Hoy sabemos que el mundo se está transformando desde el punto de vista geopolítico, obviamente también desde el punto de vista geoeconómico, lo cual reclama de los gobiernos progresistas una política regional e internacional cada vez más autónoma, soberana e integrada frente a los grandes poderes a nivel mundial… Es probable que aún no estén dadas las condiciones subjetivas para un giro revolucionario. Pero, ¿existe la voluntad política por parte del progresismo para efectuarlo?
Se tourner vers le passé pour parler
du présent. Revenir sur une année décisive pour la Palestine et se rendre
compte que, plus de soixante-dix ans plus tard, rien n'a changé. Placer
l'histoire en 1948, lorsque les Britanniques sont partis et que les Israéliens
ont commencé la dévastation systématique d'une terre et de ceux qui y avaient
vécu jusqu'alors, pour dire que depuis lors, le peuple palestinien continue de
souffrir d'une occupation qui semble interminable.
Dépeindre, à travers le
personnage d'une adolescente, la tragédie mais aussi la détermination de toute
une population contrainte à l'errance et à l'apatridie (comme le résume Tawfiq
Saleh "pour toujours" dans Les Dupes (1972), basésur le roman Des hommes dans le soleil de l'écrivain palestinien Ghassan Kanafani).
L'adolescente s'appelle Farha et son nom donne le titre au film de Darin J. Sallam (au Festival du film de Rome), une réalisatrice jordanienne qui fait ses débuts en long métrage avec une œuvre d'une grande maturité, puissante, dense et poignante.
Bien que cela ne soit pas précisé, Farha se déroule en trois parties, dans un village palestinien (reconstruit en Jordanie). Trois parties, ou autant de périodes de la vie d'une jeune fille de 14 ans qui, en l'espace d'un temps court, bien qu'indéfini, voit son quotidien heureux, son amitié avec une fille de son âge, son désir d'étudier, s'évanouir face aux changements historiques qui l'obligeront (littéralement, dans l'obscurité de la cave de sa maison) à s'isoler, sur ordre de son père, pour échapper aux représailles, et finalement à partir, seule, dans les rues du village détruit et sans habitants. La première partie est une description d'un microcosme social rural. Tant de personnages entrent et sortent des scènes, ils agissent comme le "chœur" de Farha. Elle aime lire, manger des figues en s'asseyant sur une balançoire avec sa meilleure amie, elle refuse le mariage forcé avec un jeune homme, elle a une bonne relation avec son père, et lorsque les soldats britanniques en retraite passent, elle joint les mains comme si elle tenait un fusil contre eux (et ce geste reviendra à la fin de la deuxième partie, mais avec un vrai fusil). Mais un instant suffit et tout change. Irréversiblement.
Le village est attaqué, le père part avec d'autres hommes pour se battre et enferme sa fille dans la cave-cantine en lui disant qu'il reviendra. C'est le début de la longue partie centrale, entièrement tournée dans l'espace confiné de l'abri. Farha ne peut pas s'en sortir et le film non plus. Il reste à ses côtés. Il faut s'habituer à l'obscurité, reconnaître les choses, trouver des objets indispensables comme une lampe à huile, localiser quelques réserves de nourriture, tandis que le temps devient un concept abstrait.
Le corps de Farha est déshydraté, sale, fatigué. Seule une fissure dans le mur, un "trou d'œil", lui permet de voir la lumière, un fragment de la cour. Et d'être témoin, en parvenant à retenir ses cris, du massacre par des soldats israéliens d'une famille réfugiée là, dont une femme. Farha était déjà sûre d'elle, elle l'est de plus en plus, elle sait qu'elle ne peut compter que sur elle-même. Et, grâce à l'arme trouvée dans les sacs, elle va déverrouiller la porte, sortir et voir ce que personne n'aurait jamais voulu voir ou entendre : tout est en ruines et il y a un silence de mort.
Voici l'épilogue (la troisième partie), la renaissance de Farha, son corps lavé dans les eaux d'un ruisseau, sa marche, filmée de dos, alors qu'elle avance dans la terre aride et déserte. Farha "est" la Palestine, elle l'incarne. Comme la Palestine, Farha n'a plus de maison, elle est seule, orpheline (elle ne retrouvera jamais son père, explique une légende à la fin, car le film est basé sur une histoire vraie), abandonnée, mais pas vaincue.
Karam Taher, qui fait ses débuts, excelle à dépeindre les humeurs et l'état psychique et physique de la jeune protagoniste, son passage de l'adolescence à la féminité, qui se manifeste à la fois dans son corps et dans son visage, que la réalisatrice cadre souvent en gros plan. Sallam a une touche sensuelle dans sa manière de filmer Taher, dans ses mouvements dans les espaces clos et en plein air. Elle construit un portrait intense et intime et fait de Farha un personnage moderne, actuel, vibrant, charnel et palpitant.
Le film rappelle également le cinéma militant de Mai Masri et, tout en se concentrant sur Farha, donne une place importante à chaque personnage. On pense à son père, déchiré dans ses choix, à ses parents en visite,à son amie et à la séparation forcée lorsque, dans le chaos de l'invasion, Farha décide de rester avec son père et de ne plus partir avec son amie et sa famille, abandonnant ses études.
Sallam façonne cette matière explosive avec douceur, procède sans trébucher, fait communiquer les trois parties de manière magnifique dans un crescendo de tension et de lucidité. Farha nous a fait découvrir une cinéaste talentueuse à ne pas perdre de vue.
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