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20/11/2023

ANNE BOYER
Ma démission
Une poétesse ulcérée par la propagande pro-israélienne claque la porte du New York Times

Anne Boyer, Mirabilary, 16/11/2023
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Anne Boyer (Topeka, Kansas, 1973) est une poétesse, essayiste et professeure usaméricaine qui a reçu le Prix Pulitzer de l’essai en 2020. Jusqu’au 16 novembre, elle était responsable de la rubrique Poésie du New York Times Magazine, le supplément dominical du quotidien, qui publie un poème chaque semaine. Voici son annonce de démission.

Je viens de donner ma démission de mon poste de rédactrice en chef de la rubrique Poésie du New York Times Magazine. 

La guerre de l’État d’Israël contre la population de Gaza, soutenue par les USA, n’est une guerre pour personne. Elle n’offre aucune sécurité, ni pour Israël, ni pour les USA, ni pour l’Europe, et surtout pas pour les nombreuses personnes juives dénigrées par ceux qui prétendent abusivement se battre en leur nom. Les seuls à en tirer un profit mortel sont les intérêts pétroliers et les fabricants d’armes.

Le monde, l’avenir, nos cœurs, tout devient plus petit et plus difficile à cause de cette guerre. Il ne s’agit pas seulement d’une guerre de missiles et d’invasions terrestres. Il s’agit d’une guerre permanente contre le peuple de Palestine, un peuple qui résiste depuis des décennies à l’occupation, aux déplacements forcés, aux privations, à la surveillance, au siège, à l’emprisonnement et à la torture.

Vu que notre statu quo est une expression personnelle, le mode de protestation le plus efficace pour les artistes est parfois de refuser.

Je ne peux pas écrire sur la poésie au milieu des tons “raisonnables” de ceux qui cherchent à nous acclimater à cette souffrance déraisonnable. Finis les euphémismes macabres. Finis les paysages d’enfer verbalement aseptisés par du blabla. Finis les mensonges va-t-en-guerre.

Si cette démission laisse dans les news un trou de la taille d’une poésie, alors c’est là la vraie forme du présent. 

Manifestation pour la Palestine  devant le siège du New York Times le 9 novembre 2023

 

13/09/2022

1 milliard de dollars en 4 ans : dans les enclaves hassidiques de New York, les écoles privées défaillantes regorgent d'argent public
Une enquête du New York Times

Eliza Shapiro et Brian M. Rosenthal, The New York Times,11/9/2022
Photograpies de Jonah Markowitz

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Pendant plus d'un an, les reporters du New York Times ont interrogé plus de 275 personnes, traduit des dizaines de documents en yiddish et analysé des millions de lignes de données sur les écoles privées défaillantes de la communauté juive hassidique. Ci-dessous le résultat de leur enquête, publié en anglais et, pour la première fois dans l'histoire du journal, en yiddish.

Les écoles religieuses juives hassidiques de New York ont bénéficié d'un milliard de dollars de financement public au cours des quatre dernières années, mais ne sont soumises à aucun contrôle extérieur.

La communauté juive hassidique a longtemps géré l'une des plus grandes écoles privées de New York à ses propres conditions, résistant à tout examen extérieur des résultats de ses élèves.

Mais en 2019, l'école, la Central United Talmudical Academy, a accepté de faire passer des tests standardisés de l'État en lecture et en mathématiques à plus de 1 000 élèves.

Tous ont échoué.

Les élèves d'une douzaine d'autres écoles gérées par la communauté hassidique ont enregistré des résultats tout aussi médiocres cette année-là, ce qui, dans des circonstances ordinaires, serait le signe d'un système éducatif en crise. Mais là où d'autres écoles peuvent être en difficulté en raison d'un manque de financement ou d'une mauvaise gestion, ces écoles sont différentes. Elles échouent à dessein.

Les dirigeants de la communauté hassidique de New York ont construit des dizaines d'écoles privées pour éduquer les enfants à la loi, à la prière et à la tradition juives - et pour les isoler du monde séculier. Proposant peu d'anglais et de mathématiques, et pratiquement pas de sciences ou d'histoire, elles font travailler les élèves sans relâche, parfois brutalement, pendant des heures de leçons religieuses dispensées en yiddish.

Le résultat, selon une enquête du New York Times, est que des générations d'enfants ont été systématiquement privées d'une éducation de base, piégeant nombre d'entre eux dans un cycle de chômage et de dépendance.

Séparé par sexe, le système hassidique échoue de manière flagrante dans ses plus de 100 écoles pour garçons. Réparties dans Brooklyn et dans la vallée inférieure de l'Hudson, ces écoles forment chaque année des milliers d'élèves qui ne sont pas préparés à affronter le monde extérieur, ce qui contribue à faire passer les taux de pauvreté dans les quartiers hassidiques parmi les plus élevés de New York.

Ces écoles semblent fonctionner en violation des lois de l'État qui garantissent aux enfants une éducation adéquate. Malgré cela, selon le Times, les écoles hassidiques pour garçons ont trouvé le moyen d'obtenir d'énormes sommes d'argent du gouvernement, collectant plus d'un milliard de dollars au cours des quatre dernières années seulement.

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