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08/08/2024

Murtaza Hussain
Microsoft encourage ses employés à faire des dons aux colonies illégales de Cisjordanie, tout en excluant l’UNRWA

Les employés demandent à l’entreprise technologique de cesser de verser des contributions à des groupes jouant un rôle actif dans l’occupation, y compris un groupe qui soutient l’armée israélienne.

Murtaza Hussain, Drop Site News, 6/8/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala  


Murtaza Hussain est un journaliste d’origine pakistanaise qui a grandi à Toronto et vit aujourd’hui à New York. Après avoir travaillé au site ouèbe The Intercept, il contribue au nouveau site créé par Jeremy Scahill et Ryan Grim, Drop Site News. @MazMHussain

 

Microsoft inclut un certain nombre d’organisations basées dans des colonies israéliennes illégales en Cisjordanie, dont au moins une qui collecte des fonds pour soutenir l’armée israélienne, dans la plateforme de dons caritatifs de ses employés. Pourtant, l’entreprise a retiré de sa liste l’agence des Nations unies qui fournit de l’aide à Gaza, selon des employés de Microsoft qui ont adressé une pétition interne à l’entreprise pour qu’elle modifie sa politique. L’inscription des organisations caritatives sur la plateforme de dons signifie que Microsoft versera automatiquement une somme équivalente aux contributions des employés.

La semaine dernière, un groupe d’employés de Microsoft a commencé à faire circuler une pétition demandant à l’entreprise de cesser de verser des contributions équivalentes à trois organisations, la Fondation Ma’aleh Adumim, l’Académie Ein Prat pour le leadership et l’équipe de sauvetage Megilot de la mer Morte, qui, selon eux, « sont en violation directe du droit international », citant les Conventions de Genève.

« Microsoft finance directement ces implantations illégales et immorales en permettant à ces organisations de subsister », affirme la pétition, implorant l’entreprise de cesser de verser des fonds de contrepartie aux trois organisations.

« C’est non seulement contraire à l’éthique, mais cela va également à l’encontre des valeurs inclusives de notre entreprise ».

Les signataires de la pétition sont encore en train de recueillir des signatures avant de s’adresser à la direction de Microsoft. Microsoft n’a pas réagi à l’article de Drop Site, et les organisations “caritatives ” de Cisjordanie étaient toujours disponibles sur la plateforme Benevity mardi.


Des manifestants défilent en soutien aux Palestiniens de Gaza près de la conférence annuelle Microsoft Build, pour demander la résiliation des contrats Azure de Microsoft avec Israël, à Seattle, Washington, USA, le 21 mai 2024. Photo David Ryder/REUTERS

06/08/2024

JEREMY SCAHILL
“Quelque chose est venu de l’extérieur” : Khaled Qaddoumi, témoin oculaire des suites immédiates de l’assassinat d’Ismail Haniyeh

L’Iran et le Hamas contestent la version du New York Times d’une bombe placée à l’avance

 Jeremy Scahill, Drop Site News, 3/8/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le Guide suprême Ali Khamenei assiste à la prière funéraire pour le chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh. Photo : Bureau de presse du Guide suprême

 « La seule chose qui m’est venue à l’esprit, c’est qu’Israël a tué notre chef », a déclaré Khaled Qaddoumi, représentant du Hamas en Iran, qui dormait dans un appartement situé deux étages en dessous du chef politique du groupe, Ismail Haniyeh, lorsqu’une explosion a secoué l’immeuble. « Que ce soit avec les outils usaméricains ou par l’intermédiaire des USAméricains, ce qui m’est venu directement à l’esprit, c’est que l’ennemi israélien a tué notre dirigeant ».

Aujourd’hui, le Corps des gardiens de la révolution a directement accusé Israël d’avoir assassiné Haniyeh à Téhéran tôt mercredi matin en tirant un « projectile à courte portée avec une ogive d’environ 7 kilogrammes » depuis l’extérieur du complexe d’appartements. Bien que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) n’ait fourni aucune preuve médico-légale à l’appui de ses allégations, cette déclaration constitue un défi direct à un article publié jeudi dans le New York Times, selon lequel Haniyeh aurait été tué par une bombe placée secrètement dans la résidence il y a plusieurs mois.

D’après ce que Qaddoumi a vu, il semble qu’un projectile ait fait un trou dans le côté du bâtiment, directement sur l’appartement où se trouvait Haniyeh. Dans une interview accordée à Drop Site News, M. Qaddoumi, qui est également membre du bureau des relations politiques du Hamas dans le monde arabe et islamique, a déclaré avoir rencontré M. Haniyeh dans la résidence située dans le nord de Téhéran, à la suite d’un dîner d’État organisé en l’honneur du président iranien nouvellement investi. Qaddoumi n’a pas assisté au dîner, mais attendait le retour d’Haniyeh dans le complexe d’appartements, situé dans une enceinte gérée et gardée par le Corps des gardiens de la révolution islamique. Qaddoumi et d’autres personnes se sont alors réunis avec le chef du Hamas pour discuter de la récente attaque israélienne dans un quartier sud de Beyrouth, qui a coûté la vie à Fouad Shukr, haut commandant du Hezbollah.

Au bout d’une heure environ, « il est parti dans sa chambre au quatrième étage de l’immeuble. Je suis allé chez moi, au deuxième étage », se souvient M. Qaddoumi.

Il s’est endormi et a été réveillé par les secousses de l’immeuble autour de lui. « Vers 1 h 37, j’ai ressenti un choc dans le bâtiment. Cela m’a donné une sensation très étrange ». Il a pensé qu’il s’agissait « peut-être d’un tremblement de terre », mais « avec plus d’ampleur.

« Je suis sorti pour vérifier. J’ai constaté que de la fumée s’échappait de partout. Les toilettes de ma suite étaient détruites, le plafond était détruit. Et puis je suis sorti. Mes amis m’ont raconté ce qui s’était passé. Je me suis alors précipité vers la chambre d’Ismail », raconte-t-il. « Je suis entré dans la [suite] et j’ai trouvé une pièce où les deux murs du côté extérieur du bâtiment avaient été détruits. Le plafond de cette pièce était également détruit. J’ai donc eu l’impression que quelque chose était venu de l’extérieur, [tiré] dans la pièce ».

Qaddoumi dit avoir vu le corps de Haniyeh et, dans une pièce adjacente, son garde du corps, qui a également été tué. Après cela, lui et d’autres responsables palestiniens à Téhéran ont été informés par leurs homologues iraniens. « Au départ, tout le monde, d’après l’évaluation faite sur le terrain, était d’accord pour dire que quelque chose avait attaqué le bâtiment de l’extérieur. Puis, avec le temps et la vérification des processus techniques, [le CGRI] a publié cette déclaration ».

30/07/2024

JEREMY SCAHILL
Israël croit-il vraiment qu’il peut gagner une guerre contre le Hezbollah ?
Entretien avec Amal Saad Ghorayeb

Amal Saad Ghorayeb, spécialiste du mouvement de résistance libanais, estime qu’une guerre totale pourrait entraîner la chute d’Israël

Jeremy Scahill, Drop Site News, 30/7/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala 


Un discours de Hassan Nasrallah du Hezbollah est diffusé à Téhéran, le 3 novembre 2023. Photo : Morteza Nikoubazl/NurPhoto via Getty.

Lundi, les vols à l’aéroport de Beyrouth ont été annulés, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ayant promis de mener une attaque militaire “sévère” contre le Liban, à la suite de l’attaque meurtrière de samedi contre une communauté druze syrienne dans la ville de Majdal Shams, située dans le Golan occupé par Israël. L’horrible incident a tué 12 enfants sur un terrain de football.

Israël et les USA ont immédiatement accusé le Hezbollah d’avoir frappé la ville avec une roquette Falaq-1 lancée depuis le Sud-Liban. Le Hezbollah a nié être à l’origine de l’attaque et le gouvernement libanais et lui-même ont demandé aux Nations unies de mener une enquête indépendante.

La manière dont les responsabilités de cet incident se sont publiquement manifestées se prête à des théories divergentes. Plus tôt dans la journée de samedi, le Hezbollah avait annoncé qu’il avait lancé une série d’attaques contre des installations militaires israéliennes situées à proximité, en représailles à la mort de quatre combattants du Hezbollah lors d’une frappe aérienne israélienne contre le Sud-Liban. Lorsque la nouvelle des morts survenues sur le terrain de football a commencé à être connue, le Hezbollah a rapidement publié un communiqué indiquant qu’il n’avait « aucun lien avec l’incident [de Majdal Shams] et qu’il démentait catégoriquement toutes les fausses allégations ». Le Hezbollah a affirmé qu’un missile d’interception du Dôme de fer israélien avait manqué sa cible et touché la ville. Israël a affirmé avoir identifié le commandant du Hezbollah à l’origine de la frappe.

« Malgré les dénégations [du Hezbollah], il s’agit de leur roquette, elle a été lancée depuis une zone qu’ils contrôlent », a déclaré lundi John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche chargé de la sécurité nationale.

Depuis samedi, Netanyahou et d’autres hauts responsables israéliens ont utilisé les morts survenues sur le plateau du Golan pour justifier, à titre préventif, une attaque de plus grande envergure contre le Liban. « Nous sommes tous druzes », proclamait samedi un message sur le compte Twitter/X officiel de l’État d’Israël. « Ces enfants sont nos enfants », a déclaré Netanyahou lors de sa visite à Majdal Shams lundi, bien que la grande majorité des quelque 20 à 25 000 résidents druzes du Golan occupé aient rejeté la citoyenneté israélienne et aient régulièrement protesté contre les guerres et les politiques d’Israël. Aucune des 12 victimes n’avait la nationalité israélienne. « Israël ne laissera pas et ne pourra pas laisser passer cela », a déclaré Netanyahou. « Notre réponse viendra, et elle sera sévère ».

Une foule d’habitants s’est rassemblée pour affronter Netanyahou, scandant parfois en hébreu qu’il devait s’en aller. D’autres ont scandé « Tueur ! Tueur ! » et ont accusé Netanyahou de venir « danser sur le sang de nos enfants ». Certains habitants ont déclaré aux journalistes qu’ils ne voulaient pas être utilisés par l’un ou l’autre camp pour alimenter une guerre entre Israël et le Hezbollah et se demandaient pourquoi l’un ou l’autre attaquerait leur ville.

Les familles des victimes de Majdal Shams ont refusé de rencontrer. Netanyahou, selon Ha’aretz. La visite a été soumise à la censure des médias jusqu’à ce que Netanyahou quitte la ville. Ronen Bar, le directeur de l’agence de renseignement Shin Bet, accompagnait Netanyahou lors de ce voyage et le ministre de la défense Yoav Gallant s’était rendu sur le site un jour plus tôt.

Israël a occupé pour la première fois de larges portions de la région du Golan, dans le sud-ouest de la Syrie, en 1967 et a officiellement annexé le plateau du Golan en 1981. En vertu du droit international, il reste un territoire syrien. En 2019, le président Donald Trump a inversé des décennies de politique usaméricaine et a officiellement reconnu le plateau du Golan comme territoire israélien. Aucun autre pays n’a fait de même.

Bien que les dirigeants de la communauté de Majdal Shams aient demandé par écrit qu’aucun fonctionnaire israélien n’assiste aux funérailles, le ministre des finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, et une poignée d’autres fonctionnaires israéliens se sont présentés dimanche aux funérailles de 10 des victimes. Les personnes en deuil les ont chassés et ont exigé qu’ils partent. Certains ont dénoncé Smotrich comme étant un “meurtrier”.

La montée en puissance de l’Axe de la Résistance introduit une série d’autres forces qui pourraient rejoindre le Hezbollah dans une guerre contre Israël.

L’administration Biden-Harris, tout en affirmant publiquement qu’Israël serait justifié d’attaquer le Liban en réponse à l’incident de Majdal Shams, a affirmé qu’elle ne voulait pas d’un conflit régional plus large ou d’une guerre à grande échelle entre Israël et le Liban. Lors d’une conférence de presse, Kirby a déclaré qu’il était “exagéré” de parler d’une guerre plus large, ajoutant : « Je suis convaincu que nous serons en mesure d’éviter une telle issue ». Le Hezbollah et Israël ont tous deux mené des frappes militaires depuis les attaques du 7 octobre 2023 menées par le Hamas, mais jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’escalade qui ait déclenché le type de batailles terrestres et aériennes qui avaient eu lieu en 2006, lorsqu’Israël et le Hezbollah s’étaient livrés une guerre de 34 jours.

Depuis samedi, Israël a lancé une série d’attaques contre le Sud-Liban, lesquelles ont cependant été d’une ampleur similaire à celle des frappes précédentes au cours des dix derniers mois. Dimanche, Gallant a déclaré : « Le Hezbollah paiera cher pour ça ».

Alors que le régime de Netanyahou n’a cessé de menacer de guerre le Liban au cours des dix derniers mois, et plus particulièrement le Hezbollah, de nombreux analystes régionaux de premier plan estiment qu’une telle action entraînerait une catastrophe pour Israël, tant sur le plan militaire que sur le plan politique. Le Hamas et le Jihad islamique palestinien, des groupes beaucoup moins sophistiqués et armés, ont réussi à mener une insurrection de près de dix mois contre les forces terrestres israéliennes à Gaza, tout en subissant des bombardements soutenus avec des armes fournies par les USA.

L’Iran a également manifesté sa volonté d’attaquer Israël. La montée en puissance de l’axe de la résistance, qui, outre l’Iran, comprend Ansar Allah (les Houthis) au Yémen, le Hamas et le Jihad islamique palestinien, ainsi que le gouvernement syrien et la Résistance islamique en Irak, introduit un éventail d’autres forces qui pourraient se ranger du côté du Hezbollah dans une guerre contre Israël.

J’ai discuté de tout cela aujourd’hui avec Amal Saad Ghorayeb, l’une des principales expertes du Hezbollah et de l’axe de la résistance. Elle enseigne les relations internationales et la politique à l’université de Cardiff, au Royaume-Uni, et est l’auteure de Hizbu’llah : Politics and Religion et The Iran Connection : Understanding the Alliance with Syria, Hizbu’llah and Hamas. Elle se trouve actuellement au Liban.

Mon entretien avec Amal Saad Ghorayeb ci-après.

Jeremy Scahill : Vous avez laissé entendre que vous ne pensiez pas que le Hezbollah était derrière cet attentat dans le Golan syrien occupé.

Amal Saad Ghorayeb : Oui. J’ai donc dit qu’il était très peu probable que le Hezbollah soit derrière cet attentat, et pas seulement parce qu’il a fait une déclaration. Oui, c’était inhabituel, et c’était la première fois qu’il faisait une telle déclaration - je ne sais pas si c’était pour toujours - mais il n’avait pas fait une telle déclaration depuis le 8 octobre [lorsque le Hezbollah avait annoncé qu’il s’engagerait dans des frappes de “solidarité” contre Israël en soutien aux attaques du 7 octobre menées par le Hamas]. Cela indique donc, de toute évidence, la gravité de la situation et le fait que le Hezbollah nie toute responsabilité dans l’attaque.

Mais au-delà de cela, sur la base de la logique et des précédents, etc. Tout d’abord, cette ville, Majdal Shams, n’est pas un territoire israélien. C’est un territoire syrien occupé et ses habitants sont des Druzes syriens. La majorité d’entre eux ont refusé de prendre la nationalité israélienne et de servir dans l’armée. Ils sont de fervents partisans de l’axe de la résistance. Ils ont soutenu le gouvernement de Bachar al Assad en Syrie. Ils ont soutenu le Hezbollah et le Hamas. Il serait donc extrêmement absurde que le Hezbollah attaque ses propres alliés.

Au-delà de cela, je ne pense pas que le Hezbollah attaquerait des civils israéliens de manière délibérée. Il ne les attaquerait pas parce que cela conduirait à une guerre totale. C’est très, très provocateur. Et je sais que [le secrétaire général du Hezbollah, Hassan] Nasrallah a récemment menacé Israël de telles représailles, en disant que si vous continuez à cibler nos civils, nous devrons faire la même chose. Mais même dans ce cas, je ne pense pas que le Hezbollah chercherait des civils et les massacrerait de la sorte. Il ciblerait probablement des objets civils, ce qui est très différent de cibler des civils, et nous n’avons pas encore vu cela, pour être honnête. Nous n’avons pas vu de véritables victimes civiles en Israël [à la suite d’attaques du Hezbollah] - il y en a eu très peu. Sur la base de ces facteurs, je pense donc qu’il est très peu probable qu’il s’agisse d’une frappe délibérée.


Mohamed Afefa, Palestine [Majdal Shams signifierait "La Tour du Soleil" en araméen, shams sognifiant soleil en arabe]

JS : Il semble que les théories dominantes soient les suivantes : soit il s’agit d’un tir erroné ou d’une erreur de la part du Hezbollah, soit il s’agit d’une défaillance du système Dôme de fer israélien et l’une des munitions israéliennes a touché le terrain de football. J’ai aussi vu des gens suggérer qu’il s’agissait d’une fausse bannière, qu’Israël avait intentionnellement frappé la ville et qu’ils voulaient rejeter la faute sur le Hezbollah.

ASG : Il y a plusieurs théories, mais je pense que celle qui est moins une théorie et plus empirique est qu’il s’agit d’un missile d’interception israélien qui a raté son tir, qui essayait d’intercepter une roquette qui arrivait. Et je dis qu’il y a des preuves empiriques parce que sur les chaînes de télévision arabes, et bien sûr, nous n’avons pas vu cela dans les médias occidentaux, mais nous avons vu plusieurs reportages de témoins oculaires qui ont dit qu’ils avaient effectivement vu ce missile d’interception du Dôme de fer frapper la cible. Une correspondante a déclaré qu’un secouriste israélien le lui avait dit, mais qu’il n’avait pas pu le dire à l’antenne sous peine d’être arrêté. Il y a donc eu plusieurs rapports de ce type, et cela semble être l’explication la plus probable.

Mais il est également possible que d’autres groupes [de résistance anti-Israël] soient à l’origine de cet acte. Le Hezbollah n’est pas le seul à combattre Israël. Depuis qu’il a créé ce soi-disant front de solidarité, il y a eu plusieurs autres groupes, certains laïques, d’autres islamistes. L’un d’entre eux est, par exemple, Jamaa Al-Islamiya, le groupe islamique [sunnite libanais], qui a été impliqué récemment dans ces frappes transfrontalières. Et ses membres ont souvent été pris pour cible par Israël. Il est donc possible qu’ils aient touché cette cible par erreur. S’il s’agit d’un autre groupe, c’est évidemment une erreur. Il ne s’agissait pas d’une cible délibérée pour qui que ce soit.

JS : S’il s’agit d’une erreur de tir du Hezbollah, existe-t-il un précédent dans lequel le Hezbollah aurait pris la responsabilité de tuer des civils par inadvertance ?

ASG : Oui, c’est une bonne question parce qu’en 2006, il y a eu un incident de ce genre pendant la guerre de juillet, lorsqu’une roquette du Hezbollah a atterri par erreur dans une ville palestinienne. Non seulement le Hezbollah a publié une déclaration dans laquelle il assumait sa responsabilité et présentait ses excuses, mais Nasrallah lui-même s’est excusé personnellement à la télévision et a présenté ses condoléances à la famille de la victime. [Lors de cet incident, des roquettes du Hezbollah ont tué deux enfants arabes à Nazareth. « En mon nom et au nom de mes frères, je présente mes excuses à cette famille », avait déclaré Nasrallah lors d’une interview diffusée sur Al Jazeera. « Bien sûr, le mot “excuses” n’est pas suffisant. J’en porte l’entière responsabilité. Ce n’était pas du tout l’intention »]. Le Hezbollah a donc l’habitude de revendiquer sa responsabilité, d’admettre de telles erreurs. Et je pense que cela donne plus de crédibilité à son argument, ou plutôt à son affirmation, qu’il n’était pas derrière tout cela.

Je pense qu’un autre point que nous devons examiner est le moment choisi pour le faire. La semaine dernière, le Hezbollah a diffusé la troisième d’une série de vidéos filmées par des drones. Il surveillait une base militaire spécifique au-dessus d’Israël et menaçait Israël de prendre cette base militaire pour cible. Dans les vidéos précédentes, le Hezbollah menaçait d’autres cibles, non seulement militaires, mais aussi civiles. Pourquoi le Hezbollah aurait-il fait tout cela pour dissuader Israël de le frapper, si c’est pour le provoquer quelques jours plus tard avec cette vidéo ? Cela n’a absolument aucun sens, car le Hezbollah sait qu’Israël, s’il a décidé de lancer une guerre totale, si cette décision a été prise, et nous supposons tous que ce n’est pas un scénario probable, mais il y a toujours une possibilité qu’une telle décision ait été prise. Si c’est le cas, pourquoi le Hezbollah voudrait-il donner à Israël des munitions pour poursuivre l’escalade ? Même si ce n’est pas pour lancer une guerre totale, mais pour poursuivre l’escalade contre lui-même, cela n’a absolument aucun sens. L’objectif de cette vidéo était de dissuader une telle attaque. Il est donc absurde qu’elle soit délibérément prise pour cible.

Pourquoi le Hezbollah aurait-il fait tout cela pour dissuader Israël de le frapper, si c’est pour le provoquer quelques jours plus tard avec cette vidéo ?

Maintenant, revenons à la question de savoir s’il s’agissait d’une erreur. Vous savez, certains ont dit que le Hezbollah, quelques secondes plus tôt, avait publié un communiqué dans lequel il se déclarait responsable d’avoir frappé quelque chose dans le Golan, à 3 km de Majdal Shams. J’ai essayé d’aller au fond des choses. C’est très difficile à dire, mais il est peu probable qu’ils se soient trompés de si loin. J’ai parlé à des experts militaires qui - et je pense que c’est beaucoup plus convaincant - ont dit que s’il s’agissait du [missile] Falaq-1, parce que le Hezbollah a utilisé le Falaq-1 pour frapper la cible qu’ils ont annoncée dans la déclaration, une brigade israélienne. S’ils avaient utilisé le Falaq-1, nous aurions vu un cratère beaucoup plus grand, et le cratère était beaucoup plus petit que ce que l’on pourrait attendre d’une ogive aussi lourde, qui pèse 53 kilos. Le cratère aurait été beaucoup plus grand et les destructions auraient été beaucoup plus importantes.

JS : Pourquoi alors Israël est-il si prompt à s’emparer de cette affaire et à accuser le Hezbollah ? Croyez-vous vraiment qu’Israël souhaite une guerre totale avec le Hezbollah ?

23/07/2024

JEREMY SCAHILL
Kamala Harris peut-elle effacer le sang de ses mains ?

Si la probable candidate démocrate n'a pas les 50 ans d’histoire de soutien de Joe Biden au militarisme israélien, ses antécédents indiquent qu'elle maintiendrait une politique pro-israélienne sans faille.

Jeremy Scahill, Drop Site News, 22/7/2024
Schuyler Mitchell a contribué aux recherches pour cet article
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

  

Kamala Harris s'adressant à la conférence 2017 de l'AIPAC à Washington, D.C. Photo : Michael Brochstein/SOPA Images/LightRocket via Getty Images.

Quelques heures après que Joe Biden a annoncé qu'il ne se représenterait pas à l’élection présidentielle du 4 novembre prochain, l'élite du Parti démocrate a commencé à consolider son soutien à la vice-présidente Kamala Harris pour qu'elle prenne la tête de la campagne contre Donald Trump. Si elle obtient l'investiture démocrate, Kamala Harris devra notamment regagner le soutien des électeurs indignés par le fait que l'administration Biden a facilité la guerre génocidaire d'Israël contre les Palestiniens de Gaza. Rien que dans l'État critique du Michigan - où un sondage dévastateur de la Detroit Free Press a montré dimanche matin que Biden avait perdu 7 points de pourcentage par rapport à Trump dans l'ensemble de l'État - il y a eu plus de 100 000 électeurs primaires “non engagés”.

Le maire de Dearborn (Michigan), Abdullah Hammoud, ne s'est pas immédiatement prononcé en faveur de Mme Harris. Au lieu de cela, il a gazouillé : « Les démocrates ont l'occasion de faire preuve d'audace lors de cette convention. De désigner un candidat capable de mettre en place une politique intérieure historique ET d'abandonner la voie génocidaire tracée à Gaza et au-delà. L'Amérique a besoin d'un candidat qui puisse donner envie aux électeurs de se rendre aux urnes en novembre prochain ».

Mme Harris se trouve dans une position historique inhabituelle. L'équipe de presse de la Maison Blanche a donné l'image d'une Harris plus sensible à la situation humanitaire des Palestiniens, alors même qu'elle soutient l'agenda de Biden dans la région. En tant que candidate à la présidence, elle pourrait expliquer aux électeurs les divergences internes qu'elle a pu avoir dans les discussions autour de la guerre de Gaza. En tant que vice-présidente en exercice, cependant, de telles démarches poseraient des problèmes à Biden. 

La vérité est que, comme la plupart des démocrates, Harris a soutenu les politiques de Biden, même si elle a soulevé des objections tactiques ou exprimé un malaise moral face au nombre effroyable de morts. Si Harris n'est pas Biden - et n'a pas au compteur un demi-siècle de soutien massif à la brutalité et au militarisme d'Israël qui alimente ses positions - elle a ses propres antécédents de soutien intransigeant à Israël, à la fois en tant que sénatrice et que vice-présidente.  


Ben Jennings, The Guardian, 23/7/2024

 Peu après son élection au Sénat en 2016, Mme Harris a acquis une réputation d'ardente défenseuse d'Israël. Elle a pris la parole deux années de suite lors de conférences de l'AIPAC et a coparrainé une législation visant à saper une résolution des Nations unies condamnant l'annexion illégale de terres palestiniennes par Israël. L'un de ses premiers voyages internationaux en tant que sénatrice a eu lieu en Israël, où elle a rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahou en 2017. « Je soutiens l'engagement des USA à fournir à Israël une aide militaire de 38 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie", a déclaré Mme Harris lors d'une conférence de l'AIPAC cette année-là. « Je crois que les liens entre les USA et Israël sont indéfectibles, et nous ne pouvons jamais laisser quiconque creuser un fossé entre nous. Tant que je serai sénatrice usaméricaine, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour assurer un soutien large et bipartisan à la sécurité d'Israël et à son droit à l'autodéfense ».

Mme Harris a comparé le soutien à Israël aux coalitions forgées pendant le mouvement des droits civiques aux USA et a approuvé les accords d'Abraham du président Donald Trump, une série d'accords de normalisation entre Israël et les États arabes qui ont contourné les demandes d'un État palestinien indépendant. Mme Harris a coparrainé une loi qualifiant ces accords de “réalisation historique”. Dans un entretien en 2016, Mme Harris a déclaré : « Le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions repose sur l'hypothèse erronée qu'Israël est le seul responsable du conflit israélo-palestinien ». Elle a ajouté :  « le mouvement BDS cherche à affaiblir Israël, mais il ne fera qu'isoler le pays et braquer les Israéliens contre les compromis préalables à la paix ».

Lors d'une conférence privée de l'AIPAC en 2018, on a demandé à Mme Harris pourquoi elle soutenait Israël de manière aussi catégorique. « C'est simplement quelque chose qui a toujours fait partie de moi », a-t-elle répondu. « Je ne sais pas quand cela a commencé, c'est presque comme dire quand vous avez réalisé pour la première fois que vous aimiez votre famille, ou que vous aimiez votre pays, c'était juste toujours là. Cela a toujours été là ». 

 « Son soutien à Israël est au cœur de sa personnalité », a déclaré Lily Adams, directrice de la communication de la campagne de Mme Harris, en 2019, lorsque cette dernière était candidate à l'investiture démocrate. 

En mars 2019, au milieu des appels de militants du Parti démocrate à boycotter la conférence de l'AIPAC de cette année-là, Mme Harris a rejoint d'autres candidats, dont les sénateurs Bernie Sanders et Elizabeth Warren, pour ne pas participer à la réunion. Au lieu de cela, elle a gazouillé qu'elle avait rencontré en privé « les dirigeants de l'AIPAC de Californie pour discuter de la nécessité d'une alliance forte entre les USA et Israël, du droit d'Israël à se défendre et de mon engagement à lutter contre l'antisémitisme dans notre pays et dans le monde entier ».

Alors que Mme Harris s'exprime généralement en faveur de l'autodétermination palestinienne et d'une solution à deux États -conformément aux positions politiques générales du parti démocrate depuis l'accord d'Oslo de 1993 - elle s'est simultanément opposée aux efforts visant à imposer des conséquences à Israël pour ses violations flagrantes du droit international. 

Mme Harris a donné le ton de sa position sur Israël en tant que sénatrice lorsqu'elle a coparrainé en 2017 une loi condamnant la décision de l'ancien président Barack Obama de s'abstenir d'opposer son veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU critique à l'égard d'Israël. La résolution, adoptée en décembre 2016, affirmait que « L'établissement par Israël de colonies dans le territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, n'a aucune validité juridique et constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la réalisation de la solution à deux États et d'une paix juste, durable et globale ». Mme Harris et ses collègues du Sénat ont affirmé que le refus d’Obama de bloquer la résolution de l'ONU était « incompatible avec la politique menée de longue date par les USA ». Ils ont déclaré que la politique usaméricaine devrait viser à empêcher l'ONU de prendre des mesures qui « isolent davantage Israël par le biais de boycotts économiques ou autres ou de toute autre mesure » et ont exhorté les futures administrations « à maintenir la pratique du veto à toutes les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies qui reconnaissent les actions palestiniennes unilatérales, dont la déclaproclamation ration d'un État palestinien, ou qui dictent les termes et le calendrier d'une solution au conflit israélo-palestinien ».

 « Je pense que lorsqu'une organisation délégitime Israël, nous devons nous lever et nous exprimer pour qu'Israël soit traité de manière égale », a déclaré Mme Harris à propos de son vote. 

Lors de la course à la présidence de 2020, le New York Times a demandé à Mme Harris si elle pensait qu'Israël respectait les normes internationales en matière de droits humains. « Dans l'ensemble, oui », a-t-elle répondu. 

Lors du premier appel de Mme Harris avec M. Netanyahou après sa nomination à la vice-présidence, le 3 mars 2021, elle a dit au dirigeant israélien que les USA s'opposaient à ce que la Cour pénale internationale enquête sur les crimes de guerre présumés d'Israël contre les Palestiniens. Harris et Netanyahou « ont noté l'opposition de leurs gouvernements respectifs aux tentatives de la Cour pénale internationale d'exercer sa juridiction sur le personnel israélie », selon un compte-rendu par la Maison Blanche de cet appel. 

Harris, le 7 octobre et le génocide à Gaza

Après les attaques menées par le Hamas en Israël le 7 octobre, Mme Harris a adopté une position publique qui divergeait rhétoriquement de celle de Joe Biden. Tout en plaidant pour un soutien militaire, financier et diplomatique des USA à la guerre d'Israël, Harris a fréquemment souligné qu'Israël devait respecter les lois de la guerre, protéger les vies civiles et permettre l'acheminement de l'aide humanitaire. Par rapport à  Biden, Harris a plus souvent mis l'accent sur les souffrances des civils palestiniens. « Israël a incontestablement le droit de se défendre. Cela dit, il est très important de ne pas faire d'amalgame entre le Hamas et les Palestiniens », a déclaré Mme Harris lors de l'émission “60 Minutes” diffusée sur la chaîne CBS le 29 octobre 2023. « Les Palestiniens méritent les mêmes mesures de sûreté et de sécurité, d'autodétermination et de dignité, et nous avons été très clairs sur le fait que les règles de la guerre doivent être respectées et que l'aide humanitaire doit être acheminée ».

Fin 2023, des proches de Harris ont commencé à divulguer aux médias que la vice-présidente avait fait pression sur Biden pour qu'il adopte une position plus “dure” à l'égard de Netanyahou et pour que l'administration exprime plus publiquement son inquiétude face aux décès de civils palestiniens. À certains moments, Biden et d'autres hauts responsables ont critiqué publiquement les bombardements israéliens “aveugles” et ont appelé Israël à faire preuve de plus de retenue dans ses tactiques. Au début de l'année 2024, il est devenu évident que l'administration Biden reconnaissait que son soutien à la guerre d'Israël allait probablement poser des problèmes majeurs à sa campagne de réélection. Elle a organisé une série de réunions avec des dirigeants arabo-usaméricains pour tenter de stopper l'hémorragie et a commencé à donner aux hauts fonctionnaires usaméricains les moyens de s'exprimer plus ouvertement sur le sort des civils palestiniens, tout en affirmant toujours qu'Israël avait le droit de se défendre.

Le 3 mars, après des mois de bombardements israéliens massifs sur la bande de Gaza et plus de 30 000 Palestiniens tués, Kamala Harris a pris l'initiative de plaider en faveur d'un cessez-le-feu conditionnel de six semaines à Gaza. « Ce que nous voyons chaque jour à Gaza est dévastateur. Nous avons vu des familles manger des feuilles ou des aliments pour animaux. Des femmes donnent naissance à des bébés souffrant de malnutrition, avec peu ou pas de soins médicaux, et des enfants meurent de malnutrition et de déshydratation », a déclaré Mme Harris. « Nos cœurs se brisent pour les victimes de cette horrible tragédie et pour tous les innocents de Gaza qui souffrent de ce qui est clairement une catastrophe humanitaire. Les habitants de Gaza meurent de faim. Les conditions sont inhumaines ». Le lendemain, le Washington Post titrait : « Harris joue un rôle plus public en critiquant les actions d'Israël à Gaza ».

Alors que de nombreux démocrates espèrent que l'abandon de Biden ouvrira la voie à une réinitialisation, l'histoire politique de Mme Harris indique qu'elle continuera à poursuivre l'agenda bipartisan du gouvernement usaméricain sur Israël et la Palestine, y compris les politiques qui ont aidé et encouragé la mort de plus de 40 000 Palestiniens en neuf mois.

En réalité, la guerre de Gaza n'est pas la question centrale de la campagne de 2024, même si, dans une course où chaque voix compte, elle pourrait causer des dommages substantiels aux démocrates. Le Parti démocrate mise sur l'espoir que les électeurs désillusionnés par la guerre sont tellement terrifiés par le retour de Trump à la Maison Blanche qu'ils mettront de côté leur indignation au sujet de Gaza et se rallieront à un candidat qui n'est pas Joe Biden. La question sera de savoir si les électeurs tiennent Harris pour responsable de la politique de l'administration à l'égard de Gaza ou s'ils se contenteront du retrait de Biden du ticket.

« Pendant des mois, nous avons prévenu que le soutien de Biden à l'assaut israélien contre Gaza nuirait à son éligibilité », a déclaré Layla Elabed, l'une des dirigeantes du mouvement Uncommitted*, qui a appelé Biden à mettre fin aux livraisons d'armes à Israël par les USA.

« En finançant un gouvernement qui commet des violations des droits humains, nous compromettons la position de notre parti contre l'extrémisme de droite et contredisons notre engagement en faveur de la démocratie et de la justice. Il est temps d'aligner nos actions sur nos valeurs. La vice-présidente Harris peut entamer le processus de reconquête de la confiance en tournant la page des politiques horribles de Biden à Gaza ».

 NdT

*Uncommitted= Non engagés. Lors des primaires présidentielles démocrates du Michigan 2024, du Minnesota 2024 et de Washington 2024, de nombreux militants et élus, dont le maire de Dearborn Abdullah Hammoud et la représentante à la Chambre des représentants Rashida Tlaib, ont fait campagne pour que les électeurs choisissent l'option de non-engagement en signe de protestation contre la gestion par Biden de la guerre contre Gaza. Certains USAméricains d'origine arménienne ont également suggéré de voter sans engagement en raison des actions de Biden concernant l'offensive azerbaïdjanaise de 2023 au Nagorno-Karabakh. À Washington, le plus grand syndicat de l'État, United Food and Commercial Workers, a soutenu l'option sans engagement. En réponse, le groupe de lobbying  Democratic Majority for Israel a diffusé des publicités arguant que voter “sans engagement” affaiblirait Biden et soutiendrait Donald Trump. Gretchen Whitmer, gouverneure du Michigan, a déclaré que bien qu'elle reconnaisse la “douleur” ressentie par les gens à propos de la guerre, elle encourageait tout de même à voter pour Biden car « tout vote qui n'est pas exprimé en faveur de Joe Biden soutient un second mandat de Trump ». Au final, dans le Michigan, Joe Biden a reçu 81,1 % des voix (618 426 votes), les candidats non engagés ont reçu 13,3 % des voix (101 100 votes), tandis que les autres candidats ont reçu 5,7 % des voix (43 171 votes). La part des non engagés a dépassé celle de Barack Obama en 2012, la dernière campagne de réélection d'un président démocrate (bien qu'en 2012 il se soit agi d'un caucus et non d'une primaire. Dans le Minnesota, les non engagés ont obtenu une part encore plus importante des voix, soit 18,9 %, tandis que Biden n’obtenait que 70,6 %.
Le Mouvement National Non-Engagé, né dans le Michigan, mène campagne pour appeler les électeurs à voter « Uncommitted » afin de promouvoir 3 revendications :

1-Assurer un cessez-le-feu immédiat et permanent

2-Arrêter toute livraison de munitions et toute aide militaire à Israël

3-Mettre fin au siège interminable de Gaza (6248 jours depuis le 15 juin 2007)

 


 

22/07/2024

WAQAS AHMED/RYAN GRIM
Un tribunal kényan conclut que le journaliste pakistanais Arshad Sharif a été torturé avant d’être assassiné par la police
Le juge a rejeté en bloc les arguments peu convaincants de l’État

Waqas Ahmed et Ryan Grim, Drop Site News, 15/7/2024
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Waqas Ahmed est un journaliste pakistanais, ancien rédacteur en chef du Daily Pakistan et du Business Recorder. @worqas

 

 

Ryan W. Grim (Allentown, Pennsylvanie, 1978) est un auteur et journaliste usaméricain. Il a été chef du bureau de Washington du HuffPost et chef du bureau de Washington de The Intercept. En juillet 2024, Grim et Jeremy Scahill, cofondateur de The Intercept, ont quitté The Intercept pour cofonder Drop Site News. Grim est l’auteur des livres The Squad, We’ve Got People et  This Is Your Country On Drugs. @ryangrim

Dans une décision historique, un juge kényan a rejeté la défense de la police dans l’affaire de l’assassinat en 2022 du célèbre journaliste pakistanais Arshad Sharif et a déclaré qu’il avait été torturé avant d’être assassiné, selon des documents judiciaires examinés par Drop Site. Dans une sentence tranchante, le tribunal, dont la décision a été publiée la semaine dernière, a en outre estimé que sa mort constituait une violation de ses droits humains.


Arshad Sharif interviewe Imran Khan en mai 2022

Le fait que la police kényane  ait tué Sharif, qui était en exil et fuyait les persécutions de l’armée pakistanaise, n’a jamais été mis en doute. La police kényane , pour sa part, a fourni à plusieurs reprises des explications contradictoires et changeantes sur l’assassinat de Sharif. L’une des principales affirmations de la police, à savoir que quelqu’un dans la voiture de Sharif avait tiré sur des agents, en touchant un, n’a jamais été mentionnée au cours de la procédure judiciaire et ne figure nulle part dans le jugement, ce qui indique que l’explication fournie par la police à l’équipe pakistanaise chargée d’enquêter sur l’assassinat ne pouvait être étayée par la preuve qu’un policier avait été blessé. Les alliés de Sharif soutiennent qu’il avait fui le Pakistan vers les Émirats arabes unis, puis vers le Kenya, où il a finalement été assassiné, une affirmation confortée par la nouvelle décision du tribunal.

L’affaire, portée par la veuve de Sharif, Javeria Siddique, a abouti à une décision qui tient plusieurs organismes publics pour responsables de leurs actions et ordonne aux gouvernements pakistanais et kényan un examen plus approfondi.

Sharif, connu pour ses reportages et ses critiques intrépides de l’establishment militaire pakistanais, s’est réfugié d’abord aux Émirats arabes unis, puis au Kenya, après avoir fait l’objet de graves menaces dans son pays, lorsque le gouvernement démocratiquement élu d’Imran Khan a été renversé sous l’effet d’une intense pression militaire et d’une motion de censure soutenue par les USA. Moins de trois mois après avoir quitté le Pakistan, il a été tué par la police kényane sur un chemin de terre alors qu’il revenait d’un camp situé dans la banlieue de Nairobi. Une autopsie, dont les résultats ont été divulgués, a ensuite révélé qu’il avait peut-être été torturé.

Son assassinat brutal au Kenya a choqué la communauté journalistique internationale et soulevé de graves questions sur la sécurité des dissidents en exil. Au Pakistan, les militaires ont déployé des efforts considérables pour contrôler le récit de la mort de Sharif et faire taire les enquêtes sur son assassinat. De même, au Kenya, pays dont les liens militaires et économiques avec le Pakistan sont étroits, les enquêtes sur le meurtre ont été interrompues sans explication.

Les enquêtes de Sharif visaient souvent des personnalités influentes, notamment Shehbaz Sharif, qui avait été nommé premier ministre après l’éviction d’Imran Khan. Au moment de la mort de Sharif, l’armée pakistanaise entrait dans une période des plus sombres, le gouvernement dirigé par les militaires emprisonnant des milliers de militants, intensifiant la censure des médias et manipulant les élections.

Le juge kényan S.N. Mutuku a noté dans le jugement final, rendu le 8 juillet, que Mme Siddique avait dû introduire l’affaire un an après la mort de Sharif parce qu’“aucune information n’a été fournie [...] concernant la mise à jour de l’état d’avancement des enquêtes ou toute action entreprise contre les auteurs de la fusillade”.

Le jugement demande des comptes à plusieurs organes de l’État, notamment au bureau du procureur général - qui, selon le juge, a un devoir de conseil en matière de droits de l’homme -, à la police et à l’Autorité indépendante de surveillance de la police (Independent Policing Oversight Authority, ou IPOA).

La police, désignée comme le “troisième défendeur” dans le dossier, a été particulièrement critiquée pour n’avoir pas mené d’enquête indépendante et efficace. « Le troisième défendeur a la responsabilité de donner suite aux recommandations de l’Autorité indépendante de surveillance des services de police, notamment en ce qui concerne l’indemnisation des victimes de fautes policières », peut-on lire dans le jugement. « Le fait que les défendeurs n’aient pas mené d’enquête indépendante, rapide et efficace, qu’ils n’aient pas engagé de poursuites, qu’ils n’aient pas achevé ces enquêtes ou qu’ils n’aient pas donné suite de toute autre manière aux résultats de ces enquêtes, constitue une violation de l’obligation positive d’enquêter sur les violations du droit à la vie et d’engager des poursuites contre les auteurs de ces violations ».

20/07/2024

JEREMY SCAHILL
Palestine : la parole à la Résistance

Ci-dessous, traduits par Tlaxcala, une série de trois articles consacrée aux perspectives de la résistance palestinienne après le 7 octobre et au dixième mois d’une guerre asymétrique opposant des combattants défendant leur peuple à une armée d’occupation surarmée, équipée et soutenue par les puissances impériales. La stratégie génocidaire des occupants n’est pas parvenue à écraser cette résistance en 285 jours. Une fois de plus se vérifie cette vérité historique : aucune armée d’occupation ne peut écraser une armée populaire. Ni au Vietnam, ni en Algérie, ni en Afghanistan, ni en Irak, ni en Palestine. L’auteur de ces articles, Jeremy Scahill, est un journaliste usaméricain d’investigation chevronné, qui vient de créer avec ses amis le site ouèbe Drop Site News, après avoir travaillé pendant 11 ans au site The Intercept, qu’il avait créé avec Glenn Greenwald. Le mérite de ces articles est de donner la parole aux protagonistes de la résistance, une parole universellement censurée par les médias dominants. Une belle leçon de journalisme.

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