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01/08/2021

GID'ON LEV
Comment l'égalité de genre et la technologie ont ruiné la sexualité : entretien avec la psychanalyste Danielle Knafo

Gid'on Lev ןועדג בל, Haaretz, 3/6/2021 

Traduit par Fausto Giudice

Le BDSM est partout, le porno pousse les gens normaux [sic] à la pédophilie et les obstacles sont le meilleur moyen de pimenter les choses dans la chambre à coucher. Danielle Knafo, spécialiste de la sexualité, annonce une nouvelle ère de perversion.

Le sexe fait vendre, excite, intrigue, galvanise. Et ce n'est pas un goût acquis, mais quelque chose qui est là dès les premiers instants de notre existence.

« Le nourrisson humain est excité par tout, chaque chose excite sexuellement les nourrissons, ils ne sont pas sélectifs », explique la spécialiste de la sexualité et psychanalyste Danielle Knafo. « Le nourrisson se moque de savoir si vous êtes homme, femme ou trans, si vous êtes vieux ou jeune, animal ou objet inanimé - il est excité par tout. Le point de départ de chacun d'entre nous est la sexualité polymorphe, comme l'appelait Freud, c'est ainsi que nous commençons notre vie, et cela a une influence énorme ».

Ce début passionnant entraîne très vite un clash douloureux. « Le fait est que nous devons vivre en société et que, par conséquent, nous ne pouvons pas faire tout ce que nous souhaitons », explique Knafo. « Et une grande partie de ce qui nous est interdit est liée à la sexualité. Les lois, les parents, le système scolaire, la religion - ils sont tous là pour nous contrôler, et principalement pour contrôler notre sexualité. C'est ce qui nous rend si complexes. Ce n'est pas seulement parce que nous avons de fortes pulsions. Le problème, c'est que la société ne cesse de nous dire : « Tu ne peux pas », elle essaie constamment de restreindre notre sexualité polymorphe innée ».

Cette contrainte est vécue comme un traumatisme et laisse des cicatrices qui façonnent la suite de notre vie en tant qu'êtres sexuels. « Le traumatisme existe à différents niveaux », poursuit-elle. « Tout le monde n'a pas été abusé sexuellement, mais en tant qu'êtres humains, nous vivons tous un traumatisme de limites : Peu importe la bonté de nos parents, ils nous disent quoi faire, et cela semble toujours agressif du fait même qu'ils nous commandent. Mon fils a été en colère contre moi pendant des années parce que je lui ai dit qu'il devait aller à l'école hébraïque. Il avait l'impression que je lui avais causé un traumatisme, et ce pour quelque chose de simple, de positif. Je l'ai envoyé dans un bon endroit. Tous les parents sont des dictateurs, plus ou moins éclairés, qui règnent pendant une très longue période : 18 ans ».

Souvent, la façon dont la psyché fait face aux traumatismes inévitables de l'enfance, dit Knafo, est de retourner à l'endroit de la blessure pendant les relations sexuelles adultes : « Il est dangereux de retourner à l'endroit où s'est produit le traumatisme, nous pouvons être blessés à nouveau, mais si cela ne se produit pas, il peut y avoir un sentiment de réussite, de contrôle, et c'est excitant. Par exemple, un patient dont la famille se moquait de sa masculinité - ses sœurs aînées et sa mère l'habillaient avec des vêtements de fille et l'humiliaient. Quand il a grandi, il s'est travesti. Il ne veut pas être une femme, il s'habille seulement comme une femme, puis sort son pénis et dit : « Ha ! Je suis un homme, malgré ce que vous m'avez fait ». Et cette excitation le fait jouir ».

« Le désir humain est agité, et les gens sont en permanence à la recherche de sensations fortes », note-t-elle, « y compris des sensations interdites et des expériences qui reconstruisent inconsciemment des blessures, des humiliations et des événements déstabilisants de l'enfance restés sans traitement ». L'une des perversions les plus répandues est celle des hommes qui enfilent une couche pour bébé et se font humilier par une dominatrice. Ils rejouent quelque chose qui leur est arrivé, mais se sentent désormais maîtres de la situation et en tirent même du plaisir ».

 

Attendez, est-ce que c'est répandu ?

« Très ! »

Je ne vous suis pas.

« Le psychanalyste britannique Brett Kahr a analysé les fantasmes sexuels de 23 000 hommes et femmes de tous âges. Il a constaté que beaucoup d'entre eux contiennent des images fortes de sadisme, de masochisme et d'autres formes de mal. Si nous devions réaliser nos fantasmes, bon nombre d'entre nous finiraient en prison, a-t-il écrit. Les perversions proviennent de lieux de conflits, d'abus, de traumatismes. Les gens prennent quelque chose de très dur et essaient inconsciemment d'en faire quelque chose ».