Jack Khoury et Josh Breiner, avec AP et DPA, Haaretz, 20/12/2022
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Nasser Abou Humaid, l'un des fondateurs de la Brigade des martyrs d'Al-Aqsa du Fatah, est mort en prison d'un cancer du poumon alors qu'il purgeait sept peines de prison à vie pour des activités menées pendant la deuxième Intifada palestinienne ■ L'administration des prisonniers palestiniens accuse l'administration pénitentiaire israélienne de négligence médicale.
Des personnes protestent à Gaza après la mort du militant palestinien Nasser Abou Humaid, mardi. Photo : MOHAMMED SALEM/ REUTERS
Les factions palestiniennes ont appelé à une grève générale et ont exhorté les Palestiniens à affronter les troupes israéliennes, mardi, à la suite du décès du prisonnier de sécurité Nasser Abou Humaid, l'un des fondateurs des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa du Fatah. Abou Humaid, qui souffrait d'un cancer du poumon, avait été condamné à sept peines de prison à vie en 2002 pour son implication dans la mort de sept Israéliens lors de la deuxième Intifada palestinienne.
Le président de l'Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbas, a appelé à une “journée de rage” après la mort
d'Abou Humaid.
L'administration des prisonniers palestiniens a publié un communiqué déplorant la mort d'Abou Humaid et accusant Israël de négligence médicale, tandis que les prisonniers de sécurité dans les prisons israéliennes ont également déclaré une grève de la faim. Les services pénitentiaires israéliens sont en état d'alerte élevé en prévision d'émeutes dans les prisons.
Photo : Club des prisonniers palestiniens
Nasser Abou Humaid, 51 ans, était atteint d'un cancer du poumon et a été transféré au centre médical Shamir lundi après que son état se fut détérioré. Plusieurs membres de sa famille lui rendaient visite alors que son état se détériorait, et lorsqu'il est décédé par la suite.
Après la mort d'Abou Humaid, le chef de l'administration des prisonniers palestiniens, Qadri Abou Bakr, a accusé Israël de « poursuivre ses crimes de négligence médicale à l'égard des prisonniers de sécurité palestiniens en violation de toutes les lois internationales ». Les services pénitentiaires israéliens ont répondu aux affirmations d'Abou Bakr, soulignant que « le prisonnier a été traité de manière consciencieuse et continue par le personnel médical des services pénitentiaires israéliens et par des professionnels de la santé extérieurs ».
Après la mort d'Abou Humaid, Hussein al-Sheikh - le secrétaire général du comité exécutif de l'OLP - a appelé Israël à libérer son corps. « Nous exigeons que les autorités d'occupation remettent le corps du martyr prisonnier », a tweeté al-Sheikh. Le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh a également publié une déclaration de deuil et a appelé la Croix-Rouge et les organisations internationales de défense des droits humains à collaborer avec le gouvernement israélien pour libérer les prisonniers de sécurité palestiniens malades.
Le groupe militant Hamas, qui dirige la bande de Gaza, a appelé à une « véritable escalade dans les prisons de l'occupation » en réponse à sa mort.
Des milliers de Palestiniens ont défilé en Cisjordanie à la mémoire d'Abou Humaid. Selon un rapport, des militants masqués ont tiré des coups de feu en l'air lors d'une procession à Ramallah. Les magasins et les entreprises étaient également fermés.
Des personnes sont assises à l'extérieur d'un restaurant fermé à Ramallah pendant une grève générale suite à la mort du prisonnier palestinien Nasser Abou Humaid, mardi. Photo : MOHAMAD TOROKMAN/ REUTERS
Abou Humaid venait du camp de réfugiés d'Al Ama'ari, à côté de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie. Il a été arrêté à la fin de la deuxième Intifada en 2002 pour ses activités au sein des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, la branche militaire du Fatah. Il a été condamné à sept peines de prison à vie et à 50 autres années pour les attentats qu'il a perpétrés et organisés.
Abou Humaid était considéré comme un proche confident de Marwan Barghouti, un éminent dirigeant du Fatah, et a été condamné sur la base du fait qu'il a admis sa responsabilité dans les attaques au cours desquelles sept Israéliens ont été assassinés, sur la base de 12 chefs d'accusation de tentative de meurtre ainsi que de conspiration de meurtre et d'activité dans une organisation terroriste. Les juges israéliens ont écrit dans la sentence d'Abou Humaid que les sept peines de prison à vie ont été imposées « pour chaque âme » qu'il a assassinée.
Latifa, la mère du prisonnier palestinien Nasser Abou Humaid, emprisonné par Israël et décédé dans un hôpital israélien où il a été transféré après que son état de santé se fut détérioré, chez elle à Ramallah, mardi. Photo : MOHAMAD TOROKMAN/ REUTERS
Jusqu'en 2000, Abou Humaid était membre de la direction du Fatah à Ramallah et était responsable de diverses attaques par balles contre des Israéliens. Il a annoncé la formation des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa et a rejoint Barghouti, qui a financé les activités de l'organisation et fourni des armes et des munitions pour les attaques contre les Israéliens. Pendant la deuxième Intifada, Abou Humaid a commandé une série de fusillades meurtrières en Cisjordanie, puis a orchestré des attentats-suicides. Trois de ses frères sont également emprisonnés et purgent des peines de prison à vie en Israël.
Le Club des prisonniers palestiniens, un groupe représentant les prisonniers anciens et actuels, a déclaré qu'environ 4 700 Palestiniens sont emprisonnés par Israël pour des infractions à la sécurité et pour entrée illégale en Israël.
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