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05/12/2025

La muerte del jefe de la milicia anti-Hamás Abu Shabab subraya que Israel no podrá dictar el próximo liderazgo de Gaza

Jack Khoury, Haaretz, 4-12-2025
Traducido por Tlaxcala

Abu Shabab era exactamente el tipo de figura que a Israel le gusta presentar como socio, pero la compleja realidad de Gaza lo mostró tal como era, incluso dentro del área limitada en la que operaba. Desesperado por encontrar un «administrador» para la Franja, Israel volvió a ignorar la necesidad palestina de un liderazgo auténtico.


Yaser Abu Shabab, el jefe de la violenta banda de Gaza respaldada por Israel

El anuncio del jueves sobre la muerte de Yaser Abu Shabab no fue simplemente un incidente de seguridad local en la Franja de Gaza. Reveló una vez más el enorme abismo entre la historia que Israel se cuenta y la compleja realidad gazatí.

El estamento de defensa y los medios presentaron a Abu Shabab como una «alternativa a Hamás», alguien que podría ayudar a gobernar Gaza después de la guerra. Pero resultó ser una figura controvertida incluso en la zona limitada donde actuaba. Debido a la multiplicidad de grupos armados, tribus, alianzas y cuentas pendientes en la región, estaba rodeado de enemigos.

Su muerte no sorprendió a casi nadie en Gaza. Muchos querían verlo desaparecer. Entre ellos, lo que queda de la dirigencia de Hamás, que lo veía como una amenaza –o al menos como una molestia– para su gobierno; rivales armados que compartían con él territorio e influencia; miembros de clanes perjudicados por él y su familia; y personas de su propia tribu que llevaban años avergonzándose de sus actos.

Las declaraciones que inundaron las redes sociales inmediatamente después del anuncio de su muerte mostraron hasta qué punto era un hombre buscado. Todos adoptaron rápidamente un relato, atribuyeron culpas o intentaron limpiar su nombre. Pero la conclusión era clara: no existe fuerza capaz de proteger a quienes colaboran con Israel.

Incluso su propia tribu, los Tarabín, se apresuró a repudiarlo tras su muerte. En un comunicado lo calificó de «episodio oscuro», añadiendo que su muerte «cerró un capítulo vergonzoso». También prometió no permitir que ningún otro miembro de la tribu participara en milicias «que sirven a la ocupación».

No se trataba sólo de marcar distancia. Era una declaración sociopolítica destinada a transmitir a todos los gazatíes un mensaje claro: «Este hombre no era de los nuestros, así que no ajustéis cuentas con nosotros».

La causa directa de su muerte, según diversos informes, fue un enfrentamiento entre Abu Shabab y miembros de la familia Abu Snima, conocida por su actividad criminal. Se produjo un tiroteo después de que Abu Shabab se negara arrogantemente a liberar a un miembro de la familia que había arrestado. Esto encendió un ajuste de cuentas más amplio en la zona. La imagen que se desprende es que Abu Shabab no construyó un liderazgo, sino meras luchas de poder.

Aquí es donde entra Israel. Durante años, el estamento israelí –los medios, la defensa y el mundo político– ha intentado «crear socios», es decir, palestinos locales que parecieran lo suficientemente poderosos y dominantes, pero que también estuvieran dispuestos a decir lo que los israelíes quieren oír. Así surgieron «estrellas» momentáneas, como Abu Shabab en el sur de Gaza.

Abu Shabab era exactamente el tipo de persona que Israel quiere como socio. Estaba armado pero dispuesto a cooperar; se oponía a Hamás pero no estaba afiliado a la Autoridad Palestina; y parecía alguien capaz de mantener «la calle» bajo control.

Pero en realidad era un criminal cuyo poder existía únicamente en las zonas donde Israel mantenía control físico. Más allá de los límites de la influencia israelí, no tenía poder, ni legitimidad, ni compradores para su oferta.


Yaser Abu Shabab (segundo por la izquierda)

Este tipo de figura no es nueva. Que se lo pregunten a los miembros del Ejército del Sur del Líbano, que dependieron de Israel durante dos décadas hasta que Israel les retiró el apoyo de la noche a la mañana con su retirada unilateral del Líbano.

Quien recibe poder desde el exterior sin una base de apoyo interno vive con tiempo prestado. Sin embargo, Israel volvió a construir una ilusión alrededor de alguien por su propia necesidad de encontrar a una persona que considerara apta para dirigir Gaza, en lugar de responder a la necesidad palestina de un liderazgo genuino.

La muerte de Abu Shabab ofrece una lección importante: el liderazgo no puede crecer a partir de dictados israelíes. Abu Shabab parecía un hombre fuerte, pero en realidad era un eslabón débil, dependiente de las armas, del caos y del doble juego de los actores locales y de Israel.

Pero Gaza no es un lugar donde se pueda imponer un líder desde arriba y esperar que la base lo acepte. La historia del territorio es más fuerte que cualquier intento de ingeniería.

La mort du chef de la milice anti-Hamas Abou Shabab souligne que la prochaine direction de Gaza ne sera pas dictée par Israël

Jack Khoury, Haaretz, 4/12/2025
Traduit par Tlaxcala

Abou Shabab était précisément le type de figure qu’Israël aime présenter comme un partenaire, mais la réalité complexe de Gaza l’a montré pour ce qu’il était – même dans la zone limitée où il opérait. Désespéré de trouver un « administrateur » pour la bande de Gaza, Israël a une fois de plus ignoré le besoin palestinien de trouver un véritable leadership.


Yasser Abou Shabab, le chef du gang violent de Gaza soutenu par Israël

L’annonce jeudi de la mort de Yasser Abou Shabab n’a pas été seulement un incident sécuritaire local dans la bande de Gaza. Elle a également révélé, une fois encore, l’énorme fossé entre l’histoire qu’Israël se raconte et la réalité complexe de Gaza.

L’establishment de la défense et les médias ont présenté Abou Shabab comme une « alternative au Hamas », quelqu’un qui pourrait aider à gouverner Gaza après la guerre. Mais il s’est avéré être une figure controversée même dans la zone limitée où il opérait. En raison de la multiplicité des groupes armés, des tribus, des alliances et des comptes non réglés dans la région, il était entouré d’ennemis.

Sa mort n’a surpris presque personne à Gaza. Beaucoup voulaient le voir disparaître. Parmi eux figuraient ce qui reste de la direction du Hamas, qui le considérait comme une menace – ou du moins comme une nuisance – pour son pouvoir ; des rivaux armés qui partageaient avec lui territoire et influence ; des membres de clans lésés par lui et sa famille ; et des gens au sein même de sa tribu, embarrassés depuis des années par ses actions.

Les déclarations qui ont envahi les réseaux sociaux immédiatement après l’annonce de sa mort ont montré à quel point il était un homme recherché. Chacun a rapidement adopté un récit, attribué des responsabilités ou tenté de blanchir son nom. Mais la conclusion était claire : il n’existe aucune force suffisamment puissante pour protéger les personnes qui collaborent avec Israël.

Même sa propre tribu, les Tarabin, s’est empressée de le renier après sa mort. Dans un communiqué, elle l’a qualifié « d’épisode sombre », ajoutant que sa mort « avait refermé un chapitre honteux ». Elle a aussi promis de ne permettre à aucun autre membre de la tribu de participer à des milices « servant l’occupation ».

Il ne s’agissait pas seulement de se désolidariser de lui. C’était une déclaration d’intention sociopolitique destinée à envoyer un message à tous les Gazaouis : « Cet homme ne faisait pas partie de nous, ne réglez donc pas vos comptes avec nous. »

La cause directe de sa mort, selon divers rapports, a été un affrontement entre Abou Shabab et des membres de la famille Abou Snima, connue pour ses activités criminelles. Une fusillade a éclaté après qu’Abou Shabab eut refusé avec arrogance de libérer un membre de cette famille qu’il avait arrêté. Cela a servi d’étincelle à un règlement de comptes plus large dans la zone. Il en ressort qu’Abou Shabab n’a pas construit un leadership, mais seulement des luttes de pouvoir.

C’est là qu’Israël est entré en scène. Pendant des années, l’establishment israélien – les médias, la défense et le monde politique – a tenté de « créer des partenaires », c’est-à-dire des Palestiniens locaux qui semblaient suffisamment puissants et dominants, mais aussi disposés à dire ce que les Israéliens aiment entendre. Ainsi ont émergé des « étoiles » éphémères, comme Abou Shabab dans le sud de Gaza.

Abou Shabab était exactement le type de personne qu’Israël aime avoir comme partenaire. Il était armé mais prêt à coopérer ; il s’opposait au Hamas mais n’était pas affilié à l’Autorité palestinienne ; et il donnait l’impression de pouvoir maintenir « la rue » sous contrôle.

Mais en réalité, c’était un criminel dont le pouvoir n’existait que dans les zones où Israël demeurait physiquement présent. Au-delà des limites de l’influence israélienne, il n’avait ni pouvoir, ni légitimité, ni preneur pour ses marchandises.

Yasser Abou Shabab (deuxième à partir de la gauche)

Ce type de personnage n’a rien de nouveau. Il suffit de demander aux membres de l’Armée du Liban-Sud, qui ont compté sur Israël pendant deux décennies jusqu’à ce qu’Israël leur retire le tapis sous les pieds du jour au lendemain, par son retrait unilatéral du Liban.

Quiconque reçoit un pouvoir de l’extérieur sans base de soutien interne vit à crédit. Pourtant Israël, une fois encore, a construit une illusion autour de quelqu’un par nécessité de trouver une personne jugée apte à diriger Gaza, plutôt que par rapport aux besoins palestiniens de disposer d’un véritable leadership.

La mort d’Abou Shabab offre une leçon importante : le leadership ne peut pas émerger de diktats israéliens. Abou Shabab semblait un homme fort ; en réalité, il était un maillon faible, dépendant des armes, du chaos et du double jeu pratiqué à la fois par les acteurs locaux et par Israël.

Mais Gaza n’est pas un endroit où l’on peut imposer un dirigeant d’en haut en espérant que la base l’acceptera. L’histoire du territoire est plus forte que toute tentative d’ingénierie.

20/02/2025

JACK KHOURY
Mahmoud Abbas limoge le haut responsable de l’Autorité palestinienne qui s’est opposé à la réduction des paiements aux familles des Palestiniens emprisonnés par Israël

Qaddura Fares s’est opposé à l’ordre donné la semaine dernière par le président palestinien de modifier la manière dont sont calculés les paiements aux familles de Palestiniens emprisonnés en Israël pour des infractions liées au “terrorisme”.

 Jack Khoury, Haaretz, 19/2/2025
Traduit par Fausto GiudiceTlaxcala

Le président palestinien Mahmoud Abbas a limogé le chef de sa Commission des affaires des détenus et des anciens détenus parce qu’il s’était opposé à un décret limitant les paiements reçus par les familles des Palestiniens emprisonnés en Israël.

Kamal Sharaf

En vertu du décret présidentiel qu’Abbas a publié la semaine dernière, les critères de paiement aux Palestiniens emprisonnés en Israël pour des infractions “terroristes” vont changer. Auparavant, le montant des allocations versées aux familles des prisonniers était fonction de la durée de leur peine, les paiements les plus élevés étant versés aux familles de ceux qui purgeaient les peines les plus longues. Désormais, les paiements seront basés sur la situation socio-économique des familles.


Mais Qaddura Fares, le chef de la commission et un responsable de longue date du parti Fatah d’Abbas, a fustigé le décret.

« Il n’est pas logique que les droits des prisonniers et des martyrs soient soumis à de nouveaux critères administratifs ou financiers qui ignorent l’aspect national de cette question », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse qu’il a convoquée la semaine dernière. Il a ajouté que le décret pourrait nuire à de larges pans de la société palestinienne et a exhorté Abbas à revoir sa décision en consultation avec les institutions nationales palestiniennes.

D’autres membres du Fatah ont exprimé des critiques similaires à l’égard du nouveau décret.

30/05/2024

Grandes manœuvres, petits arrangements et conciliabules pour préparer la “succession” de Mahmoud Abbas, “après la guerre”

Les Palestiniens ont besoin d’un leader populaire capable de faire avancer les choses. Être originaire de Gaza serait un plus

Jack Khoury, Haaretz, 25/12/2023
Traduit
par Fausto Giudice, Tlaxcala

L’opinion publique palestinienne n’a pas de figure, autre que Marwan Barghouti, emprisonné, qui puisse prendre les rênes en Cisjordanie et à Gaza dès la fin de la guerre et jouir de la légitimité à la fois du Fatah et du Hamas.

"Nous nous rencontrerons bientôt" : fresque murale dédiée à Marwan Barghouti dans le camp de réfugiés de Jabalya, à Gaza, en avril. Photo Majdi Fathi via Reuters Connect

La conversation sur la revitalisation de l’Autorité palestinienne par des réformes internes et des changements de dirigeants après la guerre n’a pas épargné la Cisjordanie. Ramallah est au courant des discussions et de la nécessité d’un changement, mais contrairement aux précédents cycles de combats entre Israël et Gaza, il n’y a personne pour parler en leur nom, ni pour proclamer des slogans sur un nouvel horizon.

Les enfants de la bande de Gaza sont les “stars” actuelles de la politique palestinienne. L’attention du public se concentre sur eux et sur la situation humanitaire catastrophique de Gaza.

L’Autorité palestinienne n’a pas de réponse claire à la question de l’après-guerre à Gaza, ce qui laisse présager toute une série de scénarios possibles, allant d’un chaos total à la somalienne à la création d’un forum international chargé d’œuvrer à une solution diplomatique et à des élections qui donneraient un coup de pouce à une nouvelle équipe dirigeante palestinienne.

Des sources proches du président palestinien Mahmoud Abbas ont déclaré à plusieurs reprises que des élections libres dans tous les territoires de l’Autorité palestinienne - y compris Jérusalem-Est et la bande de Gaza - étaient le seul moyen d’obtenir la légitimité. Cependant, il est clair pour tous que la tenue d’élections, qui aurait été compliquée même avant le 7 octobre, n’est pas envisageable à court terme, et que la réalité imposera une sorte de mesure provisoire pour préparer l’étape suivante. La condition est que les USA et Israël acceptent de coopérer et de présenter une vision claire de la paix.

Un processus intérimaire inclurait probablement des changements dans la gestion de l’Autorité palestinienne et de l’Organisation de libération de la Palestine (l’organisation faîtière qui la supervise). Mais le réseau d’intérêts est complexe. Le débat sur la prochaine étape commence par la question de savoir quel gouvernement Israël aura après la guerre.

Il se poursuit avec les plans régionaux usaméricains, puis avec la Russie et la Chine. L’Égypte et la Jordanie font également partie de ce réseau, en raison de leur intérêt pour la stabilisation de la région, tandis que les États du Golfe participent à la mêlée grâce à leur énorme influence financière.

En ce qui concerne la politique palestinienne interne, il n’y a pas de consensus sur la personne qui pourrait immédiatement et naturellement prendre les rênes en Cisjordanie et à Gaza avec une large légitimité. La seule personnalité qui pourrait obtenir le soutien de toutes les factions est Marwan Barghouti, qui est emprisonné en Israël.

Dans toutes les enquêtes menées au cours de la dernière décennie, Barghouti a reçu le plus grand soutien en tant que leader, y compris dans une enquête publiée la semaine dernière par le Centre palestinien de recherche sur les politiques et les sondages, Barghouti - obtenant une moyenne de 55 %, en tenant compte des données de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Toutefois, il est peu probable qu’il puisse être libéré (ou peut-être dans le cadre d’un accord pour la libération des otages restés à Gaza), et qu’il soit préparé à occuper un poste de direction.

 

Le président palestinien Mahmoud Abbas, le mois dernier. Photo  Pool/Reuters

Les proches d’Abbas espèrent que l’Autorité palestinienne, sous sa direction, pourra gérer la tâche gigantesque de la reconstruction de la bande de Gaza après la guerre. Ils conditionnent toutefois cette possibilité à des garanties internationales - principalement de la part des USA et des États arabes - selon lesquelles un cadre clair pour la création d’un État palestinien accompagnera ce mouvement.

« Il y a un grand point d’interrogation concernant Israël et les USA », déclare un haut responsable du Fatah. « Veulent-ils vraiment stabiliser Gaza, la rendre à l’Autorité palestinienne d’une manière ou d’une autre, puis lancer un processus diplomatique et entamer des négociations ? Ou bien ont-ils intérêt à maintenir la séparation entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, puis à plonger Gaza dans le chaos le plus total et à provoquer l’effondrement de l’Autorité palestinienne ? Quels que soient les espoirs des Palestiniens, sans implication internationale et arabe, les choses ne progresseront pas ».

Ne pas aller n’importe où

À 88 ans, Mahmoud Abbas est toujours considéré comme l’homme fort de la Cisjordanie et ne montre aucun signe de départ de la scène politique - en tout cas pas tant que sa santé le permet et que des élections ne se profilent pas à l’horizon. Mais dans le même temps, les critiques croissantes de la situation de l’AP, le manque de légitimité publique d’Abbas et le discours international sur la nécessité d’un changement alimentent les rumeurs sur les candidats à la direction palestinienne de l’après-guerre.

Il y a deux noms importants dans le cercle d’Abbas. Le premier est le secrétaire général du comité exécutif de l’OLP, Hussein al-Sheikh, qui assure la liaison directe avec Israël et l’administration usaméricaine et qui assiste à toutes les réunions diplomatiques importantes. L’autre est Majed Faraj, chef du service des renseignements généraux.

Toutefois, il est peu probable que l’un ou l’autre puisse prendre le contrôle de Gaza sans l’implication du Hamas. Le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh est une autre figure familière à tous les acteurs de l’arène, mais il a fait l’objet de critiques de la part des Palestiniens. Il était question de le remplacer avant la guerre.

Des enfants cherchent leurs affaires dans un bâtiment de Rafah, à Gaza, après une frappe aérienne israélienne, dimanche. Photo Said Khatib/AFP

 

Un candidat potentiel pour remplacer Shtayyeh est Mohamed Mustafa, qui gère l’appareil financier de l’AP et est un proche associé d’Abbas. Il est considéré comme un personnage quelque peu ennuyeux, mais capable de diriger le gouvernement. Il est cependant peu probable que les factions de Gaza soient prêtes à coopérer avec lui.

Un autre candidat est Ziad Abu Amr, l’actuel vice-premier ministre, qui est également proche d’Abbas. Contrairement à Mustafa, Abu Omar est originaire de Gaza et a été ministre des Affaires étrangères en 2007 pendant le gouvernement d’unité. Comme Mustafa, cependant, il ne jouit pas d’une base populaire qui lui permettrait de prendre des décisions importantes.

Un autre nom est apparu récemment, celui de Husam Zomlot, ambassadeur palestinien à Londres et ancien chef de la mission de l’OLP aux USA. Zomlot, issu d’une famille de Gaza, parle couramment l’anglais et a joué un rôle important dans les efforts de diplomatie publique palestinienne dans les médias usaméricains et britanniques pendant la guerre.

Si, à 50 ans, il fait partie de la jeune génération de fonctionnaires, il est plus connu en tant qu’universitaire et diplomate que dans un contexte populaire. Il n’a pas non plus occupé de poste administratif, de sorte qu’Abbas est plus susceptible d’envisager de le ramener à Ramallah en tant que ministre des Affaires étrangères plutôt que comme premier ministre.

 

Hussein al-Sheikh, qui assure la liaison entre les Palestiniens et les USA et Israël, ce mois-ci. Photo Ammar Awad/Reuters

Salam Fayyad, premier ministre de 2007 à 2013, est l’une des personnes qui a occupé un poste exécutif dans le passé et qui jouit de la confiance des USA, d’Israël et de la communauté internationale. Le principal inconvénient de Fayyad est - une fois de plus - l’absence d’une large base de soutien. Lors des élections au Conseil législatif palestinien en 2006, son parti, la Troisième Voie, n’a remporté que deux sièges. Tant Ramallah que Gaza pensent que Fayyad peut être une solution provisoire, en particulier si la communauté internationale et les pays arabes font pression pour le nommer, mais ils estiment que le fait qu’il ne soit pas originaire de Gaza est un inconvénient évident.

Azzam Al-Shawwa, ancien ministre de l’énergie qui a occupé des postes clés dans des institutions économiques et financières (y compris dans le secteur privé), est issu d’une famille bien connue et bien établie dans la bande de Gaza, ce qui pourrait l’aider à obtenir le soutien du Hamas et du Djihad islamique.

Un autre nom notable mentionné comme candidat potentiel à la direction de l’AP pendant une période de transition est celui de Mahmoud al-Aloul, chef adjoint du parti Fatah d’Abbas. Al-Aloul est un politicien chevronné et un membre de la génération fondatrice, mais ses perspectives dépendent principalement de la mesure dans laquelle le comité central du Fatah est prêt à prendre la décision spectaculaire d’écarter Abbas. En outre, comme d’autres, Al-Aloul ne dispose pas d’une base de soutien à Gaza, et sa capacité à y obtenir une légitimité est douteuse.

Bien entendu, Abbas a également des opposants politiques convaincus qui se considèrent comme des candidats. Mohamed Dahlan, qui a été exclu du Fatah et de l’Autorité palestinienne en 2010, est une figure incontournable dans le contexte de la lutte pour la succession, d’autant plus qu’il est né à Gaza, qu’il bénéficie d’un certain soutien dans les cercles de Gaza et de Cisjordanie et qu’il entretient des liens étroits avec les Émirats arabes unis.

Salam Fayyad , par John Springs (2010)

Pendant la guerre, les alliés de Dahlan ont insisté sur le fait qu’il avait contribué, entre autres, à l’établissement d’un hôpital de campagne émirati à Gaza. Dahlan a également des liens avec le Hamas (tant à Gaza qu’à l’étranger), les services de renseignement égyptiens, Israël et les USA. Une source proche de lui a déclaré à Haaretz qu’il pourrait être un acteur majeur dans la gestion de la bande de Gaza, mais qu’il ne pourrait pas en prendre la tête.

Une autre figure - qui est anathème pour Abbas, mais dont le nom est apparu dans les discussions sur la nouvelle direction palestinienne - est Nasser al-Kidwa. Le neveu de Yasser Arafat a occupé plusieurs postes officiels dans le passé, notamment celui d’ambassadeur palestinien auprès des Nations unies et de ministre des affaires étrangères, mais il admet lui-même qu’il ne pourra occuper aucune fonction exécutive tant qu’Abbas restera au pouvoir.

Le mois dernier, le Hamas a publié une photo d’une réunion conjointe d’al-Kidwa et de Samir Mashharawi, considéré comme le bras droit de Dahlan, avec Ismail Haniyeh, haut responsable du Hamas, et Khaled Meshal au Qatar. Les observateurs considèrent que cette réunion a été organisée en vue de « l’étape suivante ».

Les détracteurs d’Al-Kidwa, même au sein du Fatah, admettent qu’il a des liens internationaux étendus et une expérience diplomatique et politique. De plus, ils pensent que le fait qu’il soit issu d’une famille gazaouie l’aidera. Selon eux, une question plane sur al-Kidwa en ce qui concerne sa « maison » politique. Dans quelle mesure devra-t-il lutter pour obtenir l’accord du Fatah pour diriger l’AP ? Il semble qu’il puisse obtenir l’accord du Hamas et le soutien de Dahlan, mais il est beaucoup plus douteux qu’Abbas et la direction de l’AP acceptent cette idée, du moins dans l’immédiat.

 

Mohamed Dahlan,  contre lequel la Turquie a émis une “notice rouge”, le suspectant entre autres  d'avoir été impliqué dans le coup d'État raté de Gülen en 2016 et dans l'assassinat de Jamel Khashoggi en 2018, vu par le journal turc Daily Sabah

 

 

04/07/2023

JACK KHOURY
Les Israéliens vont retourner à la normale, mais l’opération contre Jénine ne fera que galvaniser une nouvelle génération de Palestiniens désespérés


Jack Khoury, Haaretz, 4/7/2023
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala

Israël peut réussir à ramener une sorte de calme limité en Cisjordanie, mais les images de Jénine seront un terrain plus fertile pour galvaniser une autre génération qui ne voit pas d’avenir

Un Palestinien regarde par la fenêtre alors que de la fumée s’échappe à la suite d’une attaque de drone israélien dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 3 juillet 2023.Photo : JAAFAR ASHTIYEH /AFP

Israël annoncera bientôt solennellement la fin de l’opération militaire à Jénine, qui a commencé tôt lundi. Le porte-parole des FDI, le premier ministre et le ministre de la défense expliqueront que les objectifs de la mission ont été atteints : des militants armés ont été frappés, des individus recherchés ont été arrêtés et des munitions ont été capturées et détruites. Tous ces résultats - qui n’ont fait aucune victime israélienne, à l’exception d’un soldat légèrement blessé - renforceront le sentiment de satisfaction en Israël.

Pour l’opinion publique israélienne, le nombre de Palestiniens tués (10) et blessés (100), ou les dégâts considérables causés aux infrastructures, ne peuvent obscurcir le sentiment de victoire. Chaque opération a un message, et cette fois-ci n’est pas différente. Chaque Palestinien est un danger potentiel pour la sécurité d’Israël et constitue donc une cible légitime. Aucune discussion sérieuse n’a lieu sur l’essence du conflit et ses implications.

Israël a travaillé pendant des semaines à la préparation de l’opération. Les gros titres des journaux annonçaient la nécessité d’une opération massive et de grande envergure, et la référence à Jénine en tant que “capitale du terrorisme palestinien” a été martelée dans la conscience publique.

Les arrestations fréquentes et les assassinats ciblés au cours des six derniers mois n’ont pas satisfait ceux qui réclamaient une opération plus vaste à la lumière des attentats terroristes perpétrés en Cisjordanie, y compris le plus récent à Eli. Et comme si cela ne suffisait pas, la tentative de lancer des roquettes depuis la Cisjordanie vers des localités de la vallée de Jezréel la semaine dernière a soufflé le vent dans les voiles de toute décision opérationnelle, de l’ancien député du Meretz Yair Golan au chef du conseil régional de Judée et de Samarie Yossi Dagan. Il ne restait plus qu’à fixer l’heure, ce qui a été fait lundi, après la fin de l’Aïd El Adha, la fête musulmane du sacrifice.

Les Israéliens reprendront le cours normal de leur vie dans quelques jours, et ils s’attendent à ce que les Palestiniens fassent de même : panser leurs plaies, enterrer leurs morts et passer à autre chose. Personne ne s’intéressera à l’avenir, ni ne pensera aux grandes lignes d’un accord, parce qu’Israël souhaite cimenter une réalité dans laquelle les Palestiniens s’habituent à vivre sous l’occupation et le contrôle israéliens, leurs affaires civiles étant gérées par une [In]Autorité palestinienne paralysée.

De temps en temps, il y a une opération militaire limitée, qui est accueillie par un silence tonitruant de la part de la communauté internationale, et en particulier de l’Oncle Sam. La question du contrôle des Palestiniens n’intéresse pas les décideurs. Pour eux, le peuple élu peut régner éternellement, les Palestiniens ne méritent pas d’avenir et la jeunesse palestinienne doit accepter la situation.

Il y a vingt ans, Israël s’est lancé dans une opération beaucoup plus vaste contre les militants de Jénine, alors soutenus par un leader comme Yasser Arafat, et bien mieux organisés et financés. Aujourd’hui, Israël combat ceux qui étaient alors des bébés et des enfants en bas âge, ou qui n’étaient pas encore nés. La génération née après les accords d’Oslo a grandi avec la dévastation de 2002, l’arrogance et le défi israéliens, l’indifférence internationale et la désintégration de l’unité nationale palestinienne. Une génération de jeunes en colère, frustrés et désespérés, qui n’ont d’autre but que de porter des armes et de tirer, a vu le jour. Pour l’opinion publique israélienne, une photo de victoire a peut-être été réalisée, mais chaque opération de ce type ouvre la voie à de nouvelles séries de combats et d’effusions de sang.

Israël parviendra peut-être à instaurer une sorte de calme limité, mais les images de Jénine seront un terreau plus fertile pour susciter une autre génération qui ne voit pas d’avenir. Pendant ce temps, Israël écrase l’[In]Autorité palestinienne, qui est censée être en charge de la région. Dans les conditions actuelles, cette opération n’est, elle aussi, qu’un maillon de plus dans la chaîne sanglante.

 

20/12/2022

  Les Palestiniens appellent à la grève générale après la mort du leader du Fatah Nasser Abou Humaid dans une prison israélienne

Jack Khoury et Josh Breiner, avec AP et DPA, Haaretz, 20/12/2022
Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala

Nasser Abou Humaid, l'un des fondateurs de la Brigade des martyrs d'Al-Aqsa du Fatah, est mort en prison d'un cancer du poumon alors qu'il purgeait sept peines de prison à vie pour des activités menées pendant la deuxième Intifada palestinienne L'administration des prisonniers palestiniens accuse l'administration pénitentiaire israélienne de négligence médicale.

Des personnes protestent à Gaza après la mort du militant palestinien Nasser Abou Humaid, mardi. Photo : MOHAMMED SALEM/ REUTERS

 Les factions palestiniennes ont appelé à une grève générale et ont exhorté les Palestiniens à affronter les troupes israéliennes, mardi, à la suite du décès du prisonnier de sécurité Nasser Abou Humaid, l'un des fondateurs des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa du Fatah. Abou Humaid, qui souffrait d'un cancer du poumon, avait été condamné à sept peines de prison à vie en 2002 pour son implication dans la mort de sept Israéliens lors de la deuxième Intifada palestinienne.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a appelé à une “journée de rage” après la mort d'Abou Humaid.

 L'administration des prisonniers palestiniens a publié un communiqué déplorant la mort d'Abou Humaid et accusant Israël de négligence médicale, tandis que les prisonniers de sécurité dans les prisons israéliennes ont également déclaré une grève de la faim. Les services pénitentiaires israéliens sont en état d'alerte élevé en prévision d'émeutes dans les prisons.

Nasser Abou Humaid
Photo : Club des prisonniers palestiniens

Nasser Abou Humaid, 51 ans, était atteint d'un cancer du poumon et a été transféré au centre médical Shamir lundi après que son état se fut détérioré. Plusieurs membres de sa famille lui rendaient visite alors que son état se détériorait, et lorsqu'il est décédé par la suite.

Après la mort d'Abou Humaid, le chef de l'administration des prisonniers palestiniens, Qadri Abou Bakr, a accusé Israël de « poursuivre ses crimes de négligence médicale à l'égard des prisonniers de sécurité palestiniens en violation de toutes les lois internationales ». Les services pénitentiaires israéliens ont répondu aux affirmations d'Abou Bakr, soulignant que « le prisonnier a été traité de manière consciencieuse et continue par le personnel médical des services pénitentiaires israéliens et par des professionnels de la santé extérieurs ».

Après la mort d'Abou Humaid, Hussein al-Sheikh - le secrétaire général du comité exécutif de l'OLP - a appelé Israël à libérer son corps. « Nous exigeons que les autorités d'occupation remettent le corps du martyr prisonnier », a tweeté al-Sheikh. Le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh a également publié une déclaration de deuil et a appelé la Croix-Rouge et les organisations internationales de défense des droits humains à collaborer avec le gouvernement israélien pour libérer les prisonniers de sécurité palestiniens malades.

Le groupe militant Hamas, qui dirige la bande de Gaza, a appelé à une « véritable escalade dans les prisons de l'occupation » en réponse à sa mort.

Des milliers de Palestiniens ont défilé en Cisjordanie à la mémoire d'Abou Humaid. Selon un rapport, des militants masqués ont tiré des coups de feu en l'air lors d'une procession à Ramallah. Les magasins et les entreprises étaient également fermés.

 
Des militants masqués participent à une procession funéraire pour Nasser Abou Humaid à Ramallah, mardi

 

Des personnes sont assises à l'extérieur d'un restaurant fermé à Ramallah pendant une grève générale suite à la mort du prisonnier palestinien Nasser Abou Humaid, mardi. Photo : MOHAMAD TOROKMAN/ REUTERS

Abou Humaid venait du camp de réfugiés d'Al Ama'ari, à côté de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie. Il a été arrêté à la fin de la deuxième Intifada en 2002 pour ses activités au sein des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, la branche militaire du Fatah. Il a été condamné à sept peines de prison à vie et à 50 autres années pour les attentats qu'il a perpétrés et organisés.

 Abou Humaid était considéré comme un proche confident de Marwan Barghouti, un éminent dirigeant du Fatah, et a été condamné sur la base du fait qu'il a admis sa responsabilité dans les attaques au cours desquelles sept Israéliens ont été assassinés, sur la base de 12 chefs d'accusation de tentative de meurtre ainsi que de conspiration de meurtre et d'activité dans une organisation terroriste. Les juges israéliens ont écrit dans la sentence d'Abou Humaid que les sept peines de prison à vie ont été imposées « pour chaque âme » qu'il a assassinée.

Latifa, la mère du prisonnier palestinien Nasser Abou Humaid, emprisonné par Israël et décédé dans un hôpital israélien où il a été transféré après que son état de santé se fut détérioré, chez elle à Ramallah, mardi. Photo : MOHAMAD TOROKMAN/ REUTERS

Jusqu'en 2000, Abou Humaid était membre de la direction du Fatah à Ramallah et était responsable de diverses attaques par balles contre des Israéliens. Il a annoncé la formation des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa et a rejoint Barghouti, qui a financé les activités de l'organisation et fourni des armes et des munitions pour les attaques contre les Israéliens. Pendant la deuxième Intifada, Abou Humaid a commandé une série de fusillades meurtrières en Cisjordanie, puis a orchestré des attentats-suicides. Trois de ses frères sont également emprisonnés et purgent des peines de prison à vie en Israël.

Le Club des prisonniers palestiniens, un groupe représentant les prisonniers anciens et actuels, a déclaré qu'environ 4 700 Palestiniens sont emprisonnés par Israël pour des infractions à la sécurité et pour entrée illégale en Israël.