Dr. Lyna Al Tabal, Rai
Al Youm, 24/7/2025
جورج
إبراهيم عبد الله… مناضل بحجم نوبل، وعريس كل الثائرات
Traduit
par Fausto Giudice, Tlaxcala
Ceci n’est pas un
article, mais une déclaration rédigée à la hâte, imprégnée de l’esprit d’une
époque révolutionnaire… C’est la déclaration finale avant l’action. Avant
l’affrontement, avant que les mots ne se transforment en actes. Ce texte n’a
pas sa place dans les salons de l’élite, ni à Baabda* non plus.
Il parle d’un homme, de quarante-et-un ans de détention injuste, d’un procès
injuste, d’une condamnation injuste dans un lieu injuste.
Cet article parle
d’un homme qui aurait dû être libre depuis longtemps… d’un homme nommé Georges Ibrahim Abdallah, et quiconque ignore ce nom
devrait remettre en question son engagement.
En France, on lit Amélie
Nothomb, on verse des larmes sur Hiroshima, on organise des expositions
artistiques sur les souffrances des autres, et on signe des pétitions naïves
pour des tortues en voie de disparition. Mais si vous leur parlez d’un
prisonnier politique dont la peine a dépassé quatre décennies… ils vous
regardent comme si vous troubliez l’ordre public – et la morale publique aussi.
Ils vous regardent avec incrédulité, ou pire : avec indifférence. Peut-être ne
vous croient-ils pas… mais peu importe.
La France, qui a
fait la révolution, tremble devant un homme révolté qui dit “non”.
La France ressemble à ce vieux militant qui a tout perdu, qui s’éloigne de tous
ceux qui l’approchent, parce qu’ils lui rappellent des jours qu’il ne supporte
plus dans son cœur…
Quarante années
pendant lesquelles Georges n’a jamais
courbé l’échine, répétant chaque jour “non”.
La France considère ça comme une menace terroriste. Dire “non” au colonialisme,
c’est une menace sécuritaire. Honte à un État qui punit pour un seul mot.
Le Prix Nobel de
la paix est devenu une récompense pour ceux qui excellent dans la destruction
de la vie. Tous ceux qui ont serré la main des assassins ont été récompensés. Sauf
les hommes libres comme Georges . Juste parce qu’ils ont dit “non”. Même Trump…
oui, Trump veut aussi un Nobel. N’a-t-il pas nourri la guerre de Gaza avec
toutes sortes de bombes et de missiles aveugles ? N’a-t-il pas expérimenté
toutes les armes de destruction massive ? N’a-t-il pas jeté des Tomahawk comme
on jette un plat pourri à la poubelle ? Des dizaines de missiles largués, alors
qu’il riait. Trump et ses semblables ont l’habitude de lancer des bombes comme
on raconte des blagues… Il rit, passe la main sur sa touffe oxygénée… Avant
lui, Obama, le vendeur d’espoir mensonger, a signé des centaines de raids : oui,
Obama, président lauréat du Nobel de la paix.
Rien ne révèle
mieux l’hypocrisie morale du monde que l’attribution du Nobel à ceux qui
imposent la violence. Netanyahou ? Ahmed al-Charaa ? Deux bouchers
professionnels, glorifiés pour le carnage qu’ils ont causé. Je vais vous dire
ce qui arrivera : ne soyez pas surpris s’ils sont nominés, voire récompensés.
Pourquoi pas ?
Imaginez-les souriant sous une bannière “Pour la paix”, une colombe blanche - égorgée,
bien sûr - au-dessus de leurs têtes…
Son plumage blanc imbibé de sang épais, coagulé. Elle se débat avec ses ailes
brisées, les yeux retournés, son âme s’échappant de son cou tordu, vomissant
son sang… la blessure ouverte saigne, un flot de sang coule, épais, comme s’il
sortait d’un cœur encore battant découpé vivant… Imaginez.
Mais qui se soucie
de la colombe ? Tout le monde applaudit les puissants… et les idiots aussi.
Revenons à Georg ,
notre héros qui a refusé de se soumettre.
Le dernier des prisonniers dans l’arène de l’honneur international – de Guevara
à Mandela, à Mumia Abu-Jamal… Tous les combattants ont connu la prison, ont
sacrifié des décennies, leur jeunesse, ont été arrachés à leurs familles, n’ont
pas vu leurs enfants grandir. Mais Georges a fait de la prison sa patrie.
Il a vécu en cellule, l’a transformée en bastion de résistance. Il a vu les
générations naître et mourir derrière les barreaux, et lui, il est resté.
Trois générations sont passées, Georges est toujours là, analysant notre
situation misérable… et il ne s’est jamais incliné.
Quand Georges Ibrahim
Abdallah a été arrêté, les partis communistes brandissaient encore la faucille
et le marteau. Puis le Mur de Berlin est tombé, emportant avec lui bien des
illusions, et la gauche européenne s’est tournée vers la modernisation. Mais Georges,
lui, est resté dans sa cellule, le poing levé.
La gauche mondiale
s’est réinventée sous des termes plus présentables : gauche des droits de
l’homme, gauche écologique, gauche oéngéisée… Elle a cherché à adoucir la bête
au lieu de l’abattre.
L’Irak est tombé, la seconde Intifada s’est essoufflée, les Brigades des
Martyrs d’Al-Aqsa ont fané… mais Georges est toujours dans sa cellule, seul,
sans compte sur les réseaux sociaux. Mais qui a dit qu’il en avait besoin ?
Le printemps arabe
a explosé puis s’est effondré comme un cadavre…
La gauche s’est perdue entre soutien aux peuples et peur du chaos. Elle s’est
tue face aux massacres, prétendant la neutralité…
Quarante ans où tout a changé… sauf Georges.
N’importe où dans
le monde, Georges aurait été élu président. Mais au Liban, le président du
palais n’a même pas accueilli sa famille.
Son Excellence la Honte est trop occupée par ses propres intérêts… trop occupé
à organiser des festivals d’été.
Georges sortira de
prison, oui, mais il ne sortira pas de la ligne de mire.
La cellule se ferme peut-être, mais le sniper est toujours en place. Et l’Israélien
n’a pas abandonné sa requête : “interdiction de libération”.
Pendant 23 ans,
Israël a fait pression sur la France pour le maintenir incarcéré.
L’indécence israélienne bombarde Beyrouth et Damas, perpètre un génocide à
Gaza, puis exige de Paris de maintenir en prison celui qui s’oppose à ces
crimes.
Georg , comme Basil al-Araj, Zakaria Zubeidi, Nasser Abu Hamid, Samir Kuntar, Abou
Ali Mustafa… qu’ils sortent ou non des prisons, ils restent dans le viseur.
Mais à toi, ennemi
occupant, regarde-moi bien et écoute.
Cette voix ne t’apporte aucune paix. Cette voix t’annonce la prophétie de ta
propre destruction.
Lis-la comme on lit une sentence, et lis-la attentivement :
“Nous ne sommes
pas vaincus lorsque nous triomphons, nous triomphons même lorsque nous sommes
martyrisés”.
Toi, l’ennemi,
veux-tu que je te le répète dans une autre langue ?
Pas besoin de crier. Écoute, simplement :
Dans notre pays, nous ne choisissons pas nos fins.
Nous ne mourons pas de vieillesse ni de maladie.
Nous ne mourons pas dans nos lits…
Nous mourons sur vos listes d’assassinats.
Nous mourons parce que nous avons dit “non” à un moment interdit.
Demandez à Israël
pourquoi il craint un homme de plus de soixante-dix ans ?
La réponse est simple : parce que son existence vivante et libre redéfinit qui
nous sommes… et qui ils sont.
Le militant Georges,
icône de l’amour révolutionnaire…
C’est le bien-aimé que nous avons attendu et qui n’est jamais venu – parce
qu’il n’a jamais quitté sa cellule.
Sais-tu, Georges,
que les femmes du pays sont fascinées par toi ?
Elles rêvent d’un homme qui te ressemble.
Nous ne cherchons plus un prince sur un cheval blanc ; les femmes du pays te
cherchent toi, toi qui marches avec le poids des années d’emprisonnement, avec
la noblesse de celui qui n’a jamais trahi la cause.
Toi, Georges, le fiancé
qui porte un keffieh et un bracelet de fer, avec un cœur de feu courageux, un
cœur qui ne s’apaise jamais.
Dis-nous, Georges,
quel est ton charme ?
Toi qui ne possèdes que ta liberté et ta dignité jamais humiliée.
Les femmes t’envoient leurs cœurs sur les réseaux sociaux, te demandent un
regard, une étreinte, ou une fleur cueillie de ta cellule… N’oublie pas de nous
rapporter ces fleurs, s’il te plaît.
Elles ne veulent
ni bague ni collier.
Elles veulent juste un mot de toi.
Tout en toi vaut plus que l’or : ton nom, ton silence, ta posture.
Quel est ce
mystère qui t’a permis de traverser le temps, alors que tout le temps s’est
courbé ?
Quelle sérénité en toi a troublé le vacarme ?
Quelle force t’a fait tenir ?
Tout en toi semble simple, mais tout en toi nous frappe.
Tout en toi nous accuse – accuse la France, accuse les Arabes, accuse la
gauche.
Y a-t-il encore
quelqu’un parmi vous qui écoute ?
Georges n’a pas besoin du Nobel.
Il est lui-même un prix.
Georges est hors du temps, il blesse chaque époque, il fait face à un présent
arabe massacré.
Il est notre héros
qui ne sera jamais vaincu, car il n’appartient pas à la logique de la défaite.
Il ne marchande pas.
Non, Georges Ibrahim
Abdallah ne peut pas être compris.
Face à lui on ne peut que ressentir de la honte
NdT
*Baabda :
localité de la banlieue sud de Beyrouth, où est situé le palais présidentiel
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