinge zu verschlimmern.

Die Wissenschaft, die wie in einer Wilde-Erzählung die Gespenster vernichtet hat, ist nun eine gespenstische Präsenz mit ihren Geräten, die aus dem Nichts zu kommen scheinen und vom Himmel fallen oder unter der Erde explodieren können. Der Tod per Fernsteuerung. Heute geht es nicht mehr darum, wie in einem alten Yankee-Film, Universal Soldier, tote Soldaten wiederzubeleben (wie im Falle der imperialistischen US-Invasion in Vietnam) und sie wie Automaten in den Dienst des Terrors zu stellen, sondern um die Perfektionierung von Waffen, die manchmal unsichtbar sind.

Neben den Methoden von Big Brother, einer romanhaften Dystopie, die in der Welt längst Wirklichkeit geworden ist, gibt es die raffinierteren Methoden der extremen, subtilen und algorithmischen Überwachung; der Klassifizierung der Bürger; der Durchdringung selbst der Suppe, um ein mögliches Ziel für eine Hinrichtung zu entdecken. Und wenn es sich dabei um Aufwiegler, Aufrührer handelt, die keine manipulierten Geschichten schlucken, umso besser. Sie müssen ausgeschaltet werden, nicht mehr mit der Vulgarität einer Vergiftung, sondern mit der Perfektion eines Todesstrahls.

In einigen bedauerlichen Fällen, die sicherlich jeder Logik widersprechen, ist es notwendig, tödliche Raketen, von Flugzeugen abgeworfene Bomben, den Terror des Himmels, einzusetzen, nicht nur, um Gebäude, Stadtviertel, Straßen, Zivilisten in Massen auszulöschen, sondern auch, um eine Kultur auszulöschen, um keine Spur von dem zu hinterlassen, was in diesen verwüsteten Gebieten existiert haben könnte. Und in anderen Fällen, mit mehr „Intelligenz“, um diejenigen auszuwählen, die durch die, wenn Sie so wollen, sogar „elegante“ Einmischung von kleinen Geräten, die auch das Ziel des Tötens, der Unterdrückung erfüllen, fallen werden - die Tötung von „Feinden“.

Die Tötung von „Feinden“ des Staates, oder einer Politik, oder einer Einmischung in innere Angelegenheiten, hat die Form eines Spiels, eines makabren Halloween-Streichs angenommen. Neben der Biopolitik bewegen wir uns auf den dunklen Pfaden der Nekropolitik, mit der Enthüllung anderer Formen der Grausamkeit, des Perversen, einer perfekten Gleichung für die Beseitigung von Menschen, manchmal ohne eine „Blutspur im Schnee“ zu hinterlassen.

Halten Sie sich also fest, Bürger, Sie könnten im Fadenkreuz stehen, manchmal nur, um Teil einer Strafe zu sein. Oder für einen Test. Teil eines Tests, eines Machtexperiments für eine tödliche Übung. Alles fließt, sagte der Philosoph von Ephesus, der auch den Spitznamen Der Dunkle trug und die „Einheit der Gegensätze“ postulierte. Nun, heute müssen wir die Gegensätze zerstören, diejenigen, die sich widersprechen, diejenigen, die auf der anderen Seite des Flusses sind, desselben Flusses, in dem niemand zweimal badet.

Die Geschwindigkeit, die heute eine Variable für tausend Dinge ist, wie den schnellen Profit, den schnellen Sex, die oberflächliche Lektüre, ist heute ein Trick, um die Reflexion, das Denken zu verbannen, alles dem Schein zu überlassen, ohne zu hinterfragen, und so weiter, bis sie einen gedankenlosen, emotionslosen, manipulierbaren Bürger formt, der natürlich auch mit einem Mobiltelefon in die Luft gejagt werden kann.

Ich weiß nicht, ob dieses Gemisch, das man Postmoderne nennt, was immer es auch ist, auch den Präzisionsmord als maßgebliche Größe, als Merkmal der heutigen Welt, in Betracht zieht. Territorien müssen nicht mehr erobert werden. Es gibt andere Möglichkeiten, aus der Ferne anzugreifen, ohne den vermeintlichen Feind, das anvisierte Opfer, riechen zu müssen. Künstliche Intelligenz und andere technologische Hochleistungen erledigen einen „sauberen Job“, aseptisch, so dass die Aktion nicht so furchtbar ist. Wir müssen keine Spur von Leichen, verstümmelten Kindern, zerstückelten Frauen, zerstörten Dörfern hinterlassen. Aber was wir natürlich auch tun müssen (hier sprechen die Henker),  „damit sie verschwinden“ oder, wie in alten Zeiten, damit sie ihre Lektion lernen, werden wir ihnen einen weniger lauten Tod bereiten.