المقالات بلغتها الأصلية Originaux Originals Originales

Affichage des articles dont le libellé est Football. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Football. Afficher tous les articles

11/10/2025

Plus de 30 experts en droits humains exigent que l’UEFA expulse les équipes de football israéliennes

Prem Thakker, Zeteo3/10/2025
Traduit par Tlaxcala

L’instance dirigeante du football européen aurait suspendu un vote sur l’exclusion d’Israël après la publication par Donald Trump de son « plan de paix » en 20 points pour Gaza.


Des supporters du Celtic déploient une banderole anti-israélienne dans les tribunes lors du match de Ligue Europa de l’UEFA au Celtic Park, à Glasgow.
Photo : Andrew Milligan / PA Images via Getty Images

Plus de trente experts internationaux des droits humains ont adressé jeudi une lettre au président de l’Union des associations européennes de football (UEFA), demandant à la ligue d’expulser les équipes israéliennes de toutes les compétitions tant que la justice et la responsabilité ne seront pas rétablies pour le peuple palestinien.

« L’UEFA ne doit pas se rendre complice du blanchiment par le sport de violations aussi flagrantes du droit international, y compris – mais pas seulement – de l’acte de génocide »,
écrivent les signataires de la lettre, transmise en exclusivité à Zeteo.

La lettre est signée par des juristes, des universitaires et d’anciens responsables des Nations unies, parmi lesquels :

  • Richard Falk, ancien rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés ;
  • John Dugard, également ancien rapporteur spécial de l’ONU sur la Palestine et ex-membre de la Commission du droit international ;
  • Elisa von Joeden-Forgey, directrice exécutive de l’Institut Lemkin pour la prévention du génocide.

Cette initiative s’ajoute à une autre lettre adressée la veille par Amnesty International à la FIFA et à l’UEFA, réclamant la suspension de la Fédération israélienne de football.

Le « plan de paix » de Trump

Selon plusieurs sources, l’UEFA aurait suspendu un vote sur la question après que Donald Trump, aux côtés du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, a annoncé un plan de paix en 20 points censé mettre fin à la guerre – un plan élaboré sans aucune consultation palestinienne.

Les USA, qui coorganiseront la Coupe du monde l’an prochain, ont déjà déclaré qu’ils s’opposeraient fermement à toute tentative d’exclure Israël du tournoi mondial.

Mais, selon les experts en droits humains, interdire Israël reste impératif, car le plan de Trump, loin de favoriser la paix, mine le droit international, la souveraineté palestinienne et le principe d’autodétermination.

Ils soulignent que le plan « n’impose aucune obligation » à Israël en tant que puissance occupante à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Pressions et menaces politiques


Des militantes propalestiniennes ont manifesté devant le stade de Wembley à Londres, le 2 octobre 2025, appelant l’UEFA et la FIFA à bannir Israël.
Photo : Mark Kerrison / In Pictures via Getty Images.

L’un des signataires, Craig Mokhiber, ancien directeur du bureau new-yorkais du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, a déclaré à Zeteo que le groupe sait qu’un large soutien existe au sein de l’UEFA pour la suspension d’Israël, mais redoute que le plan de Trump serve de prétexte pour bloquer le processus.

« Tout cela est emballé dans la menace de Donald Trump, qui a dit : “soit vous acceptez ce plan, soit nous laisserons Israël poursuivre et achever son génocide à Gaza”. Ce n’est pas une négociation, c’est de la diplomatie à coups de canon. »

Mokhiber a ajouté :

« Nous devons veiller à ce que cette menace ne serve pas d’excuse pour ne pas faire ce qui est moralement – et peut-être juridiquement – obligatoire. »

La campagne #GameOverIsrael

La lettre a été organisée par la campagne #GameOverIsrael, qui appelle les fédérations de football à boycotter les équipes israéliennes nationales et de clubs, afin de pousser la FIFA et l’UEFA à suspendre Israël, comme cela avait été fait avec la Russie après l’invasion de l’Ukraine.

L’UEFA n’a pas répondu à la demande de commentaire.
Le vice-président de la FIFA, Victor Montagliani, a déclaré précédemment que la décision de suspendre Israël relevait avant tout de l’UEFA.

Appels croissants à la suspension d’Israël

Cette lettre s’inscrit dans une vague d’appels internationaux en faveur de l’exclusion d’Israël des compétitions sportives :

  • La Turquie est devenue en septembre le premier membre de l’UEFA à réclamer publiquement cette suspension.
  • Le Premier ministre espagnol a également demandé que les clubs israéliens soient bannis des compétitions internationales.
  • Des fédérations en Irlande et en Italie ont à leur tour exigé de la FIFA et de l’UEFA qu’elles prennent des mesures similaires.

Selon des rapports, les forces israéliennes ont tué plus de 66 000 personnes en deux ans, dont environ 800 athlètes à Gaza – parmi eux plus de 400 footballeurs.
La majorité des infrastructures sportives, y compris les stades, clubs et gymnases, ont été détruites ou gravement endommagées.


Lettre intégrale adressée à l’UEFA

Monsieur le Président Čeferin,

Nous, les soussignés, vous écrivons pour exhorter l’Union des associations européennes de football (UEFA), son comité exécutif et tous ses membres à honorer leurs obligations légales et morales en vertu du droit international, et à prononcer sans délai une interdiction totale du football israélien, incluant les équipes nationales, les clubs et les joueurs, jusqu’à ce que justice et responsabilité soient rendues à la Palestine et à l’ensemble du peuple palestinien.

Nous rejoignons les experts des Nations unies pour rappeler à l’UEFA qu’elle est liée par le droit international des droits de l’homme, conformément aux Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme.

Une interdiction est nécessaire en réponse au rapport de la Commission d’enquête indépendante des Nations unies, publié le 16 septembre 2025, qui fournit des preuves irréfutables que les autorités israéliennes ont commis des crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, en violation des normes impératives du droit international.

Depuis le 7 octobre 2023, les forces d’occupation israéliennes ont tué au moins 421 footballeurs palestiniens, tout en détruisant systématiquement les infrastructures sportives de Gaza, notamment les stades et le siège de la Fédération palestinienne de football.
Ces actes ont anéanti toute une génération d’athlètes, sapant le tissu même du sport palestinien.

L’inaction de la Fédération israélienne de football (IFA) face à ces violations l’implique directement dans ce système d’oppression, rendant sa participation aux compétitions de l’UEFA intenable.

Bannir l’IFA serait conforme aux précédents établis par l’UEFA à l’encontre de nations responsables de violations graves, garantissant ainsi l’intégrité du sport international.

L’UEFA ne doit pas être complice d’un blanchiment sportif de telles atteintes au droit international.
Les conclusions de la Commission d’enquête des Nations unies, ainsi que l’avis consultatif de la Cour internationale de justice du 19 juillet 2024, déclarant l’occupation israélienne depuis 1967 illégale, démontrent le caractère systématique des violations commises par Israël.

Les obligations de l’UEFA demeurent, malgré l’annonce récente du plan en 20 points de Donald J. Trump pour Gaza, lequel, sous couvert de paix, sape le droit international et la souveraineté palestinienne.
Ce plan n’impose aucune obligation à Israël, ne reconnaît aucune responsabilité juridique pour les crimes commis à Gaza et n’exige aucune réparation pour les Palestiniens.
La paix ne peut être atteinte sans justice ni reddition de comptes.

Une interdiction de l’IFA par l’UEFA est donc urgente et nécessaire, afin d’assurer la conformité au droit international.
En continuant d’accueillir les équipes israéliennes, l’UEFA risque de se rendre complice de la normalisation des crimes de guerre.

Nous vous exhortons à préserver l’intégrité du sport et à suspendre immédiatement l’IFA et toutes ses équipes affiliées jusqu’à ce qu’Israël mette fin au génocide et à l’occupation illégale, et respecte pleinement ses obligations internationales.

Que le football défende la justice, pas l’impunité.
L’UEFA peut agir dès maintenant en imposant une interdiction sportive à l’encontre des équipes, clubs et joueurs israéliens.

Sincèrement,

Signataires

  • Prof. William Schabas, professeur de droit international, Middlesex University, Londres, Royaume-Uni.
  • Prof. John Dugard, avocat à la Haute Cour d’Afrique du Sud, professeur émérite de droit international, universités de Leiden et du Witwatersrand ; ancien membre de la Commission du droit international ; ancien rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés (2001–2008).
  • Prof. Richard Falk, professeur émérite de droit international à Princeton ; ancien rapporteur spécial de l’ONU (2008–2014).
  • Prof. Michael Lynk, professeur émérite de droit, Western University, Canada ; ancien rapporteur spécial de l’ONU (2016–2022).
  • Prof. Guy Goodwin-Gill, professeur émérite de droit international des réfugiés, All Souls College, Oxford, Royaume-Uni.
  • Prof. Alex Neve, professeur invité, Universités d’Ottawa et Dalhousie, Canada.
  • Craig Mokhiber, ancien directeur du bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
  • Daniel Machover, avocat, cofondateur de Lawyers for Palestine.
  • Prof. Susan M. Akram, professeure à la Boston University School of Law, États-Unis.
  • Prof. Ardi Imseis, professeur associé de droit international, Queen’s University, Canada ; membre de la Commission d’enquête de l’ONU sur le Yémen.
  • Prof. Lynn Welchman, School of Oriental and African Studies, University of London ; commissaire à la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie.
  • Prof. Audrey Macklin, University of Toronto, Canada.
  • Prof. Mohammad Fadel, University of Toronto, Canada.
  • Prof. Ilias Bantekas, Hamad Bin Khalifa University, Doha, Qatar.
  • Prof. Andrew Dahdal, Qatar University.
  • Dr. Elobaid Ahmed Elobaid, expert en justice et droits humains, Georgetown University ; ancien fonctionnaire de l’ONU.
  • Dr. Lex Takkenberg, juriste international, ancien haut responsable de l’UNRWA.
  • Diana Buttu, avocate, Palestine.
  • Dr. Elisa von Joeden-Forgey, directrice exécutive, Lemkin Institute for Genocide Prevention.
  • Dr. Mandy Turner, chercheuse principale, Security in Context, Queen Mary University of London.
  • Dr. Trita Parsi, vice-président exécutif, Quincy Institute, États-Unis.
  • Dr. Nimer Sultany, maître de conférences en droit public, SOAS, Londres.
  • Dr. Mazen Masri, maître de conférences en droit, City University of London.
  • Prof. Craig Martin Scott, Osgoode Hall Law School, York University, Canada.
  • Prof. Hengameh Saberi, Osgoode Hall Law School, York University, Canada.
  • Prof. Faisal Bhabha, directeur du programme intensif sur la lutte contre la discrimination, York University, Canada.
  • Prof. Faisal Kutty, professeur émérite de droit, Valparaiso University ; membre affilié, Rutgers University.
  • Prof. Jillian Rogin, University of Windsor, Canada.
  • Prof. Nicola Pratt, University of Warwick, Royaume-Uni.
  • Dr. Emilio Dabed, directeur de la gouvernance, Legal Center for Palestine, Toronto, Canada.
  • Dr. Lena El-Malak, avocate indépendante, Londres, Royaume-Uni.

03/10/2022

SERGIO FERRARI
Le Qatar hors jeu : la Coupe du monde crée la polémique

Sergio Ferrari, 1/10/2022
Traduit par
Tlaxcala

Les tirs au but ne sont pas toujours plus éloquents que des mots
Les footballeurs défendent leurs droits syndicaux

Le coup d'envoi d'une nouvelle Coupe du monde approche. Avec le Qatar en ligne de mire, la pression sur la “planète football”, tant sur le terrain qu'en dehors, ne cesse de croître. La passion des foules est désormais honorée par un accord syndical mondial. Pendant ce temps, la société civile internationale exige que l'on se souvienne du non-respect des droits humains pendant la période précédant la Coupe du monde et qu'on le répare.



Travail insalubre : les droits de l'homme et du travail sont violés au Qatar. Photo Amnesty International

La dernière semaine de septembre, le Forum mondial des ligues (WLF), qui représente 44 institutions nationales de football professionnel regroupant quelque 1 100 clubs, et la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (FIFPRO), qui regroupe 66 syndicats avec 60 000 joueurs, ont signé à Genève, en Suisse, le premier Accord Mondial du Travail (AMT). Celui-ci reconnaît l’importance du dialogue social pour améliorer les droits des footballeur·ses professionnel·les.

Comme le rapporte le site ouèbe de la FIFPRO, cet accord “révolutionnaire” permettra aux ligues et syndicats d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie, d’Europe et d’Océanie d’aborder des questions internationales critiques qui affectent directement les relations de travail entre les clubs et leurs joueur·ses.

La FIFPRO et le WLF collaboreront également pour développer et promouvoir la négociation collective en prenant une plus grande responsabilité dans le processus de professionnalisation du sport au niveau national.

Comme prochaines étapes, les deux partenaires désigneront leurs représentants pour intégrer le Conseil exécutif qui gérera l’application de l’accord. Le Conseil se réunira avant la fin de 2022 pour discuter, entre autres, des priorités en matière d’emploi, du calendrier des matches et des compétitions et de la charge de travail des joueurs.

Les futures négociations porteront sur des questions telles que les normes du travail, la gestion des commotions cérébrales et les mesures de lutte contre la discrimination et le racisme sur et en dehors du terrain, ainsi que leurs expressions sur les réseaux sociaux.



Des maillots de football portant les noms de quelques-uns des milliers de travailleurs migrants tués sur les chantiers de la Coupe du monde au Qatar.

Guy Ryder, directeur de l’Organisation internationale du travail (OIT), a célébré ce nouvel accord international, qui représente “un pas en avant dans les relations de travail des footballeurs”. Et il a souligné que le football peut inspirer et unir des personnes de toutes nationalités et de tous horizons, quels que soient leur genre et leur origine ethnique.

L’Accord mondial du travail est conforme aux principes et droits fondamentaux au travail établis par l’OIT dans la Déclaration des principes et droits fondamentaux de 1998. Il reprend les points de consensus du Forum de dialogue mondial sur le travail décent dans le monde du sport (2020) et inclut une référence spécifique à la convention sur la liberté syndicale et la protection du droit d’organisation de 1948 et de négociation collective de 1949 .

L’accord offrira une plateforme pour discuter des normes de protection de la santé et de la sécurité des athlètes, ainsi que de l’engagement nécessaire pour améliorer la représentation et la participation des ligues nationales, des clubs qui les composent et des syndicats du secteur. En outre, il s’engage à promouvoir une plus grande représentation et reconnaissance du football féminin.



Photo de groupe des signataires de l'Accord mondial du travail qui régira les relations sociales dans le monde du football

Les droits humains en question

Alors que l’Accord mondial du travail ouvre une fenêtre d’espoir pour les sportifs, la société civile internationale intensifie les critiques à l’encontre du Qatar.

En septembre, des porte-parole reconnus d’organisations non gouvernementales (ONG) ont continué d’exiger une indemnisation de la part de la Fédération internationale de football (FIFA) pour les travailleurs migrants dont les droits humains ont été violés lors des préparatifs de la Coupe du monde 2022.

Déjà en mai 2021, le journal britannique The Guardian évaluait à 6 500 le nombre de travailleurs décédés lors de la construction des stades, dont la grande majorité étaient des immigrants d’Inde, du Bangladesh, du Népal, du Sri Lanka et du Pakistan. Ces informations étaient principalement basées sur les données fournies par ces pays.